La Grèce, la démocratie et DSK

Aux dernières élections locales grecques, l’abstention et le vote blanc ont atteint des records : 54 % d’abstentions (alors que le vote est obligatoire, sous peine d’amende !) et 6 % de votes blancs ou nuls. A Athènes, l’abstention culmine à 66 % et le vote blanc à 11,6 %

15 % des suffrages exprimés sont allés aux partis de gauche qui, tel le KKE (le parti communiste grec), refusent l’austérité.

Les partis prônant l’austérité (de droite ou de gauche) ne totalisent donc que 34 % des suffrages des électeurs grecs inscrits : 40 % des suffrages exprimés dont il faut déduire les 6 % des électeurs inscrits ayant opté pour les partis de gauche refusant l’austérité.

Le parti de Papandréou, le PASOK recueille, au total, moins de 20 % des voix des électeurs inscrits. Ce sont les suffrages d’une partie du salariat qui a voté sans le moindre enthousiasme pour tenter de limiter la casse en sachant qu’une austérité de droite serait encore pire que l’austérité actuelle. Difficile, donc, de trouver un rejet plus massif de sa politique de soumission aux banques, aux spéculateurs, à l’Union européenne libérale, à un  FMI tout aussi libéral.

normalement lorsqu’on est « social » et « démocrate », on ne peut qu’être attentif à un tel phénomène,  et le déplorer. Cela signifie un message clair du peuple horrifié par les manipulations de la droite et déçu par la gauche.

Ce n’est pas du tout la vision de DSK qui a déclaré, le 15 novembre, sur France Inter que « le gouvernement en place, avec le programme du FMI, a été compris par l’opinion et que l’opinion est derrière le gouvernement ». Ce n’est pas bien de mentir aux Français en spéculant sur leur ignorance des faits exacts sur la situation en Grèce : avec moins de 20 % des électeurs inscrits qui le soutiennent, DSK ne peut sérieusement faire croire que l’opinion grecque est derrière le gouvernement Papandréou !

Pourtant DSK va plus loin dans la déformation ds faits : il  précise même « Ce n’est jamais arrivé que, malgré un programme aussi dur que celui que les Grecs sont amenés à supporter, on arrive à faire comprendre à la population que c’était nécessaire et que finalement, en majorité, elle soutienne le gouvernement en place ».

Le Parti Socialiste Grec, le PASOK, obtient moins de 20 % des suffrages des électeurs inscrits, 60 % des Grecs s’abstiennent ou votent blanc, mais, pour DSK c’est la majorité de la population qui soutient le gouvernement en place ! C’est une attitude qui n’est ni démocrate, ni sociale. D’autant que tout cela revient a donner raison « aux hordes des loups spéculateurs » qui ont pillé la Grèce comme ils pillent l’Irlande aujourd’hui.

DSK, l’Union européenne et la démocratie

Dans un discours, le 19 novembre à Francfort, DSK s’est prononcé pour une plus grande « intégration de l’Union européenne ».

Mais, pour DSK, cette intégration signifie encore moins de démocratie pour les institutions européennes qui en sont déjà pourtant très  éloignées. Le Parlement européen, la seule institution européenne élue au suffrage universel est aussi celle qui détient – et de loin- le moins de pouvoir. Toutes les autres, la BCE, la Commission, la Cour de justice, Les Conseils des Ministres n’ont qu’un rapport très lointain avec la démocratie et les comptes à rendre aux citoyens.

Dans ce discours, DSK prône « la création d ‘une autorité budgétaire centralisée, aussi indépendant politiquement que la Banque Centrale Européenne ». Il précise que cette « autorité fixerait les orientations budgétaires de chaque pays membre »

L’indépendance de la BCE est une fable. C’est devenu aveuglant avec la crise bancaire et celle des dettes publiques. La BCE est, certes, totalement indépendante des décisions démocratiques des citoyens. Elle est par contre, entièrement soumise à la volonté des « marchés financiers », c’est-à-dire des spéculateurs qui fixent, comme ils l’entendent, la valeur de l’euro. Une valeur pourtant décisive pour les exportations et la croissance. En Europe.

Instaurer une « autorité budgétaire » du même type, ce serait retirer aux Etats et aux parlements nationaux, élus au suffrage universel,  qui votent les budgets l’un de leurs pouvoirs essentiels. Et, ce pouvoir ne serait pas pour autant attribué à un organisme européen démocratique, mais à un organisme qui, comme la BCE, serait entièrement soumis aux « marchés financiers » ou aux spéculateurs, ce qui revient au même.

