Il y a dix ans : Le désastre de la politique de Hollande sanctionné aux municipales des 23 et 30 mars 2014

La résistible débâcle de mars 2014 :

 

On a tout fait à la gauche socialiste, à D&S, pour mettre en garde Hollande, le PS, susciter l’espoir et éviter cela. En moins de 24 mois Hollande « a bousillé » le capital électoral immense, sans précédent que la gauche avait obtenu en 2004, 2008, 2010, 2012.

Les élections municipales françaises des 23 et 30 mars 2014 con-cernent 36 681 communes.

63,55 % des voix exprimées au 1er tour, 62,13 % des voix confirmées au deuxième tour.

La droite obtient 46,38 % puis 45,65 %.

La gauche chute à 38,20 % et 41,56 %.

Le FN stagne entre 4,88 et 6,87 %.

121 villes de plus de 15 000 habitants, dont  Amiens, Angers, Argenteuil, Caen, Carcassonne, Charleville-Mézières, Colombes, Conflans, Fécamp, Évreux, Fourmies, Gisors, Limoges, Montbéliard, Montceau-les-Mines, Quimper, Reims, Roubaix, Saint-Chamond, Saint-Etienne, Saint-Ouen, Toulouse, Tours, Vernon, basculent de gauche à droite.

La droite gagne une majorité des villes de plus de 10 000 habitants : elles passent de 433 à 572. La gauche descend de 509 villes de plus de 10 000 à 349. L’extrême droite gagne 14 villes, un niveau jamais atteint sous la Ve République.

51 % des inter-communautés urbaines changent de majorité : la droite obtient 62,8 % des présidences.

Avant les élections de 2014, la gauche (PSEELVFront de Gauche) détenait 29 villes de plus de 100 000 habitants contre 12 à la droite et au centre (UMP et UDI). À l’issue du scrutin, la droite détient 22 villes de plus de 100 000 habitants contre 19 pour la gauche, qui perd donc dix villes par rapport à 2008 (neuf villes en métropole et une en outre-mer).

De quoi pleurer.

Ce n’est pas la faute des maires ni des électeurs de gauche, la déroute est entièrement due à la politique de Hollande.

À sa « politique » réactionnaire « de l’offre ».

Alors que deux ans plus tôt la gauche dirigeait encore 2 villes sur trois.

Dans un premier temps, Christophe Borgel rapporteur en Bureau national, confesse : « - C’est un vote sanction, l’électorat socialiste n’est pas passé à droite mais s’est abstenu. »

Cette explication est indiscutable.

On est loin de la vague rose de 2008.

Cela ramène le PS 40 ans en arrière, avant les municipales de 1977, moment historique de sa montée en puissance vers le pouvoir.

 

Croyez-vous que Hollande va entendre et tirer l’évidente leçon ?

 

Non, au contraire, ils ne vont plus reprendre la première analyse de Borgel, ils ne vont pas confesser que c’est dû à leur politique droitière, ils vont expliquer que c’est l’électorat versatile qui change dans le mauvais sens.

 

C’est la faute du peuple !

 

D’autres éléments de langage viennent de l’Élysée :

« C’est parce que les Français évoluent à droite »,

« Il n’y a pas désir de gauche »,

« La preuve, c’est que Mélenchon ne monte pas »,

« Les Français vont vers Le Pen ».

 

Hollande et son gouvernement s’excusent-ils d’être devenus impopulaires.

Ce ne serait pas leur faute, mais celle du peuple ingrat, inconstant qui hier votait à gauche et qui les lâche.

Eux, ils ne font donc que « suivre en le freinant ce mouvement général » lorsqu’ils mènent une politique…  droitière.

 

Bien que ce soit très grossier comme tentative d’excuse je réponds aux arguments de ces tenants de l’aile droite du PS. Car un jour ils oseront prétendre que la défaite « c’est la faute des frondeurs »…

 

Mais pas de chance, en mars 2014, les fameux « frondeurs » (« députés oppositionnels » à l’Assemblée nationale) n’étaient pas encore apparus.

 

La déroute aux municipales a bien pour origine des causes nationales et pas locales. Ce n’est pas la faute des maires, la preuve est que le scrutin a pris le même sens nationalement quasiment partout.

