Le rapport Charpin de 1999 contre nos retraites disait prévoir « autour de 350 000 naissances par an » à partir de l’an 2000. C’était l’un de ces arguments bidon qui faisaient florès à l’époque pour dire « il n’y aura pas assez de jeunes pour payer nos retraites »
Cet argument a été balayé par les faits : à partir de l’an 2000, il y a eu autour de 850 000 naissances par an. On atteint 67,2 millions de Français. Cela a duré jusqu’en 2015, et à ce rythme, la France passait devant l’Allemagne en moins de 30 ans. Pendant cette période la mortalité était autour de 525 000 par an.
Et cela aboutissait à ce qu’il y ait… a partir de 2018 autour de 300 000 jeunes demandeurs d’emploi chaque année, pendant.. au moins 15 ans… (2030) soit 3 millions d’emplois à trouver, ce qui ne peut exister sans partage et donc sans réduction substantielle du temps de travail.
Ce n’est pas une vision « complotiste », mais il y a des décideurs, sans consultation, sans annonce, sans démocratie, qui n’ont pas vu ce boom démographique d’un bon œil : ils ont donc pris – sous Hollande et maintenant sous Macron – des mesures dont ils pensaient qu’elles contribueraient à renverser cette tendance de fond :
a) pour que ce ne soit plus le patronat qui finance les allocations familiales à la source sur la feuille de paie
b) pour remettre en cause le coefficient familial calcule sur l’enfant et le rendre inégalitaire basé sur les revenus.
C) pour diminuer les allocations de base pour les naissances et les aides pour les jeunes enfants.
Hollande a été le premier à infléchir ainsi les encouragements financiers et matériels aux naissances et aux jeunes enfants.
« Deux facteurs expliquent cette évolution : une baisse de la natalité et une hausse de la mortalité. Si les deux sujets sont politiquement sensibles, le nombre de naissances enregistré chaque année l’est particulièrement, une forte natalité étant interprétée comme un signe de bonne santé actuelle et future pour un pays. Or, la tendance à la baisse amorcée en 2015 se confirme. Le nombre de naissances est en baisse pour la troisième année consécutive. En 2017, 767 000 bébés sont nés, soit 17 000 de moins qu’en 2016, après des baisses d’ampleur comparable en 2016 et 2015. Cette évolution s’explique en partie par la diminution du nombre de femmes en âge de procréer, mais surtout par la baisse de la fécondité. L’indicateur s’établit à 1,88 enfant par femme, contre 1,92 en 2016, et 2 en 2012. Il s’éloigne donc du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme). Ce sont les femmes âgées de 25 à 34 ans en particulier qui ont moins d’enfants qu’auparavant.
En fait c’était déjà valable en début des années 2000 et cela n’a pas empêché ce « boom » demographique
Alors
Pour quelle raison ? « Il n’existe pas de modèle explicatif des variations de fécondité, observe Laurent Chalard, géographe de la population à l’université Paris-Sorbonne. Elles résultent de décisions personnelles et sont liées aux évolutions des mentalités. » Les chercheurs sont donc partagés. « La crise économique de 2008 a provoqué une baisse de la fécondité dans la plupart des pays développés, analyse Gilles Pison, professeur de démographie au Muséum national d’histoire naturelle. En France, les politiques sociales et familiales ont retardé ses conséquences. » Dans cette hypothèse, la baisse serait temporaire. « Beaucoup va dépendre de l’évolution du chômage en France », poursuit M. Pison. (in Le Monde 16 janvier 2018)
Si les politiques sociales et familiales ont permis un boom démographique malgré la crise de 2008, leurs modifications ont contribué à y mettre fin.
Le Monde le confirme :
« Autre explication conjoncturelle possible : les coups de rabot portés à la politique d’aides aux familles pendant le quinquennat de François Hollande. Diminution des allocations familiales et baisse du plafond du quotient familial pour les plus aisés, modulation des aides à l’accueil des jeunes enfants… Une politique poursuivie sous la présidence d’Emmanuel Macron, avec un nouvel abaissement des plafonds de ressources donnant droit au versement de l’allocation de base pour les parents de jeunes enfants, voté fin 2017, qui touche au portefeuille les classes moyennes. » (ibid)
En effet Hollande et Valls ont trahi les promesses qu’ils avaient faites sur ce point aussi : en mars 2012 Hollande promettait qu’il ne toucherait pas aux allocations familiales. Mais il y a touché et on constate l’effet immédiat que cela a eu. Il a d’abord baissé le quotient familial en 2013. Le revirement de Hollande (Lionel Jospin s’y était refusé ! – avec l’aval de tous les membres de son gouvernement : dont Manuel Valls, Marisol Touraine et Laurence Rossignol et Dominique Bertinotti ) entré en vigueur le 1er juillet 2015 a divisé par 2 le montant des allocations pour un couple touchant 6000 euros par mois et par 4 au dessus de 8000 euros. CGT, CFDT, CFTC, FO étaient contre. (lire le Figaro du 17/10/2014)
« Pour Gérard-François Dumont, professeur de démographie à Paris-Sorbonne, la corrélation ne fait pas de doute. « Les évolutions de la natalité depuis quarante ans suivent celles de la politique familiale, affirme-t-il. Les effets des mesures prises depuis 2012 ont commencé à se faire sentir en 2016 et cela s’aggrave en 2017. Il ne faut pas oublier la baisse des dotations aux collectivités locales qui sont du coup plus réticentes à développer l’accueil des jeunes enfants. Les difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle sont plus grandes. » (ibid)
« Laurent Toulemon, démographe à l’Institut national d’études démographiques (INED). Nous avions auparavant une politique familiale très inclusive, avec l’idée que l’Etat aide toutes les familles. Son érosion structurelle a pu avoir un effet sur la confiance des Français. » ibid
En 2015 : 455 000 allocataires ont ainsi été touchés par une baisse des versements de 50 à 75 %
Le 23 novembre 2016, LCI estimait, sur base d’un rapport de l’Insee, que les coups de rabot dans les allocations familiales allouées aux plus hauts revenus permettaient une économie de 800 millions d’euros chaque année. La promesse du candidat Hollande a été brisée, l’uniformité des allocations familiales a été remplacée par la modulation de celles-ci.
