Coup de vieux avec le projet de loi Macron: enrichissez vous, devenez milliardaires

Le 26 janvier 2015 l’Assemblée Nationale engagera le débat sur les 106 articles du projet de loi dite « pour la croissance et l’activité » et sur 19 projets d’ordonnances contournant le Parlement.

C’est comme un « coup de vieux ». Retour vers le passé : au XIX° siècle. Adieu le TGV, revoilà la troisième classe dans les trains, les autocars… presque les diligences. Ca sent « L’argent » de Zola. Dans les Rougon-Macquart, il y a Macron : d’ailleurs il imite Guizot « Français, réussissez et enrichissez vous » (s’est-il écrié le 11 décembre 2014 in La Tribune).

N’allez pas croire qu’il s’agit d’enrichir les travailleurs, non, chacun sait que le travail n’enrichit personne, tout juste s’il permet de vivre. Ce qui enrichit, c’est d’exploiter le travail des autres.

La France est le pays d’Europe qui a le plus de milliardaires : elle en a 78. Deux d’entre eux (Arnaud et Bettencourt) possèdent plus que 20 millions de français. Il est impossible d’être riches à ce point sans avoir pillé, détourné, spéculé contre les fruits du travail de centaines de milliers de salariés.

Depuis Las Vegas, Macron en rajoute : il dit aux jeunes « ayez envie de devenir milliardaires ».  Proposer cela à la jeunesse, dont 25 % est au chômage, c’est l’insulter grossièrement. Si l’avenir c’est d’exploiter au maximum les autres pour faire partie du 1 % qui se goinfre du travail des 99 %, il est certain que la crise des idéaux dans la jeunesse va s’accroitre. Au lieu de liberté, égalité, fraternité, il n’est pas sûr que compétitivité exacerbée, inégalité forcenée et richesse illimitée soit des objectifs très attractifs.

« Mon obsession, lorsque je regarde le CAC 40 aujourd’hui, est de créer le CAC 40 de dans dix ans et d’avoir des milliers de grandes entreprises qui puissent remplacer le CAC 40 actuel. Ce serait une grossière erreur de protéger les entreprises et les jobs existants » dit encore Macron.

Vous avez bien lu : « Mon job n’est pas d’aider les entreprises établies mais de travailler pour les outsiders, les innovateurs ». Il ne lutte pas contre le chômage, ni pour les « insiders » qui ont du boulot, il est pour les « outsiders » qui vont le casser, en vous faisant travailler le dimanche et de nuit, en facilitant les licenciements, en affaiblissant les délégués du personnel, en déréglementant le droit du travail.

D’ailleurs l’extension du travail du travail  le dimanche et de nuit ce n’est pas pour protéger les entreprises ni les jobs existants, c’est pour casser tout ce qui bride l’enrichissement, en l’occurrence la durée légale du travail. La facilitation des licenciements, c’est pour mieux vous remplacer, vous les « insiders » par les « outsiders ». L’insécurisation des délégués du personnel, c’est pour que personne ne s’y oppose. La casse de l’inspection du travail, de la médecine du travail et des prud’hommes, nous ramène un siècle en arrière. Les CHSCT sont une des plus grandes avancées depuis 30 ans en matière de santé, sécurité, hygiène, conditions de travail, les supprimer serait un crime.

Mais ce n’est pas foutu : si nos syndicats s‘y mettent tous ensemble dans le maximum d’unité, on peut créer l’état d’esprit, le rapport de force, pour que ce « coup de vieux » soit rendu impossible, pour qu’il y ait une majorité de votes « contre » au Parlement.

Ni 12, ni 7 dimanches : pas un dimanche de plus ! De fortes compensations doivent être imposées par la loi pour ceux qui sont dans l’obligation de travailler ce jour-là.  Non à l’extension du travail «  en soirée ». Depuis que le travail de nuit a été étendu en 1992, un million de femmes de plus le subissent et l’effet sur l’emploi global est nul. Non à la facilitation des licenciements ! Les obligations de reclassement doivent être maintenues au niveau des groupes, les critères pour établir les listes de licenciements aussi ! Non à l’abandon des handicapés au travail ! Non à l’abandon des poursuites pénales dans le travail illégal !

Il faut plus de règles et non pas moins de règles pour protéger les salariés. Les règles c’est de l’emploi en plus, des dividendes en moins. La déréglementation c’est du chômage en plus et des salaires plus bas.

