Toute cette discussion sur le budget se fait avec un arrière fond de pipeautage sur la dette et les déficits,
Bayrou pendant tout l’été a inventé le vent et le sens du vent qu’il voulait voir souffler sur nous derrière le mot « dette ». Cela a échoué : Bayrou a été battu par 2/3 des voix à l’Assemblée nationale et battu dans le tout le pays à plus 70 % de l’opinion.
Pourtant Macron Lecornu, Lescure, tentent de faire passer en force leur prochain budget avec le même récit, la même rengaine !
La dette ce n’est pas la faute aux citoyens. Les dirigeants politiques et économiques, l’oligarchie, les financiers, les grands patrons sont maitres des taux de déficit et d’endettement et les présentent selon leur volonté. C’est Macron qui a fait mille milliards de dettes en 8 ans, ce n’est pas à nous de les payer. Un pays n’est pas un ménage. L’Union Européenne non plus. La BCE doit être au service des citoyens, pas l’inverse.
Pas de « règle d’or »
Et qu’on ne nous imposer pas les critères de Maastricht, ils ont été fixés au doigt mouillé il y a 35 ans par MM. Labeille et Davignon : 3% de déficit, 60 % d’endettement, 1,5 % d’inflation ! Ils ne sont qu’ils ne sont quasiment respectés nulle part ! Et Mme Ven der Leyen les a relativisés pour le Covid. Et lorsque M. Trump a exigé que les états de l’UE dépensent eu moins 5 % d’armement, il a été décidé que les conséquences ne seraient pas prises en compte dans les critères de Maastricht. Ce qui démontre une fabuleuse élasticité dans l’interprétation des critères de déficit et de dettes. Ceux qui parlent de combat contre les déficits et les dettes comme s’il s’agissait d’une rigidité scientifique, d’un principe fondamental économique, sont bien mal fondés.
Le Portugal de 1934 à 1974 n’a eu aucun déficit, ni aucun endettement, dirigé qu’il était par un dictateur illuminé, le « doutor Salazar » qui théorisait avant l’heure, la « règle d’or » de Mme Angela Merkel : il a resserré le budget annuel de Lisbonne à l’escudo prés pendant 40 ans et le résultat est qu’il a fait ainsi de son petit pays le plus pauvre d’Europe. Ne pas avoir de dette ni de déficit est mauvais pour un état, car il est censé s’en servir pour investir, orienter, protéger, répondre aux besoins de ses citoyens.
Se plaindre, jeter l’alarme, hurler au loup, d’après des critères arbitraires, de droit divin, parce qu’il y aurait trop de dettes et de déficits qui ont été délibérément fabriqués, c’est surtout un argument politique pour imposer des austérités, des restrictions sociales. Le chantage des libéraux à la dette et aux non-déficits au nom de leurs pseudo théories économiques inventées pour la circonstance, a surtout vocation à faire chantage sur les citoyens pour les priver de la satisfaction de leurs besoins et pour augmenter ou assurer les marges de superprofits capitalistes.
Bayrou tourne à géométrie variable
Rappelons que Bayrou 2025, qui a essayé de se construire médiocrement en se disant hanté par la « dette », avait oublié le récit de Bayrou 2020 : à l’époque il proposait tout simplement de décompter la « dette Covid » de la dette globale. Il voulait l’appeler une « dette blanche », la mettre à part ! de même qu’il mettait à part la dette pour préparer la France à la guerre ! Sa définition de la dette et de ses effets est à géométrie variable. Pure question d’arrangement, de convention !
Des économistes sensés devraient distinguer les dettes de fonctionnement et les dettes d’investissement : cette distinction devrait être d’évidence. C’est pourtant refusé dans le débat public par des comptables qui se prétendent imbus de réalisme économique.
Dettes odieuses
Il existe, le sait-on, des « dettes odieuses » : les États-Unis ont même réussi à en faire une règle juridique existante dans le droit international pour ne pas payer la dette de Cuba dans les années 1898, après qu’ils eurent occupé le territoire en l’enlevant à l’état espagnol. Ils prétendirent que l’Espagne était mal fondée de réclamer aux Cubains une dette que ceux-ci avaient contractée en se défendant de leur occupation coloniale et donc qu’il s’agissait d’une « dette odieuse », donc non remboursable, et Washington gagna le procès.
Beaucoup de dettes sont « odieuses » à ce titre, à commencer par les mille milliards que les 8 années de gouvernance Macron-Bayrou ont rajouté aux niveaux des dettes laissées par Hollande, Sarkozy et cie… Mille milliards provoqués par la baisse délibérée des recettes et par le versement volontairement excessif de centaines de milliards de CICE, d’aides, d’assistanat aux chefs des grandes entreprises de 2017 à 2025…
Les dettes varient
Les dettes sont allégeables, supprimables : ce fut une question de convention opportune, quand en 1953, les états alliés victorieux de la 2° Guerre Mondiale, se réunirent avec l’Allemagne (RFA) pour supprimer 50 % de sa dette.
De même que ce fut une question de convention, c’est-à-dire de calcul politique et non pas d’une quelconque « vérité » économique, quand les autorités de Berlin, début des années 2010 étranglèrent la Grèce avec une impitoyable brutalité alors qu’elle avait moins d’endettement que la France d’aujourd’hui.
L’Allemagne de 2010 n’avait jamais payé sa dette de guerre à la Grèce (à hauteur de 85 milliards d’euros) mais lui imposa des dizaines de milliards de pénalités, payées durement ni par les popes, ni par les armateurs, ni par les militaires, mais par les salariés, les retraités et les pauvres (imposant récemment la journée de 13 h en dépit même du droit du travail européen).
