Contre la hausse des carburants : une colère juste

Quelles personnes habitant une zone rurale ou à quelques dizaines de kilomètres d’une ville, ont le choix, aujourd’hui, de ne pas utiliser de voiture ? Très peu : les taxer est totalement injuste !

La hausse du prix des carburants est la goutte de trop. La hausse des taxes est une mesure contre les plus fragiles, pour aider à financer des mesures qui permettront de multiplier les cadeaux aux riches et au patronat. Total qui engrange des milliards de chiffre d’affaires et de profits grâce au pétrole et à ses sous-produits, bénéficiera lui-aussi – et c’est un comble – de ces cadeaux !

Faire payer Total

Aujourd’hui, au lieu d’augmenter les taxes sur les carburants pour lutter contre le réchauffement climatique, c’est Total qu’il faut faire payer et toutes les grosses firmes qui polluent tout en continuant à percevoir, comme toutes les entreprises, exonération sur exonération.

Augmenter les salaires

Alors qu’il faudrait augmenter les salaires et pensions de retraite, Macron accentue la politique de Hollande et instaure, en faveur du patronat, des dizaines de milliards d’exonérations de cotisations sociales, celles qui financent notre sécu et notre retraite. Ces milliards s’ajoutent à ceux redonnés aux plus riches. Cette politique ne crée pourtant aucun emploi.

Faire reculer Macron et son gouvernement !

La colère est juste, elle est multiforme. Depuis quelques semaines des appels fleurissent. Ils ne sont pas tous équivalents. Le 17 novembre est annoncé comme une journée de blocage. 78 % des personnes interrogées soutiennent l’idée de ce mouvement. Il doit déboucher sur des solutions durables pour augmenter le pouvoir d’achat du plus grand nombre, faciliter la vie de toutes et de tous. C’est la responsabilité de la gauche.

Nous n’avons pas besoin de plus de camions sur les routes comme le veulent les patrons de ce secteur en cherchant à utiliser la colère du plus grand nombre. Macron a mis des autocars pollueurs, couteux, inconfortables, a la place des trains, et voila qu’il dit soudain qu’augmenter le prix du carburant est écologiste, de qui se moque t il ?

Nous n’avons pas besoin du soutien de secteurs de la droite qui voudraient moins d’impôts et moins de protection sociale. Et encore moins de la récupération de l’extrême droite dont ni le pouvoir d’achat des salariés ni les préoccupations écologiques n’ont jamais vraiment été le premier souci !

Mettre en avant des alternatives !

Nous voulons des services publics de proximité, des petites lignes de train, des transports collectifs de qualité, accessibles partout à des prix abordables par toutes et tous. Ce ne sera que dans ces conditions que le choix d’utiliser ou non sa voiture deviendra un véritable choix. Avec les 30 milliards d’exonérations fiscales accordés, chaque année, en pure perte, au patronat, il serait possible de mettre en place de vraies alternatives, et d’avancer ainsi dans une transition écologique synonyme de justice sociale. Il n’y aura pas de politique environnementale sérieuse sans plan d’investissement public massif.

Nous appelons la gauche, toute la gauche à reprendre la main autour de propositions communes, à développer une campagne unitaire mettant dans le coup les citoyens qu’ils soient retraités, jeunes ou salariés, qu’ils aient un emploi ou qu’ils en soient privés.

Mettons nos colères en commun et mobilisons-nous autour de ces propositions.

 

 

11 Commentaires

  1. DOMINIQUE BABOUOT
    Posted 10 novembre 2018 at 17:46 | Permalien

    Bravo pour cet article et cette prise de position! C’est bien de saluer cette initiative, alors qu’on voit notamment, le npa et certains verts parler de poujadisme et appeler presque à contrer cette initiative au lieu de la soutenir sous prétexte que certaines personnalités proches de l’extrème- droite ont signifié depuis longtemps leur intention d’y participer activement.
    Et apres? On ne va pas dire qu’il fait beau alors qu’il pleut sous prétexte que Lepen dit qu’il pleut!
    Sur ce plan, on peut aussi saluer la rapide mise au point de JLM!

