Interdiction du travail des enfants

Le 30 avril un enfant de 15 ans a été tué au travail en France

 

Un million d’enfants au travail en France

Les moins de 20 ans ont trois fois plus d’accidents

Une image contenant personne, Visage humain, sourcil, Selfie

Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

Dépêche AFP 30 avril 2025 : Un apprenti maçon de 15 ans, Lorenzo Menardi, originaire de Nice, est mort sur un chantier de Saint-Martin-du-Var. Alors qu’il travaillait, il aurait été percuté par « un engin de chantier de type pelleteuse ». L’enfant dans un CFA de maçonnerie à Antibes, était entré fin 2024 en apprentissage dans une entreprise de travaux publics. Il n’a pas pu être réanimé par les secours. Le parquet a ouvert une enquête pour homicide involontaire, confiée à la brigade de recherches de Nice et à l’inspection du travail.  (Maxime Grusss/Hans Lucas. AFP)

La lutte contre le travail des enfants est un combat ancien du mouvement ouvrier. Depuis une vingtaine d’années, on connaît un recul social avec aujourd’hui un million d’enfants au travail dans notre pays. Or les moins de 20 ans ont trois fois plus d’accidents du travail !

 


Du XIXe siècle au début des années 2000, un recul progressif du travail des enfants

 


Au début du XIXe siècle, des enfants de 5 ans travaillent couramment 15 à 16 heures par jour dans le textile, les mines ou les chantiers. Les pouvoirs publics finissent par s’émouvoir, non pas des souffrances endurées mais des statistiques fournies par les conseils de révision. Les enfants ouvriers étaient si mal portants qu’on devait déclarer inaptes plus des deux tiers. On risquait de manquer de travailleurs, c’est cela qui a alarmé les autorités.

Victor Hugo à travers le poème Melancholia dénonce l’injustice subie par les enfants contraints de travailler dans des conditions inhumaines. Il montre les conséquences de cette injustice sur les enfants : maladies, absence d’éducation, impossibilité de s’épanouir

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison, le même mouvement
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las… »

Victor Hugo, Melancholia, 1856

Quelques années après la Révolte des Canuts en novembre 1831 à Lyon, première insurrection sociale de l’ère industrielle, le rapport du docteur Villermé sur l’état de santé des ouvriers des manufactures a eu un grand retentissement et a été à l’origine de la loi sur le travail des enfants dans les manufactures, la loi Cunin-Gridaine du 22 mars 1841.

C’était il y a 184 ansla première loi limite l’âge d’admission dans les entreprises à 8 ans, interdit le travail de nuit pour les enfants de moins de 13 ans ; limite le temps de travail à 8 heures sur 24 pour les enfants âgés de 8 à 12 ans et le limite à 12 heures pour les enfants âgés de 12 à 16 ans.

En 1851 : durée du travail limitée à 10 heures au-dessous de 14 ans et à 12 heures entre 14 et 16 ans. Interdiction du travail de nuit pour les moins de 16 ans

1874 : Interdiction du travail des enfants de moins de 12 ans, du travail de nuit pour les filles mineures et pour les garçons de moins de 16 ans. Le repos du dimanche devient obligatoire pour les ouvriers âgés de moins de 16 ans.

1892 : La durée maximale de travail est ramenée à 10 heures quotidiennes à 13 ans, à 60 heures hebdomadaires entre 16 et 18 ans, et un certificat d’aptitude est nécessaire.

Ces lois ne seront mises en place que très progressivement du fait de la réaction des industriels qui fustigeaient l’état de se mêler de la vie des entreprises, d’autre part du manque à gagner que l’interdiction du travail des enfants entraînait pour les parents, et aussi du manque de moyens des inspecteurs à faire appliquer ces lois, (le corps d’inspection du travail est créé à partir de 1892).

Seule la loi Jules Ferry en 1882 rend la scolarité obligatoire et met fin au travail des jeunes enfants : un système de compensation du manque à gagner pour les parents dû à l’interdiction du travail des enfants et à leur scolarisation est mis en place très progressivement, intitulé « allocations familiales ». la loi Ferry organise l’enseignement primaire obligatoire et laïc pour les enfants de 6 à 13 ans. Cette loi est renforcée en 1892, les enfants étant obligés d’obtenir leur certificat d’étude (vers 12-13 ans) pour pouvoir travailler.

Puis en 1936 car la scolarité devient obligatoire jusqu’à 14 ans, et ensuite en 1959 où la scolarité devient obligatoire jusque 16 ans, à travers l’adoption de la « Charte des droits de l’enfant » par l’ONU.

 

A partir des années 2000, des retours en arrière

Le plus grand recul historique est en 2006 avec de Villepin : Villepin rend à nouveau possible en 2006 l’apprentissage à partir de 14 ans et à partir de 15 ans le travail de nuit et le dimanche.

 


Le 15 novembre 2010 à Mulhouse un enfant de 15 ans a été mis dans un pétrin de boulanger pour le nettoyer, il s’est remis en marche et le gamin est mort broyé. De façon générale la courbe des accidents mortels et graves subis par les enfants au travail redémarre.

Hollande est aussi celui qui a fait reculer le code du travail d’un siècle : c’est un pic dans l’histoire de la trahison de la gauche depuis 100 ans. Avant lui, le code du travail depuis 1906 et 1910, c’était « adapter les entreprises aux besoins et droits des salariés », la contre-révolution Hollande Valls en 2015 ce fut « adapter les droits des salariés aux besoins des entreprises »

Un décret absolument monstrueux a été pris le 2 février 2015, pour « faciliter » l’embauche des enfants de 14 à 18 ans. La commission générale du Coct 2015 l’avait examiné et dénoncé le fait qu’il s’agissait de faire reculer les protections attachées au travail des enfants.  Le décret supprimait ce qui relève de l’interdiction, de la prévention a priori, et des autorisations préalables avant qu’un enfant puisse travailler. Fini les interdits, les précautions préalables strictes, les visites préventives sous contrôle des enseignants de l’inspection du travail. Le travail en hauteur, échelles escabeaux, marchepieds, devient autorisé « lorsque l’évaluation du risque a établi que ce risque est faible et qu’il s’agit de travaux de courte durée ne présentant pas un caractère répétitif ». Et hop cela devient incontrôlable : la réponse à l’inspecteur du travail trouvant le jeune en hauteur c’est : « il est là sur cette échelle, depuis peu, et pas pour longtemps, et il a été formé au risque » c’est le contraire, en esprit, en pratique, en droit, de toutes les batailles de prévention, d’obligation de résultats, d’interdiction mises en place pendant des décennies.

En 2016, on en est à déjà 509 accidents graves entre 15 et 19 ans, un taux de 10,3 % de fréquence des accidents graves (par 10 millions d’heures) et 26,2 % d’accidents mortels par 1000 millions d’heures travaillées. Uniquement en 2022, pas moins de 74 accidents du travail impliquant des enfants de 14 ans et moins ont été reconnues, une augmentation de 640%  en cinq ans. Si on englobe les jeunes de 15 et 16 ans, on atteint 501 lésions professionnelles en une seule année, en hausse de 80% de 2017 à 2022.

Après Macron Hollande Rebsamen El Khomri Pénicaud, les enfants de 16 ans n’ont pas le droit de vote mais ils ont droit de mourir au boulot à partir de 14 ans

Nous devons être CONTRE le travail des enfants avant 18 ans.

La première conséquence du travail des enfants est de perpétuer le cercle vicieux de la pauvreté et de la non instruction. Un enfant sur quatre dans le monde est d’ailleurs condamné à demeurer toute sa vie un travailleur pauvre et peu qualifié.

Selon le Bureau International du Travail (BIT), 80% des 250 millions d’enfants au travail n’ont ni congé ni temps libre, et jusqu’à 50% connaissent des conditions de travail épouvantable (locaux insalubres, mauvais traitements, demande de rendements excessifs, etc.).

Selon « Basta ! » : en France apprentis, élèves de lycées professionnels, stagiaires c’est un million de jeunes entre 14 et 17 ans, souvent issus de milieux ouvriers, travaillent régulièrement ou ponctuellement. Les lois spéciales qui encadrent leur activité ont été progressivement dégradées. Ce qui pose de sérieuses questions dans les secteurs à risque : construction, chaînes de production industrielle ou exposition aux produits chimiques. L’inspection du travail ou la médecine scolaire n’ont plus les moyens de les suivre correctement alors que les moins de 20 ans subissent trois fois plus d’accidents du travail que leurs aînés. Et que la menace du chômage plane sur les enfants au travail qui osent parler.

Abroger le désastre de Villepin, Rebsamen, Hollande, El Khomri, Pénicaud, Macron.

L’école est et doit rester obligatoire pour toutes et tous au moins jusqu’à 16 ans, le progrès serait qu’on passe à 18 ans.

Qu’on ne nous dise pas qu’il y a des enfants qui n’aiment pas l’école, trop facile, c’est à l’école d’intéresser les jeunes. Il faut faire cesser la sale œuvre des gouvernements Macron qui dégradent les conditions d’enseignement public, poussent à fermer les lycées professionnels et envoient les jeunes se « former » chez les patrons, alléchant hypocritement les élèves avec des aumônes de stages ou d’apprentissage pour les livrer  à l’exploitation et aux accidents tragiques qui en résultent

L’apprentissage est mal payé, mal formé, mal contrôlé, par les patrons qui ont pris la place de l’école, c’est trop dangereux, malléable, sur-exploitable ! Les patrons prétendent ne pas embaucher pas sans cela, ils exigent d’exploiter, débaucher et font courir des risques à des enfants de 14 à 18 ans, il faut leur dire « stop ».

Sur un million d’apprentis en septembre 2023, seulement 280 000 restaient en septembre 2024, deux apprentis sur trois ne finissent jamais leur apprentissage bien qu’il soit versé 6000 euros (5000 actuellement) au patron. Tout alors que le jeune ne touche qu’entre 25 %, 55%, 85 % du smic étalés sur trois ans.

Ce qui n’empêche pas les patrons de préférer prendre des « stagiaires » (estimée à 1 600 000 stagiaires) car ils les paient encore moins (La gratification versée au stagiaire n’est pas soumise à cotisations et contributions sociales lorsque le montant versé au cours d’un mois civil ne dépasse pas 15 % du plafond horaire de la Sécurité sociale × le nombre d’heures de stage effectuées au cours du mois. Soit 4,35 € par heure de stage effectuée en 2025 ! - la loi Chaynesse-Khirouni a dû les limiter à 10 % par entreprise) (ce qu’on devrait faire aussi pour les CDD) et ils préfèrent ne pas les former pour mieux les exploiter.

Tout cela évolue actuellement sans limite. C’est la logique de la soumission au profit maximum, à la finance. Au moins pour les enfants exigeons leur protection immédiate, la sauvegarde de leur vie, interdisons le travail qui tue.

Gérard Filoche le 6 mai 2025

 

Gérard Filoche le 6 mai 2025

 

 

 

 

Alerte Sécu : les Martin attaquent

 

Patrick Martin Président du Medef l’a redéclaré une fois de plus : ils veulent remplacer les cotisations sociales (salaire brut) par de l »impôt

Laurent Saint-Martin (successivement ministre du budget et du commerce) veut que les remboursements Sécu ne soient plus universels mais modulés selon les revenus sociaux. (La Cour des comptes de Pierre Moscovici vient appuyer cette position)

Les deux Martin sont à la fois des répétiteurs et des éclaireurs : ça fait 80 ans que le patronat veut la peau de la Sécurité sociale et dans le programme de quasi tous les partis de droite, il y a toujours la mort programmée des cotisations sociales et du salaire brut, et du budget séparé de la Sécurité sociale de l’État.

Ça existe également dans le programme de Le Pen qui veut supprimer le salaire brut prétendument pour augmenter le salaire net. Les libertariens, trumpistes et autres « miléistes » existants en France exigent la liberté de s’affilier à l’opérateur de santé de leur choix.

Mais dans les rangs de la gauche, il est bon de savoir que ce fut le cas de la direction de la CFDT, qui, parallèlement à la « Refondation sociale » du Medef de 1999, avait, ne l’oublions pas, adopté la proposition de « mettre en concurrence » l’URSAAF.  (Laurence Parisot patronne du Medef se gargarisait à l’époque : « URSAAF ça me fait penser à URSS »).

Ce fut aussi une orientation de la « deuxième gauche » dite parfois « rocardienne » lorsqu’elle inventa la CSG en 1989, elle fut conçue comme un « sas » entre les cotisations et la fiscalisation : à l’époque, il s’agissait de concéder au patronat la « baisse du coût du travail » en déchargeant carrément les entreprises de la prise en charge de la protection sociale bâtie depuis 1945. Ils voulaient passer du système dit « Bismarckien » au système anglo-saxon dit « Beveridge ».

En novembre-décembre 1995, devant la grève généralisée, Alain Juppé recula sur les retraites, mais réussit à annuler les élections aux caisses sociales, à exproprier les syndicats et à en confier la gestion aux technocrates libéraux de Bercy sous couvert de LFSS.

Cela dura deux décennies, CFDT et PS, y compris dans l’esprit de la majorité (seule la revue D&S s’y opposait) de la Gauche socialiste des années 1990 et 2000, puisqu’initialement autour de Rocard, l’équipe mettant en place la CSG comprenait Mélenchon, Hamon, Moscovici, Cambadélis et Valls.

Dans le courant des années 2003-2004 appelé « Nouveau Monde » (Emmanuelli, Mélenchon), Liem Hoang Ngoc défendait officiellement la fiscalisation de la Sécurité sociale, ce qui se retrouvait dans le courant « Un Monde d’Avance » (de Benoit Hamon) puis tardivement jusqu’en 2019 dans « L’avenir en commun » de LFI.

Hollande était évidemment sur cette ligne qui supprima les cotisations sociales pour les allocations familiales.

Et Macron fit campagne publiquement en 2017 pour « la suppression de cotisations sociales ». Olivier Véran en juillet 2017 avait voulu enlever les mots « sécurité sociale » de la constitution française et il y serait parvenu dans la foulée de la victoire de Macron sans notre vigilance. Macron le confirmait encore en direct à la télévision le 16 avril 2018 dans un débat avec Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin. Il n’a pas pu réaliser cette contre-révolution consistant à supprimer les cotisations, mais il a bloqué les salaires nets et bruts, multiplié les exonérations, et les a abaissées de façon à mettre en déficit nos différentes caisses sociales.

