Depuis que 9 millions d’électeurs l’ont mis en tête, le NFP n’a pas pu être contourné par Macron, mais sa division actuelle doit cesser
Chaque jour, chaque heure sans NFP
rapprochent Bardella de Matignon
Mais si on reconstruit le NFP, et il faut, en urgence, on peut gagner
Faillite de Macron, Barnier, Bayrou :
Les 30 juin et 7 juillet 2024, c’est une magnifique mobilisation de 9 millions d’électeurs qui a permis de faire barrage à Le Pen et Bardella. Ce fut un beau sursaut et un beau sursis de la gauche réunie, effet différé des grandes grèves et manifestations du salariat et de son intersyndicale du premier trimestre 2023. 90 % des actifs et salariés ne voulaient ni de la retraite à 64 ans ni de l’extrême-droite.
Placé en tête à l’Assemblée nationale avec 192 députés, le Nouveau Front Populaire aurait dû gouverner. Mais Macron s’est obstiné à violer la démocratie et à ne pas changer de politique en nommant Barnier puis Bayrou. Depuis, cela s’est vu et vérifié, il y a une instabilité politique que rien ne parvient à refermer.
Pour tenter de sauver le régime qui a permis aux principaux milliardaires français et au CAC 40 de pomper les revenus du travail de façon accentuée depuis 8 ans, Macron persiste. Abrité derrière un prétendu « bloc central » en total effritement, il refuse de déroger à la « politique de l’offre » inaugurée par lui sous Hollande. De façon forcenée, il sert le mandat que lui a donné la haute oligarchie française et le Medef : protéger ses superprofits, bloquer les salaires nets et bruts, la protection sociale, les services publics, la santé et les retraites. Au service de ça, Bayrou, après sa nomination aux forceps, n’a cessé de mentir, de gagner du temps puis a fini par jouer le tout pour le tout en choisissant artificiellement la dramatisation de la question de la « dette ».
Raté : en posant la « question de confiance » Bayrou s’est heurté à un blocage généralisé et à une opinion qui l’a poussé dehors, quasiment un « me too contre les riches ». Ça n’a fait que révéler de façon encore plus évidente, la baisse délibérée des recettes, des impôts sur les revenus des riches et des sociétés. Alors qu’il cherchait à en accuser le peuple et surtout les salariés, Bayrou n’a réussi qu’à braquer le projecteur sur l’injustice de la fiscalité, l’aberration des mille milliards de dette créés depuis 8 ans. Tout s’est éclairé davantage : la dette c’est la droite, la dette c’est Macron, les milliardaires rapaces ont doublé leur fortune tandis que la pauvreté a atteint le record de 10 millions de français. Le chômage est remonté à plus de 6 millions. Le droit du travail a été très affaibli, précarité et uberisation ont progressé. La Sécu, la santé sont à l’os. L’École manque de tout. Le transport collectif flambe et coûte anormalement plus cher que la bagnole individuelle. La pénurie de logement social est considérable. Les infrastructures se fissurent. La retraite a 64 ans est intolérable. Rien de suffisant n’est fait face aux difficultés climatiques, aux catastrophes naturelles, aux passoires thermiques. Bayrou est tombé à 9 % d’opinions favorables, il n’a fait qu’alimenter une haine populaire croissante et donc, se fait légitimement chasser par l’Assemblée nationale à laquelle, de façon suicidaire, il demandait tardivement « confiance ».
L’urgence sociale créée :
Tout cela a contribué à attiser les revendications sociales. L’indignation s’est généralisée en profondeur. Pourquoi les 1800 les plus riches détiennent-ils près de la moitié du pays ? Pourquoi refusent-ils de payer la dette dont ils sont à l’origine ? Pourquoi les salaires sont-ils si à un niveau bas et les superprofits à un niveau si élevé ? Ce sont les cadeaux fiscaux faits aux plus riches qui ont mis le budget dans le rouge : 211 milliards sont allés l’an passé sous forme d’assistanat aux chefs d’entreprise du privé, au CAC 40, au Medef et ce, sans condition, sans contrôle, sans contrepartie. Et la « dette » présumée de 3500 milliards, 113 % du PIB, ne provient pas de la sécurité sociale, ni des retraites, ni des collectivités territoriales, elle provient à 83 % du budget de l’État-Macron.