    Par contre, je n’étais pas au meeting jeudi avec Maurel à Pau, j’ai visionné la vidéo hier soir, on ne peut pas dire que certains insoumis aient brillé par leur intelligence par l’accueil sectaire et agressif qu’ils ont réservé à Emmanuel Maurel qui leur tendaient la main!

    Croient-ils que lors des élections européennes, ils vont pouvoir se passer des milliers d’adhérents ou sympathisants socialistes que nous sommes, nous hésitons et cette attitude n’est pas faite pour nous convaincre!
    Je n’étais pas au meeting en question, heureusement pour eux car nul doute que j’aurai cherché l’explication avec ses énergumènes!
    Emmanuel Maurel qui savait que jean-Luc n’approuvait pas cette attitude a eu beaucoup de courage de les avoir supportés jusqu’au bout!
    Car reconnaissons le tout net JLM n’est pas responsable de l’attitude ce ces personnes qu’il a cherché à excuser en disant qu’ils n’étaient pas faciles parce qu ‘ « insoumis »

    On peut refuser la discipline et les dictas pour soi-même c’est d’ailleurs parfaitement louable, par contre l’ »insoumission » elle n’est pas que pour soi, elle est pour les autres aussi, on n’a pas à exiger des autres qu’ils renoncent à dire et à penser ce qu’ils ont à dire.

    Qu’ils étaient venus seulement pour écouter leur « gourou », c’est possible mais la moindre des choses était d’avoir la patience d’attendre et de se taire ne serait-ce par correction et par politesse!

    L’unité est un combat!

    Autre chose et ce n’est pas la première fois, j’ai pu remarquer qu’alors que les organisateurs du meeting avaient manifestement prévu une orchestration sophistiquée pour jouer une version de notre hymne nationale, l’internationale avait une fois de plus été oubliée!
    Il a fallu que quelques militants déterminés y tiennent pour qu’à la tribune, on se décide de mauvaise grâce à chanter le chant de la lutte internationale contre le capitalisme!
    On ne peut pas accuser Emmanuel Maurel, ce n’es pas la première fois, la même chose s’était déjà produite il y a deux ans lors d’un rassemblement avec Mélenchon à la république!

    JLM était d’ailleurs resté ambigu à ce sujet lors d’interviews avec des journalistes à plusieurs reprises!

    Je veux bien qu’on fédère le peuple mais sans oublier pour quoi faire!

    Remplacer la lutte contre le capitalisme par l’exhortation à outrance de la nation sous prétexte d’arrimer tous les populistes et nationalistes de tout poil au mouvement!
    Ce n’est pas une bonne chose car elle aboutit à des mal entendus, comme ceux qui avaient abouti à la victoire de François Hollande en 2012 avec le résultat par la suite qu’on connait!

    alors l’internationale j’y tiens pour cette raison, elle n’a jamais été le chant des staliniens quoi qu’en disent les bourgeois!

  2. Posted 10 novembre 2018 at 18:56 | Permalien

    Bonjour,

    Ouf !
    Je suis rassuré d’avoir reçu cela et bien content de l’avoir lu.
    Tu peux faire la commission.

    Toute la « gauche » politique et syndicale, ou presque, m’adresse des messages tous plus durs les uns que les autres (voire sectaires de manière indécente) pour dénoncer le 17 novembre et le mécontentement sur les hausses des carburants. Fatiguant…

    Nous avons fait un petit debrief à la réunion syndicale Allianz de mercredi dernier, c’est venu évidemment de manière très spontanée :
    1) beaucoup de gens en parlent dans les bureaux surtout les fort nombreux salariés qui sont en grande banlieue voire dans des campagnes à 100 km de Paris
    2) nos copains délégués ont tous été interpellés sur la chose dans tous leurs services
    3) à chaque fois les salariés qui en parlaient faisaient tout naturellement la relation avec toutes les augmentations autres et parlaient des salaires et… de nos 0% d’augmentation depuis des années

    Amicalement,

    Yves

  3. DOMINIQUE BABOUOT
    Posted 11 novembre 2018 at 0:25 | Permalien

    C’est vrai qu’entre nous soit-dit la cgt n’était pas très chaude!

