Vive l’OIT – Pour un « travail décent » – Mais comment Sarkozy a t il pu se permettre à Genéve le 15 juin un tel double langage ?

« Pour que l’OIT et l’OMC soient deux organismes qui travaillent à parité de façon à rendre le droit du travail constitutif du droit de la concurrence ».Je n’ai pas souvent eu l’occasion de faire des amendements majoritairement adoptés dans une assemblée de type parlementaire, mais ce fut le cas, en novembre 1999, au Conseil économique et social, à la première réunion à laquelle je participais comme « personnalité qualifiée », dans la section « travail ».

C’était dans le cadre d’une demande d’avis de la part du gouvernement Jospin, à l’occasion du sommet de l’OMC à Seattle – lequel fut l’objet ensuite de manifestations de masse qui l’empêchèrent quasiment de se tenir. L’idée était de donner à l’OIT ( un « G183 »)  les mêmes droits de contrôle, de sanction, d’intervention que l’OMC, et de rendre ses conventions aussi incontournables que l’OMC prétendait le faire avec les siennes.

L’OIT est en effet, un organisme essentiel, sous estimé, sous employé,  pour tous ceux qui veulent une autre gouvernance mondiale que celle du prétendu et féroce « libre-échange » ou les diktats du FMI et de la Banque mondiale. Avec l’ONU, l’OMS, une OME, l’OIT devrait avoir des pouvoirs d’action capables d’imposer des droits sociaux mondiaux pour les travailleurs, un « travail décent » pour toutes et tous sur cette planète.

Mais une prestation comme celle de Nicolas Sarkozy, lundi 15 juin 2009, venu pérorer à Genève est faite pour brouiller toute piste réelle en ce sens, tout espoir…

Car l’homme y a prôné, en tant que « Président de la république », devant le monde entier le contraire de ce qu’il fait  en France : alors, évidemment quel crédit donner à une « gouvernance mondiale », quelle autorité à une OIT dont les membres dirigeants se comportent ainsi ? Ca discrédite tout, les mots, les analyses, les programmes, les promesses, le droit, la droiture, la République, tout.

Surtout quand Sarkozy prétend que  » Quand on veut que les autres fassent la même chose que soi, mieux vaut faire soi-même ce qu’on doit faire en temps et heure » ! On est au comble de la schizophrénie !

Car contre toute vraisemblance, Sarkozy a osé défendre lundi 15 juin à Genève un renforcement du rôle de l’Organisation internationale du travail (OIT) avec « pouvoir de sanction » face aux grandes institutions financières telles le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC) alors qu’en France il laisse faire 2000 chômeurs par jour en refusant de contrôler les licenciements abusifs.

Dés lors comment considérer :

-    que Sarkozy ait défendu à Genève  des normes de droit du travail comme devant être obligatoire, « sinon c’est comme une feuille qui s’envole au vent »,  alors qu’ à Paris, il défend le libre échange, et passe le Code du travail recodifié à l’acide ?

-    que Sarkozy ait condamné le « dumping social », alors que même en Europe où il existe pourtant 19 Smic dans 27 Etats, il est opposé  à l’alignement par le haut vers un Smic unique, arme essentielle s’il en est, contre le « dumping social » ? Et alors qu’il a défendu le TCE et imposé sans référendum le traité de Lisbonne qui interdisent toute harmonisation sociale et fiscale ?

-    que Sarkozy qui défendait dans sa campagne électorale les subprimes, les prêts hypothécaires, la déréglementation boursière, les nouvelles règles comptables américaines, les stock options, prétende à l’OIT qu’il veut « revoir la surveillance prudentielle des banques, réglementer les hege funds, les règles comptables, les modes de rémunération… »

-    que Sarkozy y dénonce la marchandisation « des activités humaines comme la santé l’éducation, la culture, la bio diversité, le travail » alors qu’il privatise en France les hôpitaux, les écoles, la sécurité sociale, les transports, l’énergie, les communications, la SNCF, la Poste..

-    Que Sarkozy  dénonce la « soumission au droit des affaires des normes sociales et environnementales », alors qu’en France, il œuvre à dépénaliser le droit des affaires, les abus de biens sociaux, le droit du travail…

-    Que Sarkozy condamne le «  tout pour le capital et rien pour le travail », appelle à une forte régulation financière internationale notamment par la taxe Tobin, dénonce de la cohabitation de l’abondance et de la misère, alors qu’il a instauré un bouclier fiscal pour les plus riches des capitalistes, qu’il a facilité les heures supplémentaires pour ceux qui ont un travail au détriment des victimes du chômage de masse, et refusé toute taxe de type Tobin, alors qu’il organise le « travailler moins pour gagner moins« , c’est à dire le travail partiel forcé ?

