Bras de fer engagé entre la droite européenne, la Commission et le nouveau gouvernement grec.

Les forces du gouvernement grec

Syriza a obtenu l’élection de 149 députés sur 300 et dispose donc d’une incontestable légitimité.

Son alliance avec ANEL (les « Grecs indépendants) lui permet de disposer d’une majorité de 162 sièges, alors que la majorité absolue est de 151sièges.

Il commence à appliquer son programme. L’un des premiers actes du gouvernement grec a été de revenir sur la privatisation en cours du port du Pirée et la compagnie d’électricité DEI. Le 5 févriers, ce gouvernement fera voter les premières mesures de son programme par le parlement grec.

Les ministres ont fait de fortes déclarations, qui ont décontenancé les dirigeants européens, habitués à plus de cravates et à plus de retenue, mais renforcé la légitimité du nouveau gouvernement auprès des Grecs, habitués à voir les précédents gouvernements renier, aussitôt élus, les promesses qu’ils avaient faites.

Georges Katrougalos, ministre de la Réforme administrative : « Nous ne reconnaissons ni le mémorandum, ni la Troïka ».

Yanis Varoufakis, le Ministre grec des Finances a annoncé :

- Qu’il n’accepterait pas de discuter avec la Troïka, cette « commission branlante ».

- Que la Grèce ne reconnaissait « ni la Troïka, ni le mémorandum »

- Qu’il n’accepterait de négocier qu’avec l’Union européenne.

- Que la Grèce était prête à se passer, fin février, du versement de 7,2 milliards qui devait être effectués par l’UE s’il restait conditionné à l’aboutissement des réformes fixées par la Troïka. Il précisait que c’était par souci de cohérence : cela n’aurait aucun sens de dénoncer les « conditionnalités » imposées par la Troïka et de demander leur extension, en acceptant les « conditionnalités » imposées à la Grèce pour obtenir ces 7,2 milliards d’euros.

L’UE comptait beaucoup sur un chantage au versement de ces 7,2 milliards pour amener la Grèce à s’incliner : Syriza vient de leur signifier clairement que ce chantage ne marchait pas.

- Que la Grèce veut un « New deal européen » qui serait profitable à tous les pays européens étouffés par les politiques d’austérité.

- Qu’une « Conférence européenne » sur le sujet devait se tenir.

 

Georges Stathakis, le ministre de l’Economie affirme : « Les sept milliards, nous n’en voulons pas, ce que nous voulons, c’est repenser tout le programme » et « Nous devons négocier avec nos partenaires une remise sur les quelques 23 milliards d’euros que nous devons allouer au remboursement de la dette sur la seule année 2015 ».

Podemos a mobilisé des centaines de milliers d’Espagnols contre l’austérité à la suite de la victoire de Syriza.

Beaucoup d’Européens s’interrogent et voient avec sympathie cette victoire.

Syriza alterne le chaud et le froid

Les prises de position d’une grande fermeté s’accompagne d’une certaine prudence sur la forme, pour ne pas braquer les populations européennes.

Alexis Tsipras refuse de poser un ultimatum. En réalité, les dirigeants européens savent que cet ultimatum est bel et bien posé (la fermeté des déclarations de différents ministres et de Tsipras lui-même l’ont démontré) et que Syriza pourrait refuser de rembourser les 23 milliards de titres de la dette publique arrivant à échéance en 2015, voire faire défaut de la totalité de la dette, s’il n’y avait pas d’accord.

Il insiste sur la volonté de Syriza de négocier. Le ministre de Finances, Yanis Varoufakis et lui-même ont engagé une tournée des capitales européennes. Varoufakis sera, ainsi, à Paris le 1er février pour discuter avec Michel Sapin. Tsipras sera à Rome le 3 et à Paris le 4 février.

Il a demandé du « du temps pour respirer », et a assuré « ne pas chercher le conflit » avec les partenaires européens de la Grèce. Comme il l’avait dit pendant sa campagne, il a promis de nouveau de ne prendre aucune décision «unilatérale» concernant la dette de son pays. «Je suis absolument persuadé que nous allons bientôt trouver un accord favorable, à la fois pour la Grèce et pour l’Europe dans son entier», écrit-il.

La dette grecque n’est pas remboursable

Tous les dirigeants européens le savent, même s’ils pratiquent la fuite en avant. Aucun pays au monde ne peut consacrer pendant 20 ans 6 % de son PIB à rembourser une dette insoutenable (chiffres d’Henri Sterdyniak et Anne Eydoux – La Tribune – 27/01/2015).