Dans un petit village du Lubéron, Mérindol, un de nos camarades, Philippe Batoux, est écarté de sa mairie par 21 voix. Il cherche à rencontrer ceux qui se sont abstenus, souvent des amis connus :

«  - Et oui, Philippe, c’est pas contre toi, on t’aime toujours bien, mais fallait bien lui dire là-haut, qu’on n’étaient pas contents ».

Philippe regagnera d’ailleurs sa mairie au scrutin suivant, en 2020.

 

Ensuite on observe que la droite n’a pas progressé en voix ! Elle en a même souvent perdu. Si elle progresse, c’est en pourcentage, pas en chiffres absolus. Dans nombre de villes elle perd massivement des voix et gagne quand même au premier tour !

Ce qui veut dire que les électeurs socialistes sont restés fidèles. Ils ne sont pas allés voter ailleurs.

Pour s’être abstenus, il faut qu’ils soient sérieusement déçus.

Le sens de leur abstention saute aux yeux : un désir de gauche non satisfait.

 

Les dirigeants du PS tentent d’objecter que Mélenchon ne monte pas dans les sondages. Mais c’est compréhensible. Mélenchon, avec le PG, le FdG, passe son temps à dénoncer le Parti socialiste en des termes agressifs. Il ne propose pas l’unité de la gauche, il propose la « guerre des deux gauches ». Il ne séduit donc pas l’électorat socialiste, même si celui-ci avait la velléité de se tourner vers lui.

Des millions d’électeurs qui ont voté Hollande, pensaient la même chose, sur le fond politique, que Mélenchon (sur les salaires, le chômage, le partage des richesses…), mais ne le jugeaient pas en situation de gagner ni de réaliser ce qu’il disait.

Ils votaient socialistes pour être certains de battre la droite, certains que la gauche gagne, en espérant qu’elle tienne ses promesses.

Ils sont toujours là, majoritaires dans le pays, mais stupéfaits que leur gouvernement ne fasse pas une politique de gauche. C’est ce qu’on entend le plus souvent exprimer : la déception !  Que Mélenchon non unitaire ne sait pas capter.

 

Les dirigeants du PS tentent aussi d’expliquer que

« les élections intermédiaires sont toujours mauvaises ».

Faux ! Sous Jospin quand il avait mis en place les 35 h, elles étaient bonnes.

Mais, là, où est le choix politique ? Hollande puis Valls proposent 40 milliards aux patrons, la droite leur en propose 100, c’est tout !

 

Dans cette élection « intermédiaire », le seul changement, c’est que Hollande a trahi ses promesses et va à droite.

On peut leur retourner l’argument : si « la France se droitisait », sa nouvelle politique devrait l’emporter. Mais pas du tout, Hollande se minorise, vis-à-vis de la droite qui ne veut pas de lui et vis-à-vis de la gauche qui lui reproche d’aller à droite.

 

Expliquer Le Pen ?

Elle profite de la décomposition de la droite.

Car pour l’essentiel, si on étudie bureau de vote par bureau de vote, on observe que les voix du FN ne viennent pas de la gauche, mais de glissements dans les bureaux de vote de droite.

Le Pen non plus ne gagne pas de voix en chiffres absolus : c’est du fait de l’abstention, si, deux mois après, elle va être en tête aux européennes du 25 mai 2014 – avec moitié moins de voix que ce qu’elle avait à la présidentielle de mai 2012.

Sauf que cette arrivée en tête de Le Pen entretient sa dynamique propre.

L’UMP propose « du Valls puissance 10 », mais ce n’est pas non plus ce que veut la partie « populaire » mécontente de la droite, alors Le Pen leur fait des propositions démagogiques qui les attirent. C’est pour cela que Le Pen a donné à son programme une couleur d’apparence sociale et anti-libérale, elle fait d’une pierre deux coups : elle se renforce contre la gauche libérale et contre la droite libérale.

 

Dans tous les camps, les électeurs cherchent à se débarrasser de la tutelle du libéralisme.

En fait il n’y a guère de déplacements électoraux entre la droite et la gauche. L’électorat, à quelques variantes près, est stable et fidèle. Deux blocs : l’expression déformée de deux classes sociales fondamentales et antagoniques, le salariat et l’actionnariat.

