Payez les 45 000 (faux) « bénévoles » pour les JOP 2024 !

 

En fait selon leurs fiches de poste ils sont présumés salariés, avec un lien de subordination, ils doivent avoir un contrat de travail et un salaire décent, payez les !

Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympique (COJOP) a ouvert, depuis le 22 mars 2023, une « campagne de recrutement » de 45 000 « bénévoles » pour les JOP de 2024.

Les candidatures sont examinées pendant l’été 2023 et les réponses seront données en automne. Ce qui signifie une longue et méticuleuse sélection.

Les « volontaires » triés et choisis auront des formations, puis travailleront entre huit et dix heures par jour, six jours sur sept, non payés, et sans prise en charge de leurs frais de transport ou d’hébergement pour celles et ceux qui viennent de loin. Pour certains « postes », des compétences spécifiques sont même demandées (médecine, langues…).

Les bénévoles ou « volontaires » seront subordonnés et ils auront des entrainements préalables, des fiches de postes, des missions, des supérieurs hiérarchiques et leur présence est essentielle au bon fonctionnement des Jeux. Les « volontaires » seront à la disposition du COJO, exécutant leur prestation et se conformant à des directives sans pouvoir vaquer librement à leurs occupations personnelles. Tous ces éléments signifient une totale présomption de salariat. Un contrat de travail n’a pas besoin d’être écrit pour exister en droit, il est synallagmatique. Les missions des prétendus « bénévoles » pendant l’événement sont bel et bien requalifiables en travail.

Parallélement, de nombreux « services civiques » aux statuts ambigus sont mis à disposition du COJOP pour prôner les valeurs olympiques dans tout le territoire, à travers le programme « Génération 2024″. Des entreprises privées comme SANOFI prévoient d’affecter 2024 salariés comme « bénevoles » en complément (à condition qu’ils portent des maillots avec des produits Sanofi..). Il s’agit de travail publicitaire pas de militantisme.L’inspection du travail a à y voir.

L’expérience des précédents JO dans des villes comme Athènes ou Londres montrent que ces « bénévoles » ne tirent pas d’avantages plaisants ni de prestige particulier au cours des Jeux à exercer leurs fonctions, pas de dérogation, pas de privilège, ils se font pigeonner et exploiter durement sans compensation.

Tout ça n’a rien à voir avec le sympathique bénévolat proche de chez nous, bien connu, ordinaire et massif dans les petits clubs sportifs ou des dizaines de milliers d’associations à but non lucratifs.

Il s’agit d’un méga-évènement sportif et financier aussi lucratif pour ses organisateurs que ses sponsors et il est abusif qu’il repose sur des « bénévoles » et des « services civiques » ! Rémunérer a minima au SMIC horaire brut toutes ces personnes coûterait pourtant moins d’1% du budget total des JOP, qui s’élève actuellement à 8,3 milliards d’euros. Le responsable des JO, Tony Estanguet se paie 273 000 euros et n’est pas « bénévole », lui. Derrière, il y a le tout puissant Comité International Olympique (l’organisation qui détient la marque « JOP »), les sponsors (Airbnb, Carrefour, Coca Cola…) et les entreprises du BTP, de l’immobilier et des technologies sécuritaires, lesquelles vont en tirer d’énormes profits.

Peut-on laisser cette puissante et riche organisation des JO outrepasser le droit du travail et duper 45 000 pigeons, mauvais exemple pour tous les employeurs de millions d’autres salariés ?

Il y a déjà trop de chômage, trop de travail dissimulé, trop de bas salaires, trop d’inflation pour qu’il soit permis de ne pas payer 45 000 emplois.  Le droit du travail doit être  respecté là comme ailleurs et dans l’intérêt de toutes et tous. Tout travail mérite salaire.  Il est dans l’intérêt général que ces 45 000 soient requalifiés comme des salariés, et reçoivent un salaire décent approprié à leurs fonctions réelles.

Gérard Filoche

 

Non aux 64 ans ! Macron doit céder ! Retrait de sa contre-réforme !

 

Menteur, cynique, arrogant, hors-sol : l’immense majorité de ceux qui ont écouté l’intervention télévisée de Macron du 22 mars n’ont pas de qualificatifs assez durs. Les salarié.e.s qui luttent depuis plus de deux mois ont eu l’impression d’être piétinés par le Président des riches.

Jeudi 23 mars, la réponse populaire a été massive. Dans tout le pays nous avons été dans la rue plus nombreuses et nombreux encore que le 7 mars. Nous n’arrêterons que lorsque nous aurons obtenu le retrait de cette contre-réforme.

L’autoritarisme insupportable de Macron

L’unité syndicale au plan national est le puissant carburant de la mobilisation. Et la poussée exercée «en bas »  par les millions de salariés mobilisés obligent également l’intersyndicale à rester unie. Sur le terrain, des grèves reconductibles, des piquets de grève et des actions de blocage amènent des salariés de différents secteurs à se retrouver dans une dynamique interprofessionnelle. Tout le monde sent que nous tenons le bon bout. Macron va être obligé de céder.

Autoritaire Macron l’a toujours été.  Il a pensé qu’un nouveau passage en force était possible. Pari perdu ! N’ayant pas plus de majorité à l’Assemblé nationale que dans le pays, il a voulu éviter un camouflet en passant par le 49-3. Raté ! Un tel mépris pour la démocratie a attisé un peu plus la colère déjà puissante dans le pays.

L’immense colère accumulée

Macron avait réprimé violemment la révolte des gilets jaunes. Il essaie d’en faire autant aujourd’hui, d’où un déchaînement de la police. Ce sera en vain ! La colère est telle que le changement de comportement de la police depuis quelques jours ne réussira pas à briser le mouvement actuel. Car cette colère vient de loin.

Depuis de trop nombreuses années, les politiques néo-libérales imposent une violence contre le salariat : salaires en berne, développement des emplois précaires, services publics délabrés, dureté des conditions de travail, diminution de l’indemnisation des privés d’emploi, baisse drastique du nombre de représentants du personnel. Face à cette violence économique et sociale, les rancœurs accumulées explosent aujourd’hui. Notamment chez tous les travailleuses et travailleurs qui exercent les métiers les plus durs. Travailler deux ans de plus c’est non, toujours non !

Pour une alternative majoritaire avec la Nupes

Le gouvernement Borne n’a plus aucune légitimité, il n’a plus aucune autorité. Qu’il s’en aille ! L’alternative à Macron-Borne, ce ne sera jamais le RN. Le Pen fait semblant de s’opposer (mollement) à la réforme des retraites, mais elle condamne les actions de blocages et les barrages qui aident au rapport de forces.

Comme au plan syndical, l’unité politique des partis de la gauche sociale et écologique  tient bon. La Nupes doit s’affirmer comme la seule alternative crédible à toutes les droites (Renaissance, LR, Modem, RN…). Pour cela, la Nupes doit se renforcer en intégrant nationalement et localement toutes les forces qui se reconnaissent dans son programme. Elle doit s’ouvrir aux militants associatifs et syndicaux. Pour une nouvelle majorité sociale, écologique et démocratique, construisons des comités Nupes dans tous les territoires !

Mardi 28 mars, toutes et tous en grève et dans la rue ! On ne lâche rien !

 

 

Grève générale rampante mais explosive

 

Les mouvements sociaux sont souvent très puissants et semblent  atteindre un caractère révolutionnaire sans que rien ne garantisse qu’ils explosent. Ils relèvent d’une alchimie exceptionnelle où l’on observe différents facteurs qui se conjuguent mais qui souvent ne suffisent pas en eux-mêmes.

Il y faut la « touche »

Ce qui compte le plus c’est l’élément déclencheur, il est imprévisible.

On « sent » qu’on est « au bord » et on n’y est pas : c’est pourtant toujours un élément inattendu, spontané qui soulève, indigne, révolte les foules en masse. Ça ne se décrète pas et les « appels » d’en haut n’ont pas de prise, il faut que ça vienne d’en bas, comme une secousse sismique.

Le rôle des militants des syndicats, des associations et des partis, chacun à leur niveau, dans leurs sphères d’action respectives, est d’éclairer, d’expliquer, de « faire murir » mais pas de dicter. Dicter, ordonner, tempêter, ordonner ça ne se sert à rien, collons aux soubresauts de la terre en mouvement.

 

Comme les tremblements de terre, on sait où sont les failles, on sait quelles plaques tectoniques se meuvent, on parie sur les variations des cycles, mais seules les forces des strates de la matière en décident. Les luttes de classes ont des hauts et des bas, les affrontements sont parfois lents, permanents. Et puis le tremblement de terre surgit. S’il survient aujourd’hui en France il serait puissance 7 sur l’échelle de Richter, ça fera mal à la droite, aux capitalistes, ils auront à payer cher les souffrances qu’ils nous ont si durablement et collectivement infligées.

