Alerte Sécu : les Martin attaquent

 

Patrick Martin Président du Medef l’a redéclaré une fois de plus : ils veulent remplacer les cotisations sociales (salaire brut) par de l »impôt

Laurent Saint-Martin (successivement ministre du budget et du commerce) veut que les remboursements Sécu ne soient plus universels mais modulés selon les revenus sociaux. (La Cour des comptes de Pierre Moscovici vient appuyer cette position)

Les deux Martin sont à la fois des répétiteurs et des éclaireurs : ça fait 80 ans que le patronat veut la peau de la Sécurité sociale et dans le programme de quasi tous les partis de droite, il y a toujours la mort programmée des cotisations sociales et du salaire brut, et du budget séparé de la Sécurité sociale de l’État.

Ça existe également dans le programme de Le Pen qui veut supprimer le salaire brut prétendument pour augmenter le salaire net. Les libertariens, trumpistes et autres « miléistes » existants en France exigent la liberté de s’affilier à l’opérateur de santé de leur choix.

Mais dans les rangs de la gauche, il est bon de savoir que ce fut le cas de la direction de la CFDT, qui, parallèlement à la « Refondation sociale » du Medef de 1999, avait, ne l’oublions pas, adopté la proposition de « mettre en concurrence » l’URSAAF.  (Laurence Parisot patronne du Medef se gargarisait à l’époque : « URSAAF ça me fait penser à URSS »).

Ce fut aussi une orientation de la « deuxième gauche » dite parfois « rocardienne » lorsqu’elle inventa la CSG en 1989, elle fut conçue comme un « sas » entre les cotisations et la fiscalisation : à l’époque, il s’agissait de concéder au patronat la « baisse du coût du travail » en déchargeant carrément les entreprises de la prise en charge de la protection sociale bâtie depuis 1945. Ils voulaient passer du système dit « Bismarckien » au système anglo-saxon dit « Beveridge ».

En novembre-décembre 1995, devant la grève généralisée, Alain Juppé recula sur les retraites, mais réussit à annuler les élections aux caisses sociales, à exproprier les syndicats et à en confier la gestion aux technocrates libéraux de Bercy sous couvert de LFSS.

Cela dura deux décennies, CFDT et PS, y compris dans l’esprit de la majorité (seule la revue D&S s’y opposait) de la Gauche socialiste des années 1990 et 2000, puisqu’initialement autour de Rocard, l’équipe mettant en place la CSG comprenait Mélenchon, Hamon, Moscovici, Cambadélis et Valls.

Dans le courant des années 2003-2004 appelé « Nouveau Monde » (Emmanuelli, Mélenchon), Liem Hoang Ngoc défendait officiellement la fiscalisation de la Sécurité sociale, ce qui se retrouvait dans le courant « Un Monde d’Avance » (de Benoit Hamon) puis tardivement jusqu’en 2019 dans « L’avenir en commun » de LFI.

Hollande était évidemment sur cette ligne qui supprima les cotisations sociales pour les allocations familiales.

Et Macron fit campagne publiquement en 2017 pour « la suppression de cotisations sociales ». Olivier Véran en juillet 2017 avait voulu enlever les mots « sécurité sociale » de la constitution française et il y serait parvenu dans la foulée de la victoire de Macron sans notre vigilance. Macron le confirmait encore en direct à la télévision le 16 avril 2018 dans un débat avec Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin. Il n’a pas pu réaliser cette contre-révolution consistant à supprimer les cotisations, mais il a bloqué les salaires nets et bruts, multiplié les exonérations, et les a abaissées de façon à mettre en déficit nos différentes caisses sociales.

Les discours libéraux (dont celui de Bayrou qui veut encore supprimer 40 milliards de dépenses) noient le poisson et mentent tous en assurant sans cesse que « les prélèvements obligatoires » sont trop élevés et que notre protection sociale coûterait donc trop chère : ce matraquage désarme parfois les militants quand ils ne savent pas distinguer les TROIS budgets séparés de la nation. Le discours officiel de la Cour des comptes amalgame les budgets, attribue à la Sécu des déficits et dettes qui ne sont pas les siens.

Mais la vérité est que la part des dépenses publiques se limite à 27% du PIB et non pas à 57%, et qu’elle est comparable à l’Allemagne, l’Italie la Grande-Bretagne. Les cotisations sont pré-affectées, elles sont du salaire et non pas un impôt, elles ne vont pas aux caisses publiques de l’état mais aux caisses de droit privé de la Sécu. Or c’est le budget de l’état qui produit 82 % de la dette du pays, alors que le budget séparé de la protection sociale ne produit que 9 % de cette dette présumée.

Candidat donné en tête de la droite pour 2027 Edouard Philippe affirme qu’élu, il procéderait immédiatement « à une série d’ordonnances […] en matière de justice, en matière d’éducation et en matière de santé, qui sont les trois services publics qui doivent être considérablement et rapidement réformés ». Bayrou inclus, ils ont tous la volonté de continuer à supprimer les cotisations sociales, de mettre en place un budget unique où ils noieraient la part sociale avec les autres dépenses militaires et régaliennes ils privatiseraient encore plus la santé et les retraites par capitalisation.