La gauche est et reste largement majoritaire à la base depuis plus de 30 ans. Comme l’avait dit François Mitterrand en 1981, « c’est la victoire de la majorité sociologique ».

Les « camps » droite et gauche sont installés et varient peu.

Mais ça bouge à l’intérieur de chaque camp.

À droite il y a un glissement de l’UMP vers Le Pen.

À gauche on s’abstient pour protester parce que les gouvernants ne sont pas à la hauteur.

Dans les dix dernières années face à la droite, entre 2001 et 2013, la gauche s’était même renforcée au point de donner tous les pouvoirs au Parti socialiste, mais si cette écrasante majorité se tasse à nouveau, ce n’est pas parce qu’il y a un retournement d’attentes, c’est parce que ces attentes sont trahies : l’abstention a un sens politique extrêmement clair, il n’est pas difficile à interpréter…

 

Cap à gauche ou suicide ?

 

Croyez-vous qu’Hollande va nous répondre à nous, les électeurs, et à nous, les 40 % du Bureau national du PS qui, avec des milliers de socialistes, ont lancé l’appel « Cap à gauche » ?

Pas du tout, le gouvernement Jean-Marc Ayrault démissionne.

Et c’est Manuel Valls qui est nommé à sa place.

 

C’est une provocation, un défi, c’est en réalité un cap plus à droite !

 

Je me rappelle avoir plaisanté :

 

« - Pourquoi aller choisir un Premier ministre qui fait 5 % des voix à l’intérieur du PS ? « Pourquoi ne pas prendre comme successeur légitime de Jean-Marc Ayrault le Premier secrétaire du PS qui, lui, a été élu à 61 % des militants ? »

Mais la vérité, c’est que Hollande n’a plus rien à faire du PS.

Avec la nomination de Valls, c’est le PS qui est mis hors-jeu.

La gauche est mise hors-jeu.

 

L’Élysée dirige tout. Le président « normal » n’est pas normal.

Il ne respecte ni son parti, ni ses élus au Parlement, ni ses électeurs.

Dans le choix d’alliance avec le patronat et avec la droite, façon SPD-Merkel, peu importe que ni les patrons ni l’UMP n’acceptent de signer un « pacte », Hollande impose seul, unilatéralement, à marche forcée ce que la droite aurait fait.

Valls est là pour ça.

Hamon et Montebourg commettent alors une lourde erreur. Ils croient qu’en restant au gouvernement avec de meilleurs postes, l’Éducation et l’Économie, ils vont l’emporter habilement sur Valls. La politique n’est pas une affaire de génération.

Cécile Duflot sort du gouvernement. Et elle a raison.

Valls en un mois va parvenir à nourrir encore plus l’abstention et à pousser Marine Le Pen en tête du scrutin des européennes, et en cinq mois, il va crier « Vive l’entreprise » devant l’université d’été du Medef.

 

Puis il va profiter d’une provocation banale de vocabulaire dans la bouche de Montebourg à la fête de la Rose de Frangy-en-Bresse le 24 août 2014, celui-ci ironisant sur la « cuvée du redressement ». Avec Benoît Hamon invité, les deux ministres appellent à « faire sauter les bouchons » et à un « ralentissement dans la réduction des déficits et une relance de la demande, en contrepartie de la politique de l’offre » voulue par Hollande.

Valls convainc aussitôt Hollande de virer les deux trublions de gauche qui avaient eu la faiblesse de croire qu’ils allaient s’incruster dans son gouvernement.

Montebourg s’en ira avec panache.

Hamon hésitera une dernière fois. Mais il suit quand même Montebourg. A-t-il pris le temps d’interroger Martine Aubry avant ? Les « aubrystes » jouent un jeu double, donnant des coups de pieds sous la table mais tout souriant en face à face à table.

Ils ont pourtant un rôle central car s’ils basculent vers nous dans l’opposition de gauche comme ils le laissent parfois croire, c’est le PS qui changera de cap.