Les propositions austéritaires de Bayrou consistent à faire payer 44 milliards aux plus démunis, à bloquer les salaires et retraites, à dérembourser les médicaments et les soins, à faire régresser tous les services publics, à supprimer des enseignants à l’école qui en manque, et à assécher en priorité la satisfaction des besoins sociaux.
Lui « faire confiance » reviendrait à lui permettre d’accroitre les inégalités et faire entrer le pays en récession. D’où le rejet massif : les luttes sociales couvent partout, dans les hôpitaux, dans les entreprises qui licencient et ferment, dans la grande distribution, dans les transports, dans les usines, bureaux et champs. La pétition contre la loi pro-pesticide Duplomb a atteint 2,5 millions de signatures. La pétition des huit syndicats contre le budget Bayrou atteint 350 000 signatures en pleine été. Un appel plus ou moins spontané est né appelant à « tout bloquer » le 10 septembre et obtient un grand écho dans les mouvements sociaux, réunit des comités de lutte un peu partout. Des appels fleurissent à un « Pau de départ » le 8 septembre pour Bayrou. Et surtout l’Intersyndicale CFDT, CGT, CGT-FO, UNSA, Solidaires, FSU, s’est reconstituée pour appeler à l’action le 18 septembre.
L’urgence politique créée :
Au-delà de la crise politique et sociale, ce sont les éléments d’une crise de régime qui se sont s’accumulés.
En cette rentrée septembre 205, tout est jeté précipitamment sur la table : nouvelle dissolution de l’assemblée, démission de la présidence, nomination d’un énième Premier ministre, élaboration d’un énième budget minoritaire, sous menace de soubresauts sociaux potentiellement explosifs.
Des voix de « Les républicains », Sarkozy et Pécresse, appellent à une dissolution. Le RN appelle à refuser la confiance à Bayrou et aussi à dissoudre l’Assemblée. Les voix de LFI appellent à une « destitution » de Macron. Les voix du PS appellent à un gouvernement d’une partie du NFP (sans LFI). Tout cela permet aux grands médias réactionnaires de diffuser la confusion et chercher à plonger le pays en pleine incertitude. Tout cela dans un monde environnant où obscurantistes et militaristes, nationalistes et suprématistes, racistes et fascistes font le jeu de l’impérialisme des milliardaires, de leur égoïsme élitiste, au mépris de la planète et des travailleurs.
Que le Rassemblement national cherche à tisser sa toile contre ce « désordre » n’est pas surprenant. Ce parti suppléant des macronistes, n°2 de la défense des riches et du capitalisme, avec son cortège de racisme et de fascistes derrière lui, se voit déjà porté à Matignon par les sondages. La droite préfère Le Pen au Front populaire c’est certain.
Il n’y a qu’un seul barrage possible, celui du NFP. L’union est décisive. Sans union NFP c‘est le risque accru du doute et l’échec. Sans union NFP, les chances de Le Pen Bardella augmentent. Le NFP s’agit de 9 millions d’électeurs en 2024, soit 2 millions de plus que lors du vote utile pour Mélenchon en avril 2022. Toutes les composantes de la gauche NFP disent exactement la même chose contre les budgets Barnier et Bayrou et font à peu près les mêmes propositions ! Il faut que les gros paient gros en impôts et que les petits paient petit, 20 tranches d’impôt direct et progressif, pas de revenu supérieur à 20 fois le smic cela renverserait la trajectoire de 8 ans de Macron
(http://nouveaufrontpopulaire.fr/le_financement). Un contre budget commun est possible. Alors pourquoi être divisés ?
Aucune des composantes du NFP n’a renié le programme adopté entre elles en juin 2024 : elles s’accusent certes de le faire, mais aucune n’a dit précisément à propos de quoi.
