GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE TEXTE n°II CONVENTION 2021 NOTRE APPRÉCIATION

GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

TEXTE II CONVENTION 2021

NOTRE APPRÉCIATION

du positionnement des différentes forces et des candidats potentiels

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Depuis les rencontres de Pau, n 2019, la pandémie du Covid n’a pas permis de tenir de nouvelle rencontre nationale de notre réseau.

À 18 mois des échéances nationales de 2022 (présidentielle et législatives), il est nécessaire de préciser le rôle que la Gauche démocratique & sociale (GDS) entend tenir. À cet e et, son équipe d’animation nationale a décidé d’ouvrir la préparation d’une Convention nationale qui se tiendra au premier trimestre 2021.

PRÉPARER DÈS MAINTENANT 2022

Cette convention est ouverte à toutes celles et tous ceux qui veulent participer au débat*. Tout adhérent à jour de cotisation 2020 pourra voter. Ce texte national est destiné à préparer ladite convention. Il reprend :

- notre analyse de la situation à 18 mois des échéances de 2022 ;
- notre appréciation du positionnement des dif- férentes forces (et candidats potentiels) ;

- notre orientation pour un candidat commun et un contrat de législature commun à l’ensemble de la gauche et des écologistes ;
- les voies et moyens de faire valoir, dès mainte- nant, cette orientation en pointant les obstacles, ainsi que les avantages et inconvénients des dif- férents choix possibles.

À l’occasion de cette convention, le réseau de la GDS procédera à l’élection de son équipe d’ani- mation nationale.

SOMMAIRE

MODALITÉS DU DÉBAT

Dès réception de ce texte, tout adhérent pourra adresser une contribution pour nourrir la ré- exion et les décisions à prendre. Ces contribu- tions devront être limitées à 6 000 signes (deux pages word). Deux bulletins de discussion seront envoyés en janvier et février. Ils reprendront les di érentes contributions, ainsi que les amende- ments au texte national d’ouverture du débat. Pour préparer au mieux les débats, des contacts seront pris avec toutes les forces de la gauche et les écologistes, des comptes rendus seront envoyés à tous les adhérents pour que tous les éléments soient connus a minima dix jours avant la tenue de la convention nationale.

Des assemblées locales, départementales ou régionales seront organisées pour permettre un large débat. Les moyens seront déployés pour permettre la tenue de ces réunions en vi- sio-conférence.

Note

* Anciens adhérents, abonnés à la revue, sympathisants…
Il su t de renvoyer ses coordonnées à contact@gds-ds.org en précisant « convention 2021 » en objet. Le droit de vote sera réservé aux adhérentes et adhérents de la GDS.

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1. Les risques de fragmentation s’accentuent……………………………………………………………………………………..P. 2 2. Europe Écologie les Verts (EELV)……………………………………………………………………………………………………….P. 2 3. La France insoumise (FI)…………………………………………………………………………………………………………………….P. 3 4. Le Parti socialiste (PS)………………………………………………………………………………………………………………………..P. 5 5. Génération.s (G.s)…………………………………………………………………………………………………………………………………P. 6 6. Le Parti communiste (PCF)…………………………………………………………………………………………………………………P. 7 7. Les autres forces de gauche………………………………………………………………………………………………………………P. 7 8. En 2021, nous allons vivre plusieurs années en une seule……………………………………………………………P. 7

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Notre appréciation

du positionnement des différentes forces et des candidats potentiels

1. Les risques de fragmentation s’accentuent

La GDS a défendu depuis sa créa- tion publique, le 20 janvier 2018, dans toutes les luttes sociales et aux élections européennes de 2019, comme aux municipales de 2020, le fait qu’il n’y avait pas de gauche irréconciliable, et qu’il était possible d’empêcher la bipolari- sation, voire la tripolarisation de la gauche. En décembre 2020, ce risque est toujours là.

La déclaration de candidature de Jean-Luc Mélenchon a lancé unila- téralement la course aux candidats. EELV s’est xé un calendrier pour des primaires du pôle écologiste en septembre 2021. Si le principal dirigeant du PS avait annoncé o -

ciellement ne pas vouloir présenter de candidat socialiste et proposé à plusieurs reprises un seul candidat unitaire, l’hypothèse d’une candida- ture Hidalgo est venue brouiller le message.

