A contre-pied des dernières de Mélenchon

Pour prendre le contre-pied, il le mérite, d’un des derniers interviews de Jean-Luc Mélenchon, il ne doit pas y avoir, et il n’y aura pas de « renversement d’alliance » à gauche, sinon c’est toute la gauche qui meurt du PS à LFI.

C’est lui Mélenchon qui a déclaré le premier, le 16 février 2025, que le NFP était « une alliance toxique » et que cela avait été « une grosse bêtise » que de l’avoir signée. Tout ça pour imposer une candidature présidentielle de LFI envers et contre tous en exigeant unilatéralement avec le maximum de fracas une élection anticipée.

Bien sûr, Mélenchon peut prendre, contre la NUPES ou le NFP, des exemples de faute politique majeure de la part du PS (refus d’un siège LFI en été 2022 aux sénatoriales) ou, plus grave, des Écologistes (refus d’une liste commune aux Européennes de 2024). Mais au lieu de s’en régaler et « d’acter » à répétition de façon jouissive la division, il aurait dû normalement mener le combat idéologique contre ces éléments de rupture afin de les dépasser et surpasser.

Parce que l’union (que ce soit la NUPES ou ensuite le NFP) représente un enjeu stratégique supérieur aux différentes et finalement assez réductibles péripéties qui l’entravent.

D’abord l’union n’est pas et ne peut pas signifier l’unité de pensée.

La gauche est pluraliste, et les décennies d’histoire de la gauche ne peuvent être effacées. Les traditions sont profondes, et anciennes, il faut faire avec, et ne pas s’étonner des difficultés rencontrées à chaque sinuosité.

L’union c’est l’unité d’action : elle est précisément conçue pour résister aux différences propres à chacun, le droit de penser et réagir différemment, et le choix malgré tout d’agir au maximum en commun par-dessus les obstacles qui se dressent.

Tant qu’ils ne sont pas fusionnés dans un grand parti démocratique (et même sans doute après, mais avec moins d’âpreté après un nouveau congrès du Globe, on peut l’espérer), les appareils des organisations de la gauche EELV, LFI, PCF, PS (et d’autres plus petits), ont tendance à défendre leurs intérêts propres (leur esprit de boutique, dira-t-on).

Et alors ? la qualité de l’union dans l’action est précisément de surmonter ça

L’exercice de l’union implique une puissante volonté d’aboutir, un savoir-faire, une diplomatie, un respect, une écoute, et surtout une action capable de surmonter les divergences qui surgissent sur le chemin.

Il y a une obligation de résultat car le salariat, classe exploitée immense de notre pays, base sociale de toute de la gauche est composé de multiples courants et sensibilités. C’est une mosaïque géante mais il est impossible de gagner aussi bien dans les luttes, que dans les urnes, sans en rassembler la majorité écrasante. Pas seulement dans un front républicain défensif face à l’extrême droite, mais dans un front de classe combatif offensif pour prendre le pouvoir et disposer de forces sociales puissantes pour transformer la société en profondeur.

L’existence, la nécessité d’union correspond à cela : la façon dont Mélenchon traite de façon subalterne l’union, signe puis rompt avec la NUPES, puis le NFP, embrasse tantôt Olivier Faure en pleine place de la République puis le place un an après, en équivalence sur une même affiche LFI en médaillon vis-à-vis avec Le Pen, démontre qu’il ne veut pas comprendre que cette question est stratégique et qu’elle implique toute la gauche, toute la classe salariale et n’est pas subordonnable aux seuls intérêts et variations ni de son appareil LFI ni de ses humeurs.

Quand Mélenchon avait choisi de lancer une querelle sémantique violente autour des mots « terrorisme », « crimes de guerre » en octobre-novembre 2023, cela avait divisé cruellement toute la gauche, provoqué des manifestations opposées, au point qu’il avait « acté la mort de la NUPES » à cause de cette division idéologique, de ces cris et cortèges séparés. Et pourtant six mois après, en juin 2024, il signait le NFP ou, en moins de 20 lignes il y avait un accord sur la Palestine. Fallait-il que la querelle sémantique théorique, pratique, d’octobre 2023 ne soit pas si profonde ni décisive qu’elle ne puisse empêcher un accord sur un contrat de gouvernement six mois plus tard ? Mélenchon zigzague : en octobre 23, il les accuse d‘être des supplétifs de Netanyahu, en juin 24, il formule avec eux quatre points clefs d’un cessez le feu (reconnaissance de l’État Palestinien, embargo sur les armes contre Israël, sanctions contre Netanyahu, suspension de l’accord UE-Israël).

Disons-le avec fermeté : ce fut une faute de rompre la NUPES en 23 alors qu’il y avait déjà accord sur ces points et qu’en 24 ils faisaient consensus. C’est une faute aujourd’hui encore de considérer que le NFP est rompu.

Quand le Parti socialiste, travaillé par ses démons internes, choisit de refuser la censure a priori et estime face à Bayrou puis, malgré son congrès du 15 juin 2025,  face à Lecornu 1 et 2, qu’il faut « négocier », tenter le jeu parlementaire sans 49-3, amender, œuvrer à arracher pied à pied des concessions sociales… Cela se discute mais sans mériter de crier à la trahison.

On peut ne pas être d’accord (et je ne le suis pas précisément parce que cela nourrit la division, je suis pour la censure, l’abrogation des 64 ans vers 60 ans…  ) mais autre chose est de dénoncer comme le fait avec surenchère Mélenchon, une trahison permanente, « une nouvelle alliance des centres » « la macronie de gauche » la grande coalition avec la droite » (sic) » la volonté d’’inclure le RN dans leur arc républicain » (sic). Tant que le PS le nie, refuse toute compromission en acte, n’est pas au gouvernement, quel intérêt de le pousser au crime, ou de faire comme s‘il l’avait commis ? Mieux vaut lui tendre les bras jusqu’à ce qu’il revienne au NFP sans exclusive !

D’autant que la réunion de Cergy, opposée à celle de Trappes, le week-end des 15 et 16 novembre, a jeté les dés et posé une redoutable question qui entraine logiquement une nouvelle scission : d’un côté le lugubre rassemblement Cazeneuve Glucksman, Cazeneuve, Hollande, Le Foll, Rebsamen, Méadel, Delga, se proclame vouloir imposer un candidat on ne sait comment mais sans primaire, de l’autre le rassemblement dit du NFP27 du 2 juillet à Bagneux, avec Castets, Ruffin, Faure, Tondelier, Autain, appelle à un candidat unitaire de toute la gauche, choisi a l’automne 2026 lors d’une grande primaire démocratique.

Dans ces conditions c’est un comportement incroyablement sectaire que celui de Mélenchon, alors que le bon et correct combat pour défendre l’union serait de dire au PS, fraternellement, « nous ne croyons pas que c’est la bonne voie, vérifiez si vous le voulez mais en fait Macron manoeuvre sans rien céder, nous autres voterons comme nous l’avons fait en début 2025 ce qui va dans le bon sens… et retrouvons-nous ! » D’autant que le calendrier très instable des événements « budget par ordonnances, par loi spéciale, nouvelle censure, dissolution, démission » ne dépend pas de nous, ni de la gauche, ni de LFI, mais d’une conjugaison de plus vastes facteurs parmi lesquels c’est la crise d’effondrement de la droite et ce sont les luttes sociales qui sont décisives.

L’essentiel, au-delà de l’actuel brouillard dû aux navettes parlementaires, devrait être de préserver au maximum l’union en dépit des tactiques différentes apparues. D’autant qu’en dépit des polémiques ostentatoires, les gauches votent pareil à 90 %.  L’essentiel est de ne pas insulter l’avenir et de permettre à nouveau dès que possible l’unité d’action.

Au lieu de cela Mélenchon multiplie les diatribes, les excommunications définitives, agite menace et chantage aux municipales, affirme à tout vent qu’il n’y aura aucune candidature commune, qu’il est « le plus fort à gauche », qu’entre le RN et LFI, c’est « eux ou nous » clame qu’à lui seul « il est le mouvement du peuple » ! C’est une voie que nous combattons car elle mène au désastre, sape les espoirs, s’oppose frontalement au 72 % des 9 millions d’électeurs du NFP qui veulent encore et toujours l’union et une candidature commune.

Gérard Filoche, le 19 nov.  à 19 h

A suivre : RN contre NFP, abrogation des 64 ans vers 60 ans pourquoi et comment ?  Charte d’Amiens et indépendance syndicale !

Des municipales unitaires ou perdues, de l’immigration fière et accueillie, du désarmement nucléaire mondial multilateral, de la Chine qui n’est pas une économie mixte !

Et de l’union immédiate, dont Mélenchon ne parle naturellement pas, mais qui doit nous préoccuper en urgence et au premier chef, un tremplin pour peser, à LAPRES, avec Générations et Debout

 

13 novembre 2015 : terreur barbare au cœur de Paris

13 novembre 2015 : terreur barbare au cœur de Paris

13 NOVEMBRE 2025 – 20:06

Après les 17 victimes des 7 et 8 janvier 2015, nous étions des millions au-delà des dessinateurs et artistes talentueux à dire ensemble “Je suis Charlie” !

Ce vendredi 13 novembre 2025, nous étions encore des millions à être visés: professeur, graphiste, informaticien, chercheur, serveur, restaurateur, juriste, éditeur, artiste, maquilleuse, étudiant, musicien, commercial, employé de banque, chauffeur, livreur, charpentier, communicant, administrateur, contrôleur des impôts, technicien, apprenti architecte, rugbyman, journaliste, avocat, douanier, programmateur, chanteur, sportif, rédacteur, brigadier…

Nos noms sont : Hyacinthe, Fabien, Lucie, Domi, Valeria, Matthieu, Victor, Cécile, Manu, Maud, Germain, Ludovic, Amine, Djamila, Yannick, Asta, Milko, Elif, Nohémie, Francois-Xavier, Gregory, Patricia, Elsa, Luis Felipe, Juan Alberto, Nick, Lola, Guillaume, élodie, Mayeul, Ariane, Alban, Manuel, Ciprian, Fabrice, Thierry, Baptiste, Quentin, hugo…

129 morts, 350 blessés : ils venaient de Venise, de Suresnes, de Berlin, du Burkina Faso, de Neuilly, de Montpellier, de Normandie, de Tarbes, de Marne-la-Vallée, d’Asnières, de Cherbourg, de Ceyrat, d’Épervans, de Biarritz, de Californie, de Lambersart, de Madagascar, d’Amiens, de Colchester, de Bobigny, de Saint-Tropez, de Tonnerre, d’Alsace, de Gondecourt, de Nancy, de Sancerre, de Bagnolet, du Congo, de Belgique, du Chili, d’Espagne, du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, du Brésil, de Suède, du Portugal, de Roumanie… renoi ou rebeu… 21 nationalités au moins, loin par-delà les frontières et le périphérique.

