Il y a 75 ans, l’assassinat de Trotsky

Mémoire.

(texte de Daniel Bensaïd)

Dimanche 5 Septembre 2010, mise à jour Vendredi 6 Juin 2014, 09:27

Le 20 août 1940, l’agent stalinien Ramón Mercader assénait un coup mortel à Léon Trotsky dans son refuge mexicain de Coyoacán. À l’occasion de cet anniversaire, il faut repenser l’horizon de notre lutte socialiste et sauvegarder la mémoire que l’infamie prétend parfois inhumer. L’article de Daniel Bensaïd ci-dessous a été écrit il y a dix ans pour l’hebdomadaire Rouge. Sa lecture garde toute sa validité.

Trotsky, un passeur du siècle
Pourquoi cet assassinat ? Si on laisse de côté la personnalité perverse de Staline, il faut repartir des  derniers combats de Trotsky, c’est-à-dire, toute la période mexicaine durant laquelle il mène principalement trois grandes luttes dans une phase d’effondrement de l’espérance.
Il veut d’abord empêcher toute confusion possible entre révolution et contre-révolution, entre la phase initiale d’Octobre 1917 et le Thermidor stalinien. Il le fait notamment en organisant dès son arrivée au Mexique (janvier 1937), au moment du deuxième procès de Moscou, la commission d’enquête internationale présidée par le philosophe américain John Dewey. Cinq cents pages de documents démontent le mécanisme de la falsification, des amalgames politiques. Le deuxième combat est la compréhension des enchaînements vers une nouvelle guerre, dans une phase où allaient s’exacerber les chauvinismes et s’obscurcir les enjeux de classe. Enfin, le troisième combat, lié aux précédents, c’est celui de la fondation d’une nouvelle internationale, – proclamée en 1938, mais projetée au moins cinq ans auparavant, dès la victoire d’Hitler en Allemagne – qu’il ne concevait pas comme le rassemblement des seuls marxistes-révolutionnaires, mais comme un outil tourné vers les tâches du moment. C’est dans ce travail que Trotsky a pu, à ce moment, se vivre comme « irremplaçable ».

Temps des défaites
Il se trompe dans ses pronostics, lorsqu’il fait un parallèle entre les évènements qui ont suivi la Première Guerre mondiale et ceux qui pourraient résulter de la deuxième. L’erreur réside dans le fait que les mouvements ouvriers se trouvent alors dans des situations très différentes. Dans la Seconde Guerre mondiale se cumulent beaucoup de facteurs ; mais ce qui est majeur, c’est sans doute, la contre-révolution bureaucratique en URSS dans les années 1930. Avec un effet de contamination sur l’ensemble du mouvement ouvrier et sa composante la plus révolutionnaire. Il y a une sorte de quiproquo, dont la désorientation de beaucoup de communistes français devant le pacte germano-soviétique est la plus parfaite illustration. Mais se rajoutent des défaites majeures, comme la victoire du nazisme en Allemagne et du fascisme en Italie, la défaite de la guerre civile espagnole, l’écrasement de la deuxième révolution chinoise. Une accumulation de défaites sociales, morales et même physiques, que nous avons du mal à imaginer. Mais on ne peut jamais considérer que tout est joué d’avance.
Une des erreurs importantes de Trotsky, c’est d’avoir imaginé que la guerre signifierait de manière inéluctable la chute du stalinisme, comme la guerre franco-allemande de 1870 avait signifié l’arrêt de mort du régime bonapartiste en France. Nous sommes en 1945 au moment du stalinisme triomphant, avec ses aspects contradictoires. Tout cela est très bien illustré dans le livre de Vassili Grossman, Vie et destin, autour de la bataille de Stalingrad. À travers les combats, on y voit la société s’éveiller, et même échapper en partie à l’emprise bureaucratique. On peut envisager l’hypothèse d’une relance de la dynamique d’Octobre. Les vingt ans écoulés depuis les années 1920 sont un intervalle court. Mais ce que dit le livre de Grossman ensuite est imparable. Staline a été sauvé par la victoire ! On ne demande pas de comptes aux vainqueurs. C’est le gros problème pour l’intelligence de cette époque.
Les implications théoriques sont importantes. Dans sa critique du totalitarisme bureaucratique, si Trotsky voit très bien la part de coercition policière, il sous-estime le consensus populaire lié à la dynamique pharaonique, même au prix fort, conduite par le régime stalinien. C’est là un point obscur qui mériterait d’être repris.
Cela dit, après la guerre, il y a des responsabilités spécifiques des partis. Dans le cadre du partage du monde – la fameuse rencontre Staline Churchill, où ils se partagent l’Europe au crayon bleu –, il y a eu des poussées sociales importantes, ou pré-révolutionnaires ; en France, avec des forces en partie exsangues, mais davantage en Italie et en Grèce. Et là, on peut franchement parler de trahison, de subordination des mouvements sociaux aux intérêts d’appareils. Cela ne veut pas dire automatiquement une révolution victorieuse, mais une dynamique de développement et une culture politique du mouvement ouvrier à coup sûr différentes. Ce qui ménage d’autres possibilités. Il faut quand même rappeler le fameux « il faut savoir terminer une grève » du secrétaire général du PCF Maurice Thorez, où l’attitude du PC italien au moment de l’attentat contre Togliatti. Mais le pire et le plus tragique ont été la défaite de la révolution espagnole et le désarmement de la résistance et de la révolution grecque. Puis, le vote stalinien au projet de fédération balkanique, pourtant la seule solution politique, et qui le demeure, face à la question des nationalités dans les Balkans.

