« Manifeste contre le racisme et l’antisémitisme » livre parution le 11 avril, Gérard Filoche

5 Commentaires

  1. CYRIL
    Posted 6 avril 2018 at 19:23 | Permalien

    Le racisme est intrinsèque au capitalisme. Notre système économique engendre cela, ainsi que le patriotisme, le chauvinisme. Un système basé sur la concurrence et la compétitivité ne peut qu’engendrer les maux actuels.

    D’autre part, il faudrait aussi réfléchir lorsque l’on dénonce la finance, les banquiers.

    Car on en arrive vite aux amalgames bien connus.

    Le capitalisme est un tout et nous participons tous à son fonctionnement directement ou indirectement. C’est un système d’inégalités, de destruction de nos vies.

    Non, il n’y a pas d’économie à visage humain avec du bon travail, honnête.

    Le capitalisme se fiche de ce qui est produit et comment pourvu qu’il y ait reproduction et accumulation de la valeur économique qui seule compte.

    On doit défendre notre dignité, notre survie. Mais, il faut aussi réfléchir à l’ avenir.

    Est-il justifié de dénoncer la casse à Carrefour sans dénoncer le système qu’impose Carrefour?

    Est-il justifié de crier haro sur Air France quand on sait la destruction qu’engendre le transport aérien?

    La société industrielle est une société du désastre, de la mocheté, de la maladie psychique et physique.

  2. Posted 9 avril 2018 at 17:11 | Permalien

    non !
    hitler disait combattre « le capitalisme juif » c’était pour mieux défendre le capitalisme et ne s’en prendre qu’aux juifs
    le capitalisme n’a pas de religion,
    pas de diversion
    ce n’est pas non plus des starts up
    il est hyperconcentré
    La prétendue « vieille économie » des grands groupes industriels, du Cac 40, des cinquante-huit plus grandes multinationales françaises règne de façon incontestable.
    En ce début de xxie siècle, ce sont les secteurs des biens d’équipement, de l’automobile et de la chimie qui tirent la croissance du commerce mondial. La puissance des secteurs de la prétendue « vieille économie » – toujours neuve – est le résultat de deux bouleversements de l’économie mondiale : l’éclatement de la première bulle Internet et l’insertion rapide de certains pays émergents dans les échanges mondiaux.
    Macron ne devrait pas ignorer l’extrême centralisation du pouvoir capitaliste.
    Trois chercheurs de l’Institut fédéral de tech- nologie de Zurich l’ont mise en évidence. « Les multinationales forment une structure de nœud papillon géante et une grande part du contrôle est drainée par un cœur tissé serré d’institutions nancières. » Ils identifient 43 060 firmes transnationales (Trans National Corps, ou TNCs), selon la définition de l’OFCE, et calculent qu’« à eux seuls, les 737 détenteurs prépondérants “maîtres du monde” cumulent 80 % du contrôle sur la valeur de toutes les TNCs». Ils en tirent la conclusion que « le degré de contrôle du réseau est bien plus inégalement distribué que la fortune ». En particulier, « les acteurs du haut de la liste détiennent un contrôle dix fois plus fort que ce qu’on attendrait sur la base de leur fortune ».
    147 TNCs « via un réseau complexe de relations de propriété » possèdent 40 % de la valeur économique et financière des 43 060 TNCs. Enfin, au sein de ce conglomérat de 147 multinationales, 50 «super-entités » concentrent l’essentiel du pouvoir. Parmi ces « super-entités » : Goldman Sachs, Barclays PLC, JP Morgan Chase & Co, Merrill Lynch, Bank of America Corporation, mais aussi, en Europe, UBS, Deutsche Bank, et en France, AXA en quatrième position, Natixis, Société Générale, BNP Paribas.
    Un tel réseau financier « densément connecté devient très sensible au risque systémique ». C’est au final un nombre extrêmement restreint de fonds d’investissements et d’actionnaires, au cœur de ces interconnexions, qui décident de restructurer les grands groupes industriels et de spéculer sur l’immobilier, le pétrole ou les dettes des pays du Sud, ou contre la zone euro…

  3. Posted 9 avril 2018 at 17:36 | Permalien

    Le 8 avr. 2018 à 03:24, Pierre Ruscassie a écrit :