Les dirigeants européens ne veulent surtout pas céder pour éviter que d’autres pays européens s’engouffrent dans la brèche ainsi ouverte et demande à négocier leurs dettes publiques.

Cette politique qui consiste à mettre les problèmes sous le tapis n’est plus tenable, surtout quand la déflation menace toute l’Union.

 

 

Les forces de ses adversaires

Les dirigeants européens affirment tous (avec plus ou moins de nuances) que la Grèce doit « respecter ses engagements »

Cependant, l’arrivée précipitée à Athènes du président de l’Eurogroupe (Jeroen Dijsselbloem) et du président du Parlement européen, Martin Schultz indique que tout n’est pas si simple.

Le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, a qualifié l’attitude du gouvernement grec envers la Troïka d’ «irresponsable». Le 31 janvier. La chancelière Angela Merkel a répété qu’il n’était pas question de consentir à la Grèce un «effacement», même partiel, de sa dette. « Pas de réformes, pas d’argent ! » Le président de l’Eurogroupe est allé dans le même sens.

Les déclarations de Sapin, Hollande, Moscovici sont plus conciliantes qu’avant les élections mais tous insistent, comme les autres dirigeants européens, sur la « nécessité pour la Grèce de tenir ses engagements », ce qui signifierait accepter de continuer les plans de destruction sociale imposés par la Troïka, en total contradiction avec le programme de Syriza.

Michel Sapin, juste avant sa rencontre avec Yanis Varoufakis, dimanche 1er fébvrier, déclarait « On peut discuter, on peut reporter, on peut alléger mais on n’annule pas [...] Cela me paraît légitime » de vouloir négocier. »

 

Le rapport de forces aurait été meilleur pour Syriza s’il l’avait emporté en  2012

Si Syriza avait gagné en 2012, il aurait eu, vis-à-vis de l’Union européenne, un moyen de pression beaucoup plus efficace qu’aujourd’hui. La menace d’un défaut (non-remboursement) de la dette grecque était un risque systémique pour les banques européennes et mondiales. Un gouvernement décidé à ne pas céder aurait pu beaucoup plus facilement négocier l’annulation d’une partie de la dette grecque, sans tous les aménagements qui ont permis que la restructuration de la dette grecque, en 2012, se fasse à l’avantage des créanciers.

Aujourd’hui, l’essentiel de la dette grecque est aux mains des institutions européennes (entre 70 et 80 %) et le moyen de pression n’est pas le même pour Syriza. Le problème est pour l’essentiel un problème politique mais Merkel peut s’appuyer sur le traité européen qui interdit à la BCE de prêter directement à un Etat.

Le plan de Mario Draghi ne sera d’aucune aide à la Grèce.

Les liquidités seront attribuées en fonction de la participation des Etats au capital de la BCE : 27 % pour l’Allemagne qui n’en a aucun besoin puisqu’elle peut emprunter sur les marchés à un taux d’intérêt (pour les obligations à 10 ans)  à moins de 0,3 %, mais seulement 3 % du total de ces liquidités, pour la Grèce qui ne peut pourtant pas emprunter sur les marchés financiers, avec des taux d’intérêt supérieurs à 10 %.

 

La BCE n’a donné aucune précision sur les critères qu’elle utiliserait pour accepter que les banques centrales nationales distribuent la part des liquidités qui leur reviendrait. Elle se réserve la possibilité d’interdire tout rachat des titres de sa dette publique à la Grèce sous prétexte qu’elle ne peut accepter dans son bilan des titres aussi mal notés par les agences de notation que les titres grecs (ou chypriotes).

 

La BCE ne rachètera que les emprunts publics les mieux notés, sauf si la Grèce accepte de nouvelles « conditionnalités ». Le choix laissé à la Grèce est entre la ruine financière ou la destruction sociale. L’inverse du programme sur lequel Syriza a été élu.

 

Enfin, les banques nationales qui pourront racheter des titres de leur dette publique, le feront à leurs risques et périls, puisque la BCE ne garantira que 20 % de ces rachats. Ce qui, au cas où elle pourrait avoir accès aux liquidités de la BCE, ferait prendre un risque énorme à la Banque centrale grecque.

 

La BCE pourrait, pourtant, sans courir le moindre risque économique, effacer les 27,7 milliards d’euros de la dette publique grecque. C’est elle qui crée les euros…

 

Les trois problèmes de Syriza

Les besoins de liquidités de l’Etat grec

Les dirigeants européens hostiles à Syriza jouent sur le temps. La Grèce a peu d’argent dans ses caisses et doit financer son plan d’urgence tout en faisant face au remboursement de ses créances. 6,7 milliards notamment doivent être remboursés à la BCE en juillet et août 2015. 23 milliards d’euros, au total, doivent être remboursés en 2015.