Les discours libéraux (dont celui de Bayrou qui veut encore supprimer 40 milliards de dépenses) noient le poisson et mentent tous en assurant sans cesse que « les prélèvements obligatoires » sont trop élevés et que notre protection sociale coûterait donc trop chère : ce matraquage désarme parfois les militants quand ils ne savent pas distinguer les TROIS budgets séparés de la nation. Le discours officiel de la Cour des comptes amalgame les budgets, attribue à la Sécu des déficits et dettes qui ne sont pas les siens.

Mais la vérité est que la part des dépenses publiques se limite à 27% du PIB et non pas à 57%, et qu’elle est comparable à l’Allemagne, l’Italie la Grande-Bretagne. Les cotisations sont pré-affectées, elles sont du salaire et non pas un impôt, elles ne vont pas aux caisses publiques de l’état mais aux caisses de droit privé de la Sécu. Or c’est le budget de l’état qui produit 82 % de la dette du pays, alors que le budget séparé de la protection sociale ne produit que 9 % de cette dette présumée.

Candidat donné en tête de la droite pour 2027 Edouard Philippe affirme qu’élu, il procéderait immédiatement « à une série d’ordonnances […] en matière de justice, en matière d’éducation et en matière de santé, qui sont les trois services publics qui doivent être considérablement et rapidement réformés ». Bayrou inclus, ils ont tous la volonté de continuer à supprimer les cotisations sociales, de mettre en place un budget unique où ils noieraient la part sociale avec les autres dépenses militaires et régaliennes ils privatiseraient encore plus la santé et les retraites par capitalisation.

Il nous faut donc nous opposer avec force et dès maintenant au premier des Martin, celui du Medef :

Nous défendons le droit à une Sécurité sociale à 100% pour la Santé, la Famille, l’Emploi, la Retraite et la Perte d’Autonomie.  La protection sociale vise à protéger les individus des aléas et des évolutions de la vie ainsi que des ruptures avec le marché du travail : maladie, maternité, accidents du travail, invalidité, perte d’autonomie, chômage, retraite, éducation des enfants. La protection sociale doit répondre aux principes de solidarité, de démocratie et d’universalité qui constituent le fondement de la Sécurité sociale. La Sécurité sociale est au cœur de la protection sociale en France. Son rôle doit être renforcé. Unicité : C’est une institution unique qui doit couvrir l’ensemble des risques sociaux, que sont maladie, vieillesse, perte d’emploi, décès, invalidité, accidents du travail… Universalité : La couverture doit être étendue à tous les citoyens. Solidarité : Solidarité intergénérationnelle, solidarité bien-portants / malades ou en perte d’autonomie, financée par les richesses créées par le travail.
Démocratie : La gestion doit être l’œuvre des assurés eux-mêmes, non au PLFSS ! Retour à des élections démocratiques à toutes les caisses sociales, un assuré une voix.

La Sécurité sociale n’a jamais été unique, hélas, puisque l’assurance chômage en a été exclue, ni universelle car elle ne couvrait pas l’ensemble de la population. Elle n’a jamais été non plus, hélas aussi, à proprement parler à 100 % mais l’objectif des fondateurs était bel et bien de l’atteindre grâce au salaire socialisé, clef de voûte du financement de ce système. Les cotisations sociales en étaient le socle.

Le net pour le mois, le brut pour la vie

Nous devons nous réapproprier le sens des mots et parler de salaire socialisé, qui structure notre système de protection sociale : en finir avec les mots de « charges » pour les entreprises et de « prélèvements obligatoires » sur les salaires, alors qu’il s’agit en réalité de cotisations qui viennent alimenter une caisse commune qui permet de verser à chacun l’autre partie de son salaire : le salaire différé et même en temps réel et en direct conformément à l’objectif de « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins afin de ne pas avoir à souffrir les angoisses du lendemain et pour que refleurissent les jours heureux ».

Retour à un « « plan complet de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État, de la naissance à la mort. » (Ambroise Croizat)

Le deuxième Saint-Martin veut rembourser inégalement les soins sous prétexte que « les riches peuvent payer » (alors que dans tous les autres cas ils refusent).

Avant lui, Alain Minc disait hypocritement que « son vieux père » avait vécu jusqu’à 101 ans, pris en charge pour tous ses soins par la sécurité sociale, ce qui ne lui semblait pas juste parce qu’il était riche et qu’il aurait pu payer.

Jean-Pierre Raffarin expliquait que ce n’était pas juste de réparer le bras de quelqu’un qui se l’était cassé au ski de la même façon que quelqu’un qui se l’était cassé à l’usine.

Mais si bien sûr ! Les personnes âgées et dépendantes doivent toutes être prises en charge de la même façon, et ceux qui se sont cassés le bras au ski ou au travail peuvent être dans la même chambre d’hôpital public. Pas de médecin, pas de soins à deux vitesses pour ceux qui peuvent payer et ceux qui ne peuvent pas.

Une seule grande Sécurité sociale :

Les ennemis de la Sécu depuis 80 ans, ont peu à peu fait glisser la prise en charge des soins par la Sécu, sur le compte d’une autre source de financement, les mutuelles devenues « complémentaires ».

L’Assurance maladie obligatoire (la Sécu) et les Assurances maladies complémentaires (Mutuelles, Instituts de prévoyance, Compagnies d’assurance) ont été de facto mis en concurrence sur le marché. Ils nous font payer deux fois les frais de gestion, soit au total plus de 8 milliards pour les Complémentaires qui remboursent 13% des soins et près de 7 milliards pour la Sécu qui en rembourse 80%.

Moins chère, l’Assurance maladie obligatoire est plus égalitaire, remboursant les soins réalisés en fonction des besoins de santé et pas en fonction du niveau du contrat souscrit par l’assuré.

Plus égalitaire, la Sécu réalise une double solidarité entre riches et moins fortunés chacun payant (avec un plafonnement !) en fonction de ses moyens et entre bien-portants et malades sans augmentation du montant de la cotisation chez les personnes âgées.

La fusion des Mutuelles dans l’Assurance maladie obligatoire permettrait de réaliser la Grande Sécu 100% économisant au moins 7 milliards du doublon de frais de gestion inutiles et remboursant intégralement le ticket modérateur, le forfait hospitalier et l’ensemble des actes de prévention, de soins et de soins de support.

Ainsi la Sécu 100% permettrait à la très grande majorité des assurés d’être deux fois gagnant, à la fois en payant moins de cotisation et en étant mieux pris en charge. Ce serait en particulier le cas pour les millions de citoyens trop pauvres pour se payer une complémentaire santé et trop riches pour avoir droit à la complémentaire santé solidaire.

Gérard FILOCHE le 4 mai 2025

 

 

« Bayrou a tuer le conclave »

Nous savions tous que c’était une instance créée de mauvaise foi, Bayrou voulait gagner du temps, c’est sa seule politique, alors quand il a avoué, le 16 mars : « impossible de revenir à 62 ans », il a tué lui-même la diversion qu’il avait mise en place pour « faire passer » son budget. Et comme le RN qui n’a rien à faire, au fond, de nos retraites, gobait ça et ne voulait pas censurer Bayrou dans l’attente du procès des 4 millions d’euros détournés par Le Pen, l’affaire a été soldée.

La CGT-FO puis la CGT ont quitté très vite le fameux « conclave ». Pour la CFDT, Marylise Léon a conclu : « Le Premier ministre a rompu le contrat. Le conclave tel qu’il a démarré ne peut plus continuer. »

 

 

D’où le retour au point de départ, la retraite à 64 ans n’a aucune légitimité, elle n’a été votée nulle part, elle n’a toujours pas de majorité à l’Assemblée nationale, 95% des actifs lui sont opposés, la totalité des syndicats sont opposés. 68 % des Français voteraient contre les 64 ans s’il y avait un referendum.

 

Tout ce temps-là ils ont essayé de diffuser leur piètre propagande : mieux vaut des obus que la Sécu, une économie de guerre ne peut pas d‘accorder avec la remise en cause des 64 ans, de toutes façons il y a trop de déficit et de dettes. Et puis la dette est « pathologique », il faut trouver 40 milliards d’économies en 2026 dont 1/3 sur la protection sociale.

 

C’est pourquoi, pour nous, il est si important de clarifier encore et encore : les retraites ne dépendent pas du budget de l’État, elles ne dépendent pas du budget de guerre.

 

Il y a trois budgets en France

 

La Cour des comptes compte mal.  Express.

 

Elle ne compte pas par budget, elle additionne de façon délibérément brouillonne ce qu’elle appelle « les finances publiques », elle baratine dans le flou sur « les prélèvements obligatoires » et derrière ces expressions vagues, elle additionne des torchons et des serviettes, des choux et des poireaux, elle mélange les impôts qui vont à l’état, et les cotisations salariales qui vont à des organismes privés, les caisses de sécurité sociale.

 

Or le budget de l’État-Macron génère à lui tout seul 82 % de la dette du pays, Macron a tellement baissé les recettes (impôts des riches) et tellement fait de cadeaux au CAC 40 et autres grosses entreprises (40 % du budget) qu’il a produit 1000 milliards de dette supplémentaire depuis qu’il est au pouvoir en 2015. Si on en est à 3300 milliards de dettes, soit 115 % du PIB, ce n’est pas à cause des retraites ni à cause de la Sécu, ni à cause des services publics, c’est à cause des déficits annuels de l’État Macron tous orienté vers la politique dite « de l’offre », c’est à dire au financement des grandes entreprises privées.

 

Les deux autres budgets, celui des collectivités territoriales et celui de la protection sociale, ne génèrent chacun que 9 % du total de la dette du pays.

Or pour comparer, l’État-Macron a un budget de 500 milliards, celui des collectivités territoriales de 280 milliards, celui de la Protection sociale est de 850 milliards.

 

9 % seulement, c’est presque epsilon, 91% de l’endettement du pays ne provient pas des 850 milliards des caisses de la Sécu-Retraites, 9 % proviennent des formes d’endettement sur les 280 milliards des collectivités territoriales. 82 % proviennent du budget de l’État soit environ 2700 milliards sur un budget de 500 milliards, c’est énorme !

 

Voilà ce que la Cour des comptes de Pierre Moscovici ne veut pas révèler et qu’il faut éclairer devant l’opinion publique, aux yeux des 30 millions de salariés de notre pays. Que Macron et Bayrou travaillent à mieux équilibrer, puisqu’ils y tiennent tant, le budget de leur État d’abord, pas touche à nos retraites !

 

Le choix n’est pas entre les obus et la sécu !

 

Le choix est entre les impôts des riches et les obus ! Rejetons puissamment l’escroquerie intellectuelle et financière du Président du Medef qui parle de retraite à 67 à 70 ans, ou du Président de BPI France qui affirme que de 62 à 75 ans, « c’est du loisir, » et que la retraite réelle à partir de 75 ans.

 

L’Union européenne de Mme Von der Leyen a annoncé qu’elle voulait se plier aux exigences de Trump et travailler à ce que les 27 pays européens aient 5 % de leurs budgets consacrés aux armes, aux armées, à la guerre. Pour cela, elle a annoncé que les critères d’endettement de Maastricht seraient annulés. Elle propose de dépenser 850 milliards d’euros pour les armées et armements. Évidemment que tous les rapaces capitalistes se sont rués sur cette bonne idée qui va rapporter des centaines de milliards de surprofits au lobby militaro-industriel.

 

D’ailleurs pourquoi faire sauter les fameux critères de Maastricht pour la guerre et pas pour les besoins sociaux ? Ce n’est pas nous individuellement qui mettons de « l’argent de côté ». Nous n’y arriverions pas. Les plus pauvres, généralement ceux qui, meurent plus tôt, les ouvriers meurent 7 ans plus tôt que les cadres, et les pauvres meurent 13 ans plus tôt que les riches. Si un ouvrier ou un pauvre meure plus tard il ne pourra jamais mettre assez d’argent de côté pour bénéficier d’une retraite décente jusqu’au bout. L’inégalité l’emporte cruellement si la retraite est individualisée, elle est compensée si elle est socialisée.

 

D’où l’absurdité du discours partisan de la capitalisation : « - Débrouillez-vous tout seul, placez de l’argent non pas dans un système public garanti, mais dans des fonds de pension, des banques privées, des actions capitalistes, c’est mieux ». Comment croire à cette façon de jouer au poker ? À l’heure des excentricités financières de Trump ? Avec ses taxes et sa guerre commerciale mondialisée, l’oligarque US régnant à Washington bouleverse les échanges, les fonds de pension et les rend encore plus aléatoires quant à leur rendement.

 

Ce ne sont plus seulement les crises de 1987 ou de 2008 qui percutent le niveau de l’épargne, des placements, des retraites privées, des dizaines de millions d’épargnants sont spoliés depuis des décennies, après que les scandales se succèdent pour les fonds Maxwell ou Murdoch, voilà maintenant Trump qui en rajoute. La capitalisation fait officiellement faillite : personne ne supporte d’être livré à pareils aléas ruineux. (Il y a même des films hollywoodiens comme Équalizer 3 ou le héros Denzel Washington est obligé d’aller traquer la Mafia en Italie pour récupérer la retraite détournée de son voisin, ouvrier du bâtiment). Dans l’affaire Appollonia, « la plus grande escroquerie immobilière et financière que la France ait connue » c’est 1 milliard d’euros détournés à des riches qui croyaient bénéficier d’une excellente retraite par capitalisation grâce à des juteux placements immobiliers.

 

Ce n’est pas vers les taxes, ni les impôts exceptionnels qu’il faut chercher la garantie de nos retraites : la seule chose qui ne soit pas aléatoire et qui crée de la valeur c’est le travail. Le travail est renouvelé sans cesse. C’est fiable, solide. La retraite basée sur le salaire est indéboulonnable : la cotisation ne peut pas être détournée, elle va de celui qui travaille à celui qui ne peut plus travailler, ça ne passe pas par une banque, ça ne passe pas par un fonds de pension, ce n’est même pas « différé » comme on dit parfois, ça se produit en temps réel, en direct.

 

D’où le fait que la retraite par répartition est puissante : elle dépend de la cotisation du salarié. N’allez pas chercher ailleurs, pas besoin, il suffit d’ajuster la cotisation à la prestation voulue. Si on veut 62 ans, on ajuste le taux pour 62 ans (Michaël Zemmour calcule que ça fait 0,15 % de hausse des cotisations). Si on décide 60 ans, on ajuste à un taux légèrement supérieur.  On calcule ce que ça représente pour la société, en espérance de vie en bonne santé, en consommation, en bonheur social.