    Pas étonnant, tout ce qui n’est pas décidé par le bureau confédéral ne vaut rien!

    Il faudra évidemment que les directions syndicales perdent l’habitude de considérer les salariés comme des moutons incapables de prendre des initiatives par eux-mêmes!

    Par contre apporter la puissance de l’organisation syndicale pour faire réussir l’initiative n’est pas une mauvaise idée!

    Cela d’autant plus que ceux qui sont à l’origine de ces mobilisations sont souvent des syndiqués anonymes!

    Mais les bureaucrates n’aiment pas cela, cela leur rappelle trop 68, il n’y a bien sur que ces messieurs dames formés qui sont capables de juger ce qui est bien et pas bien!

    Par contre pour une fois la direction du ps semble avoir été plus intelligente que d’habitude, ils ne tirent pas à boulets rouges sur cette initiative!

    En tout cas Macron lui semble avoir la trouille puisqu’il s’est empressé de commencer à lâcher des miettes!

    Il faudrait pouvoir obtenir la taxe flottante qui permettrait de maintenir le prix du carburant, ou du fioul, de l’électricité ou du gaz pour le chauffage à un niveau constant quelque soit les fluctuations du marché.

    C’est exact quoi, en quel honneur l’état devrait lui aussi augmenter ses taxes sous prétexte que le prix du baril monte!

    C’est stupide d’ailleurs de faire payer un impôt sur une transaction dont le vendeur est le seul a profiter et qui le répercute systématiquement sur l’acheteur, c’est le vendeur qui fait le profit, c’est lui qui devrait payer les impôts correspondants, ce serait logique!

  4. Posted 11 novembre 2018 at 10:49 | Permalien

    Salut Didier,

    sur l’histoire du brut qui baisse, c’est vrai que le brut du haut de bulletin de paie ne baisse pas en valeur faciale, mais il baisse « en cours de bulletin de paie » avec les « allègements de charges ».

    Nécessairement un abattement de cotisation a comme effet de donner moins de droits en terme de prestation. On a une illustration très précise de ça avec le régime des journalistes qui connaissent depuis des lustres des abattements de cotisations salariale et patronales de 30 %, avec le risque notamment d’avoir une retraite minorée par rapport aux salariés qui ont cotisés sans abattement (on conseille aux journalistes de renoncer à cet abattement dès l’âge de 37 ans, pour avoir une pension retraite correcte!).
    Vient ensuite, le processus « d’étatisation » de la gestion des budgets sociaux avec le PLFSS et la retraite
    si je devais illustrer la « moulinette » mise en œuvre par ce Gouvernement, je dirai que la « valeur certaine » du brut est remise en cause par le mode de gestion budgétaire qui est choisi. Le rendement du salaire brut sous forme de prestation ou pension, devient incertain.

    Pour l’assurance maladie, la cotisation maladie ne donne déjà plus une prestation certaine, puisque tout dépend du traitement du budget de la sécurité sociale (remboursement, prise en charge, etc…) qui est défini par le gouvernement tous les ans (PLFSS).

    Pour la retraite, on sait que la pension ne sera plus certaine dans son montant puisque elle dépendra chaque année des choix comptable et budgétaire du gouvernement avec le système de retraite à points.
    Le prélèvement à la source, va venir occulter la visibilité de ce processus, car il va attirer l’attention sur le net figurant sur le bulletin de paie.
    Jusqu’à présent le bulletin de paie, était le document de la relation salariale, avec l’impôt à la source, il devient autre chose.
    Je pense que nous avons un gros problème de communication:
    1. il faut sensibiliser les salariés sur leur bulletin de salaire et ce qui s’y passe en ce moment.
    2. il faut expliquer des mécanismes budgétaires complexes et le passage de la cotisation à l’impôt.
    3. il faut expliquer les modalités de mises en œuvre de tous ces changements successifs par Macron et son gouvernement.
    Résumer tout cela dans une tribune, n’est pas simple.
    Sais-tu si la CGT a produit des tracts grand public sur tout ça ? Moi je n’ai rien vu.
    Anne

  5. Posted 11 novembre 2018 at 18:11 | Permalien

    Cette « révolte des gilets jaunes » est justifiée mais est-elle pour autant juste ?
    Peut on se poser la question sans provoquer les foudres de l’ »opinion publique » ?

