Eloge des militants

 

Rien de grand ne s’est jamais fait dans le monde sans militant. A l’origine de tous les progrès sociaux, il y a un geste engagé. Ceux qui vont courageusement à contre courant arrivent souvent avant les autres, pourvu qu’ils aient une ambition sociale universelle. Non pas au nom d’une vocation avant-gardiste, mais du simple fait qu’ils expriment de façon vivante les aspirations de millions d’humains semblables à eux.

Le monde entier se souvient de Spartakus mais pas du nom du gouverneur qui l’a supplicié.  La Commune de Paris est célèbre dans le monde entier, Thiers est révélé traître à son pays.  Trotski fut paria et assassiné mais c’est Staline qui est banni par l’histoire. Guevara est célébré,  son assassin, méprisé. Le nom de Mandela l’a emporté sur celui du fondateur de l’apartheid. La force des militants c’est de renverser les exploitations et les oppressions, en partant de peu. Le courage et l’opiniâtreté sont leur lot. Humbles ou célèbres, ils comptent finalement toujours plus dans l’histoire des sociétés humaines que les César, les Empereurs, les Caudillo. Il y a toujours eu des Jacquou le croquant, des sans-culottes, des communards, des résistants, des syndicalistes, des indignés. Toutes celles et ceux qui luttent contre l’exploitation des humains par d’autres humains.

Y aurait il de la démocratie sans résistants aux tyrannies ? Y aurait il des congés payés, des retraites, une sécurité sociale, des droits du travail sans syndicalistes ? Y aurait il des progrès de l’égalité entre sexes sans féministes ? Pour sauver la banquise il faut s’en prendre aux banquiers : mais pas sans écologistes convaincus. La paix n’est pas naturelle aux sociétés humaines sans action des antimilitaristes.

Les gestes des militants sont simples mais ambitieux. Souvent, trop souvent ils apparaissent inefficaces, vains, répétitifs : et puis la parole est entendue, le tract est lu, le film est vu et compris, l’explosion sociale est là – comme en mai 68. Alors les militants font faire aux autres le chemin qu’ils ont eux mêmes parcouru : de l’éveil de quelques consciences à la conscience de masse : là ou il y a une volonté collective il y a un avenir collectif progressiste.

 

 

rédigé à demande pour un dictionnaire

4 Commentaires

  1. B
    Posted 30 décembre 2013 at 11:36 | Permalien

    dictionnaire, comprendre, verstanden

    Le canard enchaîné, 24 décembre 2013

    Quand l’Allemagne décollera
    Inauguré en avril, l’aéroport allemand de Kassel-Calden ne sert à rien. Ses 140 salariés se tournent les pouces ( « les échos », 23/12 ):
     » le prochain vol commercial est prévu au printemps prochain. »

    Construit pour satisfaire les politiciens du Land de Hesse, cet aéroport souffre de la concurrence de celui de Francfort :
     » A l’exception d’un pilote de jet qui s’entraîne au décollage et à l’atterrissage et de deux avions russes d’affaires, il ne se passe pas grand chose sur la piste. »
    On comprend mieux l’obstination de Jean-Marc Ayrault à faire construire l’aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes :
    il adore le modèle allemand.

  2. La Barbaque
    Posted 31 décembre 2013 at 10:49 | Permalien

    Il en va des militants tels que ceux que vous citez, Gérard, comme il en va des musiciens, des écrivains et des peintres. Il doit bien exister quelque part des Ravel, des Hugo, des Poussin, comme il doit bien exister quelque part des Guevara, des Jean Valjean, des révoltés disposant du charisme nécessaire à fédérer. Mais les pouvoirs, en notre funeste début de XXIème siècle, ont mis au point un arsenal efficace aux fins de réduire au silence les singularités en les noyant dans un flot d’images et de sons vulgaires : c’est ce nivellement par le bas qui procède d’une perversion de la démocratie. Onfray parlait, dans une de ses causeries sur France-Culture, de ces pamphlets et de ces manifestes vouées à ne jamais être connus du plus grand nombre, dont certains sont de nature à en remontrer au manifeste du Surréalisme. L’internet est là pour diffuser, mais aussi pour banaliser. Quant à la télé, c’est un fourneau alchimique qui transforme la m… en or, pour ceux qui en ont à vendre – pour autant qu’ils aient un nom qui, de préférence, a déjà servi. Et s’il se trouvait une voix plus opiniâtre qui, par aventure, trouverait le ton nécessaire à rallier, convaincre, conduire à agir au plan politique, gageons que le pouvoir la confierait à ses flics et ensuite, ses psychiatres s’en chargeraient.

  3. Posted 31 décembre 2013 at 16:55 | Permalien

    Ah oui, Onfray c’est le type qui s’abstient de choisir entre le Front de gauche et le FN comme il l’a déclaré au NouvelObs en 2012…

  4. La Barbaque
    Posted 31 décembre 2013 at 18:29 | Permalien

    @des pas perdus : Je ne le défends pas, mais tirée hors-contexte, on peut faire dire n’importe quoi à n’importe quelle citation. Onfray a manifestement du mal à assumer le fait d’être devenu exactement ce qu’il rejetait il y a vingt ans : une institution vivante et un bobo de chez bobo, nietzschéen de gauche, dit-il, mais chez lui on n’est pas à une contradiction près. Je l’écoute chez FC (mais ne le lis plus), où je retrouve, dans ses causeries, un peu de la pertinence de ses débuts. Les écrivains actuels vieillissent aussi mal que leurs homologues de naguère…

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