    Bonsoir,

    La référence aux valeurs de gauche définit l’identité subjective de gauche de chaque individu. Les valeurs de gauche incarnent les idées de socialisme, de démocratie, d’autogestion et d’auto-gouvernement. Toutes ces constructions sociales sont des services publics qui servent à rendre effectifs les droits sociaux et civiques. Avec les droits-libertéla, ces deux catégories de droits constituent les droits universels qui définissent la démocratie.
    Quelle que soit la liste de valeurs retenue pour définir la gauche, celle-ci sera toujours résumée par la démocratie. Elle sera toujours variable d’un individu à l’autre. Mais, dans tous les cas, le critère individuel et subjectif sera : « je suis de gauche » (40 %) ou « je suis de droite » (30 %) ou bien « ni l’un ni l’autre, je ne sais pas » (40 %). Ce sentiment se fixe ente l’âge de 15 ans et celui de 30 ans puis, généralement, ne varie pas tout au long de la vie.
    Dans un parti, il est possible qu’un membre ait une identité politique contraire à la nature politique de ce parti. Il peut néanmoins y rester parce qu’il est parvenu aux plus hautes responsabilités, en utilisant une tactique de refus de tout clivage, puis il peut utiliser la place conquise pour faire adopter des mesures tellement contraires à la nature du parti, qu’une crise le fasse éclater. Mais, un événement de cette gravité est exceptionnel et provisoire.
    Le seul remède qui puisse protéger le parti contre son détournement au profit d’une fonction contraire à sa nature est la politisation de ses membres et la qualité du débat interne qui empêche l’ascension d’usurpateurs. Exclure ceux qui sont soupçonnés serait inaugurer une suite de règlements de comptes, de crises et de divisions. Avec un débat politique de qualité, on n’a même pas besoin d’ouvrir les poubelles.

    Amicalement,
    Pierre Ruscassie

    ————————————————————————-
    Le 6 avr. 2018 à 12:00, Toulouse Jean-michel a écrit :

    Bonjour Pierre et tout le monde. Ce que je voulais dire, c’est que certains partis qui se disent de  » gauche » ont en fait depuis plus 60 ans fait une politique de droite. Cela impose donc de faire le point en effet sur ce qu’est la  » gauche » de nos jours. Pour éviter de nouvelles illusions et tromperies, nous devons exclure du mouvement tous les politicards et partis qui sont personnellement responsables de la situation actuelle. Leur place est dans les poubelles de l’histoire! Cela nous oblige donc à redéfinir les  » valeurs » de gauche. Elles doivent être l’incarnation des idées de socialisme( socialisation des moyens de production-et non etatisation-), de democratie deliberative( et non capitalo-représentative), d’auto-gouvernement du peuple( et non aliénation du pouvoir citoyen dans des élus auto-proclamés souverains),d’égalité sociale dans le respect d’un développement ne détruisant pas la nature,de promotion du pouvoir souverain des citoyens dans des institutions explicites où chacun est gouvernant et gouverne simultanément etc… C’est tout l’objet de notre commission democratie!… Amicalement. Jmichel T.

    Envoyé de mon iPhone

    Le 5 avr. 2018 à 21:51, Pierre Ruscassie a écrit :

    Bonsoir,

    Qu’est-ce que la gauche ?

    A mon avis, nous devons la définir comme étant l’ensemble des individus qui adhèrent aux valeurs de la gauche : se reconnaitre dans ces valeurs est leur identité politique subjective. Il leur appartient de la déclarer et de juger que cette déclaration est bien fondée, quant à nous, nous ne savons pas si c’est vrai (c’est déjà assez difficile de se connaitre soi-même), mais nous sommes contraints de prendre de telles déclarations à la lettre, tout simplement parce que si tout individu peut, à peu près, juger de son adhésion à des valeurs, il est rarement en mesure d’apprécier quelles sont les mesures politiques qui sont demandées par ces valeurs pour qu’elles soient respectées. Cette appréciation demande un minimum de culture politique et la difficulté d’élaborer les mesures politiques demandée par ces valeurs est aggravée parce que cette élaboration est une induction qui conduit fréquemment à des mesures trop étendues pour être cohérentes ou consistantes.
    C’est pourquoi quand un individu ou un courant ou bien un parti politique de gauche défend un programme qui transpire le néolibéralisme, donc la politique de droite, ce jugement ne nous permet pas de conclure que l’identité politique de cet individu ou que la nature politique de ce courant est de droite : l’absence ou l’insuffisance de démocratie dans les partis et courants rend leur base dépendante de leur majorité de direction. Seul le débat démocratique, approfondi, peut donner à la base une indépendance de pensée qui la conduira approuver le programme le plus indépendant des préjugés de droite, donc le plus en accord avec les valeurs de gauche.
    Dans tous les partis de gauche, les candidats à la direction se partagent en une « aile gauche », dont l’orientation est la plus en accord avec les valeurs de gauche, et une « aile droite », dont la nature politique est encore de gauche mais dont la fonction politique est déjà de droite. La question que se posent ces deux directions, est : « laquelle va être suivie par la base du parti, qui lui donnera ainsi la majorité ? ». La base va probablement se partager entre les deux, mais l’aile qui sera suivie par la majorité gardera la place ainsi gagnée parce que la base (surtout quand elle est peu politisée) soutient qui « fait tourner la boutique ».