    L’augmentation des taxes ou du prix des produits bruts issus des énergies fossiles parait inéluctable.
    Ce « prétexte » qui fait déborder le vase de la contestation n’est pas si anodin qu’il n’y parait…

    Ainsi, Les français refuseraient tout effort écologique et confirmeraient leur attachement indéfectible à leur bien le plus précieux : « L’automobile individuelle »…
    Le mécontentement, en France serait donc celui des « bien lotis » obligés, les pauvres, de se déplacer, souvent seul dans leur voiture personnelle pesant plus d’une tonne, de leur résidence jusqu’à leur employeur, leurs commerces et leurs services publiques…
    Mieux vaut tard que jamais !

    Depuis des années l’industrie automobile a usé de stratagèmes lobbyistes pour inciter à consommer avec boulimie la bagnole.
    Ainsi, de plus en plus insidieusement, avec le renfort des pétroliers et la complicité des pouvoirs publiques, cette industrie si chère à l’économie française a incité ses clients à devenir propriétaires d’une résidence « pas trop loin», « pas trop chère » ; à acheter une voiture « pour monsieur, évidemment », et puis une autre « pour madame, accessoirement » ; à accepter un emploi à « quelques dizaines » de kilomètres et à rester « mobiles »…/… Voila comment, en marketing, on fidélise le « client », le « produit » devenant une nécessité.
    Pourtant, en parallèle, d’autres alertaient de la pollution de l’environnement et de tout le baratin scientifique sur le climat que les décideurs ont toujours moqué.

    Donc au 17 novembre 2018, les raisons de la colère démontreront que les français ne sont pas encore prêts aux transports autonomes et partagés, ni aux villes sans automobile, ni vraiment convaincus par les mesures pseudo-écologiques…

    Ceux qui n’ont pas de travail, pas de voiture, ne consomment que le stricte nécessaire, les sans permis, les sans papier, les SDF, les écologistes activistes,… sont, de facto, non concernés.

    Alors, OUI on peut justifier que ce soit la goutte de brut qui fasse déborder la pompe à fric mais il ne faudrait pas qu’elle masque d’autres colères plus justes.

    A qui profitera cette mascarade de mouvement « spontané » sans syndicat ni parti politique amplement relayé par les médias, vite rejoint par les « bonnets rouges » et autres pestes brunes ??…

    En 2018, le droit d’achat et le pouvoir de continuer à consommer plus, toujours plus et encore plus sera à l’origine d’une révolte populaire en France !

    Pour le climat et pour notre avenir, celui de nos enfants, petits enfants…
    NON, ce n’est pas juste !

  6. Posted 11 novembre 2018 at 22:23 | Permalien

    ANALYSE Prix des carburants : des contradictions sociales surmontables
    JEAN GADREY
    09/11/2018

    On a, avec les débats actuels souvent vifs sur le prix des carburants, un bon exemple des ravages de la « pensée simple » (Edgar Morin)1. En résumé : « on n’a pas le choix » (Édouard Philippe), si on veut sauver le climat, il faut taxer de plus en plus les carburants fossiles pour en freiner l’usage. C’est l’arme unique de la pensée simple.
    Si on veut sauver le climat, il faut taxer de plus en plus les carburants fossiles pour en freiner l’usage. C’est l’arme unique de la pensée simple
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    Et si nombre de nos concitoyens râlent ou manifestent, ils seront accusés d’être des « Gaulois réfractaires au changement nécessaire ». Le « signal prix » serait l’outil dissuasif essentiel pour aboutir au résultat : réduire nos émissions, ce qu’exige l’accord de Paris et surtout la préservation d’un avenir vivable.
    A LIRE ALTERNATIVES ECONOMIQUES N°384 – 11/2018
    Ils changent le monde
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    J’ACHÈTE