 

Les médias avancent le chiffre de 2 milliards d’euros dans les caisses de la Grèce. Ce chiffre doit être pris avec des pincettes mais met le doigt sur le problème de liquidités de l’Etat grec.

 

La réforme fiscale prévue par Syriza ne pourra pas entrer en application tout de suite. Cependant, les impôts vont continuer à rentrer (TVA notamment) et les Grecs qui avaient suspendu le paiement de leurs impôts (sur le revenu, foncier) dans l’attente des résultats des élections législatives vont devoir, au moins pour les plus fortunés, passer à la caisse.

 

La Grèce aura beaucoup moins besoin de liquidités si elle ne rembourse pas les titres de sa dette publique qui arriveront à échéance en 2015. C’est là le nœud du problème. Les fonds versés par l’UE et le FMI ne servent pas à l’Etat grec pour financer ses dépenses, ils ne servent qu’à rembourser les créanciers de la dette publique et à payer les intérêts qui leur sont dus. Si la Grèce fait défaut de sa dette (ou de la partie de sa dette arrivant à échéance en 2015), elle se trouve face à un problème de liquidités beaucoup moins important.

Le « Grexit »

La sortie de la Grèce de la zone euro, voire de l’UE est une menace souvent brandie à l’encontre de Syriza.

 

Mais les traités européens ne prévoient pas la sortie d’un Etat de la zone euro.

Mais Syriza ne veut pas quitter la zone euro.

Cependant, les dirigeants européens utilisent les traités lorsqu’ils jugent que c’est conforme à leurs intérêts et ils ont, avec les liquidités accordées aux banques par la BCE, un moyen de pression important.

Le risque de crise bancaire

La Grèce a aussi une autre épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête : le risque d’une crise bancaire.

 

Les banques européennes s’étant désengagées, en vendant leurs filiales grecques et en retirant leurs participations au capital des banques grecques, le risque est plus important qu’en 2012. Les milieux d’affaire avaient exprimé leur inquiétude à l’idée d’une victoire de Syriza, en retirant 11 milliards d’euros des banques grecques avant l’élection.

Le risque est maintenant celui d’une course aux guichets des déposants, le « bank run ». En contrôlant le robinet des aides en liquidités d’urgence des banques (ELA), la BCE a la situation entre ses mains. Elle a « fixé » à fin février la décision de le fermer ou pas.

 

C’est par ce biais que la Grèce pourrait être forcée de quitter la zone euro. Elle serait dans l’incapacité de recapitaliser ses banques, ne disposant pas d’euros pour le faire et le retour à la drachme pourrait, alors, être le seul moyen de recapitaliser les banques en les nationalisant.

 

Un certain nombre de faucons européens seraient, sans doute, très contents de se débarrasser de la Grèce et de l’obliger à subir avec le retour de la drachme, des dévaluations compétitives en série et de la spéculation financière. Elle aurait alors beaucoup de difficultés à appliquer son programme et risquerait de se discréditer. Elle serait l’exemple de ce qu’il en coûte de désobéir à la Troïka. La grande crainte de Rajoy, Podemos, pourrait alors peut-être reculer en Espagne.

 

La CDU/CSU de Merkel, déjà sur ses positions et inquiète de la progression de l’AFD anti-euro est sans doute tentée par un sortie de la Grèce de l’Euro. Elle hésite, cependant, à ouvrir la boîte de Pandore car le capital allemand est le principal bénéficiaire de l’existence de l’UE et de la zone euro.

 

Le défaut de la cuirasse de la Commission et de la droite européenne

Outre la légitimité dont bénéficie le gouvernement grec et l’appui populaire international qui commence à se dessiner (des centaines de milliers de manifestants à Madrid, à l’appel de Podemos, samedi 31 janvier), Syriza dispose de plusieurs atouts.

Une sortie de la Grèce euro (le « Grexit ») serait dangereuse car elle pourrait signifier que l’adhésion à l’UE et à la zone euro n’est pas définitive, comme l’affirme le traité européen. L’éclatement de la zone euro menacerait, en cas de nouvelles crises de la dette dans d’autres pays de la périphérie de l’Union. Le référendum au Royaume Uni pourrait être influencé par la dynamique de sortie de l’UE, ainsi amorcée.