Psychologiquement, après la politique de la droite, la trahison de la gauche dans le quinquennat 2012-2017 a eu des effets délétères qui ne sont pas encore tous mesurés : ils ont abouti a cette catastrophe, une sorte de summum de l’impasse de l’espoir et de la démoralisation qu’est l’élection de Macron, incarnée depuis par cette paralysie (relative et surement temporaire) du pays face aux chocs anti sociaux subis depuis l’été 2017.
Macron continue dans ce sens :
Le gouvernement va aligner l’allocation versée aux parents de jeunes enfants sur les montants et plafonds de ressources d’une autre prestation familiale, ce qui représente une perte de 15 euros mensuels pour les naissances déclarées à partir du 1er avril 2018 et s’ajoute aux baisse du quinquennat Hollande
A partir de cette date, il s’agira de « faire converger (vers le bas NDLR) pour les nouvelles naissances les barèmes de montants et de plafonds de ressources de l’allocation de base de la Prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) sur ceux du Complément familial« , a déclaré à l’AFP l’entourage d’Agnès Buzyn.
En ce qui concerne les plafonds de ressources, ils passeront par exemple pour un enfant, de 30.000 euros à 26.000 euros pour un couple avec un seul revenu d’activité, et de 38.000 à 34.000 euros pour une personne seule ou un couple avec deux revenus d’activité. De ce fait, « des familles vont sortir des critères » d’attribution, a ajouté cette source sans en préciser le nombre.
Selon Le Figaro, la baisse des plafonds entraînera une baisse de 10 % des bénéficiaires de l’allocation de base de la Paje. D’après le quotidien, cette mesure concernera également la prime à la naissance, avec une diminution de 5 % des bénéficiaires.
En 2016, l’allocation de base de la Paje comptait un peu plus d’1,5 million de bénéficiaires à taux plein. Cet alignement permettra l’économie de près de 70 millions d’euros en 2018 et 500 millions en trois ans, a ajouté l’entourage de la ministre.
Nous reviendrons contre ces politiques de Hollande et Macron aux aides égales pour chaque enfant, aux allocations familiales payées comme avant par les patrons et aideront en matière de crèches et services, de prises en charge, d’égalité salariale, de congés parentaux (inclus « congés paternité obligatoires » comme le réclame Laurent Berger car il faut que la loi l’emporte dans les entreprises)
2 Commentaires
Faire des enfants pour que la plupart soient exploités et assujettis aux technologies de surveillance, contrôle et contrainte toute leur vie.
Et puis, c’est pas si mal, car le capitalisme exclut de plus en plus de personnes du travail; ce si beau travail qui prétendument nous émancipent alors que la plupart du temps ce sont des emplois de merde et cela n’ira pas en s’arrangeant.
La politique menée depuis plus de 40 ans est tributaire de la diminution énorme de la valeur pouvant être crée par l’exploitation de la force de travail dans l’industrie (il n’ y a que cette exploitation qui crée de la valeur économique pour reproduire et valoriser le capital). Or cette diminution ne permet plus aux Etats d’assurer un rôle social comme pendant les 30 glorieuses (l’ Etat ponctionne une partie de la plus-value crée, mais si celle-ci diminue fortement et bien il y a moins à ponctionner!).
mais tout ça est faux, inutile… ou dit a l’envers
nous combattons le capitalisme fauteur d’exploitation, de chômage de misère et de guerre
mais nous voulons des enfants et nous battons pour qu’ils vivent mieux
nous voulons un emploi et nous battons pour qu’il soit décent et bien payé
nous avons encore des acquis sociaux et les défendons, de même que la liberté l’égalité et le fraternité
notre ennemi principal est le patronat, les actionnaires et banquiers qui dirigent l’économie, nous exploitent et nous combattons pour que l’etat ne leur soient pas soumis et qu’une autre VI° république democratique se substitue à la V° république, Macron n’est que leur soumis qui fait la besogne pour eux, contre nous
nous défendons un programme de transition au socialisme