Ils étaient, nous étions, tous mélangés, car notre République n’est pas que tricolore, c’est ça notre pays, il est ouvert, accueillant, pluriel, multiculturel.

Ce n’était pas la race blanche, ni le cocorico chauvin, ni la décadence des riches, ni une quelconque “identité nationale” qui étaient ciblés c’était notre peuple si fécond, si joyeux et si divers. Le match de foot était international, un des restaurants s’appelait “le Petit Cambodge”, le rock était “hard”: ceux qui ont expliqué que “Charlie” était allé trop loin, que disent-ils? Que la musique était trop forte au Bataclan? Toutes les victimes avaient le même sang et la même joie de vivre.

Ce n’est pas une “nation” visée, c’est l’humanité entière qui est touchée.

Les assassins tuent sans distinction des athées comme des musulmans, des Arabes et des blancs, des Noirs et Asiatiques. Déjà dans de précédents attentats, les bombes étaient placées dans le métro ou devant chez Tati.

Ils ne cherchent pas à frapper ceux qui commandent les Rafales qui les bombardent, ils nous tuent, nous, les gens en mobylette.

Ils n’ont aucun autre message : ils ne cherchent pas à aller frapper des dirigeants et élites, des cibles militaires ou des quartiers riches. Ils sont bien les pires ennemis du peuple, les tueurs de nos libertés comme de nos amours, de nos fêtes comme de nos droits du travail. On comprend les hommes et les femmes qui veulent échapper à leur emprise et se réfugient chez nous. Chacun de leurs attentats nourrit l’obscurantisme, les fanatismes, les racismes, les extrémismes de droite et leurs crimes sont pain béni pour tout ce qui sert la réaction, ils nous empêchent, en premier, de nous défendre nous, les salariés licenciés d’Air France, les hospitaliers surmenés, les chômeurs humiliés, les bas salaires et les retraités pauvres.

François Hollande, un court moment, a raison de dire alors  “Ce n’est pas une guerre de civilisation car ces assassins n’en représentent aucune”.

Mais il refuse d’aller jusqu’au bout : ce n’est pas non plus une guerre “entre nations”.

Ce n’est pas non plus une “guerre de religions”.

Ce n’est pas non plus “une guerre”.

Évidemment que ce n’est pas une “guerre entre nations” : les charognards, ignares assassins étaient de nationalité française et belge. Les autres, de même origine, qui commandent chez Daesh se sont mis en marge de l’humanité entière.

Ces crevures croyaient-elles tuer leur propre pays ? Elles avaient le même âge et parfois le même prénom que leurs victimes ! La réponse n’est pas de s’enfermer dans le tricolore, dans les chants patriotiques, dans les identités culturelles, dans la fermeture des frontières, dans la traque de l’étranger, de l’immigré, du réfugié, pour lutter contre eux. Les morts de vendredi 13 novembre ne sont ni blancs ni tricolores.

“L’union nationale” n’est pas une réponse.Comme le dit Noël Mamère : “L’union sacrée est une défaite de la pensée.” Philippe Martinez le dit aussi : “L’unité nationale n’est pas bonne pour les salariés et nos revendications.”

Alors pourquoi Hollande poussé par Sarkozy choisit-il cette absurdité de « déchéance de nationalité » comme « réponse » au crime barbare ? Pourquoi cherche t il une « unité nationale » (sic) pour faire une si médiocre loi de « déchéance de nationalité » et va t il s’égarer des mois la-dessus poussé par la droite ?

L’étranger est bienvenu chez nous.

L’immigré veut travailler comme nous.

Le réfugié veut justement échapper à l’enfer pour survivre avec nous.

Il ne s’agit pas d’un combat entre nations.

Évidemment qu’il ne s’agit pas d’une “guerre de religion”: les abrutis tueurs croyaient-ils faire justice pour leur “dieu” et frapper les mécréants, les apostats et les “croisés”?

Ce qu’ils retiennent de leurs bibles est la lecture la plus primate. 90% des motifs des assassins ne proviennent absolument pas de préceptes religieux – qu’ils ignorent – mais d’abord de leurs frustrations, de leurs échecs, de leur marginalisation, de leurs trafics impuissants et des haines antisociales qu’ils ont cultivées dans leur cerveau malade.

“Plus de 80% des victimes du prétendu djihadisme sont des musulmans”, selon Le Monde.

La réponse n’est pas de se claquemurer dans les églises et de fermer les mosquées pour opposer Dieu à Dieu.

Ce n’est pas une “guerre”, ni nationale ni religieuse: il n’y a alors ni état ni armée de “Daesh”, aucune légitimité à ce groupe, aucun projet humain universel à cette secte, c’est un terrorisme de déchet, une sous-production résiduelle catastrophique des terribles destructions commises par les interventions, les “ingérences” criminelles des grandes puissances pendant des décennies au Moyen-Orient. Ces déchets des guerres impériales ont encore une fonction: aggraver les résultats tragiques de celles-ci.

 

Gérard Filoche

 

Ça vote en haut, ça s’impatiente en bas

Les batailles parlementaires ne sont pas réputées gagnantes sans mobilisations dans les entreprises et dans les rues. Il n’y a pas d’exemple d’insurrection civique ni de grand jour institutionnel sans insurrection sociale. Pour gagner en haut, faut gagner en bas.

Droite, patronat, gouvernement Macron-Lecornu2 espèrent « passer sans casser » pour le budget 2026 : protéger les superprofits, bloquer les services publics, user la gauche hélas divisée, embringuer le PS avec eux en faisant le moins de concessions possibles pour durer jusqu’en 2027.

 

Ils ont peur : peur des résultats perdus d’avance par la macronie en cas de nouvelles élections anticipées si le projet de budget avorte.

 

Peur des luttes sociales qui grondent, après les 10 et 18 septembre, le 2 octobre, le 6 novembre : chaque jour, dans la métallurgie, la grande distribution, les transports, le salariat défend l’emploi, le respect de ses droits et partout le niveau de ses retraites et de son salaire net et brut. « Comme la fraise a le goût de fraise le salariat a le goût de la lutte pour le salaire. Et le salaire est l’indice du bonheur ». (1)

 

Pendant que là-haut, ça amende et ça alimente à n’en plus finir les plateaux de télé, en bas, ça s’impatiente depuis les grandes grèves de 2023. Une explosion menace : et ça, quand ça arrive, la bourgeoisie le sait d’expérience, et quoi que s’en glorifie Le Pen, ça ne penche pas à droite, ça va à gauche ! L’opinion est largement acquise à l’abrogation des 64 ans, à la taxe Zucman, aux impôts sur les riches.

 

La Bourse bat les records, c’est dû aux grosses entreprises d’armement, abreuvées de commandes de l’État (lesquelles augmentent, dès que la rumeur savamment médiatisée d’un drone passe au-dessus de nos têtes). Mais qui paie ce budget de guerre sur injonction de Trump destiné à atteindre 5 % annuellement ? « L’argent magique » ! Oubliée la « dette« , il y a ce qu’il faut pour les chars et les missiles pas pour les hôpitaux ni l’école.

 

Ça se voit : Macron, acculé, discrédité, forcené, prend jour après jour de grands risques à « décaler » plutôt que « suspendre« , refuser des concessions fiscales, arquebouté sur sa politique pro business contre sécurité sociale et retraites.

 

Nous, LAPRES, sur le terrain comme à l’Assemblée, on œuvre à réduire la division de la gauche NFP, sur la base de son programme adopté par 9 millions de voix en 2024, on pousse à fond pour une bataille unitaire du budget tout comme on a confiance dans le poids des luttes sociales.

 

Gérard Filoche 28 octobre 12 h

(1)     Alain.

 

Extrait de la revue mensuelle Démocratie & Socialisme n°213 mars 2014 : taxe Zucman

Extrait du Démocratie & Socialisme n°213 mars 2014

http://www.democratie-socialisme.fr

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La fraude des riches : La richesse cachée des nations

 

Date de mise en ligne : vendredi 14 mars 2014

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La fraude des riches : La richesse cachée des nations

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Gabriel Zucman, normalien, professeur à la London School of Economics et chercheur à l’université de Berkeley, en Californie, spécialiste des paradis fiscaux et élève de Thomas Piketty, publie « La Richesse cachée des nations » (Le Seuil – La République des idées).

Zucman écrit bien et clairement : moi qui suis loin d’être une spécialiste de l’économie, je l’ai lu comme un roman. J’ai le sentiment d’avoir compris et de ressortir mieux armée de cette lecture. On trouve l’introduction et de nombreux compléments sur son site où il précise sa démarche, ses conclusions et les solutions qu’il propose. [1]

Il raconte d’abord la saga de la Suisse des banques, puis l’apparition des autres paradis fiscaux ; suit une évaluation de l’ampleur des patrimoines cachés et de la fraude fiscale. Il conclut par les solutions qu’il propose après analyse des solutions bidon mises en place actuellement.

L’auteur réfute les deux attitudes contradictoires qui évitent de combattre la fraude fiscale : d’une part l’impossibilité d’agir vu la force de la finance et son pouvoir symbolique, d’autre part l’affirmation que tout a déjà été résolu comme le disait N. Sarkozy en septembre 2009 : « Les paradis fiscaux, c’est fini ! ».

Zucman n’entend pas dans ce livre analyser tous les circuits de l’argent à l’oeuvre dans les paradis fiscaux. Il n’analyse pas les combinaisons des multinationales, leurs optimisations fiscales souvent à la limite de la légalité. Il ne s’agit pas non plus d’une étude des circuits carrément mafieux de vente d’armes, de drogues, etc.

Il examine « seulement » les fortunes des particuliers que recèlent les comptes bancaires hors-sol (offshore) des métropoles occidentales, en particulier en Europe et en France.

La première originalité de Zucman réside dans sa méthode.

Elle repose sur une analyse fine des statistiques publiées par les sites officiels des banques et des états [2]. En avril 2009 le sommet du G20 décrète « la fin du secret bancaire » : depuis, les fortunes hors-sol ont progressé de 14% pour atteindre 1800 milliards d’euros en 2013. Les « petits fraudeurs » ne sont certes plus à l’abri depuis quelques années et les banques suisses cherchent à se débarrasser des petits comptes détenus depuis des lustres par des héritiers allemands et français. Mais la diminution du nombre de ces comptes est plus que compensée par la hausse énorme des fonds déposés par les « ultra-riches ».

« Le secret bancaire n’est mort que dans les gazettes mal informées. Le chiffre de 1800 milliards d’euros est sans doute une estimation basse » dit Gabriel Zucman et « 60% des avoirs appartenant à des étrangers sont attribués aux îles Vierges britanniques, au Panama et aux autres territoires où sont domiciliées les sociétés-écrans ». Sur le total des fortunes gérées en Suisse, 1000 milliards d’euros viennent d’Europe : 200 Mrds d’Allemagne, 180 de France, 120 d’Italie, etc. Les placements faits par les banques suisses vont d’abord au Luxembourg pour 600 Mrds, en Irlande 150 Mrds,… L’évasion fiscale en Europe repose sur le trio : îles Vierges, Suisse, Luxembourg.