Il nous faut donc nous opposer avec force et dès maintenant au premier des Martin, celui du Medef :

Nous défendons le droit à une Sécurité sociale à 100% pour la Santé, la Famille, l’Emploi, la Retraite et la Perte d’Autonomie.  La protection sociale vise à protéger les individus des aléas et des évolutions de la vie ainsi que des ruptures avec le marché du travail : maladie, maternité, accidents du travail, invalidité, perte d’autonomie, chômage, retraite, éducation des enfants. La protection sociale doit répondre aux principes de solidarité, de démocratie et d’universalité qui constituent le fondement de la Sécurité sociale. La Sécurité sociale est au cœur de la protection sociale en France. Son rôle doit être renforcé. Unicité : C’est une institution unique qui doit couvrir l’ensemble des risques sociaux, que sont maladie, vieillesse, perte d’emploi, décès, invalidité, accidents du travail… Universalité : La couverture doit être étendue à tous les citoyens. Solidarité : Solidarité intergénérationnelle, solidarité bien-portants / malades ou en perte d’autonomie, financée par les richesses créées par le travail.
Démocratie : La gestion doit être l’œuvre des assurés eux-mêmes, non au PLFSS ! Retour à des élections démocratiques à toutes les caisses sociales, un assuré une voix.

La Sécurité sociale n’a jamais été unique, hélas, puisque l’assurance chômage en a été exclue, ni universelle car elle ne couvrait pas l’ensemble de la population. Elle n’a jamais été non plus, hélas aussi, à proprement parler à 100 % mais l’objectif des fondateurs était bel et bien de l’atteindre grâce au salaire socialisé, clef de voûte du financement de ce système. Les cotisations sociales en étaient le socle.

Le net pour le mois, le brut pour la vie

Nous devons nous réapproprier le sens des mots et parler de salaire socialisé, qui structure notre système de protection sociale : en finir avec les mots de « charges » pour les entreprises et de « prélèvements obligatoires » sur les salaires, alors qu’il s’agit en réalité de cotisations qui viennent alimenter une caisse commune qui permet de verser à chacun l’autre partie de son salaire : le salaire différé et même en temps réel et en direct conformément à l’objectif de « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins afin de ne pas avoir à souffrir les angoisses du lendemain et pour que refleurissent les jours heureux ».

Retour à un « « plan complet de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État, de la naissance à la mort. » (Ambroise Croizat)

Le deuxième Saint-Martin veut rembourser inégalement les soins sous prétexte que « les riches peuvent payer » (alors que dans tous les autres cas ils refusent).

Avant lui, Alain Minc disait hypocritement que « son vieux père » avait vécu jusqu’à 101 ans, pris en charge pour tous ses soins par la sécurité sociale, ce qui ne lui semblait pas juste parce qu’il était riche et qu’il aurait pu payer.

Jean-Pierre Raffarin expliquait que ce n’était pas juste de réparer le bras de quelqu’un qui se l’était cassé au ski de la même façon que quelqu’un qui se l’était cassé à l’usine.

Mais si bien sûr ! Les personnes âgées et dépendantes doivent toutes être prises en charge de la même façon, et ceux qui se sont cassés le bras au ski ou au travail peuvent être dans la même chambre d’hôpital public. Pas de médecin, pas de soins à deux vitesses pour ceux qui peuvent payer et ceux qui ne peuvent pas.

Une seule grande Sécurité sociale :

Les ennemis de la Sécu depuis 80 ans, ont peu à peu fait glisser la prise en charge des soins par la Sécu, sur le compte d’une autre source de financement, les mutuelles devenues « complémentaires ».

L’Assurance maladie obligatoire (la Sécu) et les Assurances maladies complémentaires (Mutuelles, Instituts de prévoyance, Compagnies d’assurance) ont été de facto mis en concurrence sur le marché. Ils nous font payer deux fois les frais de gestion, soit au total plus de 8 milliards pour les Complémentaires qui remboursent 13% des soins et près de 7 milliards pour la Sécu qui en rembourse 80%.

Moins chère, l’Assurance maladie obligatoire est plus égalitaire, remboursant les soins réalisés en fonction des besoins de santé et pas en fonction du niveau du contrat souscrit par l’assuré.

Plus égalitaire, la Sécu réalise une double solidarité entre riches et moins fortunés chacun payant (avec un plafonnement !) en fonction de ses moyens et entre bien-portants et malades sans augmentation du montant de la cotisation chez les personnes âgées.

La fusion des Mutuelles dans l’Assurance maladie obligatoire permettrait de réaliser la Grande Sécu 100% économisant au moins 7 milliards du doublon de frais de gestion inutiles et remboursant intégralement le ticket modérateur, le forfait hospitalier et l’ensemble des actes de prévention, de soins et de soins de support.

Ainsi la Sécu 100% permettrait à la très grande majorité des assurés d’être deux fois gagnant, à la fois en payant moins de cotisation et en étant mieux pris en charge. Ce serait en particulier le cas pour les millions de citoyens trop pauvres pour se payer une complémentaire santé et trop riches pour avoir droit à la complémentaire santé solidaire.

Gérard FILOCHE le 4 mai 2025

 

 

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