Le nécessaire et le possible
Au total, le destin tragique de Trotsky illustre la tension entre le nécessaire et le possible. Entre la transformation sociale répondant aux effets d’un capitalisme pourrissant, et les possibilités immédiates. On trouve cela déjà en lisant la correspondance de Marx. Quant à l’apport théorique et stratégique, il est considérable. Notamment dans l’analyse du développement inégal et combiné des sociétés, en commençant par la Russie dès 1905, ou la perception des modalités actuelles de l’impérialisme. Mais là où il est irremplaçable, malgré des lacunes, c’est dans l’analyse du phénomène inédit à l’époque, et difficilement compréhensible, de la contre-révolution stalinienne. De ce point de vue, Trotsky est un passeur. Ce qui ne signifie pas une référence pieuse ni exclusive. Nous avons au contraire pour tâche de transmettre une mémoire pluraliste du mouvement ouvrier et des débats stratégiques qui l’ont traversé. Mais dans ce paysage et ce passage périlleux, Trotsky fournit un point d’appui indispensable.
Daniel Bensaïd (1946-2010)

 

21 aout : assassinat de Trotsky

Publié le 24 août 2014 par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

21 aout : assassinat de Trotsky

Il prétendait être Belge et s’appeler Jacques Mornard. Il était Catalan et s’appelait Ramon Mercader, Staline guidait son bras.

Le 22 août 1940, un piolet d’alpiniste fracassait le crâne de Léon Trotsky, réfugié au Mexique depuis 1937. Le meurtrier déclara aux policiers qu’il s’appelait Jacques Mornard et était citoyen belge. Acteur de l’assassinat, il n’en était pas le seul organisateur. Grâce à sa liaison avec la jeune trotskyste Sylvia Ageloff, le futur assassin de Trotsky était parvenu à gagner la confiance de ceux qui veillaient sur la sécurité du célèbre exilé. Sous le nom de Franck Jacson, il fut reçu plusieurs fois dans la maison fortifiée de Coyoacan (un faubourg de Mexico).

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Quelques mois avant l’assassinat, une première tentative avait échoué. Le 24 mai 1940, à 4 heures du matin, un commando d’une vingtaine d’hommes était parvenu à pénétrer dans la demeure: pendant plusieurs minutes, ils arrosèrent la chambre de Trotsky à la mitraillette et lancèrent deux grenades incendiaires ainsi qu’une bombe à retardement. Miraculeusement, il n’y eut ni mort ni blessé. Trotsky et sa femme s’étaient jetés sous le lit, leur petit-fils Siéva avait fait de même.