 

C’est là que la démocratie doit intervenir : car s’il y a une telle vigilance depuis 1993 (première attaque massive de Balladur contre la retraite Mitterrand) face aux attaques répétées des capitalistes contre la retraite à 60 ans, c’est que le salariat considère cette question comme vitale. Les mobilisations ont été immenses et permanentes (2001, 2003, 2010, 20123, 2020, 2023…). Tout cela encourage le sentiment que les partisans patronaux et financiers de la retraite à 70 ans, « par points » ou par capitalisation, perdront.

Oui, un referendum, pour ou contre les 64 ans, nous le gagnerons massivement.

 

Gérard Filoche, le 17 avril 2025

 

tribune dans POLITIS : abroger les 64 ans, hausser les cotisations

La Cour des comptes, 20 février 2025, a démenti la tentative de Bayrou d’accuser nos retraites de produire un déficit de 55 milliards. Elle n’a relevé que 6 milliards de « trou ». Ce qui est peu sur un budget total de 350 milliards. Et Bayrou est mal placé pour donner des leçons de morale, de déficit et de dette au moment même où Ursula von der Leyen – cédant à Trump qui exige 5 % de dépenses de guerre par pays européen – assouplit officiellement les critères budgétaires de Maastricht en UE afin de permettre aux États membres de s’endetter davantage pour l’effort militaire. Ainsi l’argent magique est soudain découvert, déficits et dettes deviennent moins pressants, pas pour le social, pas pour nos retraites, mais pour les industries de guerre.

Notre point de vue est exactement à l’opposé : après une vie de travail difficile et longue, des centaines de milliers d’accidents du travail et de maladies professionnelles, la retraite est un droit fondamental des salariés. Il y a 13 ans d’écart de moyenne d’espérance de vie entre les plus riches et les plus pauvres. Un ouvrier vit 7 ans de moins qu’un cadre. Les femmes sont gravement lésées par le système. Le progrès social, ça consiste à permettre à tous ceux qui ont produit les richesses, de vivre cette retraite en bonne santé dans les meilleures conditions possibles.

Si on gagne plus, si on vit plus longtemps, c’est pour en profiter plus longtemps.

La retraite par répartition n’est ni un impôt ni une épargne, la solidarité intergénérationnelle s’effectue par le biais des cotisations qui sont reversées en direct, en temps réel, sous contrôle public, de ceux qui travaillent encore à ceux qui ne travaillent plus. C’est une caisse séparée de celle de l’état, et elle ne génère que 9% de la « dette » présumée alors que l’état lui-même en génère 82 %.

Ces cotisations sont du solide et de la confiance car elles s’appuient sur le travail de tous les actifs sans cesse renouvelé, elles ne sont pas à la merci des spéculations boursières privées et opaques. Rien de pire que la « capitalisation » : n’y risquez pas un sou, les fonds de pension privés ne sont pas fiables, des millions de salariés anglo-saxons ont tout perdu à ce jeu de poker, dans les bourrasques monétaires à répétition.

En 1982, il a été acquis que le droit à la retraite en France était ouvert à partir de 60 ans pour toutes et tous, et parfois avant, de façon négociée, dans les métiers les plus difficiles. Aujourd’hui la France est quatre à cinq fois plus riche, et selon les exigences d’une juste répartition des richesses produites par les salariés, ceux-ci doivent en bénéficier à tous les niveaux, dont la hausse des salaires et la baisse de la durée du travail. Il est des métiers où, comme dans le bâtiment, la retraite devrait être à 55 ans.

Sans cesse patronat et financiers veulent rogner le coût de notre travail et hausser celui du capital. Ils veulent réduire la part du PIB, 14 % consacrée aux retraites à 11%, alors que la démographie (actuellement 17 millions de retraités) impose de la faire évoluer vers 20 %. D’où une bataille incessante depuis des décennies pour reculer l’âge du droit au départ en retraite et le niveau des pensions. Ils veulent plonger la majorité des retraité(e)s dans la misère. Leur dernière offensive imposant le départ à 64 ans et visant même à baisser les pensions par désindexation sur les prix, a soulevé une opposition sans précédent : 14 manifestations unitaires, des millions de manifestants, 95% de l’opinion des actifs contre, ils n’ont pas pu la faire voter et ont dû user de scandaleux coups de force 49-3 à répétition.

Les derniers soubresauts des gouvernements Macron, Borne, Attal, Barnier, Bayrou visant à empêcher démocratie et vote, ont finalement débouché sur la mise en place d’un « conclave » soumis aux choix trop bien connus du Medef alors qu’un simple vote au Parlement, tout le monde le sait, abrogerait les 64 ans.

Ils inventent de prétendues difficultés de financement alors que chacun sait que ça dépend des salaires nets et bruts. Ajuster les cotisations pour garantir la prestation. Après des décennies de blocage, un rattrapage des salaires nets et bruts, incluant cotisations salariales et patronales est la solution directe, facile, incontournable pour financer la retraite à taux plein à l’âge choisi par la majorité du salariat.

Nous demandons le vote au parlement pour abroger les 64 ans et un financement pérenne basé sur les cotisations salariales et patronales.

Clémentine Autain Alexis Corbiére Gérard Filoche Danielle Simonnet


 

Ajuster les cotisations pour garantir la prestation : 60 ans

On mérite une retraite à 60 ans et même avant…

30 millions de salariés, 90 % des actifs, produisent toutes les richesses de notre pays et n’en reçoivent pas la part qu’ils méritent. Seul le travail crée de la valeur, le capital la pille. C’est donc une question de justice sociale, que les salariés soient assurés à tous les stades de leur vie professionnelle. Ils ne sont pas des « riens » ils sont tout.

Certes, ils n’ont que leur force de travail à vendre. Les patrons achètent cette force de travail et, comme le veut la logique du système capitaliste, cherchent à en tirer un profit maximum. Les patrons revendent les fruits de cette force de travail avec les marges les plus importantes possibles. Contrairement à une idée reçue, ce sont les salariés qui paient ainsi leurs patrons.

En échange de leur subordination, de leur production, ils reçoivent un salaire net et brut. Le salaire net c’est pour vivre au mois le mois. Le salaire brut c’est pour faire face aux besoins de toute la vie. Il a fallu plus d‘un siècle de luttes pour imposer le salaire brut au patronat lequel ne rêve que de le remettre en cause. Il est légitime que ce soient les patrons qui couvrent les conséquences et besoins nés du travail dont ils tirent le plus grand profit.

Le travail tue : la France est cruellement « championne d’Europe » des accidents mortels du travail, 903 morts en 2022, 759 morts en 2024. Il y a plus de 650 000 arrêts du travail par an et la Cour des comptes assure qu’un accident sur deux n’est pas déclaré. Il y a 4500 handicapés du travail par an et des dizaines milliers de maladies professionnelles dont les recensements et l’étude sont réputés insuffisants.

En France, l’essentiel de la protection des travailleurs ne dépend pas de l’État mais du patronat. Ce n’est pas le système fiscalisé anglo-saxon dit Beveridge, mais le système dit Bismarckien basé sur le travail. Cela ne dépend pas de l’impôt, mais des cotisations salariales et patronales. Les patrons doivent payer non seulement le salaire « net » mais le « brut », c’est-à-dire la protection et l’indemnisation contre les accidents du travail, les handicaps dus au travail, les maladies professionnelles, les trajets et transports, le logement, les charges liées aux enfants, la prévention des risques, de la santé, de l’hygiène de la sécurité, de la maladie, des congés payés, du chômage, et aussi la retraite. La retraite c’est quand le travailleur est usé par le travail et l’âge.

La protection après une vie de travail est une question vitale, fondamentale, pour toute la société. Personne ne travaillerait des décennies jusqu’à la mort « métro, boulot, tombeau ». Pas de productivité sans garantie d’une vie décente quand on est trop vieux pour produire. La vie est dure et pénible au travail : 25 % meurent avant 60 ans. À la naissance, les femmes peuvent espérer vivre 65,9 ans sans incapacité et 77,9 ans sans incapacité sévère ; les hommes, 64,4 ans sans incapacité et 73,8 ans sans incapacité sévère : mais les écarts sont considérables selon les métiers. Un ouvrier vit en moyenne 7 ans de moins qu’un cadre. Mais pas tous : par exemple, l’espérance de vie des égoutiers est inférieure de 17 ans à la moyenne générale, ils meurent 7 ans plus tôt qu’un ouvrier. L’écart de vie entre les plus pauvres et les plus riches est estimé à 13 ans.

L’espérance de vie est liée fondamentalement au travail. Ce ne sont plus les coups de grisou qui tuent mais la moitié des AVC et crises cardiaques est liée au travail. Le travail de nuit, nuit : 10 ans de travail de nuit c’est 15 ans de vie dépensée et depuis 1992 que le travail des femmes de nuit a été réautorisé par Martine Aubry, le cancer du sein s’est développé pour cette catégorie de travailleuses. La pénibilité des professions du secteur sanitaire à de lourdes conséquences sur la santé des 80% de femmes qui les assurent : 20% des infirmières et 30% des aides-soignantes arrivent à la retraite avec un taux d’invalidité important. Un malaise mortel au travail sur 5 concernerait à un conducteur de camion, la moitié survenant à moins de 51 ans ; l’espérance de vie d’un chauffeur commercial est 16 ans plus courte que la moyenne. Dans le bâtiment travaux publics, la pénibilité est telle que l’espérance de vie moyenne est de 64 ans, quand ils arrivent à la retraite ils sont « flingués ».

Chez les 10% d’actifs (environ 3,5 millions) « indépendants » non-salariés, la pauvreté est plus étendue (16,6%) que parmi les salariés (5,3%). Mis à part 1,2 million de patrons, commerçants, agriculteurs, et les artisans, environ 2,4 millions d’auto-entrepreneurs sont privés de droits, de cotisations de protection sociale et de retraite : ces derniers devraient être reconnus salariés (selon la directive de l’UE qui attend depuis septembre 2023 d’être transposée) et les lois de sous-traitance revues.

C’est pour cela qu’il n’y a nécessité d’un âge de départ relativement précoce comme 60 ans pour toutes et tous. Et qu’en plus il faut des conventions collectives pour tenir compte des disparités et pénibilités fixant des âges de départ spécifiques adaptés aux métiers et branches les plus frappées par la dureté du travail : 55 ans dans le bâtiment, plus tôt pour les ouvriers en général et particulièrement les égoutiers mais aussi les 154 danseurs du ballet de l’Opéra de Paris qui sont contraints légitimement de partir à 42 ans.

La retraite n’est pas d‘abord une affaire de chiffres et de budget, c’est une affaire de vie et de mort, c’est une question de justice sociale, de droit au partage des richesses. Et si on vit plus longtemps c’est pour en profiter plus longtemps. Le progrès, quand les sociétés s’enrichissent et se développent, c’est d’avoir une retraite plus longue et non pas abrégée, c’est d‘avoir droit à une retraite décente et non pas misérable.

L’idée que les riches, qui vivent le plus longtemps, s’acharnent depuis 4 décennies à reculer l’âge auquel des millions de travailleurs, qui vivent moins longtemps, peuvent partir en retraite, est totalement révoltante.

La retraite par répartition, c’est beau, progressiste, solide

Les libertariens détestent la retraite par répartition, comme ils haïssent la Sécurité Sociale. Ils ne veulent pas de système de solidarité ni de mutualisation.  Ils veulent que tout repose sur l’individu, sur son labeur, sur l’exploitation par l’entreprise, sur l’accumulation capitalistique personnelle. Évidemment cela relève d’une vision grotesque de la préhistoire des sociétés, chacun pour soi. On sait pourtant que les humains préhistoriques s’entraidaient. Les libertariens ne veulent pas d’entraide, c’est à chacun de cotiser pour son propre cancer, pour sa propre maladie, pour sa propre retraite. Trump comme Mileï sont farouchement contre la Sécurité Sociale, c’est la ligne de partage dans le monde entier, entre le salariat et l’actionnariat, entre la gauche d’un côté, et la droite illibérale et l’extrême droite de l’autre. Ils ont tous ce point commun Macron, le Medef et Le Pen de vouloir supprimer les cotisations sociales, le salaire brut. Dans ses tracts et son programme de 2017, « Révolution », Macron prévoyait officiellement de supprimer les cotisations sociales, il l’a expliqué devant Jean-Claude Bourdin et Edwy Plenel dans un grand public télévisé, le 16 avril 2018 : baisser le salaire brut et augmenter le salaire net.

Les libertariens vont jusqu’à accuser les retraites par répartition d’être une « pyramide de Ponzi » expression citée sur France inter par la ministre du travail Astrid Panoyan-Bouvet. Une chaine de Ponzi est un montage financier frauduleux de type cavalerie qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Ils nient ainsi la solidarité intergénérationnelle qui fait que ce sont les salariés qui travaillent chaque mois qui cotisent pour financer en temps réel et direct, la retraite de ceux qui ne peuvent plus travailler. Les régimes redistribuent au cours d’une année, sous forme de pensions versées aux retraités, les cotisations encaissées la même année auprès des actifs. Le régime de retraite de base est obligatoire et concerne l’ensemble des salariés : vos cotisations permettent de financer les pensions de retraite de ceux qui ne sont plus en activité et ouvrent, en parallèle, vos droits pour votre future pension. Élément du salaire, la retraite est aussi un salaire continué.

Non seulement le système n’est pas une « cavalerie » mais il est plus sûr, plus solide que n’importe quel régime basé sur le rendement de l’argent.  Car le travail est sans cesse renouvelé et c’est lui qui crée la valeur.  Le travail est la seule source sûre, plus sûr que l’épargne plus sûr que l’impôt. La chaine entre génération est la plus généreuse, la plus idéale comme courroie de transmission sociale et comme garantie de répartition des richesses à condition qu’elle échappe aux aléas de la spéculation boursière et aux décisions arbitraires des capitalistes qui veulent s’ingérer dans la gestion des caisses de retraite. La gestion doit être publique, avec un système d’élection et de contrôle entre les mains des salariés et retraités eux-mêmes : résister aux mains-mises privées bureaucratiques corrompues, résister aux opérations de la finance, aux fonds de pension, aux assurances qui veulent remplacer peu à peu la cotisation de base et vous vendre des « complémentaires » individuelles et aléatoires.

