Hollande : du candidat naturel au naturellement pas candidat – Qui à la place ? Naturellement dans la tradition de Jaurès, pas dans les pas de Valls-Macron

 

En janvier 2016, au Bureau national, je m’étais exprimé, suite à une déclaration de Jean-Jacques Urvoas, pour dire que « non, François Hollande n’était pas le candidat naturel » et qu’il serait judicieux que le Parti socialiste par la bouche de son Premier secrétaire le lui dise à temps.

C’est un euphémisme de dire que ma déclaration n’avait pas été reçue favorablement.  Trop avisée.

Le premier secrétaire se voyait mal  lui dire cela. Et même au Bureau national, ses opposants, mes amis, trouvaient mes propos trop hardis.

Mais pourtant nous étions à l’orée de la dernière ligne droite et le président venait de ne rien dire après les régionales. Pour moi ce fut le signe de la fin : on venait de perdre cinq élections municipales, européennes, sénatoriales, territoriales, régionales, et, pour la dernière année de son quinquennat, il ne changeait rien, il gardait Valls, il poursuivait la déchéance de la nationalité et il engageait la loi pour casser le code du travail. C’était fini.

Pourtant il restait encore 6 millions de voix socialistes soit 66 % des voix de gauche exprimées. Pour la 5° fois, l’électorat de gauche n’était pas allé vers d’autres horizons, il s’abstenait massivement. La droite gagnait en pourcentage et non en voix, et sans  susciter d’appétence.

Pourtant même le 1er secrétaire du PS, J-C Cambadélis, le soir du scrutin, avait déclaré « ça ne pouvait plus durer » et exigé qu’au moins, il y ait un « combat contre la précarité ». Non seulement il ne fut pas écouté, mais il fut rabroué et obligé de revenir sur cette tentative de hardiesse. François Hollande ne voulait pas gouverner, même la dernière année de son mandat,  pour son électorat mais pour la finance : il a poursuivi jusqu’au bout, marabouté par les discours de Jouyet, Macron, des banques et du Medef, quoiqu’il lui en coutât.

Nous voilà avec seulement 4 % des Français satisfaits de l’action de Hollande, c’est le plus faible taux jamais enregistré.

On passe du « candidat naturel » au « naturellement pas candidat ».

De partout les « proches », comme on dit, s’inquiètent, critiquent et se distancient. Son ami, Jean-Pierre Mignard le déclare dans Marianne : « François Hollande doit s’éviter une humiliation ». « Je ne voudrais pas que, dans son entourage, certains le poussent à être candidat à tout prix pour s’immoler sur l’autel de la préservation de l’unité », poursuit encore Jean-Pierre Mignard, soulignant que le débat sur la ligne politique peut très bien être réglé lors de la primaire, et bien sûr sans François Hollande.

Le plus surprenant pour des responsables politiques et hommes d’état, comme ils se disent, c’est qu’ils ont pris prétexte de la sortie d’un livre (il est vrai indécent par la bouillie intellectuelle, théorique, politique pratique, qu’il révèle) : « Un président ne devrait pas dire ça.. » interroge il est vrai, sur le degré d’incohérence, de confusion, d’hypocrisie du Président. On dit que Claude Bartolone président de l’Assemblée nationale, est offusqué parce que François Hollande y déclare qu’il « manque d’envergure ».  Mais Claude Bartolone, comme d’autres, auraient du avoir l’envergure de s’opposer plus tôt quand il était question de la déchéance de nationalité et de la scélérate loi El Khomri.

Car les français se moquent du livre publié, de ses errements et de ses piques, mais pas du fait qu’il y ait 1,3 million de chômeurs de plus depuis juin 2012. Pas du fait que 41 milliards de niches fiscales sont allés sans conditions,  ni contreparties, au patronat et au détriment de nos emplois publics, de nos besoins sociaux. La dette présumée du pays est passée de 86 % du à 98 % du Pib et seul le budget social a été soumis l’odieuse et absurde « règle d’or » d’Angela Merkel. C’est parce qu’il a fait, avec son ministre Valls, une politique de droite, que François Hollande n’est pas le candidat naturel de la gauche.

Alors redisons-le, il ne faut pas que François Hollande se représente.  Après tant de mauvais choix, ce serait le bon choix. Il s’en expliquera comme il veut avec l’histoire, en tête à tête avec d’autres journalistes qui le blanchiront dans d’autres livres, d’avoir trahi le salariat et si bien servi – en vain, ils sont ingrats – patrons et rentiers, financiers et spéculateurs.