Benoît Hamon a rme que Jean- Luc Mélenchon pourrait être son candidat « s’il est unitaire », puis propose Christiane Taubira, et re- vient en force sur le revenu uni- versel qui, selon lui, devrait être au cœur d’un programme présidentiel. Arnaud Montebourg essaie de se construire un espace politique. Lutte ouvrière se présente. Le NPA en crise s’interroge (certains sur un éventuel soutien à Jean-Luc Mé-

lenchon, d’autres sur une candida- ture autonome de Philippe Poutou). On en est en n 2020 à cinq ou six candidats de gauche, c’est-à-dire à la défaite assurée. La guerre des gauches remplacera la guerre contre Macron. Nul ne sera au se- cond tour.

La GDS milite pour un rassemble- ment large, sans hégémonie ni ex- clusive à gauche. Les principales formations de la gauche (EELV, LFI, PS, PCF) n’en prennent pour l’ins- tant, chacune à sa manière, pas le chemin, malgré la pression unitaire de leur électorat.

fectifs encore modestes (environ 10 000 adhérents) avec un nombre total d’élus encore faible et sans liens organiques avec le mouve- ment syndical (mais en relation étroite avec le milieu associatif). Comme tout appareil, celui d’EELV est marqué par une vie interne bu- reaucratique, mais il porte malgré tout, quoique de façon déformée, les aspirations multiples de ses membres. Les idées, en son sein, varient d’une gigantesque aspira- tion humaniste et révolutionnaire aux calculs les plus politiciens et égoïstes pour des postes.

Son positionnement est éclairé dans les documents o ciels de EELV et de tous ses courants par la référence indi érenciée aux plate- formes « Plus Jamais » (autour de la CGT, de la FSU, de Solidaires, At- tac, Oxfam…) qu’à celle du « Pacte du pouvoir de Vivre » (autour de la

2. Europe Écologie les Verts (EELV)

EELV béné cie, outre de l’irruption des questions environnementales sur le devant de la scène, du ta- bleau général de la gauche : d’un côté, le PS qui a considérablement reculé, et de l‘autre, le comporte- ment non-unitaire dans laquelle la FI s’est enfermée.

Mais c’est une illusion totale de croire qu’il y aurait un nouveau « centre » entre la gauche et la droite. La lutte de classes ne laisse pas d’espace en France entre le salariat puissant et l’actionnariat avide.Iln’yapasde«centre»nide « milieu ». Il n’y a pas de programme écologiste indépendamment du pro- gramme social de la gauche. L’his- toire de l’écologie en France est liée à la gauche. Tous les écologistes qui, par vagues successives, ont voulu se distinguer de la gauche ont rapi- dement sombré à droite.

Pour nous, il ne peut pas y avoir

d’écologie sans anticapitalisme ni d’ailleurs d’anticapitalisme sans écologie. Pourtant, il y a des forces de l’écologie politique qui ne se sentent pas liées à la gauche : CAP 21 de Corine Lepage – dont les quatre députés siègent à l’Assem- blée nationale dans le groupe La- Rem –, Génération Écologie dirigée depuis 2018 par Delphine Batho, ainsi que l’Alliance écologiste indé- pendante qui se présente sur son site comme une mouvement poli- tique rassemblant « des citoyens engagés en politique au-delà du clivage gauche/droite ».

Au sein de EELV, le courant « ex-Eu- rope Écologie », aujourd’hui repré- senté par Yannick Jadot, a fourni des ministres (Pompili et De Rugy) des députés européens (Pascal Can n) et des propagandistes (Da- niel Cohn-Bendit) à LaREM.

EELV est une organisation aux ef-

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CFDT). Cela s’est ressenti dans les divisions du mouvement au mo- ment des lois Travail ou encore de la mobilisation contre la retraite à points.

EELV béné cie actuellement de la recherche, par une fraction de l’électorat, d’un chemin alternatif, du fait de la division et de l’a aiblis- sement du cœur traditionnel de la gauche. Les élections européennes étant toujours propices à des pous- sées atypiques, EELV en a béné – cié en 2019 – comme d’ailleurs en 2009. Aux municipales, il n’y a pas eu de « vague verte », mais des va- gues roses-rouges-vertes. Quand ils se sont présentés seuls contre des listes unitaires, les écologistes ont été battus (Marseille, Mont- pellier, Le Havre, Paris, Nantes, Rennes). Même à Lyon, Strasbourg et Bordeaux, leurs « victoires » les plus retentissantes l’ont été en réa- lisant des listes unitaires.

