Tribune pour Le Parisien sur les sanctions injustifiées contre les salariés d’Air France

Bonjour Monsieur,
Je vous contacte aujourd’hui pour savoir si vous auriez envie de réagir à l’annonce des sanctions contre les salariés d’Air France sous forme de tribune :http://www.leparisien.fr/economie/emploi/licenciement-de-4-salaries-d-air-france-la-colere-des-syndicats-13-11-2015-5272311.php

Est-ce qu’elles vous semblent justifiées ? Exagérées ?

Totalement injustifiées. C’est un peu comme dans l’Ancien temps où les manants étaient punis pour les fautes de leur seigneur. Le premier délinquant chronologiquement c’est le PDG d’Air France De Juniac. Avec l’appui des 3 représentants de l’état (donc avec la décision initiale de MM. Valls et Macron), De Juniac fait adopter un « plan » de 2900 suppressions d’emploi au Conseil d’administration le 2 octobre. Mais il le rend public à la veille du CCE d’Air France du 5 octobre. C’est un « délit d’entrave » caractéristique qui est à l’origine de tout ce qui suit. L’explosion de colère des salariés est provoquée par ce délit : leurs élus viennent à une réunion où les dés sont pipés et tout est bouclé d’avance. Alors qu’ils ont déjà fait des sacrifices énormes dans un « plan » précédent. Ce qui est surprenant c’est qu’avec pareille provocation, il n’y ait pas eu davantage de chemises déchirées. Puis l’état et Air France reculent : Ségolène Royal déclarent que « les torts sont partagés » : s’ils sont partagés pourquoi est ce seulement les salariés qui sont arrêtés au petit matin, et licenciés avant même qu’il y ait un jugement ? Le pénal tient le civil en l’état : alors pourquoi la direction frappe t elle les salariés sans même attendre le jugement du 4 décembre ? Parce qu’elle se sent morveuse ? Ensuite le Président lui même dira que l’arrestation des salariés au petit matin n’était pas forcément la meilleure procédure (elle n’est utilisée que dans 1% des cas). Et puis il sera dit officiellement que « le plan de 2900 suppressions de postes peut être évité » : tout ça pour ça ? Si cela « pouvait être évité », alors les représentants de l’état et le PDG sont les responsables, ils doivent des excuses aux salariés et doivent redresser le tir en mettant fin immédiatement à toutes ces poursuites qui se révèlent indignes.

Utiles ou non ?

Evidemment contre productives. Air France a été obligé de révéler quelques jours plus tard, que les bénéfices du trimestre précédent dépassaient tous les records historiques de l’entreprise depuis 2008.  88 % de taux de remplissage, 85 millions de touristes, prix de l’essence jamais aussi bas, sacrifices considérables des salariés… Air France va bien ! Mais cela dépend de quel point de vue se gère l’entreprise : d’un point de vue financiariste ou d’un point de vue industriel. Les dirigeants d’Air France sont, comme tant de patrons d’aujourd’hui, des fanatiques financiaristes: ils préfèrent donner la priorité au remboursement d’une dette qui n’est pas excessive plutôt qu’au développement de l’entreprise. Ils remboursent 900 millions en un an au lieu d’acheter 900 millions d’essence a bas prix, par exemple. Ils vont réduire la voilure d’Air France pour donner la priorité au low cost. Pour aller vite, leur projet est de fermer Air France réduite à quelques grande lignes prestigieuses et de « ryaniser » l’entreprise : le projet n’est pas industriel, ni productivité, ni compétitivité, le seul but recherché c’est l’augmentation des marges des actionnaires. A la fin, les pilotes seront « ‘auto-entrepreneurs »  comme à Ryan air. De Juniac s’augmente de 72 %, les actionnaires gagnent 60 % de plus, 150 millions d’euros sont mis de cote pour les retraites chapeaux. C’est la casse d’une grande entreprise du pays : comme cela a été fait pour la marine marchande, et en ce moment pour la SNCF ou le gouvernement ferme 40 % de TER pour le low cost de milliers d’autocars-Macron.