 

Ce que nous vivons en cet hiver 2022-23, offre toutes les caractéristiques qui conduisent à une crise révolutionnaire sans qu’on sache de jour en jour si elle va vraiment faire irruption. Ça vient de loin : plus de quinze années de reculs sociaux, ont été subies malgré de très grandes résistances, manifestations et grèves. Il y a de la matière  accumulée.

 

Par exemple, les batailles pour la défense des retraites remontent spectaculairement à nov.déc. 1995, au printemps 2003, à l’année 2010, à 2013, à 2019 et atteignent un point culminant en janvier-mars 2023. Les batailles pour la défense du code du travail, se prolongent de 2004-2008 à 2O13-2O16, puis en 2017. Les batailles pour la défense des services publics sont quasi annuelles pour l’hôpital, pour l’école, pour les transports en commun, pour les libertés face aux répressions policières de plus en plus systématiques et violentes. Les batailles pour les salaires sont devenues cruciales avec une inflation alimentaire qui atteint 25 %.  Syndicats ont mené chaque combat, plus ou moins unis, mais sans quasiment rien gagner depuis le CPE de 2006. Ils ont juste limité les dégâts, et bloqué la retraite par point de 2019.

 

Parce qu’ils n’ont pas gagné, les syndicats ont même été débordés par le mouvement des gilets jaunes : ce fut une révélation, un indicateur. La spontanéité et la force impétueuse de celui-ci a bousculé tous les habitus, et, du coup, fait peur au pouvoir, qui a matraqué violemment mais cédé superficiellement. Cet épisode a révélé la profondeur et la violence du séisme qui couvait.

 

Au plan politique, les élections ont traduit ces résistances sociales pendant toute la décennie 2010, et donné une majorité sans précédent historique à la gauche : 2 villes sur 3, 20 régions sur 22, 61 départements sur 101, la majorité de l’Assemblée, du Sénat et la présidence de la république ont basculé à gauche. Mais ce fut la plus grande des trahisons historiques, celle de 2012 à 2017 du quinquennat maudit Hollande-Valls, et ce fut suivi d’une période de destruction et d’une lourde division des morceaux de la gauche survivante. Les libéraux ont même cru gagner un renouveau de pouvoir surprenant avec un aventurier surgi de nulle part, Macron. Les capitalistes se sont enhardis et croient qu’il n’est plus nécessaire de négocier, qu’il leur suffit désormais de mépriser et de réprimer. Ils ont cessé d’écouter le social à la différence de ce qu’un Chirac faisait auparavant (en 1968, en 1986, en 1995, en 2006)

 

Depuis janvier 2023, la lame de fond est pourtant repartie : au point qu’une unité syndicale sans précédent s’est réalisée avec une des principales centrales qui ne bougeait plus depuis 2003. Treize syndicats avancent de pair déterminés.

Au plan politique, malgré des bisbilles infantiles et superflues, les forces de gauche se sont unies dans la NUPES, et offrent une nouvelle perspective politique, celle qui manquait cruellement depuis dix ans.

On a donc eu des manifestations 2 millions le 19 janvier, 2,8 millions le 31, 2 millions le 7 février, 2,5 millions le 11, 3,5 millions le 7 mars, et environ 4 à 5 millions ont manifesté au moins une fois… C’est du jamais vu.

Tout est, en apparence, disponible pour une crise révolutionnaire. Pour ceux qui ont de l’expérience et qui analysent soigneusement, ils savent que tout est présentement possible.

Pour autant il n’y a pas encore, ce 12 mars, le « débordement » attendu et souhaité : ça ne part pas encore en flèche comme  les 13, 14, 15, 16 , 17 mai 1968. On a peut-être trop en tête le schéma 1936, ça démarre à Breguet et à Latécohère ?  ou le schéma 68 avec Sud-Aviation et Renault-Cléon ?  on attend que des grosses entreprises fassent phare ? C’est toujours la recherche du « détonateur » enflammant la plaine.

 

Sont-ce les difficultés salariales financières, l’inflation, la précarité, les défaites précédentes, qui freinent l’extension grève générale ?  En vérité non, le 7 mars a été énorme. Et si ça part, tout partira, difficultés financières ou pas, 245 000 manifestants à Marseille, une ville où il y a 33 000 fonctionnaires, ça indique que le privé participe en masse. Les jours de grève les taux de participation sont inégaux mais puissants en public comme en privé. Il y a eu 130 manifestants à Ouessant, et 200 à Groix, 1000 à Ploermel, 3500 à Abbeville… comme cela a été observé dans les villes petites et moyennes, le « plein » a été fait, des records incroyables, sans précédent ont été dépassés. 93% des actifs sont contre les 64 ans, 78 % des français sont contre, 68 % sont pour le retour aux 60 ans (ce qui est dans le programme de la NUPES). Le salariat est mobilisé dans son tréfonds. C’est là qu’il se dessine, qu’il se vérifie qu’il existe vraiment en tant que classe sociale puissante, majoritaire, du balayeur à l’ingénieur, de l’infirmière à la caissière, du métallo au cheminot, même si il est encore loin d’avoir la conscience nécessaire de toute sa puissance.

 

Mais une chose est davantage certaine il existe un doute profond, une crainte, une résignation : l’idée est cultivée qu’on ne peut pas gagner, qu’ils ne vont pas céder là-haut, qu’ils sont arrogants et brutaux et c’est d’ailleurs le point le plus fort de la propagande totalitaire des grands médias.  Leur réforme scélérate, mensongère, truquée, a été décortiquée, ridiculisée, discréditée, elle suscite une hostilité générale auprès de dizaines de millions de salariés, y compris ceux qui ne font pas grève, et ne manifestant qu’épisodiquement. Mais le doute est là. il ronge. Il paralyse. Il divise. Ce qui n’empêche pas  une rage sourde et féroce. Il faut que survienne un incident  symbolique. Ce sera alors une fantastique explosion. Laurent Berger le dit à sa façon :  « - Que faut-il faire pour être entendu ? » Il dit ne pas vouloir de violence mais s’étonne que le pouvoir choisisse de pousse à la violence en fermant toute issue. Les libertariens, les Hayek et Friedmann, les maitres à penser de Macron sont pour la violence, (ils accusent c’est nouveau, Berger d’être lui-même « violent »), l’Elysée étudie les hypothèses de « morts », cherche comment museler et réprimer si ça se traduit quelque part dans un soulèvement.

Leurs plans peuvent été déjoués à tout moment. Continuons, tenons bon, la tension est telle que le « détonateur » s’il survient, bouleversera la donne, ils seront alors noyés par des millions de manifestants et les entreprises, seront occupées et c’est le patronat à ce stade-là qui viendra frapper sur l’épaule de Macron pour lui dire « stop ». Soyons certains qu’ils négocieront alors pour sauver leur peau et leurs entreprises. Le fanatique de l’Elysée s’inclinera alors et on entrera dans une autre sphère, celle d’élections que nous pourrons gagner, enfin. Gagner sur les retraites c’est ouvrir un monde nouveau, celui d’un autre raz de marée. Celui d’une VI° république possible. Mais pour l’heure on se concentre : « retrait des 64 ans ».

 

 

 

l’index a l’index

L’index à l’index

 

C’est complètement farfelu cette histoire d’index

Comment peut-on croire qu’en créant un mur de la honte et de l’honneur, fame et shame, on va changer le comportement d’entreprises dominées par la loi du marché ?

 

Depuis 2019, les entreprises d’au moins 50 salariés doivent calculer et publier leur « Index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes », chaque année au plus tard le 1er mars. Le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion a mis en ligne un simulateur-calculateur ainsi qu’un dispositif d’accompagnement gratuit pour les aider dans leur démarche. Depuis trois ans que « l’index » sur la non égalité salariale femmes hommes est « demandé » à environ 3 % des entreprises, 30 % ne l’ont pas rempli, et aucune n’a été sanctionnée. Les objectifs visés d’atteindre 75% d’égalité professionnelle sont pourtant modestes.

L’article 14 de la loi du 24 décembre 2021 visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle dite loi « Rixain » a étendu l’objectif de représentation équilibrée entre les femmes et les hommes aux instances dirigeantes en fixant de nouvelles obligations pour les entreprises d’au moins 1.000 salariés. Mais l’échéance de féminisation des directions est fixée en 2029, et on ne voit pas le changement venir.

D’ailleurs ça fait trente ans que les entreprises de plus de 300 devaient faire un bilan social comparatif des salaires entre les sexes au sein des établissements. Et que cette obligation non suivie de sanctions n’a rien changé : l’écart des salaires est toujours autour de 27%.  Écart aggravé par les congés maternité ; une femme de retour de sa grossesse perd en  promotion, en responsabilité, en salaire. C’est le célèbre exemple BNP : une femme obtient 5 promotions en dix ans, et puis elle a 5 enfants en dix ans et zéro promotion.

La précédente tentative d’index sur les salaires femmes-hommes de Xavier Darcos en 2010 avait duré deux jours et le ministre avait été viré en trois mois. Celle de Muriel Pénicaud  dure un peu plus, mais n’aura jamais l’effet escompté sinon dans 150 ans…  Ça occupe les DRH dont les patrons veulent bien qu’elles s’en occupent : il en sort des « tableaux Excel » et puis c’est tout.