    VOIR LE SOMMAIRE
    Cette pensée simple recourant à une variable unique est typique des raisonnements de beaucoup d’économistes : si le prix augmente, la demande diminue, le tour est joué. Et pourtant cela ne semble pas marcher, des oppositions se font jour y compris chez certains écologistes, et le risque existe qu’en persistant dans cette voie unique on bloque non pas la circulation mais tout le processus d’incitation à l’indispensable sobriété énergétique. Pourquoi ?
    Parce que, s’il est vrai qu’en augmentant de plus en plus le prix des cigarettes on a contribué, avec d’autres types de mesures et de campagnes, à en réduire l’usage (une division de la consommation par près de deux depuis 2000), cela ne fonctionne pas, ou mal, avec la voiture : avec le tabac chacun peut effectuer un vrai choix, alors qu’avec la voiture, les gens n’ont souvent guère d’alternative à court terme, après des décennies de structuration de l’espace et des transports fondée sur la voiture et l’essence.
    Inégalités sociales
    Certains choix de sobriété restent possibles et il faut les encourager, dispositifs publics à l’appui, mais il nous faut réfléchir aux contraintes fortes que subissent de nombreuses personnes. Voici un témoignage personnel reçu après la publication d’un billet sur mon blog :
    SUR LE MÊME SUJET

    ENVIRONNEMENT Climat : quel «prix du carbone»?
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    Articles
    « Prenons le cas de ma ville dans l’Eure, au niveau transport en commun c’est le désert, deux trains le matin sur la ligne Caen -Rouen et 2 le soir, une ligne de bus Évreux/Pont-Audemer. Si vous voulez atteindre les deux villes proches à 20 kms tu prends ton vélo, tes enfants sous le bras et tes courses dans le panier avant de ton vélo. Ou alors tu trouves pour du covoiturage une personne qui fait le même trajet que ton rendez-vous chez le spécialiste, car avec deux enfants tu évites de flâner toute la journée en ville ou sinon tu finis au McDo, ah oui sans oublier que tu as sous le bras aussi tes sièges auto. Et pour le travail, ok ton voisin de gauche bosse dans la même ville que toi, coup de chance, mais je ne suis pas sûre que celui de droite aura la même chance, je croise les doigts que les 4 trains par jour l’emmènent au travail. Ok d’accord faisons des efforts mais il faut peut-être d’abord repenser les moyens de transports et surtout les dynamiques de circulation des territoires avant de culpabiliser les Français ».
    En pourcentage du revenu des ménages après impôt, le poids des dépenses de carburant est de 4,6 % en moyenne pour les 20 % les plus pauvres et de 2,4 % pour les 20 % les plus riches
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    En pourcentage du revenu des ménages après impôt, le poids des dépenses énergétiques est de 15 % en moyenne pour les 20 % les plus pauvres et de 6 % pour les 20 % les plus riches. Pour les carburants, ces chiffres sont respectivement de 4,6 % et 2,4 %. Avec de telles inégalités, les politiques actuelles fondées sur les seuls prix sont « antisociales ». Elles creusent encore les écarts.
    À cela s’ajoute actuellement, pour la majorité des gens, la conviction que l’injustice fiscale est de mise dans ce pays et que les choses ont nettement empiré avec le « Président des riches », de sorte que la hausse des prix des carburants est pour certains la mesure injuste de trop, vécue comme telle au quotidien, « à la pompe ».
    COMMENTAIRES RÉCENTS (11)

    Comment traiter le cas des personnes avec un véhicule ancien et au revenu faible ne leur permettant pas de faire un
    10/11/2018

