- En Europe, la victoire à venir de Syriza est perçue comme catastrophique, ou comme une bouffée d’oxygène. Avec laquelle de ces opinions êtes vous en accord ?

 

Oui, les grands médias libéraux ont commencé à pousser des hauts cris contre la victoire « d’une extrême gauche qui veut liquider l’euro » et va « plonger à nouveau la Grèce dans d’un grand chaos » d’où elle était censée « sortir » à force de rigueur. Ils ont menacé, calomnié, puis ils ont commencé à expliquer que de toute façon même une extrême gauche victorieuse serait « obligée » de se plier à la réalité, de se confronter à la « dette » et aux lois de l’économie vues par les libéraux, en gros, elle serait obligée de « trahir » comme toute les autres gauches accédant au pouvoir avant elle.

Nous, la gauche socialiste, avons milité et applaudi avec enthousiasme à l’arrivée de la gauche française en mai et juin 2012.  Puis lentement nous avons été déçus, puis mécontents, puis hostiles, puis très en colère contre la politique droitière conduite par François Hollande. Peu à peu il nous a installé une austérité que nous ne croyions pas possible au début. Il a attaqué les droits du travail, en douceur puis de plus en plus violemment, au point que les reculs pour les salariés sont sur plusieurs questions, devenus plus graves que du temps de la droite. Nous combattons pied à pied, en interne au Parti socialiste, cette politique et ses résultats car le chômage a augmenté de 500 000, les inégalités se sont accrues et la misère concerne près de 10 millions de personnes en-dessous du seuil de pauvreté. Le PS recule d’élection en élection, un peu comme le Pasok chez vous. Mais pour le moment, toute la gauche recule aussi avec lui : le Front de gauche et les Verts reculent aussi, dans le même mouvement. Il nous faut renverser cette spirale descendante et à votre image, créer un regroupement de la gauche assez fort et unitaire pour susciter une nouvelle dynamique. C’est pourquoi nous nous réjouissons de votre victoire annoncée.

 

- Jusqu’à maintenant, François Hollande n’a pas fortement remis en question la politique d’austérité allemande, appliquée aux pays européens ayant un problème de dette publique. La victoire de Syriza et la montée en puissance de Podemos vont-t-ils modifier l’attitude du président français envers cette politique ?

 

François Hollande s’est rendu sans combattre à la politique d’austérité exigée par Angela Merkel. Pourtant sa politique de baisse des déficits échoue comme partout ailleurs : depuis deux ans la « dette » présumée du pays a augmenté de 10 points en passant de 86 % du Pib à 96 % du Pib. L’austérité étouffe l’économie, l’argent qui va aux banques manque à l’emploi. Rembourser la dette en priorité c’est comme un jardinier qui arrose la rivière, pendant que son jardin dépérit. Nous le mettons chaque jour devant cette contradiction et exigeons un plan de « relance » avec une puissante réforme fiscale, une hausse des salaires, une reconstruction du droit du travail. Pour nous sortir de la crise, il faut dépenser plus, investir, et pour cela il faut frapper l’oligarchie française qui se goinfre comme jamais. Car la France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal partagées, le mal vient de là. L’exemple de Syriza doit nous aider à montrer qu’une alternative est possible. Et si les peuples d’Europe qui se révoltent avec Podemos ou la mobilisation anti-troika au Portugal commencent à l’emporter, cela aura un effet bénéfique sur la gauche française pour l’aider à surmonter ses divisions. Et si ce mouvement s’impose à gauche, si le prochain congrès du PS en le 6 juin, tout comme les élections départementales le 29  mars, les élections régionales le 6 décembre 2015 démentent la politique de François Hollande, si les luttes sociales pour les salaires montent, nous pouvons espérer.

 

 

- La coopération entre les différentes forces de gauche, des socialiste jusqu’à la gauche radicale et anticapitaliste, est-t-elle possible ? Sur quelle base ?

 

Le drame de la gauche française politique et syndicale est sa division qui la paralyse face à l’austérité des gouvernements Hollande. Un des grands syndicats suit aveuglément le gouvernement, la CFDT. Un autre des grands syndicats le combat, la CGT. Mais sans unité, rien de grand ne se fera. Certains éléments du Front de gauche, lui même constitué de 8 partis, semblent donner la priorité au combat contre le PS plutôt que contre la droite. Les mêmes pensent qu’il y a deux gauches et que l’une doit l’emporter sur l’autre avant toute avancée. Pourtant la « gauche socialiste » que nous animons à réussi à obtenir 40 % des voix au BN du PS, et 60 députés socialistes sur 289 ont au moins une fois voté contre l’austérité voulue par le gouvernement, nous pesons entre 25 % à 50 % pour le prochain congrès du PS selon l’évolution du débat et des rapports de force. Ni les Verts, ni le Front de gauche ne sont au gouvernement qui lui-même ne rassemble qu’une toute petite partie des socialistes. En fait, au sein de la gauche, ce qui règne à la base, c’est l’abstention à 70 ou 80 %. C’est pourquoi toutes ses composantes devraient mener une grande bataille unitaire de rassemblement qui minoriseraient d’un côté les libéraux, de l’autre les ultra-gauches. Le programme c’est facile : grande réforme fiscale, hausse des salaires, réduction du temps de travail et reconstruction des droits des salariés. C’est au coeur de la gauche unie que les espoirs se trouvent. Mais encore faut il qu’il y ait des luttes sociales, car sans ces luttes, aucun des appareils des partis ne sera bousculé et aucune transformation sociale ne sera garantie.

 

3 Commentaires

  1. archerducher
    Posted 21 janvier 2015 at 9:35 | Permalien

    Aux 3 questions et 3 réponses ce ne peut-être qu’évident,de la bonne volonté c’est encore possible,chacun doit y mettre du sien et couper court à la rivalité.

  2. Posted 21 janvier 2015 at 15:35 | Permalien

    GF : « Le programme c’est facile : grande réforme fiscale, hausse des salaires, réduction du temps de travail et reconstruction des droits des salariés. »

    Analyse à côté de la plaque. Les fameux 40 % n’existent que dans l’imagination de Gérard Filoche. Et les députés frondouilleurs, s’ils étaient vraiment opposés à la politique du MEDEF, auraient pu faire tomber le gouvernement Valls. S’ils ne l’ont pas fait, ce n’est pas pour accepter les propositions unitaires telles que définies par Gérard Filoche. L’union, ça ne se décrète pas, il faut un contenu partagé. Et n’en déplaise à Filoche, il n’y a pas grand monde au PS qui veut d’une politique de gauche.

  3. Posted 23 janvier 2015 at 19:56 | Permalien

    Bonsoir à tous,
    En complément de l’interview donnée par notre camarade Gérard Filoche, je vous invite à lire l’article intitulé « Comment le peuple est-il en train de reprendre le pouvoir en Grèce ? », disponible à l’adresse suivante : http://www.legrandsoir.info/comment-le-peuple-est-il-en-train-de-reprendre-le-pouvoir-en-grece.html
    Solidairement.

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