Le blog de Gérard Filoche

Moi, je me suis toujours battu spontanément contre ces défilés martiaux, coûteux, exhibitionnistes que les « revanchards », les enfants de Déroulède et du général Roger, ont imposé en France, chaque fête nationale, depuis 1880, le 14 juillet.

Et voilà que pour avoir envoyé quelques tweeters les 12/13/14 juillet dernier, je me suis retrouvé, un midi, pendant presque une heure, dans une émission très controversée, très « pipée » sur RMC avec un journaliste dont le nom est Jean Brunet, un gars d’extrême droite dont le nom est Jean Robin, et aussi avec Dominique Sopo qui s’en est justement allé devant la mauvaise tournure du débat.

Le journaliste « carrément Brunet », se faisait le défenseur de la position du gouvernement, à savoir que le défilé était une sorte d’hommage républicain, national dont il fallait être fier.

Fillon s’en était même pris à Eva Joly qui avait eu le bon goût de critiquer ce défilé militariste. Le Premier ministre avait eu le culot honteux d’attaquer Eva Joly en affirmant qu’elle n’était pas très au fait des « traditions » et de la « culture française » pour réagir ainsi. On sentait l’attaque contre une « bi-nationale » qui n’était pas d’ici… (c’était avant qu’un authentique Norvégien qui n’était pas binational qui avait de la « culture » et de la « tradition » de son pays, assassine 100 personnes !)

Mais comment peut-on prétendre qu’il y a un quelconque lien entre la prise de la Bastille de 1789 et le défilé militaire qu’on nous impose chaque année ?  Il ne s’agit ni de l’anniversaire de la Fédération de 1790 ni de la victoire de l’armée révolutionnaire républicaine à Valmy, il s’agit, depuis 1880 de la reprise de … l’Alsace et de la Lorraine ! C’est contre Bismarck que ce défilé fut inauguré et poursuivi depuis de guerre en guerre avec l’Allemagne.

C’est avec cela qu’il faut arrêter ! La France est le seul grand pays européen, qui, lors de sa fête nationale donne la place principale au défilé le plus martial possible de ses troupes : il faut aller vers les pays totalitaires pour retrouver semblable démonstration de bellicisme. Il n’ a été retenu par les autorités qu’une seule phrase de la Marseillaise « qu’un sang impur abreuve vos sillons ».

Et cela est particulièrement choquant quand on a Sarkozy et Fillon qui plaident l’austérité partout pour rembourser la Dette aux riches : ils ne tiennent compte aucunement de la « règle d’or » qu’ils ont récemment découverte et qu’ils préconisent, d’équilibre budgétaire, puisqu’ils pulvérisent le déséquilibre budgétaire des « OPEX », des opérations militaires extérieures en faisant combattre les soldats français sur 6 fronts différents un peu partout dans le monde.

Sans omettre de rappeler que brillamment Sarkozy avait fait venir aux précédents défilés guerriers du 14 juillet, El-Hassad et Moubarak, c’est vous dire l’inspiration qui préside à ce grand moment de « culture et de tradition » nationale…

Si bien que ce défilé du 14 juillet devient une exhibition, non pas des moyens de défense nationale, mais des corps expéditionnaires qui envahissent l’Afghanistan et font la loi par les armes en Libye, en Côte d’Ivoire ou à Djibouti. Dans la seule année 2010, l’invasion totalement injustifiée de l’Afghanistan à laquelle nous participons activement depuis 2007, a coûté 470 millions d’euros. Il y a plus d’un milliard de dépassement pour ce genre de guerre dans le budget 2011 : alors que le gouvernement a supprimé 150 millions qui allaient aux accidentés du travail, l’an passé.

Nous n’avons plus une politique de défense mais une politique d’agression, d’exportation des armées françaises, et c’est cela qui devient l’enjeu du 14 juillet 2011 sous Sarkozy, plus du tout le souvenir de la prise de la Bastille par les Sans-culottes contre les soldats du Roi Louis XVI.

Il y a des occasions où un hommage est rendu aux soldats morts pour la France et à leurs corps d’armée, lorsqu’on commémore les victoires contre le nazisme le 8 mai et aussi le 11 novembre.

Le 14 juillet, cela devrait être différent, comme le dit Eva Joly, et je partage cela depuis que je suis tout petit, né normand, c’est vrai, donc un peu viking, et porteur en cela d’une « culture » et d’une « tradition » bien française, le 14 juillet donc, devraient défiler des cheminots, des mineurs, des ouvriers, du bâtiment, des infirmières, des ingénieurs, des instituteurs, et toutes les forces vives du pays.

Alors sur RMC, le 15 juillet, j’étais au téléphone, il a fallu que je crie un peu pour me faire entendre, face à « Brunetmetrie » qui prétendait avoir 72 % de ses auditeurs en faveur d’un défilé militaire, et face à Jean Robin qui expliquait qu’Eva Joly faisait le jeu de l’extrême droite comme Daladier et tous les pacifistes…

Moi j’essayais de dire que 1651 milliards de dollars étaient dépensés chaque année en armes dans ce monde où un milliard d’humains meurent de faim et qui, prétendument, croule sous la « Dette » et que la France était la 2^e puissance concernée par cette gabegie indéfendable après les Etats-unis, (avant… la Grèce et la Turquie, sic), et combien tout cela était absurde et honteux à la fois.

Allez, avec Georges Brassens, pour le coup, « la musique qui marche au pas ça ne me regarde pas ». Le bal populaire de la caserne… des pompiers du 1^er arrondissement, le soir était mille fois plus sympa.

(PS : célèbres vers de Paul Déroulède gravés au bas de sa statue place des Augustins, près de la gare St-Lazare : « Vive la tombe, vive la tombe, tant pis pour celui qui tombe, si le pays en sort vivant ». L’œuvre célèbre de Déroulède se compose de « La tour prends-garde », « Du Guesclin », « Les chants du soldat », suivis des « Nouveaux chants du soldat », intégriste papiste, militariste revanchard, ascète anti républicain putchiste, il finit par obtenir la guerre et va mourir en 1914… à Mont-Boron, prés de Nice)