Fortifions le code du travail par Clémentine Autain (Ensemble) Olivier Besancenot (NPA) Eric COQUEREL (Parti de gauche) Gérard Filoche (PS) Willy Pelletier (Fondation Copernic) Pierre Laurent (PCF) Eric Beynel (Solidaires) Fabrice Angei (CGT) et Noël Daucé (FSU)

Le code du travail.Le code du travail. AFP

  • Fortifions le code du travail

Sous ce quinquennat, les salariés ont perdu des droits. Nous n’accepterons pas que la loi El Khomri les réduise davantage.

Le projet El Khomri veut simplifier les licenciements pour favoriser les embauches ? Mais d’expérience on le sait, simplifier les licenciements simplifie juste les licenciements. Et gonfle les dividendes.

Depuis un siècle, le patronat dénonce ce «carcan» que serait le Code du Travail. «Vos lois sociales coulent une industrie déjà fragile», lançait en 1909 le sénateur Touron, président de l’Association de l’industrie et de l’agriculture françaises, à René Viviani, ministre socialiste du Travail, sous l’impulsion duquel fut écrit le premier Code. En 2006, Laurence Parisot eut ce cri du cœur : «La liberté de penser s’arrête là où commence le Code du travail.»

Manuel Valls et François Hollande veulent alléger le Code du Travail. Pour quel profit ?

Contre le chômage ? Sous Nicolas Sarkozy, la mission Combrexelle a passé ce Code à l’acide, supprimant 1,5 million de signes, 500 lois. Un Code light va booster l’embauche, disait la droite. Il n’a créé aucun emploi. Car même l’OCDE le reconnaît : une législation protectrice des salariés n’influe pas sur la destruction ou la création de postes.

Dans ce pays, on ne parle jamais des salariés carbonisés au travail. Victimes innommables d’une guerre économique innommée. Mais chaque année, ce sont 500 accidents mortels au travail, 700 suicides, 650 000 accidents avec arrêts, 4500 handicapés directement liés au travail. Des chiffres ? Non, des vies. Renvoyées au chômage, à la précarité, à la misère. Ruinées. Invisibles. Méprisées.

Le code du travail n’est ni obèse ni illisible. Il permet déjà aux employeurs trop de dérogations défavorables aux salariés. Il n’est pas assez directif, pas assez contrôlé, assez appliqué : les agressions envers des agents de l’inspection du travail ont été multipliées par quatre en dix ans, les suites judiciaires données à leurs procès-verbaux sont en chute libre, les moyens alloués à l’inspection du travail sont continuellement restreints.

Les pistes de réforme du Code du travail, énoncées à ce jour, sont inacceptables.

Le référendum d’entreprise ? Il délégitime l’intervention syndicale. Il permet plus de pressions patronales, plus de chantages aux licenciements. Chez Smart, il aurait permis à la direction d’appliquer directement son projet de 39 heures payées 37. A la Fnac, il risque d’obliger au travail le dimanche.

Au-delà de 35 heures, les heures sup devront être «compensées» et non plus majorées de 25% comme aujourd’hui ? Emmanuel Macron dit la vérité: c’est la fin des 35 heures. A présent les syndicalistes partent sur la base de 25 % à 50 % de majoration des heures supplémentaires pour négocier. Quelle sera la «compensation» ? Nettement moins, à coup sûr.

Mme El Khomri projette d’augmenter par accord d’entreprise la durée du travail ? Ce sera donc travailler plus pour gagner moins. Son texte empile d’ailleurs les dispositions contre les salariés. Pour abaisser les indemnités de licenciement en cas de licenciement abusif, pour dissuader les salariés d’attaquer l’employeur aux Prud’hommes, pour l’obliger à revoir à la baisse ses conditions de travail, etc. Le projet El Khomri, c’est l’employeur-roi !

Mais ce que l’on sait du projet El Khomri n’est qu’un début. Tant d’autres pistes inquiètent. Car les rapports Combrexelle et Badinter sapent certains soubassements du droit du travail en réduisant leur champ d’application.

Le principe de faveur, par exemple. Il fixe qu’en cas de contradiction entre la loi, le contrat de travail ou une convention collective, la règle la plus favorable s’applique au salarié. M Combrexelle ne l’accepte que si «la loi n’en dispose pas autrement».

L’obligation de reclassement, qui pose qu’un employeur doit tout mettre en œuvre pour reclasser son salarié avant un licenciement économique. «Sauf dérogation prévue par la loi» rétorque le rapport Badinter. Ce qui crée pas mal de brèches : supprimer l’obligation de reclassement des licenciés pour motif économique et pour ceux rendus invalides, notamment.