 

86 « frondeurs » du PS

 

Avant le discours de politique générale de Manuel Valls et le vote de confiance à son gouvernement, 86 responsables socialistes, dont des députés issus de l’aile gauche du parti, des amis de Martine Aubry et d’autres sensibilités du PS réclament, dans un texte, que publie le JDD, un nouveau « contrat de majorité ».

 

Au total, plus de 80 députés et quelques figures du Parti socialiste, comme Emmanuel Maurel, Guillaume Balas, représentant du courant de Benoît Hamon, ou encore François Kalfon, l’un des fondateurs du club « La gauche populaire« .

« Ce n’est qu’une première liste, nous dépasserons bientôt les 100 signataires, notamment quand cette liste sera soumise aux sénateurs« ,

explique Christian Paul, perçu comme proche d’Aubry et l’un des initiateurs du texte avec Laurent Baumel, Pouria Amirshahi et Marie-Noëlle Lienemann. J’en suis.

 

« Les conditions de la confiance pour un contrat de majorité

Agir et ne pas subir. La défaite d’ampleur historique que nous venons d’encaisser nous donne une responsabilité sans précédent. Bien plus qu’une protestation de circonstance, les Français ont exprimé des positions très politiques et, dans leur diversité, des demandes de justice, d’efficacité économique et d’égalité républicaine.

Depuis de longs mois, les élus locaux et les députés avaient alerté sur le fossé qui se creusait entre la gauche au pouvoir et son électorat. Cette défaite électorale ne doit pas se transformer en renoncement démocratique. Au contraire, le temps du Parlement est venu. L’affirmation de la volonté politique est encore plus à l’ordre du jour. Le dialogue avec le nouveau gouvernement s’engage dès maintenant. La représentation nationale doit être digne de sa mission et à la hauteur de ce moment de notre histoire. Il lui revient de participer aux nouvelles orientations qu’exige cette nouvelle étape.

Dans ce but, il faut aller plus loin que les habitudes et les certitudes. Pour répondre vigoureusement à l’épuisement institutionnel, nous proposons un contrat de majorité dans la durée. En effet, pour restaurer la confiance avec les Français, il faut recréer aussi la confiance avec le Parlement. Celui-ci doit apporter sa légitimité en soutien des choix que les citoyens de tous horizons attendent de la gauche au pouvoir.

Notre première contribution au contrat de majorité privilégie les orientations ainsi rappelées :

1- Obtenir une réorientation européenne par un plan de relance contre la déflation et une révision des règles budgétaires insoutenables et ennemies de la croissance et de l’emploi.

2 - Concentrer les moyens publics sur la création réelle d’emplois et, ainsi, intensifier le redressement productif.

3- Défendre des décisions de justice et de pouvoir d’achat : des mesures en faveur des bas salaires, la réforme fiscale et la CSG progressive, l’effort en faveur des retraites les plus modestes, que nous avons demandés depuis des mois. Ces décisions convergent vers un « choc de demande », accompagnant les efforts sur l’offre, additionnant ces améliorations de pouvoir d’achat, les emplois aidés non marchands pour les jeunes et les chômeurs de longue durée, et les investissements publics.

4- Réaffirmer et amplifier les choix et les engagements de 2012 :

- Muscler les efforts de régulation des activités financières et bancaires, et leur mobilisation pour l’investissement et les territoires. Promouvoir la responsabilité sociale et environnementale des multinationales et leur « devoir de vigilance ».

-Rendre populaire la transition écologique : financement et avances pour les travaux de rénovations énergétiques, co-investissements citoyens dans les énergies renouvelables, plan de remplacement des véhicules et équipements anti-écologiques.

- Engager un mouvement de transformation de l’État et des collectivités locales, avec les citoyens et les agents publics. Nous soutiendrons les économies efficaces, pas les régressions sociales : non aux économies de dépense qui conduisent à des reculs pour la Sécurité sociale ou à la panne de l’investissement public !

-Défendre l’égalité des territoires par un socle de droits (le « bouclier »), une relance des économies locales, un remaillage des services publics sur deux piliers : l’éducation et la santé.

5- Pour une revitalisation exigeante de la démocratie française. Un sentiment d’abandon exaspère aujourd’hui de nombreux Français (..) Notre majorité sera plus soudée, si elle inaugure des manières modernes de préparer les grandes décisions et de délibérer.