Qu’en pensez-vous ?

C’est que « passé les bornes il n ‘y a plus de limites ». Tout ce que fait ce gouvernement de gauche est la tête à l’envers. Des candidats comme Pierre de Saintignon, dans le Nord Pas de Calais Picardie, pour lequel je vote avec plaisir, ont « les pattes sciées » par ce genre de politique -même s’il fait une campagne excellente. Comment peut on prétendre défendre les valeurs de la gauche, en faisant la politique de la droite puis en se fondant avec elle ?  L’honneur de la gauche serait d’arrêter immédiatement les poursuites, de reconnaitre que les salariés et leurs syndicats avaient raison, et de changer la façon de défendre les grandes entreprises de notre pays au lieu de les brader sous les ordres destructeurs de la finance.

Merci beaucoup. Bien à vous, Louise Pothier

 

4 Commentaires

  1. Mohamed
    Posted 13 novembre 2015 at 15:34 | Permalien

    Bonjour, je suis militant PS, j’ai soutenu la motion B. Lorsque je vois l’attitude des gouvernants, je suis scandalisé! Je suis au bord de la rupture d’avec le PS! Licenciements des salariés sans tenir compte du respect de la procédure. Le PDG d’AIR FRANCE admirant son homologue Qatari… Le Moyen-Orient comme norme sociale! Voilà ce qui excite certains politiques notamment au PS et dans ce gouvernement en particulier! Sans parler de la réforme du collège qui dans les établissements privés sous contrat va entraîner une suppression de plus de 800 postes! Nous sommes dans un processus de pourrissement de la situation! Je ne me reconnais pas de ce gouvernement, si cela doit passer par mon départ du PS et bien, je le ferais! Je refuse de naviguer sur le radeau de la méduse!

  2. 1956
    Posted 13 novembre 2015 at 16:47 | Permalien

    « Passé les bornes il n’y a plus de limites ».

    Maintenant la question n’est plus de savoir si la gouvernance du PS est de gauche. Il est démonté et voulu par son représentant choisi comme premier ministre que l’objectif soit un partage consensuel des postes avec la droite pour une politique d’alliance encore plus à droite.
    La question est de savoir comment nous allons construire une union de la gauche qui soit en capacité:
    - De faire quitter des pouvoirs de notre république ces sinistres fossoyeurs: Les élections en sont l’outil.
    - De présenter aux électeurs un programme de rassemblement: Les élections en sont l’outil.
    - D’influer sur les politiques futures: La rue capable de rassembler des etudiants, chomeurs, actifs en CDI et précaires aux retraités en est l’outil.

    Alors un bulletin de vote, une paire de basket, une écharpe rouge et de la ténacité pour se séparer de ces chemisés godillots du MEDEF.

  3. Severine
    Posted 13 novembre 2015 at 21:20 | Permalien

    Je rejoins en tout point Monsieur Filoche.De toute façon les industriels ont intérêt à ce que le chômage perdure c’est 100% bénéfice ! Main d’œuvre soumise et bas salaire si on rajoute l’argent que nous leur versons pour « créer » des emplois. Tiens on reparle dès 35h et que l’on a trop de congés…ah!!! si on pouvez revenir aux semaine de 60 heures payée 6 sous avec le dimanche comme seul jour de congé… Attendez le dimanche? :-)

  4. CanluCat
    Posted 14 novembre 2015 at 4:35 | Permalien

    GF, il faut changer de boutique ! Le PS est vendu au MEDEF !!!
    La preuve :
    http://moissacaucoeur.elunet.net/le-medef-dans-la-corbeille-de-la-mariee/

    Après l’UMPS du canton de Wittenheim, dans le Haut-Rhin…
    Et Valls qui veut fusionner les liste UMP et PS pour le second tour des Régionales…

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