Austérité de gauche, retraite à la carte et système par points : Pierre Moscovici avance à découvert sur l’aile droite

L’aile droite du Parti socialiste se compterait-elle réellement sur la base de ses arguments lors du vote du 2 décembre et de la convention du 11 décembre ? Rien de moins sûr : car si Pierre Moscovici et ses amis de « Besoin de gauche » publient un long texte critique de 13 pages contre la résolution présentée par la majorité en faveur de l’égalité réelle, ils n’iront peut-être pas au vote. En effet ils concluent « Ce texte est-il amendable ? Ne nous voilons pas la face : les délais sont très courts et les  divergences réelles. » et envisagent de poursuivre des mois de débat fécond… Jusqu’à la 5° convention présentée comme la plus importante car elle établira le « projet » présidentiel.

Pierre Moscovici se plaint de trois écueils :

«  -  Celui de la méthode d’abord : le temps de la réflexion, de la discussion collective, de la négociation entre sensibilités n’a pas été suffisant.

-      Celui de la crédibilité ensuite : nos priorités doivent être claires et hiérarchisées, les Français doivent connaître la base sur laquelle ils s’engageront en 2012 en votant pour le Parti socialiste.

-     Celui de la ligne directrice enfin : il s’appuie sur une vision encore trop étatiste, prenant insuffisamment en compte tout l’apport de la démocratie sociale, de la société civile, mais également des collectivités territoriales dans la lutte contre les inégalités. »

Quel est le fond de la critique ? « La dette publique a augmenté de 27 000 euros par ménage. Chaque Français comprend ce que  représente cet argent, pour son ménage comme pour notre pays : c’est l’obligation d’être  désormais sélectif dans nos dépenses et efficaces dans nos investissements. » Là, Moscovici nous prépare à une politique à la Papandréou ou à l’Irlandaise. Il faudra d’abord rétablir les comptes et ce n’est que dans ce cadre d’une politique d’austérité qu’on pourra agir !  Réduire les dépenses publiques et gérer la pénurie autrement.

Pourtant c’est un mensonge, car si les caisses paraissent vides c’est parce que l’UMP les a vidées artificiellement. En fait il y a 110 milliards d’impôts qui manquent chaque année et qu’on peut faire rentrer à nouveau. Et la France n’a jamais été aussi riche, il y a d’autres dizaines de milliards d’euros de recettes à récolter. En tout cas, c’est un mensonge libéral de présenter la « dette » comme étant répartie « entre les ménages » (sic), c’est  évidemment faux, il y a les ménages qui possèdent la dette et ceux auxquels il est demandé de la rembourser, ce ne sont pas les mêmes. Ensuite ce ne sont pas les dépenses publiques qui sont en cause, elles ont baissé depuis 14 ans, depuis 1996, il faut plutôt les ré augmenter, réinvestir dans le secteur public, recruter des fonctionnaires dans les écoles, les hôpitaux, l’équipement, la police, la justice, si l’on veut relancer l’économie et sortir de la crise.

Ce n’est pas l’avis de Moscovici qui écrit : « L’impasse budgétaire qui se profile est d’autant plus grande que le texte se distingue par  une attention insuffisante à l’égard des acteurs privés, entraînant toujours plus d’investissement public. » Voilà l’austérité de gauche après celle de droite. Il maintient les « zones franches » de droits, il refuse la formation des maîtres supprimée par la droite, il refuse de  recruter des fonctionnaires, mais plutôt des contractuels, dans le cadre de partenariats publics privés, il ne veut pas de nationalisation de l’eau, et refuse toute hausse généralisée des salaires… si on suit le texte, on a bel et bien une austérité teintée légèrement d’intentions de gauche

Le cri du cœur c’est quand Jean Jaurès est convoqué pour  la défense d’un « nouveau paradigme, l’individu » : « Rien n’est au-dessus de l’individu. Le socialisme est l’individualisme logique et complet… L’individu est la fin suprême ».  Aussitôt après, il est question de « réserver au lycée et à l’enseignement supérieur une dynamique plus compétitive et plus autonome » de faciliter les licenciements pour une meilleure « flexisécurité à la danoise » (comme si la critique du pseudo « modèle danois » n’avait pas déjà été mille fois faite de façon convaincante). Tout cela pour défendre « la possibilité pour les  actifs de choisir le moment de leur départ en retraite via un système de comptes notionnels », c’est-à-dire le programme du Medef en matière de retraite à la carte…

Au moins les cartes sont sur la table… Il va être difficile pour le « centre » du parti de tenir un équilibre entre une ligne de changement social à gauche et semblable ligne d’adaptation au néolibéralisme.