-    Que Sarkozy demande des droits pour un travail décent alors que c’est sous sa présidence à la tête de l’Europe qu’il a défendu une semaine de 65 h maxima à la place d’une semaine de 48 h maxima et si cela a été repoussé, c’est par le Parlement européen le 17 décembre 2008 !

-    Que Sarkozy n’a jamais lorsqu’il était président de l’Europe, mis aucune des questions sociales pour lesquelles il plaidait lundi 15 juin  à l’OIT à l’ordre du jour, au contraire toutes ses lois vont dans le sens de déréguler le marché du travail pour faire baisser les salaires et assouplir les horaires, heures supplémentaires, faciliter la précarité, les CDD, les prêts de main d’oeuvre, fragiliser les chômeurs, etc.

-    Que Sarkozy dénonce et critique les pays comme les USA, le Japon, l’Inde ou la Chine, qui ne ratifient pas suffisamment les conventions de l’OIT, mais qu’il ne les fasse pas respecter en France (comme la convention 81 sur l’inspection du travail, ou celle sur le travail de nuit des femmes…)

-    Que Sarkozy défende devant l’OIT des salaires décents alors qu’il bloque le Smic et les minima sociaux en France depuis trois ans, que le salaire médian est bloqué à 1450 euros, que, de ce fait les caisses de protection sociale n’ont plus de recettes suffisantes pour faire face à la dégradation des conditions de travail, de vie, de logement ?

-    Que Sarkozy ait imposé 41 annuités de cotisations pour le droit à la retraite et qu’il propose même, le 14 juin, de repousser à 67 ans … sans doute pour « ré équilibrer le partage entre capital et travail » ainsi qu’il prétend dans son discours à Genève du 15 juin.

-    Que Sarkozy ait développé une politique anti immigration honteuse, qu’il laisse perdurer massivement dans le bâtiment, la restauration, la confection, l’agriculture, le travail illégal, qu’il dénonce le « travail forcé » à Genève alors qu’il signe des traités pour de grands travaux (Louvre, base militaire…) avec Abu Dhabi et les Emirats qui usent et abusent du travail forcé !

-    Que Sarkozy juge à Genève « chimérique et irresponsable de croire que les peuples subiront sans rien dire les conséquences de la crise« . Alors que l’OIT prévoit une hausse de 50 millions des chômeurs tandis que 200 millions de travailleurs vont basculer en 2009 dans la pauvreté extrême, Sarkozy ignore t il qu’en France la pauvreté et les inégalités s’accroissent en même temps ?

-    Que Sarkozy prône une « révolution dans la gouvernance mondiale pour que les normes qui sont inscrites dans les accords internationaux soient effectivement appliquées » mais elles ne le sont pas en France où un milliard d’heures supplémentaires sont faites par les salariés sans être payées ?   Alors que tous les services de contrôle en France, douane, inspection du travail, concurrence, consommation, santé au travail, sont systématiquement affaiblis et ce, au détriment de la lutte contre les contrefaçons,  pour l’hygiène et la qualité alimentaire, pour combattre les produits fabriqués par les enfants ou des travailleurs sans droits syndicaux dans le monde…

-    Que Sarkozy s’écrie : « « Ou nous aurons la justice ou nous aurons la violence ! » alors qu’il criminalise les actions syndicales, limite les droits syndicaux élémentaires dont le droit de grève par la loi et en pratique, supprime des prud’hommes, les Tass, des tribunaux de proximité, multipliue les bavures policiéres.

-     Que Sarkozy défende l’idée que, lorsqu’ils « viennent au secours d’un pays », le FMI et la Banque mondiale doivent « lui demander de respecter des règles élémentaires en matière… de droit du travail » n’est-il pas strictement contradictoire avec la pratique du FMI dirigé par M Strauss-Kahn nommé par Nicolas Sarkozy ?

-    Que Sarkozy prévoit la continuation de la crise financière et économique, et réclame de « reconstruire le système financier » n’est-il pas contradictoire avec le G20 qui n’a rien décidé mais dont Sarkozy a dit monts et merveilles à Londres dés sa sortie ?