Comment évaluer la fortune des ultra-riches ?

Zucman estime que 5800Mrds d’euros, c’est-à-dire 8% du total des patrimoines financiers des ménages se trouve

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La fraude des riches : La richesse cachée des nations

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dans les paradis fiscaux3 dont près d’un tiers en Suisse (1800Mrds Euros), le reste dans les autres « paradis » : Singapour, Hong Kong, les Bahamas, les îles Caïmans, le Luxembourg et Jersey. Ces grandes fortunes ne laissent pas tout cet argent « dormir » sur des comptes courants : il alimente les marchés financiers internationaux. Et c’est là que l’on peut voir les anomalies dans les statistiques qui notent les actifs et les dettes des nations entre elles. Gabriel Zucman montre un exemple. Un français ayant un compte clandestin en Suisse achète des actions Google. Cela génère un passif aux États-Unis, rien en Suisse puisque le propriétaire est français, rien en France où la Banque de France ignore tout de ce compte. Il va y avoir alors une anomalie : plus de passifs que d’actifs au niveau mondial, ainsi l’écart actifs/passifs reflète les fortunes détenues hors-sol. On le voit par exemple pour le Luxembourg : la valeur des fonds qui y sont domiciliés s’élève à 2200 Mrds Euros (début 2013). L’ensemble des fonds luxembourgeois enregistrés à l’actif de tous les pays n’est que 1200 Mrds. Les 1000 Mrds Euros de différence n’ont pas de propriétaire ! Cela est vrai aussi pour l’Irlande et les îles Caïmans. « L’essentiel du déséquilibre actif-passif mondial vient de là ».

Combien coûte le secret bancaire ?

L’auteur l’estime à 130 Mrds Euros par an au niveau mondial. Pour l’Europe la fraude serait de 50 Mrds et la France est la plus touchée : 17 Mrds Euros en 2013, soit quasiment 1% du PIB. Selon les statistiques suisses, les français y détiendraient 180 Mrds Euros et ils possèderaient à peu près autant dans les autres paradis fiscaux [3]. Au total : 360 Mrds d’euros. En terme de perte de recettes fiscales, cette dissimulation coûterait 9 Mrds Euros pour l’IRPP, de 5 Mrds Euros pour l’impôt sur les successions et de 4 Mrds pour l’ISF. « À la fin de 2013 en France, la dette s’élève à 94% du PIB. Sans la fraude des particuliers dans les paradis fiscaux, elle ne serait que de 70%, soit à peine le niveau d’avant la crise de 2008. »

Les erreurs à éviter, l’affaire Cahuzac.

« Il faut tirer les leçons des tentatives passées. Toutes se sont soldées, jusqu’à présent, par de cuisants échecs, pour deux raisons simples : l’absence de contrainte et l’absence de vérification. » L’économiste propose « des sanctions concrètes , à la hauteur des pertes que provoque le secret bancaire, un cadastre financier mondial, et un impôt global sur le capital financier ».

Au sommet du G20 de 2009 qui entend annihiler les paradis fiscaux , l’OCDE juge l’échange international automatique des données des banques « irréaliste », elle met seulement en place « l’échange à la demande ». Cela n’a rien de dissuasif puisqu’on a vu le montant des fortunes étrangères gérées dans les paradis augmenter de 25% depuis lors et l’affaire Cahuzac a montré son inefficacité. Après la révélation de Médiapart, le fisc français fit jouer l’accord d’échange d’informations signé par la Suisse … et la réponse fut négative ! Après, on apprendra que le compte a été transféré à Singapour.

Depuis 2010, les États Unis ont mis en place le dispositif Fatca (Foreign Account Tax Compliance). Ce serait un échange automatique de données entre les banques et l’IRS (Internal Revenue Service, le fisc américain). Il souffre d’un manque de contrainte et de l’absence de vérification pour être réellement efficace. De plus, la plus grande partie des comptes des ultra-riches dans les paradis sont ouverts via des sociétés-écrans, des trusts, des fondations, de façon à couper les liens entre l’argent et ses véritables propriétaires, bien qu’ils en restent maitres et bénéficiaires. Enfin, les États-Unis comptent seulement sur des dénonciations, au demeurant payées fort cher, 104 Millions $ par exemple pour B. Birkenfeld – ancien banquier d’UBS qui a fourni une liste de 19000 noms.

La « directive épargne » de l’UE (depuis juillet 2005) est encore plus inefficace. D’abord l’échange d’informations ne

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La fraude des riches : La richesse cachée des nations

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vise que les intérêts et non les dividendes et les capitaux, or les deux tiers des avoirs sont en actions et fonds d’investissement. Ensuite deux pays de l’UE sont traités à part : le Luxembourg et l’Autriche qui conservent leur secret bancaire. Cela ôte toute crédibilité aux demandes de l’UE vis-à-vis des autres paradis fiscaux et paralyse toute avancée vers une imposition des revenus de ces fortunes. Enfin l’imposition forfaitaire à 35% que reversent le Luxembourg et l’Autriche ne s’applique pas aux comptes détenus par des sociétés-écran.

« Le Luxembourg, bien sûr, bloque tout changement ; le texte initial continue à s’appliquer, la fraude prospère en Europe et la dette publique explose. »

Les solutions de Gabriel Zucman

« Un plan concret et réaliste doit s’articuler autour de deux grands principes : contrainte d’une part et vérification de l’autre. »

Les paradis fiscaux ne renonceront pas spontanément à leur omerta, il faut les y forcer. Une coalition de pays usant de la menace de sanctions commerciales sur leurs exportations pourrait les contraindre à renoncer au secret bancaire qui ne profite qu’à une petite minorité. Comme il s’agit de fait d’une concurrence déloyale des banques de ces paradis, l’OMC n’aurait rien à y redire : « les pays qui en sont victimes sont en droit d’imposer des représailles égales au préjudice qu’elles subissent. »

Exclure le Luxembourg de l’UE ? Il a vendu sa souveraineté à la finance : les multinationales ont le droit d’y décider de leur propre taux d’imposition, contraintes réglementaires et obligations légales. « La question mérite d’être posée, car le Luxembourg qui a cofondé l’Union en 1957 n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui. (…) Colonie économique de l’industrie financière internationale, le Luxembourg est au coeur de l’évasion fiscale européenne et paralyse la lutte contre ce fléau depuis des décennies. »

Gabriel Zucman propose un cadastre financier mondial : « un registre indiquant qui possède l’ensemble des titres financiers, les actions, les obligations et les parts de fonds d’investissement du monde entier. » Pour lui c’est la première condition pour que les banques se mettent en règle, empêchant ainsi la fraude des ultra-riches. Le mieux, pense-t-il serait d’en confier la tenue au FMI, car des registres existent déjà (Euroclear, Clearstream, etc) mais gérés de façon privée. « Le cadastre est donc la condition nécessaire à toute taxation des fortunes au XXIe siècle. »

Enfin il propose un impôt mondial sur le capital de 2% annuels, prélevé à la source, s’appuyant sur le cadastre et finançant sa mise en place.

La conclusion de Gabriel Zucman me sied : « C’est surtout la lutte des citoyens contre la fausse fatalité de l’évasion et de l’impuissance des nations. »

[1] Les citations en italique sont tirées du livre de G. Zucman. Ce site détaille tous les calculs, tableaux, graphiques, fruit de quatre années de recherche (thèse de doctorat, EHESS, 2013) http://gabriel-zucman.eu/richesse-cachee/

[2] Depuis 1998, la BNS (Banque nationale suisse) publie tous les mois une statistique sur les avoirs étrangers détenus en Suisse [3] Thomas Piketty et Gabriel Zucman, « Capital is Back », École d’économie de Paris, 2013,

http://piketty.pse.ens.fr/files/PikettyZucman2013Databook.pdf (en anglais)

 

Ça suffit le chantage à la dette ! On a un problème de recette pas de dette ! Rejet du budget Frankeinstein de Lecornu

Toute cette discussion sur le budget se fait avec un arrière fond de pipeautage sur la dette et les déficits,

Bayrou pendant tout l’été a inventé le vent et le sens du vent qu’il voulait voir souffler sur nous derrière le mot « dette ». Cela a échoué : Bayrou a été battu par 2/3 des voix à l’Assemblée nationale et battu dans le tout le pays à plus 70 % de l’opinion.

Pourtant Macron Lecornu, Lescure, tentent de faire passer en force leur prochain budget avec le même récit, la même rengaine !

La dette ce n’est pas la faute aux citoyens. Les dirigeants politiques et économiques, l’oligarchie, les financiers, les grands patrons sont maitres des taux de déficit et d’endettement et les présentent selon leur volonté. C’est Macron qui a fait mille milliards de dettes en 8 ans, ce n’est pas à nous de les payer. Un pays n’est pas un ménage. L’Union Européenne non plus. La BCE doit être au service des citoyens, pas l’inverse.

Pas de « règle d’or »

Et qu’on ne nous imposer pas les critères de Maastricht, ils ont été fixés au doigt mouillé il y a 35 ans par MM. Labeille et Davignon : 3% de déficit, 60 % d’endettement, 1,5 % d’inflation ! Ils ne sont qu’ils ne sont quasiment respectés nulle part ! Et Mme Ven der Leyen les a relativisés pour le Covid. Et lorsque M. Trump a exigé que les états de l’UE dépensent eu moins 5 % d’armement, il a été décidé que les conséquences ne seraient pas prises en compte dans les critères de Maastricht. Ce qui démontre une fabuleuse élasticité dans l’interprétation des critères de déficit et de dettes. Ceux qui parlent de combat contre les déficits et les dettes comme s’il s’agissait d’une rigidité scientifique, d’un principe fondamental économique, sont bien mal fondés.

Le Portugal de 1934 à 1974 n’a eu aucun déficit, ni aucun endettement, dirigé qu’il était par un dictateur illuminé, le « doutor Salazar » qui théorisait avant l’heure, la « règle d’or » de Mme Angela Merkel : il a resserré le budget annuel de Lisbonne à l’escudo prés pendant 40 ans et le résultat est qu’il a fait ainsi de son petit pays le plus pauvre d’Europe. Ne pas avoir de dette ni de déficit est mauvais pour un état, car il est censé s’en servir pour investir, orienter, protéger, répondre aux besoins de ses citoyens.

