Morts au travail : France championne en Europe (pour Siné mensuel)

 

 

Mourir au boulot, plutôt crever : y a rien de fatal à laisser sa peau pour un taulier.

Dans ce pays, ils discutaillent pendant des heures du port du burkini dans une piscine. Mais réglementer la sécurité dans les entreprises  y a pas une télé ou une radio pour en parler. Depuis El Khomri, Pénicaud et Borne, c’est laissé au bon vouloir du seul patron.

La presse quotidienne régionale évoque parfois une tragédie en brève en coin de page. Là, un éboueur meurt. Là un livreur de repas à vélo de 19 ans se fait écraser par un camion (il y déjà eu 10 tués comme ça.) Là un ouvrier sur sa machine dangereuse perd un bras.  Là, un accident de tracteur broie le corps du viticulteur. Là, une tronçonneuse rebique et découpe le bucheron, un élagueur tombe de la plus haute branche. Le plus fréquent c’est dans le bâtiment : 300 chutes mortelles par an.

Lorsqu’un jeune comme Danish Ahmedi, réfugié afghan, 23 ans, perd ainsi la vie sur un chantier à Orgères, en Ille-et-Vilaine, le Télégrammetitre : « Quelle bêtise de mourir comme ça pour un Smic »,une enquête pour homicide involontaire est ouverte… » et puis on n’en parle plus…

Dans le pays de Macron, les accidents du travail ça ne fait jamais la « une » des journaux télévisés. C’est tabou. Pas de plaque commémorative sur les lieux, on y meurt et puis on est oubliés.

Une des plus célèbres punch line du président Macron en octobre 2019 fut :  “Moi je n’adore pas le mot de ‘pénibilité’, parce que ça donne le sentiment que le travail c’est pénible.” (sic)

Et voilà que la courbe des accidents, qui baissait insensiblement depuis deux décennies, a remonté en deux quinquennats maudits, sous Hollande puis Macron, la France dépasse l’Allemagne et est devenue la triste « championne » des accidents mortels en Europe.

Les macroniens sont aux abonnés absents quand les chiffres tombent brutalement : 1800 accidents du travail par jour, 14 morts pas semaine, 550 par an et 700 suicides liés au travail.Et il faut rajouter 4500 handicapés du travail par an.

C’est stupéfiant, en 2019, sur 19,6 millions de salarié-e-s du secteur privé, les accidents du travail concernent 655 715 personnes, dont 62,7% d’hommes et 37,3% de femmes.

Rien qu’en 2022 , mi-mai y’a déjà 125 morts.

Et comme, bien sur, sous Macron la précarité a augmenté, les accidents sont plus fréquents chez les jeunes, les précaires, saisonniers, CDD, intérimaires, auto-entrepreneurs ubérisés, sous-traitants.

Et si on travaille davantage le travail tue davantage.

L’intensification du travail dans l’urgence, les tâches polyvalentes et en sous effectifs, et la retraite toujours repoussée, ça tue aussi. Un auto entrepreneur couvreur âgé de 68 ans est mort récemment en tombant d’un toit ! Qu’est ce qu’il y faisait encore à son âge ? Faute d’avoir tous ses trimestres et une pension décente, il était revenu bosser.

La « pénibilité », en vrai, c’est Macron, sans lui on reconstruirait un vrai droit du travail, des CHSCT, une prévention, une médecine et une inspection du travail et un ordre public social protecteur

 

Gérard Filoche

 

 

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*