    Globalement intéressant, comme tous ce qu’écrit Jean Gadrey. Je n’irai pas manisfester en jaune, parce que la hausse est
    10/11/2018
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    Et pourtant, il faut impérativement freiner nettement le recours aux énergies fossiles et donc, entre autres choses, les kilomètres parcourus en voiture, la puissance de ces voitures, mais aussi, un « oubli » de nos gouvernants, la consommation de kérosène des avions (ni taxe sur ce carburant, ni TVA…) et celle de fioul par les bateaux.
    La pensée simple devrait s’effacer derrière le constat que, pour réussir la transition énergétique, il faut gérer des contradictions sociales et recourir à d’autres outils que le signal prix des économistes, sans s’en priver, mais en faisant ce qu’il faut pour que cette hausse de prix, progressive, laisse aux gens, en particulier ceux dont les revenus sont modestes, la possibilité de s’adapter sans se saigner : des « signaux sociaux » en quelque sorte. Or ce qui existe à cet effet est dérisoire au regard de ce qui serait nécessaire.
    Sept piliers du changement
    Mais alors une fois ce constat posé, que fait-on ?
    1/ On fait progresser par étapes les taxes sur les carburants à condition qu’il y ait simultanément d’autres politiques de réduction des inégalités et de la précarité, et d’autres politiques des transports en commun et des transports « doux ». On ne compte pas d’abord sur les taxes et sur le signal prix pour transformer les modes de vie et « changer le système ». Ils doivent s’intégrer à des politiques plus systémiques des transports, de la mobilité et de l’utilisation de l’espace. Par exemple, l’incitation forcenée à la mobilité pour les salariés, les jeunes, les chômeurs, etc. est incompatible avec des modes de vie soutenables valorisant la proximité et la relocalisation.
    L’incitation forcenée à la mobilité pour les salariés, les jeunes, les chômeurs… est incompatible avec des modes de vie soutenables valorisant la proximité et la relocalisation
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    Objection : oui, mais ce qui précède (des mesures structurelles) prend du temps, exige des investissements, alors que le climat ne peut pas attendre. C’est vrai, d’où la nécessité de prévoir aussi des mesures ayant des effets rapides, permettant d’injecter immédiatement de la justice sociale dans le combat pour des déplacements moins polluants. On peut penser aux suivantes, qui sont loin d’être exhaustives :
    2/ La gratuité totale ou partielle des modes de transports collectifs existants en zone urbaine et péri-urbaine. Il existe un débat sur ses avantages et inconvénients. Il faut qu’il ait lieu car cela peut se décider à court ou moyen terme si l’État y contribue.
    3/ Bloquer immédiatement non pas les routes mais… les projets actuels de fermetures de lignes, de gares ou de guichets de la SNCF, fermetures dont la mise en œuvre mettrait encore plus de monde sur les routes, et en finir avec les bus Macron et autres contournements polluants du train.
    Bloquer immédiatement non pas les routes mais… les projets actuels de fermetures de lignes, de gares ou de guichets de la SNCF
    Twitter
    Dans le même sens, il faut remettre en service des trains de nuit en même temps qu’on taxe le kérosène des avions (au moins sur les lignes intérieures) car des trajets aériens moins chers que le train ce n’est plus admissible. Tout cela peut se faire à court terme.
    4/ Certains, dont Emmanuel Macron (depuis peu…), envisagent la possibilité d’un « chèque carburant » mensuel. Il serait bien préférable d’étendre et de consolider ce qui existe déjà avec le remboursement partiel (en gros 50 %) des frais de transports publics des salariés par leur entreprise ou leur administration, et dans certains accords d’entreprise, le remboursement partiel des frais de carburant. Un débat s’impose sur les conditions et les taux de ces remboursements partiels qu’il faudrait au moins rendre obligatoires pour toutes les entreprises.
    5/ Covoiturage, vélos, vélos électriques : de vraies politiques publiques, nationales et locales, peuvent faire la différence, et certaines sans attendre. Ce qui existe déjà, bien trop modeste, doit être amplifié, crédits publics à l’appui.
    Covoiturage, vélos, vélos électriques : de vraies politiques publiques, nationales et locales, peuvent faire la différence, et certaines sans attendre
    Twitter
    En avril, plus de 200 parlementaires de tous bords avaient réclamé, dans une tribune au JDD, « un grand plan vélo ». Les propositions de cette tribune étaient excellentes, il faut les appliquer vite.
    6) Remplacements de véhicules anciens polluants soit par des véhicules beaucoup moins polluants soit par d’autres solutions que la voiture individuelle : il faut faire plus pour les ménages à bas et moyens revenus, crédits publics à l’appui, et ici également, on peut le faire sans tarder. La « prime à la conversion » (baptisée « prime à la casse ») doit en particulier être à la fois plus généreuse pour les bas revenus et étendue aux cas où la personne bénéficiaire remplace sa voiture par un autre mode de transport peu polluant.
    7/ Une plus forte taxation des voitures neuves les plus émettrices de gaz à effet de serre : le boom actuel des SUV, « crossover » et 4×4 est délirant sur le plan climatique.
    Le boom actuel des SUV, « crossover » et 4×4 est délirant sur le plan climatique
    Twitter
    Il faut systématiquement favoriser et « primer », très fortement, ce qui pollue le moins, y compris pour que des ménages à faible pouvoir d’achat en bénéficient s’ils estiment ne pas pouvoir se passer de voiture pour l’instant.
    Moyennant ce genre de « plan d’action », combinant des mesures immédiates et une stratégie d’avenir, remettant la justice sociale au cœur de la justice climatique, on éviterait le déferlement probable de « gilets jaunes » aux motivations souvent compréhensibles, on atteindrait plus efficacement les objectifs de l’accord de Paris au lieu de s’en éloigner comme on le fait en France depuis la signature de cet accord, et on verrait plus de monde encore aux « marches mondiales pour le climat », dont les prochaines se dérouleront le 8 décembre.
    Jean Gadrey est professeur honoraire d’économie à l’Université Lille 1.
    1.