Comment est ce possible d’atteindre un tel niveau de double langage ?

Que fait l’opposition ? Que dit le Parti Socialiste ? Ou est la presse ?  Que ne s’indigne t elle pas de pareil procédé, inouï quand même  ?

Pourquoi ne dénonce t on pas, en cette occasion criante, le projet global antisocial sarkozyste réel, le pire qui ait jamais été mis en oeuvre en France depuis 60 ans ?

Car c’est bel et bien Sarkozy qui s’attaque systématiquement à tout ce qui reste du programme du Conseil national de résistance, à tout ce qui est social et socialisé dans notre pays,  y compris aux « amortisseurs sociaux » (selon l’expression de François Fillon) qui protégent encore un peu la France de toutes els catastrophes de la crise du capitalisme ?

Sarkozy a défendu à Genève le contraire de tout ce qui est mis en œuvre dans une France où il dirige pour le seul confort des 2 % les plus privilégiés de la population, théorisant même que l’enrichissement des riches tire tout le monde vers le haut, alors que chaque jour c’est la rapacité des actionnaires, comme il le reconnaît à Genève, qui plonge le monde – et notre pays – dans le désordre ?

5 Commentaires

  1. Posted 18 juin 2009 at 4:00 | Permalien

    à titre d’information au sujet des gens de mer(marins),transmis le 18 juin 2009,69 ans après l’appel du général De Gaulle,j’y tiens famillialement,j’écouterais son enregistrement demain!:

    CONTRIBUTION A UN STATUT JURIDIQUE INTERNATIONAL DES MARINS.

    D’importants changements sont intervenus dans l’économie mondiale ces trente dernières années, entraînant simultanément un bouleversement complet du monde maritime. Les progrès technologiques et de nouvelles conceptions des circuits économiques ont conduit à une réorganisation dans l’ensemble des centres de production et de distribution des biens. On a alors assisté sur 3 décennies à l’explosion des échanges maritimes, les nombreuses unités de taille modeste laissant la place à des léviathans des mer,et les équipages nombreux des années 60 sur un navire étant réduits à une poignée de marins de nos jours. Ces changements économiques structurels ont été suivis sous l’effet d’une mondialisation accéléré d’une complète redistribution des rôles des acteurs du monde maritime, les nations de tradition maritime se trouvant confronté à l’embauche de main d’œuvre des pays en voie de développement. Ceux-ci se sont organisés pour satisfaire une demande de gens de mer que le monde occidental ne pouvait et ne voulait former plus former au coût de leur économie. Cette concurrence du coût de la main d’œuvre, ne pouvait impliquer que de profonds changements dans les conditions de travail et les modalités de recrutement des gens de mer,Dès le début des années 80,les pays industrialisés,ont chercher les moyens pour faire face au surcoût de leur main d’œuvre maritime par le biais de pavillon de libre immatriculation,de pavillon bis,tout comme des pavillons de complaisance. Par l’embauche de main d’œuvre étrangère, ils ont de ce fait provoqué des changements structurels considérables et profonds dans l’immatriculation des navires et leur gestion. Malheureusement , les législations internes qui protégeait les gens de mer par un droit du travail élaboré sur de longues périodes ne concernent plus que les marins armant les navires sous leur pavillon national. De nos jours,le phénomène d’embauche de marins étrangers s’avère irréversible,et de fait on assiste à une internationalisation de l’emploi des marins,ce phénomène atteignant depuis le début des années 2000 une ampleur sans précédent,l’entrée de la Chine dans l’organisation mondiale du commerce ayant multiplié les échanges maritimes.Mon propos n’est pas d’en faire l’analyse économique,mais devant la nécessité de retrouver des normes de systèmes sociaux et économiques garantissant des conditions de travail décents à l’embauche des gens de mer,mais bien de trouver quelles solutions juridiques ont été élaborées jusqu’à maintenant et adaptées à un environnement économique dans lequel le moins-disant social est souvent également le moins-disant au niveau de la sécurité en mer. En d’autres termes un cadre juridique avec un vrai statut international du marin ne peut que faire disparaître progressivement des normes sociales d’un autre âge et par la même occasion des navires caractérisés par des sous-normes de navigabilité et de sécurité. L’organisation internationale du travail (OIT) a élaboré dans ce sens une convention maritime consolidée qui fut signe le 23 février 2006 au niveau maritime grâce au travail accompli en son sein par la commission paritaire maritime,présidée par M.Marc Schindler. La volonté conjointe du syndicat international des travailleurs du transport (ITF) de trouver des solutions concernant les contrats de travail des marins,ont constitué une esquisse de droit social international des gens de mer,sans pour autant s’opposer à l’évolution rapide d’un marché mondial très concurrentiel. Le travail de l’OIT et d’ITF convergent vers un statut international des marins,qui sans être encore universellement mis en pratique,tend progressivement vers une réelle existence.la convention proprement dite doit être ratifiée par au moins 30 Etats pour rentrer en vigueur,j’espère que la France sera la première à la ratifier…
    Norbert Van der Meulen