EELV cherche depuis les munici- pales à transformer l’essai de deux manières :
> engranger des victoires aux ré- gionales et départementales de

2021 au nom du pôle écologique en refusant toute alliance avec le PCF, le PS ou FI ;
> s’agrandir en absorbant les autres petites forces de l’écologie politique regroupées au sein de ce pôle, notamment Cap 21 et Généra- tion Écologie.

Le noyau dirigeant espère que cette stratégie lui permettra d’asseoir la légitimité, comme candidat natu- rel de la gauche à la présidentielle, de celui ou celle qui emportera la « primaire écologiste » prévue pour septembre 2021. À ce stade, quatre candidats sont déclarés (ou presque) : Yannick Jadot et Éric Piolle, Sandrine Rousseau et San- dra Regol.

Yannick Jadot incarne l’orientation selon laquelle EELV peut prospérer en récupérant les déçus de gauche du macronisme. Sa campagne eu- ropéenne profondément droitière est l’illustration d’une orientation pro-business refusant le clivage droite/gauche. Il prétend que c’est « l’ère de l’écologie » pour asseoir une rupture avec les traditions d’une gauche divisée et paraly-

sée. C’est en partie la recette des européennes de 2019. Ainsi Jadot a-t-il exclu la possibilité d’une al- liance avec Mélenchon, qu’il consi- dère comme un repoussoir pour cet électorat plutôt modéré. Cette ligne stratégique est suicidaire : elle fracture la gauche en théori- sant à nouveau les « deux gauches irréconciliables ». Et elle déroule mécaniquement le tapis rouge au « duel » Macron-Le Pen.

Piolle de son côté joue la carte de l’union de la gauche qu’il appelle « l’arc humaniste ». Il s’est déplacé à la fois à l’université d’été de la FI et à celle du PS, et met en avant son bilan à la tête d’un exécutif munici- pal de gauche plurielle. Éric Piolle semble avoir les faveurs de la ma- jorité de la direction et des adhé- rents d’EELV, et sa désignation, à la condition expresse qu’elle s’éman- cipe de la démarche « identitaire » du pôle écologiste, pourrait favori- ser la perspective d’un accord n 2021 entre toutes les composantes de la gauche.

Quelqu’un qui assume l’ambiguï- té avec l’autoritarisme macronien et les connivences avec le monde des a aires ». Il avait déjà fait cela lorsque Benoît Hamon avait empor- té la primaire du 29 janvier 2017, puisqu’il avait déclaré « regretter » François Hollande. Il est si peu désireux d’unité qu’il préfère un « ennemi » déclaré plutôt qu’un Oli- vier Faure lorsque celui-ci propose l’unité. Les plus proches sont les ennemis, c’est la marque du sec- tarisme qui a fait tant de ravages dans l’histoire de la gauche.

La FI s’est insu samment installée depuis trois ans dans le paysage politique hexagonal à cause de ce refus d’unité et parce que, plutôt que de construire un parti plura- liste et démocratique implanté, elle

3. La France insoumise (FI)

Sanssurprise,Jean-LucMélenchon a été le premier à annoncer sa can- didature, à 18 mois de l’échéance présidentielle. Comme la fois précé- dente, il l’a proclamée unilatérale- ment, selon la théorie que « la force va à la force » et selon laquelle, en menant la « course » en tête, il obligera les autres à se rallier à lui. C’est un des facteurs qui a conduit à la défaite du 23 avril 2017.

Car si, en dernier ressort, des élec- teurs peuvent assurément et sans condition se rallier in ne au vote utile, cela ne su t pas – on l’a déjà véri é en 2017. C’est encore plus évident aujourd’hui, pour qui vou- drait mobiliser celles et ceux qui ont des préjugés et des réticences ancrés – soigneusement nourris par les grands médias – à l’endroit

du tribun insoumis. Pour passer au second tour, il faut convaincre le ban et l’arrière-ban des élec- teurs potentiels de gauche et donc construire des arguments, des mo- tivations politiques, des accords qui le permettent. Or, la ligne de la FI, pour les présidentielles, c’est le refus d’envisager une quelconque alliance, même si Jean-Luc Mélen- chon vient de faire une o re en di- rection du PCF (pour peser sur ses débats internes ?).