  7. Posted 11 novembre 2018 at 23:57 | Permalien

    Post d’un Conseiller Régional Occitanie, FDG, proche du PCF:
    Dissidence . Un week- end dans mon village natal , où le brassage social résiste face à la fragmentation des classes en milieu urbain. Tous ceux que je connais et qui ont voté pour la liste que je conduisais dans ce département rural aux élections régionales, participeront au mouvement du 17 novembre. La hausse du carburant m’apparaît comme la goutte d’essence qui fait déborder le vase de la révolte sociale. Mes arguments rationnels n’ont aucune prise face à une forme de misère sociale qui me bouleverse. Les institutions de la gauche traditionnelle , partis et syndicats , n’ont rien mesuré de la révolte qui gronde. Ma propre condition m’a rendu les réalités sociales trop abstraites . La plupart des gens simples qui vont participer au mouvement ne sont nullement des «fachos « , terminologie instrumentalisée de manière inconséquente.
    Vais je me retrouver isolé parmi les miens ?
    Au moment où le modèle social français est en voie d’être mis en pièces, peut on rester neutre face à une expression de protestation populaire quelles que soient ses ambiguïtés ?

  8. DOMINIQUE BABOUOT
    Posted 12 novembre 2018 at 10:53 | Permalien

    La vérité, c’est que les bobos écologistes ne veulent pas renoncer à leur voiture mais empêcher les autres d’utiliser la leur!

    Ah qu’il était bon le temps ou la voiture était réservée aux riches!

    Et parallèlement, bien sur on ne fait rien pour développer des transports collectifs, d’abord cela coûte trop cher et il faut baisser les impots!

    A Labège dans la banlieue toulousaine, on met toujours un après-midi entièr pour aller faire ses courses au centre commercial parce qu’on attends depuis des années le prolongement de la ligne de métro!
    Et pas question d’aller faire les courses dans le quartier, pas de magasin, ou des petites boutiques ou les prix dépassent les sommets!

    Peu importe pour sauver la planète les gueux iront à pied comme au moyen-age!

    Vive l’écologie des bourgeois!