Le PS officiellement se propose de gouverner à gauche « mais sans ministres LFI » comme s‘il était possible de « tenir » dans une Assemblée en y étant minoritaire face à la droite et à l’extrême-droite sans y faire le plein des voix de toute la gauche. Olivier Faure défend des choix de gauche apparemment offensifs, mais il est sous pression de son aile droitière d’un côté et de l’autre, LFI l’accuse déjà de vouloir brader le programme de « rupture » du NFP. Cela ne facilite pas la perspective proposée d’un gouvernement de gauche : Macron a refusé deux fois depuis un an de nommer Lucie Castets, nommer Olivier Faure parait une gageure.
Bien sûr, il est possible de gouverner par décrets, par exemple il est possible en dix décrets de reconstruire le code du travail qui a été affaibli depuis les lois et ordonnances Macron, El Khomri, Rebsamen, Pénicaud, Dussopt. Ces décrets, ils sont prêts. Mais est-ce cela que le PS se propose réellement ? Et à l’Assemblée RN, LR, Modem, Renaissance, Horizons le laissera-t-elle faire ?
Dans la situation actuelle, ce sont les patrons qui s’en mettent plein les poches et refusent depuis trop longtemps de payer correctement le travail et la question des salaires est n°1, elle détermine tout, la vie intime, quotidienne et les chances de relance ou non de l’économie. Un gouvernement PS, PCF, EELV, sans LFI aura-t-il la force de résister à la pression des puissances de la finance déchainée ? Sa première mesure sera-t-elle d’augmenter le Smic à 2000 euros bruts comme c’est attendu par des millions de salariés ? Y aura-t-il la volonté de créer un choc salarial sensible suffisant, 300 euros de plus ?
Il faut d’abord redistribuer les richesses au niveau primaire, à la source des fruits du travail, par les salaires nets et bruts, avant même de les redistribuer au niveau secondaire par la fiscalité.
Si un gouvernement de gauche venait à se « rater », le retour de bâton pourrait être redoutable et au lieu de créer une dynamique propulsant la gauche, il en surgirait une démoralisation nourrissant l’extrême droite.
LFI exige un « programme de rupture » ? Oui. Mais qu’est-ce que ça signifie ? Ce n’est pas seulement ce qui est écrit sur le papier qui compte mais le périmètre des forces sociales qui le soutiennent activement ou non. C’est le rapport de forces entre le programme écrit et les luttes sociales.
Le programme du Rassemblement Populaire de 1935 n’était pas de « rupture », il était écrit surtout par le parti radical (bourgeois) : il a pourtant engendré une énorme rupture avec la grande grève générale de mai-juin 1936 ! L’union politique du Front populaire de 1936 incluait la bourgeoise, et pourtant elle a favorisé l’union syndicale, qui a entrainé l’union dans les luttes, qui a provoqué la grève générale qui a poussé plus loin que le programme initial (les 40 h et les congés payés n’y étaient pas). Le « programme commun » PS-PCF-MRG de 1971 se voulait de « rupture » et Mitterrand la proclamait mais il n’en a pas engendré ! En fait on doit comprendre que c’est le mouvement de masse qui, s’emparant ou non d’un programme, crée la « rupture »
Impossible de gagner sans mouvement de masse puissant, sans grève généralisée, sans occupations d’entreprises, sans mettre une pression maximale sur le patronat et pour que cela surgisse, il faut balayer les doutes et résignations, donc il faut une unité d’action de tous les syndicats, partis, associations, comités de lutte de la base au sommet, dans la rue et dans les urnes.
Comment créer une dynamique d’ampleur avec des forces dispersées ? Voilà pourquoi nous avons regroupé à Châteaudun les 29 et 30 août, à la fête de l’Humanité le 13-14 septembre, dans les luttes les 10 et 18 septembre, et en chaque occasion propice, « les unitaires » du NFP, Laprés, Génération’s, Debout.
Voilà pourquoi nous cherchons à consolider cette action des unitaires et à l’ériger en parti actif et influent au sein du NFP, voilà pourquoi nous oeuvrons à faire revivre le NFP. Nous pensons que tout se joue avec l’union et nous n’avons aucune crainte quant à son contenu, appuyé sur l’unité d’action, il entrainera toutes les ruptures souhaitées avec le macronisme et le lépenisme.
Gérard Filoche le 2 septembre 2025