Une crise des banques grecques serait, comme toute crise bancaire, risquée. Les déposants, ainsi sensibilisés,  pourraient prendre peur à la moindre alerte dans un autre pays européen. La façon dont avait été traitée la crise bancaire chypriote a déjà laissé des traces dans les mémoires, une crise bancaire en Grèce en laisserait de beaucoup plus importantes.

Le défaut unilatéral de la Grèce serait un risque pour les dirigeants de l’UE. Cette répudiation unilatérale de la dette grecque ouvrirait une crise grave pour l’UE et la zone euro. Les marchés financiers deviendraient aussitôt beaucoup plus « nerveux » et le risque serait grand qu’ils augmentent leurs taux pour les pays de la périphérie de l’UE, entrainant la zone euro dans une nouvelle crise des dettes publiques. Les fonds du MES seraient loin de faire le poids face à une crise de la dette publique espagnole et italienne.

Enfin, certains pays européens (la France notamment) pourraient trouver là l’occasion de desserrer l’étreinte du TSCG. Rien n’est sûr, bien loin de là, tant leurs dirigeants semblent avoir intégré les dogmes néolibéraux. Ils peuvent, cependant, être sensibles au rapport de forces et à l’évolution catastrophique du Pasok.…

Les questions tactiques

Le CADTM défend l’agenda suivant :

1-                 Moratoire sur la dette.

2-                 Audit de la dette.

3-                 Discussion avec les créanciers mais à l’initiative des débiteurs.

La crainte du CADTM est que la restructuration de la dette grecque laisse l’initiative aux créanciers.

La position de Syriza (soutenue par Podemos) :

1-                 Pas d’ultimatum

2-                 Tous les dirigeants européens savent bien que nous pouvons annuler la dette mais c’est inutile de passer, aux yeux des populations européennes, pour ceux qui cherchent l’affrontement. Le mot de « restructuration » permet de s’adresser à une partie beaucoup plus large de la population.

3-                 Bataille pour une « conférence européenne » sur la dette, un « new deal » européen…

Le point faible de la position de Syriza est, peut-être, le peu de place laissé à un audit de la Grèce alors que c’est un moyen de sensibilisation de la population en Grèce.

Cette initiative pourrait  faire tâche d’huile dans d’autres pays européens et poser le problème de la légitimité de la dette publique bien au-delà des cercles restreints favorables, aujourd’hui, à un audit de la dette.

Comment  pouvons-nous être utiles ?

En menant la discussion dans le PS en partant des déclarations de JCC « un raz-de-marée contre l’austérité » et « Alexis Tsipras, appuyé par le peuple grec, va renforcer le camp de ceux qui veulent réorienter la construction européenne et mettre définitivement fin à l’austérité » (Le Parisien – 26 janvier 2015) et en les opposant à celles de Macron sur le « respect ces engagements ».

En insistant sur l’évolution du Pasok.

En appuyant la demande du gouvernement grec d’accorder un moratoire à la Grèce, d’annuler une partie de sa dette et de rendre le reste soutenable en la transformant en dette à très long terme.

 

En appuyant l’idée de Syriza d’une « conférence européenne sur la dette » et celle d’un « new deal » européen.

 

En expliquant que les politiques d’austérité et de « réformes structurelles » ont fait faillite, dans notre pays comme en Grèce, et qu’il faut mettre fin à ses politiques, en défendant les mesures immédiates que devraient prendre un gouvernement rose-rouge-vert.

 

En donnant les moyens, à notre niveau, de contrer les campagnes des médias et des politiques hostiles à Syriza. Notamment, celles sur les salariés grecs qui ne paieraient pas d’impôt, sur l’origine de la dette publique grecque ; sur la soi-disant « aide » à la Grèce ; sur le « Grexit »…

En impulsant le débat, partout où nous le pouvons et d’abord dans le PS, sur la perte de sens  de la souveraineté populaire dans l’UE si Syriza ne peut pas appliquer son programme.

En insistant sur la chance qui s’offre aux habitants de notre pays si Syriza applique cette politique car ce sera la preuve qu’une politique autre que la politique libérale est possible et qu’il existe bien un alternative au désastre programmé.

En participant (lorsque les conditions le permettent) aux mobilisations en soutien à Syriza.

 

 

Annexes

Le précédent Irlandais

La BCE a fait « rouler » la dette irlandaise en février 2013 sans avoir à enregistrer de pertes : la BCE a accepté qu’une partie de la dette irlandaise ne lui soit par remboursée et a reporté son échéance, contrevenant au traité européen qui veut que la BCE ne puisse prêter à un Etat.