 

Ça n’avance pas

 

La seule façon d’agir sérieusement, c’est d’imposer une obligation, avec délai d’application, contrôle de l’inspection du travail et sanction pénale sévère prise en référé.

 

Alors l’index de Dussopt sur les seniors est aussi bidon. Ils ont commencé par les entreprises de plus de 50, puis ont repoussé à celles de plus de 300 (le Sénat propose plus de 500). Soit 36 000 entreprises sur un total de 1,2 million. Qui va contrôler avec seulement 1600 inspecteurs du travail ? Et pourquoi contrôler puisqu’il n’y pas de sanction pénale ni financière prévue pour les entreprises qui chasseront quand même leurs seniors comme cela se fait à partir de 55, 56, 57 ans ?

 

Personne ne pense à un « index » des entreprises qui ont le plus d’accidents du travail, car déjà, elles peuvent subir des injonctions financières des CRAM. D’ailleurs elles le redoutent et trichent : un accident du travail sur deux n’est pas déclaré par les patrons. (cour des comptes, Le Monde 7 déc 2022). Et cela renvoie à la trop grande faiblesse de l’inspection du travail qui a été démantelée et au fait que 3 de ses procès-verbaux sur 4 sont classés sans suite par une justice qui ménage les patrons.

 

C’est la France qui est à l’index, elle est devenue « championne » des accidents du travail mortels, la pire de toute l’union européenne.

Pluto que des « index » bidons, il faut reconstruire un code et une inspection du travail solide et indépendante,  des institutions représentatives du personnel, dont des CHSCT renforcés.

 

 

 

Pénible pénibilité

Pénible pénibilité

 

Dès qu’on parle « pénibilité » dans ce débat sur les retraites, les journalistes baillent, les prompteurs s’arrêtent, l’ennui s’installe.

Comme si ce n’était pas le sujet principal du travail.

Il faut dire que Macron avait déclaré en arrivant, « je n’adore pas le mot pénibilité lié au travail ». Façon de dire qu’il ne voulait pas poursuivre les discussions engagées par Sarkozy et Woerth en 2010, sur les « critères » de pénibilité et les « taux d’usure » au travail.

Pour les patrons, en général, c’était un terrain dangereux et le Medef ne voulait pas entendre parler d’une « usine à gaz » où l’on remplacerait la pénibilité évaluée jusque-là par conventions collectives de branches et métiers par des critères et des taux individuels.

Supprimer les conventions collectives baptisées (pour mieux les dénigrer et faire sentir que c’était une affaire de privilèges catégorielles) « régimes spéciaux » et recourir à la place à des mesures individuelles c’était une gageure.

Au moins avec le côté collectif des conventions, il y avait du réalisme, de quoi négocier, et quoi déboucher sur des accords crédibles et solides mais comment voulez-vous faire avec 4600 médecins du travail pour catégoriser individuellement la pénibilité de 30 millions de salariés ?

De quoi se tracasser longuement la tête et sans aboutir !

Sarkozy-Woerth avaient d’abord reconnu « dix critères » et défini un « taux d’usure ». ce fut le début d’un compte pénibilité reposant sur des seuils annuels minimums d’expositions associés à 10 facteurs de risques définis et inscrits dans le Code du travail :

  • la manutention manuelle de charges ;
  • les postures pénibles ou positions forcées des articulations ;
  • les vibrations mécaniques ;
  • les activités exercées en milieu hyperbare (hautes pressions);
  • les agents chimiques dangereux, y compris poussières et fumées ;
  • les températures extrêmes ;
  • le bruit ;
  • le travail de nuit;
  • le travail en équipes successives alternantes;
  • le travail répétitif.

Le Medef n’en voulut pas. Trop usine à gaz. Trop compliqué. Ca concernait au moins 13, 5 millions de salariés selon la DARES, institut du ministère du travail. En fait ça concernait 100% des salariés si on y réfléchit un peu :  ce ne sont plus les coups de grisou qui tuent mais un AVC sur deux est lié au travail à ce jour.  Même si « on » vit plus longtemps, la biologie du corps humain n’a pas changé,  tout travail devient plus pénible mentalement ou physiquement autour de 55 ans…

Comment les entreprises pourraient-elles parvenir à tenir un « compte pénibilité » basé sur 10 facteurs de risques ?

La question était difficile à esquiver pourtant ; car oui, la pénibilité au travail usait les corps et comment demander de « travailler plus longtemps » sans prendre un minimum de soins de ceux que ça abimait le plus ? Les patrons et la droite  avaient besoin d’un alibi, d’un pare-feu : pour passer à 62 ans, sauf à reconnaitre l’évidence, c’est-à-dire que tous les travaux étaient pénibles mentalement et physiquement, il fallait au moins faire semblant et rouler dans la farine ceux qui allaient en souffrir le plus.

Sarkozy proposa en juin 2010 un « taux d’usure de 20 % » ce qui était une abomination : un peu comme les bestiaux, les salariés allaient se voir opposer un « taux d’usure » qui devaient leur donner droit de partir quand même avant l’âge des 62 ans.  Mais comment le mesurer ? Qui le mesure ? Quels droits ça donne ? Devant les manifestations d’octobre 2010, Sarkozy diminua le taux d’usure à « 10% ». Moralement les droits des conventions collectives des salariés étaient remplacés par des critères et des taux évalués individuellement on ne savait comment.

Comme c’était infaisable, les dix critères devinrent six (supprimes par Macron en 2018), et les « taux » abandonnés au profit de « points acquis ».

Les 4 facteurs suivants ont donc été supprimés :

  • les postures pénibles.
  • les manutentions manuelles de charges.
  • les vibrations mécaniques.
  • les agents chimiques dangereux.

Ce qui est énorme. Les six critères restants sont conservés par le projet de loi Borne-Dussopt de 2023 et les quatre critères supprimés en 2018, ne sont pas ré intégrés. En contrepartie, le gouvernement a promis d’établir une liste des métiers à risques, branche par branche, et d’offrir un suivi médical personnalisé aux travailleurs concernés. Une position en phase avec le patronat. Mais qui n’a pas plus de chance de se voir mise en œuvre.

 

Car depuis Sarkozy, les entreprises ont ignoré le compte prévention pénibilité (C2P) si bien que la question s’est reposée autour de la loi Hollande-Ayrault-Touraine 2013 (loi qui aggrava les lois Sarkozy imposant de facto un départ à 63 ans, par le biais de l’allongement de la durée de cotisations à 43 annuités).

La CFDT insistait beaucoup sur cette question, et Macron arrivé à l’Elysée à cette époque-là derrière Hollande, ne savait comment s’en dépêtrer sans fâcher le Medef.

La réforme Touraine (loi du 20 janvier 2014) prévoit encore la création d’un compte pénibilité basé sur 10 facteurs de risques  liés à des contraintes physiques marquées ou à certains rythmes de travail. Ce compte de pénibilité permet aux salariés exposés de « bénéficier d’avantages ». (mais quels avantages ?)

Ce système instauré à partir de 2016, offre à chaque salarié, trois possibilités d’acquérir et d’utiliser des points. Le salarié peut opter pour l’une des options ou diversifier l’utilisation de ses points pour recourir à l’ensemble de ces avantages. Le compte pénibilité est ouvert tout au long de la carrière du salarié. Il peut en bénéficier lorsque les points sont inscrits sur le compte et toute utilisation sera définitive une fois la demande validée. C’est déjà d’une complexité énorme pour un salarié en CDI d’une même entreprise, n’en parlons pas pour ceux qui changent d’entreprise, intérimaire, CDD et autres.

Pour une formation professionnelle : Chaque point donne droit à 25 heures de formation professionnelle permettant d’accéder à un poste moins exposé ou non exposé au(x) facteur(s) de risques. Les 20 premiers points du Compte prévention pénibilité sont réservés à la formation professionnelle. (Mais quel patron tendra une oreille attentive à ça ?)

Pour un passage à temps partiel sans diminution de salaire : chaque groupe de 10 points permet de financer l’équivalent d’un mi-temps sans réduction de salaire pendant un trimestre. Il est donc possible d’aménager un temps partiel (correspondant à une quotité de travail comprise entre 20% et 80% de la durée du travail applicable dans l’établissement) en fonction du nombre de points, de la durée sur laquelle le salarié souhaite l’appliquer et de sa quotité de temps de travail au moment de la demande. (En concret comment faire ?)

Pour une anticipation du départ à la retraite : chaque groupe de 10 points permet de financer un trimestre de majoration de durée d’assurance. Ainsi, le salarié peut obtenir jusqu’à 8 trimestres de majoration. Cette utilisation de points peut être demandée à partir de 55 ans et peut permettre d’anticiper jusqu’à 2 ans le départ à la retraite. Les trimestres acquis à ce titre sont pris en compte pour le bénéfice de la retraite anticipée pour carrières longues. (mais qui est capable de faire ce parcours et d’en bénéficier ?)