Seule concession apparente : Jean- Luc Mélenchon a proposé de discu- ter… mais uniquement de son pro- gramme ! Et avec pour date limite octobre 2021. Il est allé jusqu’à se réjouir de la sorte à propos d’une possible candidature d’Anne Hi- dalgo : « En n quelqu’un au PS.

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a été réduite délibérément à n’être qu’une machine présidentielle, un « mouvement gazeux » ainsi que la quali ent ses dirigeants.

Si elle a obtenu 17 députés en juin 2017, c’est avec environ 7 % des voix. Aux européennes, elle a obte- nu autour de 6 %. Aux municipales, élection « reine » de la proximité, elle n’a pas su se situer, tantôt al- liée au PS, tantôt en binôme avec EELV, tantôt alliée à toute la gauche, tantôt solitaire au risque même de faire perdre la gauche. Le résultat de ces choix éclectiques n’a pas été brillant. C’est pour cela que la can- didature de Jean-Luc Mélenchon est encore plus discutable qu’en 2016. Il lui aurait été possible en trois ans de construire, consolider uni er, mais ça n’a pas été le cas. Quand la vingtaine d’organisations syndicales, associatives et envi- ronnementales regroupées au sein du collectif « Plus jamais ça » ont interpellé les partis politiques de gauche, le 20 mai 2020, le premier à faire obstruction a été Jean-Luc Mélenchon qui a refusé une décla- ration commune des partis en sou- tien au collectif unitaire, alors que c’était une occasion exceptionnelle à saisir. Il en fut de même, hélas, le 9 juillet, lorsqu’il y eut une seconde réunion autour de ce projet. Cela a permis au PS, au PCF et à EELV de ne pas répondre de façon favo- rable et active à la démarche de « Plus jamais ça » – en dépit du fait que nous les ayons sollicités dans une lettre commune signée avec Ensemble!, Génération.s et Place Publique.

Pourtant, Jean-Luc Mélenchon lui- même a constaté que, dans 90 % des cas, la gauche votait de la même façon à l’Assemblée : ce qui a aiblit pour le moins la théorie des « deux gauches irréconciliables ». Nous avons publié des « tableaux com- parés de 14 projets émanant de groupes de gauche », dont la LFI, et la conclusion est sans appel : il y a 80 % de points d’accord. En exami- nant spéci quement le programme

de la LFI et celui d’EELV, nous avons constaté 29 points communs subs- tantiels entre les deux.
Par ailleurs, au sein même de la FI, des voix (notamment François Ru n et Clémentine Autain, même s’ils ne sont pas les seuls au sein du groupe parlementaire) se font entendre, qui avancent l’idée d’uni- té de la gauche. À la base, d’une ville à l’autre, d’une région à l’autre, les positions des « groupes d’appui » sont di érentes : certains mili- tants et dirigeants anciens et expé- rimentés ont claqué la porte pour protester, d’autres appliquent une ligne en pratique bienveillante avec le reste de le gauche. En n, un son- dage IFOP dans L’Humanité, publié en septembre 2020, annonçait déjà que 71 % des sympathisants de gauche voulaient une candidature unique pour les présidentielles, et même73%àEELV,77%chezles communistes, 79 % dans la mou- vance insoumise et 88 % au Parti socialiste et à Génération.s.

Quoi qu’il en dise, Jean-Luc Mé- lenchon est soumis à une pression unitaire considérable : c’est pour cela qu’il a proposé d’ouvrir un dé- bat sur « son » programme. Cette proposition n’est toutefois pas la solution pour bâtir une plateforme commune.