Comment peut on en arriver à prôner une forme de dictature incontrôlable par les citoyens quand on est républicain, démocrate et social ? Comment peut on ne pas rechercher une alternative à la spirale infernale qui plonge l’UE dans l’échec, l’euro aussi ? Car la récession, les austérités qui sabrent les droits et revendications des peuples pour les subordonner aux hold up des banques, ce sont des voies que nous ne pouvons que combattre…

Comment DSK, membre et peut être candidat du Parti socialiste  peut il nous proposer un  pareil programme de subordination institutionnalisé aux diktats de la finance et à son cortège de spoliations, de chômage, de misère ?

12 Commentaires

  1. schepman
    Posted 27 novembre 2010 at 1:19 | Permalien

    notre président PS quel qu il soit devra appliquer notre programme .
    pour les gr’ecs ceux qui n ont pas voté n ont pas davis , tant pis pour eux !!!

  2. Jacky Soulié
    Posted 27 novembre 2010 at 15:25 | Permalien

    Voilà pourquoi je ne voterai JAMAIS pour DSK qui est, à mon avis, l’homme politique le plus dangereux de toute la classe politique, Sarkozy et Le Pen inclus.
    Si le PS adoube cette graine de dictateur, il se suicide en klaxonnant !

  3. argeles39
    Posted 27 novembre 2010 at 17:20 | Permalien

    DSK a même osé affirmer que le FMI est « de gauche ».
    Il semble bien profiter au FMI, la table doit être bonne, qu’il y reste.
    J’espère que le PS n’en fera pas son candidat pour 2012, ce serait une grave erreur qui ouvrirait un boulevard à Sarkosy (mais c’est peut-être ce qui est souhaité par l’oligarchie
    ).

  4. COURTE
    Posted 27 novembre 2010 at 20:05 | Permalien

    Eh oui, rien à attendre du futur candidat du PS DSK, SARKO= DSK même combat pour le CAC40.
    De mon côté, je contribuerai à dénoncer cette supercherie.
    Pour moi au 2ième tour ce sera VOTE BLANC.
    Je n’abimerai pas ma conscience.

  5. Posted 28 novembre 2010 at 9:52 | Permalien

    et je dirais même plus,
    la France n’a pas à avoir de  » Parti socialiste ».

  6. Posted 28 novembre 2010 at 19:34 | Permalien

    DSK est-il (encore) de gauche ? Seule sa femme s’en souvient… qui lui pardonne tout… ;)

  7. Posted 28 novembre 2010 at 21:22 | Permalien

    et dire q’en 2012 on aura le choix entre la peste et le cholera!

  8. Paco
    Posted 29 novembre 2010 at 12:08 | Permalien

    Et même si DSK n’est pas élu, le candidat « UMPS » qui sera président, continuera à soumettre le pays aux diktats du FMI, comme le fait Sarko actuellement.

    C’est d’une sixième république et d’une sortie de l’UE dont la France a besoin!

  9. Posted 29 novembre 2010 at 14:31 | Permalien

    tiens, un belge.

  10. sdz
    Posted 29 novembre 2010 at 18:40 | Permalien

    Vous avez fait le tour du bonhomme, tout en arrogance et néo-impérialisme… Les millionnaires sur leur patrimoine personnel représentent 3.8% de la population, cela suffit à déclasser définitivement cet individu!

    J’en profite pour vous faire part de la création récente de l’IRC, initiative républicaine de coalisés… Je précise toutefois que cette association, parti en devenir, n’est pas polarisée à gauche.
    cf blog

    http://www.la-france-contre-la-crise.over-blog.com

  11. Posted 29 novembre 2010 at 20:55 | Permalien

    Mais Gérard qu’est-ce que tu fous au PS viens avec nous au PG.
    Comment tu vas faire pour les présidentielles ? pour le choix des candidats à la rigueur tu peux choisir Montebourg… mais après vous faites quoi ? comme au congrès du Mans ?

  12. Posted 30 novembre 2010 at 13:06 | Permalien

    la réponse est dans le billet suivant :

    Gérard Filoche est pas un gogol :
    il ne s’adapte pas…

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