Si nous ne laisserons pas s’installer de faux clivages entre les « cigales » et les « fourmis », nous savons aussi que jamais la France ne se redressera dans l’austérité et en laissant exploser le chômage et les inégalités. Nous faisons le choix d’une politique qui marche. Nous recherchons l’équilibre entre les salariés et les entreprises et entre les efforts et la justice, pour toutes les composantes de la société. Refusant la fuite en avant façon Sarkozy, nous choisissons l’efficacité pour mener les politiques d’investissement, la transformation de l’État, l’innovation publique.

Les Français n’ont pas changé depuis le 6 mai 2012, ils sont déçus. Ils ne sont pas versatiles, ni ralliés à l’UMP qui n’a rien d’autre à proposer que la dérégulation et l’austérité. Il est impératif d’exprimer une vision claire et offensive du futur de la France et de son rôle en Europe.

Les Français ont le sentiment que la politique qu’ils avaient choisie n’est pas assumée. Ils nous l’ont dit dans les urnes. Il faut maintenant passer des urnes aux choix et, pour nous, des mots aux actes. Les temps qui viennent sont pour tous, et pour chacun d’entre nous, une épreuve de vérité.

Le texte rédigé par des aubrystes est plus que modéré.

Mais quand c’est nous qui en parlons, on le rend plus tonique dans les médias et sur les plateaux de télévision. Comme je suis fréquemment invité depuis l’affaire Cahuzac, je m’en charge en partie. Sur toutes les chaînes d’info et aussi chez Ruquier un samedi soir.

 

Manuel Valls ne répond pas.

Au lieu d’aller à gauche, il accélère la fuite en avant droitière.

Il affirme clairement :

« Il est difficile de faire quelque chose pour les salariés »

et « On baisse le coût du travail de 30 milliards ».

Macron ayant remplacé Montebourg, et caché derrière Valls, se réjouit. Il donne déjà des dizaines de milliards au patronat, aux actionnaires, aux banquiers. Il prend des dizaines de milliards sur les petits salaires, sur les services publics, sur la santé, l’école aussi. Il pille ceux d’en bas pour enrichir ceux d’en haut, baptisés pour la circonstance du terme gourou fétichisé : « L’Entreprise ».

 

Heureusement la gauche et ses syndicats résistent.

Et la résistance interne dans le Parti socialiste se renforce : 40 % du BN et plus de 8000 militants ont signé l’appel pour « Cap à gauche », 88 députés ont manifesté leur opposition.

11 n’ont pas voté l’investiture. Ce qui est exceptionnel.

S’il y a un moment historique pour que la Gauche socialiste joue son rôle c’est maintenant.

Mélenchon aurait dû rester.

L’extrême gauche accuse le PS en bloc, alors que c’est le PS qui est attaqué par Hollande et que c’est dans le PS que la résistance s’effectue le plus.

Tout le travail que nous avons fait depuis plus de 20 ans arrive à point nommé : résister, s’arc-bouter sur les exigences sociales, encourager les luttes, travailler à l’unité des syndicats, de la gauche, construire la majorité alternative qui existe au Parlement : un gouvernement rouge, rose, vert, EELV, PS, FDG.

On y va.

On a tenu bon.

On a remonté la pente.

Cette fois D&S veut un front large de la Gauche socialiste, assez large pour gagner !

 

Cambadelis nommé syndic du PS

 

Jeux de chaises musicales, partition élyséenne.

 

François Hollande a nommé Harlem Désir secrétaire d’État. Harlem Désir a « demandé » à Jean-Christophe Cambadélis de devenir le Premier secrétaire du Parti socialiste. Jean-Christophe Cambadélis, à son tour, s’est exprimé dans les médias pour affirmer sa volonté d’être élu par les militants. Il a parfaitement raison : un simple vote du Conseil national, élu en 2012 sur des bases politiques largement remises en question par nos électeurs lors des dernières élections municipales, ne lui donnerait que fort peu de légitimité.

L’élection par les militants d’un Premier secrétaire ne peut pas être un plébiscite. Il faut qu’il y ait la possibilité d’autres candidatures que celle du seul « candidat officiel ». Si ce n’était pas le cas, le Premier secrétaire ainsi plébiscité, n’aurait, d’emblée, aucune légitimité.