Nous continuons donc d’insister, de batailler par tous les canaux possibles, avec – nous l’espérons – la force des militants unitaires convaincus, pour que ce débat s’ouvre sans exclusive ni hégémo- nisme, et que toute la gauche se mette autour d’une table, à partir des propositions respectives de chaque formation, pour rédiger une plateforme commune en 8, 10, ou 12 points essentiels, susceptible de faire gagner un candidat commun et de construire une majorité pour cinq ans de législature de gauche. En recherche d’alliés pour les régio- nales, la FI a pris l’initiative d’écrire à l’ensemble des forces de gauche – sauf au Parti socialiste – pour en- visager des listes communes. Nous

avons donc eu une rencontre avec eux et avons rédigé un communi- qué commun GDS-FI en septembre 2020. La France insoumise nous a contactés dans chacune des ré- gions où nous existons. O ciellement, elle annonce vou- loir découpler départementales, régionales et présidentielle. Ce dé- couplage est sans doute dû à leur prise de conscience que lier toutes les élections serait hasardeux, tant est grand le décalage entre la noto- riété nationale de Jean-Luc Mélen- chon et la force électorale de la FI au niveau local.

Nous pouvons noter quelques avan- cées programmatiques de la FI :
> le passage d’un républicanisme prétendument universaliste(comme il nous le faisait subir au sein de la Gauche socialiste) à un combat contre le racisme envers les musulmans (voir sa déclara- tion sur la loi contre le « sépara- tisme ») et en tenant compte des minorités, notamment lorsqu’il re- prend l’expression de « créolisa- tion » d’Édouard Glissant ;

> l’abandon de l’idée de quitter l’UE au pro t du thème de la dé- sobéissance aux traités, si néces- saire, pour appliquer une politique « socialiste ».

En revanche, l’interview de Jean- Luc Mélenchon en octobre dans L’Obs est plus problématique. No- tamment les formules à propos d’un éventuel président « insoumis » appelé à « se concentrer [...] sur les tâches qui engagent l’identité de la nation », mais aussi à propos du « compromis » à conclure avec « le patronat national » ou encore de la démocratie réduite à n’être qu’un vulgaire « système nerveux »…

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4. Le Parti socialiste (PS)

LePSaétésurle ldurasoir.Ilau- rait pu disparaître et changer de na- ture de classe, s’il avait suivi Macron. Il en était à deux doigts. Environ 20 % de ses e ectifs et surtout de ses cadres sont passés à LaREM. En juin 2017, Stéphane Le Foll s’écriait : «EnFranceiln’yaplusqueLePen ou Macron ». Olivier Faure, avec le gros du groupe parlementaire, s’abstenait lors du vote de con ance au gouvernement Macron-Philippe, assurant même qu’il « souhaitait sa réussite ». Le PS est passé en dix ansde180000àmoinsde30000 membres et il a modi é ses statuts pour empêcher tout débat interne. Il paie durablement la trahison de Hol- lande-Valls aux yeux des millions de salariés dont il n’a pas défendu les intérêts.

Sa gauche a quitté le parti pour aller fonder d’autres organisations :
- en juillet 2017, autour de Hamon, s’est constitué Génération.s ;

- début 2018, les militants regrou- pés autour de la revue D&S ont fon- délaGDS;
- n 2018, Maurel et Lienemann ont construit la GRS (en fusionnant avec les restes du MRC).

Le PS abrite toujours une aile droite en continuité avec le social-libéra- lisme et la politique menée par les gouvernements Hollande autour de Le Foll, Patrick Kanner, Cazeneuve. Il est dirigé par un « centre » autour de Faure qui a réussi à garder la tête du parti hors de l’eau précisément en prônant une politique unitaire pour battre Macron. Mais cela dure- ra-t-il ?

Le PS est considérablement a aibli aussi bien sur le plan militant que sur celui des élus et de l’appareil : il ne conserve que 29 députés sur les 295 de la mandature précédente, 65 sénateurs, cinq régions sur treize, une ville sur trois, un département sur trois. Ce qui est cependant loin d’être négligeable. L’a aiblissement du PS ouvre une fenêtre de tir pour que nous tentions

de reconstruire la gauche et son unité sur un nouvel axe en rupture avec ses orientations libérales. Mais sa survie est due au choix qu’il a laborieusement fait de l’unité de la gauche et de l’opposition à Macron. Et nous savons que, tant qu’elle n’est pas remplacée physiquement, une organisation traditionnelle de la gauche ne disparaît pas. Elle peut même se reconstruire ; on l’a vu dans les cent ans d’histoire du PS où, selon les circonstances politiques et les rapports de force, il n’a cessé de connaître des hauts et des bas. Ce parti a la tête dans les institutions et l’oligarchie, mais il ne peut survivre sans puiser sa force électorale dans le salariat (ce qui était l’essence même de ce que l’on a pu quali er de parti « ouvrier-bourgeois »).