Il ne faut pas non plus, que Manuel Valls, complice, co-équipier, co-auteur associé de ce désastre pendant quasiment cinq ans, prenne la place toute chaude pour continuer la même politique. C’est la politique suivie qui est en cause ! Quand on la regarde sur cinq longues années, on est ébahis : en cent ans, en comparaison avec d’autres gouvernements de gauche, jamais il n’y a eu pareils reculs, et aussi brutaux, pour finir,  que la loi El Khomri, imposée par coup de force, 49 3 contre une majorité écrasante de l’opinion et des syndicats, des salariés et des jeunes.

On va aux primaires les 22 et 29 janvier : le sénateur pro Valls, Luc Carvounas, vient de s’indigner à l’idée que « François Hollande soit obligé de débattre avec Gérard Filoche ». Cette petite arrogance est surprenante : car justement, à l’heure des bilans, c’est bien avec un représentant des salariés qu’il faut débattre et rendre des comptes. Qui risque de n’être pas à la hauteur ?  Qui risque de ne pas tenir le coup dans le débat ? Face à un président multi-langage qui a tant trompé, qui a tant menti, ce sera difficile de faire face à quelqu’un qui n’a tenu qu’un seul langage, et constamment de gauche, depuis cinq ans.

Les voilà qui veulent moi, m’empêcher de parler ! Ils tentent même d’empêcher que nous ayons les signatures exigées, bien que Cambadélis ait affirmé que tous les points de vue de gauche seraient représentés à la primaire citoyenne ouverte.

Mais je suis candidat naturellement, parmi les socialistes, porte-parole adapté de tous ceux qui ont lutté contre l’ANI, la loi Sapin, Cahuzac, les lois Macron, la loi El Khomri et contre les budgets pro Medef.

Evidemment si vous voulez un candidat mean stream, ce n’est pas moi. Si vous voulez un ancien ministre ce n’est pas moi. Si vous voulez un énarque mouillé  avec la promotion Voltaire ce n’est pas moi. Si vous voulez un « communicant », un frimeur conformiste déjà moulé dans la peau d’un président made in V° République, ce n’est pas moi. Si vous voulez un homme d’appareil ce n’est pas moi. Si vous voulez quelqu’un aux ambitions personnelles qui rayent le parquet, ce n’est pas moi. Si vous voulez un homme de la finance ce n’est pas moi. Si vous voulez un « candidat perdant pour préserver l’avenir » ce n’est pas moi.

Moi, je suis un candidat pour gagner en 2017, pas pour faire perdre.

Il faut une rupture pour revenir à gauche : je  le ferais en mobilisant les voix des abstentionnistes, des salariés, des jeunes, des retraités, des femmes, des écologistes, des laïques, des républicains sociaux et démocrates. Je le ferais dans la tradition de Jaurès et en rupture politique avec  les Valls et Macron. Je suis inspecteur du travail pas des finances. Je suis fils d’ouvrier, et j’ai été ouvrier, j’ai fais tous les métiers et vécu comme des dizaines de millions des nôtres. Je suis des vôtres. J’ai publié 33 livres et je peux être fier de leur contenu à travers la durée. Je milite depuis plus de 50 ans de façon constante et je n’ai jamais eu de double langage.  Je ne méprise pas les syndicats et je veux leur unité : ma première carte remonte à 1963. Je ne divise pas la gauche, elle est réconciliable. Sans unité de toute la gauche rien de grand ne s’est fait et ne se fera dans notre pays.

Ce sera une campagne « le social au cœur »  on y parlera d’abord salaires minima et maxima, redistribution des richesses, 32 h, retraite à 60 ans, droit du travail, contre le chômage de masse et la précarité. Puis d’écologie. Puis de VI° République : j’y tiens, ce n’est pas un gadget, il faut la fin du pouvoir personnel, du présidentialisme, je suis contre – depuis 1962. Il y aura une vraie réforme fiscale et bancaire. On va prendre aux dividendes géants qui se sont amoncelés.

On va réveiller, reforger, reconstruire la gauche majoritaire de notre pays,  redonner l’espoir, et construire les garanties du succès, des paroles tenues, du « changement maintenant ». C’est ce programme là, cette orientation là qui seuls, sont capables de soulever des montagnes, de faire le tonnerre et la dynamique, de réconcilier tous les secteurs de la gauche autour d’une plateforme commune et d’un candidat commun.

