La question cruciale du retrait des 64 ans hante toute la politique depuis le premier semestre 2023

 

Borne, Lescure disent ce 8 octobre 2025 qu’il est possible de revenir sur la retraite à 64 ans, ils disent « suspension », nous disons abrogation.

Quand vous avez du mal à vous repérer dans les luttes politiques qui font le devant de la scène médiatique, allez donc voir ce qui les sous-tend dans les luttes de classes.

Si vous ne comprenez pas bien ceux qui se semblent se battre en haut, regardez ce que veulent ceux d’en bas.

Au premier semestre 2023, il y a eu une intersyndicale, une unité de la gauche, NUPES, 14 manifestations, 34 millions de manifestants dont 6 à 7 millions différents, il y a eu 95% de l’opinion des actifs contre les 64 ans, et cela n’a été arraché par Macron-Borne que par un coup de force, 49-3, contre une majorité de l’Assemblée.

Les financiers illibéraux, le Medef, le CAC 40, qui ont nommé Macron et l’entourent, déterminent sa politique n’ont rien voulu savoir. Dans le passé, même Chirac négociait, Macron, non. De coup de force en coup de force, Macron a voulu s’imposer, quitte à dissoudre l’Assemblée.

Ce qui a mis le NFP en tête le 30 juin et le 7 juillet 2024 c’est un sursaut, un effet différé des luttes du 1er trimestre 2023.

Finalement ce n’était pas une surprise, c’était logique.

Macron a refusé d’entendre, de laisser revoter de façon procédurale une majorité de l’assemblée sur la question honnie des retraites à 64 ans, il a nommé Barnier, Bayrou (et son conclave !), Lecornu.

Rien n’y a fait, parce qu’il y a déni de justice, déni de démocratie, et le salariat, 30 millions, 90 % des actifs est puissant. Le refus de donner 2 ans de sa vie à se faire exploiter par un capital insatiable, triomphant, rapace, est le plus fort.

A ceux qui se découragent trop vite : « c’est foutu, on a perdu, ils ont gagné sur les 64 ans », apprenez à ne jamais baisser les bras. Rien ne se perd jamais dans les luttes sociales, quand vous avez une telle force, une classe entiere mobilisée, majoritairement, tôt ou tard, ça revient à l’ordre du jour. Il faut seulement ne pas céder.

Il ne faut décidément pas se laisser duper par les baratins des patrons capitalistes (« impossible, trop cher, jamais, il faut passer à 67 ans, à 70 ans ») : nous pouvons revenir au droit à la retraite à 60 ans (et à 55 ans dans le bâtiment par exemple), il suffit d’ajuster les cotisations, jamais la France n’a été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées.

Et croyez-le, on peut hausser le Smic à 1600 euros net, 2000 bruts, et les salaires de 300 euros. Il ne s’agira que du début d’un rattrapage légitime, et là-haut ils devront payer, ils peuvent payer.

S’ils sentent leur système en crise, et une issue politique à gauche, les salariés iront plus loin.

Gérard Filoche le 8 octobre 2025

 

 

 

Indonésie 30 septembre 1965 : le plus violent coup d’état contre révolutionnaire au monde « L’année de tous les dangers »

 

Indonésie 30 septembre 1965 : le plus violent coup d’état contre révolutionnaire au monde

« L’année de tous les dangers »

Un massacre « oublié ». Pourtant un des plus terribles de l’histoire. Le 30 septembre 1965, le coup d’État « préventif » du général Suharto entraine le massacre de plus d’un million d’Indonésiens, et plusieurs millions vont être enfermés dans des camps en 1966 et 1967. Un bilan autour de 500 000 à 3 millions de victimes, un des pires massacres de masse du XX° siècle.

Dans ce pays alors de 130 millions d’habitants, avec 3 millions de membres le Parti communiste indonésien (PKI) comporte à l’époque de 3,5 millions de membres, le plus grand au monde après l’URSS et la Chine. 6 organisations de masse lui sont affiliées, soit 23,5 millions 3,5 millions au syndicat SOBSI, 9 millions dans l’association paysanne BTI, 5 millions dans les fédérations d’enseignants, d’écrivains, artistes, intellectuels, de cadres communistes, 3 millions dans les mouvements de la jeunesse Pemuda Rakyat, et des femmes Gerwani)

Il s’est constitué contre les colonisateurs néerlandais puis contre les envahisseurs japonais, puis britanniques, il a accepté un « front national uni » qui fait passer les intérêts du « peuple » avant les intérêts de classe, et s’est allié avec Soekarno, le « père de l’Indonésie », président qui avait fait le choix du neutralisme et du mouvement des « non alignés » ainsi que d’une « économie dirigée contre l’exploitation de l’homme par l’homme ». Ce régime (« Nasakom ») voulant officiellement allier le nationalisme, la religion musulmane et le communisme a effectué une réforme agraire limitant la taille des propriétés et redistribuant la terre. Il entretient des liens étroits avec la Chine et la Russie, ce qui irrite les Etats-Unis qui préparent son renversement dès les années 1955.

La reddition des japonais dans toute la région, l’échec des britanniques pour remplacer les néerlandais incapables de rétablir leur domination coloniale, la défaite voisine des français en 1954 à Dien Bien Phu au Vietnam, tout cela pousse les US à soutenir l’aile droite de l’armée indonésienne, leur fournissant le système de transmission qui a permis d’organiser les massacres et des listes de communistes à éliminer. L’importance décisive des opérations secrètes de la CIA visant à provoquer l’affrontement entre le PKI et l’armée ont été révélées depuis

Pendant les années 1965 et 1966, les militaires, les milices du Parti Musulman, et du Parti National Indonésien vont anéantir de façon méthodique le PKI et ses sympathisants à Sumatra, Java, Bali, Celèbes, Bornéo, Timor. Le chiffre de 500 000 victimes assassinées a été confirmé par certains historiens qui parlent de génocide. C’est la pire hécatombe subie par un parti communiste, à part les grandes purges de Staline dans l’entre-deux guerres. Outre les victimes des massacres, entre 600 000 et 750 000 personnes sont incarcérées, pour des périodes allant de un à trente ans. (Cf. en 2012 et 2014, deux documentaires réalisés par l’Américain Joshua OppenheimerThe Act of Killing et The Look of Silence.)

L’armée divise les prisonniers en trois groupes : le groupe A est composé des cadres dirigeants du PKI, censés avoir joué un rôle dans la tentative de putsch du 30 septembre. Ils sont détenus durant de longues années avant de passer en jugement ; aucun n’est acquitté et beaucoup sont condamnés à mort. Le groupe B rassemble des militants de base du PKI, considérés comme « indirectement » impliqués dans le coup d’État : un grand nombre d’entre eux est relégué dans des colonies pénitentiaires comme celle de l’île de Buru, où ils doivent assurer leur propre subsistance via l’agriculture. Ils sont également souvent condamnés à des peines de travaux forcés. Le groupe C est composé des sympathisants du PKI, souvent des membres de ses organisations de masse ; beaucoup connaissent un sort moins dur que les membres des groupes A et B, et sont détenus plus près de leurs familles qui peuvent leur rendre visite et leur apporter des vivres. La plupart des détenus C sont libérés vers 1972, mais ils demeurent privés de leurs droits civiques et sont exclus de certaines catégories d’emplois. Les militantes de la Gerwani – l’organisation féminine du PKI – sont fréquemment violées en prison. Le massacre des communistes réels ou supposés laisse beaucoup d’enfants orphelins ; certains sont retirés aux parents qui leur restent. Les maisons des personnes tuées ou emprisonnés sont souvent brûlées, ou confisquées, parfois réquisitionnées par l’armée, voire transformées en centres de détention.

C’est ainsi que le risque redouté par la CIA de voir se constituer un « axe » entre la Chine maoïste et l’Indonésie est écarté, alors même que les États-Unis sont en pleine escalade militaire dans la péninsule indochinoise, Vietnam, Laos et Cambodge.

Le silence international est organisé. Les opinions publiques occidentales sont peu informées. Suharto remplace Sukarno et reste dictateur jusqu’en 1998.

En 1978 un roman à succès de l’écrivain australien Christopher KochL’Année de tous les dangers, fut adapter au cinéma en 1982 par Peter Weir, avec Mel Gibson et Sigourney Weaver. En 2016, un tribunal d’opinion composé de juristes de divers pays reconnait l’État indonésien coupable de crimes contre l’humanité et qualifie la « tragédie de 1965 » de « génocide ». En 2017, le gouvernement américain déclassifie 30 000 pages de documents de son ambassade à Djakarta : les dossiers mis à disposition des chercheurs montrent que l’administration Johnson était parfaitement « au courant » des évènements et s’est abstenue de s’opposer aux agissements de l’armée indonésienne. En 2018, l’historien américain Geoffrey B. Robinson publie The Killing season, dans lequel il revient en détail sur l’histoire des massacres indonésiens. Dans cet ouvrage, il pointe les responsabilités des États-Unis qui, comme les Britanniques, ont encouragé pendant des années l’armée indonésienne à en finir avec Soekarno et le PKI et lui ont ensuite laissé les mains libres à Suharto : il  juge que les États-Unis et leurs alliés se sont rendus complices de crimes contre l’humanité et de génocide.

