13 novembre 2015 : terreur barbare au cœur de Paris

13 novembre 2015 : terreur barbare au cœur de Paris

13 NOVEMBRE 2025 – 20:06

Après les 17 victimes des 7 et 8 janvier 2015, nous étions des millions au-delà des dessinateurs et artistes talentueux à dire ensemble “Je suis Charlie” !

Ce vendredi 13 novembre 2025, nous étions encore des millions à être visés: professeur, graphiste, informaticien, chercheur, serveur, restaurateur, juriste, éditeur, artiste, maquilleuse, étudiant, musicien, commercial, employé de banque, chauffeur, livreur, charpentier, communicant, administrateur, contrôleur des impôts, technicien, apprenti architecte, rugbyman, journaliste, avocat, douanier, programmateur, chanteur, sportif, rédacteur, brigadier…

Nos noms sont : Hyacinthe, Fabien, Lucie, Domi, Valeria, Matthieu, Victor, Cécile, Manu, Maud, Germain, Ludovic, Amine, Djamila, Yannick, Asta, Milko, Elif, Nohémie, Francois-Xavier, Gregory, Patricia, Elsa, Luis Felipe, Juan Alberto, Nick, Lola, Guillaume, élodie, Mayeul, Ariane, Alban, Manuel, Ciprian, Fabrice, Thierry, Baptiste, Quentin, hugo…

129 morts, 350 blessés : ils venaient de Venise, de Suresnes, de Berlin, du Burkina Faso, de Neuilly, de Montpellier, de Normandie, de Tarbes, de Marne-la-Vallée, d’Asnières, de Cherbourg, de Ceyrat, d’Épervans, de Biarritz, de Californie, de Lambersart, de Madagascar, d’Amiens, de Colchester, de Bobigny, de Saint-Tropez, de Tonnerre, d’Alsace, de Gondecourt, de Nancy, de Sancerre, de Bagnolet, du Congo, de Belgique, du Chili, d’Espagne, du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, du Brésil, de Suède, du Portugal, de Roumanie… renoi ou rebeu… 21 nationalités au moins, loin par-delà les frontières et le périphérique.

Ils étaient, nous étions, tous mélangés, car notre République n’est pas que tricolore, c’est ça notre pays, il est ouvert, accueillant, pluriel, multiculturel.

Ce n’était pas la race blanche, ni le cocorico chauvin, ni la décadence des riches, ni une quelconque “identité nationale” qui étaient ciblés c’était notre peuple si fécond, si joyeux et si divers. Le match de foot était international, un des restaurants s’appelait “le Petit Cambodge”, le rock était “hard”: ceux qui ont expliqué que “Charlie” était allé trop loin, que disent-ils? Que la musique était trop forte au Bataclan? Toutes les victimes avaient le même sang et la même joie de vivre.

Ce n’est pas une “nation” visée, c’est l’humanité entière qui est touchée.

Les assassins tuent sans distinction des athées comme des musulmans, des Arabes et des blancs, des Noirs et Asiatiques. Déjà dans de précédents attentats, les bombes étaient placées dans le métro ou devant chez Tati.

Ils ne cherchent pas à frapper ceux qui commandent les Rafales qui les bombardent, ils nous tuent, nous, les gens en mobylette.

Ils n’ont aucun autre message : ils ne cherchent pas à aller frapper des dirigeants et élites, des cibles militaires ou des quartiers riches. Ils sont bien les pires ennemis du peuple, les tueurs de nos libertés comme de nos amours, de nos fêtes comme de nos droits du travail. On comprend les hommes et les femmes qui veulent échapper à leur emprise et se réfugient chez nous. Chacun de leurs attentats nourrit l’obscurantisme, les fanatismes, les racismes, les extrémismes de droite et leurs crimes sont pain béni pour tout ce qui sert la réaction, ils nous empêchent, en premier, de nous défendre nous, les salariés licenciés d’Air France, les hospitaliers surmenés, les chômeurs humiliés, les bas salaires et les retraités pauvres.

François Hollande, un court moment, a raison de dire alors  “Ce n’est pas une guerre de civilisation car ces assassins n’en représentent aucune”.

Mais il refuse d’aller jusqu’au bout : ce n’est pas non plus une guerre “entre nations”.

Ce n’est pas non plus une “guerre de religions”.

Ce n’est pas non plus “une guerre”.

Évidemment que ce n’est pas une “guerre entre nations” : les charognards, ignares assassins étaient de nationalité française et belge. Les autres, de même origine, qui commandent chez Daesh se sont mis en marge de l’humanité entière.

Ces crevures croyaient-elles tuer leur propre pays ? Elles avaient le même âge et parfois le même prénom que leurs victimes ! La réponse n’est pas de s’enfermer dans le tricolore, dans les chants patriotiques, dans les identités culturelles, dans la fermeture des frontières, dans la traque de l’étranger, de l’immigré, du réfugié, pour lutter contre eux. Les morts de vendredi 13 novembre ne sont ni blancs ni tricolores.

“L’union nationale” n’est pas une réponse.Comme le dit Noël Mamère : “L’union sacrée est une défaite de la pensée.” Philippe Martinez le dit aussi : “L’unité nationale n’est pas bonne pour les salariés et nos revendications.”

Alors pourquoi Hollande poussé par Sarkozy choisit-il cette absurdité de « déchéance de nationalité » comme « réponse » au crime barbare ? Pourquoi cherche t il une « unité nationale » (sic) pour faire une si médiocre loi de « déchéance de nationalité » et va t il s’égarer des mois la-dessus poussé par la droite ?

L’étranger est bienvenu chez nous.

L’immigré veut travailler comme nous.

Le réfugié veut justement échapper à l’enfer pour survivre avec nous.

Il ne s’agit pas d’un combat entre nations.

Évidemment qu’il ne s’agit pas d’une “guerre de religion”: les abrutis tueurs croyaient-ils faire justice pour leur “dieu” et frapper les mécréants, les apostats et les “croisés”?

Ce qu’ils retiennent de leurs bibles est la lecture la plus primate. 90% des motifs des assassins ne proviennent absolument pas de préceptes religieux – qu’ils ignorent – mais d’abord de leurs frustrations, de leurs échecs, de leur marginalisation, de leurs trafics impuissants et des haines antisociales qu’ils ont cultivées dans leur cerveau malade.

“Plus de 80% des victimes du prétendu djihadisme sont des musulmans”, selon Le Monde.

La réponse n’est pas de se claquemurer dans les églises et de fermer les mosquées pour opposer Dieu à Dieu.

Ce n’est pas une “guerre”, ni nationale ni religieuse: il n’y a alors ni état ni armée de “Daesh”, aucune légitimité à ce groupe, aucun projet humain universel à cette secte, c’est un terrorisme de déchet, une sous-production résiduelle catastrophique des terribles destructions commises par les interventions, les “ingérences” criminelles des grandes puissances pendant des décennies au Moyen-Orient. Ces déchets des guerres impériales ont encore une fonction: aggraver les résultats tragiques de celles-ci.

 

Gérard Filoche

 

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