    http://www.ilo.org/public/french/standards/relm/ilc/ilc94/index.htm

    http://www.ilo.org/public/french/bureau/inf/pr/2006/7.htm CONVENTION MARITIME CONSOLIDEE du 23 FEVRIER 2006
    « L’OIT adopte une nouvelle charte générale pour le secteur maritime

    La nouvelle convention sera garante d’une « marine de qualité » dans le monde entier

    ——————————————————————————–

    « Jeudi 23 février 2006 (BIT/06/07)

    GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Aujourd’hui, l’Organisation internationale du Travail a adopté, à une majorité écrasante, une nouvelle norme globale du travail pour le secteur maritime mondial, ce que le Directeur général du BIT, Juan Somavia, a appelé une avancée décisive pour le monde du travail.  »

    L’OIT adopte une nouvelle charte générale pour le secteur maritime

    La nouvelle convention sera garante d’une « marine de qualité » dans le monde entier

    ——————————————————————————–
    Recopie du communiqué de presse du 23 février 2006 publié par l’OIT
    Jeudi 23 février 2006 (BIT/06/07)
    GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Aujourd’hui, l’Organisation internationale du Travail a adopté, à une majorité écrasante, une nouvelle norme globale du travail pour le secteur maritime mondial, ce que le Directeur général du BIT, Juan Somavia, a appelé une avancée décisive pour le monde du travail.

    La nouvelle convention du travail maritime 2006 a été adoptée par 314 votes pour, aucun vote contre et 4 abstentions lors de la 94e Conférence internationale du Travail (maritime) qui s’est tenue ici du 7 au 23 février. Le vote reflète un soutien considérable de la part des délégués venus de 100 pays et représentant les marins, les armateurs et les gouvernements.

    « Nous avons écrit une page de l’histoire du travail maritime aujourd’hui », a déclaré M. Somavia. « Nous avons adopté une convention qui traverse les continents et les océans, offrant une charte globale du travail pour plus de1,2 million de gens de mer dans le monde et répondant aux réalités et aux besoins évolutifs d’un secteur qui concerne 90 pour cent du commerce mondial ».

    « Qui plus est, nous avons instauré un socle socioéconomique pour la concurrence mondiale dans le secteur maritime », a ajouté M. Somavia. « Cette initiative pourrait aussi donner l’élan et l’appui nécessaires pour élaborer des approches similaires, novatrices et équilibrées, pour répondre à la nécessité de créer une mondialisation juste dans d’autres secteurs du monde du travail. »

    La nouvelle convention présente clairement, sans détours, une « charte des droits » des gens de mer, tout en laissant une latitude suffisante au niveau national pour octroyer ces droits dans un esprit de transparence et de responsabilité. La convention contient également des dispositions qui lui permettent de rester en phase avec les besoins du secteur et contribuent à une application et une mise en vigueur universelles.

    Ses dispositions permettront de satisfaire la demande d’une marine de qualité, vitale pour l’économie mondiale. Cette convention sera applicable à tous les navires engagés dans des activités commerciales, à l’exception des bateaux de pêche et des embarcations traditionnelles (telles que boutres et jonques).

    La Conférence a entendu les déclarations de quatre invités spéciaux: M. Efthimios Mitropoulos, Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI), M. Jacques Barrot, Vice-président de la Commission européenne, Chargé des transports, M. Zuyan Xu, Vice-ministre des Communications de Chine et Mme Karin Yrvin, ministre déléguée du Commerce et de l’Industrie de Norvège.