Suharto décidera en 1975 d’envahir et d’annexer le Timor oriental « avec la complicité diplomatique des États-Unis et aussi avec leurs armes » selon l’Américain Noam Chomsky, mais aussi du Royaume-Uni, de l’Australie et de la France. Cette invasion fit 200 000 morts. Il réprima par ailleurs dans la violence les mouvements communistes et islamistes : le nombre total de victimes varie de 300 000 à 3 millions. Il est alors considéré comme l’un des chefs d’État les plus corrompus et on estime qu’il a amassé, avec sa famille, une fortune de 40 milliards de dollars.

Au début des années 1990, il réprime brutalement la révolte d’Aceh et fait 9 000 morts. Les villages soupçonnés d’abriter des membres du GAM – Mouvement pour un Aceh libre, organisation qui lutte pour l’indépendance de la province indonésienne d’Aceh à la pointe nord de l’île de Sumatra) sont incendiés et les familles de militants présumés sont enlevées et torturées – organisation q

L’Indonésie sera le pays le plus touché par la crise financière asiatique de 1997-98. La monnaie nationale perd 4/5ème de sa valeur. Les étudiants se mobilisent pour dénoncer l’accord de transmission de pouvoir entre Suharto et Sukarno. Un étudiant meurt dans un affrontement avec les forces de l’ordre. Six d’entre eux sont fusillés par l’armée quelques jours plus tard. En mai 1998, suites à d’importantes émeutes (1 200 morts ; 182 viols collectifs par les militaires recensés) à Jakarta, Suharto est contraint de démissionner.

Divers présidents se succédèrent jusqu’en 2024 où tout bascule de nouveau. Prabowo Subianto est élu face au fils de l’ancien président, Widodo, non éligible après deux mandats consécutifs. Widodo, bénéficiant d’une forte popularité (70%) appellera – a la stupeur générale – à voter pour son adversaire, contre une place pour son fils en tant que Colister (vice-président).

Il n’aura pas fallu attendre février pour que les étudiants appellent à de massives manifestations antigouvernementales pour répondre à leurs attentes. Une deuxième vague eu lieu en mars concernant une loi permettant aux militaires d’être à des postes clés de la politique. C’est en août que l’ampleur des manifestations basculera quand le gouvernement vote une loi d’augmentation de 250% des taxes foncières et immobilières tout en augmentant les aides aux logements des députés d’environ 3 000 dollars par mois, déjà rémunérés entre 6 000 et 14 000 dollars mensuels.

Le salaire médian Indonésien est d’environ 200 dollars par mois (environ 3 000 000 de roupies). Cet écart colossal entre les revenus des députés déjà ultra riches et la population amène une première manifestation le 25 août ou plus de 100 000 personnes défilent, faisant des dizaines de blessés. Le drapeau One Piece[1] est érigé symboliquement dans toutes les manifestations puis interdit. Les manifestations sont violemment réprimées.

Le président, ancien militaire du dictateur, affirme qu’afficher ce drapeau ou participer à des manifestations relève de la haute trahison envers son pays, et que les émeutes, en marge du mouvement, relèvent du terrorisme. C’est le 28 août 2025 que tout bascule.

Affan Kurniawan, chauffeur Grab (l’équivalent d’Uber en Asie) est renversé ce soir-là par un véhicule blindé de la police un jour de manifestation. Le véhicule, après l’avoir renversé, puis s’être arrêté, repart en roulant sur le jeune homme de 21 ans, avant de s’enfuir. La vidéo est massivement diffusée sur les réseaux sociaux. Il décèdera à son arrivée à l’hôpital. Le jeune homme, ne manifestait pas et passait simplement par là pour son travail.

Le lendemain, des dizaines de milliers de moto taxi défilent partout en Indonésie, tandis que les étudiants étaient devant le siège national de la police pour exiger justice. La foule de manifestants, mis le feu aux parlements régionaux, et attaqua le siège de la police régional. Pour calmer la foule, la police annoncera le licenciement des 7 policiers présents dans le véhicule. Deux jours plus tard, plusieurs parlementaires indonésiens s’enfuyaient à l’étranger.

Le domicile de trois d’entre eux furent totalement pillés et incendiés, notamment celui du ministre des Finances (aujourd’hui remplacé par une autre ministre sur décision de Subiano). Ahmad Sahroni, membre de la chambre des représentants qui avait décrit les manifestants comme « les plus stupides du monde » vit sa maison pillée et incendiée également. Aucune ile de l’archipel ne sera épargnée, les manifestations atteignant même Bali et Lombok.

Après avoir dans un premier temps envisagé la loi Martial, Subianto sera obligé de faire marche arrière, et la loi est abandonnée le 31 août. Au 3 septembre, l’ONG internationale Human Rights dénombrait 10 morts, 20 disparus, 1 000 hospitalisés et 3000 arrêtés. Le Népal suivra quelques jours plus tard le chemin ouvert par l’Indonésie.

 

LRF


[1] Manga sur la piraterie ou ce drapeau est arboré par le personnage principal, qui lutte contre le gouvernement mondial et les injustices

 

Personnaliser la politique c’est dépolitiser les personnes

Depuis que De Gaulle le 28 octobre 1962 a imposé par referendum (il avait obtenu 62 % des voix, il faut se méfier des referendum, ils sont manipulables) l’élection au suffrage universel direct du président de la République, notre vie politique n’a cessé d’être pourrie par les obligations nées de ce type d’élection.

L’action politique des partis s’est organisée de façon contrainte comme des « écuries présidentielles ». Et les calendriers électoraux ont été subordonnés tous les sept ans puis tous les cinq ans, par la désignation d’un homme-roi providentiel dont les pouvoirs constitutionnels exorbitants le place au-dessus de l’Assemblée nationale. C’est lui, chef des armées, qui nomme le Premier ministre, il peut dissoudre l’Assemblée, il dispose même d’un article 16 qui lui permet de se donner les pleins pouvoirs. En fait, c’est l’élection-reine, qui l’emporte sur toutes les autres. Ce qui personnalise toute la vie politique et restreint d’autant la démocratie.

Que nos sociétés complexes soient soumises au desiderata d’un seul homme, est un contre sens total, du point de vue de la raison. On arrive à des solutions de chaos comme celle que la présidence Macron a produite. Elles ne peuvent être dénouées « par le haut », sauf par coup d’état aggravé, elles exigent un retour au pouvoir d’en bas. Il n’y a jamais autant eu besoin d’études, de concertation, de négociations, pour aboutir à des décisions collectives, autrement muries, et expressions de la volonté réelle des citoyens.

La démocratie réelle, populaire, ne peut pas être verticale, ni césariste, elle est pluraliste, horizontale, participative, de terrain, à l’opposé de la représentation personnalisée par un seul individu. La démocratie est d’abord l’action de masse de la socialisation, du partage, en sororité et fraternité. C’est l’apprentissage vécu, expérimenté collectivement, de la généralisation de l’égalité en droits, de la commune à l’Assemblée nationale et en cela, elle s’oppose frontalement à la décision bonapartiste du referendum de 1962, à la V° République, capable de devenir profondément anti-démocratique selon l’usage que le président en fait. La constitution drivée par un seul individu peut devenir même très dangereuse, dès lors qu’il cesse de prendre en compte les autres votes, et qu’il utilise ses pleins pouvoirs. Entre les mains des capitalistes illibéraux, de Macron s’impose le chaos, que sera-ce avec l’extrême droite, Le Pen ? (D’où notre programme en faveur d’une Constituante pour une VI° République).

La démocratie n’est ni un système nerveux centralisé, ni un système gazeux délétére, elle ne vient pas « d’ailleurs », pas de « l’extérieur ». Elle ne nait pas, ne vit pas en dehors de l’action des masses elles-mêmes. La démocratie est pensée et se pense en commun, s’organise de façon endogène comme interaction à tous les niveaux, de la base au sommet. Elle se nourrit de l’attention de tous, à la fois des désaccords et de l’accord de tous, des débats autant que de la décision. Impossible d’être aussi bien pour la réforme que pour la révolution sans pousser jusqu’au bout cette démocratie. C’est une praxis, un brassage d’actions qui homogénéise, intègre, développe en respectant à l’infini avec attention, endurance, volontarisme toutes les sensibilités politiques, elles-mêmes émanant des luttes des classes.

C’est la force des assemblées et des luttes qui exprime, incarne et soude le salariat majoritaire et qui émancipe, par ricochet, les autres parties du peuple. L’impératif d’unir le salariat c’est pour servir à ça, englober en les respectant soigneusement à chaque pas toutes les sensibilités politiques.  En actionnant par tous les moyens, en toutes les circonstances, de façon vitale, comme l’oxygène, comme une sève, l’exemple du collégial, du collectif. C’est ce qui fait qu’à tous les stades de la cordée, la cuisinière, l’infirmière, la femme de ménage, l’écrivaine, le chauffeur-livreur, le balayeur, le vendeur, l’ingénieur, le professeur, le conducteur de travaux, le gestionnaire, sont en mesure de connaître, comprendre, donner leur avis, de modifier le cours des décisions, de la construction, de l’élévation sociale commune.