 

 

13 Commentaires

  1. Nemo
    Posted 21 janvier 2015 at 14:11 | Permalien

    Je suis toujours étonné que vous ayez plus de considération pour quelqu’un devenu millionnaire grâce au loto que pour quelqu’un devenu millionnaire grâce à son travail…
    Moi je préfère avoir des millionnaires qui travaillent que des assistés payés à ne rien faire, et même si c’est du travail le soir ou le dimanche, ça vaut mieux que de ne pas travailler.
    Mais c’est un choix de société, entre le « moins on en fait et mieux on se porte », et le « travailler plus pour gagner plus »… Vous ne voulez pas comprendre qu’avant de distribuer la richesse, il faut la créer.
    De plus, c’est une question de liberté: pourquoi empêcher ceux qui le veulent de travailler le dimanche ou le soir ? Après, si vous, vous ne voulez pas aller faire vos courses le dimanche, n’y allez pas, mais n’emmerdez pas les autres.

  2. Posted 21 janvier 2015 at 15:49 | Permalien

    tu radotes nemo fais un effort
    personne ne peut devenir milliardaire par son travail, personne,
    ce n’est possible qu’en exploitant férocement et longtemps le travail des autres
    la richesse est créée depuis longtemps, elle crève les vitrines, les villas, les yachts, les terres, les patrimoines, la question est de la redistribuer autrement
    non il n’y a pas la liberté de travailler sans garde corps, sans chaussure de sécurité, non il n’y a pas la liberté de ne pas payer les heures supplémentaires, il n’y a pas la liberté de travailler 15 h par jour ni 60 h par semaine, ni le dimanche, c’est INTERDIT
    c’est interdit de voler aussi, de ne pas payer le smic, de tuer au couteau ou au travail !

  3. Posted 21 janvier 2015 at 17:38 | Permalien

    Bonjour

    Je vous ai précédemment envoyé une question concernant le C3P mais vous n’y avez trouvé le temps d’y répondre.

    Point de gravité cependant.
    Toutefois, passant le concours de cette noble profession qu’est l’inspection, dois-je me conformer à des idéaux plutôt UMP étant donné que mon jury sera exclusivement composé de DGT ?

    Merci beaucoup

  4. Posted 21 janvier 2015 at 18:00 | Permalien

    parlez comme Le Monde parle

  5. Posted 21 janvier 2015 at 19:21 | Permalien

    Bonsoir à tous,
    En complément de ce qu’a écrit notre camarade Gérard Filoche, je vous invite à lire et à diffuser le tract du syndicat Sud Travail intitulé « Loi Macron, loi des patrons ! », disponible à l’adresse suivante : http://www.solidaires.org/IMG/pdf/loi_macron_illustre.pdf
    Solidairement.

  6. Posted 22 janvier 2015 at 12:25 | Permalien

    Bonjour Mollo,
    Hier au soir le premier lien fonctionnait parfaitement… Toujours est-il que je vous remercie d’avoir fait le nécessaire.
    Solidairement.

  7. BARNOIN André
    Posted 23 janvier 2015 at 4:08 | Permalien

    Monsieur NEMO, le monde dont rêve monsieur MACRON, et ses employeurs le MEDEF et les milliardaires, c’est celui du BanglaDesh, de Shenzen en Chine, de l’Ethiopie, où des esclaves créent des objets de luxe pour trois fois rien de « coût du travail », financés avec les capitaux amassés par VOTRE travail et délocalisés dans des enfers sociaux. Lorsqu’à force de casse des droits sociaux, vous serez obligé d’accepter le même salaire que ces malheureux, alors vos maîtres consentiront à relocaliser la production en Europe. Au lieu d’accepter ce retour au XIX ème siècle, nous devons lutter pour la mondialisation des droits sociaux, contre les paradis fiscaux et le secret bancaire qui permet toutes les fraudes, tous les abus, tous les trafics.Les vrais assistés sont ces milliardaires qui se servent des commandes de l’Etat pour protéger et accroître leur emprise sur la vie économique, sur VOTRE vie, en définitive. N’avez-vous donc pas de fierté, de dévaloriser votre force de travail qui vaut mieux qu’une dévaluation perpétuelle ? OUVREZ DONC LES YEUX !