Se plaindre, jeter l’alarme, hurler au loup, d’après des critères arbitraires, de droit divin, parce qu’il y aurait trop de dettes et de déficits qui ont été délibérément fabriqués, c’est surtout un argument politique pour imposer des austérités, des restrictions sociales. Le chantage des libéraux à la dette et aux non-déficits au nom de leurs pseudo théories économiques inventées pour la circonstance, a surtout vocation à faire chantage sur les citoyens pour les priver de la satisfaction de leurs besoins et pour augmenter ou assurer les marges de superprofits capitalistes.

Bayrou tourne à géométrie variable

Rappelons que Bayrou 2025, qui a essayé de se construire médiocrement en se disant hanté par la « dette », avait oublié le récit de Bayrou 2020 : à l’époque il proposait tout simplement de décompter la « dette Covid » de la dette globale. Il voulait l’appeler une « dette blanche », la mettre à part ! de même qu’il mettait à part la dette pour préparer la France à la guerre !  Sa définition de la dette et de ses effets est à géométrie variable. Pure question d’arrangement, de convention !

Des économistes sensés devraient distinguer les dettes de fonctionnement et les dettes d’investissement : cette distinction devrait être d’évidence. C’est pourtant refusé dans le débat public par des comptables qui se prétendent imbus de réalisme économique.

Dettes odieuses

Il existe, le sait-on, des « dettes odieuses » : les États-Unis ont même réussi à en faire une règle juridique existante dans le droit international pour ne pas payer la dette de Cuba dans les années 1898, après qu’ils eurent occupé le territoire en l’enlevant à l’état espagnol. Ils prétendirent que l’Espagne était mal fondée de réclamer aux Cubains une dette que ceux-ci avaient contractée en se défendant de leur occupation coloniale et donc qu’il s’agissait d’une « dette odieuse », donc non remboursable, et Washington gagna le procès.

Beaucoup de dettes sont « odieuses » à ce titre, à commencer par les mille milliards que les 8 années de gouvernance Macron-Bayrou ont rajouté aux niveaux des dettes laissées par Hollande, Sarkozy et cie…  Mille milliards provoqués par la baisse délibérée des recettes et par le versement volontairement excessif de centaines de milliards de CICE, d’aides, d’assistanat aux chefs des grandes entreprises de 2017 à 2025…

Les dettes varient

Les dettes sont allégeables, supprimables : ce fut une question de convention opportune, quand en 1953, les états alliés victorieux de la 2° Guerre Mondiale, se réunirent avec l’Allemagne (RFA) pour supprimer 50 % de sa dette.

De même que ce fut une question de convention, c’est-à-dire de calcul politique et non pas d’une quelconque « vérité » économique, quand les autorités de Berlin, début des années 2010 étranglèrent la Grèce avec une impitoyable brutalité alors qu’elle avait moins d’endettement que la France d’aujourd’hui.

L’Allemagne de 2010 n’avait jamais payé sa dette de guerre à la Grèce (à hauteur de 85 milliards d’euros) mais lui imposa des dizaines de milliards de pénalités, payées durement ni par les popes, ni par les armateurs, ni par les militaires, mais par les salariés, les retraités et les pauvres (imposant récemment la journée de 13 h en dépit même du droit du travail européen).

Gréce et France :

L’appréciation des déficits et de la dette, on le voit, est une question de rapport de forces politique et social, et comme la Grèce ne fait que 2% du PIB européen, elle a payé cher alors que la France avec 25 % du PIB est hors d’atteinte de sanctions similaires.

Bayrou a même poussé sa propagande de façon excessivement grossière en comparant la France à la Grèce et en auto-menaçant le pays d’une intervention du FMI que celui-ci s’est empressé de démentir. Il a joué dans le camp ennemi et encouragé ces autres charlatans que sont les pseudo agences de notation privées comme « Ficht » « Standards and Poors » etc. (sic) à dénigrer le pays.

Tout est plus relatif et aléatoire que ce que Bayrou voulait ériger en « grande peur » et en « grande cause vertueuse »

La « dette » de 3345 milliards de la France, si l’on décide de la présenter ainsi, est en réalité étalée sur huit ans, 450 milliards par an.

Et elle est peu de chose à côté du patrimoine total du pays (18 674 milliards d’euros en fin 2023).

Dette publique a 113 %, dette privée a 300 %

Avec 114,1 % du PIB, un peu plus d’un an de PIB, elle est moindre que la dette totale du secteur privée de la France qui est de 212 % du PIB en 2023 (données FMI, ménages + entreprises).

Et encore, ce chiffre est lui-même sous-évalué car n’incluant que les crédits et titres de dette principaux mais pas tous les instruments d’endettement que le secteur privé peut utiliser. Si on inclut ces derniers, on se rapproche probablement des 300 % de PIB ( https://www.imf.org/external/datamapper/datasets/GDD). Or la dette privée est autrement plus dangereuse que la dette publique, à cause des risques de défaut et de faillite qui pèsent sur les agents privés et qui, s’ils se matérialisent à grande échelle à cause d’une soudaine crise économique, ont tôt fait de provoquer une crise financière par-dessus. Souvenir cuisant de 2008 !

Dette US, Japon, Italie :

Notons également pour clore le bec aux théories enfumeuses de Bayrou et de ses suppôts macroniens (Lecornu, Lescure, de Montchanin) que la dette des US est plus grande : 122 % soit 36 220 milliards de dollars, celle du Japon est de 212 % en 2025. La dette Italienne se situe à 137,9 % du PIB. Belgique : le ratio de la dette belge s’élève à 106,8 % du PIB. Espagne : la dette publique espagnole représente 103,5 % du PIB. Pourquoi vouloir faire mourir les ALD de notre pays sur l’autel de la dette, en déremboursant leurs médicaments ?

Et puis enfin but not the least, de quelle dette s’agit-il ? de quel budget ?

Il y a trois budgets en France : la Cour des Comptes se refuse a calculer les comptes du pays selon ces trois budgets séparés. Pourtant la RÉPARTITION de la DETTE globale 2024 [source MINEFI] est ainsi, sous Vue d’ensemble | budget.gouv.fr :

- État et ODAC (Etat  ET organismes divers d’Administration Centrale] 2756.8 [Md€]
- ASSO (Administrations de Sécurité Sociale) 286.6 [Md€]
- APUL (Administrations publiques locales) 261.9 [Md€]

Ce qui veut dire que sur un budget séparé de la protection sociale d’environ 850 milliards, la dette générée n’est que de 9 %.

Sur un budget des collectivités territoriales qui s’élève à 300 milliards la dette générée n’est que de 8 %.

Et sur le budget de l’état Macron-Bayrou-Lecornu la dette est de 83 % et c’est ce dernier budget, s’il en est un, qui pose problème.

Ce qui change tout l’éclairage du sujet, les libéraux et leur propagande noient le poisson là-dessus, mélangent tout en parlant de « prélèvements obligatoires » (sic) en orientant les attaques contre la Sécu, les retraites.

Il n’y a pas un problème de dette il y a un problème de recettes du budget de l’État-Macron.

Macron a baissé les recettes et a versé jusqu’à 40 % de son budget d’état soit 211 milliards (241 pendant le Covid, payés par les salariés et les pauvres notamment par la TVA)… sous forme d’assistanat aux chefs d’entreprise : la redistribution à l’envers, Robin des bois à l’envers !

Ainsi la dette, elle court, elle court, abonde les riches, et ne sera jamais remboursée, Macron pompe, pompe, pompe les impôts des pauvres (qui sont 10 millions, un record) et fournit la fortune des 1800 riches (qui détiennent 42 % du pays) : ils ont doublé leur patrimoine et les 500 premières fortunes atteignent 1128 milliards.

Halte au budget Lecornu plus brutal encore que Bayrou

Ils se moquent des intérêts de la dette trop élevés avec lesquels Bayrou nous menaçait : ils fluctueront abondamment, résultats de décisions politiques manipulées par des banquiers « indépendants » (mais soigneusement à l’écoute des voix de leurs maîtres de la finance) : ainsi les intérêts remboursés chaque année de la dette française étaient moindres à la fin des années 1990, qu’aujourd’hui !

Et on est passés par des années incroyables où il était possible d’emprunter à un taux en dessous de zéro, ce qui voulait dire que les banques payaient pour prêter de l’argent et qu’on remboursait en s’endettant !

Donner la priorité au remboursement de la dette comme le voulait Bayrou, en instaurant une austérité drastique, en prenant 44,5 milliards au service public, c’était comme un jardinier qui arrosait la rivière pendant que son jardin s’asséchait : la consommation s’appauvrissait, la récession menaçait, les rentrées fiscales diminuaient, le déficit s’aggravait et la dette aussi.

On l’en a empêché, continuons jusqu’au bout avec Lecornu-Lescure- Macron et cie. Ils ont renoncé au 49-3, ils doivent payer. Un me too contre les riches !

Gérard Filoche, le 24 octobre 2025

 

 

 

23 octobre 2025 Changer la donne

1. l’intersyndicale exige la mise en œuvre de cette suspension des 64 ans « préalable »  à l’abandon définitif de la réforme.

Le front commun intersyndical perdure.  C’est tant mieux !  Il prend acte de la suspension du départ en retraite à 64 ans trois ans après son instauration. Après les grandes batailles de 2003, de 2010, de 2013, de 2020, de 2023 en défense de notre système de retraite, contre la volonté de la droite de reculer l’âge de départ de la retraite, enfin le coup de force par 49-3 de Borne et de Macron est mis en échec.

Le gouvernement Lecornu n’a pas vu d’autre moyen de se sauver : « Nous suspendrons la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle » a lâché S. Lecornu le 14 octobre dernier devant le Parlement.

Dans son communiqué l’intersyndicale déclare :« Cela signifie que les générations nées en 1964 et en 1965 pourraient partir quelques mois plus tôt que prévu, a 62 ans et 9 mois et avec 170 trimestres de cotisations Nos organisations saluent cette première avancée après de longs mois de mobilisations dans la rue et alors que les gouvernements successifs cherchaient à refermer le dossier en continuant de mener leur politique hostile »…au salariat. « C’est à mettre à l’actif de la mobilisation des millions de françaises et de français qui depuis 2023, par des voies multiples et sans jamais renoncer ont exprimé leur rejet de cette injustice et de cette atteinte à la démocratie sociale. Des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs pourraient en bénéficier » disent les 8 syndicats CFDT, CGT, Solidaires, FSU, UNSA, CGC, .

Les 8 syndicats ont raison de souligner ensemble cette brèche, cette demi-victoire, car c’est un effet différé encourageant des 14 manifestations du premier trimestre 2023.

Depuis trois ans la colère sociale court dans les entreprises, usines, bureaux et dans les champs contre le coup de force de Borne-Macron-Dussopt. Et tant mieux, s’il y a un recul, enfin ! Quelques que soient ses limites et les détours pour l’obtenir il ne faut pas le diminuer, ni le sous-estimer, il faut pousser de toutes nos forces dans cette voie. Comment pourrait-on progresser si on minore l’impact des avancées que nous arrachons ?