Lisons l’article 13 de ce rapport : «Le contrat de travail est à durée indéterminée. Il ne peut être conclu pour une durée déterminée que dans les cas prévus par la loi.» N’est pas reprise la formulation en vigueur : le CDI est «la forme normale et générale de la relation de travail». Est-ce simple hasard ? N’est pas réaffirmé le garde-fou actuel aux dérogations : le CDD ne doit répondre qu’aux besoins temporaires de l’entreprise. Pourquoi cet oubli ? Quand le Medef rêve d’un recours sans frein aux CDD.

L’article 1 proclame : «les libertés et droits fondamentaux de la personne sont garantis dans toute relation de travail. Des limitations ne peuvent leur être apportées que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise…» Mais il s’agit du Code du travail, non ? Alors pourquoi évoquer la «personne» et pas des salariés ? En droit, les mots comptent. Effacer les salariés, c’est ne parler ni des employeurs, ni des pouvoirs patronaux. C’est reproduire la philosophie libérale contractualiste, où le contrat de travail est accord pur des volontés pures entre personnes égales.

Cet article, d’ailleurs, place le bon fonctionnement de l’entreprise sur le même plan que les libertés fondamentales. Comme dans le traité de Lisbonne qui met au même rang la dignité des personnes, le droit de propriété et la liberté d’entreprise.

Dans la lettre installant la Commission Badinter, Manuel Valls déclare : «la double fonction assignée au droit du travail est de plus en plus mal remplie. Alors qu’il doit à la fois protéger les travailleurs et sécuriser les entreprises pour leur permettre de se développer…».Mais ce n’est pas là, et ce ne doit pas être, la mission du Code du travail.

Comme le stipule l’article L. 120-3, ce Code vise à borner le «lien de subordination juridique permanent à l’égard de l’employeur». Depuis 1910, et à chaque avancée sociale, il eut cette fonction. Le premier Code provient des résistances ouvrières. Aujourd’hui, les luttes des salariés visent souvent à renforcer cette barricade juridique qu’est le Code. Le rendre protecteur des entreprises, c’est écrire l’histoire à l’envers.

Ensemble, dans les mois qui viennent, nous allons défendre les droits des salariés et jeter les bases d’un Code du travail qui les protège.

Clémentine Autain (Ensemble)Olivier Besancenot (NPA)Eric COQUEREL (Parti de gauche)Gérard Filoche (PS)Willy Pelletier (Fondation Copernic)Pierre Laurent (PCF)Eric Beynel (Solidaires)Fabrice Angei (CGT)Noël Daucé (FSU)

 

30 Commentaires

  1. OLIVE
    Posted 21 février 2016 at 1:59 | Permalien

    A mon avis, il faut arrêter de commenter les attaques patronales et gouvernementales, sans qu’en parallèle, la rue s’exprime par un appel fort des organisations syndicales et notamment la CGT.

    Aujourd’hui l’heure est grave, il n’y a plus de dialogue ni de négociation possible avec le patronat et ses serviteurs du gouvernement. Nous devons réagir fortement.

    Que les confédérations syndicales mesurent bien les enjeux de ce projet de loi qui va détruire les moyens de défense des salariés dans le monde du travail.

  2. ROSSIGNOL LILIANE
    Posted 21 février 2016 at 3:17 | Permalien

    Le RETRAIT pur et simple de ce projet de loi doit être exigé .Nous devons TOUS descendre dans la rue . C est une honte .
    Pas de discussions avant le retrait sinon c est l enlisement

  3. Posted 21 février 2016 at 6:08 | Permalien

    unité ! CQFD

    Fortifions le code du travail par Clémentine Autain (Ensemble) Olivier Besancenot (NPA) Eric COQUEREL (Parti de gauche) Gérard Filoche (PS) Willy Pelletier (Fondation Copernic) Pierre Laurent (PCF) Eric Beynel (Solidaires) Fabrice Angei (CGT) et Noël Daucé (FSU)

  4. nemo
    Posted 21 février 2016 at 10:48 | Permalien

    ah oui, il ne faut surtout pas que les salariés puissent s’exprimer par referendum d’entreprise, ils sont trop bêtes, ils pourraient dire qu’ils veulent travailler plus ou travailler le dimanche, en contradiction avec les sermons syndicaux…

  5. Posted 21 février 2016 at 10:59 | Permalien

    s…. tu suggères aussi de faire voter les électeurs a main levé publiquement en donnant leurs noms dans les bureaux de vote de la république et sans isoloir ?

