Alerte au mercure au Carreau du Temple

Au boulot n°32

Alerte au mercure dans les sous-sols, entre 0 et – 4 mètres, sur le chantier de rénovation du Carreau du Temple dans le IIIe arrondissement à Paris.

C’était sans doute connu depuis des mois par les études préliminaires de terrain des organismes habilités. Mais que voulez-vous ? Sous Sarkozy, on met en concurrence les organismes publics et privés aux moins coûtants. Un organisme privé de… Limoges a remporté le « marché » contre l’« Institut national de recherches archéologiques préventives » (INRAP). Il n’a rien signalé. Pour la « CGT culture », c’est comme ça avec le privé en la matière. « Services privés, privés de services ». Alors des ouvriers ont commencé à creuser sans précaution avant que l’inspection du travail, avertie, n’intervienne.

Le mercure est pourtant une source de contamination mondialement répandue, un toxique qui ne se décompose pas, il peut être absorbé, s’accumuler dans les organismes vivants. Sous forme élémentaire – liquide argenté, brillant et volatil, il dégage une vapeur incolore et inodore. Sous forme inorganique, il se combine avec le soufre, le chlore ou l’oxygène. Le mercure augmente par l’effet des procédés de combustion industriels, l’incinération des déchets (produits homéopathiques, thermomètres, piles électriques) ou leur dilution dans des sols inondés. Dans ce quartier de Paris, il y a justement eu des activités chimiques, médicales (laboratoires) et beaucoup de joaillerie (cadmium).

Les effets sur la santé de l’exposition au mercure sont redoutables et dépendent de sa forme chimique, élémentaire, inorganique ou organique, du niveau et de la voie d’exposition (inhalation, ingestion ou contact cutané). Les tableaux n°2 et 12 des maladies professionnelles décrivent ce qui s’appelle « l’hydrargyrisme professionnel » : des concentrations élevées de vapeurs de mercure provoquent des lésions à la bouche, aux voies respiratoires et aux poumons et sont susceptibles de provoquer la mort.

À l’heure où la majorité UMP supprime de facto, dans un silence quasi général, la médecine du travail, dans quelles conditions, va être mis au boulot la quarantaine d’ouvriers prévus sur ce chantier ? La fiche toxicologique TF55 de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) propose des méthodes simples d’application, précises et efficaces pour prévenir l’intoxication mercurielle.

Mais le premier effet, ce sera qu’il y aura du retard avant que les ouvriers du bâtiment soient mis à l’œuvre, si l’on ne veut pas qu’ils inhalent ce poison. Du « retard » ? Mais ça mécontente tout le monde, ça. Les financeurs. Les bâtisseurs. Rendez-vous compte : il faut de la prévention, aération, aspiration à la source, assainissement, décontamination… Et il faut que ce soit contrôlé par les médecins et inspecteurs du travail… Pas dans l’air du temps tout cela…

Gérard Filoche

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