    Conditions minimales pour le travail décent dans le secteur maritime
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    La nouvelle convention est conçue de façon à encourager le respect de ses dispositions par les affréteurs et les propriétaires de navires et à renforcer la mise en vigueur des normes à tous les niveaux, y compris des dispositions de procédures de dépôt de plaintes à bord ou à terre accessibles aux marins, celles relatives à la supervision par les armateurs et les capitaines des conditions à bord de leurs navires, et à la juridiction et au contrôle des États du pavillon sur leurs bateaux.

    La convention établit les exigences minimales pour les marins qui travaillent sur un navire et contient des dispositions sur les conditions d’emploi, les heures de travail et de repos, l’hébergement, les équipements de loisirs, la restauration, la protection sanitaire, les soins médicaux, le bien-être et la sécurité sociale.

    La forme et la structure de la convention comptent parmi ses nouvelles caractéristiques, avec des normes juridiquement contraignantes accompagnées d’instructions guidées par des principes directeurs. Elle se démarque nettement des conventions traditionnelles de l’OIT. Les procédures d’amendement sont rapides et, plus important encore, elle instaure un système de certification des conditions de travail des gens de mer.

    Dans le cadre de la nouvelle convention, les navires qui jaugent plus de 500 tonneaux et qui entreprennent des voyages internationaux ou des trajets entre ports étrangers seront tenus de présenter un « Certificat de travail maritime » et une « Déclaration de conformité du travail maritime ». La déclaration présente les plans des armateurs pour s’assurer que les lois nationales applicables, les réglementations et autres mesures requises pour mettre en œuvre la convention sont continûment respectées. Les capitaines seront responsables de mettre en pratique les plans conçus par les armateurs et de tenir à jour les registres qui prouvent le respect de la convention. L’Etat du pavillon révisera les plans des armateurs, vérifiera et certifiera qu’ils sont bien en vigueur et respectés. Cela va mettre la pression sur les armateurs qui ne respectent pas le droit et la supprimer pour ceux qui s’y conforment.

    Parmi les autres caractéristiques novatrices de la convention, se trouvent: les procédures d’amendement accélérées pour mettre à jour les dispositions techniques et s’adapter aux changements dans le secteur; les procédures de dépôt de plaintes à bord et à terre pour favoriser la résolution rapide des problèmes dans la mesure du possible; un système de plaintes et d’inspections lié au système de contrôle bien établi de l’OIT; des dispositions garantissant que, si l’Etat du pavillon délègue certaines fonctions d’inspection et de mise en vigueur à une organisation reconnue telle qu’une société de classification, l’organisation devra satisfaire à des critères spécifiques d’indépendance et d’expertise; et, une approche fondée sur la gestion modernisée de la santé et de la sécurité au travail.

    La nouvelle convention consolide et met à jour 68 conventions et recommandations maritimes de l’OIT adoptées depuis 1920. Les pays qui ne ratifient pas la nouvelle convention seront toujours liés par les anciennes conventions qu’ils ont ratifiées mais qui seront désormais fermées à de nouvelles ratifications.

    La convention a reçu un fort soutien des représentants des partenaires sociaux tripartites de l’OIT. Brian Orrell, Vice-président des marins à la Conférence, du Royaume-Uni, a déclaré: « Nous estimons que l’accord que nous avons conclu apportera une contribution significative au travail décent en mer et fera vraiment une différence pour la vie de nombreux gens de mer dans le monde. »

    M. Dierk Lindemann d’Allemagne, Vice-président de la Conférence pour les armateurs a affirmé: « Le chemin peut sembler avoir été long mais nous en sommes venus à bout et nous avons fait l’histoire. Nous avons maintenant une convention unique des normes du travail maritime embrassant virtuellement tout ce dont nous avons besoin pour établir un régime uniforme et acceptable pour les gens de mer du monde entier. »

    M. Bruce Carlton des Etats-Unis, qui présidait la Commission plénière, a dit: « La convention est unique en cela qu’elle est bien armée. Ce qui fait toute la différence pour cette convention, c’est qu’il s’agit d’une marine de qualité. Au-delà de l’amélioration des conditions de travail des gens de mer, il s’agit aussi de marginaliser davantage les mauvais armateurs qui nuisent à l’ensemble de la profession. C’est un bénéfice économique très réel pour tout le secteur maritime. »

    M. Somavia a conclu en disant que la convention marquait un nouveau départ dans la quête d’une mondialisation juste en établissant « des règles du jeu équitables pour tout le monde. Dans le même temps, le marché devrait avoir suffisamment d’espace pour remplir ses fonctions clés pour l’économie et la société. Dans la recherche de solutions, il est devenu de plus en plus évident qu’il ne peut y avoir de succès durable avec des solutions purement nationales à des problèmes mondiaux. »