    chez Smart Daimler, Hambch en Moselle, entreprise florissante, pour des raisons strictement politiques décide d’imposer 39 h payées 37 au lieu de 35 h par référendum
    56 % votent pour le patron mais 62 % des ouvriers refusent,
    les syndicats majoritairement élus refusent,
    alors le patron fait signer un à un à 90 % des salariés un co entrât acceptant quand même les 39 h payées 37 a la place de 35 h…
    y’a pas de pression peut être ? en fait c’est un vote sous menace terroriste d’être expulses de leur emploi

    dans l’entreprise il n’y a ni liberté, ni égalité, ni citoyenneté, les salariés sont subordonnés

    donc aucun referendum démocratique ne peut avoir lieu dans ces conditions

    pas parce que les salaries sont trop bêtes mais parce que les patrons sont trop dégueu…

  6. nemo
    Posted 21 février 2016 at 12:12 | Permalien

    Si 56 % ont voté pour, comment se fait il qu’un syndicat puisse bloquer le projet ? Dans ce cas-là, il n’y avait pas de pression, le syndicat en question était bien CONTRE la majorité exprimée dans les urnes.
    N’oubliez pas qu’il y a à peine 8% des salariés qui sont syndiqués, les syndicats ne représentent quelque chose que parce que la loi les reconnait, mais en réalité ils ne représentent rien, il n’y a qu’à voir le décalage entre eux et les salariés voulant travailler le dimanche qui leur disent « arrêter de vouloir décider à notre place ce qui est bon ou pas pour nous »

  7. Posted 21 février 2016 at 13:42 | Permalien

    56 % dans une usine en pleine santé ou il y a une majorité de cadres, mais 62 % des ouvriers évidemment étaient contre

    LES syndicats ont été contre ! parce que la loi, c’est qu’il y a des élections professionnelles et des élus… comme le prévoit la constitution « (les salariés s’expriment par l’intermédiaire de leurs délégués et participent ainsi a la gestion des entreprises » )

    quand les élus syndicaux ont 50 % des voix (et il y a un quorum qu’il n’y a pas dans les autres elections ! et en général la participation est élevée, apres de 80 %) ils agissent signent, ou non, etc… tu sais baby c’est comme dans la democratie en général..

    imagines que ce soit appliqué au Parlement : une majorité devrait avoir 50 % des voix exprimées et s’il n’y a pas de quorum, l’élection est invalidée – puis 50 % des voix disent quelque chose et on donne aux 30 % des autres voix la possibilité d’imposer au referendum au pays pour contrer ce que les 50 % viennent de décider !

    et en cas de referendum il n’y a plus de règles, pas de quorum, c’est le patron qui l’organise

    chez Smart près de 60 % des voix avec 2 syndicats dont la CFDT étaient contre : ils avaient reçu la majorité des voix des salariés avec quorum pour en décider ainsi !

    quant au travail le dimanche, 85 % des français disent être favorables à l’ouverture des magasins, mais 85 % ne veulent pas travailler personnellement le dimanche

    ensuite, oui, le code du travail décide « à la place » du salarié qu’il doit porter des chaussures de sécurité c’est comme la ceinture de sécurité dans la voiture

    oui, le code du travail décide qu’il y a une durée maxima du travail comme il existe une vitesse maxima,
    ca protège les salariés
    - pour leur santé,
    - pour leur emploi
    - et des exigences de leur patron

    l’ordre public social s’impose à tous, c’est l’état de droit dans l’entreprise la loi doit l’emporter sur les exigences du marché sinon il n’y a plus de République

  8. Eli
    Posted 21 février 2016 at 17:19 | Permalien

    Merci pour ce texte d’unité contre les attaques de l’oligarchie.
    « les libertés et droits fondamentaux de la personne sont garantis dans toute relation de travail…Des limitations ne peuvent leur être apportées que par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise »…
    tout est dit…

    pour le plaisir :
    déclaration universelle des droits de l’homme :

    « Article premier

    Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

  9. Jean-François GONEL
    Posted 21 février 2016 at 22:25 | Permalien

    A ceux qui pensent que le code du travail est trop gros, ils n’ont qu’à copier la version numérique sur leur tablette, mini-ordinateur de poche ou téléphone.

    A ceux qui pensent que cette version numérique (en terme de fichier) est trop volumineuse peuvent utiliser leur nuage (cloud).

    Aujourd’hui, le code du travail ne pèse rien, chaque travailleur peut l’avoir dans sa poche.

    A ceux qui pensent qu’il ait trop difficile de rechercher ses droits individuels ou collectifs dans le code du travail, apprenez en quelques minutes, d’utiliser toutes fonctions de recherche qui existent de nos jours (en utilisant ce qui s’appelle en langage informatique: des mots clés),

    A ceux qui apparemment comme monsieur Nemo ne connaissent rien au monde du travail, adressez vous pour connaître vos droits à un syndicat, salarial surtout. Évitez de vous adresser, par ignorance, à un syndicat patronal, les cotisations sont plus chères…

  10. Jean-François GONEL
    Posted 21 février 2016 at 22:29 | Permalien

    A quand le référendum , pour décider des augmentations generales des salaires , organisé par les salariés de l’entreprise ?