 

8 Commentaires

  1. JLievre
    Posted 30 octobre 2016 at 12:22 | Permalien

    Un joli rêve !
    Mais chacun sait que ça ne peut pas se passer au sein du PS.
    Une erreur stratégique qui conduit au mieux à rouler pour Montebourg.
    Montebourg l’homme qui était à Bercy au moment du lancement du CICE ou de l’ANI. Celui qui a fait la courte échelle à Valls vers Matignon.

    Et le rêve s’effondre… à moins d’un revirement stratégique…

  2. Médusa
    Posted 30 octobre 2016 at 13:10 | Permalien

    « Alors redisons-le, il ne faut pas que François Hollande se représente.

    (…)
    Il ne faut pas non plus, que Manuel Valls, complice, co-équipier, co-auteur associé de ce désastre pendant quasiment cinq ans, prenne la place toute chaude pour continuer la même politique. »

    Si, il faut bien qu’un des deux se présente, ET soit battu sèchement. Il n’y a pas d’autre choix pour acter la liquidation de leur ligne politique. Quelqu’un doit être comptable de l’horreur que fut ce quinquennat, ET en payer le prix.

    (Sinon, erreur dans le texte : vous vouliez dire « candidat MAINstream ».)

  3. Posted 30 octobre 2016 at 17:38 | Permalien

    fantaisie,
    vous voulez les deux pour qu’ils perdent ?
    mais c’est NOUS qui perdrons, c’est nous qui n’aurons que le choix sinistre entre LR et FN

  4. Posted 30 octobre 2016 at 17:39 | Permalien

    oui, candidat unique a gauche, et votez pour moi…

  5. Posted 31 octobre 2016 at 13:53 | Permalien

    Bonjour à tous,
    Si François Hollande est candidat à sa propre succession et ce, malgré son bilan économique et social catastrophique, il subira une véritable humiliation et entrainera inéluctablement le PS dans sa chute, lors des législatives qui suivront. Une grande primaire de toute la Gauche permettrait, certes, de l’écarter avant l’élection présidentielle et d’éviter ainsi le désastre qui attend notre famille politique, mais acceptera-t-il d’y participer en tant que Président sortant ?
    Solidairement.

  6. Emiliano Puerto
    Posted 2 novembre 2016 at 22:40 | Permalien

    Pour info, il me semble que voilà des militants de gauche qui ont tout compris des tenants et aboutissants de cette élection.

    http://cercles.communistes.free.fr/cc5962/publi.php?idArticle=2016_10_29_lettreouverte

  7. Anonyme
    Posted 8 novembre 2016 at 13:23 | Permalien

    « Les voilà qui veulent moi, m’empêcher de parler ! Ils tentent même d’empêcher que nous ayons les signatures exigées, bien que Cambadélis ait affirmé que tous les points de vue de gauche seraient représentés à la primaire citoyenne ouverte. »

    Voilà que Gérard explicite les raisons de ne pas y aller déjà indiquées par Mélenchon. Un énorme risque d’escroquerie aux votes, de pression et de falsification du débat, bref de vote truqué. Si vous voulez savoir ce que cela donne, cf la primaire démocrate américaine (et le futur vote de ce jour). Il ne reste pas grand chose de Bernie Sanders qui a fini par manger ses chaussures, après des débats ou seule son adversaire avait les questions à l’avance… A qui le tour ?
    Ceci dit, je voterai aux primaires PS, histoire de remettre les « sociaux » libéraux à leur vrai pourcentage dans la gauche, soit moins de 10% séduits par ces tristes clowns.

  8. step
    Posted 8 novembre 2016 at 13:24 | Permalien

    « Les voilà qui veulent moi, m’empêcher de parler ! Ils tentent même d’empêcher que nous ayons les signatures exigées, bien que Cambadélis ait affirmé que tous les points de vue de gauche seraient représentés à la primaire citoyenne ouverte. »

    Voilà que Gérard explicite les raisons de ne pas y aller déjà indiquées par Mélenchon. Un énorme risque d’escroquerie aux votes, de pression et de falsification du débat, bref de vote truqué. Si vous voulez savoir ce que cela donne, cf la primaire démocrate américaine (et le futur vote de ce jour). Il ne reste pas grand chose de Bernie Sanders qui a fini par manger ses chaussures, après des débats ou seule son adversaire avait les questions à l’avance… A qui le tour ?
    Ceci dit, je voterai aux primaires PS, histoire de remettre les « sociaux » libéraux à leur vrai pourcentage dans la gauche, soit moins de 10% séduits par ces tristes clowns.

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