Libérée et démocratisée, la société peut alors créer plus, innover plus, produire plus, redistribuer toujours mieux, faire face aux plus grands des défis, face à tous les besoins collectifs sociaux et écologiques.

Encore faut-il que les partis de la gauche aient cette conscience, se dotent des moyens, des instruments, d’une praxis adaptée, et soient vigilants afin de se prémunir des périls de la V° république, des déviations qu’elle impose aux esprits, qu’ils combattent lucidement la personnalisation nuisible et en tout temps fassent vivre l’étendard de la collégialité.

Pour un parti démocratique et pluraliste de la gauche sociale et écologiste

Il ne faut pas chercher à nier ou méconnaître que, dès qu’il y a représentation, élection, division des tâches, dans toute organisation qui combat la société capitaliste et au-delà, naissent des tendances négatives, matérielles qui facilitent la création d’appareils qui échappent et nuisent à la démocratie. Les appareils existent, petits ou grands, il faut éduquer les militants, inculquer la vigilance, instaurer le contrôle collectif sur eux mais il n’y a pas de vaccin, il n’y en aura jamais, pour les empêcher : seules la force de la démocratie, de l’union dans l’action et des mobilisations qu’elles génèrent peuvent les freiner, les contourner, les dépasser.

Des conquêtes matérielles partielles, des avantages moraux, intellectuels, surgissent facilement et sont l’apanage des directions et dirigeants des partis, syndicats et associations qui expriment, incarnent le salariat en lutte pour la révolution sociale. Il y a des dangers professionnels du pouvoir. Le capitalisme se défend en divisant et en corrompant : « La domination de la bourgeoisie n’est fondée que sur la concurrence des ouvriers entre eux, c’est-à-dire sur la division à l’infini du prolétariat, sur la possibilité d’opposer entre elles les diverses catégories d’ouvriers » (Friedrich Engels).

Gérard Filoche le samedi 20 septembre 2025

 

 

De Châteaudun à la fête de l’Humanité Les « unitaires » ont le vent en poupe Benjamin Lucas, François Rufin, avec LAPRES : hâtons la fusion Pour un grand Parti des gauches unitaires

L’histoire nous mord la nuque, il faut avancer vite

Pour un gouvernement NFP

 


Le rassemblement des unitaires à Châteaudun, ce fut 2500 militants présents. (1)

2500 militants c’est normalement un succès irréversible. C’étaient les enfants du 7 juillet 2024. C’était le produit du sursaut anti RN, des défenseurs du NFP arrivé en tête à l’Assemblée nationale avec 9 millions de voix et 192 députés. C’était le refus de la division du NFP. Venus de toute la France, les militants ne se sont pas seulement additionnés, ils se sont « brassés ». Il ne manquait que LFI, ils étaient invités.

Tout le monde s’est aperçu que c’était trop court, une seule journée, et les ateliers, les rencontres, le meeting unitaire final, ont juste permis d’expérimenter qu’il faut aller plus loin, plus longtemps, parler et travailler davantage. Il y avait tant de points théoriques, politiques, pratiques, communs, à aborder, que ça méritait une véritable université d’été sur trois à quatre jours, afin qu’on vérifie, assure, construise nos proximités idéologiques, nos savoirs-faires militants, notre fraternité évidente.

La presse ne s’y est pas trompée, et a fait l’écho de cette première journée exceptionnelle « des unitaires ». GDS et Ensemble ayant intégré Laprès, l’initiation avec Génération’s et Debout, ouvre une perspective de changement vivifiant à gauche, de priorité au renforcement du Nouveau Front populaire, a contrario des menaces qui pèsent sur lui.

Le stand commun lors de la fête de l’Humanité a lui aussi été le fruit d’une volonté, un signal, un pas de plus, il n’a pas désempli, il a montré que Debout, Générations, Laprès, ça pouvait marcher ensemble et d’une même voix, ça répondait à la note dominante de la fête qui, a elle-même battu tous ses records, en rassemblant 610 000 personnes. (Dans les grands forums, à une échelle de masse, ce sont les propos d’union qui ont été applaudis et les propos diviseurs ont été sifflés). Ça rentre en résonance avec une politisation accélérée du pays, la chute de Bayrou, le 10 septembre et la proximité d’un 18 septembre de mobilisation géante avec l’intersyndicale.

En cette période si prévisible d’instabilité profonde, de crise sociale, politique, institutionnelle, 95 % de la gauche veut l’union, et comprend l’union NFP comme la seule issue politique concrète, immédiate. Construire une force politique qui se consacre principalement et démocratiquement à cimenter et développer cette union sur la base du programme commun NFP, c’est exactement pile poil en phase avec les aspirations du moment, majoritaires à gauche.

Nous n’opposons pas réformisme et révolution, ils se nourrissent l’un l’autre, agir en un front commun est leur seule chance de victoire. Il n’existe pas de gauche irréconciliable ni de séparation entre une gauche dite de rupture et gauche dite d‘accompagnement. La « rupture » ne se décrète pas, pas plus que la grève générale. Impossible d’avoir une « gauche de rupture » sans union de la gauche. Pas de dynamique ni rupture sans union NFP.  Un « programme de rupture » n’a pas de sens en soi sans mobilisation des masses, et celle-ci se déclenche par la dynamique de l’union, pas par la division. En 1935, 1936, l’union politique a favorisé l’union syndicale, qui a entrainé l’union dans les luttes, qui a provoqué la grève générale qui a poussé plus loin le programme que ce qu’il contenait au départ.

Nous faisons attention à chaque sensibilité, à chaque composante, chaque personnalité, à respecter chaque militant, à partager les responsabilités, visibles et invisibles, on apprend à travailler ensemble, patiemment, fraternellement (ce qui n’est jamais évident a priori). On apprend aussi à mettre ce qui est essentiel en avant : le salaire, la Sécu, le travail, la retraite, ce qui est matérialiste et primordial pour les 30 millions de salariés, les 90 % d’actifs de notre pays qui n’ont que leur force de travail à vendre, produisent toutes les richesses et n’en reçoivent pas la part qu’ils méritent.

Le NFP ce n’est pas l’unité de pensée, c’est l’unité d’action.

La gauche est pluraliste, foisonnante, bouillonnante, et c’est tant mieux. La démocratie est l’oxygène, la sève, qui lui permet de vivre et d’agir. L’entente de toute la gauche, de ses partis, syndicats, associations, doit donc se faire sur les objectifs précis de prise du pouvoir et de gestion immédiate de celui-ci. Les succès ne sont pas garantis sur le papier, mais dépendront de la force de l’union et des mobilisations qu’elle engendrera.

La situation est explosive, le calendrier incertain. La pratique présidentialiste de Macron, résistant forcené aux volontés de changement, arque-bouté en défense de la grande finance, contre les puissantes volontés démocratiques qui secouent le pays en profondeur, peut déboucher vite sur une confrontation sociale d’ampleur inédite.

Un « me too » contre les riches » couve.

Alors, au sein du NFP, les forces les plus conscientes, les plus activement unitaires, ont besoin d’une relative unité de pensée et un « seuil » de rassemblement de forces militantes conséquent pour peser.

Il faut donc accélérer le mouvement lancé à Châteaudun, confirmé à la fête de l’Humanité. Engager des échanges communs approfondis, multiplier les actions communes, être insérés dans la pratique du NFP, garder le cap d’un gouvernement de celui-ci sans exclusive et en dépit des adversités. La gauche, toute la gauche, est condamnée à s’entendre et nous, en son sein, devons être assez murs, assez rapides, audacieux pour le faciliter, le permettre.

C’est donc une adresse aux dirigeants comme aux militants les plus concernés à cette heure :

Benjamin Lucas, François Ruffin, pressons le pas, soyons audacieux, engageons la fusion entre nous.

Présentons aux millions d’électeurs du NFP, un Parti des gauches unitaires, en commun et digne de ce nom, au cœur de la gauche, démontrons en fusionnant dans les meilleurs délais et conditions possibles, que nous avons l’union chevillée au corps, que nous voulons rassembler, additionner, démultiplier, dynamiser, pour gagner, que cela l’emporte avant tout, lucidement, efficacement, à nos yeux. Ce sera entrainant, applaudi, ovationné !

C’est possible, vite. La situation presse. Cela dépend de notre volonté, et nous aurons ainsi les moyens de faire face aux évènements très certainement grandioses qui nous attendent demain.

Gérard Filoche le 17 septembre 2025

(1) (Certes il en a fallu des efforts pour en arriver à Chateaudun et au stand commun de la fête de l’Humanité  : un merci particulier à toutes et tous..  et aux militants de GDS qui se sont battus pour réaliser cela depuis des années et notamment qui le voulaient en fin août 2024, ils ont eu le sentiment de piétiner, avant que tous les dirigeants d’Ensemble, Laprés, Génération’s, Debout, partagent, prouvent que s’unir était la seule façon de créer une dynamique, – mais comme on le voit, ils ont été efficaces).

