La « une » de Libé, à quatre jours du vote, annonce que « la crise profite à la droite ». L’édito Joffrin en rajoute en prétendant que « la crise rend légitimiste ». Il nuance à peine le fait que l’UMP arrivera en tête par un « le total des voix d’opposition sera élevé » et conclut, sans surprise, fourbe aiguilleur, qu’il faudra allier « gauche radicale, gauche de gouvernement et centre gauche ». Il prend soin de casser l’idée qu’il y aurait une gauche possible en Europe, pages 2, 3 et 4. Pages 6 et 7, il fait un pont bleu étoilé au « succès singulier » de l’écologie ralliée au libéral Cohn-Bendit. Suprême ironie, dans son édito, il tacle « tous les medias complices ».
Oui, c’est dur de faire tourner l’Europe à gauche. Mais tout ce qui renforce la gauche y contribue. Sur 785 élus, il faut gagner 5 % de députés sur le PPE pour que le PSE devienne le plus fort groupe au Parlement européen : c’est énorme et c’est peu à la fois. (Le PPE a 285 députés, le PSE en a 215, l’écart réel se joue à 40 sièges de plus ou de moins). Pas de quoi proclamer « Europe à droite toute » comme Libé.
D’autant que Joffrin écrit aussi que c’est dû au fait que la droite « pioche sans vergogne dans le patrimoine de valeurs patiemment accumulé par les sociaux-démocrates » juste en face… de l’article d’un « politologue » qui dénonce… « l’échec idéologique de la gauche ». Chacun sait pourtant que c’est dans l’idéologie néo-libérale que la crise du capitalisme a ouvert des brèches sans fin, et que la droite est obligée de piétiner tous les critères de Maastricht, que la BCE se renie en faisant fonctionner la planche à billets, que banquiers et banqueroutiers sont aux abois, et que les seules protections sont, comme l’avouait hier Fillon lui-même « dans les amortisseurs sociaux » existants, thèmes centraux des campagnes de la gauche. Un média pas « complice » donnerait ses chances à la gauche, mais non, pas Libé.
Les sondages manipulés d’Opinions Way, déjà dénoncés sur ce site, tentent d’accréditer chaque jour, comme l’écrit Le Monde, l’idée que « le PS décroche », et soit le libéral-libertaire Cohn-Bendit monte, soit le catho de droite Bayrou monte. Ils jouent aussi au chat et à la souris entre le Front de gauche et le NPA pour attiser les querelles. Ils ne donnent pas les indications, région par région, masquant le probable fait qu’en dessous de 8 à 10 % nombre de listes n’auront aucun élu et que des millions de voix, surtout à gauche, seront perdues ! (Ah quelle bêtise ces huit pseudo circonscriptions « régionales » au lieu d’un vote clair de listes nationales).
57 % des Français disent vouloir sanctionner Sarkozy et voter en fonction de la situation intérieure. Tout va être organisé par les « médias complices », y compris le fait qu’il n’y aura pas de soirée électorale dimanche, sur les chaînes de télévision, pour occulter les vrais rapports de force et laisser croire que l’UMP, discréditée, « arrive en tête » avec seulement… 25 % des voix. Allez, ne tombez pas dans le vain piège de l’abstention promue par la droite, ne dispersez pas vos voix pour vous « faire plaisir », cela ne sert à rien dans un pareil scrutin, le « témoignage » ne servira à rien, ce n’est pas à travers ces Européennes que peut se bâtir un courant, il faut voter et concentrer vos voix, sur la seule force en position de battre la droite, les socialistes !
Il faut prendre la gauche comme elle est et les socialistes comme ils sont, surtout si on veut les changer. Plus il y aura de voix à gauche, PS, plus c’est l’unité de la gauche qui en sortira nécessaire et évidente, et non pas l’unité avec le prétendu « centre gauche » de Bayrou. L’enjeu du 7 juin n’est ni concurrence, ni surenchère, ni même une bataille de fond programmatique, il est d’affirmer un « camp ». Demain ce sera de construire ce camp – unité à gauche, toute la gauche - de l’unifier, de le mobiliser.