Le système est si compliqué qu’après 6 ans, seuls 10 000 salariés sur 30 millions ont bénéficié de ces « points » et seulement 4000 ont pu « partir plus tôt » (0,03 % des salariés exposés bénéficient du C2P)

Ce sujet qu’aucun média ne trouve assez passionnant pour l’expliquer sérieusement au grand public, explique en grande partie le rejet par la CFDT de projet de loi Macron-Borne.

Tout au long des négociations de cet automne 2022 la CFDT, a milité pour que la réforme des retraites reprenne les quatre anciens critères de pénibilité supprimés en 2018.  Sous l’insistance du patronat, qui avait obtenu leur suppression, Elisabeth Borne n’a pas étendu les critères existants du C2P, se contentant d’assouplir les seuils de prise en compte du travail de nuit et des équipes alternantes.

 

On se demande en vérité comment ça ne saute pas aux yeux de toutes et tous : l’idée de remplacer les critères collectifs de pénibilité par des critères individuels est irréaliste.

Le Medef n’en veut pas et il n’y a pas assez de médecins du travail, d’agents de la Caisse régionale d’assurance maladie, d’inspecteurs du travail et de juges pour l’y contraindre.

Pourquoi font-ils semblant depuis douze ans de parler de cela ?

Parce qu’il faut « amuser la galerie » ! C’est un trompe l’oeil mais c’est un point sensible dans l’opinion.  `

Les « régimes spéciaux » ça n’existe pas, ils les ont baptisé ainsi pour mieux  les supprimer mais en fait c’étaient des conventions collectives négociées et signées par branches et par métiers précisément pour compenser les nuisances, et souffrances « pénibles » au travail. Le Medef se réjouit de leur suppression mais il y a un grand vide. Les grandes branches auront du mal à recruter si elles ne redonnent pas des avantages aux salariés. Il faudra bien que les médias se réveillent et traitent de cette question à fond, en fait ça concerne 100% des salariés

 

Dussopt : affronts, excuses et contextes par Daniel Schneidermann

 

Et traître à ses convictions, on a encore le droit ? Et félon à son camp, on a encore le droit ? Et menteur, multi-menteur, sur l’affaire de la promesse de la retraite minimale à 1200 euros, on a encore le droit ? On a le droit, Monsieur le président ChassaigneMonsieur le président FaureMadame la présidente Le PenMadame la présidente Bergé ?  A regarder l’Insoumis Aurélien Saintoul acculé à de plates excuses au ministre Dussopt, pour l’avoir traité d’ »imposteur » et d’ »assassin », la question se posait des limites du combat politique,  à l’Assemblée. Et pas n’importe quelles excuses.  »Des excuses, point barre », comme l’avait exigé la cheffe des députés macronistes, Aurore Bergé, sitôt après l’affront.

? « J’ai commis une erreur »: le député LFI Aurélien Saintoul présente ses « excuses publiques » à Olivier Dussopt après l’avoir qualifié d’ »assassin » pic.twitter.com/WjZq0fs0Cu

— BFMTV (@BFMTV) February 13, 2023

Donc, le ministre du Travail n’a pas de sang sur ses blanches mains, que cela soit dit. Donc, il est juridiquement faux de le traiter d’assassin, que cela doit dit. Donc, c’est indélicat, c’est violent, c’est même insultant, et cela exige des excuses, que cela soit dit, et les excuses offertes dans l’hémicycle, dans un silence de cathédrale. Mais pourquoi Saintoul a-t-il ainsi insulté Dussopt ? Non pas sur le motif de la réforme des retraites. Mais sur la suppression des CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité, et des conditions de travail) dans les entreprises. Vous vous souvenez ? C’est une réforme Macron de 2017, par ordonnances. Or il se trouve que dans la même période, les dix dernières années, le nombre de morts au travail a augmenté en France. Dans les secondes précédant l’insulte fatale, Dussopt venait d’affirmer que ce nombre était  »relativement stable » et Saintoul, en réponse, venait d’égrener les chiffres de l’augmentation.

Soit dit en passant, Olivier Dussopt, qui n’a pas de sang sur les mains, qu’on se le dise, vient tout de même, avec les mêmes mains, de signer la dissolution d’un « comité d’évaluation », chargé justement d’évaluer cinq ans plus tard les conséquences de la suppression des CHSCT. Ce comité venait de conclure que cette suppression de 2017 n’avait -ô surprise- pas amélioré le dialogue social dans les entreprises. Je tire cette information du site de la CGT. Parmi les dizaines de bavards aphatiques et aphatisants des chaînes d’info qui, dès hier soir, ont condamné Saintoul, combien ont rappelé ce contexte de l’insulte fatale ?

Rien ne permet de correler cette augmentation du nombre de morts au travail à la suppression des CHSCT, que cela soit encore dit. C’est peut-être la faute aux canicules, ou aux orages de grêle. Mais est-il interdit de rappeler la coïncidence ? Cela outrepasse-t-il les limites du « débat politique », comme on dit poliment, quand on n’a pas envie de se souvenir que ce débat est aussi, légitimement, un combat ?

A propos de la différences entre violences verbales visibles et violences sociales invisibles, médiatisées ou souterraines, puisque c’est de cela qu’il s’agit, un mot encore sur le carton jaune décerné à l’Insoumis Thomas Portes, après la faute le même Dussopt (rattrapage factuel ici, et sur le mode blague ici). Comme le fait remarquer mon confrère Sylvain Ernault, l’offense faite à l’effigie ballonnesque de Dussopt l’a été à l’occasion d’un rassemblement d’inspecteurs du travail, devant leur ministère. Ils voulaient protester contre la passoire baptisée « index senior » (l’autre arnaque du projet, avec les 1200 euros), et censée obliger les entreprises, sans aucune contrainte, à publier leur taux d’emploi des « seniors » (leur communiqué ici). Vous l’avez vu, lu ou entendu ailleurs, dans la presse arbitre de la politesse du débat ?

 

 

 

Propositions GDS pour nos retraites 60, 40, 10, smic

L’urgence actuelle, c’est d’obtenir le retrait du projet de réforme des retraites Macron-Borne, qui prévoit le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Pour cela, le front intersyndical uni qui s’est constitué aide puissamment au rapport de force.

2,2 millions le 19 janvier, 2,8 millions de 31..

78 % des Français contre, 93 % des actifs contre, 68 % des Francais pour le retour aux 60 ans, 62 % pour soutenir les mobilisations..

On tient le bon bout !

Il en est de même de la campagne commune de réunions publiques des formations politiques de la gauche qui se reconnaissent dans la Nupes et laquelle GDS participe

pour ma part, à Clichy le 31, au Havre le 2 février, à Abbeville le 3 février, à Toulouse le 7 février, à Puteaux le 9 février, à Epinal le 11 février, à Amiens le 15 février, dans le Jura le 17 février…

Lors de ces réunions qui se tiennent actuellement, il n’est pas seulement abordé le rejet des 64 ans à 43 annuités, mais il est souvent abordé les questions de l’avenir du financement de notre système des retraites par répartition à 60 ans.

Nous avons souvent indiqué que de nombreuses pistes de financement sont possibles : revenir sur de nombreuses exonérations de cotisations patronales, annuler la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Il faut aussi rappeler que l’augmentation des salaires nets et bruts, la réduction des inégalités salariales entre les femmes et les hommes seraient autant de moyens importants d’accroître le financement des retraites par les cotisations. Sans oublier qu’en 2022,  80 milliards (un record) ont été versés aux actionnaires des 40 plus grandes entreprises françaises ! Le « fonds de réserve des retraites » (parfois dit Jospin) est de 35 milliards, les caisses complémentaires disposent de 116 milliards, et la fin du remboursement de la CADES va libérer 24 milliards en 2024. Macron lui, quand il veut, trouve de « l’argent magique » pour financer 207,5 milliards aux entreprises, et 430 milliards aux armées. Taxer plus les grandes entreprises et les riches permettrait de dégager aussi des financements pour les prestations qui sont payées par l’Etat (et non les cotisations sociales), comme par exemple le minimum vieillesse (l’Aspa, l’Allocation de solidarité aux personnes âgées).

Cette campagne contre cette nouvelle régression sociale est donc aussi l’occasion pour les uns et les autres de mettre en débat des propositions en positif.

Pour la Gauche démocratique et sociale (GDS), nous récapitulons ici quelques principes qui nous animent quand nous parlons retraites, avec l’objectif d’atteindre pour le secteur public comme le secteur privé un taux de remplacement immédiat du salaire par la retraite d’au moins 75%.

1. Nous voulons le retour du droit à la retraite à  60 ans pour deux raisons :

a)   Parce que de 60 à 65 ans c’est le plus bel âge de la retraite et les plus dures années au travail. L’espérance de vie en bonne santé stagne autour de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes. Une personne appartenant aux 5 % des plus riches vivra en moyenne 13 ans de plus que la personne qui fait partie des 5% les plus pauvres. Il y a 7 ans d’écart d’espérance de vie entre un ouvrier et un cadre. Un tiers des français meurent avant 64 ans.