Ce précédent, indique que le respect des traités est aussi une question d’opportunité politique. Le gouvernement irlandais avait habilement mis la BCE au pied du mur. L’UE voulait absolument montrer que l’Irlande était le bon élève de la classe et qu’elle pouvait sortir des « plans de soutiens ».

Si elle a pu le faire pour l’Irlande, la BCE peut le faire pour la Grèce et ne pas lui demander le remboursement des 6,7 milliards d’euros qui arriveront à échéance cet été.

 

Syriza prisonnier de Grecs indépendants (ANEL) ?

Il manquait deux députés à Syriza pour obtenir la majorité absolue au Parlement grec. La majorité absolue est de 151 députés, il en avait 149. Tsipras a donc toute la légitimité pour diriger le gouvernement où les « Grecs indépendants » ont un ministre, celui de la Défense. Ce ministre sera flanqué, d’ailleurs d’un vice-ministre, dont la réputation est d’être très à gauche.

Avec qui Syriza aurait-il pu gouverner ? Avec le Pasok comme le proposait JCC ? Autant faire entrer la Troïka dans le gouvernement. C’était la même chose avec Potami, un parti du « centre ».

Ceux qui se plaignent auraient dû appuyer Syriza, il ne lui manquait que 0,5 % des voix pour obtenir 151 sièges.

Les « Grecs indépendants » sont des souverainistes, du type de Dupont Saint Aignan. Pour montrer que l’accord entre Syriza et ANEL ne concernait pas la politique d’immigration, Alexis Tsipras vient de réaffirmer qu’une réforme instaurant le droit du sol serait proposé au Parlement.

 

Les déclarations de Varoufakis en 2012 sur le site « les coulisses de Bruxelles », Jean Quatremer

Jean Quatremer écrit, le 31 janvier : ces propos ne sont pas de moi, mais de Yanis Varoufakis, oui, oui, le ministre des Finances. Ils sont extraits d’un article de son blog écrit le 3 juin 2012, à la veille des élections législatives du 17 juin :

« Doit-on redouter « l’ultra-gauchisme » de Syriza? Ma réponse est un non retentissant. Je ne vous recommande pas de lire (même à ceux d’entre vous qui parlent grec) leur manifeste. Il ne vaut même pas le papier sur lequel il est écrit. Bien que plein de bonnes intentions, il contient peu de détails, est rempli de promesses qui ne pourront pas et ne seront pas tenues (la plus grande étant que l’austérité sera annulée) ; c’est un fourre-tout de politiques sans importance. Ignorez-le purement et simplement. Syriza est un parti qui a dû passer en l’espace de quelques semaines d’une agglomération de partis politiques marginaux à un parti important qui pourrait être en position de former un gouvernement dans les prochaines semaines. À plein d’égards, il s’agit d’un « travail en cours ». D’où son manifeste peu appétissant ».

Depuis 2012, Varoufakis et Syriza ont changé. La preuve : Yanis Varoufakis est maintenant ministre des Finance d’Alexis Tsipras.

L’absence de femmes au gouvernement

Le gouvernement de Syriza compte 6 vice-ministres sur 24

Cependant, c’est une vraie faiblesse. Podemos a raison de souligner « Une démocratie complète ne peut se passer de la moitié de la population »

Programme d’ « extrême-gauche »

Le programme de Syriza est un programme tout ce qu’il y a de plus « social-démocrate ». Il ne propose, ni de rompre avec le capitalisme, ni même de nationaliser une partie des moyens de production.

Il vise simplement à rompre avec les politiques d’austérité qui ont mené la Grèce à une triple catastrophe (économique, sociale et financière), à réparer les dégâts qui ont été commis, à  permettre à la Grèce de retrouver la croissance et à sa population de ne plus être écrasée par le chômage et la pauvreté.

Il prévoit de faire face à l’urgence sanitaire en remettant à niveau la protection sociale et les services publics. Il prévoit la création de 300 000 emplois publics ou associatifs, l’accès gratuit à l’énergie pour 300 000 ménages, les plus pauvres et un moratoire sur les dettes des ménages surendettés.

Il prévoit une réforme fiscale de l’impôt foncier et de l’impôt sur le revenu, la lutte contre l’évasion fiscale et la corruption et le clientélisme, pour dégager les ressources à long terme afin de financer la croissance de l’économie grecque, complètement exsangue.