    La prochaine étape sera la ratification de la convention. Un soin particulier a été pris, grâce à un mélange de fermeté et de flexibilité, afin que ces dispositions soient acceptables pour tous les pays qui portent un intérêt au secteur maritime, et pour que la convention devienne le « quatrième pilier » du régime de réglementation maritime internationale, au côté des trois conventions clés de l’OMI, à savoir la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (Convention SOLAS), la Convention internationale sur les normes de formation des gens de mer, de délivrance des brevets et de veille (Convention STCW) et la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (Convention MARPOL). La convention entrera en vigueur après avoir été ratifiée par 30 Etats Membres de l’OIT représentant au moins 33 pour cent du tonnage brut mondial.

    « Ce qu’il nous faut faire maintenant, c’est travailler ensemble pour que les prochaines étapes connaissent la même dynamique et la même force que celles que vous avez apportées à la formulation de la convention », a déclaré M. Somavia. »

    à quand l’application réelle de normes sociales et fiscales internationales par l’OMC,d’accord avec vous,l’OIT devrait avoir plus de poids,amicalement
    Norbert Van der Meulen,Officier marine marchande retraité-PS-Yerres-91330

  2. Posted 18 juin 2009 at 4:06 | Permalien

    M.Filloche ,votre article est parfait et très documenté,je le fais circuler si vous m’y autoriser,mais ne vous présenter pas à l’élection présidentielle,nous perdrions un précieux spécialiste en droit du travail.Par contre,si un jour le PS revenait au pouvoir avec une alliance avec les verts et d’autres,le spectre est en effet large,votre rôle serait probablement plus important et surtout nécessaire,il nous faut des experts.
    Norbert Van der Meulen,marin retraité invalide

  3. Jean CALONE
    Posted 18 juin 2009 at 16:24 | Permalien

    Gérard,
    votre analyse est pertinente.
    Si nos médias n’étaient pas inféodés, ils dénonceraient également ce double langage.
    je vous garde en mémoire.
    Amitiés solidaires,

  4. €l Gringo
    Posted 19 juin 2009 at 15:05 | Permalien

    Le problème ne vient pas que de Sarkozy, il vient des socialistes aussi.
    Aujourd’hui, notre système social est défaillant, il a, ce qu’on appelle dans mon métier, des trous de garantie.
    Sauf si on a été un travailleur pauvre toute sa vie, on peut être à la recherche d’un job sans avoir à la moindre allocation sociale ni même à la couverture d’assurance maladie, laquelle n’est plus dans les faits universelle.
    On peut avoir épuisé ses droits au régime général, sans avoir droit à la CMU et sans avoir les moyens de payer l’assurance personnelle.
    Dans ces conditions, pas étonnant que notre pays soit plus pauvre qu’il y a trente ans, quand je suis rentré dans la vie active.
    Compte tenu de l’affaiblissement de l’économie et du marché du travail, du crédit pour les créateurs d’entreprises, de la disparition subite du RMI et de l’API, les choses ne vont pas sarranger en France, et pas plus les socialistes que Sarkozy et ses sbires n’en ont conscience. Et que je sache, pour réformer comme il faut, encore faut il savoir ce que vivent les citoyens de ce pays.
    Quand j’étais enfant il y a quarante ans, on nous recommandait notre avenir comme fonctionnaire, lesquels d’ailleurs si rien ne change ne seront peut-être à leur tour plus payés dans quelques années, c’est arrivé à d’autres Etats il y a quelques années, alors pourquoi pas en France ?
    La question que je me pose est celle ci : quand aurons nous des hommes politiques conscients de ce qu’ils font vivre aux citoyens, exceptés les citoyens pauvres qui, eux, sont toujours protégés ????

  5. €l Gringo
    Posted 21 juin 2009 at 16:12 | Permalien

    S’agissant des entreprises et de l’emploi, il faudrait renforcer le pouvoir des inspecteurs du travail, à condition de le faire sur l’ensemble des pays membres de la communauté européenne, lui donner un pouvoir aussi important que celui du banquier. Et faire passer le message aux Etats Unis, car c’est l’intérêt de TOUS les pays développés.
    Capitaliste, communiste ou autre, un système économique ne doit pas être supérieur aux Etats.

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