Service compris et pourboires pas compris

Au boulot n°559 chronique a lire chaque semaine dans l’Humanité dimanche

 

La « loi Godard » de juin 1936 régit  encore aujourd’hui la répartition contrôlée du service et des pourboires entre les personnels dans  les hôtels, cafés, restaurants, brasseries et débits de boissons… En France « le service est compris », il figure dans l’addition et reversé aux salariés, il n’est pas aléatoire, c’est un élément de salaire, c’est un dû. Et si des pourboires sont versés en sus, ils doivent normalement être mis dans un pot commun et redistribué à égalité entre les salariés concernés.

Ça fait très longtemps que les patrons de l’Union des Métiers de l’Industrie et de l’Hôtellerie veulent remettre en cause ce système du « service compris » et du pourboire collectif.Ils  proposent de mettre en place le système anglo-saxon : tout deviendrait pourboire, (« tip ») une part variable de 10 à 15 % et plus du salaire des serveuses et serveurs redeviendrait une sorte de « récompense» aléatoire des clients pour la qualité du service. L’UMIH prétend que ça « motiverait » les serveurs afin qu’ils soient « plus souriants» et diligents. Selon eux, si les employés étaient ainsi obligés de quémander leurs pourboires, le service ne serait plus « perçu comme un petit job mais comme un vrai métier» et « l’image du porteur d’assiettes serait remplacée par celle d’expert du goût ».

A Londres cela provoque une double humiliation du serveur et du client, le premier étant forcé d’expliquer au second avant paiement par carte bleue que son pourboire n’est pas inclus dans l’addition. Personne ne sourit en pareil moment et plutôt que « d’expertise du goût » c’est une expertise en extorsion de fonds qui conclut le repas.

C’est ce que Macron le 27 septembre 2021 a annoncé vouloir remettre au goût du jour : il propose que ce soit le client qui paie plus cher directement « au noir » par carte bleue (sans cotisation sociale et sans fiscalité) les serveurs et ainsi que les patrons s’épargnent une hausse des salaires actuellement réclamée partout par une main d’œuvre qui se fait rare car trop mal payée.

Gérard Filoche

 

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