  11. 1956
    Posted 22 février 2016 at 0:10 | Permalien

    Bravo pour cette tribune unitaire pour laquelle les signataires sont bien identifiés par leurs appartenances politiques ou syndicales.

    Il est toutefois regrettable (pour la clarté et la compréhension des positions):
    -de ne pas connaitre les raisons pour lesquelles d’autres grandes centrales syndicales ne sont pas aussi de signataires…seraient elles hostiles ou tout simplement non consultées?
    -de ne pas avoir l’assurance que le signataire est bien mandaté par son organisation pour l’engager en son nom.
    -de ne pas aussi, selon le même principe, avoir identifié dans le texte l’organisation d’origine qui a mandaté la personne citée pour sa fonction représentative. (ex: El Khomri (PS), …)

    Dans cette période de confusions des idées, des étiquettes et pour éclairer les futures primaires (… quand c’est flou, y a un loup), les français ont besoin d’une netteté absolue pour adhérer et s’engager auprès de leurs représentants. Sinon dès que cela devient ambiguë, la confiance n’est pas acquise et nous nous réfugions dans l’abstention, le refus d’écoute ou le rejet systématique.

    Le but est bien de partager dans l’unité et la sincérité les enjeux, d’entrainer dans la rue le maximum de citoyens pendant l’année qu’il nous reste pour faire obstacle aux projets du Président de la République, aux textes de son gouvernement et à la représentation des députés qui soutiendraient ces orientations.

  12. Posted 22 février 2016 at 0:35 | Permalien

    tout est là en effet
    bravo

  13. caradec
    Posted 22 février 2016 at 17:02 | Permalien

    Bonjour,

    Ce n’est pas un peu débile de nous dire que la gauche va nous protéger des attaques de la droite et du PS (code du travail et autres) ?

    tout le monde sait que c’est cette même gauche qui va nous appeler à voter pour le candidat de droite contre marine le pen au deuxième tour de 2017.

    si ces braves gens veulent agir , pourquoi ils n’inventent pas un projet de société qui fasse envie ?

    un projet où les pauvres sont réellement soutenu?
    un projet où on acceuille avec bienveillance les exilés
    un projet où les études sont réellement gratuites
    un projet où chaque vieux et chaque enfant bénéficie d’un minimum correct pour vivre décemment?
    un projet où l’agriculture bio à taille humaine est soutenue tandis que celle qui est polluante est fortement taxée?
    un projet qui donne envie de vivre ensemble.

    pascal

  14. Gilbert Duroux
    Posted 22 février 2016 at 17:08 | Permalien

    Le suicide de Djamel Chaar n’a-t-il pas servi de leçon ? Est-ce que les socialistes veulent d’autres suicides devant les Pôles-emploi ?

    Lettre ouverte à Madame EL KHOMRI, Ministre du Travail :

    « Par le choix de vos alliances, c’est la guerre aux salariés et aux chômeurs que vous déclarez ! »

    Le 5 octobre dernier, en tranchant en faveur des chômeurs et des précaires, la plus haute juridiction administrative française déclarait l’incompétence des partenaires sociaux en matière, entre autres, de récupération des indus. Aujourd’hui, vous exécutez la demande de certains partenaires dits sociaux, et intégrez, dans un projet de loi fourre-tout, des modifications qui contourneront la décision du Conseil d’État.

    Cette alliance, cette complaisance malsaine entre vous, Ministre du Travail, et les gestionnaires de l’assurance chômage desservent cette protection sociale, fragilisent une population déjà stigmatisée pour rendre corvéables à souhait salariés, précaires et chômeurs.

    Par cet article 52 -inséré dans les dispositions diverses de ce projet de loi-, vous donnez un signal à ceux qui gèrent l’UNEDIC et Pôle Emploi, et les encouragez dans la chasse à la récupération de trop-perçus, réels ou pas, et ce, sans aucun contrôle.

    Dans cette proposition de loi vous projetez aussi de déduire, de la durée des allocations calculées, les périodes non déclarées de plus de 3 jours, alors qu’elles sont bien cotisées et récupérées. Et pourtant, demain, toutes ces informations seront rendues accessibles par la Déclaration Sociale Nominative (DSN).

    Cette règlementation absurde et injuste, Djamel Chaar en a été victime : il n’a jamais compris ce refus de prendre en compte ces heures travaillées, déclarées tardivement faute d’avoir reçu ses fiches de paie à temps. Le 12 février 2013, il écrivait : « aujourd’hui, c’est le grand jour pour moi car je vais me brûler à Pôle Emploi. J’ai travaillé 720h et la loi, c’est 610h. Et Pôle Emploi a refusé mon dossier. » L’agence étant fermée ce jour-là, il reviendra le 13 février pour s’immoler devant le Pôle Emploi de Nantes.