Gréce et France :
L’appréciation des déficits et de la dette, on le voit, est une question de rapport de forces politique et social, et comme la Grèce ne fait que 2% du PIB européen, elle a payé cher alors que la France avec 25 % du PIB est hors d’atteinte de sanctions similaires.
Bayrou a même poussé sa propagande de façon excessivement grossière en comparant la France à la Grèce et en auto-menaçant le pays d’une intervention du FMI que celui-ci s’est empressé de démentir. Il a joué dans le camp ennemi et encouragé ces autres charlatans que sont les pseudo agences de notation privées comme « Ficht » « Standards and Poors » etc. (sic) à dénigrer le pays.
Tout est plus relatif et aléatoire que ce que Bayrou voulait ériger en « grande peur » et en « grande cause vertueuse »
La « dette » de 3345 milliards de la France, si l’on décide de la présenter ainsi, est en réalité étalée sur huit ans, 450 milliards par an.
Et elle est peu de chose à côté du patrimoine total du pays (18 674 milliards d’euros en fin 2023).
Dette publique a 113 %, dette privée a 300 %
Avec 114,1 % du PIB, un peu plus d’un an de PIB, elle est moindre que la dette totale du secteur privée de la France qui est de 212 % du PIB en 2023 (données FMI, ménages + entreprises).
Et encore, ce chiffre est lui-même sous-évalué car n’incluant que les crédits et titres de dette principaux mais pas tous les instruments d’endettement que le secteur privé peut utiliser. Si on inclut ces derniers, on se rapproche probablement des 300 % de PIB ( https://www.imf.org/external/datamapper/datasets/GDD). Or la dette privée est autrement plus dangereuse que la dette publique, à cause des risques de défaut et de faillite qui pèsent sur les agents privés et qui, s’ils se matérialisent à grande échelle à cause d’une soudaine crise économique, ont tôt fait de provoquer une crise financière par-dessus. Souvenir cuisant de 2008 !
Dette US, Japon, Italie :
Notons également pour clore le bec aux théories enfumeuses de Bayrou et de ses suppôts macroniens (Lecornu, Lescure, de Montchanin) que la dette des US est plus grande : 122 % soit 36 220 milliards de dollars, celle du Japon est de 212 % en 2025. La dette Italienne se situe à 137,9 % du PIB. Belgique : le ratio de la dette belge s’élève à 106,8 % du PIB. Espagne : la dette publique espagnole représente 103,5 % du PIB. Pourquoi vouloir faire mourir les ALD de notre pays sur l’autel de la dette, en déremboursant leurs médicaments ?
Et puis enfin but not the least, de quelle dette s’agit-il ? de quel budget ?
Il y a trois budgets en France : la Cour des Comptes se refuse a calculer les comptes du pays selon ces trois budgets séparés. Pourtant la RÉPARTITION de la DETTE globale 2024 [source MINEFI] est ainsi, sous Vue d’ensemble | budget.gouv.fr :
| - État et ODAC (Etat ET organismes divers d’Administration Centrale] | 2756.8 [Md€] | 
| - ASSO (Administrations de Sécurité Sociale) | 286.6 [Md€] | 
| - APUL (Administrations publiques locales) | 261.9 [Md€] | 
Ce qui veut dire que sur un budget séparé de la protection sociale d’environ 850 milliards, la dette générée n’est que de 9 %.
Sur un budget des collectivités territoriales qui s’élève à 300 milliards la dette générée n’est que de 8 %.
Et sur le budget de l’état Macron-Bayrou-Lecornu la dette est de 83 % et c’est ce dernier budget, s’il en est un, qui pose problème.
Ce qui change tout l’éclairage du sujet, les libéraux et leur propagande noient le poisson là-dessus, mélangent tout en parlant de « prélèvements obligatoires » (sic) en orientant les attaques contre la Sécu, les retraites.
Il n’y a pas un problème de dette il y a un problème de recettes du budget de l’État-Macron.
Macron a baissé les recettes et a versé jusqu’à 40 % de son budget d’état soit 211 milliards (241 pendant le Covid, payés par les salariés et les pauvres notamment par la TVA)… sous forme d’assistanat aux chefs d’entreprise : la redistribution à l’envers, Robin des bois à l’envers !
Ainsi la dette, elle court, elle court, abonde les riches, et ne sera jamais remboursée, Macron pompe, pompe, pompe les impôts des pauvres (qui sont 10 millions, un record) et fournit la fortune des 1800 riches (qui détiennent 42 % du pays) : ils ont doublé leur patrimoine et les 500 premières fortunes atteignent 1128 milliards.
Halte au budget Lecornu plus brutal encore que Bayrou
Ils se moquent des intérêts de la dette trop élevés avec lesquels Bayrou nous menaçait : ils fluctueront abondamment, résultats de décisions politiques manipulées par des banquiers « indépendants » (mais soigneusement à l’écoute des voix de leurs maîtres de la finance) : ainsi les intérêts remboursés chaque année de la dette française étaient moindres à la fin des années 1990, qu’aujourd’hui !
Et on est passés par des années incroyables où il était possible d’emprunter à un taux en dessous de zéro, ce qui voulait dire que les banques payaient pour prêter de l’argent et qu’on remboursait en s’endettant !
Donner la priorité au remboursement de la dette comme le voulait Bayrou, en instaurant une austérité drastique, en prenant 44,5 milliards au service public, c’était comme un jardinier qui arrosait la rivière pendant que son jardin s’asséchait : la consommation s’appauvrissait, la récession menaçait, les rentrées fiscales diminuaient, le déficit s’aggravait et la dette aussi.
On l’en a empêché, continuons jusqu’au bout avec Lecornu-Lescure- Macron et cie. Ils ont renoncé au 49-3, ils doivent payer. Un me too contre les riches !
Gérard Filoche, le 24 octobre 2025






 