9 Commentaires

  1. Posted 30 novembre 2010 at 15:01 | Permalien

    Les écueils mis en avant par Moscovici sont délirants:
    -sur la méthode, vous allez plus loin et nous aussi à l’IRC…
    -sur la crédibilité, le PS est moribond depuis le passage en force sur le traité de Lisbonne…
    -sur la ligne directrice, en néo-impérialiste c’est sûr que se passer de l’Etat ce sera sûrement mieux pour affronter les nouveaux seigneurs de la guerre qui nous rançonnent… Quant aux collectivités locales, rien de mieux qu’elles pour noyer le poisson et laisser croire aux Français qu’ils ont encore la maitrise de leur destin… On comprend qu’il se trompe d’échelle!

    J’espère vous lire sur la souveraineté monétaire qui nous apparait indispensable.

  2. Posted 30 novembre 2010 at 20:15 | Permalien

    m’enfin Gérard tu fais la BONNE analyse… te manque la décision… nous devons attendre encore et encore que le PS…… blabla

  3. André COURTE
    Posted 30 novembre 2010 at 22:58 | Permalien

    Mais Moscovici fait partie de ceux qui veulent promouvoir la candidature de… devinez qui?
    Quel beau programme pour 2012!!
    Quand on pense que le PS est débordé sur sa gauche par DLR et NDA, ils sont devenus fous!!

  4. Posted 1 décembre 2010 at 12:01 | Permalien

    gérard fi. : je ne comprends pas, plus… Quel sens a le fait de rester au PS, alors que manifestement, à la lecture de tant de billets de ton blog, que je suis atttentivement, nos positions sont is proches ?

    N’est-il pas de plus en plus évident qu’une ligne de fracture idéologique traverse le ps de part en part, aggravée par le « non creusement » du séïsme du référendum de 2005 par les instances du ps, qui n’en ont tiré aucune leçon ?

    Comment peux tu continuer à cautionner par ta présence un système qui a fait ses preuves,et sa faillite ?

    le PS me semble de moins en moins socialiste, et de plus en plus un parti de centre gauche.

    Tu n’y es plus à ta place, reconnais le !

  5. Posted 1 décembre 2010 at 14:25 | Permalien

    bien au contraire.

  6. Lejeune
    Posted 1 décembre 2010 at 14:56 | Permalien

    Votre analyse de ce que devrait être le programme de la gauche n’est pas si éloignée de celle de JL Mélanchon.
    Bravo pour cette analyse mais gardez vous de vos prétendus amis du PS du FMI
    Reste à prendre les décisions qui s’imposent
    A gauche toute

  7. Philippe Griès
    Posted 1 décembre 2010 at 16:05 | Permalien

    Cher Gérard Filoche rejoignez-donc Jean-Luc Mélenchon, vous y seriez, me semble t-il, bien plus à l’aise.

    Très cordialement.

  8. Posted 1 décembre 2010 at 17:02 | Permalien

    Gérard, c’est un joli prénom.

  9. Sprlmvitch
    Posted 1 décembre 2010 at 19:21 | Permalien

    Y-a pas que le mosco qui délire…

    La ségogole n’a pas dit que pour construire des maisons il fallait remplacer les maçons par des coûturières…
    Elle n’a pas non plus dit que pour réparer les fuite on pourraît remplacer les plombiers par des experts comptables…
    Ni que pour remplacer les acteurs du porno par des par des clônes de l’hypospade Sainte-Beuve…
    Elle est longue, la liste des aneries que la bécasse néo-puritaine n’a pas dites…

    Par contre zégogole a dit que pour rééduquer les jeunes délinquants il fallait remplacer les z’éducateurs-spychologues-profs et autres formateurs par des bons vieux caporaux-chefs et autres juteux…

    Quelle femme admirable!!! Elle a perdu en proférant ce type de sottises abjectes en 2007…Mais elle pense qu’elle va gagner en 2010…

    Cela prouve 2 choses:

    - Traiter le sujet « insécurité » en niant les causes sociales de la délinquance rend les politiciens français profondément intelligents et brillants…

    - Le PS a raison de ne pas renouer avec les positions de gauche et d’être trés pragmatique sur ces questions-là…

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