Cette élection doit aussi, évidemment, être l’occasion d’une discussion de fond sur l’orientation du Parti socialiste. Le « casting » n’est pas le plus important. Chaque candidat doit pouvoir publier un texte définissant les grandes orientations qu’il voudrait voir adopter par notre parti et être élu (ou non) sur la base de ce texte.

La question qui est posée est éminemment politique, c’est celle de savoir si notre parti continuera à accepter d’être considéré comme un parti de « godillots » se contentant d’approuver le président de la République et le Premier ministre ou s’il sera capable, si les militants en décident ainsi, d’exprimer son propre point de vue pour infléchir leur politique et les aider à réussir.

Comment, après la catastrophe des municipales, pourrions-nous faire l’économie d’une telle discussion lors de l’élection de notre Premier secrétaire ?

 

Cambadelis nous propose de construire un parti des « 500 000 socialistes » avec un  plan de développement géant projeté en grandes diapositives devant tout le Conseil national. Nous ne pouvons nous empêcher d’être dubitatifs : avec la ligne politique de Hollande-Valls  en 2014, c’est plutôt un retour au « parti des 10 000 » pour lequel le même Cambadelis combattait dans les années 70.

 

BN du PS du 9 avril 14 : sauver le quinquennat ?

Mon intervention leur annonce la couleur :

 

« Comme beaucoup ici, je suis embarrassé par cette concomitance entre le remaniement ministériel, et le « remaniement » du Parti socialiste. Cela ne se passe pas sainement. Ça nous tombe dessus ce matin par la radio, on apprend que notre Premier secrétaire est délogé, relogé et qu’il y en a un autre. Cela fait apparaitre un changement de Premier secrétaire du Parti socialiste comme une révolution de palais télécommandée, et c’est vraiment gênant. Pour les militants. Pour nous tous. (…)

J’entends Jean-Christophe Cambadélis dire qu’il y a « des fondamentaux qui se perdent ». (…) Sans doute. Mais je vais vous surprendre, quoique j’aie déjà signalé cela la semaine dernière. Il y a plus grave.

Le gouvernement vient de préconiser devant l’Assemblée nationale la baisse du salaire brut pour augmenter le salaire net. On n’a jamais discuté de cela nulle part : jamais un texte, jamais une motion, jamais un rapport…

Mais c’est inquiétant : ce sont les salariés qui financeront l’augmentation de leur salaire net en voyant diminuer leur salaire brut, indirect, les cotisations sociales. C’est un tour de bonneteau. Le manque à gagner pour la Sécurité sociale sera financé par les impôts… payés par les salariés ! Ou sinon en baisse de soins.

Ce sera symboliquement le choix de diminuer le grand principe de solidarité incarné par la mutualisation d’une part des salaires redistribuée à chacun selon ses besoins.

C’est bien ainsi que nous avions combattu cette proposition qui sort tout droit depuis cinq ans …du programme de Marine Le Pen. Ça fait des années qu’elle propose de réduire le brut pour augmenter le net : nous dénonçons cela dans toutes nos brochures ! Oui, Jean-Christophe, il y a des fondamentaux qui sautent ! Sans que personne ne réagisse, sans débat.

Quant à un congrès, il en faut un, anticipé, oui, mais sur le fond ! Avant fin 2014, pas pour régler des problèmes de clans, de motions, ni même de direction, ni même d’un « parti des 500000 », mais un congrès nécessaire pour consulter les militants redresser la barre, faire savoir au gouvernement ce que pense la gauche, ce que pensent les socialistes, comment on doit agir, réorienter pour éviter la catastrophe aux prochaines élections.

Car il y a un grand risque sérieux que nous perdions toute la séquence électorale à venir.

Or c’est évitable, il n’y a pas fatalité absolue à aller dans le mur, à tout perdre dans un autre 21 avril en pire, mais seulement si, à temps, le parti dit ce qu’il faut, à partir des souhaits démocratiquement exprimés de nos électeurs.

Valls, sinon, fera perdre le Sénat, les cantonales, les régionales, et les législatives et le président.