Qui était Jacson? La presse stalinienne se déchaîna et répandit la thèse de l’auto-attentat monté pour faire parler de lui et calomnier le PC mexicain et Staline. Un mois après les événements, trente personnes étaient sous les verrous, la plupart membres du PC et anciens d’Espagne. Le responsable était en fuite: il s’agissait du célèbre peintre David Alfaro Siqueiros, ancien colonel en Espagne, dont Trotsky pensait qu’il servait le GPU depuis 1928. Ultérieurement, l’enquête prouvera que Siqueiros et Franck Jacson se connaissaient depuis l’Espagne.

L’identité de Franck Jacson

Qui était donc ce Franck Jacson? Il faudra près de dix ans pour percer sa véritable identité. Dans sa poche, on devait retrouver une lettre expliquant les mobiles de son acte: trotskyste déçu, il aurait été écoeuré par l’homme et par sa proposition de l’expédier en URSS pour faire des sabotages, démoraliser l’Armée Rouge et essayer de tuer Staline. Pour accomplir tout cela, il bénéficierait de l’appui d’une grande nation (il s’agissait des Etats-Unis, car Trotsky ne pouvait plus être un agent hitlérien en raison du Pacte germano-soviétique).

Toutes ces accusations furent reprises par les divers PC pendant près de quarante ans. En 1969, le dirigeant du PCF Léo Figuères y avait encore recours, dans son livre « Le Trotskysme, cet Anti-léninisme ». Lorsque les photos du meurtrier parurent dans la presse, plusieurs anciens d’Espagne (beaucoup s’étaient réfugiés au Mexique) crurent reconnaître le militant communiste Ramon Mercader. Il faudra pourtant attendre 1950 pour en avoir l’absolue certitude: profitant d’un congrès en Europe, un criminologiste du gouvernement mexicain alla enquêter en Espagne. Il comparera les empreintes digitales de Jacson avec celles du jeune communiste catalan Ramon Mercader arrêté en juin 1935: c’étaient les mêmes.

En 1953, l’année de la mort de Staline, sur toutes les pièces officielles, le nom de Mercader remplaça celui de Jacson-Mornard. La mère de l’assassin, Caridad Mercader, était une militante en vue du Parti Socialiste Unifié de Catalogne, rattaché au Komintern. Elle fut recrutée pour le GPU par Gerö, le futur dirigeant stalinien hongrois qui officiait alors en Espagne. Par son intermédiaire, elle devint la maîtresse de Léonid Eitingon, général du GPU, spécialiste dans la liquidation des diplomates soviétiques suspects et des militants douteux. Ramon Mercader purgea, au Mexique, une peine de vingt ans de prison, le maximum qu’autorisait la loi. A sa sortie, en 1960, il se rendit en Tchécoslovaquie via Cuba, puis à Moscou où il avait été fait « héros de l’Union Soviétique » et titulaire de « l’ordre de Lénine ». Il a été enterré à Moscou, en 1978, sans avoir jamais parlé.

21 aout : assassinat de Trotsky

L’ordre de Staline

La paternité de Staline dans le crime est maintenant reconnue par tous, y compris par les Soviétiques et par le PCF. En 1978, Valentin Campa, ancien dirigeant du PC mexicain, publiait ses mémoires. Il avait été remis à la base en 1940, car il ne montrait pas assez d’enthousiasme dans la participation de son parti à la préparation de l’assassinat. L’Humanité des 26 et 27 juillet 1978 en fit paraître quelques extraits où Campa confirme que c’est bien Staline qui a donné l’ordre de tuer Trotsky. Mais il ne révèle rien qui ne soit déjà connu: en particulier, il ne dit pas qui a été le principal organisateur. Comble d’ironie: c’est le vieux stalinien Georges Fournial qui est chargé de présenter le document. Or, dès février 1938, « le jeune instituteur Georges Fournial » était dénoncé par la presse trotskyste en tant qu’agent du GPU: il venait d’obtenir un congé de six mois pour aller représenter au Mexique l’Internationale des travailleurs de l’enseignement…