    Cet article 52 légalise également, une autre violence : celle du pouvoir de contrainte en matière de récupération des trop-perçus d’allocations de chômage.

    Ce n’est pas pourtant faute de vous avoir alertés, vous et vos prédécesseurs (entre autres), dans le cadre des Missions d’Informations relatives à Pôle Emploi, diligentées d’abord par les sénateurs (rapport du 5 juillet 2011), puis par les députés (rapport du 5 juin 2013). Nous avons produit un dossier de 300 pages : PÔLE EMPLOI – PÔLE EMPLOI SERVICES – GUSO = ZONES DE NON-DROIT. Nous avons rencontré vos conseillers, et nous vous interpellons, aussi, au cas par cas, vous et Monsieur le Défenseur des Droits. Les rapports du Médiateur National, Monsieur Walter, font état de ce que nous ne sommes pas les seuls à dénoncer.

    Vous ne pouvez donc pas ignorer que de nombreux trop-perçus sont induits par une absence de vérification de la réalité de l’indu, par un système informatique mal paramétré, par des saisies de périodes travaillées en doublon, par une prescription de l’indu que Pôle Emploi feint d’ignorer, etc. Vous savez que ces trop-perçus sont souvent remboursés à tort, ou « annulés », tous les jours, par les conseillers, et qu’il leur arrive même de renaître de leurs cendres après annulation !

    Ce pouvoir d’agir arbitraire -institué par cet article 52- sanctionnera systématiquement les chômeurs, qui devront prouver tout seuls les nombreuses erreurs de Pôle Emploi. Ils devront faire opposition à la contrainte et s’adjoindre les services d’un avocat dans un délai très court.

    Au lieu de vous mettre aux ordres de ceux qui créent les conditions d’insécurité des chômeurs, vous devriez enquêter et analyser les causes réelles de ces trop-perçus qui, souvent, n’en sont pas.

    Vous devriez exiger la mise en place d’actions correctives, la suppression de tous les objectifs visant à mesurer les taux de récupération des indus, et les indicateurs de performance d’une agence à une autre. Ceux-ci conduisent à des méthodes douteuses et déloyales pour récupérer, envers et contre tout, des indus qui n’en sont pas. Ils sont même parfois atteints par la prescription, quitte à faire passer les chômeurs pour des fraudeurs, afin de pourvoir augmenter ce délai de 3 à 10 ans !

    Les chômeurs attendent de Pôle Emploi qu’il les indemnise quand ils n’ont pas d’emploi, Pôle Emploi attend des chômeurs qu’ils trouvent un emploi. Pourtant, aujourd’hui, Pôle Emploi réclame beaucoup d’argent aux chômeurs, notamment quand ils ont un emploi. Voilà des paradoxes que vous auriez déjà dû faire stopper depuis qu’ils ont été portés à votre connaissance.

    Le Service Public de l’Emploi et de la protection sociale d’assurance chômage n’a pas vocation à endetter les chômeurs.

    Nous attendons d’une Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social, une protection des plus démunis et des plus vulnérables, un véritable soutien, au lieu du renforcement des pouvoirs d’une institution, dont les dysfonctionnements (de la gouvernance à l’application du droit au quotidien) ne sont plus à démontrer.

    À l’aube de cette nouvelle négociation sur l’assurance chômage, vous oubliez de dire que celle-ci n’est pas déficitaire, mais excédentaire. Vous omettez de décrypter ce qui pompe le budget de l’UNEDIC et qui creuse son déficit : le désengagement de l’État dans le financement de Pôle Emploi. C’est l’UNEDIC qui, aujourd’hui, prend en charge la majorité des frais de fonctionnement de Pôle Emploi (financement à hauteur de plus de 60% du budget, avec 10% des contributions).

    Voilà des alliances renforcées pour des intérêts partagés, au détriment des chômeurs et des salariés.