C’est, avec la Sécurité sociale, une forme de préfiguration du socialisme, c’est la redistribution démocratique de richesses produites par les salariés eux-mêmes, entre salariés, c’est une « économie de solidarité », c’est-à-dire de partage par opposition au capitalisme qui est une économie de « concurrence », de « compétitivité » d’accaparement, c’est-à-dire de guerre.

La guerre contre la répartition ils la mènent depuis des décennies par tous procédés possibles.

Pour le patron de Bpifrance, la dette devrait « financer des canons » plutôt que les « loisirs » des jeunes retraités. Il considère qu’on ne peut avoir à la fois un État-providence généreux et réarmer le pays, estimant qu’il faudrait mettre dans la défense l’argent des retraités les plus jeunes. Il distingue deux périodes, la « vieillesse » et le « moment de loisir » que connaissent selon lui les retraités âgés de « 62 à 75 ans ».   »Le grand loisir de la soi-disant vraie vie après la soi-disant vie difficile du travail ». Ça revient à défendre la retraite à 75 ans : ils osent par tous les moyens !

Surtout par l’allongement de la durée de cotisations pour rendre difficilement accessible le « taux plein » : en 1972, il fallait 30 annuités pour un taux plein, ils sont passés à 37,5 annuités puis à 40 annuités puis à 42, et 43 annuités, ce qui fait en France une des plus importantes durées du travail d’Europe.

Ils refusent d’inclure à équivalent temps plein, les durées de formation, les durées de chômage, les durées au RSA ou au temps partiel, ce qui brise les droits à retraite décente des salariés précaires et notamment des femmes « aux carrières hachées » comme ils disent. Ils mentent en prétendant que les retraités sont plus fortunés que les actifs. Non les retraité.es ne sont pas des riches !

 

Pension droit direct, y compris majoration pour 3 enfants ou plus Pension totale (droit direct, réversion,  et majoration 3 enfants ou +)
Brute Nette Brute Nette
F H Ensemble Ensemble F H Ensemble Ensemble
1268 2050 1626 1512 1539 2077 1786 1662 €

Pension 2022, source DREES.

 

L’index des pensions de droit direct (avant éventuelle réversion) par rapport au revenu des actifs est de 60% (75% hommes, 47% femmes).

Pourtant la Cour des comptes affirme : « le niveau de vie des retraité.es est supérieur aux actifs ». Jean-Claude Chailley, de « Réseau salariat » fait observer que la raison fondamentale c’est que le niveau de vie moyen des actifs est plombé par les millions de chômeurs, précaires, RSA, ubérisés… Ce n’est pas le niveau de vie des retraité.es qui est trop élevé –il ne l’est pas assez – mais le niveau de vie des actifs qui est trop bas !

Ils dramatisent pour faire croire à des déficits gigantesques : Bayrou a osé parler de 55 milliards !

PLFSS 2025 définitif ; branche retraites en  Md €
2023 2024 2025 2026 2027 2028
Recettes 272,5 287,6 296,6 306,3 314,0 321,9
Dépenses 275,1 293,6 304,1 312,0 321,1 330,8
Solde -2,6 -6,0 -7,5 -5,7 -7,1 -8,9

Actuellement les soldes négatifs annoncés sont très modestes : 7 Mds en 2032. En 2045 (mais qu’en sait-on réellement ?) ils parlent d’une trentaine de milliards, soit seulement 1 point de PIB de besoin de financement.

Noter que pour le budget de guerre, Emmanuel Macron se soumettant aux exigences de Trump, parle d’aller jusqu’à 5 points de PIB, 150 milliards par an, soit, par rapport à 2018, 34,4 Mds et 2024 47,2 Mds :  en 2025 50,5 Mds ; en 2026 53,7 Mds ; en 2027 56,9 Mds ; en 2028 60,4 Mds ; en 2029 63,9 Mds ; en 2030 67,4 Mds. A 4% c’est 120 milliards par an soit doublement de la Loi de Programmation Militaire. Mais « en même temps », ils trouvent que 7 mds de « trou » dans les retraites c’est insupportable ? Plonger les retraités dans la misère, ce n’est pas une obligation économique, c’est bel et bien un choix politique.

Alors même qu’ils font quotidiennement un chantage au recul à 65 ans, 67 ans (voire à 70 ans) de l’âge du droit à départ, ils imposent de continuer à travailler au maximum pour obtenir « les trimestres » nécessaires. De ce fait, le nombre de salariés du privé qui partent avec des pénalités sur leur pension a presque doublé et les départs anticipés pour invalidité augmentent dans le public. Même quand le « taux plein » est atteint, ils font reculer le niveau des retraites, en le désindexant des salaires et des prix, ou en défalquant la CSG (Macron 2018). Si bien que sur 15,4 millions de retraités à ce jour, on l’a vu dans le tableau ci-dessus, 50% ont une pension autour de 1000 euros, et la pension moyenne est estimée à 1600 euros, une misère. Ils ont l’intention proclamée, dans leur « planification » capitaliste, d’abaisser les 14% du PIB consacrés aux retraités, vers 11%, alors que nous allons vers 17 millions de retraités et qu’il faudrait marcher vers 20 % du PIB.

On comprend l’attachement des 30 millions de salariés, jeunes, adultes, seniors, à leur retraite par répartition à condition qu’elle soit décente D’où la mobilisation unitaire, intersyndicale extraordinaire qu’il y a eu au premier trimestre 2023 quand Macron et Borne ont voulu passer sans vote, par coup de force 49-3 aux « 64 ans » : il y a eu 14 manifestations en 6 mois, soit un total de 34 millions de manifestants, sans doute autour de 6 à 7 millions différents et 95 % de l’opinion des actifs était contre. Le sursaut électoral plaçant la gauche en tête le 7 juillet 2024 s’explique ainsi.

Non au poker de la capitalisation !

Les capitalistes et la finance, les assurances privées veulent s’emparer obstinément de ce marché juteux de 350 milliards. En entretenant le doute sur la retraite par répartition, en pronostiquant à la cantonade qu’elle fera faillite, ils disent « prenez des complémentaires », ils essaient ainsi de « cuire le retraité à petits feux sans qu’il s’en aperçoive ».  Rognant la retraite de base, la menaçant en permanence de faillite selon des calculs apocalyptiques, ils poussent les salariés à « épargner » par avance, ce qui revient à placer les sous dans les banques au lieu de les donner aux caisses de retraités.

Ce détournement est un hold-up : pendant que vous êtes actif, vous épargnez en vue de votre propre retraite et non pas pour payer la pension des retraités. La promesse à ne pas croire, c’est que les sommes accumulées vous seront théoriquement reversées, au dénouement du contrat, sous forme de capital ou de rente viagère. Ils allègent la « participation » l’«intéressement », l’« épargne salariale », les « primes » de cotisations pour pousser les salariés, à abandonner le système collectif public et protecteur pour le système individuel privé aléatoire.

Ils jurent que ces « placements financiers » vous rapporteront plus gros : mais là est l’escroquerie, la vraie chaine de Ponzi, les spéculateurs flambent votre argent, les bourrasques financières à répétition l’emportent, des dizaines de millions de salariés anglo-saxons ont tout perdu ainsi à ce jeu de poker. Ils inventent des systèmes abracadabrantesques comme la loi Pacte (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises), le « Plan d’épargne Retraite Individuel » qui succède aux contrats « PERP » et « Madelin » et même un « Plan d’épargne Retraite Collectif facultatif » qui succède au « Perco » ou un « Plan d’épargne Retraite obligatoire ».Tous ces montages financiers sont coûteux et incertains même si, côté fiscalité, les versements volontaires sur ces « nouveaux produits » (sic) sont déductibles de l’impôt sur le revenu (dans la limite de 32 419 € !). Tout ça ne concerne que des riches qui peuvent « économiser » : à l’image du fameux système « Préfon », censé être une complémentaire avantageuse pour fonction publique, qui n’attire que 200 000 fonctionnaires (surtout de catégorie A) sur 5,5 millions et qui a été plusieurs fois été au bord de la faillite.

Ne mettez pas un sou dans la capitalisation, ils vous prendront tout, vous perdrez tout. Résistez à leur offensive pour imposer « un étage » (sic) de capitalisation. Une « dose » de capitalisation pour une « dose » de pension de retraite n’a aucun sens : qui peut croire que les partis de droite et d’extrême droite veulent « sauver notre modèle social » par un étage de capitalisation obligatoire ? Le MEDEF est plus direct, pour lui notre modèle social est « à bout de souffle » : la baisse programmée des pensions pour les décennies à venir vise à opérer une substitution, préparant de nouvelles exonérations de cotisations sociales « patronales ».

Non aux fourberies de la retraite par points :

Edouard Philippe alors premier ministre, avait voulu mettre en place un « système de retraite par point » tout à fait différent de celui existant en France depuis 1945. Candidat à l’élection présidentielle de 2027, il annonce vouloir y revenir. Réforme incertaine au très long cours puisqu’il était annoncé, avant qu’elle ne soit retirée en hiver 2020, que rien ne changerait avant 2037 et que le système en vigueur continuerait à verser des pensions jusqu’en 2065.

Vanté comme un souci de « clarification » des règles, le système à points était particulièrement opaque : tout au long de votre carrière, les cotisations que vous devaient être converties en points. Quand vous arrivez à la retraite, l’ensemble de vos points est converti en pension de retraite. Plus vous avez de points, et plus votre pension est élevée. Sachant que le nombre de points a atteindre n’est jamais précisé.

Toute la manipulation commençait au niveau de la valeur d’achat du point. Comment était fixé le « prix d’achat », la « valeur d’acquisition », le « salaire de référence » ou « revenu de référence », le montant de cotisation nécessaire pour acquérir 1 point de retraite ? Les périodes non cotisées, les périodes « validées » ou « assimilées » de notre système actuel de retraite disparaîtront puisqu’elles n’auront pas été cotisées. « Il n’y aura pas de points gratuits » affirmait le haut-commissaire à la réforme des retraites en juillet 2018.

La manip’ se poursuivait au niveau du « service du point » souvent appelé simplement « valeur du point ». Qui détermine la « valeur » du point sachant que lorsque vous partez à la retraite, l’ensemble des points accumulés tout au long de votre carrière sont « convertis » en

Chaque année, la revalorisation du point (ou sa dévalorisation !) entraîne mécaniquement celle de votre pension de retraite. Qui décide de ça ? Bercy ? La majorité politique du moment ? Qui module les critères ? N’importe quel libéral zélé dira que « les retraités sont trop riches » : Édouard Philippe, dans son discours du 11 décembre 2019 déclarait alors que la valeur de service du point serait garantie et progressivement indexée sur l’évolution des salaires.  Mais son projet de loi rendait totalement inconsistante cette garantie et cette évolution en permettant au gouvernement du moment, d’agir comme il l’entendait pour faire respecter la seule « règle d’or » proclamée du système de retraite à points : l’équilibre financier du système. L’article 1 (ce n’est pas un hasard) de la loi organique en 2020 imposait que le système de retraite soit en permanence équilibré (ou en excédent), non seulement pour l’année en cours mais pour les cinq années suivantes. Toute crise se traduirait donc mécaniquement par une diminution de l’activité, de la masse salariale et donc des ressources du système de retraite. Mais alors que durant la crise de 2009-2013 il avait été possible de tolérer un déficit de nos régimes de retraites, avec le système de retraite universel cela sera impossible : il faudra immédiatement combler le déficit et donc diminuer le montant des retraites, soit en reculant l’âge d’équilibre, soit en diminuant la valeur de service du point. Cela conduira inévitablement, comme le soulignait Romaric Godin, à « des mécanismes de protection par une augmentation du taux d’épargne au détriment de la consommation. Or, c’est exactement ce qu’il faut éviter en cas de crise ».

Il suffit d’examiner les retraites complémentaires des salariés du secteur privé (l’ARRCO et l’AGIRC) qui sont déjà des retraites à points.  Elles ont subi un recul de 30 % de leur taux de remplacement en 19 ans, sans susciter la moindre mobilisation. Il aura suffi pour y parvenir d’augmenter discrètement le prix d’achat du point ou le taux d’appel et de diminuer la valeur du point de service pour faire baisser, sans coup férir, le taux de remplacement de ces retraites.  La seule mobilisation suscitée par la baisse du montant des retraites dans l’AGIRC et l’ARRCO fut la mobilisation de plusieurs centaines de milliers de salariés fin 2000 et début 2001. Le Medef qui gérait de façon paritaire ces régimes avec les organisations syndicales des salariés avait alors menacé d’interrompre le paiement des retraites complémentaires de janvier à mars 2001 si l’âge de départ en retraite à 60 ans n’était pas remis en cause dans les régimes complémentaires. C’est bien parce que le Medef s’était attaqué à un point de repère collectif (l’âge de départ en retraite) que la mobilisation salariale avait pu avoir lieu et que l’organisation patronale a finalement été contrainte de retirer son projet.

Mais la mise en place généralisée de la retraite à points ferait disparaître tous repères collectifs : non seulement ce système est conçu pour qu’aucune « règle d’or » autre que financière ne puisse garantir le niveau des retraites mais il est aussi conçu pour effacer les points de repères symboliques (âge, annuités, taux, accords collectifs…) qui ont permis de défendre pied à pied nos retraites et les remplacer par des paramètres illisibles, modifiables progressivement par simples décrets pour diminuer le montant de nos retraites. La solidarité sera prise en charge par un « Fonds de solidarité vieillesse universel » exclusivement financé par l’impôt. Les impôts ne pouvant pas être affectés à une dépense précise, à la différence des cotisations sociales, le montant de ce Fonds de solidarité pourrait donc diminuer tous les ans.

Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, déclarait le 5 décembre 2019 dans l’Humanité, à propos du système de retraites à points : « C’est un système qui nie tout débat politique. Plus question de réfléchir aux choix de société que sont l’âge de départ à la retraite, le niveau de richesses que l’on attribue au droit à la retraite. On se réfère à un algorithme qui va décider de tout pour tout le monde, à travers le seul prisme des économies à réaliser sur les pensions ».

Ils veulent morceler le salariat, nous voulons l’unifier : « un seul salariat ! De l’ingénieur au balayeur, de la caissière à l’infirmière, du métallo au cheminot, de l’informaticien au mécanicien de l’immigré au français de la secrétaire au manutentionnaire. »

Ils mentent : il n’y a pas de véritable problème de financement ni pour 62 ans ni pour 60 ans

Le système actuel, s’il est bien meilleur que le système à points n’est pas pour autant satisfaisant. Il est donc nécessaire de préciser les améliorations qui devraient y être apportées et comment les financer.