Malgré tout, grâce à Valentin Campa, les vieux militants ont pu apprendre, avec trente-huit ans de retard, que leurs dirigeants aimés étaient non seulement des menteurs mais aussi des assassins. D’un tout autre intérêt sera le livre sur Trotsky que s’apprête à faire sortir, à Moscou, le général Volkogonov, directeur de l’Institut d’histoire militaire de l’URSS et récent biographe de Staline. Interviewé par le correspondant de la Stampa (N° du 26 juillet 1990), il affirme avoir eu accès à de nombreuses archives dont celles de Trotsky, de Staline et du NKVD. Il déclare posséder la plus riche collection de documents concernant Trotsky: quarante mille pièces, des milliers de photos, des dizaines de témoignages. Il en publiera certains, notamment l’ordre de tuer Trotsky, daté de septembre 1931 et signé par Staline, Vorochilov, Molotov et Ordjonikidze. Il sera renouvelé en 1934.

Volkogonov révélera enfin le nom de l’organisateur de l’assassinat, sous les ordres de qui il travaillait, Eitingon (le général du GPU dont Caridad Mercader était la maîtresse). Cet homme est âgé de quatre-vingt cinq ans et a fait quinze ans de prison à l’initiative de Krouchtchev. Volkonogov est parvenu à le faire parler. La première décision de tuer Trotsky a été prise au mois de septembre 1931, mais elle avait un caractère général, alors qu’en 1934 fut créé un groupe spécial pour faire la chasse à Trotsky… Le groupe spécial s’occupait de la liquidation des adversaires politiques à l’étranger, et pas seulement de Trotsky. La pieuvre du NKVD avait ses tentacules partout. C’était un service secret dans le service secret, créé pour lutter contre les exilés qui, à leur tour, luttaient contre le régime de Staline. Ces personnes étaient dangereuses pour Staline, parce qu’elles savaient beaucoup de choses.

21 aout : assassinat de Trotsky

« Une tragi-comédie « 

Fidèle à la pensée gorbatchévienne, Volkogonov, qui ne cache pas son admiration pour plusieurs aspects de la personnalité de Trotsky (et notamment son anti-stalinisme dès les années vingt), porte contre lui un grief essentiel. « Il fut prisonnier d’une grande idée fausse, l’idée de la révolution mondiale. Même une semaine avant sa mort, il écrivit qu’il croyait à la victoire de la révolution mondiale. » Eh oui, camarade général, il avait cette faiblesse coupable qu’il partageait d’ailleurs avec Lénine, objet de votre prochain livre. Par contre, dès 1935, Staline déclarait à Roy Howard que l’idée que l’URSS pouvait encourager la révolution socialiste mondiale relevait de la « tragi-comédie ». Peut-être comprendrez-vous un jour que, si vous pouvez maintenant vous féliciter d’écrire librement, si les émules de Staline ont été balayés presque partout en Europe, c’est que la « grande idée fausse » tragi-comique n’a pas fini de faire parler d’elle.

Ernest Mandel, La Gauche 19 sept 1990

21 aout : assassinat de Trotsky

12 Commentaires

  1. Dominique Babouot
    Posted 21 août 2015 at 18:06 | Permalien

    Grece:

    Pourquoi avoir organise un référendum pour faire dire non par le peuple grec au dictat européen commandité par l’allemagne pour alors que le peuple a effectivement exaucé son souhait, faire machine arrière et accepter ces memes propositions aux quelles le peuple a effectivement dit non comme on l’y avait invité.

    Maitenant on organise des élections anticipées pour appliquer ces memes mesures.

    Alors soit le référendum ne devait pas etre organisé, soit on devait en tirer les lecons en résistant jusqu’au bout, si on voulait on pouvait d’ailleurs avoir l’honneteté d’indiquer que le choix du NON risquait d’aboutir à une cessation de paiement de la BCE et donc à une sortie de fait de la zone euro!