Tricoter l’union syndicale tout en soutenant les luttes explosives, qui, de-ci de-là, peuvent faire irruption et changer la donne, tel est le bon plan. C’est dans les entreprises et appuyé sur les 30 millions de salariés que tout se joue.

2. L’instabilité est durable : clash Macron-Lecornu et budget impossible

D’autant que, toujours sur cette question décisive des 64 ans, la crise de l’exécutif macronien se révèle encore et encore : Macron lui-même a explosé contre son premier ministre Lecornu, celui-là même qu’il a eu tant de mal à nommer et renommer. Alors que Lecornu déclarait « Nous suspendrons la réforme des retraites » le 14/10, Macron le 21/10 depuis la Slovénie le rejette explicitement : « Ce n’est ni une abrogation ni une suspension de la réforme des retraites mais un simple décalage d’un an. » Il digère mal !

Cela a même désarçonné la communication de LFI qui, un temps, a accusé le PS d’être « piégé », « cocu » (sic) au lieu d’en profiter pour charger Macron. Coquerel et Mélenchon ont, du coup, appelé à une « lettre rectificative » laquelle ne règle pas la question en appelant « suspension » ce que Macron appelle « décalage » tout en annonçant faire payer cher la contrepartie aux retraités… en même temps que la commission de l’Assemblée refuse de les taxer.

Cette pratique « jupitérienne » explosive au service de la grande finance qui pousse Macron à ne jamais céder un pouce, à ne rien négocier, engendre une instabilité récurrente dans les 20 mois qui viennent. Il n’a plus de marges, il a le dos au mur. Il n’y a plus de calendrier électoral certain, la censure ou l’explosion sociale sont à tous les coins de rue. La crise sociale et politique est devenue institutionnelle.

Pour LFI comme pour la députée PCF @ElsaFaucillon « seul le départ de Macron offrira une possibilité de stabilité au pays ». C’est pour cela que des secteurs entiers de la droite plaident à leur tour pour un départ anticipé programmé de Macron. En mettant sous pression le gouvernement Lecornu sous la menace permanente de censure, même la maladroite et incomprise tactique du PS ne parvient pas à créer une « stabilité ». La non-utilisation du 49-3 tend à creuser les contradictions : l’absence de majorité est criante sur tous les sujets.

La V° république est en sursis, et la France est de gauche contrairement à ce que les gros médias des milliardaires essaient de faire croire. Les racines économiques et sociales de la crise viennent du fait que depuis deux décennies le capital pille brutalement le travail. Ce n’est pas une crise qui appelle des solutions de droite. Elle appelle une redistribution des richesses, en faveur des salaires, de la protection sociale et du recul des inégalités.

Comme dans toutes ces situations, il faut partir du réel, des besoins d’en bas, des luttes d’en bas, des revendications élémentaires sur le terrain les plus susceptibles de mobiliser des millions de salariés.

3. La bataille du budget « Frankenstein :

Le clash sur les 64 ans se reproduit à tous les échelons de la longue discussion du budget en cours. La droite ne veut même pas d’un « décalage » ni d’une « suspension ». Le RN cherche à masquer la question. Et les premiers jours aboutissent à ce que, même en commission, rien ne passe. Éric Coquerel souligne :

« À l’issue de trois jours de débat, le 23 octobre 2025, à 2 h du matin, la première partie du projet de loi de finance pour 2026, a été rejetée par un résultat sans appel de 37 voix contre 11. Seul le groupe EPR (Ensemble Pour la République) a voté pour le budget Lecornu. C’est sans doute la plus nette défaite d’un budget en commission des finances de la V° République ».

Sur les plateaux T.V., les épigones des médias des milliardaires prennent peur : ils parlent de « budget Frankenstein » car ils ne savent plus contrôler ni imposer comme avant, par Bercy, les coupes profondes dans les hôpitaux, les écoles, les services publics, et ils craignent que l’opinion publique, acquise à « faire payer les riches » ne l’emporte au hasard des votes. Sans 49-3 y a plus de gouvernement.

Malgré ce qu’on peut penser de la tactique choisie par le PS, s’isolant de la base du NFP pour mener une complexe bataille parlementaire, elle a pour mérite d’aller plus loin que ce qu’elle laissait prévoir : sans 49-3 les débats et votes se libèrent, et même LFI est entraînée dans le tourbillon des amendements votés à la roulette russe. Le RN est mis à nu dans son rôle de parti n°2 des riches, et la droite Les Républicains explose en vol. Il n’y a plus de prétendu « bloc central ».

Ni la « dette » ni les déficits ne sont des arguments pertinents pour mettre en place une austérité comme ils le veulent. Ils ne sont que le prétexte utilisé pour augmenter encore les superprofits, pas pour répondre aux besoins du pays et de ses citoyens. Nous n’avons pas un problème de « dette » mais de recettes

La première de toutes les batailles, est celle des salaires, de la relance, de la redistribution primaire. Elle est pour le moment esquivée, car ce qui rassemble le plus droite et extrême droite c’est de refuser la hausse du Smic, des points d’indice des fonctionnaires et des minimas sociaux. Mais à travers les méandres du budget, tous les détails de la redistribution secondaire, par la fiscalité, viennent à la lumière.

4. La bataille de la santé s’aggrave :

François Bayrou tablait sur 5,5 mds d’euros « d’économies » sur le PLFSS 2026. Sébastien Lecornu 2 décide de 7,1 mds en visant tout particulièrement l’assurance maladie.

On mesure combien le principe même d’une Loi de financement de la Sécurité Sociale (LFSS) décidée par une poignée de technocrates de Bercy et non pas par les assurés et leurs représentation syndicale, est un déni de démocratie. Elle fixe un ONDAM (objectif de dépense nationale de l’assurance-maladie) à 1,6% d’évolution (contre 3,4% en 2024). Cette méthode scandaleuse consistant à fixer a priori le maximum de ce qui doit être dépensé pour les soins (et sinon, mourrez…) doit être contestée dans son principe même.

On doit saisir toute occasion de dire qu’on veut supprimer la Loi de Financement de la Sécurité sociale et en revenir à des élections tous les 5 ans aux caisses de protection sociale (un assuré une voix) afin d’établir les priorités et les soins d’après les besoins et subordonner le budget aux humains et non pas les humains au budget.

Occasion aussi de répéter inlassablement qu’il y a trois budgets et que celui de la protection sociale, pourtant le plus élevé (850 milliards) est celui qui génère le moins de déficits et de dettes.

Si on les laisse faire, les arrêts maladie seront encore plus fortement encadrés et les pour les patients en arrêts longue durée, ceux qui seront considérés « stabilisé.e.s devront payer ! Ce qui est la négation même de la Sécu !

La taxe sur les mutuelles qui s’élève déjà à 14,1% sera majorée de 2 points (1 milliards d’euros pris dans la poche des cotisant.e.s) : occasion de critiquer le système injuste des complémentaires, et des 400 mutuelles inutiles, pour défendre « une seule grande sécu » universelle (ce qui fera des « économies » de budget). Le doublement des franchises et participation forfaitaire est défendu dans l’infame budget Lecornu : 2€ par boîte de médicament, 4€ par consultation médicale ou acte, avec une possible extension en dentaire, et la création d’une troisième « franchise » sur les transports sanitaires. Au total 300€ annuel non pris en charge par les mutuelles touchant avant tout les plus malades. Mesure qui passera par décret et ne sera pas discutée au Parlement. Et enfin toujours les attaques sur l’aide médicale d’Etat (AME). Sans compter les mesures d’austérité hors champ direct de la santé qui ne pourront que peser dans la limitation de l’accès aux soins

5. L’intense bataille contre les riches pour la redistribution :

Finalement le NFP en juillet 2024 voulait un gouvernement Lucie Castet, qui se proposait comme le signait Bompard « de former des majorités parlementaires texte par texte » et « en l’absence de la France insoumise » (idée proposée par Mélenchon) le NFP entier demandait à la droite de ne « pas censurer » un gouvernement Lucie Castets qui proposerait d’appliquer le programme du NFP.

Arcbouté sur les grands financiers qui l’avaient désigné à ses tout débuts, Macron n’a rien voulu savoir. On a eu Barnier, Bayrou, Lecornu 1 et 2, ce qui a l’inconvénient pour le Président d’être davantage démasqué dans sa défense des riches. On peut dire qu’il a perdu la bataille de l’opinion là-dessus et que la France salariée, de gauche, est braquée contre la façon dont est pillée le travail. La fameuse « taxe Zucman » (que la revue D&S n°213 découvrait et vantait dès mars 2014) est devenue à la fois célèbre et populaire.

Sans le garde-fou du 49-3, sans la possibilité d’esquiver les votes au coup, coup, Macron doit rendre des comptes jour après jour dans le débat sur le budget. Le chantage à la dette de Bayrou a échoué. La litanie des mensonges sur les déficits, les budgets, les fraudes fiscales, les 211 milliards d’assistanat versés aux chefs d’entreprises, tout cela atteint un niveau d’information inédit et au grand jour pour des millions de citoyens. Un « me too » contre les riches couve.

6. En quoi l’union et la censure auraient été préférables

La bataille parlementaire est « loin des gens » et complexe à saisir. Elle ne vaut pas des grèves, ni des manifestations massives directes de la rue. L’action de masse est toujours préférable, c’est elle qui détermine les millions de consciences.

Au moment où dans le monde entier, des millions de jeunes cherchent leur voie et se rebellent contre les méfaits du capitalisme, comme en Indonésie, aux Philippines, à Sri Lanka, au Népal, au Maroc, à Madagascar, au Pérou, en combattant pour le pain, la satisfaction des besoins élémentaires, les soins, le partage, au moment où ils se contaminent et se forgent des identités comme ils peuvent (« One pièce »), cela nous manque-t-il en France ?

A la fois oui et non.

Oui, car il y a des luttes partout dans le pays, pour l’emploi, pour les salaires, pour les droits du travail. Malgré les silences des gros médias, on observe les mouvements dans la grande distribution, dans la métallurgie, les transports, la culture. Nous avons un salariat très disponible.

Non, car si nous sommes un grand pays politisé, il n’y a pas généralisation de toutes ces luttes éparpillées, alors que tout devrait y pousser. Pourquoi ?

C’est parce qu’il n’y a pas d’issue politique positive, attractive. Faute à la non-réussite du NFP.

La crise du NFP, générée par les volontés sectaires et hégémonistes de LFI, est maintenant relayée par le PS, qui a voulu emprunter un chemin autonome à son tour. Alors que LFI misait tout sur la seule candidature de Mélenchon, le PS a cherché la voie parlementaire et les voilà se querellant encore plus, alors que tout cela se compléterait fort bien.

Ils sont pourtant tous condamnés à s’entendre, dans le climat général incertain, explosif et sous la menace d’une dissolution ou voire d’une élection anticipée.