L’avenir proche et lointain ne peut être la régression sociale, les « sacrifices », à perpétuité. L’âge de départ comme le niveau de remplacement des pensions doivent être garantis. Les ressources doivent s’y adapter au lieu d’être des variables d’ajustement budgétaires.

Comment les financer dans les années et décennies à venir ? Les objectifs que devrait se fixer un système plus juste

Le 1er serait de permettre au retraité ou à la retraitée de profiter de sa retraite en étant le plus longtemps possible en bonne santé. Par une politique globale qui favorise le bon emploi (partage du temps de travail, 32h), l’industrie, les services publics, le droit du travail (CHSCT, hygiène santé sécurité) renforcé dans le cadre d’une transition écologique.

Le 2ème objectif serait de permettre à la population retraitée de mener une vie décente.  La retraite est avant tout le prolongement du salaire et le niveau de rémunération auquel un salarié est parvenu doit être préservé durant sa retraite. Il ne s’agit pas nécessairement, de maintenir l’intégralité de la rémunération d’un salarié actif. Arrivé à l’âge de la retraite, les dépenses ne sont plus forcément les mêmes. Il faut garantir un taux de remplacement minimum du salaire par la retraite de l’ordre de 75 % pour une carrière complète moyenne en dessous du plafond de la Sécurité sociale (3428 € bruts par mois en 2020), en se rapprochant progressivement de 100% pour les salaires les plus bas, sans que jamais le montant de la retraite puisse être inférieur au SMIC. Le nombre d’annuités à cotiser pour cela devrait être fixé selon la moyenne des annuités réellement cotisés par le salariat (sans doute entre 37,5 et 40 annuités).

Le 3ème objectif serait de maintenir la valeur des retraites liquidées. Deux moyens : 1°) l’indexation, tout d’abord, du montant des retraites sur les salaires et non plus sur les prix. Atteindre cet objectif est nécessaire au maintien de la parité de niveau de vie entre les salariés et les retraités : il y a en moyenne une différence de 0,6% par an entre l’évolution des prix et celle, plus rapide, des salaires. 2°) l’interdiction, ensuite, de ponctionner le montant des retraites par le gel des pensions ou l’augmentation de la CSG.

Le 4ème objectif serait de rétablir la démocratie sociale. Nos régimes de retraite et, plus globalement, la Sécurité sociale, n’auront la garantie de remplir leurs fonctions de protection de la population contre les risques liés à la vieillesse, la maladie, les accidents du travail, les charges familiales, la dépendance, que si les cotisations sociales sont gérées démocratiquement. C’est pourquoi il faut revenir à l’élection démocratique des dirigeants des Caisses de Sécurité sociale et parmi elles, d’une caisse de retraite unifiant vers le haut tous les régimes existants. Ces élections devront se faire selon le principe « un ayant droit, une voix » et assurer une représentation proportionnelle de tous les assurés. Le patronat ne sera pas écarté de la gestion de la Sécurité sociale, mais les chefs d’entreprise ne participeront à ces élections qu’en tant qu’assurés sociaux et n’auront que les droits correspondant à leur représentativité.

Le 5° objectif commande tous les autres : augmenter les salaires nets et bruts est la première nécessité. Un rattrapage immense est nécessaire après ces décennies ou les profite ont pris plus de 10 points aux salaires. Jamais la France n’a été aussi riche et jamais les richesses aussi mal distribuées. Pour que la retraite soit la continuité du salaire il sera, en effet, nécessaire d’augmenter chaque retraite et de corriger les inégalités créées.

Ajuster les cotisations aux exigences de la prestation : quantité de calculs ont été faits, mais parmi les plus évidents et réalistes, ceux de l’économiste Michael Zemmour, indiquent qu’il faudrait hausser le taux de cotisations retraites salariales et patronales de 0,15% par an.  « En termes de faisabilité, revenir en arrière à 62 ans est tout à fait possible d’autant que la réforme a à peine commencé à s’appliquer. Pour cela, il suffit de trouver des ressources, et pas dans des proportions démesurées. » « Le levier traditionnel de financement, c’est la hausse des cotisations sociales. L’abrogation de la réforme coûterait 0,6 point de PIB à l’horizon 2032, ce qui pourrait être financé par une hausse de cotisations de l’ordre de 0,15 point par an, à partager entre employeurs et salariés, pendant six ans. » « Les organisations syndicales et les partis politiques pourraient aussi discuter des modalités de cette augmentation : est-ce que les cotisations sociales seraient plus importantes pour les employeurs ? Pour les salariés ? Pour les hauts salaires ?  Même si les salariés payaient l’intégralité de ces hausses de cotisations, au bout de six ans, cela représenterait quelques euros supplémentaires par mois (de l’ordre de 15 euros au Smic par exemple, mais ça pourrait être moins si d’autres payent plus). »

 

Corriger les inégalités des carrières professionnelles

Ayant garanti la retraite à 62 ans, il est possible de revenir dans le temps à 60 ans. Cela exige une évaluation de la hausse de la hausse de cotisations que cela représente mais en mobilisant toute une série d’éléments de salaire et d’aménagements du mode de calcul des pensions.

En premier l’égalité salariale femmes hommes : 6 milliards

Par le rattrapage de la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée, dont l’égalité femmes – hommes. Le salaire moyen des femmes en France était 22,2 % inférieur à celui des hommes en 2023 (21 340 euros nets par an contre 27 430 euros) (selon l’Insee, le 4 mars 2025). Selon Myriam Lebkiri, secrétaire confédérale CGT en charge de l’égalité professionnelle et de la retraite : « L’égalité salariale concerne tout le monde et ce combat ne doit pas être que celui des femmes. La CGT ne peut pas promouvoir un syndicalisme qui combat tous les rapports de domination en laissant le petit patriarcat en forme ». L’égalité professionnelle (à poste égal, salaire égal), rapporterait a minima 6 milliards d’euros par an en termes de cotisations sociales chaque année plaide la CGT. Selon l’ONG Oxfam. « Une somme permettant, à elle seule, de combler le déficit des retraites annoncé par la Cour des comptes ».

En second les pénibilités : une prise en charge collective pas individuelle

La formule de Macron « pour un euro cotisé, les mêmes droits à la retraite » a-t-elle quelque chose à voir avec la justice sociale ? Non, c’est un nivellement (par le bas) alors qu’au sein du salariat, il n’existe pas le même travail ni le même euro (ni le même salaire, ni d’ailleurs le même « temps ») selon qu’on est éboueur ou ingénieur. Il faut donc corriger autant que faire se peut les inégalités du travail.

À Rodez, le 3 octobre 2019, Emmanuel Macron précisait « ne pas adorer le mot de pénibilité parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible ».  Reprise ce qu’il avait déclaré en mars 2017 :  « Le mot pénibilité ne correspond pas à ce dont nous avons besoin parce que le travail c’est l’émancipation, c’est ce qui vous donne une place. ». Il ignorait le travail posté, le travail du week-end, le travail de nuit, le travail à la chaîne, le travail dans des conditions physiques difficiles, dangereuses, le « juste-à-temps », le « zéro-stock ». Le travail s’intensifie, les pauses, les temps morts sont traqués. La flexibilisation du temps de travail, l’allongement de l’amplitude journalière, le raccourcissement des délais, l’augmentation de la pression hiérarchique génèrent un stress devenu une méthode courante de management. Le procès des anciens dirigeants de France Télécom a mis en évidence ce « management par le stress » et ses terribles conséquences pour la santé et la vie de ceux qui le subissent.

Le compte pénibilité (C3P) avait été instauré par la loi Touraine du 20 janvier 2014. Son nom exact était « compte personnel de prévention de la pénibilité » : 3 « P » : personnel, prévention et pénibilité. C’était déjà une appellation inappropriée car loin d’une quelconque prévention, les points acquis au titre de ce compte ne l’étaient que lorsque la pénibilité avait été constatée et le dommage sur la santé des salariés déjà occasionné.

Le C3P n’avait été mis en place qu’en 2016, avec une année de retard sur ce que la loi prévoyait, car le patronat ne voulait pas en entendre parler.

Il permettait à un salarié du secteur privé de cumuler des « points » Ces points permettaient d’acquérir des droits permettant, notamment, un départ à la retraite anticipée (deux ans au maximum). Un salarié exposé à l’un des facteurs de risques pouvait acquérir 4 points par an et 8 points s’il était exposé à plusieurs facteurs de risque. Il pouvait accumuler jusqu’à 100 points pour partir en retraite plus tôt ou bénéficier de temps de formation. Dix points donnaient droit à un trimestre de majoration de durée d’assurance avec un maximum de 8 trimestres. Il était donc possible, pour un salarié ayant cumulé ces points, de partir en retraite anticipée deux ans avant l’âge légal.

Les 10 critères de pénibilité retenus par le « C3P » ne tenaient aucun compte du stress qui joue pourtant un rôle déterminant dans l’étiologie de bien des maladies cardio-vasculaires et dans les suicides de salariés : ceux de France-Télécom, celui de Christine Redon directrice d’école à Pantin, ceux de Conti dans l’Oise ou de Goodyear dans la Somme…

Emmanuel Macron n’aimant pas le terme « pénibilité », l’une des ordonnances aggravant la réforme du code du travail de Myriam El Khomri, signée le 22 septembre 2017, l’a remplacé par le « C2P » ou « compte personnel de prévention ». La pénibilité a donc disparu. Emmanuel Macron estimait sans doute qu’en faisant disparaître le mot, il faisait du même coup disparaître la pénibilité. Il est vrai que le banquier d’affaires bien né ne doit pas connaître grand-chose du travail d’un égoutier, d’un agriculteur, d’une femme de chambre, d’une professeure des écoles, d’un poseur de pavé, d’un ouvrier du bâtiment ou de la sidérurgie, d’une factrice, d’un jardinier…

L’ordonnance Macron a diminué le nombre de critères permettant d’obtenir des points de pénibilité. Le « C3P » comportait 10 critères. Le « C2P » n’en comporte plus que six.

« C3P » et « C2P »

Le « C3P » prenait en compte 10 critères : l’exposition aux postures pénibles, l’exposition aux vibrations mécaniques, l’exposition aux risques chimiques, le port de charges lourdes, le travail de nuit, le travail répétitif, le travail en horaire alternant (3 X 8…), le travail en milieu hyperbare (sous la mer), le travail en température extrême, le travail en milieu brûlant.

Le « C2P » ne prend plus en compte que 6 critères. L’exposition aux postures pénibles, l’exposition aux vibrations mécaniques, l’exposition aux risques chimiques, le port de charges lourdes ont été rayés de la carte. Ces 6 critères constituent, pourtant, le socle de la pénibilité du travail.

Arriver à faire comptabiliser et inscrire sur son compte pénibilité le temps passé lors de l’exposition à ces facteurs de risque est un véritable parcours du combattant pour un salarié. Il se heurte, bien souvent, le Medef étant opposé, à la mauvaise volonté de son employeur qui considère que « c’est une usine à gaz », au nombre d’heures minimum d’exposition pour valider un trimestre, à la précision des critères (température, seuil du milieu hyperbare…) et à la difficulté de les mesurer et d’en apporter la preuve.

Les seuils pour obtenir des points sont élevés : « une heure de travail de nuit entre minuit et cinq heures du matin (…) au moins 120 nuits par an » pour le travail de nuit. Pour se voir créditer de points au titre du travail répétitif, il faut « réaliser des tâches impliquant l’exécution de mouvements répétés, sollicitant tout ou partie du membre supérieur, à une fréquence élevée sous une cadence contrainte ». Les caissières des hyper-marchés ne sont pourtant pas concernées…

La solution la plus équitable est évidente : il faut que des droits collectifs (et non individuels) soient accordés à tous les salariés qui exercent des métiers pénibles et dangereux. Il faut, non pas supprimer les régimes spéciaux mais les sauvegarder pour les salariés concernés de la SNCF, de la RATP, des industries électriques et gazières. Il est nécessaire, également, de conserver les catégories actives de la Fonction publique. Il faut étendre ces régimes dits « spéciaux » et ces catégories actives, sous forme de conventions collectives négociées, à tous les métiers pénibles et dangereux dans le secteur privé.

Des conventions collectives de branches et de métiers :

Les 42 régimes dits « spéciaux » sont des conventions collectives qui ont été bâties historiquement, négociées pour corriger certaines inégalités ou spécificités du travail : ils concernent autour de 1 à 3 % des retraités, ne constituent pas une source de gros déficits, ont été bâtis historiquement. Ce sont  notamment : la Caisse de retraite du personnel navigant professionnel de l’aéronautique civile, la Caisse autonome nationale de sécurité sociale des mines, la Caisse de retraite des salariés de la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse de retraite et de prévoyance des clercs et employés de notaire, l’Établissement national des invalides de la marine, l’Établissement de retraite additionnelle de la Fonction publique (RAFP), la Caisse de réserve des employés de la Banque de France, la Caisse de retraite du personnel de la Comédie Française, la Caisse de retraite des personnels de l’Opéra national de Paris, la Caisse de retraite et de prévoyance des vétérinaires, la Caisse d’allocation vieillesse des agents généraux et des mandataires non-salariés de l’assurance et de la capitalisation, la Caisse d’allocation vieillesse des experts comptables et des commissaires aux comptes, la Caisse nationale des barreaux français, l’Institution de retraite complémentaire de l’enseignement et de la création, la Caisse de retraite des salariés du port autonome de Strasbourg, la Caisse d’assurance vieillesse invalidité et maladie des cultes, la Caisse de prévoyance et de retraite des notaires, la Caisse d’assurance vieillesse des officiers ministériels, officiers publics et des compagnies judiciaires ?

« Tout le foin » qui a été fait autour de ces régimes dits « spéciaux »  n’a pas lieu d’être. Cela représente peu et n’est pas un problème : comptabiliser au même titre que les millions de retraités de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), que les millions de retraités des régimes complémentaires des salariés du secteur privé ou que les millions de retraités de la Fonction publique, les 203 retraités de la Caisse de retraite des salariés du port autonome de Strasbourg, les 7 676 retraités de la Caisse de prévoyance et de retraite des notaires ou, même, les 70 000 retraités de la Caisse de retraites des clercs de notaire, n’a strictement aucun sens.