 

Charlatanerie de Bayrou sur la « dette » Que Lecornu-Macron cessent avec ça !

 

La « dette » c’est d’abord un récit. Bayrou a inventé le vent et le sens du vent qu’il voulait voir souffler sur nous. Cela s’est vu dans tout le pays. Bayrou a été battu par 2/3 des voix à l’Assemblée nationale et battu dans le tout le pays à plus 70 % de l’opinion.

Que Lecornu-Macron ne viennent pas nous relancer encore dans le prochain budget avec le même récit, la même rengaine !

Un pays n’est pas un ménage. La dette ce n’est pas la faute aux citoyens. Les dirigeants politiques et économiques, l’oligarchie, les financiers, les grands patrons sont maitres des taux de déficit et d’endettement et les présentent selon leur volonté.

Les critères de Maastricht ont été fixés au doigt mouillé par MM. Labeille et Davignon : 3% de déficit, 60 % d’endettement, 1,5 % d’inflation et le fait qu’il ne soient quasiment jamais respectés, ne change rien. Et depuis Mme Ven der Leyen les a relativisés pour le Covid. Et lorsque M. Trump a exigé que les états de l’UE dépensent eu moins 5 % d’armement, il a été décidé que les conséquences ne seraient pas prises en compte dans les critères de Maastricht. Ce qui démontre une fabuleuse élasticité dans l’interprétation des critères de déficit et de dettes. Ceux qui parlent de combat contre les déficits et les dettes comme s’il s’agissait de loi divine, d’une rigidité scientifique, d’un principe fondamental économique, sont bien mal fondés.

Le Portugal de 1934 à 1974 n’a eu aucun déficit, ni aucun endettement, dirigé qu’il était par un dictateur illuminé, le « doutor Salazar » qui théorisait avant l’heure, la « règle d’or » de Mme Angela Merkel : il a serré le budget annuel à l’escudo prés pendant 40 ans et le résultat est qu’il a fait ainsi de son petit pays le plus pauvre d’Europe. Ne pas avoir de dette ni de déficit est mauvais pour un état, car il est censé s’en servir pour investir, orienter, protéger, répondre aux besoins de ses citoyens.

Se plaindre, jeter l’alarme, hurler au loup, parce qu’il y a trop de dettes et de déficits qui ont été délibérément fabriqués, c’est surtout un argument politique pour imposer des austérités, des restrictions sociales. Le chantage des libéraux à la dette et aux non-déficits au nom de leurs pseudo théories économiques inventées pour la circonstance, a surtout vocation à faire pression sur les citoyens pour les priver de la satisfaction de leurs besoins et pour augmenter ou assurer leurs propres marges de profit.

Bayrou a voulu pousser l’artifice jusqu’au bout et a échoué.

Bayrou 2025, qui a essayé de se construire médiocrement en se disant hanté par la « dette », avait oublié le récit de Bayrou 2020 : à l’époque il proposait tout simplement de décompter la « dette Covid » de la dette globale. Il voulait l’appeler une « dette blanche », la mettre à part ! de même qu’il mettait à part la dette pour préparer la France à la guerre ! Question d’arrangement, de convention !

De même qu’il devrait être une question de convention de distinguer les dettes de fonctionnement et les dettes d’investissement : cette distinction devrait être d’évidence. Elle est pourtant refusée par des comptables qui se prétendent imbus de réalisme économique.

Il existe, le sait-on, des « dettes odieuses » : les États-Unis ont même réussi à en faire une règle juridique existante dans le droit international pour ne pas payer la dette de Cuba dans les années 1898, après qu’ils eurent occupé le territoire en l’enlevant à l’état espagnol. Ils prétendirent que l’Espagne était mal fondée de réclamer aux Cubains une dette que ceux-ci avaient contractée en se défendant de leur occupation coloniale et donc qu’il s’agissait d’une « dette odieuse », donc non remboursable, et Washington gagna le procès.

Beaucoup de dettes sont « odieuses » à ce titre, à commencer par les mille milliards que les 8 années de gouvernance Macron-Bayrou ont rajouté aux niveaux des dettes laissées par Hollande, Sarkozy et cie…  Mille milliards provoqués par la baisse délibérée des recettes et par le versement volontairement excessif de centaines de milliards de CICE, d’aides, d’assistanat aux chefs des grandes entreprises de 2017 à 2025…

Ce fut une question de convention opportune, quand en 1953, les états alliés victorieux de la 2° Guerre Mondiale, se réunirent avec l’Allemagne (RFA) pour supprimer 50 % de sa dette.

De même que ce fut une question de convention, c’est-à-dire de calcul politique et non pas d’une quelconque « vérité » économique, quand les autorités de Berlin, début des années 2010 étranglèrent la Grèce avec une impitoyable brutalité alors qu’elle avait moins d’endettement que la France d’aujourd’hui. L’Allemagne de 2010 n’avait jamais payé sa dette de guerre à la Grèce (à hauteur de 85 milliards d’euros) mais lui imposa des dizaines de milliards de pénalités, payées durement ni par les popes, ni par les armateurs, ni par les militaires, mais par les salariés, les retraités et les pauvres. L’appréciation des déficits et de la dette était une question de rapport de forces politique et social, et comme la Grèce ne fait que 2% du PIB européen, elle a payé cher alors que la France avec 25 % du PIB est hors d’atteinte de sanctions similaires.

Bayrou a poussé sa propagande de façon excessivement grossière en comparant la France à la Grèce et en auto-menaçant le pays d’une intervention du FMI que celui-ci s’est empressé de démentir. Il a joué dans le camp ennemi et encouragé ces autres charlatans que sont les pseudo agences de notation privées comme « Fitch » a dénigrer le pays.

Tout est plus relatif et aléatoire que ce que Bayrou voulait ériger en « grande peur » et en « grande cause vertueuse »

La « dette » de 3345 milliards de la France, si l’on décide de la présenter ainsi, est en réalité étalée sur huit ans, 450 milliards par an. Et elle est peu de chose à côté du patrimoine total du pays (18 674 milliards d’euros en fin 2023).

Avec 114,1 % du PIB, un peu plus d’un an de PIB, elle est moindre que la dette totale du secteur privée de la France qui est de 212 % du PIB en 2023 (données FMI, ménages + entreprises). Et encore, ce chiffre est lui-même sous-évalué car n’incluant que les crédits et titres de dette principaux mais pas tous les instruments d’endettement que le secteur privé peut utiliser. Si on inclut ces derniers, on se rapproche probablement des 300 % de PIB ( https://www.imf.org/external/datamapper/datasets/GDD). Or la dette privée est autrement plus dangereuse que la dette publique, à cause des risques de défaut et de faillite qui pèsent sur les agents privés et qui, s’ils se matérialisent à grande échelle à cause d’une crise économique, ont tôt fait de provoquer une crise financière par-dessus. Souvenir cuisant de 2008 !

Notons également pour clore le bec aux théories enfumeuses de Bayrou  que la dette des US est plus grande : 122 % soit 36 220 milliards de dollars, celle du Japon est de 212 % en 2025. La dette Italienne se situe à 137,9 % du PIB.  Belgique : le ratio de la dette belge s’élève à 106,8 % du PIB. Espagne : la dette publique espagnole représente 103,5 % du PIB.

Et puis enfin but not the least, de quelle dette s’agit-il ? de quel budget ?

Il y a trois budgets en France : la Cour des Comptes se refuse a calculer les comptes du pays selon ces trois budgets séparés. Pourtant la RÉPARTITION de la DETTE globale 2024 [source MINEFI] est ainsi, sous Vue d’ensemble | budget.gouv.fr :

- État et ODAC (Etat  ET organismes divers d’Administration Centrale] 2756.8 [Md€]
- ASSO (Administrations de Sécurité Sociale) 286.6 [Md€]
- APUL (Administrations publiques locales) 261.9 [Md€]

Ce qui veut dire que sur un budget séparé de la protection sociale d’environ 850 milliards, la dette générée n’est que de 9 %.

Sur un budget des collectivités territoriales qui s’élève à 300 milliards la dette générée n’est que de 8 %.

Et sur le budget de l’état Macron-Bayrou-Lecornu la dette est de 83 % et c’est ce dernier budget, s’il en est un, qui pose problème. Ce qui change tout l’éclairage du sujet, les libéraux et leur propagande noient le poisson là-dessus, mélangent tout en parlant de « prélèvements obligatoires » (sic) en orientant les attaques contre la Sécu, les retraites.

Il n’y a pas un problème de dette il y a un problème de recettes du budget de l’État-Macron.

Macron a baissé les recettes et a versé jusqu’à 40 % de son budget d’état soit 211 milliards (241 pendant le Covid, payés par les salariés et les pauvres notamment par la TVA)… sous forme d’assistanat aux chefs d’entreprise : la redistribution à l’envers, Robin des bois à l’envers !