Nous voulons faire de la retraite une deuxième vie, la plus belle et la plus durable possible, et non l’antichambre raccourcie de la mort. C’est un choix de société, et précisons que pour les métiers pénibles, la retraite doit être plus tôt (par exemple à 55 ans dans le bâtiment).

b)    Parce qu’il faut réduire la durée du travail sur la semaine et sur la vie.  Sans réduction du temps de travail, nous avons déjà 6,6 millions de chômeurs, près de 12% des salariés écartés d’un plein et bon emploi. Le développement des technologies accroîtra ce chômage de masse si la société ne s’organise pas pour partager le travail. La retraite à 60 ans c’est du boulot pour les jeunes, comme la semaine à 32 h c’est du boulot pour toutes et tous.

2. Nous proposons une retraite calculée sur les 10 meilleures années (sur les 6 derniers mois dans le public).

Un calcul comme aujourd’hui sur les 25 meilleures années induit souvent une baisse des pensions du fait des carrières hachées, erratiques, précaires. Il ne faut pas toucher aux 6 mois dans la fonction publique tant que les primes ne sont inclues dans les salaires. Le calcul sur les 6 derniers mois dans le public amène à des retraites à peu près équivalentes avec le privé)

3. Nous défendons un nombre d’annuités pour définir une retraite complète compris entre 35 et 40.

Jusqu’en 1972 c’était 30 annuités, jusqu’en 1993 c’était 37,5 annuités, en 2003 ce fut 40 annuités privé et public. En 2010, l’âge légal de départ est passé à 62 ans puis en 2013 de facto à 63 ans : le nombre d’annuités a été augmenté pour atteindre 43 ans, et même maintenant avec le projet Borne 44 ans (pour les salariés ayant commencé à travailler avant 18 ans).

Nous proposons d’établir un nombre d’annuités basé sur le nombre réel moyen d’annuités effectué au cours de leur vie de travail par tous les salariés, qui se situe aujourd’hui  entre 35 et  40 ans.

4. Nous sommes favorables à la suppression de la décote quand on n’a pas le nombre d’annuités requis (par exemple 40 annuités, chiffre repris dans le programme de la Nupes).

La décote est le taux de minoration (réduction) appliqué à la pension si on ne remplit pas les conditions pour bénéficier d’une retraite à taux plein (bientôt 43 ans). Elle oblige soit à partir avec une pension plus faible, soit de travailler plus longtemps (souvent 67 ans, âge de départ sans décote).

5. Une fois défini le principe d’une retraite à 60 ans avec 40 annuités et calculée sur les 10 meilleures années, nous proposons d’ajuster le taux de cotisations pour y parvenir.

Renversons les raisonnements actuels : au lieu d’adapter la prestation à la raréfaction des cotisations, nous devrions ajuster les cotisations aux exigences de la prestation définie. Nous refusons la vision des néo-libéraux qui nous gouvernent : ils veulent diminuer la part des retraites dans le PIB de 14% (comme aujourd’hui) vers 12 ou même 10 %. Nous consacrerons une part du PIB nécessaire qui ira de 14 à 17 % ou plus selon le nombre (de 14 à 17 millions) de retraités : c’est un choix de société.

6. Nous défendons l’idée d’un montant minimum de la retraite égale au SMIC.

Si le Smic est le salaire minimum pour un salarié en activité, il doit aussi être le montant minimum de la retraite : nul n’a moins de besoins à 61 ans qu’à 59 ans. De la même façon si le salaire maximum est fixé, comme dans le programme de la Nupes, à un montant inférieur à 20 fois le Smic, il doit en être de même pour la retraite maximum.

7°) Ne nous laissons pas abuser par la question de la pénibilité :

Les gouvernements Sarkozy, Hollande, Macron n’ont cessé, avec le Medef, d’errer sur cette question avec des « critères de pénibilité » (tantôt 10, tantôt 4 critères) et des « taux d’usures » (tantôt 10 % en juin 2010, tantôt 20 % en septembre 2010).  Ca a été codifié puis ça échoué. Macron a dit dès 2017 : « je n’adore pas le mot pénibilité accolé au mot travail » n’y a aucune solution dans la recherche d’une appréciation individuelle de la pénibilité : il y a moins de 4600 médecins du travail pour 30 millions de salariés,

Impossible de mettre en œuvre des critères. Quid du travail de nuit ? Le nombre de travailleurs de nuit habituels et occasionnels en France est passé de 3,3 millions (15,0% des actifs) en 1990 à 4,3 millions (16,3%) Quid du travail posté ? 63 % d’horaires atypiques, en équipes, par rotation 3X8 4X8 5X8 ? Quid du port des charges ? Quid des expositions à des produits dangereux cancérogènes ?  Quid du bruit ? Des TMS (85 % des maladies professionnelles ? Quid des métiers pénibles mentalement et physiquement ? Une infirmière de 62 ans ? Un instituteur de 63 ans ?  Il faut donc en revenir à des conventions collectives par branches et par métiers, elles sont négociées et signées de façons adaptées pour limiter et compenser les nuisances au travail.

D’où un point sémantique important : refusez de parler de « régimes spéciaux », ça n’existe pas, ce sont des conventions collectives adaptées qu’il faut protéger, améliorer et démultiplier.

8°) Remettons en cause cette LFSS (et PLFSSR) brutale et bureaucratique :

En fait la LFSS revient à déposséder les assurés sociaux du contrôle de leurs propres cotisations salariales santé et retraites. L’idée initiale du CNR 1945 était que la Sécurité sociale, puisque c’étaient nos salaires, nous, salariés, la gérions et il y avait des élections aux caisses de la « Sécu » tous les cinq ans. Au début c’était un assuré une voix, le patronat avait 11,5 % de sièges, puis De Gaulle Pompidou ont cassé ça par ordonnances en 1966, 1967, et donné 50 % de sièges au patronat. Puis ils (Rocard, Balladur) ont repoussé les élections, puis Juppé les a supprimées en 1995, donnant à une poignée de technos de Bercy, le contrôle bureaucratique des 850 milliards du budget de notre protection sociale (ONDAM et T2A) avec une insuffisante capacité donnée aux parlementaires pour le contrôler.

L’énorme budget de la LFSS passe depuis comme passait une lettre à la Poste et des procédures expéditives (47 1 et 49 3) viennent de surcroit en 2023 empêcher les parlementaires de sérieusement le contrôler, l’amender, le modifier ce qui atteint en une limite de 50 jours un stade procédural quasi dictatorial.

Contre ça, remettons en cause la LFSS, redonnons les caisses aux assurés, réclamons à nouveau des élections aux caisses de la Sécu, Santé, Vieillesse, etc.. un assuré, une voix. Opposons la démocratie sociale (ce devrait être un Parlement social dans la VI° république) contre leurs coups de force type V° République.

 

Macron joue avec le feu ! tous ensemble le 31 janvier

Deux millions dans les rues contre la retraite à 64 ans mais aussi plus globalement contre tous les reculs sociaux. Au même moment Macron déclare de Barcelone que son élection a validé son projet sur les retraites. Oubliés le vote barrage à Le Pen et ses déclarations au soir du second tour. Un coup d’arrêt s’impose.
Le retrait ou le RN ?
Avec ses déclarations Macron affiche non seulement son mépris mais il envoie un message à une partie de l’électorat. Avec mon élection vous avez validé le report de l’âge de départ en retraite. Des millions d’électeurs vont entendre qu’ils n’auraient pas dû faire barrage à Le Pen. Celle-ci n’a rien à dire sauf à rappeler son opposition au projet.
Ce choix de Macron est un choix lucide. Il joue avec le feu. Il sait que la réforme des retraites en Italie a été rejetée par une mobilisation sociale forte. Il sait que personne n’en a tenu compte. Il sait que ce choix a ouvert la voie à l’extrême-droite italienne. Son cynisme n’en est que plus révoltant.
L’urgence d’un retrait !
Tant du point de vue des conséquences sociales que des conséquences politiques le choix est clair. Il faut imposer le retrait du projet Macron-Borne-Dussopt. Cela passe par la mobilisation sociale et celle de la jeunesse. Partout des AG sont possibles discutant des formes d’action si le projet est maintenu. Comme c’est probable. Des Assemblées dans les entreprises, les lycées, les facs c’est l’urgence pour ancrer une mobilisation qui se développe à partir du choix des 80 à 90% des français opposés au projet gouvernemental.
Le 31 janvier est un repère collectif pour se rassembler toujours plus nombreuses et plus nombreux dans la rue et dans la grève. Dans les jours qui suivront, pour que l’action s’inscrive dans la durée, elle devra se concrétiser par de nombreuse grèves dans tous les secteurs.
Construire l’alternative !
La NUPES est unie contre le projet. Elle doit développer une activité unitaire sur les marchés, dans des réunions publiques. De cette activité, de l’élargissement de la NUPES en une alliance de toute la gauche dépend l’existence d’une alternative aux prochaines échéances électorales. Qu’elles soient anticipées ou non.
C’est le moment du tous ensemble tant sur le plan social que politique. Les enjeux sont trop importants. Il ne faut pas se disperser, l’heure est aux rassemblements et à l’unité !