Les 9 millions de voix du NFP cherchent toujours une union. Il n’y a aucun autre chemin que l’union pour mobiliser. LFI se trouve obligée de s’impliquer dans le débat budgétaire. Le PS se heurte à l’intransigeance du « Jupiter » en déroute.  Des deux appareils sont condamnés à se retrouver au lieu de se suspecter de trahison.

7. Toutes les raisons de ne pas céder à la division

Observons que la soif d’unité, la soif de lutte et la soif d’une issue politique ne se démentent pas, ni dans les sondages ni dans les consciences. C’est puissant. Le salariat c’est 30 millions de personnes, 90 % des actifs, ne jamais l’oublier. C’est notre base, notre classe, notre conscience collective, notre force.

Dans les élections partielles, il y a beaucoup d’abstentions, mais pour autant la gauche ne s’effondre pas.  Bien que les querelles au sein du NFP soient décourageantes et souvent lamentables, les électeurs sans se resigner votent « utile » et ce n’est pas vrai qu’il y aurait beaucoup moins de sursaut dans des élections à venir qu’en juillet 2024 contre le RN.

Le RN est un danger vital, violent. Il est aux portes du pouvoir, mais il ne faut ni avoir peur, ni se désarmer face à lui : c’est un parti fasciste, son arrivée au pouvoir serait un désastre, il est pire que le macronisme, c’est comme quand l’eau bout et passe de 99° à 100°, y a un seuil qualitatif et nous serons ébouillantés. Mais nous sommes forts.

N’ayons pas « peur », rien n’est joué, le comportement que l’on peut qualifier d’irresponsable des appareils qui choisissent la division grossière et souvent vulgaire (« tout le monde déteste le PS » sic) peut être combattu, renversé, sous la pression des luttes et des électeurs. Grâce à l’action volontariste, respectueuse et opiniâtre en faveur de l’union

Changer audacieusement la donne :

Sous la pression consciente et active aussi d’une organisation comme LAPRES alliée à Générations et à Debout. Nous sommes au cœur de la gauche et en prise sur toutes les questions sociales décisives. Appeler à nous rejoindre dans l’action, est ce qu’il y a de plus efficace et urgent dans l’immédiat.

Rejoignez-nous, car si nous avions davantage de forces militantes nous aurions entrainé la gauche la fois pour la censure et à la fois pour l’union. avec plus de forces nous pourrions davantage soutenir ceux qui, dans le PS (« Avenir socialiste », MJS, 7 députés déterminés qui ont vote la censure…) travaillent a l’union, et nous pourrions garantir a ceux qui, dans LFI qui sont pour l’union, que s’exprimer n’est pas impitoyablement payer le prix d’une purge. Placés au coeur de la gauche, nous cherchons non pas a dominer, mais a polariser, a dynamiser, voila a quoi sert notre combat au coeur de la gauche sans exclusive.

L’idéal serait de déplacer les lignes, de fusionner vite avec Debout et Générations dont nous sommes les plus proches.

L’idéal serait de bousculer toutes les lignes, c’est dans des moments comme ceux que nous vivons qu’il faut avoir de l’audace, dépasser les petits appareils, faire un « Épinay » comme certains disent encore ou plutôt proposer à toute la gauche sans exclusive un vaste et nouveau congrès du Globe.

C’est un grand parti de gauche unitaire qu’il faut !

Un parti ou les « durs » et les « mous », les réformistes et les révolutionnaires se retrouvent. Pas l’unité de pensée, mais l’unité d’action. Un grand parti pluraliste et démocratique.

L’idéal serait un grand appel en ce sens, puis d’aller vite, dans l’an qui vient, afin de stimuler les luttes et d’être prêts tous ensemble pour l’emporter dans le grand dénouement qui s’annonce.

Gérard Filoche 23 octobre 2025

 

PS : dans le N°213 de mars 2014, D&S fut la première revue au coeur de la gauche a mettre en avant la taxe Zucman.

 

 

 

 

 

 

 

2017 : les « macronades » annonçaient le desastre a venir

Les « macronades », citations, leur sens et leurs effets. in « la casse sociale » paru aux ed l’archipel en 2017

 

 

Emmanuel Macron s’est fait spécialité de petites phrases. Le porte parole de son gouvernement Castaner se croit obligé de dire qu’il parle comme tout le monde : « Je crois qu’on peut être cultivé et parler comme les Français ». Macron lui–même se justifie dans sa première intervention télévisée de président d’utiliser les mots du vocabulaire populaire. Ce n’est donc pas injustifié d’analyser sa « pensée complexe » à travers les « macronades ».

 

Nous en avons relevé 50, toutes éloquentes :

 

1               « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierais de me battre d’abord. »

2               « Il y a dans cette société (Doux) une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées.»

3               « Vous n’allez pas me faire peur avec votre t-shirt, la meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler.

4               « Je ne suis pas là pour défendre les jobs existants »

5               « Le chômage de masse en France c’est parce que les travailleurs sont trop protégés »

6               « Je pense qu’il y a une politique de fainéants et il y a la politique des artisans. »

7               Tous ses conseillers présentent le même profil, jeune et diplômé : « J’assume. Les maréchaux d’Empire étaient jeunes et ce n’étaient pas des paysans »

8               « Certains au lieu de foutre le bordel feraient mieux d’aller regarder s’il peuvent pas avoir des postes »

9               « Les salariés français sont trop payés »

10             « Les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d’accord. »

11             Le compte pénibilité ? « Je n’aime pas le terme donc je le supprimerais car il induit que le travail est une douleur »

12             « Vu la situation économique, ne plus payer les heures supplémentaires c’est une nécessité »

13             « Ceux qui défendent les emplois aidés sont ceux qui n’en voudraient pas pour eux »

14  « Je vais faire un CICE durable »

15   « La tranche d’impôt de Hollande à 75 % ? C’est Cuba sans le soleil »

16  « Je n’aime pas ce terme de modèle social. »

17  « Je suis pour une société sans statuts »

18   « Je compte sur vous pour engager plus d’apprentis. C’est désormais gratuit quand ils sont mineurs »

19  « Dans les motifs de rupture du contrat de travail, [la rupture conventionnelle] est aujourd’hui le premier»

20  « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires. »

21  « 35 h pour un jeune, ce n’est pas assez »

22  « Les jeunes générations veulent être entrepreneurs, pas fonctionnaires »

23   « Je dis aux jeunes : « ne cherchez plus un patron cherchez des clients »

24   « Les pauvres d’aujourd’hui sont souvent moins les retraités que les jeunes »

25  « Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus ».

26 : « Je ne vais pas interdire Uber et les VTC, ce serait les renvoyer vendre de la drogue à Stains »

27  « Une start-up nation est une nation ou chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une ».

28 « Les britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher »

29. « Le libéralisme est une valeur de gauche »

30 «  Je ne céderais rien ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes, ni aux égoïstes, ni aux pessimistes » qui se dressent contre les ordonnances anti travail.

31 « Dans les gares, vous croisez des gens qui réussissent et d’autres qui ne sont rien »

32  « J’ai été élu par des gens qui ne m’ont pas choisi »

33. « Être élu est un cursus d’un ancien temps. »

34  « La démocratie ne se fait pas dans la rue »

35  « Etre populaire ne m’intéresse pas, mon pays doit avant tout être réformé car nous avons 10 % de chômage ».

36   Les fainéants ce sont «  ceux qui n’ont pas fait les réformes pendant 15 ans pas les Français »

37  « La France n’est pas un pays qui se reforme parce qu’on se cabre, on résiste, on contourne, nous sommes ainsi faits ».

38 « Tu sais, quand tu es président de la République, ce n’est pas le moment où tu gagnes le plus d’argent »

39 « La France est en deuil d’un roi »

40   »Les révolutionnaires sont souvent des ratés du suffrage universel »

41 : « La gauche classique est une étoile morte. L’idéologie de gauche classique ne permet pas de penser le réel tel qu’il est »

42 : « C’est une erreur de penser que le programme est le cœur d’une campagne électorale » « La politique c’est mystique »

43  « Le FN est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française, d’extrême-droite. »

44  Il qualifie ceux qui, au sein du PS, s’opposent à sa 1° loi (308 articles dont le travail le dimanche, de nuit, ou la privatisation du don du sang) de « foyer infectieux » ou de « fainéants ».

45   « Chaque candidat qui sera investi signera, avec moi, le contrat avec la Nation. Il s’engage à voter à mes côtés les grands projets, à soutenir notre projet. »  »Pas de frondeurs » 

46  « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. »

47  « Il n’y a pas de culture française mais des cultures »

48  «  Le kwassa kwassa pêche peu, il amène du comorien »

49   A propos des critiques à la suppression de l’impôt sur la fortune «  La passion triste de la France, la jalousie ».

50   »Je crois à la cordée, il y a des hommes et des femmes qui réussissent parce qu’ils ont des talents, je veux qu’on les célèbre [...] Si l’on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée c’est toute la cordée qui dégringole »

 

Rajoutons en une,  particulièrement remarquable, datée du 13 novembre 2017 : « Je ne sais pas ce que c’est une politique pour les riches« . Cet homme doit, en plus de tout, tenter de masquer à lui-même et aux autres ce qu’il incarne.

 

Ces « macronades » sont largement diffusées par les journaux et les réseaux sociaux, commentées au point de venir des « marronniers » célèbres. On peut prendre, comme pour son pensum « Révolution »,  la peine de les étudier car elles constituent sa vraie pensée et dessinent clairement son projet de société

 

Pourquoi depuis juillet 2024 la ligne du NFP pour chercher à imposer un gouvernement issu de ses rangs est juste :

Les 30 juin et 7 juillet 2024 un sursaut exceptionnel, avec un nombre de votants exceptionnel a placé le nouveau front populaire en tête à l’Assemblée nationale. 9 millions de voix, 192 députés de 7 partis. C’est l’événement de l’élection : le RN annoncé vainqueur par 17 sondages, était défait. La gauche qui s’était réunie avait remobilisé son électorat, et crée la « surprise » : c’était un effet différé des grandes mobilisations du printemps 2023 avec toute l’Intersyndicale contre la retraite à 64 ans. Macron avait procédé par 49-3, par coup de force, il était minoritaire.  En dissolvant brutalement l’Assemblée le 9 juin, Macron avait tenté un autre coup de force, il était encore battu. Macron avait favorisé le RN et voulu Bardella comme premier ministre, il était battu.

Il eut été légitime, pour Macron de tenir compte des urnes et de nommer un premier ministre issu du NFP. A ce moment-là, le NFP était uni et proposait unanimement Lucie Castets.

