Le blog de Gérard Filoche

Au boulot n°43

Partout les fonctionnaires le savent, avec la RGPP et la LOLF, se met en place une destruction des règles qui ont fait vivre la fonction publique républicaine depuis 65 ans. Une autre mentalité médiocre, parvenue, triomphe. Le « management » à la France Télécoms s’installe partout. Suppression de postes et harcèlement moral vont de pair dans les services déconcentrés de l’état comme dans les ministères.

Les chefs de la Direction générale du travail ne sont plus issus de l’inspection, ce sont des technocrates désincarnés, néolibéraux jusqu’au bout des ongles, ils dînent dans les soirées mondaines du Medef et dans la journée s’étonnent d’avoir encore à diriger ces inspecteurs dont la curieuse et archaïque mission est de contrôler les patrons. Comment en est-on arrivé là ? À ce que des ennemis de l’inspection dirigent l’inspection ?

L’état libéral sarkozyste n’aime pas les contrôles de l’effectivité des lois, ni les fonctionnaires qui en sont chargés. Depuis 2002, on a subi 8 ans de dégradation des services de contrôle : de la DGCCRF à la douane, des impôts aux Urssaf, de la médecine du travail à la Cramif, de la police à l’inspection du travail. Des suicides en résultent comme celui d’un inspecteur du travail : syndicaliste dévoué et respecté, Luc Beal-Raynaldi s’est trouvé soudain écartelé entre des missions que ses chefs lui disputaient et une fonction syndicale que ses mêmes chefs piétinaient : il en est mort.

Nos services sont minés par le discrédit organisé de la notion de contrôle : les agressions verbales et parfois physiques des patrons, de plus en plus nombreuses, sont sans riposte de la part des autorités. Si les tribunaux condamnent leurs auteurs, hélas, très peu de condamnations font l’objet de publicité. Les insultes se multiplient lors des contrôles inopinés, genre, dans un chantier : «-  Vous ne devez pas faire un contrôle sans m’avertir » (Grenoble)  – «  Vous ne venez pas me faire chier, prenez la porte et basta vous dégagez » (Le Mans). – « Venir un vendredi après-midi pour nous faire chier et nous empêcher de travailler » (Lot et Garonne). – « Assez ! Foutez le camp ! » (Blois), – « La prochaine fois, j’aurai une arme» (Lorient). – « Ça se prend pour un Rambo pour faire respecter la loi…Si tu continues, je te casse la gueule » (Quimper). – « Des gens pires que la Gestapo » (injure récurrente : Dijon, Créteil, Dieppe, Bobigny) – « Taliban de l’Etat ». – « Salopards, vous êtes pour les organisations syndicales ». – « Je suce pas l’Etat, moi, je suis dans le privé ». « - Ferme ta gueule salope, va faire la vaisselle ». « L’inspection du travail, j’en ai rien à foutre ». C’est le langage ordinaire d’en face, c’est du Parisot de base.

Gérard Filoche