Le projet de budget provocateur infâme de F. Bayrou pour 2026 mérite un soulèvement de masse. Les annonces Bayrou le 15 juillet 2025 visent l’ensemble des institutions sociales et publiques : casse des administrations et services publics, écoles, suppressions de postes, collectivités territoriales, protection sociale, santé, retraites, droits des chômeurs, et encore le Code du travail (congés payés, jours fériés…) Il se base sur des arguments catastrophistes mensongers insensés : les prétextes de déficits et dettes ne sont là que pour justifier de s’en prendre aux plus pauvres, au salariat, et donner aux riches, au patronat. Cela se voit trop et indigne des millions de salariés : 9 % seulement des citoyens approuvent Bayrou et 11% Macron.
D’où le fait que soit reconstitué le front uni des 8 syndicats qui avaient mobilisé en 2023 contre la retraite à 64 ans. Après l’immense succès de la pétition contre la loi Duplomb (2,5 millions de signatures), 5 organisations syndicales, (CFDT, CGT, CFE-CGC, CFTC, CGT-FO) ont lancé une pétition d’été qui dépasse 300 000 signatures. Et de partout des annonces de débrayages, de grèves, de manifestations préparent la rentrée.
En attendant que les directions syndicales se mettent d’accord sur des dates pour l’action, ça pousse à la base. Pas étonnant qu’un appel pourtant quasi anonyme et improbable à « tout bloquer » le 10 septembre ait, en pareilles circonstances, un écho retentissant dans les réseaux sociaux.
Nous étions, dès la première seconde avec le mouvement des Gilets jaunes en 2018, et les appels de certains éléments d’extrême droite cherchant à semer la confusion en mêlant leur signature à l’appel au blocage général du 10 septembre 2025, ne nous troublent pas. Dès qu’il y a mouvement de masse il va forcément à gauche : les 30 millions de salariés sont exploités par les capitalistes dont l’extrême droite est le dernier rempart.
Nous ne sommes pas entre 1931 et 1933 en Allemagne ou « l’extrême centre » cédait de façon « irresponsable » (1) le pouvoir aux nazis. Certes Brüning, Schleicher, Von Papen, faisaient la même politique absurdement anti sociale que Macron, Barnier Bayrou, mais nous n’avons pas des centaines de milliers de violents SA et SS dans les rues, et, sauf à ce que le PS joue le même rôle que le SPD et que LFI joue réellement jusqu’au bout le rôle néfaste des staliniens de l’époque, nous avons l’espoir vivant du Nouveau front populaire arrivé en tête aux scrutins législatifs de 2024.
Nous regardons donc avec bienveillance tous les appels dans le sens des luttes notamment le texte de Benjamin Ball (déjà impliqué dans No Sarkozy Day, les Indignés, Nuit Debout…) même si nous savons que ça ne peut suffire, ce n’est pas d’un confinement de protestation volontaire dont nous avons besoin, mais d’une grève générale et occupation des entreprises et elles ne se décrètent pas : sans entrainer activement syndicats et organisations de gauche, il n’y a pas d’issue.
Certes, les 14, 15, 16, 17 mai 1968, c’est à la base du salariat, Sud-Aviation, Renault-Cléon, qu’a éclaté spontanément la grève générale doublée de la vague simultanée d’occupations d’entreprises et nous sommes dans des circonstances où ça peut recommencer, quand l’alchimie de la colère salariale et des provocations gouvernementales se conjuguent. Mai 68 est une histoire sans fin.
Nous faisons donc tout pour qu’au plan syndical, l‘union la plus large se fasse et qu’au plan politique, soit dépassée cette situation insensée où le NFP ne réussirait pas à faire fructifier les 9 millions de voix qui l’ont placé en tête le 7 juillet 2024.
Le fer de lance de ce combat sera porté par « les unitaires » (ex-GDS, Ensemble, L’après, Génération’s, Debout) à Châteaudun les 29 et 30 août.
Gérard Filoche (16 août 2025)
(1) Lire « les irresponsables » de Johann Chapoutot et surtout les critiques de Jean-Francois Claudon et Vincent Présumey dans D&S 236-37