Il compte, également, sur la mobilisation de financements européens, notamment les prêts de la Banque européenne d’investissement, pour financer cette croissance.

Quelques nuances du côté de la Finance

Mathieu Pigasse, dirigeant de la banque Lazard estime que la dette détenue par les organismes publics devrait être réduite de 50 %, environ 100 milliards d’euros.

Standard & Poor’s, certes abaisse la dette de la Grèce mais estime « constructive » la promesse du nouveau gouvernement de tenter d’augmenter l’investissement public et de relier plus étroitement les conditions du remboursement de la dette à la croissance.

L’ancien directeur pour l’Europe du FMI, appelle à un allégement de moitié des créances grecques, fardeau « intenable » dans une conjoncture atone. Un avis d’expert puisqu’il été chargé jusqu’à en 2014 de superviser les négociations de la Troïka avec Athènes, pour le compte du FMI. Il est maintenant chez Morgan Stanley.

Empêcher tout débat démocratique

Les politiques d’austérité sont inscrites dans le traité européen et excluent de la décision citoyenne les politiques économiques et sociales.

La victoire de Syriza pose la question de savoir si la souveraineté populaire a encore une place dans l’Union européenne ou si le traité de Lisbonne a déjà tout verrouillé d’avance alors que ce traité n’est que la copie conforme du Traité constitutionnel européen rejetée par le peuple français en 2005 par une majorité de 55 % des suffrages.

 

La restructuration de la dette allemande

L’Allemagne a bénéficié de trois restructurations de sa dette publique au XXème siècle : en 1932, en 1953 et en 1990.

La « commission des réparations » issue du traité de Versailles de 1919 avait, de façon ignominieuse, en 1921, condamné l’Allemagne à rembourser, pendant plusieurs dizaines d’années, une dette de 132 milliards de mark-or, payable en dollars, aux vainqueurs de la guerre de 1914-1918. Cette dette qui avait aidé Hitler à conquérir le pouvoir a progressivement été réduite, par le plan Dawes en 1924, le plan Young en 1929, le moratoire Hoover en 1931 jusqu’à ce que les alliés renoncent, en 1932, à cette dette. L’Allemagne, au lieu des 132 milliards de mark-or prévus n’en a remboursé que 23 milliards (17 %).

En 1953, le traité de Londres consent à réduire la dette de l’Allemagne (consécutive à la seconde guerre mondiale) de moitié. Washington obtient, de surcroît, que les bénéficiaires du plan Marshall repoussent le versement de réparations de guerre à une réunification de l’Allemagne, dans un « traité de paix ». Cette réduction et cette suspension de la dette publique allemande a permis le « miracle allemand » qui a suivi l’après-guerre.

En 1990, le chancelier Helmut Kohl obtient que le traité de Moscou, réunifiant l’Allemagne, ne porte pas la mention « traité de paix », comme le prévoyait le traité de Londres de 1953, pour que la suspension des réparations de guerre soient considérées comme définitive. L’Allemagne a considéré que sa dette était définitivement effacée. L’état de l’Allemagne en 1990 n’était pourtant pas celui de l’Allemagne en 1930 et les réparations, à la différence de celles de 1924, étaient justifiées, au vu des dévastations effectuées par l’armée allemande dans les pays occupée, le pillage des économies européennes, le vol, comme en Grèce, des stocks d’or des banques nationales.

L’Allemagne a donc fait trois fois défaut au cours du XXème siècle (1932, 1953, 1990) mais semble l’avoir totalement oublié.

En 2012, à propos de la dette due par l’Allemagne à la Grèce à la suite de son occupation du territoire grec durant la seconde guerre mondiale, Daniel Cohn-Bendit déclarait, en se plaçant sur un « plan moral » : « Les Allemands, qui se disent vertueux, estiment que les Grecs ont pêché et qu’ils doivent payer. Or, ceux qui ont le plus pêché, ce sont tout de même les Allemands, dont la dette a pourtant été effacée parce que les Américains y voyaient un intérêt stratégique. Pourquoi ne pas considérer que sauver la Grèce, est stratégique, au lieu de mettre ce pays à genoux ? »

 

 

JJ Chavigné

2 Commentaires

  1. Jojo
    Posted 8 février 2015 at 13:06 | Permalien

    Oui effectivement Syriza a fait une énorme concessions à l’Europe libérale en n’évoquant pas l’existence -plus que potentielle- d’un partie illégitime de la dette. ( pour mémoire les comités d’audit de la dette Française sont arrivés à la conclusion , l’année dernière, que 59% de la dette était illégitime- voir le Cr accessible sur le net pour comprendre le pourquoi de ce chiffre )Sans doute est-ce tactique. Il faut garder des cartouches pour les assauts à venir! Quoi qu’il en soit, je crois avoir compris que dors et déjà un audit de la dette Grecque a été engagé. Si son résultat est d’identifier que plus de 50 % de la dette est illégitime (et même si c’est moins !)la cartouche mise de côté va se transformer en bombe !