Ainsi la dette, elle court, elle court, abonde les riches, et ne sera jamais remboursée, Macron pompe, pompe, pompe les impôts des pauvres (qui sont 10 millions, un record) et fournit la fortune des 1800 riches (qui détiennent 42 % du pays)  : ils ont doublé leur patrimoine et les 500 premières fortunes atteignent 1128 milliards. Ils s’en moquent  des intérêts de la dette trop élevés avec lesquels Bayrou nous menaçait : ils  fluctueront abondamment, résultats de décisions politiques manipulées par des banquiers « indépendants » (mais soigneusement à l’écoute des voix de leurs maîtres de la finance) : ainsi les intérêts remboursés chaque année de la dette française étaient moindres à la fin des années 1990, qu’aujourd’hui ! Et on est passés par des années incroyables où il était possible d’emprunter à un taux en dessous de zéro, ce qui voulait dire que les banques payaient pour prêter de l’argent et qu’on remboursait en s’endettant !

Donner la priorité au remboursement de la dette comme le voulait Bayrou, en instaurant une austérité drastique, en prenant 44,5 milliards au service public, c’était comme un jardinier qui arrosait la rivière pendant que son jardin s’asséchait : la consommation s’appauvrissait, la récession menaçait, les rentrées fiscales diminuaient, le déficit s’aggravait et la dette aussi.

On l’en a empêché, continuons jusqu’au bout avec Lecornu-Macron et cie. Un me too contre les riches !

 

Gérard Filoche le 11 septembre 2025 (jour souvenir de l’épouvantable coup d’état des US et de Pinochet contre le front populaire au Chili)

 

Premieres mesures chronologiques de mise en oeuvre du programme du NFP

Nous militons toutes et tous pour un gouvernement du NFP, des 192 députés de gauche, la force arrivée en tête à l’Assemblée le 7 juillet 2024. Macron aurait dû nommer Lucie Castets.

Mais après la chute de Barnier puis de Bayrou la question se repose inévitablement : respecter le vote du 7 juillet 2024, nommer premier ministre et gouvernement de gauche

Pour notre part, ce gouvernement devra, pour commencer à mettre en œuvre efficacement le programme du NFP, en tenant compte de l’Assemblée majoritairement encore hostile, mettre en œuvre les premières mesures suivantes :

Immédiatement :

- Hausser le smic net et brut : à 1600 net, 2000 euros brut.

- Hausser dans la même proportion les points d’indice de la fonction publique

- Hausser dans la même proportion les minimas sociaux

- Engager des conférences interprofessionnelles et par branches pour la hausse des salaires, ajustant les conventions collectives étendues, minima au-dessus du smic, niveaux, coefficients, échelons, qualifications,

- Abrogation de la loi sur la retraite à 64 ans, augmentation des cotisations sociales, salariales et patronales pour revenir à 62 et préparer le retour à 60 ans.

- Fin de toute aide non conditionnée, non contrôlée, non justifiée aux entreprises : seulement en échange du contrôle des conditions de travail, des institutions représentatives du personnel, des salaires, des emplois et licenciements, de respect de l’environnement)

- Dix décrets pour reconstruire le code du travail (accidents, risques psycho-sociaux, chaleur, contrôle des licenciements, prud’hommes, médecine du travail, inspection du travail) et pour redonner des moyens, de la démocratie et de droits aux salariés dans les entreprises.

- Plan d’urgence pour l’hôpital public et contre les déserts médicaux,

- Blocage des loyers, aides au logement accrues, rénovation thermique relancée et financée

- Relance des transports en commun collectif et public en priorité : pass’ jeune, pass’ seniors,

- Organisation immédiate d’états généraux des quartiers et espaces ruraux, subventions et aides aux associations, collectivités en péril, pour une égalité entre les territoires

- Deux milliards pour lutte contre les violences faites aux femmes

2) Un budget avec de nouvelles recettes afin de répondre aux besoins prioritaires :

- Procéder par budget existant, il y en trois, on les distingue soigneusement

-

a) Un budget d’état rééquilibré : stop aux 83 % de dette provoquées par le budget de l’etat, nouvelles recettes

- les gros paient gros et les petits paient petit

- Priorité à l’impôt direct et progressif, 20 tranches pas de revenu/salaires supérieur à 20 smic

- Tout citoyen français où qu’il soit dans le monde doit rendre des comptes au fisc français

- Instaurer la taxe Zucman, 2% sur le patrimoine de ceux qui possèdent plus de 100 millions

- Imposer les multinationales au même taux que les entreprises françaises sur leur chiffre d’affaires réalisés en France

- Supprimer la flat tax pour que les revenus du capital soient autant taxés que ceux du travail.

- Réformer le Crédit Impôt Recherche.

- Imposer de manière renforcée les héritages dorés.

- Instaurer un ISF climatique

 

b) Un budget de la protection sociale renforcé :

Retour vers une gestion des caisses par les élus des assurés sociaux

et vers une sécurité sociale a 100%

Ajustement des cotisations sociales et patronales aux besoins sociaux.

 

c) Un budget des collectivités territoriales consolidé :

une garantie des ressources

une péréquation et planification des développements et investissements,

 

Indonésie 30 septembre 1965 : le plus violent coup d’état contre révolutionnaire au monde « L’année de tous les dangers »

 

Un massacre « oublié ». Pourtant un des plus terribles de l’histoire. Le 30 septembre 1965, le coup d’État « préventif » du général Suharto entraine le massacre de plus d’un million d’Indonésiens, et plusieurs millions vont être enfermés dans des camps en 1966 et 1967. Un bilan autour de 500 000 à 3 millions de victimes, un des pires massacres de masse du XX° siècle.

Dans ce pays alors de 130 millions d’habitants, avec 3 millions de membres le Parti communiste indonésien (PKI) comporte à l’époque de 3,5 millions de membres, le plus grand au monde après l’URSS et la Chine. 6 organisations de masse lui sont affiliées, soit 23,5 millions 3,5 millions au syndicat SOBSI, 9 millions dans l’association paysanne BTI, 5 millions dans les fédérations d’enseignants, d’écrivains, artistes, intellectuels, de cadres communistes, 3 millions dans les mouvements de la jeunesse Pemuda Rakyat, et des femmes Gerwani)

Il s’est constitué contre les colonisateurs néerlandais puis contre les envahisseurs japonais, puis britanniques, il a accepté un « front national uni » qui fait passer les intérêts du « peuple » avant les intérêts de classe, et s’est allié avec Soekarno, le « père de l’Indonésie », président qui avait fait le choix du neutralisme et du mouvement des « non alignés » ainsi que d’une « économie dirigée contre l’exploitation de l’homme par l’homme ». Ce régime (« Nasakom ») voulant officiellement allier le nationalisme, la religion musulmane et le communisme a effectué une réforme agraire limitant la taille des propriétés et redistribuant la terre. Il entretient des liens étroits avec la Chine et la Russie, ce qui irrite les Etats-Unis qui préparent son renversement dès les années 1955.

La reddition des japonais dans toute la région, l’échec des britanniques pour remplacer les néerlandais incapables de rétablir leur domination coloniale, la défaite voisine des français en 1954 à Dien Bien Phu au Vietnam, tout cela pousse les US à soutenir l’aile droite de l’armée indonésienne, leur fournissant le système de transmission qui a permis d’organiser les massacres et des listes de communistes à éliminer. L’importance décisive des opérations secrètes de la CIA visant à provoquer l’affrontement entre le PKI et l’armée ont été révélées depuis

Pendant les années 1965 et 1966, les militaires, les milices du Parti Musulman, et du Parti National Indonésien vont anéantir de façon méthodique le PKI et ses sympathisants à Sumatra, Java, Bali, Celèbes, Bornéo, Timor. Le chiffre de 500 000 victimes assassinées a été confirmé par certains historiens qui parlent de génocide. C’est la pire hécatombe subie par un parti communiste, à part les grandes purges de Staline dans l’entre-deux guerres. Outre les victimes des massacres, entre 600 000 et 750 000 personnes sont incarcérées, pour des périodes allant de un à trente ans. (Cf. en 2012 et 2014, deux documentaires réalisés par l’Américain Joshua OppenheimerThe Act of Killing et The Look of Silence.)

L’armée divise les prisonniers en trois groupes : le groupe A est composé des cadres dirigeants du PKI, censés avoir joué un rôle dans la tentative de putsch du 30 septembre. Ils sont détenus durant de longues années avant de passer en jugement ; aucun n’est acquitté et beaucoup sont condamnés à mort. Le groupe B rassemble des militants de base du PKI, considérés comme « indirectement » impliqués dans le coup d’État : un grand nombre d’entre eux est relégué dans des colonies pénitentiaires comme celle de l’île de Buru, où ils doivent assurer leur propre subsistance via l’agriculture. Ils sont également souvent condamnés à des peines de travaux forcés. Le groupe C est composé des sympathisants du PKI, souvent des membres de ses organisations de masse ; beaucoup connaissent un sort moins dur que les membres des groupes A et B, et sont détenus plus près de leurs familles qui peuvent leur rendre visite et leur apporter des vivres. La plupart des détenus C sont libérés vers 1972, mais ils demeurent privés de leurs droits civiques et sont exclus de certaines catégories d’emplois. Les militantes de la Gerwani – l’organisation féminine du PKI – sont fréquemment violées en prison. Le massacre des communistes réels ou supposés laisse beaucoup d’enfants orphelins ; certains sont retirés aux parents qui leur restent. Les maisons des personnes tuées ou emprisonnés sont souvent brûlées, ou confisquées, parfois réquisitionnées par l’armée, voire transformées en centres de détention.