Ce sera plus facile en ne se laissant pas avoir par les sirènes de l’abstention voulue par la droite et celles de la division voulue par Joffrin pour mieux imposer l’alliance avec le Modem.
7 Commentaires
Désolé, M. Filoche, je n’ai plus confiance en le PS, qui n’est plus de gauche depuis 1983.
Je voterai donc à gauche, pour le Front de Gauche.
Désolé, comme Jacky Soulié, ci-dessus, je voterais pour le Front de Gauche que j’aurais aimé te voir rallier. Comment peux-tu encore te faire des illusions sur le PS et ses compromissions. Tes positions radicales devraient te conduire à rejoindre le Front de Gauche où tu aurais ta place naturelle. Pour quelle malsaine fidélité restes-tu dans ce panier de crabes ?
Très cordialement
L’idée est bonne, mais le PS nous fait vraiment mal en se moment, comme les 2 autres personnes, je me pose des questions, je voudrais voté PS, mais ils sont tellement loin de nous… pour le nucléaire, pour les avancés sociales, personne la bas ne parle comme vous des changements dont on à besoin. le vote utile c’est bien, mais demain, il faut nous dire quoi espérer et comment faire pour l’obtenir auprès d’hommes de gauche qui restent muet durant la campagne.
Bon courage et oui je vote dimanche !
Fabien
salut,
Je vous aime bien, ainsi que ce que vous defendez, mais certainement que je ne voterai pas Ps le 7 juin. Les soces avaient une chance de suivre l’avis populaire lors du scandaleux second vote sur le traité dit constitutionnel ; ils ont trahi la parole du peuple ! Désolé, mais la gauche, la vraie, ça commence aux cocos. Avant ce n’est que ventre mous et complices du libéralisme. Perso, malgré une ferme tendance anard, je voterai, NPA, histoire d’occuper le terrain. Sarko et sa clique sont mechament cons, c’est un fait. Mais le PS, c’est simplement affligeant. Je crois que Jaures aurait, avec raison, honte de tout cela.
Bien cordialement.
M. FILOCHE, votre argumentation semble cohérente et elle l’est à la condition d’accepter une prémisse fausse : la reprise à gauche toute du PS après le scrutin qui vient, à la condition d’un vote utile généralisé et inconditionnel.
Je ne pense pas que les choses se passeront ainsi : si rien ne le bouscule, si aucun déséquilibre ne l’y force, le PS (dont comme Bernard, je m’étonnes que vous fassiez encore partie, tellement vos prises de positions en semble encore éloignées) continuera sur sa molle lancée une conversion néo libérale et une dérive centre-droit.
La seule issue qui nous reste de faire comprendre à ce parti politique que sa place à gauche n’est pas qu’une position géographique, reste pour nous autres électeurs, non pas l’abstention, mais un vote massif « pour nous faire plaisir », comme vous le citez. Cet acte pouvant être dans un tout autre domaine apparenté à une forme de ludisme…
Et ainsi, par notre vote, obliger les instances du PS à venir nous chercher où nous sommes, à sa gauche (tout comme,avec son cynisme consommé, $arkozy est allé chercher pendant la campagne présidentielles les voix de l’extrême droite).
Pour conclure et à regret, je suis bien forcé de vous faire constater que nous ne serons pas les premiers responsables de ce rendez vous annoncé comme manqué; un certain 4 février 2008, les élus socialistes ont ouvert les premiers le discrédit sur leur propre cas en matière d’Europe… Et semble t’il renoncé à l’action qu’ils pouvaient alors mener, pourquoi maintenant en serait il autrement, sous la simple condition de leur signer un blanc-seing électif.
Avec tout le respect que je vous doit.
moi je voterai pour le PS car se disperser c’est faire le jeu de L’UMP !!!!
comme dit Monsieur Filoche, il faut prendre le PS comme il est…
Tous ces partis d’oppositions servent le pouvoir actuel…Donc, pour moi, ça sera : VOTE UTILE
Voter utile ? Certes! Il faut alors voter pour une vraie gauche qui commence à se (re)construire.
Voter utile et nécessaire, c’est voter front de Gauche