Partis syndicats, masses, union et révolution

Partis, syndicats, masses, union et révolution

 

C’est l’existence qui détermine la conscience. C’est le capitalisme qui engendre des revendications qu’il ne peut satisfaire. Le socialisme vient du ventre. Ce n’est pas l’insurrection civique super-structurelle (sic) qui précède l’insurrection sociale de base. Ce sont les combats pour des revendications souvent élémentaires mais légitimes, poussés jusqu’au bout, qui déclenchent les révolutions.  Ce ne sont pas des « projets de société contre des projets de société ». Ce n’est pas « l’idée » de la République qui pousse les femmes à aller à Versailles en octobre 1789, c’est le pain. Pareil pour la révolution russe de février 17 comme celle d’octobre elles ne se font pas « pour le socialisme » mais pour la paix, le pain, la terre.

 

Depuis quand  ce serait un « manque d’ imaginaire » qui nuirait aux mobilisations sociales ?

C’est le contraire, c’est l’imaginaire qui provient des luttes et mobilisations les plus fortes et les plus réussies, c’est un résultat, pas un préalable !

Presque toujours à la Butte Montmartre,  au quartier de Vyborg, dans 90% des entreprises occupées de mai-juin 68, dans un théâtre de Prague, ou le 17 déc. 2010 à Sidi Bouziz, les explosions sociales et révolutions, commencent sans « imaginaire », mais avec un affrontement concret, une colère puissante, un détail qui stimule, obtient un soutien de masse et ouvre la voie à tous les possibles.

La gauche est pluraliste, traversée de plein « d’imaginaires », positifs et négatifs, et c’est logique. Mais c’est justement quand ces divers imaginaires ne séparent plus, ne divisent plus, et que l’action commune de classe l’emporte que l’explosion sociale victorieuse se produit.

Il y a une question de méthode, de théorie derrière ca.

 

Ce ne sont pas des « mots d’ordre centraux », venus du haut de la direction d’un « parti avant garde » d’après un schéma souvent usé qui aident vraiment le mouvement social.  Ce n’est pas la marche sur Paris en juin 2013 (« du balai ») qui féconde un mouvement contre l’ANI en 2013, ce n’est pas la marche contre la hausse de la TVA en déc. 2013 qui féconde le combat d’alors contre la loi Touraine sur les 43 annuités de retraite. Ce n’est pas la marche pour un candidat à la présidentielle qui aide le mouvement unitaire des 14 manifestations anti El Khomri à gagner.

C’est le contraire c’est plutôt le mouvement social qui conditionne et féconde la possible victoire d’un candidat à la présidentielle.

Ce sont plutôt les « gilets  jaunes » ces « gueux » surprenants venus d’en bas, comme en 1788, qui ont terrorisé le pouvoir macronien, et fertilisé les luttes et à juste titre, car ils étaient la poussée qui suppléait à la répétition des non-victoires des syndicats face à l’arrogance sourde du pouvoir capitaliste depuis 2002. Même sans une énorme conscience au départ, ils se radicalisaient très vite à gauche (j’ai visité moi aussi, comme d’autres 25 ronds points dans toute la France et j’ai pu le vérifier in situ)

L’insurrection civique ne précède pas l’insurrection sociale : au mieux c’est l’inverse ! On ne gagnera jamais une « constituante » et une VI° République (voir le Chili) sans avoir gagné le pouvoir et déjà changé considérablement la vie concrète ! Sur le terrain des idées, les capitalistes  ont l’argent et les médias, nous nous n’avons que le terrain de la mobilisation collective, du changement de vécu massif de millions de salariés. Ce n’est pas vrai qu’il faudrait dominer culturellement avant de prendre le pouvoir. Il faut dominer socialement pour conquérir des revendications puis les institutions, il faut avoir conquis le pouvoir pour consolider une nouvelle culture sociale qui éradique toutes les différentes discriminations et oppressions morcelées : ce combat n’est jamais fini tant que le salariat en tant que classe ne dirige pas collectivement et démocratiquement. Les institutions d’une VI° république se créeront à ce moment-là pour concrétiser, conforter, quant elles seront perçues comme nécessaires pour défendre et faire perdurer le nouvel ordre social « pluriel ».

Idem en Europe, c’est la victoire de la gauche en France qui secouera et transformera l’UE. La Grèce suppliciée faisait 2 % du PIB européen, la France fait 27 % dudit PIB. Il ne faut pas dire Frexit mais Macronxit. Ce n’est pas à Bruxelles que sont dirigées les FDO, c’est à l’Elysée. Les GOPE ne sont appliqués que si le gouvernement en place le veut, et sinon ils sont et seront renégociés. D’ailleurs les traités passés sont déjà peu appliqués et aucun critère de Maastricht n’est plus en vigueur. Aucune unanimité ne s’imposera alors. Les rapports de force changeront grâce au salariat de tous les pays. Ça ne sert à rien de nous mettre nous mêmes des bâtons dans les roues, d’inventer à froid des préalables, de nous diviser sur des scénarii abstraits, nous ne voulons pas nous replier ni nous défendre, ni « sortir » : si nous gagnons à Paris, nous espérons que se généralisera un « printemps des peuples » européen et que les autres capitales devront répondre à cette nouvelle donne. (On devrait donc facilement parvenir à une liste commune  de la NUPES et de toute la gauche aux européennes de 2024 afin que cette liste soit en tête dans tout le pays et marque bien que c’est la gauche la véritable et principale opposition au macronisme).

 

Gagner les élections est difficile, car le bulletin de vote est manipulé par l’argent les médias, l’isolement. En fait quand les élections sont gagnées, c’est un résultat plutôt qu’une étincelle : mai 81 est un effet différé de mai 68,  mai 1888 est un effet différé de l’hiver 1986, juin 1997 est un effet différé de nov.-déc. 95, mars 2004 (20 régions sur 24 a gauche) est un effet différé du plus grand mouvement sur les retraites en 2003, mai 2012 est un effet différé du CPE, des batailles sur les retraites de 2003 et 2010.   Ce n’est pas l’appel politique précipité en juillet 2022 à une montée à Paris le 16 octobre qui aide le plus  les syndicats à s’unir et à agir.  Ce n’est pas la fixation par le haut d’une autre date au 19 janvier 2023 qui aide le mouvement syndical à s’unir à 100% et à fixer le 19 janvier. Cela peut même être contre productif en induisant des faux débats.

 

Un accord gauche-écologiste est fondamental : il ne peut y avoir d’écologie sans gauche, ni de gauche sans écologie. Sans être anticapitaliste on ne sauvera ni la planète ni les fins de mois. Le capitalisme est un système de compétitivité et donc de guerre, notre éco-socialisme est un système de partage démocratique des richesses que nous produisons. L’intégration de toutes les révoltes partielles, sectorielles est décisive contre les oppressions multiples, anti-masculinistes,  anti racistes,  anti xénophobies, anti nationalistes, c’est nécessaire à la pleine force du combat principal contre l’exploitation. Ce dernier condense l’affrontement avec le capitalisme, avec le système de guerre anti sociale qui  nourrit toutes ces oppressions.

 

L’union fait la force, la force ne fait pas forcément l’union. Une dynamique unitaire, ça dépend du contenu et de l’adhésion créative à ce contenu : c’est une question de conviction, d’élan vivant, pas une question d’autorité ni de chef. (Ce n’est pas vrai que la gauche française sera sauvée de ce qui est arrivé en Italie, par la force).

 

Les appareils existent partout, c’est matérialiste, surtout il ne faut ne pas le nier, ni s’en offusquer, il faut le mettre dans les programmes de formation d’éducation, bien prévenir sur leur réalité : il n’y a pas de vaccins contre eux, mais il y a des traitements. Le principal étant la démocratie : des statuts, des débats, des votes, des procédures méticuleuses,  des adhésions,  des cotisations, des élections, des contrôles financiers et éthiques, du pluralisme reconnu et proportionnel, etc. (la procédure est la sœur jumelle de la liberté, et la démocratie ne s’use que si on ne s’en sert pas, la démocratie n’est pas une perte de temps ni d’efficacité, au contraire, elle aide à démultiplier les forces).  Les appareils (syndicaux et politiques) se méfient de l’union et veulent  la contrôler : elle les bouscule, elle change la donne, elle fait intervenir de nouvelles énergies, elle fait le tri des élus, des dirigeants, des bureaucraties (grandes ou petites) à l’épreuve concrète de la lutte de classes. Il leur faut à ce moment là faire face aux vérités des luttes et des débats, ils n’aiment pas ça. Car ce qui contredit et emporte les reflexes claniques d’appareils c’est la libération des actions de masse unies.