C’est ainsi que le risque redouté par la CIA de voir se constituer un « axe » entre la Chine maoïste et l’Indonésie est écarté, alors même que les États-Unis sont en pleine escalade militaire dans la péninsule indochinoise, Vietnam, Laos et Cambodge.

Le silence international est organisé. Les opinions publiques occidentales sont peu informées (1). Suharto remplace Sukarno et reste dictateur jusqu’en 1978.

En 1978 un roman à succès de l’écrivain australien Christopher KochL’Année de tous les dangers, fut adapter au cinéma en 1982 par Peter Weir, avec Mel Gibson et Sigourney Weaver. En 2016, un tribunal d’opinion composé de juristes de divers pays reconnait l’État indonésien coupable de crimes contre l’humanité et qualifie la « tragédie de 1965 » de « génocide ». En 2017, le gouvernement américain déclassifie 30 000 pages de documents de son ambassade à Djakarta : les dossiers mis à disposition des chercheurs montrent que l’administration Johnson était parfaitement « au courant » des évènements et s’est abstenue de s’opposer aux agissements de l’armée indonésienne..En 2018, l’historien américain Geoffrey B. Robinson publie The Killing season, dans lequel il revient en détail sur l’histoire des massacres indonésiens. Dans cet ouvrage, il pointe les responsabilités des États-Unis qui, comme les Britanniques, ont encouragé pendant des années l’armée indonésienne à en finir avec Soekarno et le PKI et lui ont ensuite laissé les mains libres à Suharto : il  juge que les États-Unis et leurs alliés se sont rendus complices de crimes contre l’humanité et de génocide.

Gérard Filoche, sept 2025

1) Pour briser le silence et analyser l’événement , à l’époque, nous publiâmes « à chaud » en 1965 à Rouen une brochure de la Jeunesse communiste révolutionnaire « Révolution et contre révolution en Indonésie » d’une cinquantaine de pages ronéotées rédigées par Guy Desolre dit « Charlier » (1939-2016), militant trotskiste belge.

 

 

Chaque jour, chaque heure sans NFP rapprochent Bardella de Matignon

 

Depuis que 9 millions d’électeurs l’ont mis en tête, le NFP n’a pas pu être contourné par Macron, mais sa division actuelle doit cesser

Chaque jour, chaque heure sans NFP

rapprochent Bardella de Matignon

Mais si on reconstruit le NFP, et il faut, en urgence, on peut gagner

 

Faillite de Macron, Barnier, Bayrou :

Les 30 juin et 7 juillet 2024, c’est une magnifique mobilisation de 9 millions d’électeurs qui a permis de faire barrage à Le Pen et Bardella. Ce fut un beau sursaut et un beau sursis de la gauche réunie, effet différé des grandes grèves et manifestations du salariat et de son intersyndicale du premier trimestre 2023. 90 % des actifs et salariés ne voulaient ni de la retraite à 64 ans ni de l’extrême-droite.

Placé en tête à l’Assemblée nationale avec 192 députés, le Nouveau Front Populaire aurait dû gouverner. Mais Macron s’est obstiné à violer la démocratie et à ne pas changer de politique en nommant Barnier puis Bayrou. Depuis, cela s’est vu et vérifié, il y a une instabilité politique que rien ne parvient à refermer.

Pour tenter de sauver le régime qui a permis aux principaux milliardaires français et au CAC 40 de pomper les revenus du travail de façon accentuée depuis 8 ans, Macron persiste. Abrité derrière un prétendu « bloc central » en total effritement, il refuse de déroger à la « politique de l’offre » inaugurée par lui sous Hollande. De façon forcenée, il sert le mandat que lui a donné la haute oligarchie française et le Medef : protéger ses superprofits, bloquer les salaires nets et bruts, la protection sociale, les services publics, la santé et les retraites. Au service de ça, Bayrou, après sa nomination aux forceps, n’a cessé de mentir, de gagner du temps puis a fini par jouer le tout pour le tout en choisissant artificiellement la dramatisation de la question de la « dette ».

Raté : en posant la « question de confiance » Bayrou s’est heurté à un blocage généralisé et à une opinion qui l’a poussé dehors, quasiment un « me too contre les riches ». Ça n’a fait que révéler de façon encore plus évidente, la baisse délibérée des recettes, des impôts sur les revenus des riches et des sociétés. Alors qu’il cherchait à en accuser le peuple et surtout les salariés, Bayrou n’a réussi qu’à braquer le projecteur sur l’injustice de la fiscalité, l’aberration des mille milliards de dette créés depuis 8 ans. Tout s’est éclairé davantage : la dette c’est la droite, la dette c’est Macron, les milliardaires rapaces ont doublé leur fortune tandis que la pauvreté a atteint le record de 10 millions de français. Le chômage est remonté à plus de 6 millions. Le droit du travail a été très affaibli, précarité et uberisation ont progressé. La Sécu, la santé sont à l’os. L’École manque de tout. Le transport collectif flambe et coûte anormalement plus cher que la bagnole individuelle. La pénurie de logement social est considérable. Les infrastructures se fissurent. La retraite a 64 ans est intolérable. Rien de suffisant n’est fait face aux difficultés climatiques, aux catastrophes naturelles, aux passoires thermiques. Bayrou est tombé à 9 % d’opinions favorables, il n’a fait qu’alimenter une haine populaire croissante et donc, se fait légitimement chasser par l’Assemblée nationale à laquelle, de façon suicidaire, il demandait tardivement « confiance ».

L’urgence sociale créée :

Tout cela a contribué à attiser les revendications sociales. L’indignation s’est généralisée en profondeur. Pourquoi les 1800 les plus riches détiennent-ils près de la moitié du pays ? Pourquoi refusent-ils de payer la dette dont ils sont à l’origine ? Pourquoi les salaires sont-ils si à un niveau bas et les superprofits à un niveau si élevé ? Ce sont les cadeaux fiscaux faits aux plus riches qui ont mis le budget dans le rouge : 211 milliards sont allés l’an passé sous forme d’assistanat aux chefs d’entreprise du privé, au CAC 40, au Medef et ce, sans condition, sans contrôle, sans contrepartie. Et la « dette » présumée de 3500 milliards, 113 % du PIB, ne provient pas de la sécurité sociale, ni des retraites, ni des collectivités territoriales, elle provient à 83 % du budget de l’État-Macron.

Les propositions austéritaires de Bayrou consistent à faire payer 44 milliards aux plus démunis, à bloquer les salaires et retraites, à dérembourser les médicaments et les soins, à faire régresser tous les services publics, à supprimer des enseignants à l’école qui en manque, et à assécher en priorité la satisfaction des besoins sociaux.

Lui « faire confiance » reviendrait à lui permettre d’accroitre les inégalités et faire entrer le pays en récession. D’où le rejet massif : les luttes sociales couvent partout, dans les hôpitaux, dans les entreprises qui licencient et ferment, dans la grande distribution, dans les transports, dans les usines, bureaux et champs. La pétition contre la loi pro-pesticide Duplomb a atteint 2,5 millions de signatures. La pétition des huit syndicats contre le budget Bayrou atteint 350 000 signatures en pleine été. Un appel plus ou moins spontané est né appelant à « tout bloquer » le 10 septembre et obtient un grand écho dans les mouvements sociaux, réunit des comités de lutte un peu partout. Des appels fleurissent à un « Pau de départ » le 8 septembre pour Bayrou. Et surtout l’Intersyndicale CFDT, CGT, CGT-FO, UNSA, Solidaires, FSU, s’est reconstituée pour appeler à l’action le 18 septembre.

L’urgence politique créée :

Au-delà de la crise politique et sociale, ce sont les éléments d’une crise de régime qui se sont s’accumulés.

En cette rentrée septembre 205, tout est jeté précipitamment sur la table : nouvelle dissolution de l’assemblée, démission de la présidence, nomination d’un énième Premier ministre, élaboration d’un énième budget minoritaire, sous menace de soubresauts sociaux potentiellement explosifs.

Des voix de « Les républicains », Sarkozy et Pécresse, appellent à une dissolution. Le RN appelle à refuser la confiance à Bayrou et aussi à dissoudre l’Assemblée. Les voix de LFI appellent à une « destitution » de Macron.  Les voix du PS appellent à un gouvernement d’une partie du NFP (sans LFI). Tout cela permet aux grands médias réactionnaires de diffuser la confusion et chercher à plonger le pays en pleine incertitude. Tout cela dans un monde environnant où obscurantistes et militaristes, nationalistes et suprématistes, racistes et fascistes font le jeu de l’impérialisme des milliardaires, de leur égoïsme élitiste, au mépris de la planète et des travailleurs.