Ce n’est pas une question d’hommes, c’est une question de ligne politique. L’actuelle orientation d‘austérité est suicidaire.

À la fin, ce sera pire qu’en 1993, la dégringolade va être totale, la coupe sera bue jusqu’à la lie.

La seule possibilité d’empêcher cela et de sauver le quinquennat, c’est d’en revenir à une politique de gauche capable de mobiliser l’électorat socialiste et de gauche, c’est de renoncer à céder aux libéraux, c’est de rebâtir, sur la majorité parlementaire toujours existante, un gouvernement rose rouge vert, unitaire, qui donne envie ET satisfaction à l’électorat de gauche, pour qu’il appuie et vote à nouveau de façon active contre la droite. »

 

Nous réclamons en vain une direction collégiale jusqu’au congrès suivant.

Mais le 15 avril 2014, Cambadélis s’impose en Conseil national. Nous présentons contre lui, toutes gauches réunies, Sylvain Mathieu, Premier fédéral de la Nièvre, qui obtient 32,88 % des suffrages. Significativement, le vote du Conseil national se faisant en deux temps, Sylvain Mathieu aura  davantage de voix à bulletins secrets qu’à main levée.

Cambadélis concède bientôt un congrès qui se tiendra tardivement en juin 2015.

Le calendrier général de ce congrès annoncé à Poitiers est le suivant :

-6 février 2015, minuit : date limite de dépôt des contributions générales et thématiques ;

-7 février 2015 : Conseil national de préparation du congrès et d’enregistrement des contributions ;

-11 avril 2015 : Conseil national de synthèse, dépôt du texte des motions et des candidats (et des candidates) aux instances du parti (Conseil national, commission nationale des conflits, commission nationale de contrôle financier) ;

-21 mai 2015 : vote des adhérents et des adhérentes sur les motions ;

-28 mai 2015 : vote des adhérents et des adhérentes sur le ou la premier(e) secrétaire ;

-5, 6 et 7 juin 2015 : congrès national à Poitiers.

 

Valls brade tous les espoirs de mai-juin 2012

 

Dès les premières semaines de son entrée en fonction, Manuel Valls n’hésite pas à renoncer même aux rares bribes que le gouvernement Ayrault avait prétendu avoir arrachées au patronat.

Valls l’a dit avec violence :  les salariés, il ne peut « rien pour eux ».

Sur  les « contrats courts » et « temps partiels de l’ANI » et de la loi Sapin, le Medef réussit à faire reculer pas à pas le gouvernement, c’en est fini des « accords de branches »

Idem sur les critères « pénibilité » de la loi retraite.

La CFDT y tenait. Elle cède.

Cela avait été annoncé triomphalement comme une contrepartie à la sale loi portant la retraite à 43 annuités, à 66 ans de facto.

Le PS avait essayé d’affirmer haut et fort que « la prise en compte de la pénibilité » tempérerait le recul absurde de l’âge des départs en retraite ! (Lequel ne se traduit que par une hausse du chômage des « seniors »).

Fi donc, il a suffi que Pierre Gattaz menace de ne pas participer au (pseudo-) « sommet social » des 6 et 7 juillet 2014… et hop, Valls reporte la « montée en charge progressive » de la « pénibilité » dans le calcul des retraites.

Seuls quatre des facteurs prévus (travail de nuit, travail répétitif, travail posté, travail en milieu hyper-bare) sur 10 facteurs de risques seront pris en compte. Postures pénibles, port de charges lourdes, sont des sujets reportés à une négociation expéditive sous la houlette d’un revenant, vieux liquidateur du droit du travail, Michel De Virville.

Plus tard un certain Emmanuel Macron ministre puis président déclarera « qu’il n’adore pas parler de la pénibilité liée au travail ». Dire qu’à ce moment-là, il n’était que directeur adjoint de l’Élysée, et qu’il ne devient ministre qu’en été 2014 !

Manuel Valls en rajoute et demande de « simplifier le Code du travail » que son ministre porte-parole, Jean-Marie le Guen juge « répulsif ». L’objectif disent-il, serait « de rendre le fonctionnement de l’économie plus souple, plus efficace ».