    Au-delà de l’Article 52, et dans la continuité des lois Rebsamen et Macron, ce projet de loi que vous portez met en place le cadre de la société rêvée par vos alliés objectifs, le Medef et la CGPME, avec :

    - la fin de l’égalité du temps de travail d’une entreprise à une autre ;
    - le déverrouillage des 35h (variation possible des taux de majoration des heures supplémentaires, forfaits jours dans les TPE et PME, accords de maintien dans l’emploi généralisés) ;
    - l’assouplissement des licenciements économiques ;
    - le plafonnement des indemnités prud’homales ;
    - la négociation collective généralisée (y compris sur les congés) ;
    - l’affaiblissement du droit d’opposition (recours possible au référendum) ;
    - le travail des apprentis pouvant aller jusqu’à 10 h/jour, 40 h/semaine ;
    - des contrats de professionnalisation sans l’obtention de diplômes reconnus ;
    - la remise en cause du droit à l’expertise CHSCT ;
    - le télétravail ;
    - la VAE (qu’on ne cesse de tenter de simplifier depuis qu’elle a été créée) ;
    - le compte personnel d’activité (CPA) avec installation sur option des bulletins de salaire dématérialisés ;
    - …
    Sous prétexte de l’ère numérique, et du « progrès annoncé » se dessine la fin du modèle social fondé sur la répartition et la solidarité, tel qu’il a été construit par le Conseil National de la Résistance. Le CPA pose les bases de droits capitalisés et attachés à la personne en activité. Cela constitue une attaque et une régression sans précédent de l’universalité des droits, dont l’origine remonte à la Déclaration des Droits de l’Homme.

    Au-delà de l’article 52, c’est bien la globalité de votre projet de loi que nous rejetons car il est aux antipodes des valeurs que nous défendons.

    Nous appelons tous les chômeurs, salariés et précaires, et plus largement les étudiants et retraités, à rejoindre les rassemblements et manifestations qui seront organisés, et ce, dès ce 22 février.

    Et sachez que les négociations sur la nouvelle convention d’assurance chômage se passeront sous haute-surveillance : la nôtre.

    Nous mettrons donc tout en œuvre pour que vous abandonniez ce projet de loi qui, selon Pierre Gattaz, irait « dans le bon sens ». Une telle connivence entre gouvernement et Medef confirme, s’il en était besoin, la fracture ouverte entre vous et les salariés et chômeurs de ce pays. Et si malgré toutes nos mises en garde et l’opposition grandissante à ce projet, celui-ci devait passer en force, cela entrainerait un conflit social d’une ampleur pour l’heure insoupçonnable.

    Premiers signataires : Coordination des Intermittents et Précaires CIP-IDF, Les Matermittentes, Sud Culture Solidaires, Recours Radiation

  15. Khaled
    Posted 22 février 2016 at 17:39 | Permalien

    Quelles sont les actions envisagées ?

  16. rsheed
    Posted 22 février 2016 at 18:07 | Permalien

    Des témoignages qui fond froid dans le dos et qui hélas relate la réalité du quotidien de plus en plus de français.

  17. rsheed
    Posted 22 février 2016 at 18:12 | Permalien

    http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=788b31cb-3fad-4330-8571-3ad785d204a7

  18. Posted 23 février 2016 at 11:03 | Permalien

    Il faut vraiment que le parti ne soit plus socialiste ni même social démocrate pour faire passer un tel projet. Rester dedans a-t-il encore un sens? Ce n’est peut être pas l’urgence d’en parler là maintenant mais tout de même… Je fais le rêve qu’il explose avec ce projet et avec l’état d’urgence. Réveille-toi la Gauche!

  19. Posted 23 février 2016 at 19:24 | Permalien

    Bonsoir à tous,
    En complément de la tribune publiée par notre camarade Gérard Filoche, je vous invite à lire le communiqué du syndicat Sud Travail Affaires Sociales, disponible à l’adresse suivante : http://www.solidaires.org/Projet-de-Loi-El-Khomri-Macron-Valls-Hollande-Medef-Les-voyous-font-le-casse-du
    Solidairement.

  20. Hervé
    Posted 23 février 2016 at 22:08 | Permalien

    Quel boulot ! Merci à vous et à D.S pour le travail accompli. J’essaie de le poster comme je peux, sur les réseaux sociaux ou sur les blogs de presse.

    M.Valls a dit : «Il y en a qui sont encore au XIXe siècle […], moi et les membres du gouvernement, nous sommes au XXIe siècle.»

    Le premier sinistre en chef tente de se faire passer pour un type du XXI°siècle tandis que c’est lui, qui nous fait revenir au XIX° siècle !

    Il faudra sur les plateaux de télévision que vous insistiez bien sur ce point, M.Filoche, si je puis me permettre. Dites-lui bien à cet empaffé que c’est lui, qui est un pauvre résidu mental du XIX° siècle et que bientôt, nous le renverrons aux poubelles de l’Histoire, lui et toute sa bande d’escrocs !

  21. Posted 24 février 2016 at 9:09 | Permalien

    Les syndicats se sont réunis. Qu’ont-ils décidé ?
    De publier un communiqué.