Que le Rassemblement national cherche à tisser sa toile contre ce « désordre » n’est pas surprenant. Ce parti suppléant des macronistes, n°2 de la défense des riches et du capitalisme, avec son cortège de racisme et de fascistes derrière lui, se voit déjà porté à Matignon par les sondages.  La droite préfère Le Pen au Front populaire c’est certain.

Il n’y a qu’un seul barrage possible, celui du NFP. L’union est décisive. Sans union NFP c‘est le risque accru du doute et l’échec. Sans union NFP, les chances de Le Pen Bardella augmentent. Le NFP s’agit de 9 millions d’électeurs en 2024, soit 2 millions de plus que lors du vote utile pour Mélenchon en avril 2022. Toutes les composantes de la gauche NFP disent exactement la même chose contre les budgets Barnier et Bayrou et font à peu près les mêmes propositions !           Il faut que les gros paient gros en impôts et que les petits paient petit, 20 tranches d’impôt direct et progressif, pas de revenu supérieur à 20 fois le smic cela renverserait la trajectoire de 8 ans de Macron

(http://nouveaufrontpopulaire.fr/le_financement). Un contre budget commun est possible. Alors pourquoi être divisés ?

Aucune des composantes du NFP n’a renié le programme adopté entre elles en juin 2024 : elles s’accusent certes de le faire, mais aucune n’a dit précisément à propos de quoi.

Le PS officiellement se propose de gouverner à gauche « mais sans ministres LFI » comme s‘il était possible de « tenir » dans une Assemblée en y étant minoritaire face à la droite et à l’extrême-droite sans y faire le plein des voix de toute la gauche.  Olivier Faure défend des choix de gauche apparemment offensifs, mais il est sous pression de son aile droitière d’un côté et de l’autre, LFI l’accuse déjà de vouloir brader le programme de « rupture » du NFP.  Cela ne facilite pas la perspective proposée d’un gouvernement de gauche : Macron a refusé deux fois depuis un an de nommer Lucie Castets, nommer Olivier Faure parait une gageure.

Bien sûr, il est possible de gouverner par décrets, par exemple il est possible en dix décrets de reconstruire le code du travail qui a été affaibli depuis les lois et ordonnances Macron, El Khomri, Rebsamen, Pénicaud, Dussopt. Ces décrets, ils sont prêts. Mais est-ce cela que le PS se propose réellement ? Et à l’Assemblée RN, LR, Modem, Renaissance, Horizons le laissera-t-elle faire ?

Dans la situation actuelle, ce sont les patrons qui s’en mettent plein les poches et refusent depuis trop longtemps de payer correctement le travail et la question des salaires est n°1, elle détermine tout, la vie intime, quotidienne et les chances de relance ou non de l’économie. Un gouvernement PS, PCF, EELV, sans LFI aura-t-il la force de résister à la pression des puissances de la finance déchainée ?  Sa première mesure sera-t-elle d’augmenter le Smic à 2000 euros bruts comme c’est attendu par des millions de salariés ? Y aura-t-il la volonté de créer un choc salarial sensible suffisant, 300 euros de plus ?

Il faut d’abord redistribuer les richesses au niveau primaire, à la source des fruits du travail, par les salaires nets et bruts, avant même de les redistribuer au niveau secondaire par la fiscalité.

Si un gouvernement de gauche venait à se « rater », le retour de bâton pourrait être redoutable et au lieu de créer une dynamique propulsant la gauche, il en surgirait une démoralisation nourrissant l’extrême droite.

LFI exige un « programme de rupture » ? Oui. Mais qu’est-ce que ça signifie ? Ce n’est pas seulement ce qui est écrit sur le papier qui compte mais le périmètre des forces sociales qui le soutiennent activement ou non. C’est le rapport de forces entre le programme écrit et les luttes sociales.

Le programme du Rassemblement Populaire de 1935 n’était pas de « rupture », il était écrit surtout par le parti radical (bourgeois) : il a pourtant engendré une énorme rupture avec la grande grève générale de mai-juin 1936 ! L’union politique du Front populaire de 1936 incluait la bourgeoise, et pourtant elle a favorisé l’union syndicale, qui a entrainé l’union dans les luttes, qui a provoqué la grève générale qui a poussé plus loin que le programme initial (les 40 h et les congés payés n’y étaient pas). Le « programme commun » PS-PCF-MRG de 1971 se voulait de « rupture » et Mitterrand la proclamait mais il n’en a pas engendré ! En fait on doit comprendre que c’est le mouvement de masse qui, s’emparant ou non d’un programme, crée la « rupture »

Impossible de gagner sans mouvement de masse puissant, sans grève généralisée, sans occupations d’entreprises, sans mettre une pression maximale sur le patronat et pour que cela surgisse, il faut balayer  les doutes et résignations, donc il faut une unité d’action de tous les syndicats, partis, associations, comités de lutte de la base au sommet, dans la rue et dans les urnes.

Comment créer une dynamique d’ampleur avec des forces dispersées ?  Voilà pourquoi nous avons regroupé à Châteaudun les 29 et 30 août, à la fête de l’Humanité le 13-14 septembre, dans les luttes les 10 et 18 septembre, et en chaque occasion propice, « les unitaires » du NFP, Laprés, Génération’s, Debout.

Voilà pourquoi nous cherchons à consolider cette action des unitaires et à l’ériger en parti actif et influent au sein du NFP, voilà pourquoi nous oeuvrons à faire revivre le NFP. Nous pensons que tout se joue avec l’union et nous n’avons aucune crainte quant à son contenu, appuyé sur l’unité d’action, il entrainera toutes les ruptures souhaitées avec le macronisme et le lépenisme.

 

Gérard Filoche le 2 septembre 2025

 

 

 

 

Débloquons tout : union NFP

Bayrou avait refusé de demander un vote de confiance lorsqu’il avait été nommé le 23 décembre à la suite de l’échec de Barnier le 4 décembre 2024. 9 mois après, le voilà qui propose soudainement et paradoxalement « un vote de confiance » de l’Assemblée nationale le 8 septembre sachant qu’elle va lui être refusée. LE RN est contre et demande la dissolution. Le NFP est uni contre et toutes ses composantes jugent inimaginable de voter pour.

Bayrou, ça ressemble à un nouveau coup de poker façon 9 juin 24. C’est une quasi démission et elle provient du choix entêté de présenter un budget de super austérité inacceptable aussi bien par la majorité des Français que par la majorité de l’Assemblée. La crise n’a jamais cessé, elle se redénoue spectaculairement, la raison en est que la politique de l’offre suivie par Macron, celle qui consiste à verser 211 milliards d’assistanat aux chefs d’entreprise, a été battue dans les urnes, elle produit déficit, dette et elle est de plus en plus contestée jour après jour.

Ça ne pouvait pas durer, ça n’allait pas passer, donc ça ne passe pas. Les luttes sociales de rentrée s’annonçaient puissantes aussi bien celles spontanées du 10 septembre que celles de l’intersyndicale réunie. L’instabilité régnait depuis que Macron avait refusé en juillet 2024 de nommer un gouvernement du premier groupe d’élus, le NFP, arrivé en tête à l’Assemblée. Barnier, Bayrou ont été deux impasses. Il faut en sortir. Un autre premier ministre nommé par Macron pour faire la même politique échouera aussi. Ça ne peut pas durer jusqu’en 27.

Une seule chose, décisive, manque et il faut la retrouver, sans préalable, sans tarder : l’union NFP.

Face à la nouvelle situation créée la querelle prolongée des deux appareils LFI-PS a moins de sens que jamais. Il y a quelque chose de surréaliste, d’insensé, face au déblocage institutionnel qui perce, face aux luttes qui viennent, face aux besoins et urgences sociales à ce que le NFP ne réagisse pas uni.

Nous LAPRES, faisons appel aux dirigeants responsables, rencontrez-vous, rencontrons-nous tous, toutes affaires cessantes. Nous avons été capables de le faire à deux reprises, NUPES et NFP en 2022 et 2024, tout exige que nous le fassions à nouveau, en plus expérimentés, en plus solide, en responsabilité et, par-delà nos différences, cette fois, avec un engagement de respect réciproque.

Les deux, PS et LFI sont condamnés à s’entendre avec toute la gauche. Le NFP c’est 20 partis, dont 7 ont des députés. Il y a eu 9 millions d’électeurs les 30 juin et 7 juillet, 2 millions de plus que le vote utile qui avait eu lieu pour que le candidat Mélenchon essaie d’être présent au 2° tour en avril 2024.

C’est de là qu’il faut partir et repartir. C’est incontournable. Assez d’exclusives !