  2. Posted 8 février 2015 at 13:57 | Permalien

    Le 8 févr. 2015 à 09:10, lambert.jeanmarc a écrit :

    Bonjour Monsieur Filoche,

    Comment ne pas réagir à votre prestation dans l’émission de Thierry Ardisson hier soir !
    Bien qu’électeur à sensibilité « sociale » (je n’ai jamais voté pour la droite en dehors du second tour de la présidentielle de 2002) j’ai été abasourdi par votre position sur le sujet de la Grèce.

    Il est évident qu’aujourd’hui tout doit être fait pour que ce pays soit soutenu et retrouve une situation économique viable.
    Pas question par conséquent de finir de le ruiner… ses dirigeants s’en sont suffisamment chargés.

    mais ce ne sont pas ses dirigeants que la troïka a fait payer c’est leur peuple ! L’oligarchie a pu « ‘planquer » 400 milliards en suisse sans que la troika y voit a redire, elle a organisé le chômage à 32 % , à 52 % pour les jeunes, elle a baisse le smic de 751 à 450 euros, elle baissé les retraites de 40 % fait reculer le PIB de 25 %, vendu 30 belles entreprises, 90 point du littoral, mis les visites médicales à 120 euros, suicides, sdf, mortalité infantile accrue, coupé l’électricité à 300 000 personnes, imposé à 80 % de la population de ne pas se chauffer, famines, misère, pandémies, inégalités ont augmenté… et la dette s’est envolée de 113 à 175 % du Pib à cause de cette politique criminelle. Je l’ai dis chez Ardisson mais ca a été coupé au montage.

    Est il pour autant raisonnable (et responsable) de donner l’impression de tout est la faute de l’Europe, des banquiers… et que les grecs eux-mêmes n’ont aucune responsabilité dans la situation actuelle ?

    bien sur TOUT est de la faute du FMI (qui a même fait autocritique sur les erreurs de la violence de leurs mesures anti peuple grec) sur la BCC (dirigée par mario draghi qui est passé de Goldman Sachs ou il manipulait les chiffres de la dette grecque… à la BCE ou il l’étrangle en direct) et à l’UE ou Merkel de façon totalitaire « gomme » les dettes allemandes (1932, 1953, 1990) sur le dos des autres pays européens

    Qui a dépensé (sans compter) de l’argent qu’il n’avait pas, accumulant ainsi une dette totalement disproportionnée par rapport à une quelconque capacité à rembourser un jour ?

    faux c’est la dictature des colonels de 1967 à 1974 qui a multiplié la dette par quatre, puis les armateurs et les popes qui ne paient pas d’impôts (constitution de 1975) , puis les militaires qui ont acheté 4 sous marins (1,4 milliard) à Thyssen Krupp, puis les betonneurs (Bouygues) qui ont fait un « trou » de 40 milliards pour les JO, puis Goldman Sachs qui a volé l’argent,…

    Qui a triché au fil des années pour tenter de minimiser un bilan catastrophique ?

    l’oligarchie seulement l’oligarchie, 1% des grecs dominants, car le peuple grec paie ses impôts a la source, et 23 % de TVA imposés par l’UE..

    Qui a fraudé autant que possible pour ne pas payer les impôts indispensables au bon fonctionnement d’un pays (ce n’est pas auprès des responsables socialistes qu’il faut tenter de nier l’importance des impôts de toutes natures…) ?
    Réponse à ces 3 questions : Le peuple grec !

    non pas le peuple grec, l’oligarchie grecque, 1 % qui a détourné 400 milliards, et la troïka épargne cette oligarchie mais fait payer le peuple, elle n’a jamais demandé l’impôt pour les armateurs et les popes, ni de renvoyer les sous marins, ne de renegocier avec les betonneurs, ni envisagé que l’allemagne paie enfin sa dette de guerre de 85 milliards a la gréce…

    Alors bien sur on peut toujours trouver à redire sur l’influence de telle ou telle institution ou sur le comportement d’acteurs économiques divers.
    Vous aimez bien « matraquer » les banques.