 

 

La division est quasi toujours une pratique qui freine, oppose, crée des mauvaises concurrences polémiques entre pseudo « avant gardes » dures,  larges ou auto-proclamées, elle donne toujours prétexte à des haines, insultes,  entre les salariés pourtant tous exploités, elle donne matière à des courses au triomphalisme, suprématisme, hégémonisme, et même hélas, sectarismes, et à des gauches prétendues « irréconciliables ». Seuls le patronat et les pouvoirs de droite en tirent parti. C’est vieux comme le mouvement ouvrier du XIX° siècle : « La domination de la bourgeoisie n’est fondée que sur la concurrence des ouvriers entre eux, c’est-à-dire sur la division à l’infini du prolétariat, sur la possibilité d’opposer entre elles les diverses catégories d’ouvriers » (Friedrich Engels).

 

Notre rôle théorique, intellectuel, militant est d’unifier le salariat, d’aider à ce qu’il prenne conscience de sa puissance.

 

L’union a une vertu intrinsèque, elle bouscule les appareils et tire à gauche. Le fait qu’un appareil ne puisse plus imposer son hégémonisme (ses intérêts propres générés matériellement), mais soit  obligé d’écouter les autres, de respecter les autres, de composer avec les connaissances, expériences, acquis théoriques, historiques, implantation des autres, laisse s’exprimer et passer les besoins les plus radicaux des masses.

Encadrer les choix et décisions dans des « espaces », des « pôles » des « fonctions » sans centralisation publique ni démocratie méticuleuse. Hiérarchiser les prérogatives au lieu de faciliter les complémentarités associations, syndicats, partis,  comités de « base » et « comités au sommet » n’est pas non plus la bonne méthode.

La confiance en l’union-qui-se-radicalise se vérifie à coup sûr à la base, quand l’union est libre, avec des comités, des collectifs, des structures souveraines qui l’emportent sur les appareils  des syndicats ou des partis. Le « dégagisme » si cela a un sens, c’est ça. Pas de réticence à l’union, pas de leçons à donner, pas de crainte à avoir, confiance totale envers les larges masses, unies, débarrassées des chapelles,  des clans, des apparatchiks. C’est pour cela que nous sommes pour une « maison commune » sans crainte ni réserve de toute la gauche.

 

Parler du salariat comme classe puissante majoritaire, ce n’est pas du tout une « vieille lune », C’est une idée neuve, récente. Une analyse décisive. Il y a un grand retard intellectuel à gauche à propos de la survenue massive du salariat en tant que classe. Dans le monde, il y a un milliard de salariés de plus depuis trente ans, et 54 % des actifs sont salariés.

 

En 1910 en France, il y avait 3 millions de salariés, en 2010, il y a 30 millions de salariés. Comme Marx à son époque parlait du prolétariat naissant nous devons parler de ce  salariat devenu majoritaire. Ne pas identifier cette force en tant que telle, est une faiblesse théorique de la gauche. L’ancienne classe ouvrière (érigée en mythe surtout par les staliniens) n’en est qu’une partie. Il n’y a plus de différence cols blancs, cols bleus et cadres. Les salaires ont été compactés depuis 50 ans. Le salaire médian a été réduit, bloqué, les cotisations sociales abaissées et supprimées, les durées du travail un moment réduites, ont été rallongées. Le chômage de masse perdure cruellement : 6,5 millions de salariés sont privés d’emploi. La précarité augmente de 15 à 20 %. Les discriminations sont profondes : différences de salaires femmes-hommes, maltraitance de la jeunesse, ségrégation voulue envers les salariés et sans papiers immigres et un million de « travailleurs détachés »

Employés ouvriers et cadres n’ont que leur force de travail à vendre. Depuis 75 ans, ils avaient gagné de quoi faire progresser leur classe, leurs statuts, leur code du travail et leurs conventions collectives avec un principe de faveur, leurs salaires nets et bruts et super-bruts, leurs institutions représentatives du personnel, CE, DP, CHSCT, DS, ils avaient une médecine du travail une inspection du travail, une justice du travail, une sécurité sociale (ils votaient pour la direction de ses caisses), une retraite… tout cela est soumis depuis 20 ans à une offensive brutale et systématique sans précédent du patronat pour faire régresser chacune de ces conquêtes.  Et la politique de Macron est avouée depuis son livre « Révolution » de 2016 : sauvagerie de la France start up, suppression des cotisations sociales, société sans statuts, (ni code ni accords de branches), société post-salariale ubérisée. Il vise à détruire méthodiquement le salariat et tous ses statuts !  Raison de plus pour construire la résistance à cette politique et la conscience (l’imaginaire ?) collective qui en découle. Défendre et reconstruire le salariat comme grande classe révolutionnaire, a travers chacune des luttes sociales qui le permet : défense du code du travail, des services publics, de nos retraites, en espérant à chaque étape le soulèvement salvateur.

 

Les syndicats sont indépendants. Sans syndicats nous ne sommes rien. Sans syndicat nous n’avons rien. C’est le premier pas de l’organisation de classe de salariés.  C’est l’école de la lutte sociale, et du socialisme. Il faut respecter les syndicats, faciliter le fait qu’ils organisent et rassemblent  des millions de salariés sans discrimination, parce qu’ils sont salariés, indépendamment de leurs opinions philosophiques, religieuses, ethniques, corporatives et politiques. Il ne faut pas chercher à se substituer encore moins instaurer un « tri » mais il faut aider à des syndicats de masse, indépendants, démocratiques (fédéralistes), les plus unifiés possibles et unitaires, rassemblant l’écrasante majorité de la classe salariale. Et la démocratie est fondamentale dans les syndicats, comme dans les partis politiques. C’est le respect de règles démocratiques scrupuleuses, pointilleuses, méticuleuses, qui permet a la base et à chacune des formes d’oppression de se faire entendre et de s’exprimer. C’est par la démocratie, que les droits des femmes, des jeunes, des immigrés, des différentes minorités sexuelles peuvent exister. C’est par la démocratie que les combats se reconnaissent, s’épaulent et gagnent.

 

C’est le respect des rythmes, la compréhension de la naissance du développement et bonds en avant de la conscience de masse qui aident. Les cercles militants d’associations, de syndicats ou de partis sont là pour éduquer, préparer,  féconder, et proposer des issues aux explosions sociales, ils ne les décrètent pas. Ni la grève générale ni la « montée sur Paris », encore moins l’insurrection ne se décrètent par le haut d’un parti politique.

 

Des millions de militants ne suffisent pas pour gagner, il faut des dizaines de millions pour renverser victorieusement le capitalisme. Et ces dizaines de millions ne se mettent en mouvement que dans des circonstances exceptionnelles, en général « for one single issue », sur un seul but. Les revendications transitoires ne sont pas une échelle qu’il faut gravir, c’est chacune d’elles qui compte : gagner sur l’une entraine vite de gagner sur toutes. Gagner sur les retraites serait un bélier qui ouvrirait toute les portes.  Mais ce n’est pas agiter l’image du bélier qui compte, c’est le franchissement collectif de la porte.  Pour cela il faut un mouvement puissant, horizontal, pas vertical, il faut une expression démocratique, basique, des larges masses. C’est rare l’apparition de cette alchimie, et de cet art, pour qu’ils s’unissent et imposent à la fois la victoire de la revendication qui les a fait se mettre tous en mouvement, et à la fois dans la dynamique, la crise politique révolutionnaire qui débouche sur un changement de société.  Mai 68 commence vraiment les 16, 17 18 mai avec la grève générale de masse spontanée, sans doute la plus grande grève de l’histoire de l’humanité. Elle vient de la courbe ascendante des grèves des mineurs, de Rodhiaceta, de Redon, des 17 mai 66 et 17 mai 67, de la Saviem. S’il n’y avait eu que le « détonateur » des étudiants et les barricades, on n’en parlerait pas 50 ans après (de même qu’on a « oublié » le mouvement étudiant allemand qui fut plus fort que celui de France). C’est dans le mouvement, c’est dans l’action, que des millions de salariés, apprennent – parfois plus en trois jours qu’en trois semaines et plus en trois semaines qu’en trente ans. Ce n’est pas la parole tribunicienne, ce n’est pas le discours, « l’idée », ni le projet de société, ni l’idée d’une marche qui précède, c’est leur expérience pratique qui leur apprend ce qu’il faut le faire, qu’il n’y a pas moyen de faire autrement, que sans se soulever ils y perdront plus.

 

Je ne sais pas non plus ce que veut dire « l’échec du communisme » et encore moins celui de la « classe ouvrière » ? La révolution socialiste et communiste a été vaincue et écrasée, elle n’a pas « échoué » ; il n’y a jamais eu de socialisme ni de communisme en URSS, ni nulle part. Le dire clairement est une force. Il y a eu contre-révolution et pas une dégénérescence coupable ce n’est pas la faute aux révolutionnaires ni à leur programme, ni la classe, c’est la faute aux contre-révolutionnaires et aux crimes des capitalistes. Nous n’avons pas à nous renier, à changer de nom, je ne sais pas ce que veut dire « insoumis » mais je sais ce que veulent dire socialisme et communisme, et nous avons actualisé les éléments de programme actuels qui y correspondent.