  8. CRAYENCOUR
    Posted 23 janvier 2015 at 8:13 | Permalien

    Nemo; l’argument de la liberté est le plus stupide de tous; si mon employeur me demande de venir plus tard le soir ou bien un dimanche sur deux, je ne serais jamais libre de lui dire non; sauf à être sûr, dans le meilleur des cas de voir ma progression de carrière bloquée si je suis cadre ou bien d’être le dernier à qui on demandera son avis pour le choix des périodes de congés, … ou pire d’être viré au 1er prétexte venu (d’autant que ça va devenir plus facile de me virer grâce au socialiste Macron)

  9. Nemo
    Posted 23 janvier 2015 at 12:50 | Permalien

    Comme le répète assez souvent ici M. Filoche, le contrat de travail est un lien se subordination entre l’employé et l’employeur. Donc le salarié est payé pour faire ce qu’on lui dit de faire et quand on lui dit de le faire (dans les limites légales bien entendu).
    Si vous n’acceptez pas ça, libre à vous de démissionner et de devenir patron à votre tour, on verra bien comment vous allez vous débrouiller.

  10. Posted 23 janvier 2015 at 18:17 | Permalien

    Vous voulez dire le journal je suppose ?
    Donc un ton plutôt consensuel et assez descriptif ou je me trompe ?

    En tout cas, je vous remercie du temps que vous prenez pour ceux qui vous interpellent.
    Au passage votre bouquin, bien que très engagé, m’a plu (celui de 2008).

    Très chaleureusement.

    PS : Les meilleures copies sont parfois engagées. Est-ce une bonne chose dans un concours ?

  11. Posted 23 janvier 2015 at 18:21 | Permalien

    NEMO : Ultra-libéral.
    Code du travail : instrument de protection du salarié découlant JUSTEMENT de ce lien de subordination.

    Recommandation 1 : Lire Yves Clôt
    Recommandation 2 : Travailler un petit-peu (j’ai été, à 15 ans, pâtissier pdt un an)
    Recommandation 3 : Ne jamais vous intéresser au droit social et plus particulièrement Dt du travail.

  12. Posted 26 janvier 2015 at 14:14 | Permalien

    Envoyé le 23/01/2015 à 13:19

    Traumatismes, Suicides : Le Chômage tue de plus en plus
    Professeur de Médecine et psychiatre, Michel Debout tire la sonnette d’alarme sur la santé de 5 à 6 millions de
    personnes : les Chômeurs et les Précaires.
    Selon une étude de l’Inserm, la crise de 2008 a généré 200 suicides supplémentaires par an,
    imputés à l’augmentation du chômage.
    Ce résultat corrobore le pronostic du Professeur Michel Debout qui, dès 2009, alertait les
    autorités des effets dévastateurs de la perte d’emploi.
    Médecin psychiatre, Michel Debout publie en janvier 2015 un livre qui résume et étaye ses
    convictions : Le Traumatisme du Chômage – Alerte sur la santé de 5 millions de personnes – Éditions de l’Atelier.
    Pour ce spécialiste, un accompagnement psychologique devrait être systématiquement proposé à celles et ceux qui
    viennent de perdre leur emploi. À elles et eux de l’accepter ou pas.
    Michel Debout constate qu’il existe une médecine du travail mais pas de médecine du chômage qui, pourtant, traumatise
    et fragilise un nombre croissant d’entre nous.
    On estime que 10.000 à 12.000 personnes mettent fin à leurs jours chaque année en France (pour plus de 150.000
    tentatives). C’est 3 à 4 fois plus que le nombre de victimes de la route.
    Parmi elles, combien de personnes au chômage ou en grande précarité professionnelle : 2.000, 3.000, 4.000, 5.000 ?
    Si les motivations des désespérés sont souvent multiples et confuses, il est certain qu’un des facteurs déclencheurs est la
    perte d’un emploi et ses répercussions : déclassement social, isolement et découragement, tensions et ruptures
    familiales, problèmes de santé physique, addictions (médicaments, alcool, tabac, drogues…), fragilisation psychologique
    pouvant mener à la dépression…
    Un cocktail de plus en plus mortel à mesure que le chômage augmente. Il ne cesse de le faire depuis 2008…
    Actuchomage.org
    Entretien avec le Professeur Michel Debout – Réalisation : Pili.
    http://www.actuchomage.org/2015011726422/Mobilisations-luttes-et-solidarites/traumatisme-suicide-le-chomage-tue-de-plus-en-plus.html

  13. Marius tresorus
    Posted 30 janvier 2015 at 1:34 | Permalien

    Personne n’aime travailler le dimanche. C’est un pis-aller qui a pour conséquence de vous marginaliser par rapport à vos amis et à votre famille. Je l’ai fait tout en faisant mes études, il y a plus de 20 ans, de jour, de nuit, et avant de rejoindre se fameux milieu des dirigeants d’entreprise sans référence horaire. Je ne m’attendais pas à trouver autant de misère intellectuelle là-haut… Même les américains n’aiment pas travailler le dimanche. Aller, une petite chanson « working on sunday sucks » http://youtu.be/awEG70TGpyo

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