Pas question d’usure ! – Il y a un lien entre le vote et les luttes pardi ! – Sans appeler à la « grève générale » il y a beaucoup d’autres choix possibles

Nous l’avions dit entre les lignes, ici, sur le site de D&S, dans la revue de D&S n°164 et 165 : Il fallait voter efficacement le 7 juin pour lutter efficacement le 13 juin.

Sarkozy et ses médias truqueurs aux ordres s’efforçaient de tout concentrer sur le fait que l’UMP arriverait en tête même si c’était avec 10,5 des voix des inscrits. La dispersion des voix et la division de la gauche ont des effets optiques inévitables. Pourtant la gauche a obtenu a peu prés le même nombre de voix  qu’aux européennes de 2004, mais elles se sont redistribuées autrement. Par la faute essentielle du PSE, du PS, de ses erreurs et des handicaps qu’il porte depuis 2005 en matière d’Europe.

Et évidemment, du point de vue des luttes sociales, ce ne sont pas les listes Cohn-Bendit qui peuvent offrir un débouché politique, leur relatif succès signifie même clairement qu’il n’y en a pas ! Ah, que penser de ceux qui estiment que le vote ne sert à rien et qu’il suffit de lutter : comme s’il n’y avait pas de lien entre vote et lutte ! Imaginons la gauche unie à 50 % avec un leader consensuel : tout le monde cherche l’unité dans la rue afin de chasser Sarkozy… Donnez 50 % aux écologistes et des millions de salariés restent chez eux…

Sans débouché politique, avec un relatif obscurcissement dû à la propagande gouvernementale, les huit syndicats n’avaient aucune chance de ré éditer un 29 janvier ou  un 19 mars aussitôt après le 7 juin. D’abord, le 29 janvier et le 19 mars étaient jours de grève en semaine. Comme le 1er mai, le 13 juin n’était pas un jour de lutte en entreprise mais un défilé du samedi. C’était la 5° tentative… en six mois. Trop espacées. Pas de mot d’ordre assez central. Des objectifs corrects mais trop généraux. Une répétition lassante…

Mais attention, ce ne sont pas les salariés qui sont usés, c’est la tactique des confédérations !

En l’absence lourde de débouché politique, c’est la forme insuffisamment convaincante de l’action qui est aussi en cause. Parmi ceux qui manifestaient quand même dans le désert de la place de la Bastille, 14 h, samedi, la colère était forte : il y avait plus de gros ballons que de salariés.

Ceux qui échangeaient, discutaient sous les ballons désertifiés, auraient bien tordu le cou à des responsables confédéraux s’ils les avaient eus sous la main. L’un racontait que les militants et les salariés de sa boîte avaient carrément refusé de venir, boycottant un appel auquel ils ne croyaient pas. Les dirigeants syndicaux, « ils nous baladent, ils ne comprennent pas, on en a assez… », et après ils vont dire que c’est notre faute, qu’on ne suit pas !  C’est ce qu’a dit Bernard Thibault, qu’il y avait « usure » des manifestants alors que c’est la tactique qu’il propose avec les 7 autres syndicats qui est usée.

Bien sûr, je suis conscient de la nécessité absolue et de la difficulté énorme de l’unité, bien sûr je ne propose pas un appel à la grève générale… ça ne se décrète pas, ça ne se déclenche pas comme ça…

Mais entre ça et un 5° défilé un samedi après une élection perdue d’avance, il y a un espace !

On peut prendre appui sur les 185 000 emplois supprimés en 3 mois du fait de la politique de Sarkozy, 2000 chômeurs de plus par jour et dire « stop » : » contrôle immédiat sur les licenciements » et « hausse des salaires, faites payer les banquiers et banqueroutiers» !  Un appel indigné, vif, unitaire, rapide, à deux jours de grève interprofessionnelle consécutive avec mise au pied du mur du gouvernement aurait mille fois plus d’écho. Deux jours, pas un jour, assez pour donner confiance, pour faire coup de semonce très sérieux. Pas seulement des manifs mais une grève la plus étendue possible sur le territoire, avec assemblées générales dans les entreprises,  aux objectifs clairs unifiants.

Alors voilà Chérèque qui annonce que  la rentrée sera chaude. A la St Glinglin… Mais qui est il pour reculer à dans quatre mois, l’heure de la lutte pour ceux qui perdent leur emploi chaque jour ?  En été 1953, il y eut un immense mouvement social en plein été ! Cette manière d’espacer les rendez-vous de lutte, cette façon d’étaler le calendrier vient de faire fiasco ! Ce ton, ce genre de distance qui ignore les «  Contis », les « Caterpillar », les « Molex » sent l’usure ! Et si les premiers confédéraux allaient tenir des meetings ensemble de soutien à chaque entreprise en lutte un peu symbolique ?

Et si pendant l’été au lieu de faire le tour des plages, ils faisaient le tour des grèves et mobilisations contre les plans de licenciement ?

One Commentaire

  1. M de NARA
    Posted 14 juin 2009 at 22:32 | Permalien

    PAS D’ACCORD !
    La grêve générale-je dirais même la grêve totale-est aujourd’hui absolument indispensable.
    Les activités politiques -surtout lorsqu’elles sont « politiciennes »-ne sont que des « superstructures » de la vie sociale (démocratie formelle).
    Par-contre les mobilisations larges,durables, profondes et HARGNEUSES,style LKP-MAI68-Décembre1995…etc…sont l’infrastructure de la vie des sociétés (démocratie réelle).
    Lorsque les classes dominées se mobilisent les forces politiques ont les coudées moins franches et se retrouvent dans l’obligation d’en tenir compte.
    A titre d’exemple: en 1936, le gouvernement BLUM qui voulait « gérer loyalement le capitalisme » a dû quand-même faire quelques réformes favorables aux classes laborieuses et aux retraités pour éviter que la grêve générale se radicalise et se transforme en phénomène révolutionnaire…

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