Les retraités de la RATP sont 41 000, ceux de la SNCF 260 000 alors que le régime général des salariés du secteur privé (la CNAV) regroupe 12,365 millions de retraités et que le nombre des retraités de la Fonction publique s’élève à 3,295 millions !

Quand les différents régimes de retraite permettaient à tous (avant les réformes de 1993 à 2014) de bénéficier d’une retraite représentant 75 % de leur salaire, personne ne se souciait de savoir comment chaque régime de retraite y parvenait. L’équité était réalisée et les moyens pour y parvenir n’intéressaient personne. Ce sont les « réformes » imposées depuis 1993 qui ont remis en question l’équité de nos régimes de retraite.

Compenser les précarités et carrières hachées

Tout le monde n’a pas la possibilité de faire une « belle carrière » : l’accès aux diplômes est inégal (il suffit de constater la faible proportion d’enfants d’ouvriers ou d’employés dans les grandes écoles), les normes sociales en vigueur aujourd’hui attribuent encore le plus souvent aux femmes l’éducation des enfants. L’équité devrait contribuer, au contraire, à permettre à celles et ceux qui n’ont pas pu effectuer une « belle carrière » de bénéficier d’une retraite convenable.

Les étudiants en formation longue (plus de 2,9 millions d’étudiants du supérieur inscrits en 2023-24) reçoivent parfois une « Bourse » mais rarement, hélas, un présalaire : ils ne cotisent pas, donc ces années-là ne comptent pas, les voilà pour atteindre une retraite à taux plein repoussés au-delà de 65 ans. De 15 à 18 % des salariés sont des précaires, CDD, intérim, saisonniers avec, comme on dit, des « carrières hachées » : autant de brèches dans la somme des annuités exigées pour la retraite. Sans omettre les 2,4 millions de pseudos auto-entrepreneurs qui relèvent des loueurs de bras du XIX° siècle et non pas du salariat. 85% des temps partiels sont des femmes, ils sont donc fléchés, contraints, subis : toutes les périodes ne sont pas assimilées pour le calcul de la retraite, un trimestre est validé dès lors que vous avez travaillé 150 heures et s’il a été pris en compte par votre caisse de retraite. Au RSA il existe 4,09 millions de personnes fin 2020, soit 6,0% de la population : le RSA devrait inclure des cotisations retraites. Environ 930 000 personnes en recherche d’emploi bénéficient du statut de stagiaire de la formation professionnelle : tous les stages, à tort, ne sont pas automatiquement ni pleinement pris en compte. Il y a un taux de chômage de 11,4% soit 6,1 millions de chômeurs : un chômeur seulement sur deux est indemnisé : un trimestre est validé tous les 50 jours de chômage, dans la limite de 4 trimestres par année civile. Les trimestres validés dans ce cadre peuvent être pris en compte pour le droit à la retraite anticipée pour carrière longue mais dans la limite de 4 trimestres.  Etc.

L’objectif devrait être que les années de formation, de RSA, de chômage, donnent droit à des annuités retraites pleines et entières. Cela compenserait la situation de misère dans laquelle  les retraités du bas du salariat et hors salariés sont plongés.

Conclusion

L’ensemble des rémunérations 2023 était proche de 1500 milliards. Une augmentation de salaire de 2%, dont une partie peut être sous forme d’augmentation de cotisations sociales, ce serait 30 milliards.

Un ajustement lié de cotisations, permettait de revenir aux 62 ans puis aux 60 ans. C’est un simple rattrapage, très partiel, de la baisse des salaires passés. Certes ça diminuera dans le court terme les profits et dividendes, très excessifs. Mais il y aura solution de tous nos problèmes de protection sociale, santé et retraites et un effet relance de l’économie bien nécessaire.

Le rapport de la Cour des comptes du 20 février 2025 part encore du principe que quels que soient les votes dans les 30 prochaines années, la politique restera inchangée, comme Margaret Thatcher elle proclame « TINA », « There is no alternative » « à la politique de l’offre ». Précisément le programme du Nouveau Front Populaire se propose de rompre avec la politique dite « de l’offre ».

GF

 

 

 

 

Un seul salariat, une seule gauche

 

Bayrou au trou

Fallait-il quand on est opposant de gauche, laisser voter un budget de droite sous prétexte que le pays ne peut pas rester sans budget ? Poser la question c’est y répondre. « Socialement c’est un budget injuste et qui n’a aucune ambition écologique…  mais il est urgent de le mettre en place, c’est un mal nécessaire… Il y a des mesures dures, comme la baisse de l’indemnisation des arrêts maladies, qui vont peser sur le monde du travail » dit Marilyse Léon au nom de la CFDT, ce qui est un curieux langage pour une dirigeante syndicale.

La gauche n’est pas garante de l’ordre capitaliste déstabilisé par Macron. Le salariat souffre chaque jour cruellement de cette politique : c’est la faute à Macron, à sa dissolution brutale du 9 juin 2024, à son refus de tenir compte du résultat des urnes, à ses manœuvres pour ne rien changer à sa politique pro-business.

Il y a forcément des élections en vue, même si la date est incertaine et nous devons démontrer aux électeurs qui n’ont pas voté pour le NFP les 30 juin et 7 juillet dernier, que c’est pour nous qu’il faudra voter la prochaine fois. Cinq des principaux partis du NFP représentés à l’Assemblée Nationale sur six étaient favorables à « négocier » le moins pire budget possible : EELV, PCF, PCF, Génération’s, LAPRES. Seule LFI a refusé, alors qu’elle aurait dû, par souci d’unité y participer, elle aurait ainsi, en présentant un front uni, aidé le NFP.

« Négocier » n’est jamais un mal en soi, quand on ne peut pas faire autrement et qu’on veut montrer sa bonne volonté en braquant les phares sur le refus de ceux d’en face. Tous les salariés grévistes et syndiqués savent qu’il faut négocier avec le patron même si on a une seule envie, c’est de le virer. Pareil en politique, quand il y a blocage institutionnel, faire du judo pour faire chuter l’ennemi fait partie de la lutte de classes.

C’est ainsi que la phase même chaotique de négociation a démontré à ceux qui en doutaient que Macron et Bayrou ne voulaient rien céder sur le fond. Le budget est reparti de celui de Michel Barnier, il n’a concédé que quelques rares éléments (les 4000 professeurs non supprimés) pour mieux faire passer d’autres nombreux lourds reculs (indemnité journalière en cas de maladie réduite à 90 %) selon la technique dite « du rabot », il a été rogné sur tous les services publics et refusé de faire payer les riches (à part une maigre et éphémère taxe laquelle a d’ailleurs fait aussitôt hurler les patrons plus que raison). La CGT souligne « qu’en tout environ 12,34 milliards d’euros ont été rabotés » : « le monde du travail et de l’emploi perd 1,85 milliard, tandis que l’Éducation nationale perd 1,19 milliard. La Recherche perd 630 millions, l’Aide au développement perd 781 millions ». Solidaires dénonce « le budget libéral du gouvernement qui aura des conséquences désastreuses pour la vie des plus précaires. Il affaiblira les mécanismes de solidarité que sont les prestations sociales et les services publics qui permettent de réduire ou compenser les inégalités sociales ».

Bilan du budget, comme l’a dit toute la gauche : « Pire que Barnier ».

Bayrou a procédé comme un maquignon, tiré dans un sens, tiré dans un autre, allumé des faux signaux, masqué ses mauvais coups. Toute sa vie politique est construite sur le mensonge et la manœuvre. Il fait des allusions, prend un ton patenôtre pour asséner des aphorismes creux et mène obstinément une politique de droite tout en la baptisant du « centre ». Il prouve de ce fait, dans la foulée de Macron, qu’il n’y a jamais de « centre », il rogne toujours sur les droits sociaux, l’école publique, la santé publique, les services publics et promeut l’austérité et le chantage à la dette. Depuis 2017 il était pour Macron, il a prouvé qu’il le soutenait politiquement totalement, jusque dans ses coups de force, même quand les urnes, le 7 juillet, ont placé le NFP en tête à l’Assemblée nationale.

Le point d’indice de la fonction publique a été gelé et Bayrou a dit qu’il refuserait de majorer le Smic en juillet même de 1% ! Ce qui signifie que tous les salaires vont reculer tout au long de l’année 2025, au moins au niveau de l’inflation.  Rien que cela suffit à justifier la censure.

Cinq des principaux partis de gauche du NFP sur six (EELV, Génération’s, LFI, LAPRES, PCF) ont d’ailleurs choisi la censure : seul le PS a refusé de la voter alors qu’il aurait évidemment dû le faire, il aurait conforté le NFP.

L’union de toute la gauche est essentielle : « - Ne nous trahissez pas » tel est le cri qui vient de millions d’électeurs aux dirigeants des six principaux partis. Les dirigeants du PS auraient dû être sensibles à cela et se sont évidemment exposés aux accusations de trahison. Ne pas avoir un front uni de toute la gauche l’affaiblit tout entière.

Alors que s’est-il passé dans le PS ?

La majorité Faure favorable à l’union NFP et favorable à la censure (avec EELV, LFI, PCF, LAPRES, Génération ‘s) a été battue dans le groupe parlementaire par son aile droite pro « Hollandaise », semble-t-il avec un vote serré 30 à 36. Cette aile droite est anti NFP, elle a obtenu 48,5 % des voix au dernier congrès du PS, elle ne veut pas du programme NFP, elle sabote systématiquement le PS de l’intérieur pour en revenir à la politique suivie par Hollande Valls de 2012 à 2017. Son principal argument est de jouer sur la défense de l’identité du PS et elle manipule ainsi les militants en accusant la direction Faure d’être « soumise » « dépendante » des diktats de LFI. Si bien que chaque fois que LFI enfle ses polémiques contre le PS, c’est l’aile droite qui en retire les bénéfices en interne.

Huit députés socialistes ont refusé le scrutin et participé à la première censure, le 15 janvier six à la seconde le 5 février. Mais la majorité des députés PS refusait de voter aussi la deuxième censure. La direction Faure a tenté d’éviter ce second échec en soumettant au Bureau national une motion de censure propre au PS sur l’immigration – après celle du budget. Faure essaie désespérément ainsi de sauver l’union NFP, en expliquant qu’il est toujours opposé au gouvernement Bayrou, qu’il était, lui, pour la censure, qu’il espère que la gauche va voter sa « seconde motion ». C’est paradoxal de demander de voter pour sa propre motion alors que le PS n’a pas voté la motion des 5 autres partis ? C’est aussi paradoxal de ne pas avoir voté contre un budget tout antisocial et de choisir de ne voter que contre le seul aspect de la politique anti immigration. Hollande qui veut être candidat à nouveau en a quand même profité pour couler cette deuxième motion de censure en expliquant que si elle risquait de menacer le gouvernement Bayrou, il la retirerait. Si bien que sur ce coup l’aile droite paralyse le PS et l’isole. Faure a beau promettre qu’il déposerait une autre motion de censure sur les retraites (en mai ?), il n’est pas entendu.

Car c’est le moment où LFI se déchaîne en publiant des affiches qui présentent Olivier Faure en médaillon revers symétrique avec Le Pen. Et une pléiade d’affiches qui accusent en gros le PS d’être comme les fascistes soutien de Bayrou Macron. Mélenchon vise Faure qu’il traite de menteur, et ses affiches visent le PS tout entier en faisant semblant d’ignorer son débat interne à la veille du congrès prévu en juin. Ce faisant LFI aide Hollande à marquer des points contre Faure et, en voulant chasser le PS du NFP, contribue à aggraver la fracture. Tous les démons de bas étage ressortent « le PS n’est pas de gauche », « partis de traitres » « forfaiture » et piétinent toute analyse sérieuse. LFI appuie d’autant plus fortement et cyniquement cela, qu’elle veut imposer la candidature de JL Mélenchon envers et contre tous à gauche. LFI vise à discréditer Faure qui a le malheur de prôner (avec Marine Tondelier, Lucie Castets et nous Générations et LAPRES) une candidature unique de la gauche (Faure a même cité Clémentine Autain et François Ruffin devant 580 de ses militants comme possibles). C’est parce que Faure traite Hollande de « dinosaure » et Mélenchon de « diplodocus » qu’il est assimilé à Le Pen par LFI.

Les affiches de LFI sont criminelles, car elles visent à diviser artificiellement et férocement la gauche de façon irréconciliable, un peu comme dans les années trente où le KDP qualifiait le SPD de social fascisme et réciproquement. Cette division, alors que, additionnés, SPD et KPD étaient majoritaires, avait permis à Hitler de gagner. Disons-le carrément, les affiches de LFI si leur esprit n’est pas éradiqué, permettront à Le Pen de gagner.

La division du NFP est cruelle pour les intérêts de millions de salariés. « Ne nous trahissez pas ! ».

Il n’y a pas de victoire possible sans unir la majorité écrasante des 30 millions de salariés autour de la défense de leurs intérêts profonds, bien exprimés dans le programme du NFP.

Nous sommes de ceux qui avons appelé à la censure et déplorons que la lutte interne au PS ne lui ait pas permis de s’y joindre : c’est un coup dur. Mais il n’en découle pas que quiconque ait le droit ni l’autorité de chasser le PS du NFP. Au contraire c’est à nous de tenir le langage de l’union et de la reconstruction en plus fort, plus solide, en plus collectif du NFP.

C’est à nous de mener campagne avec une pétition de masse, menée avec une gouvernance collective, pour un candidat unitaire capable de rassembler toute la gauche, dès que le calendrier électoral le permettra (et il peut y avoir dès l’automne pas seulement des élections législatives mais une élection présidentielle).

Nul ne peut gagner seul à gauche. Quiconque veut imposer une candidature solitaire aux forceps nous fera perdre. C’est pareil aux municipales, il faut des coalitions de toute la gauche dès le premier tour, partout où ce sera possible, on a vu à Villeneuve St-Georges que sans union, on perdait même les élections imperdables.  Il faut battre Bayrou, Macron, Le Pen, il faut lever les obstacles, débattre, rapprocher les plateformes et les actions communes, et reconstruire inlassablement le NFP, c’est une obligation de résultats, il n’y a pas d’autre issue pour faire gagner le salariat.

Gérard Filoche

 

10160 signes

 

 

Chères et chers camarades de L’APRES,

 

Le 7 décembre 2024

 

Chères et chers camarades de L’APRES,

 

Nous nous sommes rencontrés le lundi 25 novembre.