À l’université d’été du PS, Olivier Faure a même expliqué qu’il voulait « un candidat commun qui ne soit pas socialiste, ni vert, ni commu- niste, ni insoumis, mais qui soit tout çaàlafois».Etilaajouté:«Lafolie ce serait d’avoir quatre ou cinq can- didats de gauche ». Il est même allé jusqu’à préciser : « Si Mélenchon doit être candidat, c’est au travers d’une candidature collective ». Puis : « S’il y a des désaccords, ils doivent être tranchés publiquement par un vote démocratique populaire ». Nous ne pouvons que souscrire à la conclusion du Premier secrétaire : « Rassemblons-nous d’abord sur les idées et désignons ensuite le candidat pour les porter ».

C’est un discours clair, qu’il convient de saisir au pied de la lettre. Car Faure est soumis, dans son posi- tionnement, à la pression de sa base et il ne le maintiendra peut-être pas si, en pratique, l’unité n’avance pas. Il semble en e et y avoir plusieurs langages et sans doute beaucoup de non-dits au sommet du parti. La possible candidature d’Anne Hidal- go n’est-elle pas, en la matière, déjà venue modi er les scénarios écha- faudés par Olivier Faure ?

Les débats sur la laïcité, aussi légi- times et importants qu’ils soient, ont été menés par Olivier Faure et Anne Hidalgo avec le choix d’attaquer EELV et la FI. Cette volonté d’a r- mer une identité spéci que du PS sur ce sujet contredit les déclara- tions unitaires préalables d’Olivier Faure. Chacun le sait, la vraie ur- gence pour le PS serait d’a ronter la question sociale car, sur ce plan, le PS n’a pas beaucoup évolué de- puis 2018.

Le congrès du PS qui semblait devoir donner 90 % des voix à Olivier Faure été reporté en mai, et des opposi- tions diverses se manifestent dans l’appareil. L’appel à motion d’Hélène Geo roy, maire de Vaulx-en-Velin, a un but unique que l’on peut résumer ainsi : « le PS doit avoir son candidat ». C’est aussi la position de François Hollande et de ses amis, Stéphane Le Foll et Cie, bien qu’ils n’aient ob- tenu que 18 voix contre 119, lors du Conseil national du 13 septembre. Hollande va même jusqu’à mena- cer de scission, appelant « à une nouvelle force politique à gauche ». Le lobbying d’un Laurent Jo rin va dans le même sens.

Le PS restera paralysé et inaudible tant qu’il ne se sera pas nettement démarqué dans l’opinion de gauche des trahisons du quinquennat Hol- lande-Ayrault-Macron-Valls. Quand Olivier Faure a timidement rejeté le CICE « sans contreparties » et la « loi El Khomri qui n’était pas néces- saire », il s’est certes rendu ennemi des « hollandais », mais il n’a pas pour autant dissipé la mé ance pro- fonde des salariés contre le PS. Des millions de voix socialistes sont en déshérence et se tournent vers l’abstention. Mais les pesanteurs sont lourdes et il faut noter qu’en étant unitaire à sa façon (humble là où il est minoritaire, souvent hégé- moniste là où il est majoritaire), le PS a réobtenu des résultats posi- tifs pour lui aux municipales 2020. Il a gardé ses villes principales (Pa-

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ris, Lille, Rennes, Nantes.. .) et en a gagné d’autres avec des candidats plus jeunes (Montpellier, Nancy…). Cela ne lui a été possible le plus souvent qu’à la condition de paraître anti-Macron et unitaire à gauche. Alors qu’il n’est plus hégémonique, le PS résiste parce qu’aucune force (ni la FI ni EELV) n’a su et voulu pro- ter de sa situation avantageuse (la FI après les présidentielles, EELV

5. Génération.s (G.s)

Au lancement de Génération.s, l’es- poir de Benoît Hamon et de son mouvement était de devenir la force incontournable autour de laquelle pourrait se reconstruire la gauche. Les 3,7 % des européennes ont été un cuisant désaveu. Benoît Hamon et de nombreux cadres ayant perdu leurs mandats électoraux se sont éloignés du devant de la scène (au moins temporairement pour le fon- dateur du mouvement).