    parce que la BCE verse en 2011 mille milliards aux banque européennes à 1 %, et en 2015 1140 milliards aux memes banques à 0,15 % et que ces banques pretent aux grecs à 10 % ce sont des usuriers , des banksters, la BCE doit preter directement aux etats à 1 % et dans ce cas le budget grec serait équilibré

    C’est facile et toujours bien vu chez les braves gens qui ne comprennent pas tout aux schémas en place.

    bien sur on (Lenglet…) leur ment dans les journaux télévisés, on leur fait croire que la Gréce a reçu des « aides » alors qu’elle n’a jamais jamais jamais rien reçu, pas un seul centime d’euro, l’argent prétendu est allé aux banques créancières de la grece c’est un jeu d’écriture infâme

    Vous soulignez et c’est en partie juste que ces dernières dégageaient une marge significative sur les taux des prêts qu’elles octroyaient au peuple grecs mais vous oubliez de dire que les abandons de créances qui leurs ont été imposés il y a quelques années (donc de pertes sèches) sont sans commune mesure avec les marges auxquelles vous faites allusion.

    mais toutes les banques y ont gagné très largement, sans vergogne
    et pour elles la dette grecque c’est epsilone, mais c’est pour l’exemple

    Comment trouver des arguments sérieux pour rendre la trioka seule responsable de la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Grèce ?

    parce qu’elle est SEULE responsable, c’est une politique criminelle, les gens qui l’ont conduite, devraient être arrêtes jugés et condamnes pour crimes économiques contre l’humanité

    Où en serait ce pays aujourd’hui si il n’avait pas appartenu à la Communauté européenne ?

    qu’est ce qu’une « union » qui étrangle pille spolie l’un de ses membres ?

    Ce qui me désole en vous entendant c’est que vous chercher à crédibiliser un discours facile à entendre (et à comprendre) pour des citoyens, pour le moins perdus, qui cherchent encore à croire en la politique (et ils sont de moins en moins nombreux) et pensent toujours que c’est la faute des autres.

    ce qui me désole c’est que vous ne connaissez rien à la question et vous gobez tout cru des fantasmes de banquiers rapaces

    C’est grave car, quitte à être aveuglé par des idéaux irréalistes, autant croire en ce qui est encore moins réaliste et tomber dans les bras du Front National !

    mais le front national c’est aussi les banques : il ne les attaque jamais, il attaque toujours les pauvres et si vous voulez préparer les gens à lutter contre le FN orientez les a combattre les banksters qui ruinent l’europe, la divisent, l’etranglent, opposent les peuples entre eux, nourrissent les xenophobies dont se gave le FN

    Monsieur Filoche, depuis trente ans dépensez vous plus que vous ne gagnez ?

    non, mais un etat n’est pas un ménage, un état doit diriger lui même la monnaie et les banques, pas être leur sujet ni leur victime, un état DOIT avoir des dettes, des bonnes dettes, pour les hopitaux, les ecoles, les investissements, equipements,
    il ne doit pas accepter de se faire imposer des taux d’interets usuriers, voleurs,
    ce sont les elus de la République qui doivent diriger par les banksters,
    le portugal de 1934 à 1974 etait entre les mains d’un dictateur Salazar qui ne voulait pas un escudo de dette, et il a fait ainsi de son pays le plus pauvre d ‘europe,

    Moi, non !
    Alors arrêtons de chercher à faire croire aux gens que c’est possible et sans fin .

    jamais la france n’a été aussi riche qu’aujourd’hui et les richesses aussi mal partagées… Arnaud et Bettencourt ( nos « Onassis » à nous) possédent plus que 20 millions de français,
    il y a 78 milliardaires, on ne PEUT pas etre milliardaire et honnête, c’est totalement impossible…il faut voler le travail des autres pour accumuler tant de richesses

    La situation est trop grave pour jouer avec le feu !

    en effet

    Peut être aurez vous des doutes sur ma « sensibilité de gauche » et c’est bien ce qui serait le plus grave pour vous.

    la gauche doit s’en prendre aux 600 milliards d’avoirs français dans las paradis fiscaux ca résoudrait tous nos problèmes, tout comme Syriza veut – si on leur en laisse le temps – s’en prendre aux 400 milliards volés par l’oligarchie grecque avec la complicité des banquiers genre BCE/Draghi

    lire mon livre « dette indigne » que tsipras ci dessous, a cote de moi tiens a la main

    Avec mes respects je vous adresse, Monsieur, mes salutations sincères.
    Jean Marc LAMBERT
    Citoyen non engagé politiquement

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