    On est sauvé

  22. Posted 24 février 2016 at 19:16 | Permalien

    Bonsoir Sax (post n° 21),
    Écrire un communiqué de presse en cette période de vacances scolaires, permet déjà aux syndicats d’alerter les travailleurs sur la nocivité du projet de Loi. Restera ensuite à les mobiliser courant mars en vue d’une action massive (grèves et manifestations), afin de faire plier le Gouvernement. En un mot, chaque chose en son temps…
    Solidairement.

  23. Posted 25 février 2016 at 13:33 | Permalien

    @Fredesud :
    Il n’empêche que c’est très mou tout ça.
    Courant mars, le projet sera déjà passé en conseil des ministres et sera sur le chemin de l’assemblée.
    Alors qu’il faut agir vite et fort, avec des manifestations tous les jours (et pas tous les mois comme contre la réforme sarkozyste des retraites), des grèves un peu partout …

  24. Posted 25 février 2016 at 15:56 | Permalien

    Considérants / « Sortir de l’impasse »

    Limites
    Aubry sait- elle ce qu’elle veut? Dénonce la politique de FH et légitime à la fois le Chef de l’Etat et le candidat (s’il choisit de l’être).
    Pas de propositions ni de programme et encore moins de projet!
    Potentiel
    Possibilité de bascule. Le DOUTE gagne une majorité de socialistes. A nous de cerner la nature des interrogations, de les relayer et de soumettre à l’appréciation de chacun
    quelques DÉBOUCHÉS concrets. Et, en temps utile, si l’adhésion à une alternative mobilise significativement nombre de camarades battons nous pour obtenir une décision du CN (voire d’une Convention ad hoc) le
    9 avril formalisant une nouvelle ligne politique.
    Enjeu primordial
    Motion de censure. En parler, non pas. L’envisager, non plus. L’engager, en toute sérénité, si nécessaire. La prudence récurrente de C Paul remet toujours à demain l’action qui s’ imposait hier! La procrastinaition en politique conforte l’existant…
    Simultanément, la primaire
    De toute la Gauche. Son organisation présente une difficulté d’importance. Dépassable. Le respect de toutes les forces assemblées impose une responsabilité partagée et donc interdit que le PS s’arroge ou revendique ce rôle.

    Jacques Bennetot
    25 février 2016

  25. Posted 25 février 2016 at 15:58 | Permalien

    Début du message réexpédié :

    Afficher la suite de Jean-Claude Branchereau 76
    20160224 note orga intersyndicale.pdf

  26. Posted 25 février 2016 at 16:00 | Permalien

    Auteur : YOHAN42 (IP : 2.4.3.70 , AMarseille-651-1-116-70.w2-4.abo.wanadoo.fr)
    E-mail : BEBORFED@GMAIL.COM
    Adresse :
    Whois : http://whois.arin.net/rest/ip/2.4.3.70
    Commentaire :
    Bonjour M Filloche,
    je suis toujours séduit par vos analyses. Je ne suis pas au PS je l’ai pourtant soutenu pensant qu’il serait le seul rempart face à une finance devenue délirante.
    Je ne sais pas ce qu’il va se passer au PS et franchement cela m’importe peu aujourd’hui, j’ai déja fait le choix du candidat que je soutiendrai pour 2017. En revanche je partage votre avis sur le rassemblement, j’ai été de toutes les luttes (je travail depuis l’âge de 16 ans) depuis de trés nombreuses années et je sais une chose, c’est que « seule » l’unité compte, la solidarité, entre les OS, entre le pblic et le privé…
    Si on s’attarde sur les différences entre les syndicats, les partis, qui parle au nom de quoi etc… On perd un temps précieux. La lutte sociale est le liant de la gauche de toute la gauche. Donc pour moi toutes personnes connues, impliquées qui appellent à une mobilisation massive pour le maintien des droits et la conquête de nouveaux sera la bien venue. Si nous gagnons enfin une vrai lutte sociale, alors les gens, le peuple de gauche reprendra confiance en lui et permettra a nouveau de grandes personnalités politiques émerges et non des suppos du libéralisme. Tous ensemble, on s’expliquera aprés une grande victoire.

    L’approuver : http://www.filoche.net/wp-admin/comment.php?action=approve&c=118174
    Le mettre dans la Corbeille : http://www.filoche.net/wp-admin/comment.php?action=trash&c=118174
    Le marquer comme indésirable : http://www.filoche.net/wp-admin/comment.php?action=spam&c=118174
    En ce moment, 227 commentaires attendent vos approbations. Veuillez vous rendre sur le panneau de modération :
    http://www.filoche.net/wp-admin/edit-comments.php?comment_status=moderated