C’était l’une de nos très nombreuses rencontres et échanges multiples depuis le 7 juillet. Souvent nous étions aussi avec Ensemble, Génération.s, Alternative communiste, GES, ND, Picardie debout.

Début octobre nous étions sur le point d’aboutir tous ensemble. Notre ami à toutes et tous, François Ruffin a choisi pour des raisons qui lui sont propres, de geler le processus. Pourtant il était impossible à nos yeux de ne pas aller de l’avant. Quitte à reprendre ces échanges à deux ou à trois composantes…

Cette fois nous avons, vous et nous, GDS et L’APRES, avancé en pratique dans le projet d’initier un premier rapprochement qui permet d’aller vers notre but commun d’une force politique nouvelle au cœur du Nouveau Front Populaire.

Nous avons les mêmes analyses politiques. Le 7 juillet, l’arrivée en tête de la gauche a été un sursaut, fruit différé des grandes mobilisations unitaires du premier trimestre 2023 en défense de nos retraites contre la loi inique des 64 ans.

Nous avons écarté, grâce à l’union du NFP, le terrible danger de l’arrivée immédiate au pouvoir du RN avec la complicité de Macron.  Mais nous sommes en sursis. Un séisme menace. Tout dépend des luttes, et de la profondeur, de la qualité, de la force de l’union du Front populaire, et c’est pourquoi nous voulons ensemble la construire vite de la base au sommet, démocratiquement.

Nous observons qu’il y a des centaines de milliers d’électeurs, de militants, de syndicalistes, de sympathisants qui veulent cette union, forte, radicale et déterminée, collective, démocratique, en vue des luttes sociales sur le terrain, des élections municipales de 2026, et présidentielles. Un accord national pour des listes communes aux municipales. Une candidature commune dès le premier tour aux présidentielles.

Mais alors qu’ils sont disponibles, la majorité de nos électrices et électeurs, de nos soutiens n’appartiennent ni au PS ni à LFI.  Principalement parce que le PS est mis sous pression en vue de son congrès de juin 2025 par une aile droitière qui veut briser le NFP et se retourner vers les macronistes et la droite sous couvert d’un « front républicain » qui est sur le fond politique antinomique aux projets de la gauche et aux besoins du salariat, notre classe sociale. Principalement aussi parce que LFI n’est pas démocratique et que celles et ceux qui s’y retrouvent sont soumis aux désiderata d’une direction non élue, non contrôlable par les militants et que celle-ci n’est mue visiblement que par l’élection présidentielle et coûte que coûte, par sa propre candidature.

Il existe des forces politiques très conscientes de cela : vous, L’après, Génération.s, Ensemble!, Gauche éco-socialiste, Picardie debout, Nouvelle Donne, et nous, GDS. Chacune d’elles, en dépit que nous soyons proches sur quasi toutes les questions, n’a pas assez de forces pour peser seule sur cette situation. Pourtant nous avons pour base, le même programme, celui du NFP. Nous défendons une écologie convaincue pour l’humanité et la planète.  Nous défendons tous le travail contre le capital, notre classe le salariat contre la classe capitaliste, le patronat, l’actionnariat…

Et une praxis démocratique n’est pas une option, c’est un principe fondamental à nos yeux à tous.

Nous GDS, depuis notre construction indépendante, le 18 janvier 2018 sommes sans doute le groupement le plus anciennement engagé, dans cette bataille pour l’union et la construction d’un nouveau parti des gauches unionistes. Mais nous sommes soucieux, qu’il n’y ait aucune prévalence et que ce soit à égalité, en respectant scrupuleusement nos histoires et nos personnalités que des fusions s’opèrent pour construire cette force politique nouvelle et commune.

Nous pensons qu’il y a péril et urgence, nous sommes en pleine instabilité politique, institutionnelle, vers une possible explosion sociale à tout moment. Nous voyons que le NFP reste trop fragile sinon vulnérable, ce qui démultiplie les interrogations, exaspérations, attentes, colères au sein de la gauche. Il faut éviter les doutes et découragements, il faut mobiliser, préparer les échéances, être présents sur le terrain. VITE !

En un mot nous sommes pour hâter le processus de fusion au maximum.

Donc ce 25 novembre, nous avons acté votre proposition tant que les autres composantes ne se décident pas en actes, d’accomplir un premier pas de fusion concret entre L’APRES et GDS, de rédiger un protocole d’accord de fonctionnement, et de commencer ensemble, de façon organisée. Ce, dès ce début décembre avec précaution, modération, puisqu’il ne s’agit pas du tout de fermer la porte aux autres, mais de commencer à faire vivre un cadre ouvert qui leur permettrait de se joindre à tout moment, avec le même respect scrupuleux les uns des autres.

Il est possible que notre démarche entraine d’autres organisations dont certaines veulent une forme « fédérative » (notamment Ensemble !). Il faudrait s’en réjouir et accepter, évidemment.  Nous avons, nous, des préférences, qui sont des suggestions, aucunement des préalables, bien sûr : notre souhait est de s’affirmer et fonctionner comme un « Parti ». Celui « des gauches unitaires », ou « les unitaires » car il s’agit de s’adresser à des millions d’électrices et d’électeurs et de sortir d’étiquettes confidentielles. « Gauches » et « unitaires » au pluriel de façon à intégrer sans difficultés les autres composantes.

Nous souhaitons :

-        une direction collégiale à égalité de ses composantes – avec en plus les député.e.s favorables au processus de regroupement – fonctionnant au maximum au consensus, dans un esprit respectant les débats et toutes les règles de la démocratie la plus scrupuleuse, minutieuse, transparente aux yeux des adhérent.e.s présents et futurs,

-         des campagnes de masse car il faut impérativement se tourner vers l’action,

-        des équipes communes, des commissions nationales d’action spécialisées, compétentes, actives pour les droits du travail, pour les droits des femmes, pour les droits de la jeunesse, pour les batailles écologiques, pour les questions internationales, pour les batailles parlementaires, pour les municipales, pour la bataille pour une candidature commune en 2027. Une commission d’organisation devrait aussi travailler à utiliser le plus efficacement possible, en les respectant, en les harmonisant, et en les rentabilisant, nos biens devenus communs, communication, presse, sites, fichiers, cotisations, adhésions directes, cela devrait faire partie du protocole à rédiger dans les meilleurs délais.

-        préparer des Assises communes avant la fin du premier trimestre comme il avait été prévu,

-        discuter de l’intégration au processus de toutes celles et tous ceux qui seraient en phase avec la dynamique envisagée sans être adhérent.e.s d’une de nos organisations.

Nous souhaitons que tout cela soit rendu public au plus vite sous les formes appropriées, (campagne d’information et de promotion, conférence de presse, logos, flyers, matériel commun divers…) car notre espoir principal, notre certitude c’est qu’un processus de fusion fera boule de neige, et attirera des adhésions directes nombreuses, ce que chacun séparément ne pouvons faire qu’en trop petit nombre.

Le texte rédigé par Clémentine Autain pourrait être rendu public, à quelques ajouts près, car il faisait l’objet d’un consensus large début octobre.

Nous vous proposons des réunions hebdomadaires, à commencer dès maintenant pour mettre en œuvre cet agenda.

Nous vous assurons de notre grand espoir, de notre enthousiasme, de notre engagement solide, nous vous connaissons, nous savons que nous allons travailler avec des équipes et des camarades fiables, motivés, compétents, et cela se sentira vite autour de nous, donnant à nos idées, notre programme, nos campagnes, nos actions, une dimension utile, indispensable, nécessaire, et peut être déterminante au Nouveau Front populaire, pour une transformation sociale profonde, pour notre classe sociale toute entière.

Amicalement,

Le Bureau national de la GDS

 

Contact : contact@gds-ds.org

 

Qu’est revenu dire, François Hollande sur France inter ce matin du 28 novembre ?

Qu’est revenu dire, François Hollande sur France inter ce matin du 28 novembre ? qu’il faut en finir avec le nouveau front populaire et revenir à un « front républicain » avec tous ceux qui se sont opposés au rassemblement national de le Pen-Bardella !

 

Mais quel est le sens de cette proposition ?

 

On sait que le « front républicain » a abouti au sursaut qui a consisté à marginaliser le RN mais au prix du fait que la gauche a davantage voté pour la droite (Darmanin, Borne…) alors que la droite n’a guère voté pour la gauche. C’était un front de sauvegarde, de sursaut, de barrage, ce n’était pas un front de programme, encore moins de gouvernement. Le « front républicain » était, de la part de la gauche, un cri de désespoir pour éviter Bardella premier ministre voulu par Macron. Mais de la part de la droite, il était brinquebalant, certains y voyant un enjeu politique de principe les autres, en majorité une pure affaire de circonstance car ils étaient prêts, la veille ou le lendemain, à s’allier eux-mêmes avec Bardella.

 

C’est que qui nous été démontré depuis quatre mois : Macron a nommé Barnier qui n’était même pas « front républicain » et qui n’a cessé de chercher ses indulgences côté RN. Darmanin, Attal ou Borne ont continué à combattre en priorité le NFP plutôt que le RN. Les prétendus alliés du front républicain penchent côté RN pas côté NFP, et ce, en dépit qu’ils doivent leur élection au NFP. En très peu de temps on aura constaté, expérimenté, vérifié, les votes des budgets étant révélateurs, qu’ils préfèrent protéger leurs amis riches et du CAC 40 de tout impôt progressif, plutôt que de rester fidèles au « front républicain ».

 

C’est précisément le moment où, sur @franceinter, Hollande, invité une fois de plus, s’enhardit et refait du Hollande, c’est à dire appelle à la trahison : à rompre le nouveau front populaire pour faire du front républicain.

 

C’est là qu’il faut raisonner en classes sociales et non pas en « peuple ». Car il s’agit d’un appel à rompre un front de classe, pour le remplacer par un front de collaboration de classes. A rompre l’union de la gauche, pour la remplacer par une union avec la droite. En dépit du bon sens élémentaire puisqu’on a vu combien la droite était peu fiable.

 

Hollande appelle d’abord à sauver Macron et les institutions, il dit en substance « je ne veux pas de présidentielle anticipée, le contexte est trop dangereux, ce serait un chaos, et je me distingue en cela de Mélenchon qui veut le chaos, une présidentielle anticipée pour se présenter, et il perdra ». On peut lui opposer que c’est pourtant la réalité, Macron est responsable du chaos, qu’il ne permettra pas d’en sortir et qu’il doit donc partir pour dénouer, dissiper la dangerosité de la situation ! L’instabilité profonde est due à Macron et durera tant que Macron sera là. Il faut qu’il parte, inutile d’esquiver ! Dehors !

 

On peut aussi lui opposer que si la gauche est unitaire, et choisit un candidat unitaire, unique, commun, on gagnera contre tout successeur improbable de Macron, car ils sont tous discrédités dans la politique dite « de l’offre » pro-riches.

Car il y a puissamment et profondément la rage d’une alternative dans le pays, ça s’est manifesté les 30 juin et 7 juillet, en résultat différé des 14 grandes manifestations du premier trimestre 2023 contre la retraite à 64 ans, 95 % des actifs étant contre.

 

Alors Hollande ressort la théorie des « deux gauches » : ajoutant « même si elles ne sont pas irréconciliables ». Son choix étant encore de défendre la gauche qui collabore contre la gauche qui s’oppose. Et il soutient celle qui ferait demain de la collaboration de classe, « front républicain » contre celle qui fait aujourd’hui l’union, NFP, front de gauche.

 

Hypocrite, il dit : « oui, j’ai soutenu Lucie Castets » mais elle aurait démontré qu’elle n’avait pas de majorité. Dans une situation post-Barnier, il faut un gouvernement qui aurait une majorité. Selon Hollande, Macron doit rester en place jusqu’en 2027, et accepter une coalition avec la gauche, et la gauche doit rechercher une coalition avec les macronistes, Modem, etc.  Barnier c’était une coalition de fait avec le RN. Il faut le remplacer par une variante de Barnier mais « front républicain », telle est l’offre d’Hollande.

 

Comment peut-on laisser croire à des millions de gens qu’on peut s’arranger avec les macronistes, bayroutistes, edouardistes etc. ? Ça fait sept ans qu’ils nous matraquent, ce n’est même pas tant Barnier qui n’a fait aucun compromis sur le budget, c’est eux ! Ce sont les Attal, les Darmanin, les Borne, les Philippe, les Retailleau. Tous leurs actes le prouvent. Ils ne veulent tout simplement pas d’impôt sur les riches ni sur les grandes sociétés ! Inutile de leur proposer des « majorités de non censure » (sic) ! Ils ne cèdent sur rien, même pas quand le RN fait mine de chercher auprès d’eux une onction en prétendant défendre le « pouvoir d‘achat ». Les budgets alternatifs NFP et les recettes défendues par Eric Coquerel à l’Assemblée nationale aboutissaient pourtant spectaculairement, à la fois à plus de social et à un déficit autour de 3% alors que le budget Barnier proposait un déficit de 5% :  on voit que ce n’est pas l’Union européenne, ni la dette ni les taux d’intérêt qui conditionnent la politique des composantes du « Front républicain », pour eux c’est un prétexte bidon, la seule chose qui les motive, c’est la défense des intérêts de leurs amis riches et de leur yachts.

 

Le gouvernement gauche-droite que prône Hollande serait soumis aux mêmes pressions que Barnier.

 

S’ił y a 2 gauches comme prétend @fhollande, la gauche qui se compromet à gouverner dans ce genre d’alliance, perdra et fera perdre le reste de la gauche, dans l’écoeurement, le découragement, la confusion. Rien de pire que de refaire du Hollande, du CICE, on a déjà vu ça avec des coalitions en Italie, avec Prodi, (tant aimé par Hollande au congrès du Mans, 2005, où il faisait en même temps synthèse avec Mélenchon) ou avec Draghi, la gauche y est morte et ça a donné Meloni.

La gauche dont parle Hollande n’est pas une « gauche de gouvernement », on l’a vu, ils sont incapables de gouverner, Hollande a dû renoncer à se représenter et Valls a été balayé. Parce qu’il n’y a pas d’issue dans la collaboration de classes et la « politique de l’offre », ce qui consiste à aider les gros contre les petits, à payer les riches pour qu’ils soient un jour généreux avec les pauvres, à aider les patrons pour qu’ils fassent tellement de profits qu’ils finiront, un jour, par hausser un peu les salaires, ça ne marche jamais.