    TSIPRAS N’EST QU’UN DEGONFLE QUI A ETE UN PEU PLUS LOIN QUE LES AUTRES HOLLANDE, Schulz, Sigmar Gabriel et cie et il faut le dire au lieu de se taire!

    En 1968 Dubchek à Pragues s’était lui aussi incliné devant « L’union européenne » d’alors, le système stalinien, mais les chars étaient à Pragues, ils n’étaient pas à Athenes et Tsipras n’a meme pas eu le courage de provoquer la BCE et Merkel, la « Brejnev » de l’union européenne jusqu’au bout, ce n’est qu’un lache de plus qui mérite d’aller rejoindre Papandreou!
    Et il ose parler de continuer à lutter contre l’austérité!

    Il mérite de perdre les élections, si j’étais grec, je préférerai m’abstenir que de voter pour lui!

    HONTE A LUI!!!

  2. Posted 21 août 2015 at 19:54 | Permalien

    n’importe quoi

  3. Posted 21 août 2015 at 19:55 | Permalien

    La corde autour du cou de la Grèce continue de se resserrer !
    Pendant les négociations qui ont conduit à l’accord du 12 juillet, le nœud coulant était tenu d’une main ferme par la BCE qui asphyxiait les banques grecques. C’est sous la menace d’une faillite de ces banques qu’Alexis Tsipras a été obligé de signer un accord qu’il qualifiait pourtant d’ « absurde ».
    La Grèce ne sort pas de la zone euro mais c’est au prix de la poursuite de son effondrement
    En 5 ans, les remèdes de la Troïka (BCE, FMI, Commission) ont plongé la Grèce dans une triple catastrophe. Une catastrophe économique : le PIB de la Grèce a diminué de plus de 26 % depuis 2009. Une catastrophe sociale : le chômage frappe 27 % de la population active. Une catastrophe financière : la dette publique grecque (dont la réduction était pourtant le prétexte du « remède » de cheval imposé par la Troïka) est passée de 120 % à 180 % du PIB grec entre 2009 et 2014.
    Visiblement, aucun bilan n’a été tiré d’une politique aussi néfaste et c’est le même « remède » de cheval qui est, de nouveau imposé à la Grèce.

    L’ « accord » du 12 juillet exige un litre de sang supplémentaire d’un malade déjà saigné à blanc
    Les Grecs n’ont jamais vu un seul euro des soi-disant « plans d’aide ». Ces prêts allaient alimenter les comptes des banques européennes, au fur et à mesure de l’arrivée à échéance des titres de la dette publique grecque qu’elles détenaient. En contrepartie, la Grèce a subi une politique d’austérité et de « réformes structurelles » qui l’ont saignée à blanc.
    L’ « aide » à la Grèce, après l’accord du 13 juillet, poursuite toujours un seul et même objectif : rembourser ses créanciers. Les prêts accordés par l’Union européenne permettront uniquement de rembourser les prêts du FMI, de la BCE et des Etats européens. Les Grecs doivent, de nouveau, se saigner aux quatre veines (nouvelles baisses du montant des retraites et des salaires, expulsion des débiteurs des banques, biens publics bradés, recapitalisation des banques…) pour permettre au serpent de continuer à se mordre la queue !

    François Hollande a remporté une victoire à la Pyrrhus
    Le « Grexit » a été évité, mais c’est reculer pour mieux sauter car les mêmes causes produiront les mêmes effets. Les « réformes structurelles » exigées de la Grèce la plongeront dans une récession encore plus profonde et les objectifs fixés par l’accord du 12 juillet ne pourront pas être tenus.
    La droite allemande aura, alors, beau jeu, d’exiger que la Grèce soit expulsée de l’euro.
    Un boulevard sera, ainsi, ouvert à l’extrême-droite, non seulement en Grèce, mais dans toute l’Union.