Sous la direction de Guillaume Ba- las, Génération.s a tenté de jouer un rôle de trait d’union à gauche, de « plaque tournante » entre EELV, la FI, le PS et le PCF. Il a participé à toutes les initiatives unitaires, y compris – avec la GDS – au « Big Bang » de Clémentine Autain. Il mettait ainsi en avant l’idée d’une « Maison commune de la gauche et de l’écologie ». Dans cette période, le mouvement a eu une ligne très proche de la nôtre sur la question de l’unité.

En mai dernier, EELV a proposé à toutes les forces de gauche et de l’écologie de co-organiser une uni- versité d’été commune. Quelques semaines plus tard, la direction a rétréci le champ des organisateurs, la limitant à ce qui deviendra le « pôle écologiste » comprenant, outre EELV, Cap 21, Génération Écologie, l’Alliance écologique indépendante et Génération.s.

Lors de sa convention de novembre 2020, trois textes ont été soumis à la discussion :
> « Pour que l’écologie rassemble

après les européennes). En lieu et place d’une politique réellement unitaire leur permettant de devenir la force centrale de la gauche, la FI d’abord, EELV ensuite, ont adop- té une position d’auto-a rmation sectaire, et échafaudé une poli- tique hégémoniste ruinant en fait la possibilité qui était alors la leur de prendre la place laissée vacante par le PS. Tant que le reste de la gauche

la gauche », envisageant une fu- sion rapide avec EELV. Ce texte a obtenu 26 % des voix ;
> le texte « Construire la Maison commune. Penser et fonder la gauche de demain » (soutenu par Claire Monod) qui réa rmait la perspective d’une « maison com- mune de la gauche et de l’écologie », n’a pas été mis au vote, ses ani- mateurs choisissant d’amender le texte central ;

> le texte central « Utiles pour l’avenir » (présenté par Sophie Tai- lé-Polian et Benjamin Lucas, soute- nus par Benoît Hamon).

Ce dernier proclame que « l’éco- logie politique, et EELV singulière- ment, doivent occuper une place centrale dans la recomposition » et poursuit de la sorte : « Après plu- sieurs années de fracturation, nous sommes convaincus que s’ouvre à présent le temps de la reconstruc- tion de la gauche autour de l’éco- logie politique, seul germe fécond pour renouveler le modèle de so- ciété alternatif au monde actuel. Nous a rmons notre détermina- tion à construire la nouvelle force de l’écologie sociale et démocra- tique. Cela peut être réalisé dans une première étape : la consoli- dation du pôle écologiste qui se structure actuellement autour de plusieurs formations politique dont Génération.s »

Pour les régionales, G.s a choi- si de mener le combat au sein du pôle écologiste. Participeront-ils à sa primaire prévue en septembre

ne lui propose pas l’unité et ne le prend pas au mot, on lui laisse ain- si un espace de reconstruction. Les moments que nous vivons seraient pourtant l’occasion pour une gauche intelligente de l’entraîner dans un front de gauche dynamique auquel son appareil a aibli aurait du mal à résister.

2021 ? Le débat risque de rebon- dir en son sein, entre ceux qui vont privilégier le pôle « écolo » et ceux qui sont favorables à une maison commune de la gauche et de l’éco- logie. La synthèse opérée lors de cette convention reste sur ce point au minimum ambiguë.

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6. Le Parti communiste (PCF)

Le dernier congrès du PCF de no- vembre 2018 avait écarté (malgré des résultats assez serrés) l’idée de recommencer à soutenir Jean- Luc Mélenchon comme lors des deux échéances présidentielles précédentes. Pierre Laurent a été remplacé à la tête du parti par Fa- bien Roussel, avec l’objectif a ché de présenter des candidats com- munistes à chaque élection. Mais depuis trois ans, est-ce que l’hypo-

thèse d’une candidature indépen- dante du PCF à la présidentielle s’est trouvée confortée ? Di cile de ne pas répondre par la négative. Une telle démarche paraît totale- ment déconnectée de la réalité à la fois de la situation politique et du parti lui-même. Un candidat PCF serait entre 2 à 3 % avec une bonne campagne et ne prendrait des voix qu’à gauche – donc des voix sous- traites au candidat le mieux placé,

qui risquerait du même coup de ne pas accéder au second tour.
Le dernier Conseil national du PCF a dé ni son calendrier en vue des échéances de 2022. Une confé- rence nationale les 10 et 11 avril prochain, puis un vote des adhé- rents du 7 au 9 mai détermineront qui sera le candidat des commu- nistes à la présidentielle.

mais clairement orienté vers un front unique de toute la gauche, associant et dépassant tout à la fois les orga- nisations.