Il y a bien eu un débat de « méfiance » » au sein du NFP : défense de « tout le programme ou pas » ? Mais qui ne comprenait pas que la défense du programme du NFP ne pouvait être que progressive, surtout quand on n’avait pas la majorité de l’Assemblée, il fallait combiner des choix d’urgence possibles par décrets, et des batailles politiques plus dures pour arracher des majorités au cas par cas. Ceci dit, cela pouvait permettre d’améliorer concrètement le sort du salariat et de tracer une dynamique pour un vote ultérieur à gauche, à condition de continuer à proposer des listes communes et une candidature commune aux élections suivantes.

un gouvernement NFP aurait avancé sur les salaires et la retraite.

C’est pour cela que Macron n’a pas voulu tenir compte des urnes, un gouvernement NFP eut été trop dangereux pour le Medef, le CAC 40 et lui.

Alors Macron a réalisé un autre coup de force antidémocratique en nommant deux mois plus tard Michel Barnier, pourtant très minoritaire à l’Assemblée. Barnier a refusé de revenir sur les 64 ans et maintenu la politique fiscale dite de l’offre, en faveur des riches et du CAC 40.  Avec lui, Macron a encore échoué.

Macron a récidivé en nommant François Bayrou. Celui-ci a rapidement déjanté après avoir multiplié les fausses promesses, un faux conclave sur la retraite à 64 ans, et une fausse croisade contre la « dette ». Macron a encore échoué.

Macron a nommé, au bout de 15 mois, un de ses plus proches hommes liges, Sébastien Lecornu afin de poursuivre par la force la même politique pro riche et pro CAC 40 menée depuis 2017. Ce faisant il a encore échoué. Et quand bien même agite-t-il sans conviction une éventuelle « suspension » (sic) de la retraite à 64 ans, ça ne passe pas. Renommant « Biscornu », les mêmes difficultés existent : retraite, salaires, budget…

Le NFP a eu raison de tenir bon et de dénoncer ces coups de force successifs tout en continuant avec obstination de proposer un « gouvernement NFP ».

Ce choix correspond au réel, aux rapports de force réels, au stade réel de la crise institutionnelle, du moins tant qu’il n’y a pas d’explosion sociale capable de chasser Macron, et tant que celui-ci s’obstine dans ses mêmes coups de force à répétition. Le NFP propose de gouverner afin de prendre – enfin – des mesures sociales, sur les salaires, d’abroger les 64 ans, de bâtir un budget et une fiscalité plus juste socialement, il apparait légitime à le faire. Son crédit augmente dans l’opinion et dans l’électorat (encore faudrait-il qu’il reste uni).

La démarche opiniâtre du NFP use Macron, autant que ses échecs Barnier Bayrou, Lecornu 1, Lecornu 2. On passe ainsi d’une crise sociale, à une crise politique et à une crise institutionnelle aggravée. Le prétendu « bloc central » sur lequel Macron dit s’appuyer se révèle ni « bloc » ni « central ». Même des voix macronienne ont fini par lui dire : « donne le pouvoir a la gauche » ou bien « démissionne ».

Au sein du NFP, malheureusement, la LFI s’est peu à peu dissociée en affirmant que la question clef n’était plus de proposer un gouvernement NFP, mais d’exiger la destitution de Macron. Ils mettent la charrue avant les boeufs. Au point que LFI est allé jusqu’à dénoncer en termes violents, polémiques extrêmement durs, toute discussion avec Macron jusqu’à présenter cela comme une trahison, une capitulation.

La divergence s’est creusée non pas sur le fond du programme du NFP mais sur la stratégie pour défendre ce programme.

LFI a même expliqué que proposer un gouvernement NFP c’était « sauver Macron », accusant le reste du NFP de compromission, publiant des affiches qui mettaient dès février 2025, le PS sur le même plan que le RN et se présentant comme seule sauveuse de la gauche, du NFP, seule capable de présenter des candidatures séparatistes dite de « rupture » aux municipales et à la présidentielle. Mélenchon a expliqué des février 2025 que le NFP était « une alliance toxique » et que le signer avait été « une grosse bêtise ». En vérité, obsédé par la seule présidentielle, Mélenchon veut une candidature séparatiste LFI capable de s’imposer à toute la gauche.

Cette agressivité de LFI centrée contre le PS a permis à l’aile droite de celui-ci de peser lors du congrès de Nancy du 15 juin 2025 pour pousser la direction Faure au bord de la rupture de toute alliance avec LFI.  Celui-ci l’a concédé mais pas totalement.

Ce faisant, LFI se savait elle-même à contre-courant de l’opinion ultra majoritaire des 9 millions d’électeurs du NFP qui veulent l’union. A la fête de l’Humanité, le 14 septembre, ou les unitaires sont applaudis et ou les diviseurs sont sifflés, Mélenchon se sent même obligé de proposer une « coalition fédérative » (sic) dont il ne fait rien pour qu’elle existe.

Lorsque Macron s’enferre dans ses coups de forces successifs, que les menaces de dissolution et de destitution augmentent, la pression unitaire à la base (de LFI comme du PS) se fait plus forte.

LFI a reproposé au NFP de se rencontrer, hélas non pas pour gouverner, mais pour pousser plus que jamais à la destitution.

Après nos succès de Châteaudun, et du stand commun à la fête de l’Humanité, nous autres unionistes (LAPRES, Générations, Debout) sautons sur l’occasion (qui est en partie le fruit de notre travail idéologique et militant) pour (re)proposer l’union de tous, LFI et PS.

Cette fois c’est la direction du PS qui ne veut pas, à tort, participer.

Mais les deux appareils sont sous pression, car, en cas de dissolution de l’assemblée, ils ont gros à perdre. La puissance de la volonté unitaire à la base est considérable.

L’intelligence politique veut que l’union de toute la gauche sans exclusive se fasse plus que jamais, que soit reconstruit le NFP, et nombreux sont ceux qui comprennent qu’il n’y a pas de clivage stratégique sérieux et concret entre la défense d’un gouvernement de NFP de cohabitation et la mise en cause du pouvoir présidentiel de Macron, l’un et l’autre se complètent si l’on veut bien travailler en harmonie et confiance.

Nous disons : « il faut forcer la porte et imposer un gouvernement NFP » et quand la porte sera ouverte et le gouvernement installé, le reste viendra…

LFI dit « un gouvernement ne sert a rien, est impossible, on appelle d’abord à ce que Macron s’en aille »

Dans les révolutions, en général, les premiers mouvements ne s’en prennent pas au Roi, ils lui demandent du pain, et c’est quand il ne donne pas de pain qu’ils virent le Roi. Les femmes allaient chercher le pain à Versailles, les autres parlaient de République à Paris. Mais c’est aller chercher le pain qui a rapproché le pays de la République.

Opposer l’exigence du pain à l’exigence de faire partir le roi, n’a pas de sens sinon de diviser et d’affaiblir la gauche.

imaginez au Maroc, si au lieu de dire « on veut des hôpitaux avant des stades de foot », vous dites, « il faut d’abord chasser le roi sinon rien », vous changez malencontreusement la donne du mouvement en cours.

Que Macron s’entête et renomme encore un gouvernement à lui, va exacerber la situation de crise. Lecornu 2 ne semble soutenu que par 3 ou 4 partis sur 15 à lAssemblée. Nous sommes en pleine instabilité, et dans des cas comme ça, cela peut devenir explosif.

La mobilisation sociale est suspendue à une issue politique. Évidemment si le NFP n’était plus divisé, 120 députés d’un côté, 72 de l’autre, ce serait mieux. Exiger  fermement un gouvernement NFP est le bon cheminement.

Gerard Filoche 10 octobre 2025, 10 h

 

La question cruciale du retrait des 64 ans hante toute la politique depuis le premier semestre 2023

 

Borne, Lescure disent ce 8 octobre 2025 qu’il est possible de revenir sur la retraite à 64 ans, ils disent « suspension », nous disons abrogation.

Quand vous avez du mal à vous repérer dans les luttes politiques qui font le devant de la scène médiatique, allez donc voir ce qui les sous-tend dans les luttes de classes.

Si vous ne comprenez pas bien ceux qui se semblent se battre en haut, regardez ce que veulent ceux d’en bas.

Au premier semestre 2023, il y a eu une intersyndicale, une unité de la gauche, NUPES, 14 manifestations, 34 millions de manifestants dont 6 à 7 millions différents, il y a eu 95% de l’opinion des actifs contre les 64 ans, et cela n’a été arraché par Macron-Borne que par un coup de force, 49-3, contre une majorité de l’Assemblée.

Les financiers illibéraux, le Medef, le CAC 40, qui ont nommé Macron et l’entourent, déterminent sa politique n’ont rien voulu savoir. Dans le passé, même Chirac négociait, Macron, non. De coup de force en coup de force, Macron a voulu s’imposer, quitte à dissoudre l’Assemblée.

Ce qui a mis le NFP en tête le 30 juin et le 7 juillet 2024 c’est un sursaut, un effet différé des luttes du 1er trimestre 2023.

Finalement ce n’était pas une surprise, c’était logique.

Macron a refusé d’entendre, de laisser revoter de façon procédurale une majorité de l’assemblée sur la question honnie des retraites à 64 ans, il a nommé Barnier, Bayrou (et son conclave !), Lecornu.

Rien n’y a fait, parce qu’il y a déni de justice, déni de démocratie, et le salariat, 30 millions, 90 % des actifs est puissant. Le refus de donner 2 ans de sa vie à se faire exploiter par un capital insatiable, triomphant, rapace, est le plus fort.

A ceux qui se découragent trop vite : « c’est foutu, on a perdu, ils ont gagné sur les 64 ans », apprenez à ne jamais baisser les bras. Rien ne se perd jamais dans les luttes sociales, quand vous avez une telle force, une classe entiere mobilisée, majoritairement, tôt ou tard, ça revient à l’ordre du jour. Il faut seulement ne pas céder.

Il ne faut décidément pas se laisser duper par les baratins des patrons capitalistes (« impossible, trop cher, jamais, il faut passer à 67 ans, à 70 ans ») : nous pouvons revenir au droit à la retraite à 60 ans (et à 55 ans dans le bâtiment par exemple), il suffit d’ajuster les cotisations, jamais la France n’a été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées.

Et croyez-le, on peut hausser le Smic à 1600 euros net, 2000 bruts, et les salaires de 300 euros. Il ne s’agira que du début d’un rattrapage légitime, et là-haut ils devront payer, ils peuvent payer.

S’ils sentent leur système en crise, et une issue politique à gauche, les salariés iront plus loin.

Gérard Filoche le 8 octobre 2025

 

 

 

Indonésie 30 septembre 1965 : le plus violent coup d’état contre révolutionnaire au monde « L’année de tous les dangers »

 

Indonésie 30 septembre 1965 : le plus violent coup d’état contre révolutionnaire au monde

« L’année de tous les dangers »

Un massacre « oublié ». Pourtant un des plus terribles de l’histoire. Le 30 septembre 1965, le coup d’État « préventif » du général Suharto entraine le massacre de plus d’un million d’Indonésiens, et plusieurs millions vont être enfermés dans des camps en 1966 et 1967. Un bilan autour de 500 000 à 3 millions de victimes, un des pires massacres de masse du XX° siècle.