  9. Posted 12 novembre 2018 at 18:33 | Permalien

    50 % des 23 millions de salariés actifs de notre pays touchent moins de 1700 euros, 9 millions touchent moins de 900 euros, 7 millions de retraités touchent moins de 1000 euros, il y a 6,7 millions de chômeurs, 85 % des jeunes sont contraints d’accepter des CDD de 18 à 29 ans, par contre 500 familles possèdent 460 milliards soit 1,5 fois le budget de l’etat (Challenges), 78 milliardaires français (record d’europe) possèdent plus que 20 millions de français, 58 multinationales françaises blanchissent 100 milliards au Luxembourg par an (luxleaks), il existe 100 milliards de fraude fiscale connus de Bercy, il existe 600 milliards d’avoir français dans les paradis fiscaux (offshoreleaks et Panama Papers), et oui, la France n’a jamais été aussi riche de toute son histoire et les richesses aussi mal redistribuées. augmentez les salaires, baissez les dividendes !

  10. Posted 12 novembre 2018 at 18:40 | Permalien

    « Les Français et le pouvoir ». Tel était l’objet d’un sondage Ifop pour Ouest France mené en ligne les 16 et 17 octobre 2018 auprès de 1 006 personnes et publié le 31 octobre. Ses résultats, brièvement évoqués par différents médias, méritent qu’on y revienne car ils suscitent d’abord des surprises et génèrent ensuite une réflexion.

    La première question posée concernait le « détenteur du pouvoir en France » : « Selon vous, qui détient le pouvoir aujourd’hui en France ? En premier ? En second ? ». Les sondés pouvaient donc apporter deux réponses, parmi les six choix qui s’offraient à eux.

    54 % répondent que ce sont les marchés financiers en premier, le président de la république et son gouvernement en second (49 %) les grandes entreprises multinationales en 3° ( 49 % ) la commission européenne en 4° (28 %) les médias en 5° ( 13 % ) les citoyens en 6° (avec 8 % )

  11. Posted 12 novembre 2018 at 19:18 | Permalien

    COMMUNIQUÉ DE FORCE OUVRIÈRE DU 9 NOVEMBRE 2018

    HAUSSE DU CARBURANT : FO REVENDIQUE UNE PRIME TRANSPORT ET
    L’AUGMENTATION DES SALAIRES

    En un an, le coût de la vie s’est emballé : fuel domestique : +26%,
    gaz : +24%, alimentation : +2,8%, loyers : +1,6%… Et dans un contexte
    où le coût de l’immobilier a souvent contraint les travailleurs à
    augmenter la distance lieu de résidence/travail, les rendant otages
    malgré eux de la contrainte et du coût des transports, les prix des
    carburants ont augmenté de 21% pour le diesel et de 15% pour
    l’essence (notamment en raison des taxes qui représentent 60% des
    prix à la pompe). Le gouvernement s’acharne avec l’annonce de
    nouvelles augmentations des taxes sur les carburants de façon continue
    jusqu’en 2022 (au 1er janvier 2019 : +6,5 centimes pour le diesel et
    +3 centimes pour l’essence), ce qui provoque une légitime colère des
    salariés qui n’ont pas d’alternative.

    En parallèle, la rigueur est de mise sur les salaires, le point
    d’indice du traitement des fonctionnaires reste bloqué et les
    retraités ont subi une hausse de la CSG de 25%. Et ce malgré un
    gouvernement vantant son action en faveur du pouvoir d’achat des plus
    défavorisés grâce à la suppression des cotisations chômage
    dénoncée par Force Ouvrière car véritable cadeau empoisonné. Le
    pseudo-gain de 15 € net par mois pour un salaire de 1 200 € ne
    suffit pas pour compenser les augmentations de taxes… D’une manière
    plus générale c’est donc l’ensemble des salariés et des
    retraités qui subit la baisse du pouvoir d’achat en étant
    ponctionnés de toutes parts.

    De longue date, Force Ouvrière, revendique :

    - Le gel et le plafonnement des taxes (TICPE, TVA);
    - La mise en place d’une prime transport obligatoire pour tous;
    - L’augmentation générale des salaires, du point d’indice et des
    retraites.

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