Il faut 9 millions de voix et bien plus, de façon dynamique, pour gagner, que ce soit face à une dissolution et à une démission. Un contre budget commun est possible et réaliste. Impossible sans union NFP. Il faut un seul candidat de gauche par circonscription, négocions avec responsabilité dès maintenant ! Le temps compte, le temps presse. Quelle que soit la date des élections municipales, il faut arrêter la compétition absurde, et travailler au plan national, au maximum de listes communes, Il faut une VOLONTE nouvelle d’accord entre tous les partis de gauche, une volonté NOUVELLE de faire bloc. Là où il y a une volonté, il y a un chemin gagnant.

Il faut jeter les polémiques encore une fois à la rivière.

L’union ne sera jamais l’unité de pensée, nul ne comblera les divergences historiques au sein de la gauche pluraliste, et ce n’est pas utile, il faut laisser cela au débat, ce qu’il faut c’est l’unité d’action. Il y a 30 millions de salariés qui n’ont que leur force de travail à vendre, c’est la force sociale principale qui produit toutes les richesses et n‘en reçoit pas la part qu’elle mérite. C’est cette force qu’il faut unir dans la lutte et dans les élections, contre Macron et le RN qui menace, et c’est ça qui vaut de dépenser l’énergie de toutes nos organisations, associations de gauche pour y parvenir. L’unité sur des objectifs précis, immédiats, qui répondent de façon centrale, concentrée, aux urgences sociales : redistribution des richesses d’abord, et relance salaires, emploi, travail, santé, retraite.

Le vote contre Bayrou a lieu le 8 septembre. Treize jours. Ne perdons pas une minute, rencontrons-nous tous ensemble, travaillons à lever les obstacles, dehors les querelles vaines, les préjugés, les préventions, c’est nécessaire et c’est possible.

Soyez certains que si nous faisons cela, vite, la dynamique sera au rendez-vous, dans les luttes et dans les urnes, ce sera bon pour tout le pays, c’est la seule solution, il faut être cette solution, et ce ne seront plus les coups fourrés de Macron ni les premiers ministres impuissants qui rythmeront les reculs du pays, ce sera bel et bien le nouveau front populaire !

 

gérard filoche le 26 aout à 9h

 

 

 

La gauche pouvait-elle gagner en 2017 et empêcher ces sales années Macron ? Oui ! Hamon et Mélenchon s’y sont mis à deux pour nous faire perdre

Lors de la primaire du 29 janvier 2017. Benoit Hamon avait fini par l’emporter dans la désignation d’un candidat de la Gauche socialiste à la présidentielle d’avril 2017.

Le rapport de force était tel, après la faillite du quinquennat maudit de Hollande-Valls, que, pour la première fois depuis cent ans, l’appareil majoritaire du PS se voyait imposer un candidat issu de la Gauche socialiste. Il faut dire que le désastre provoqué par la politique droitière de Hollande avait été si profond que le PS avait perdu 90 % de ses électeurs passant de 16,5 millions de voix en 2012 à moins de 4 millions aux municipales de mars 2014. Le Pen était pour la première fois arrivée en tête aux européennes de mai 2014. Le PS était passé de 180 000 membres en 2012 au congrès de Toulouse, à 18 000 à la veille du congrès d’Aubervilliers.

Pour être désigné, Benoit Hamon n’avait lésiné sur aucun moyen. Nous avions sa pratique : il mentait tout le temps. Même si, le 25 août 2016, à la conférence de la GS dans l’amphi militant archi bourré de La Rochelle, il avait été loin d’être le plus applaudi des quatre candidats potentiels (Hamon, Lienemann, Montebourg, Filoche) il s’était arrangé pour s’imposer en trustant le maximum de signatures du Conseil National afin d’écarter tout risque d’ombre.

Mais surtout, comprenant l’aspiration unitaire des militants, Benoit Hamon avait déclaré à la télévision « - Si je suis désigné, je rencontrerais Jean-Luc Mélenchon pour passer un accord sans faire de ma propre candidature un préalable ».

La Gauche socialiste (dont D&S) avait combattu, tout au long de l’année 2016, pour qu’ait lieu une grande primaire de toute la gauche. J’avais dès janvier 2016 demandé en Bureau national que Hollande ne se représente pas car il était certain qu’il nous ferait perdre. Le CN et le BN du PS avait été obligés d’accepter, à plusieurs reprises, en mars, en mai, en juin, en septembre des motions acceptant le principe d’une « grande primaire » de toute la gauche. Ils le faisaient contraints et forcés en espérant que Mélenchon ne se présente pas, et qu’elle se réduise à une « petite primaire socialiste ». Hollande, Valls, Cambadélis avaient alors essayé de contourner et de dépasser le PS, qui leur était devenu hostile, en créant en juillet 2016 « une belle alliance populaire » (BAP), mais ce fut un échec de plus.

Mélenchon refusa toute « grande primaire » alors qu’il l’aurait sans aucun doute gagnée, et que nous aurions eu un candidat unique de renouveau de toute la gauche, en position de l’emporter contre la droite, malgré le bilan catastrophique de Hollande.

Hollande, déconsidéré de partout, s’était retiré le 1er décembre 2016, Valls s’était présenté à sa place le 4 décembre. Face au Premier ministre sortant lui aussi disqualifié, et avec une participation exceptionnelle forte de 2,4 millions de participants, c’était Benoit Hamon qui était arrivé en tête.

Cette victoire avait un sens profond, elle liquidait le « hollandisme », elle indiquait que l’électorat socialiste, perdu aux municipales, aux européennes, aux régionales, était à nouveau disponible pour une solution de gauche, et elle confirmait les fortes aspirations d’une nouvelle unité à gauche.

Malheureusement, à peine élu, Benoit Hamon se garda de tenir parole et de rencontrer Mélenchon.

Il s’engagea dans une campagne pour un monde « désirable », centralement « pour un revenu universel » et « contre les perturbateurs endocriniens ». Ces sujets-là n’avaient pas été discutés par la gauche socialiste, ne faisaient pas partie de son programme au congrès de Poitiers, (où elle avait eu 30 % des voix) et permettaient peut-être une plateforme commune avec Jadot, mais pas avec Mélenchon. D’ailleurs Hamon qui était parti avec des sondages plutôt favorables, (il avait été donné brièvement à 17 % des voix, JLM étant retombé autour de 9 %) perdit très vite. Présenté comme « gauche socialiste » ses premiers pas ne correspondaient pas à ses promesses. Je me rappelle avoir bataillé tout le mois de février 2017 pour que Hamon tienne sa promesse : Hamon ne me répondit pas, il signa avec Jadot avant de se rendre compte qu’il était repassé largement derrière Mélenchon dans les sondages. Le PCF soutenait Mélenchon.

C’est alors que le pire se produisit : la rencontre Hamon-Mélenchon eut bien lieu, le 28 février, mais en secret, dans le dos des militants, pire façon V° République, dans un restaurant de Belleville, le « Moïa bleu ». Les deux se mirent d’accord pour ne pas se mettre d’accord partageant la responsabilité de leur échec et de leur défaite. La désunion de façon incompréhensible et dans les pires conditions.

Hamon avait trahi ouvertement sa parole, Mélenchon un moment inquiet des sondages, s’était rassuré, et pensait surtout au fait d’arriver devant son concurrent plutôt que de gagner. Comme les motifs du non-accord n’étaient pas publiés, tout devint objet à polémiques, à soupçons, à querelles dans les réseaux sociaux.

A coté, la droite se délitait : le scandale éclatait sur les affaires de Fillon, Macron montait dangereusement, Le Pen filait son chemin. Divisés, droite et extrême droite pouvaient basculer derrière une gauche qui aurait été unie.

La gauche ratait l’occasion : il suffisait de dire que l’un était Président et l’autre Premier ministre, de rédiger un programme commun, de mener la campagne unitaire en commun, et on aurait gagné. On aurait ouvert une nouvelle page de la gauche, et sans doute celle d’un nouveau grand parti commun, toutes les gauches socialistes étant rassemblées et dominantes.

Il y eut des soubresauts : Guillaume Balas, mi-mars, vint me voir, inquiet à son tour « - Ça va mal, on va perdre, peux-tu toi qui les connais bien, rediger un projet de programme commun entre Jean-Luc et Benoit ? «  je le fis en 72 h, et le renvoyais par les intermédiaires de Guillaume côté, Hamon, et de Jacques Généreux côté Mélenchon. Il n’y eut pas de retour. Hamon n’a pas écouté son proche camarade, et a persévéré dans la trahison de sa promesse de janvier 2017.

Nous tentâmes, obstinés, jusqu’à la fin, chaque samedi de mars et d’avril 2017 d’appeler à l’union Hamon Mélenchon, avec des pétitions, des appels, des manifestations. En vain.

Je déclarais le soir du désastre, celui ou la gauche était éliminée du 2° tour, celui de l’avénement de Macron, que les deux candidats de gauche étaient els plus bêtes du monde ».

Filoche : Hamon et Mélenchon, « les 2 candidats de la gauche les plus bêt… https://youtu.be/d8GesKBz6QI via @YouTube

C’était justifié.

Gérard Filoche 23 août 2025