  27. Posted 25 février 2016 at 16:01 | Permalien

    Bonjour à Toutes et Tous,

    Je vous invite à réagir contre l’attaque du Code du Travail avec véhémence en validant votre soutien à la pétition ci-dessous, MERCI de faire suivre

    https://www.change.org/p/loi-travail-non-merci-myriamelkhomri-loitravailnonmerci
    ou
    https://www.change.org/p/loi-travail-non-merci-myriamelkhomri-loitravailnonmerci/u/15602528?tk=wRxbCHh5ZYvGtNx6aLnDduMejAfbWaBRBMfYHDlxjrk&utm_source=petition_update&utm_medium=email
    ou
    https://twitter.com/carolinedehaas

    Surtout, faites suivre à vos contacts car la destruction du Code du Travail sera irréversible, MERCI pour votre participation, et pensez à ceux qui sont morts pour nous donner ces protections

    Cordialement,
    Raymond STOCCO
    @ : raymondstocco@sfr.fr ou rsn331@gmail.com
    ) : 06 85 70 22 02

  28. Posted 25 février 2016 at 16:01 | Permalien

    genda GF en prevision
    Lundi 29 mars : RFI 7 h 50 soir Bn
    mardi 1 er mars : DN motion B
    Vers le 2 ou 3 mars ou 4 ? : Marseille 13 Ps sin CR de sine mensuel le 3
    dans la foulée Toulon Cgt ?
    Lundi 7 mars : CQFD Bourse du travail MLG Paris ou Bn
    Mardi 8 mars : CQFD Morlaix 22 congrès CGT CHPM de 14 à 17 h
    Jeudi 10 mars : Toulouse CGT PCF 31 (+ meeting à Paris)
    Vendredi 11 mars : Toulouse AM Fac du Mirail et le soir Utopia JOB
    Samedi 12 mars : CQFD Tarbes 65
    Lundi 14 mars : BN – les lundis de gauche au PCF Fabien Paris 75019
    Mardi 15 mars : cercle E Pailleron Paris 19° de 19 à 21 h
    Mercredi 16 mars : CQFD réunion 20 h à Sens 89
    Jeudi 17 mars : 9 h à 12 h congrès architectes Paris 19° Unef + livre 18 h
    Vendredi 18 mars : CQFD Sotteville les Rouen 76
    Lundi 21 mars : midi au Ulis Essonne – école de formation et ou Bn
    Mardi 22 mars : CQFD UD CGT 34 Montpellier
    Mercredi 23 mars : CQFD Noailles PS Oise 60
    Jeudi 24 mars : CQFD 18 h 30 h fac parisiennes UNEF paris 1
    Vendredi 25 mars : CQFD 20 h 30 Audincourt 25 PSA-Sochaux
    Mardi 29 mars : CQFD Orléans UEC 45 avec Ian Dufour
    Mercredi 30 Mars : CQFD UEC Lyon 69
    Jeudi 31 mars : greve manie + Rennes
    Vendredi 1er avril : PS à Brest 29
    Samedi 2 avril : PS à Quimper 29
    Jeudi 7 avril : PS à Malaucène 84
    Vendredi 8 avril : CQFD à Manosque 04
    Samedi 9 avril : PS à Péage du Roussillon Grenoble 38
    Lundi 25 avril : CQFD Chalons en champagne 51
    Mardi 26 avril : UNEF Fac de Rouen 50 ans de mai 68 + elbeuf
    Jeudi 28 et vendredi 29 : en Lorraine CGT 57

  29. Posted 25 février 2016 at 16:45 | Permalien

    Quand ils ont déréglementé le travail le dimanche nous n’avons pas bougé : nous adorons flâner le dimanche dans les allées d’un magasin de bricolage et nous nous rassurons en nous disant que la caissière est surpayée ce jour-là : tant pis pour ces enfants, tant pis pour l’acheteur de semaine qui paie le surcout du travail le dimanche sur son ticket de caisse sans broncher.

    Quand ils ont augmenté le trafic de Bus nous avons pleuré nos morts en évoquant l’accident, la responsabilité de la vitesse sans penser que peut-être le rail est un transport plus sûr.

    Maintenant ils veulent faire travailler les apprentis jusqu’à 10 heures par jours et 40 heures par semaines, penserons nous aux jeunes qui arrivent sur un marché de l’emploi restreint encore à l’école avec des devoirs scolaires et contraint à des horaires d’un autre siècle ?

    Toujours les même qui font des sacrifices : ras-le-bol !
    L’humain soumis à l’économie : ras-le-bol !
    La coupe est pleine.

  30. Posted 25 février 2016 at 19:19 | Permalien

    Bonsoir Sax (post n° 23),
    Entièrement d’accord avec vous sur le fait que seule une grève générale serait à même de faire reculer le Gouvernement. Maintenant, les travailleurs sont-ils prêts à se lancer dans une telle initiative ?
    Solidairement.

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