Laurent Joffrin contre un gouvernement de gauche. Il dénonce « la première boulette du quinquennat »

Se faisant porte-parole des sociaux libéraux hissés au gouvernement et ainsi réduits au silence, Laurent Joffrin, mais aussi Libération partent en guerre contre un gouvernement de gauche et prônent un gouvernement « ouvert » d’unité nationale. Ils n’y vont pas de mainmorte :

« Faut-il incriminer la bêtise partisane, le calcul oblique des apparatchiks ou bien la volonté de puissance du PS ? En tout cas, c’est la première boulette du quinquennat. Coup sur coup, les socialistes viennent de commettre deux erreurs électorales qui peuvent leur coûter très cher. Au sud, ils ont refusé à François Bayrou le retrait de leur candidat qui eût facilité sa réélection en juin. Au nord, ils ont usé de la même mauvaise manière envers Jean-Luc Mélenchon. » (LJ)

Quant on sait que c’est François Hollande qui est visé, car il a refusé (avant d’être président en titre) ce que lui proposaient Marisol Touraine, Vincent Peillon, Pierre Moscovici, c’est à dire de ne pas présenter de candidat face à Bayrou, on mesure la violence du ton de Joffrin.

N’allez pas croire pour autant que Laurent Joffrin se soucie de Mélenchon. Il ne se soucie que de Bayrou. Déjà il y a trois semaines, il défendait un « gouvernement de Bayrou à Poutou ». Ce n’était pas non plus pour Poutou !

Le candidat du FdG n’est là que pour masquer l’objectif principal : « Aux critiques de droite (vous favorisez Mélenchon) ou d’extrême gauche (vous faites la courte échelle à Bayrou), il leur aurait été facile de répondre : par esprit démocratique, nous assurons l’expression du centre aussi bien que de la gauche de la gauche. Nous sommes ouverts, nous cherchons le rassemblement le plus large. Pas de jaloux…(aveu de LJ, même article)

Comme si Joffrin ne savait pas que la gauche ne supporte pas l’alliance avec… la droite. Et qu’il est IMPOSSIBLE de s’allier à Bayrou et Mélenchon à la fois !

Bayrou est de droite, il combat, dans sa circonscription, 6 des 7 conseillers généraux de gauche, il vote concrètement avec la droite dans toutes les assemblées locales, et c’est pour cela que la fédération socialiste des Pyrénées atlantiques, refuse de ne pas présenter un candidat face à lui.

Mélenchon, quoi qu’on pense de lui annonce qu’il ne votera jamais avec la droite contre le PS, ce n’est pas du tout pareil…

L’opposition insistante, répétée, de Joffrin à « la première boulette » de François Hollande, c’est parce qu’il milite pour un gouvernement « ouvert » à droite face à la crise. C’est ce que les sociaux libéraux du PS susurrent déjà dans tous les couloirs : ce sont des partisans déclarés de l’alliance Pasok-DN (Démocratie Nouvelle, UMP grecque), des pessimistes qui estiment qu’un gouvernement de gauche en France n’aura pas l’assise pour affronter Merkel et les néolibéraux. Ce sont les mêmes qui refusent de recevoir Alexis Spiras (de Syriza) pour ne pas fâcher Papandréou, Papademos et Venizelos. Ce sont les mêmes qui se disent contre l’austérité ici, en France, mais défendent le « mémorandum » Sarkozy-Merkel qui impose l’austérité puissance 10 au peuple grec.

La question grecque est ouverte : ceux qui là-bas ont livré leur peuple aux banques l’ont trahi, ils ont imposé une destruction sociale, un « sac » d’ampleur inégalée, on ne peut à la fois en appeler à la croissance et à la justice, ici, et approuver une orientation qui a été contraire à Athènes. Nous faisons tout, ici, avec un gouvernement de gauche pour empêcher qu’une catastrophe comme celle de la Grèce avec un gouvernement DN-Pasok-Laos (1) ne nous soit imposée.

(1) Ici « gouvernement DN-Pasok-Laos », cela voudrait dire « gouvernement UMP-PS-FN ». Joffrin, bien sûr, ne va pas jusque-là (il ne prône pour l’heure qu’un « arc » ouvert au « centre », aux gaullistes de gauche, aux républicains de progrès, de « rassemblement le plus large, pas de jaloux »…ce qui n’est déjà pas mal)

2) Jean-Luc Mélenchon a choisi pour des raisons qui lui sont propres de se présenter à Hénin-Beaumont contre Marine Le Pen. Une fois ce choix fait et quoiqu’on en pense sur le fond, il doit gagner, c’est de l’intérêt de toute la gauche, même de celle qu’il a ainsi placé au pied du mur.  Autant il n’y avait pas de raison de retirer un candidat socialiste face à l’homme de droite Bayrou, autant il est souhaitable qu’aucun socialiste n’empêche la défaite de Le Pen et vu la configuration particulière de la circonscription, il est nécessaire que Mélenchon soit investi comme le seul candidat de toute la gauche assurant sa victoire et la nôtre. Il n’y a pas « blanc bonnet et bonnet blanc » entre Bayrou et Mélenchon, entre droite et gauche.