 

La classe ouvrière, c’est à dire la partie ouvrière du salariat  a été réduite en proportion mais n’est pas disparue : les légendes autour des cols bleus, par contre ont  nourri des clichés usés, des fétichismes, des nostalgies, des démoralisations, et des théories devenues archaïques. Il y a globalement 6 millions d’ouvriers, 4 millions de cadres, 6 millions d’employés. (Il y a très peu de cadres supérieurs, de CSP). 18,5 millions dans le privé, 5,5 dans le public, et 6,5 millions de chômeurs.  Intégrer ce qu’on distinguait sous l’étiquette « classe ouvrière » dans le concept global de salariat, 30 millions, 90 % des actifs, ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre, aiderait à unir toutes les composantes sociales dans un même combat, de l’ingénieur au balayeur,  de la femme de ménage à la professeure, du métallo à l’éboueur. Il ne faut pas parler de « classe moyennes »  ni de « classes populaires »  ça ne veut rien dire (et ceux qui utilisent des mots à la dérive sont incapables de  les définir). Il y a un haut, un milieu et un bas du salariat, une seule classe. Il existe mille entreprises de plus de mille salariés qui font 50 % du produit intérieur brut, et font travailler près de 4 millions de salariés sur 18 millions.  Certes, il n’y a « que » 3 % d’entreprises de plus de 50 salariés mais elles font travailler 50 % des salariés (prés de 9 millions). Cela n’a pas empêché en mai 68 que le mouvement atteigne les pompistes, et les dentistes, les gardiens de musée et les traminots,  les cinéastes et les footballeurs,  les douanes et les couvents ! En dehors il existe 10 à 12 % d’indépendants dont les victimes ubérisées de Madelin, Novelli, Macron : il est bon de savoir que 16,6 % de ces indépendants sont pauvres (et seulement 5,3 % des salariés).

La politique de Macron expulse les salariés du salariat : ce n’est pas une libération, c‘est une terrible régression. Face à cela nous devons avoir la même méthode que ci dessus, dans tout ce texte : certes, nous voulons libérer les salariés de leur exploitation, de leur subordination, mais c’est en défendant aujourd’hui, chaque jour, leurs statuts, droits, conquêtes,  que nous y parviendrons dans des conditions émancipatrices pour toutes et tous.  Nous défendons la présomption de salariat contre Uber-Macron. Défendre les droits menacés du salariat, c’est mieux qu’un « imaginaire » c’est une bataille matériel et réelle. Je ne sais pas ce que veut dire « l’ère du peuple » mais je défends l’idée que c’est « l’ère du salariat ». D’ailleurs depuis que François Mitterrand a dit en mai 1981 que « c’était la victoire de la majorité sociologique » plus personne ne recherche des « fronts de classe » ni des « alliances de classe ». Le Front populaire de 1935 était une alliance avec la bourgeoisie quand le salariat était encore minoritaire ! Aujourd’hui un seul « front » du salariat suffit (de ses partis syndicats, associations..)

Nous n’opposons pas « réformistes » et « révolutionnaires ». Nous ne cherchons pas à diviser la classe entre les plus conscients et les moins conscients. Nous avons intérêt tous à nous entrainer dans le même mouvement de masse.  Des révolutionnaires autoproclamés peuvent arriver bien tardivement après des réformistes considérés comme hésitants mais qui se radicalisent. La réforme d’ailleurs nourrit la révolution et ne s’y oppose pas. Les conquêtes ne sont pas un embourgeoisement mais un appui, un socle. Les processus de développement de la conscience de classe (je l’ai illustré tout au long de ce texte) n’ont pas changé. On s’éveille pour la retraite, on devient peut être révolutionnaire dans la soirée ! Il ne faut pas (comme on disait dans le temps à la LCR et d’ailleurs le NPA majoritaire change en ce moment même sur cette question) « cliver  avec les réformistes », il ne faut pas construire une « avant garde » des plus conscients contre les moins conscients, il faut créer les conditions pour faire la course tous ensemble, et s’il s’avère que c’est un marathon, ce sont les révolutionnaires qui prouveront leurs qualités en gagnant dans les derniers kilomètres.

D’où l’idée actuelle d’une « maison commune » de toute la gauche, comme cela exista lors du Congrès du Globe de Jean Jaurès en 1905 : il réunit toutes les composantes des socialistes de l’époque, qui n’étaient pas aussi éloignées que cela politiquement, les unes des autres, mais qui se détestaient,  se méfiaient, passaient leur temps à polémiquer, etc… Ils commencèrent par des statuts communs où chaque composante était respectée, « dans sa personnalité antérieure », avait ses droits et ses expressions préservées, où la démocratie était la première condition de  l’unification…

Après 5 ans de trahison de Hollande Valls et 5 ans de division de la gauche de 2017 à 2022, l’unité réalisée avec la NUPES en avril mai 2022 est un immense et beau tournant, elle s’est faite sur un programme partagé, qui est une chance sérieuse pour aller plus loin,  toutes ses composantes sont dans le mouvement social pour les retraites, la NUPES peut donc et doit s’élargir, réfléchir, s’organiser à la base, se démocratiser…

Un nouveau congrès du Globe devrait être unitairement convoqué par des personnalités de tous les courants, et ainsi, naîtrait une force capable de fertiliser une explosion sociale révolutionnaire comme celle qui est inscrite dans la puissance du salariat. Et réussir !

Bon, évidemment un « congrès du Globe » ça ne s’auto proclame pas, une fois qu’on partage bien cette idée, on ne réunira pas  Faure,  Melenchon Tondelier, Roussel dans une même salle du jour au lendemain par un coup de baguette magique avec GDS Générations Ensemble (encore que ce serait urgent et souhaitable). Il faut donc que ça se construise : que ça traverse en profondeur les bases des partis, que l’unité et l’avenir frappent à la porte du congrès du PCF,  que la direction du PS avec Faure se consolide dans cette voie, que les Verts EELV cessent de se croire seuls pivots de l’avenir et acceptent réellement un front commun, que la LFI se démocratise, que la NUPES aient des comités de base élargis et démocratiques : il faut un processus concret, progressif, intermédiaire  pour convaincre les dizaines de milliers de militants concernés  !

Le présent texte est l’écho d’une discussion un peu abstraite et générale qui s’est tenue librement dans le conseil d’administration d’une fondation, la fondation Copernic, mardi 24 janvier. Dans ce contexte, je n’y ai pas abordé  les détails tactiques de la stratégie défendue. Mais GDS cherche plus concrètement à faire surgir au moins un regroupement de toutes celles et ceux qui partagent actuellement ce projet d’une « maison commune  » de la gauche, c’est envisageable de commencer par  faire un « PESU », un « parti écologique et social unitaire » au sein de la NUPES  et d’aller à marche assez  forcée cette année 2023 en ce sens, car le temps passe.  Un « appel » de dirigeants de Ensemble, Nouvelle Donne, Générations, GDS..  pour des « assises de fondation » d’un PESU (ou PGU  parti des gauches unitaires) au printemps serait une bonne démarche. Se mettre d’accord sur des statuts, un fonctionnement, un consensus de travail dans la grande perspective d’une « grande maison commune » rallierait sûrement des milliers de militants aujourd’hui  et pèserait dans le bon sens et fraternellement sur toute la NUPES.

Nous savons que dans chaque parti, PS, PCF, EELV LFI, il y a beaucoup de militants sincères et actifs, qui souhaitent cela ! En avant !

Le mardi 24 janvier Gérard Filoche

 

 

 

 

Communiqué du comité d’initiative et de liaison pour mieux construire la NUPES, réuni le samedi 15 octobre à Paris (Ageca) à l’appel de 2000 signataires

– Communiqué –

Le 15 octobre s’est tenue à Paris, avec plus de 2.000 signatures de soutien, une journée de rencontre pour «construire la Nupes tous ensemble et constituer une alternative majoritaire».

Une volonté s’y est affirmée : cette Union peut et doit devenir la
« maison commune » qui rassemble les gauches sociales et écologistes et y pratique la démocratie dans le respect du pluralisme. Les points de programme partagés au sein de la Nupes sont un acquis précieux pour aller de l’avant.

Au plan local, il faut encourager la participation aux assemblées unitaires formées avec les organisations volontaires et ouvertes aux citoyennes et citoyens, aux membres des syndicats et associations.

L’espace d’initiative et de débat ouvert ce 15 octobre a vocation à s’élargir, avec et par delà les personnes et sensibilités qui l’ont suscité. Un Collectif de liaison et d’initiativeouvert est créé pour enrichir et renforcer la Nouvelle Union populaire écologique et sociale./.

CLN-TousEnsemble.fr Construire la Nupes