Nous le répétons inlassablement : on sait pourtant que moins il y a de droit du travail moins il y a d’emplois. Regardez en Martinique ou en Guadeloupe, il y a beaucoup moins de droit du travail, il y a beaucoup plus de chômeurs.

Le chômage ne provient d’aucune nécessité, il est voulu.

C’est le fruit de la politique du patronat.

Soit on la combat, soit on l’encourage.

Soit on le laisse licencier soit on contrôle les licenciements.

Soit on réduit la durée du travail et on partage le chômage, soit on laisse les durées du travail s’allonger, se flexibiliser, se précariser et on a de plus en plus de chômeurs.

 

Et rembourser la « dette » présumée ?

 

Parmi ses arguments défensifs, le gouvernement continue de nous expliquer que le budget doit être serré, les déficits abaissés, pour rembourser la fameuse « dette », présumée, qui nous menace.

Bien sûr, nous n’y croyons pas une seconde : car en pratique, rembourser la dette aboutit à augmenter la dette.

Le déficit baisse de 5,3 % en 2011 à 4,8 % en 2012, vers 4 % du PIB en 2013. Il est fixé à 3,5 % en 2014, 3 % en 2015 et … 0,5 % en 2017.

La dette publique s’élevait à 85,9 % fin 2011 et à 90,2 % fin 2012. Elle atteint 91,7 % du PIB en mars 2013,  autour de 94 % en 2015.

Pourquoi ? Parce que cet argent qui va à la dette, ces économies qui sont faites sur les dépenses induisent la récession.

Et la récession limite les rentrées fiscales, ce qui creuse les déficits et la dette.

C’est comme un jardinier qui arrose le fleuve pendant que son jardin s’assèche.

Donner priorité à rembourser la dette et à réduire les déficits, c’est non seulement jeter des steaks aux requins, mais c’est les enlever de la bouche des passagers du navire.

Il y a trois budgets distincts dans le pays, répétons-nous inlassablement, ce n’est pas le budget de la protection sociale qui nourrit la « dette » présumée, il est presque équilibré à force de privations, c’est le budget de l’État, et c’est bel et bien faute de recettes, faute d’impôts.

 

Faites donc la réforme fiscale au lieu de bloquer nos salaires nets et bruts, ça fera du bien au salariat et nous retrouverons notre électorat et nous battrons Le Pen.

 

Le Pen en tête

Les élections européennes se déroulent le 25 mai 2014 en France.

Avoir nommé Valls Premier ministre deux mois plus tôt, c’était donner un mauvais signal à l’ensemble de la gauche.

C’était donc un signal favorable à Le Pen.

 

Le vote s’est déroulé à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne dans le cadre de huit circonscriptions groupant plusieurs régions.  Sur 46,6 millions d’inscrits, il n’y a que 42,43 % de votants dont 40, 73 % d’exprimés 800 000 votes blancs.

L’abstention atteint 57,57 % des inscrits !

 

Pour la première fois, le Front national arrive en tête d’une élection nationale (24,86 % et 24 élus) devant l’UMP (20,81 % et 20 élus) et le parti socialiste au pouvoir (13,98 % et 13 élus).

Les Verts obtiennent 8,95 % soit 6 sièges.

Le Front de Gauche obtient 6,61 % soit 4 sièges.

Le NPA obtient 3,5 % des voix et LO, 0,5 %.

 

Comment en est-on arrivés à ce point-là ?

Comment Hollande a-t-il pu faire ça ?

Comment peut-il continuer ?

 

C’est une tragédie

À l’Élysée et Matignon, ils ne mesurent pas l’ampleur de ce qui se passe.

François Hollande avait été élu Premier secrétaire du PS en mai 2003 au congrès de Dijon, parce que les militants secoués par le 21 avril 2002 ne voulaient plus jamais ça : plus jamais que le Front national, Le Pen, soient devant le Parti socialiste.

Tout le monde, dans ce but, voulait un « nouveau parti socialiste ».

De 2002 à 2012 on avait regagné toutes les institutions du pays à gauche.

Et en deux ans de politique de Hollande et un mois de Valls c’était liquidé, Le Pen est de retour : en tête cette fois.

Ils ont inversé une autre courbe que celle du chômage et des naissances : celle du déclin du FN.

 

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