    Il est grand temps, pour François Hollande de tenir son engagement de « réorienter l’Union européenne » !
    Il a, aujourd’hui, la possibilité de rattraper son refus, à l’automne 2012, d’essayer de changer un seul mot du traité Merkel-Sarkozy (le TSCG), qu’il s’était pourtant engagé à renégocier.
    Beaucoup de citoyens, dans toute l’Union européenne, ont été scandalisés par la brutalité de l’ « accord » imposé par la force au peuple grec, au mépris de la volonté populaire, clairement exprimée lors du référendum du 5 juillet qui avait donné 61 % au « non ».
    François Hollande peut s’appuyer sur ce revirement de l’opinion publique pour exiger une restructuration de la dette grecque (le FMI reconnaît, lui-même, qu’elle n’est pas soutenable sans une profonde restructuration), pour exiger que les « remèdes » absurdes imposés à la Grèce prennent fin et que l’Union européenne qui avaient su trouver 1 616 milliards d’euros entre 2008 et 2011 pour sauver les banques privées puisse dégager 200 milliards pour permettre à la Grèce de reconstruire son économie.

    Cela permettrait de sauver, du même coup, l’Union européenne
    L’Union aurait toutes les peines du monde à survivre à une expulsion de la Grèce de la zone euro. Les marchés financiers, constateraient que l’euro n’est plus une monnaie unique mais un conglomérat de monnaies portant le même nom, sans le moindre lien de solidarité entre elles. Ils en tireraient aussitôt les conclusions et se mettraient à spéculer sans retenue contre tous les maillons faibles de cette zone : le Portugal, Chypre, l’Espagne, l’Italie et, finalement, la France.

  4. Greg
    Posted 21 août 2015 at 21:46 | Permalien

    Oui, se battre contre Shauble et consorts c’est se battre en fin de compte pour l’Europe tout simplement.

    Lisez le livre d’Eric Toussaint : Bancocratie. Un livre militant qui mêle économie et conscience de classe c’est plutôt rare.
    Trotsky, mentionné plus haut, aurait recommandé un tel livre à toutes celles et ceux voulant prendre part au combat pour l’émancipation.

    C’est un très bon livre, à recommander, vraiment.

  5. Auxi
    Posted 21 août 2015 at 22:53 | Permalien

    Réussir une tartine pareille sur Trotsky sans jamais parler de Cronsdadt, c’est une performance ! Encore bravo !

  6. Posted 22 août 2015 at 2:35 | Permalien

    la page tragique de cronstadt ? la revolution russe était en peril de mort et la garnison n’était plus la meme… dix fois trotski a explique cela

  7. Posted 22 août 2015 at 2:35 | Permalien

    en effet

  8. Moisant John
    Posted 22 août 2015 at 4:22 | Permalien

    Merci pour cet art.

    Pourriez-vous svp expliciter ce passage de votre réponse à un commentaire « la garnison n’était plus la même ». Merci.

    Sur la Grèce, ne pas oublier qu’Hollande faisait partie de ceux qui « surveillaient » la porte pendant que Tsipras se faisait molester par Merkel.

    Je ne crois qu’Hollande veuille changer quoique ce soit à la situation critique que l’on vit en Europe actuellement.

  9. Posted 22 août 2015 at 9:59 | Permalien

    les membres de la garnison de 1921 n’avait plus rien à voir avec ceux de 17
    et en 21 les bolcheviks (comme les communards qui ne savaient pas s’organiser entre les dernières barricades de mai 71) étaient au bord d’être massacrés : cela changeait toute l’approche, les marins n’étaient plus l’avant garde mais la dissidence au pire moment, c’est ça la tragédie de crondstat !

  10. John Moisan
    Posted 23 août 2015 at 8:43 | Permalien

    Merci pour ces précisions qui éclairent un peu mieux ma lanterne. Très bonne journée à vous Mr. Filoche.

  11. Auxi
    Posted 23 août 2015 at 19:56 | Permalien

    Cronsdadt a surtout été tragique pour les anarchistes qui, comme d’habitude, se sont tapé tout le sale boulot avant d’être déportés ou purement et simplement liquidés. Par Trotsky.

  12. Posted 23 août 2015 at 21:05 | Permalien

    reponse hors sujet

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