Dans ce pays alors de 130 millions d’habitants, avec 3 millions de membres le Parti communiste indonésien (PKI) comporte à l’époque de 3,5 millions de membres, le plus grand au monde après l’URSS et la Chine. 6 organisations de masse lui sont affiliées, soit 23,5 millions 3,5 millions au syndicat SOBSI, 9 millions dans l’association paysanne BTI, 5 millions dans les fédérations d’enseignants, d’écrivains, artistes, intellectuels, de cadres communistes, 3 millions dans les mouvements de la jeunesse Pemuda Rakyat, et des femmes Gerwani)

Il s’est constitué contre les colonisateurs néerlandais puis contre les envahisseurs japonais, puis britanniques, il a accepté un « front national uni » qui fait passer les intérêts du « peuple » avant les intérêts de classe, et s’est allié avec Soekarno, le « père de l’Indonésie », président qui avait fait le choix du neutralisme et du mouvement des « non alignés » ainsi que d’une « économie dirigée contre l’exploitation de l’homme par l’homme ». Ce régime (« Nasakom ») voulant officiellement allier le nationalisme, la religion musulmane et le communisme a effectué une réforme agraire limitant la taille des propriétés et redistribuant la terre. Il entretient des liens étroits avec la Chine et la Russie, ce qui irrite les Etats-Unis qui préparent son renversement dès les années 1955.

La reddition des japonais dans toute la région, l’échec des britanniques pour remplacer les néerlandais incapables de rétablir leur domination coloniale, la défaite voisine des français en 1954 à Dien Bien Phu au Vietnam, tout cela pousse les US à soutenir l’aile droite de l’armée indonésienne, leur fournissant le système de transmission qui a permis d’organiser les massacres et des listes de communistes à éliminer. L’importance décisive des opérations secrètes de la CIA visant à provoquer l’affrontement entre le PKI et l’armée ont été révélées depuis

Pendant les années 1965 et 1966, les militaires, les milices du Parti Musulman, et du Parti National Indonésien vont anéantir de façon méthodique le PKI et ses sympathisants à Sumatra, Java, Bali, Celèbes, Bornéo, Timor. Le chiffre de 500 000 victimes assassinées a été confirmé par certains historiens qui parlent de génocide. C’est la pire hécatombe subie par un parti communiste, à part les grandes purges de Staline dans l’entre-deux guerres. Outre les victimes des massacres, entre 600 000 et 750 000 personnes sont incarcérées, pour des périodes allant de un à trente ans. (Cf. en 2012 et 2014, deux documentaires réalisés par l’Américain Joshua OppenheimerThe Act of Killing et The Look of Silence.)

L’armée divise les prisonniers en trois groupes : le groupe A est composé des cadres dirigeants du PKI, censés avoir joué un rôle dans la tentative de putsch du 30 septembre. Ils sont détenus durant de longues années avant de passer en jugement ; aucun n’est acquitté et beaucoup sont condamnés à mort. Le groupe B rassemble des militants de base du PKI, considérés comme « indirectement » impliqués dans le coup d’État : un grand nombre d’entre eux est relégué dans des colonies pénitentiaires comme celle de l’île de Buru, où ils doivent assurer leur propre subsistance via l’agriculture. Ils sont également souvent condamnés à des peines de travaux forcés. Le groupe C est composé des sympathisants du PKI, souvent des membres de ses organisations de masse ; beaucoup connaissent un sort moins dur que les membres des groupes A et B, et sont détenus plus près de leurs familles qui peuvent leur rendre visite et leur apporter des vivres. La plupart des détenus C sont libérés vers 1972, mais ils demeurent privés de leurs droits civiques et sont exclus de certaines catégories d’emplois. Les militantes de la Gerwani – l’organisation féminine du PKI – sont fréquemment violées en prison. Le massacre des communistes réels ou supposés laisse beaucoup d’enfants orphelins ; certains sont retirés aux parents qui leur restent. Les maisons des personnes tuées ou emprisonnés sont souvent brûlées, ou confisquées, parfois réquisitionnées par l’armée, voire transformées en centres de détention.

C’est ainsi que le risque redouté par la CIA de voir se constituer un « axe » entre la Chine maoïste et l’Indonésie est écarté, alors même que les États-Unis sont en pleine escalade militaire dans la péninsule indochinoise, Vietnam, Laos et Cambodge.

Le silence international est organisé. Les opinions publiques occidentales sont peu informées. Suharto remplace Sukarno et reste dictateur jusqu’en 1998.

En 1978 un roman à succès de l’écrivain australien Christopher KochL’Année de tous les dangers, fut adapter au cinéma en 1982 par Peter Weir, avec Mel Gibson et Sigourney Weaver. En 2016, un tribunal d’opinion composé de juristes de divers pays reconnait l’État indonésien coupable de crimes contre l’humanité et qualifie la « tragédie de 1965 » de « génocide ». En 2017, le gouvernement américain déclassifie 30 000 pages de documents de son ambassade à Djakarta : les dossiers mis à disposition des chercheurs montrent que l’administration Johnson était parfaitement « au courant » des évènements et s’est abstenue de s’opposer aux agissements de l’armée indonésienne. En 2018, l’historien américain Geoffrey B. Robinson publie The Killing season, dans lequel il revient en détail sur l’histoire des massacres indonésiens. Dans cet ouvrage, il pointe les responsabilités des États-Unis qui, comme les Britanniques, ont encouragé pendant des années l’armée indonésienne à en finir avec Soekarno et le PKI et lui ont ensuite laissé les mains libres à Suharto : il  juge que les États-Unis et leurs alliés se sont rendus complices de crimes contre l’humanité et de génocide.

Suharto décidera en 1975 d’envahir et d’annexer le Timor oriental « avec la complicité diplomatique des États-Unis et aussi avec leurs armes » selon l’Américain Noam Chomsky, mais aussi du Royaume-Uni, de l’Australie et de la France. Cette invasion fit 200 000 morts. Il réprima par ailleurs dans la violence les mouvements communistes et islamistes : le nombre total de victimes varie de 300 000 à 3 millions. Il est alors considéré comme l’un des chefs d’État les plus corrompus et on estime qu’il a amassé, avec sa famille, une fortune de 40 milliards de dollars.

Au début des années 1990, il réprime brutalement la révolte d’Aceh et fait 9 000 morts. Les villages soupçonnés d’abriter des membres du GAM – Mouvement pour un Aceh libre, organisation qui lutte pour l’indépendance de la province indonésienne d’Aceh à la pointe nord de l’île de Sumatra) sont incendiés et les familles de militants présumés sont enlevées et torturées – organisation q

L’Indonésie sera le pays le plus touché par la crise financière asiatique de 1997-98. La monnaie nationale perd 4/5ème de sa valeur. Les étudiants se mobilisent pour dénoncer l’accord de transmission de pouvoir entre Suharto et Sukarno. Un étudiant meurt dans un affrontement avec les forces de l’ordre. Six d’entre eux sont fusillés par l’armée quelques jours plus tard. En mai 1998, suites à d’importantes émeutes (1 200 morts ; 182 viols collectifs par les militaires recensés) à Jakarta, Suharto est contraint de démissionner.

Divers présidents se succédèrent jusqu’en 2024 où tout bascule de nouveau. Prabowo Subianto est élu face au fils de l’ancien président, Widodo, non éligible après deux mandats consécutifs. Widodo, bénéficiant d’une forte popularité (70%) appellera – a la stupeur générale – à voter pour son adversaire, contre une place pour son fils en tant que Colister (vice-président).

Il n’aura pas fallu attendre février pour que les étudiants appellent à de massives manifestations antigouvernementales pour répondre à leurs attentes. Une deuxième vague eu lieu en mars concernant une loi permettant aux militaires d’être à des postes clés de la politique. C’est en août que l’ampleur des manifestations basculera quand le gouvernement vote une loi d’augmentation de 250% des taxes foncières et immobilières tout en augmentant les aides aux logements des députés d’environ 3 000 dollars par mois, déjà rémunérés entre 6 000 et 14 000 dollars mensuels.

Le salaire médian Indonésien est d’environ 200 dollars par mois (environ 3 000 000 de roupies). Cet écart colossal entre les revenus des députés déjà ultra riches et la population amène une première manifestation le 25 août ou plus de 100 000 personnes défilent, faisant des dizaines de blessés. Le drapeau One Piece[1] est érigé symboliquement dans toutes les manifestations puis interdit. Les manifestations sont violemment réprimées.

Le président, ancien militaire du dictateur, affirme qu’afficher ce drapeau ou participer à des manifestations relève de la haute trahison envers son pays, et que les émeutes, en marge du mouvement, relèvent du terrorisme. C’est le 28 août 2025 que tout bascule.

Affan Kurniawan, chauffeur Grab (l’équivalent d’Uber en Asie) est renversé ce soir-là par un véhicule blindé de la police un jour de manifestation. Le véhicule, après l’avoir renversé, puis s’être arrêté, repart en roulant sur le jeune homme de 21 ans, avant de s’enfuir. La vidéo est massivement diffusée sur les réseaux sociaux. Il décèdera à son arrivée à l’hôpital. Le jeune homme, ne manifestait pas et passait simplement par là pour son travail.

Le lendemain, des dizaines de milliers de moto taxi défilent partout en Indonésie, tandis que les étudiants étaient devant le siège national de la police pour exiger justice. La foule de manifestants, mis le feu aux parlements régionaux, et attaqua le siège de la police régional. Pour calmer la foule, la police annoncera le licenciement des 7 policiers présents dans le véhicule. Deux jours plus tard, plusieurs parlementaires indonésiens s’enfuyaient à l’étranger.

Le domicile de trois d’entre eux furent totalement pillés et incendiés, notamment celui du ministre des Finances (aujourd’hui remplacé par une autre ministre sur décision de Subiano). Ahmad Sahroni, membre de la chambre des représentants qui avait décrit les manifestants comme « les plus stupides du monde » vit sa maison pillée et incendiée également. Aucune ile de l’archipel ne sera épargnée, les manifestations atteignant même Bali et Lombok.

Après avoir dans un premier temps envisagé la loi Martial, Subianto sera obligé de faire marche arrière, et la loi est abandonnée le 31 août. Au 3 septembre, l’ONG internationale Human Rights dénombrait 10 morts, 20 disparus, 1 000 hospitalisés et 3000 arrêtés. Le Népal suivra quelques jours plus tard le chemin ouvert par l’Indonésie.

 

LRF


[1] Manga sur la piraterie ou ce drapeau est arboré par le personnage principal, qui lutte contre le gouvernement mondial et les injustices