 

La gauche doit contraindre les riches à partager et non pas cirer leurs chaussures.

 

Hollande rêve d’une gauche à la « Delors ». Mais il n’y a jamais eu de majorité pour ça comme l’avait constaté Delors. Même Hollande, pour être élu, pour avoir 52 %, a dû promettre de s’en prendre à « son ennemi la finance » et de faire « une tranche d’impôt à 75 % ».  Et dès qu’il a trahi ça, en moins de 20 mois, il a perdu 14 millions d’électeurs (la scandaleuse réforme Touraine incluse) et entre 2012 et 2017 il a rapetissé le PS de 180 000 membres au congrès de Toulouse à 18 000 membres au congrès d’Aubervilliers. Il n’a même pas réussi à faire voter la scélérate loi El Khomri par un seul des députés PS passant en force contre sa propre majorité en 49-3 ! Il a piétiné et divisé la gauche… pour Macron !

Et Hollande recommence donc, il propose d’éclater la gauche à nouveau pour Macron !

 

Il se trompe aussi sur le fait que « sa » gauche collaborationniste serait la seule à présenter un candidat en 2027 capable de gagner ! Dans le climat de rage actuelle, ce serait l’autre candidat plus à gauche qui l’emporterait au 1er tour quitte à ce qu’il perde au 2° tour !

D’où la nécessité d’un seul candidat de toute la gauche et le programme du NFP le permet.

 

C’est pourquoi il faut « tenir bon », ne pas capituler comme nous le propose Hollande, il n’y a qu’une issue, renforcer le nouveau front populaire, pas lui substituer le front républicain.

 

Et il y a une raison théorique, sociologique, profonde à cela : 90 % des actifs, nous sommes 30 millions auxquels il faut ajouter des millions « d’indépendants » qui sont souvent encore plus appauvris. Il n’y a pas besoin de « front de classes » comme dans le passé, il y a besoin d’UN front de notre classe. Clair et déterminé. Une seule classe, majoritaire est en mesure de gouverner. Un gouvernement qui veut allier des contraires ne gouverne pas. Gouverner c’est sortir de la politique de l’offre. Le gouvernement attendu c’est celui qui redistribuera enfin les immenses richesses de notre pays.

 

Vive l’union de toute la gauche, un seul salariat, une seule gauche !

 

Gérard Filoche, le 28 novembre 2024

 

Trump Cromagnon libertarien

 

Cette « victoire » de Trump est une désolation pour l’humanité entière, pour les US et pour la planète, désolation pour l’intelligence, la culture et la science, contre la démocratie et les droits des femmes, un succès de l’obscurantisme en négation de la fraternité et de la paix.

Ça concerne le monde entier et pas seulement les US. Ceux qui disent qu’il a fait et veut la paix, désenchanteront très vite, un protectionniste nationaliste finit toujours par faire la guerre. Et sa vision du monde est identique à celui qu’il n’a cessé de proclamer comme son meilleur ami : Netanyahu. Ceux qui disent qu’il a signé pour la paix en Afghanistan savent aussi qu’il l’a fait en donnant le pouvoir direct sans condition aux Talibans, et vu ce que Trump pense des femmes, ça ne surprend personne. Trump, c’est le protectionnisme anti-chinois, et ça va de pair avec le renforcement du lobby militaro-industriel US, et il veut brutalement que l’UE fasse pareil, qu’elle s’arme, qu’elle ait son propre lobby militariste renforcé ! Il aime les armes de ses citoyens plus que leur santé et leur bien-être.  Trump est proche du libertarien facho-Cromagnon anti social, Elon Musk, il favorisera tous les Milei du monde, de Buenos Aires à Budapest, de New Delhi à Rome. La carte de sa diplomatie sera à son image, brutale et impériale. L’attention portée par la première puissance du monde à la lutte contre le dérèglement climatique sera nulle. Idem pour toutes les coopérations internationales en matière de santé, d’éducation, de développement, tous les besoins humains seront sacrifiés sur l’autel de la balance commerciale US.  Business US d’abord. États-unis-xit ! Isolationnisme et menace sur le monde vont de pair.

Et ceux, aveugles qui disent, que Trump ne sera « pas pire » que Biden-Harris, et même que ce sera « mieux pour le peuple américain » qui l’a « démocratiquement choisi », de quel « peuple », de quoi parlent-ils ? De celui qui, par dizaines de millions, n’a pas de logement, pas d’école, pas d’emploi stable mais trois boulots asservissants par jour ? Ceux auxquels il est accordé un « jour de santé gratuite » par an dans des camps de toile éphémères ? Comme dit Bernie <Senders: « Lorsqu’il est traité pour un cancer, un américain sur 4 fait faillite ou perd son logement … Nos confrères oncologues US appellent cela « financial toxicity »…  (Spécialement dédicacé à tous ceux qui passent leur temps à vomir sur les « charges sociales »)

D’abord, tous les capitalismes, tous les impérialismes ne sont pas « pareils », c’est comme dans les films, il y surgit des Dark Vador. Les US ont conduit 278 guerres depuis 200 ans pour défendre leurs intérêts commerciaux, c’est une constante de leur impérialisme. Nixon, les deux Bush, Clinton, Obama ou Biden n’ont pas fait autre chose. C’est très vrai (et en dépit de l’admiration que lui portait Hollande) Biden n’a jamais rien fait de mieux ni de différent, il n’a jamais eu à voir avec le « new deal » de Roosevelt (encore moins avec sa tranche d’impôt à 91 % pour ceux qui gagnaient plus que 20 fois le smic) il n’a même pas développé les timides tentatives de l’intelligent Barak Obama de lever le blocus de Cuba, ou d’initier un début de début de Sécurité sociale, il n’a pas fait reculer d’un pouce les inégalités dans le pays et quoique femme et noire, Kamala Harris, dans sa campagne, ne proposait pas davantage de progrès.

Faute de gauche radicale à la Bernie Senders, c’est l’extrême-droite qui gagne. C’est vrai partout.

Donc, oui, Trump est pire que Biden : ça vient d’en haut, à cause de la volonté des grands manipulateurs de médias, de la formation et de l’information, des milliardaires à la Elon Musk, de la pire des puissances du fric qui a choisi de cultiver l’obscurantisme, et donc de nourrir délibérément la pauvreté, la faim, la guerre de classes et la cruauté. Car même parmi tous les tenants du fric, il y a des sous-catégories, et celle qui gagne avec Trump et Elon Musk fait partie de la pire, celle qui a besoin et qui veut abrutir le peuple, pour enlever toute culture au salariat. Trump c’est pire parce qu’il offre un modèle mafieux, barbare anti culture, cynique, menteur, illuminé, délirant mentalement, au monde entier. Il est une victoire des congrégations religieuses, évangélistes, anti-évolutionnistes, qui croient que la terre est plate, qui racontent que les humains sont sortis de la cuisse de Dieu, mais naturellement pas les femmes, qui « s’attrapent par la chatte », et auxquelles il faut supprimer l’IVG. De ceux à qui il a été enseigné que Hitler était de gauche, libéral et pour le confinement. De ceux qui veulent des « murs » pour se défendre des virus et des immigrés et auxquels Trump raconte que lesdits immigrés mangent leurs animaux de compagnie.

Ce qui s’est passé n’a rien à voir avec la démocratie mais avec l’abrutissement volontaire, ce n’est pas le choix d’un peuple, c’est le résultat de la manipulation délibérée, voulue, organisée, d’une partie d’un peuple. Ne dites pas, « ils l’ont librement choisi » : faisons les bonnes distinctions, avec la partie du salariat, celle qui fait des grèves puissantes et victorieuses, pour ses salaires dans l’automobile ou l’aéronautique, la partie cultivée encore massive, qui résiste à ça, et qui a voté Kamala Harris seulement par défaut  : l’ensemble du pays est soumis aux ravages idéologiques des libertariens, et pour les chasser, les « insurrections civiques » n‘y suffiront pas, il y faudra des soulèvements sociaux, puissants et révolutionnaires du salariat US afin que ce gigantesque pays reparte en avant, se libère de l’emprise des sectes, et des préjugés primitifs distillés savamment par le capitalisme.

Nous pouvons les aider, par nos propres luttes, dans cette voie, en ne sous résignant pas nous-mêmes et en dénonçant partout dans nos pays, comme il le faut l’ignoble caricature et le danger résistible incarné par l’affreux Trump, c’est le moment, avant que ça nous arrive avec Le Pen, de relever le défi et non pas de ployer, d’être une ferme alternative socialiste et non pas des libéraux de rechange, d’être radicalement pour la révolution sociale afin d’empêcher ce monde entier de se trumpiser.

Gérard Filoche, 6 nov 24

 

 

 

Parler « d’absentéisme » c’est insulter les salariés

 

De la part de la classe dominante, il n’y a pas de pire injure contre les salariés que l’accusation « d’absentéisme ». Ça remonte à l’idée des fainéants, ça justifie le fouet contre les esclaves. Et cela vient d’être « monté » de toutes pièces par un des ministres les plus réactionnaires du gouvernement, Gasparian, celui hier chargé d’expulser les locataires ne pouvant payer, et aujourd’hui d’inventer des sanctions contre les fonctionnaires qui tombent malades.

Ça relève d’une essentialisation de « l’absentéisme » défini ainsi dans le Larousse : 1. Fait d’être absent du lieu de travail, de l’école, d’une réunion, d’une assemblée, de tout lieu où, pour des raisons de travail, de participation à une action, etc., la présence est obligatoire. 2. Comportement de certains grands propriétaires fonciers résidant loin de leurs terres, qui font administrer leurs domaines par des régisseurs. 3. Comportement des représentants élus de la nation qui ne participent pas régulièrement aux travaux de leur assemblée.

Le « taux d’absentéisme » qu’ils ont inventé n’est bien sûr, ni celui des grands propriétaires fonciers, ni celui des élus du bloc central Barnier Macron absents du débat à l’Assemblée nationale sur les budgets de la République, c’est le n°1 défini par  Larousse pour 5,8 millions de fonctionnaires et assimilés « absents » : ce taux est un rapport invraisemblable « pour un lieu et une catégorie professionnelle donnés, entre le nombre d’heures d’absence au travail et le nombre d’heures de présence de l’ensemble des salariés au cours d’une certaine période » (sic).

En vrac. Ça couvre pêle-mêle les arrêts maladie, dépression burn out, fatigue, trouble musculosquelettiques les arrêts accidents du travail, accidents de trajet, les arrêts pour maladie professionnelle. Ils mélangent tout : nombre de jours d’absences en dehors de congés annuels, RTT, repos hebdomadaires et journées de récupération (les absences pour maladie sont évaluées par le nombre de jours d’arrêt). Et pourtant ils avouent que 30 % des arrêts sont de la faute du mangement et du patron : mauvaise organisation ou conditions de travail (9 %) ; manque de reconnaissance (7 %) ; charge de travail trop lourde (6 %) ; mauvaise ambiance (4 %) ; manque de soutien managérial (4 %). Ils reconnaissent que la durée moyenne des jours d’arrêt de travail est 23,7 jours (contre 22,17 jours en 2022), la part des AT due à la maladie : 83 % (- 3 points) est la 1ère cause des AT longs : les pathologies psychologiques. La maladie professionnelle est la cause principale des arrêts les plus longs : 89 % des arrêts de travail les plus longs (moyenne de 86,20 jours). La prévention aux risques professionnels au sein des entreprises reste donc toujours autant d’actualité, ce dont se moque la nouvelle ministre du travail qui fait des « spots télévisés « au lieu de rétablir les CHSCT.

Or l’accusation scandaleuse du gouvernement Barnier tombe mal : le taux douteux de leurs propres instituts en 2023 fait contradictoirement état d’une « baisse de l’absentéisme » : le taux moyen ne serait que de 5,17 % en 2023 et baisserait par rapport à 2022.  27,46 % des salariés auraient déclaré un arrêt de travail en 2023 contre 35 % en 2022. Quant à la productivité horaire du travail, les salariés Français seraient les premiers en Europe avec le Luxembourg, et dans le monde ils seraient entre la 1° et 3° place avec les US, la durée du travail réelle est plus élevée qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni.

Il s’agit donc d’une pure manipulation idéologique, d’un pur mensonge comme tout ce qui sort de ce gouvernement et d’une agression délibérée pour rabaisser les salariés de la fonction publique et, du même coup, les opposer aux salariés du privé. Le but est de les taxer sur leurs indemnités journalières d’une double façon, à la fois lorsqu’ils sont contraints a de petits arrêts et à la fois dans la durée lorsqu’ils sont longtemps en maladie.

Tout ça n’aura aucun effet en termes de prétendu absentéisme : des millions de salariés hésitent déjà à s’arrêter même quand ils en ont besoin : ce qui coûte plus cher, puisque toute maladie non soignée exige plus de soins quand elle se reproduit. Et ce sont les plus vulnérables qui vont subir : les travailleurs à faible qualification ; les seniors ; les femmes, dans les secteurs de la santé, de l’économie sociale et de l’éducation, du transport, du commerce et de l’industrie.

L’Insee a plusieurs fois mis en doute l’efficacité du jour de carence dans la #FonctionPublique. Il y a une baisse des courtes absences mais son effet diminue avec la durée de l’absence et peut aussi encourager certains agents malades à continuer de travailler Les fonctionnaires ne sont pas des profiteurs mais les agents par lesquels on accède aux besoins essentiels (éducation, santé, sécurité…) de manière protégée du marché. Irresponsable de laisser croire que ces absences sont liées à des abus, quand il s’agit de pénibilité des métiers, de conditions de travail dégradées, du vieillissement des agents, de problématiques de santé des femmes et des contraintes qui pèsent sur elles. Donc, sous prétexte d’économies (fondées sur des statistiques erronées), Barnier incite les fonctionnaires malades à aller travailler, au risque de contaminer leurs collègues, leurs élèves, le public (selon le cas) et d’aggraver leur mal.

Bannissez le mot « absentéisme » du vocabulaire. En plus, vouloir supprimer un 2e jour férié soi-disant pour la solidarité quand ça fait 7 ans qu’ils ont supprimé l’ISF c’est le comble du comble. Avec la suppression de l’ajustement des retraites sur les prix pendant six mois. Avec la baisse des taux de remboursement des visites au médecin, et des médicaments, tout ça charge durement la mule.

Gérard Filoche

5881