 

 

9 Commentaires

  1. shaher
    Posted 24 mai 2012 at 11:40 | Permalien

    Mouahaha ! Voilà un article revigorant. Merci Gérard.
    Pour dissiper ma perplexité sur le traitement des soclib à l’encontre de Tsipras, quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi Fabius, qui a voté non au TCE, a jugé bon de reprendre la propagande Pasokienne :
    « Les Grecs, s’ils veulent rester dans la zone euro, «ne peuvent pas se prononcer pour des formations qui les feraient sortir de l’euro» » ?
    Est-ce par discipline de gouvernement ? Partage-t-il leur avis ?
    Ais-je mal compris, et la pique ne s’adressait pas implicitement à Syriza ?

  2. Gilbert
    Posted 24 mai 2012 at 13:25 | Permalien

    Gérard Filoche : « Ce sont les mêmes qui refusent de recevoir Alexis Spiras (de Syriza) pour ne pas fâcher Papandréou, Papademos et Venizelos ».

    Que je sache, personne de l’aile gauche du PS n’a reçu Spiras, ni Gérard Filoche, ni ses amis. Pourquoi ?

  3. Posted 24 mai 2012 at 13:42 | Permalien

    mais Syriza n’a pas demandé à nous voir, c’eut été avec plaisir…et nous les inviterons à nos réunions gauche socialiste lorsque nous en ferons…

  4. Pusseux
    Posted 24 mai 2012 at 15:53 | Permalien

    superbe réplique gégé ! ça c’est de la répartie ! ptdr ! tu lui a bien cloué le bec !

  5. Gilbert
    Posted 24 mai 2012 at 19:39 | Permalien

    Ben voyons. Je ne sais pas qui cloue le bec à qui mais il me semble que si un responsable du PS avait souhaité rencontrer Spiras, le Grec serait arrivé en courant. Quand il s’est agi de faire campagne pour le non au TCE, Gérard et ses amis n’ont demandé la permission à personne, que je sache.

  6. Gilbert
    Posted 25 mai 2012 at 13:36 | Permalien

    Laurent Joffrin n’a pas besoin de militer pour un gouvernement ouvert à la droite. C’est déjà fait avec la nomination de Pierre Lescure pour plancher sur Hadopi (alors que dans le même temps Juan Branco, le principal collaborateur d’Aurélie Filippetti durant sa campagne, très en pointe dans le combat contre Hadopi,a été chassé). Lescure mouillé dans toutes les entreprises « culturelles » capitalistes, comme le montre Arrêt sur images et Médiapart, que je cite :
    «  »Ancien patron de Canal+, filiale de Vivendi Universal, avec Denis Olivennes pour adjoint, il a longtemps participé à la folle fuite en avant du PDG de ce groupe, Jean-Marie Messier, avant de se fâcher avec lui, et d’être écarté de la chaîne cryptée, écrit Mauduit. De par son passé à la tête du groupe Vivendi, ayant en charge une chaîne de télévision cryptée, Pierre Lescure peut donc avoir une approche de la question d’Hadopi qui est tout sauf neutre et ouverte. »

    L’article rappelle que Lescure a déclaré au Nouvel Observateur avoir « essayé de contribuer à la réflexion [de François Hollande] sur Hadopi afin qu’il n’abroge pas cette loi sitôt élu mais qu’il ouvre un chantier ». Mais Mediapart rappelle surtout les mandats actuels de Lescure, peu connus. Certes, lorsqu’il a été nommé, certains ont rappelé qu’il faisait partie du conseil d’administration d’une entreprise spécialisée dans le DRM, ce système de verrou numérique empêchant la copie ou la consultation d’un contenu. Mais qui a dit qu’il occupait une position d’administrateur du mastodonte de la pub Havas ? Or, Havas est « présidée par l’industriel Vincent Bolloré », qui a « dans le domaine des médias, de l’Internet et de la télévision connectée de grandes ambitions », et qui pourrait même devenir un jour actionnaire principal de Vivendi Universal, assure Mauduit. L’ancien patron de Canal est aussi membre du conseil de surveillance de Lagardère, « où il côtoie tout le gratin du capitalisme parisien »".

    http://www.arretsurimages.net/vite-dit.php#13898

  7. Gilbert
    Posted 25 mai 2012 at 13:41 | Permalien

    Avec la nomination de Lescure, on est en plein dans le conflit d’intérêt. C’est comme si Valls nommait à ses côté son ami (et parrain de l’un de ses enfants) Alain Bauer, marchand de sécurité auprès des collectivités locales (et ancien conseiller de Sarkozy, après avoir été socialiste comme Besson).
    On est bien barré. En 81, il avait fallu attendre 83 pour le tournant. Là, c’est d’entrée de jeu qu’on donne des gages aux capitalistes. Le discours du Bourget est déjà loin.

  8. Gilbert
    Posted 25 mai 2012 at 17:11 | Permalien

    @ Darmand
    Vous vous doutez bien que je n’espérais rien. Simplement on ne peut pas laisser dire impunément que l’affairisme qui revient au galop d’entrée de jeu (ils n’ont même pas la pudeur de laisser passer les législatives), c’est le cœur de la gauche.

  9. shaher
    Posted 26 mai 2012 at 12:11 | Permalien

    Oué. Alors non seulement Tsipras, représentant du premier parti de gauche grec, est snobé à par le PS (sous l’influence des soclib peut-être, mais concrètement personne ne l’a reçu), mais en plus Hollande reçoit Venizelos, représentant de ce que tous ici, militants PS ou non, considèrent comme un parti traître !

    Avec la même ambiguïté que Fabius, Mosco trouve malin d’affirmer qu’il faut « tout faire pour aider les forces pro-européennes et pro-euro en Grèce ».

    Je suis pas content.

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*