Mais ces organisations sont aussi tiraillées par l’attraction qu’exercent sur elles les trois « grandes » orga- nisations de la gauche. Pour attirer à elles, il faut qu’elles se mettent en mouvement. Car sinon ce sont les autres forces qui les satelliseront. En témoigne la trajectoire de Géné- ration.s, qui n’a jamais formellement refusé nos propositions, tout en fai- sant le choix du pôle écologiste.

Tout cela nous indique combien chaque composante de la mosaïque de la gauche in uence les autres. Tout se tient et tout peut donc bouger. Rien n’est joué.

7. Les autres forces de gauche

Beaucoup de ces forces de gauche (Ensemble!, PEPS, Place publique, Nouvelle donne, GRS, R&S, NPA) sont expérimentées, ont des militants de valeur et sont capables d’élaborer, d’agir, d’argumenter, de peser cha- cune à leur niveau sur le cours de ces événements.

Quand Jean-Luc Mélenchon refuse l’unité, il avantage les pro-Jadot au sein d’EELV et les anti-Olivier Faure du PS. Quand ce dernier renouvelle ses o res unitaires, il encourage par la même occasion les unitaires de la FI et d’EELV. Quand Anne Hidalgo s’en prend frontalement aux éco- logistes ou à la France insoumise, elle attise les sentiments anti-PS des militants de ces forces et même au-delà. Quand le PCF a rme, avec Fabien Roussel, qu’il y aura un candi- dat communiste, cela ouvre un débat dans le PCF, et certains comme Ma- rie-George Bu et rejoignent Mélen- chon ; c’est aussi une forme d’enga-

gement unitaire.
Quant au Nouveau parti anticapita- liste (NPA), une scission semble pos- sible lors de leur prochain congrès. D’une certaine façon, à l’instar du PCF, le NPA aura à choisir s’il décide d’une candidature identitaire comme le fait toujours Lutte ouvrière (LO).
Si toutes ces forces s’étaient liguées dans un front commun, dans un « co- mité de liaison » comme la GDS en a défendu l’idée depuis trois ans avec comme principal objectif de faire avancer la cause de l’unité, leurs voix auraient été décuplées. Il y aurait un « pôle » central, capable d’empêcher la centrifugation, le clivage entre, d’un côté, un pôle autour d’EELV et, de l’autre, un pôle « insoumis ». De façon imagée, nous nous présentons volontiers comme une petite roue se mettant en mouvement pour faire tourner une roue plus grande, et ain- si de suite. Nous sommes partisans d’un front unique certes « partiel »,

8. En 2021, nous allons vivre plusieurs années en une seule

Nous entrevoyons un double hori- zon dans les prochains mois : la n du con nement et l’a rmation des luttes sociales, tant il est vrai que le pays est comme une cocotte-mi- nute. Le couvercle est maintenu, mais la pression monte.

Ensuite, ce seront les élections ré- gionales et départementales, un nouveau test où, si nous sommes

unis, nous balaierons LaREM. Si la gauche est en revanche désunie, aucune dynamique de gauche ne se dégagera, et LaREM, LR, RN s’en sortiront.

En n, ce sera l’automne où des mil- lions d’électeurs de gauche verront les délais se resserrer et la me- nace de perdre comme en 2017 se renouveler ; ce seront les primaires

d’EELV et la date limite xée unila- téralement par Mélenchon. Le dé- bat unitaire fera rage et obligera les appareils petits et grands, ainsi que leurs « chefs », pris à la gorge, à répondre.

Ce sera la dead line pour une plate- forme commune, pour des pri- maires éventuelles.

7 | CONVENTION GDS 2021

 

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