    Amicalement,
    Pierre Ruscassie

  4. Posted 10 avril 2018 at 14:21 | Permalien

    je suis aussi assez d’accord en gros avec ce texte,

    ca pose des problèmes semblables aux manifestations des 6 mai 2013, du 1er décembre 2013, du 23 septembre 2017

    Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas eu, il me semble que ce texte pose de vraies questions
    Amitiés,
    Christian

    De : Arguments pour la lutte sociale
    Répondre à : Arguments pour la lutte sociale
    Date : Sun, 8 Apr 2018 14:55:10 +0000
    À :
    Objet : [Nouvel article] L’appel à une manifestation le 5 mai : débattons !

    aplutsoc a publié : »L’appel de l’ « Assemblée générale » du 4 avril. Mercredi 4 avril, dans le contexte du démarrage puissant de la grève des cheminots, une « assemblée générale » se tenait à la bourse du travail de Paris, appelée par François Ruffin, député d’Amiens élu comme  »
    Répondez à cet article en tapant votre texte au dessus de cette ligne
    Nouvel article sur Arguments pour la lutte sociale

    L’appel de l’ « Assemblée générale » du 4 avril.
    Mercredi 4 avril, dans le contexte du démarrage puissant de la grève des cheminots, une « assemblée générale » se tenait à la bourse du travail de Paris, appelée par François Ruffin, député d’Amiens élu comme candidat unitaire de gauche, membre du groupe parlementaire « France insoumise », et Frédéric Lordon, essayiste en économie, qui en 2016 avait avec F. Ruffin lancé l’appel au mouvement « Nuit debout ».
    Elle réunissait plusieurs centaines de participants.
    Après plusieurs interventions de syndicalistes et de travailleurs engagés dans des luttes sociales, comme Gaël Quirante, syndicaliste SUD de La Poste licencié sur intervention ministérielle, – la salle scande Grève générale après son intervention -, et Mirabelle Hann, femme de chambre au Holiday Inn de Clichy – 111 jours de grève, depuis le 19 octobre, qui ont arraché le relevé quotidien des heures travaillées avec 130 heures par mois a minima et une prime de panier de 7,14 euros – les deux personnalités appelantes ont sorti de leur chapeau la proposition d’une grande manifestation nationale le samedi 5 mai, complétée ensuite par celle de former partout des « comités du 5 mai », propositions validées à la « quasi-unanimité ».
    Nota Bene : j’ai mis ici « assemblée générale » entre guillemets pour la raison suivante : une « assemblée générale » à l’origine réunit les personnels d’une entreprise, d’un site, d’une administration ou les jeunes scolarités d’un établissement ou d’une université, et n’est pas composée de gens venus individuellement de divers lieux : cette « assemblée générale » était en fait une réunion politique ne s’assumant pas pleinement comme telle, mue en cela par le désir de se poser en représentante, forcément autoproclamée, du « mouvement social ».
    Voici l’appel-pétition diffusé suite à cette assemblée :
    https://www.change.org/p/le-peuple-appel-au-samedi-5-mai-faire-sa-f%C3%AAte-%C3%A0-macron
    Un tel appel fait écho à un vrai besoin.
    Le texte-pétition parle de « mouvements dispersés » pour décrire la situation actuelle. Ce n’est déjà plus tout à fait vrai : la lame de fond qui monte a commencé à construire l’unité. Elle a fait des 15 et 22 mars des moments de rassemblement de tout le monde du travail, c’est elle qui a donné sa puissance au démarrage de la grève des cheminots, et elle a en outre imposé des prises de position, y compris communes, de soutien aux cheminots venant de la plupart des partis et organisations de gauche ou issues du mouvement ouvrier.
    Et, de plus, se dessine un mouvement d’ensemble de la jeunesse étudiante et lycéenne, contre laquelle la violence de Parcoursup, concentré de la violence sociale dont elle est victime, mouvement qui va atteindre son plein régime en mai-juin.
    Les cheminots ne gagneront pas tout seuls et ne peuvent porter à eux seuls, même avec les caisses de grève bien alimentées qui sont en train de se remplir, le poids de l’affrontement voulu par Macron.
    Bref, le mouvement réel est en marche et il cherche à s’unir, c’est-à-dire à s’étendre et à se généraliser, en se centralisant contre l’adversaire d’où partent les coups : le pouvoir politique.
    Une manifestation centrale commune est donc tout à fait bienvenue.
    Pourquoi et comment réussir une manifestation centrale ?
    Une manifestation centrale commune pour quoi faire ? – question qui conditionne sa réussite.
    Elle ne peut avoir d’autre sens, et il faut donc le dire, que celui de réaliser l’unité pour battre et chasser Macron. Pour cette raison – parce que le mouvement réel des luttes sociales est politique, au plus haut point – les conditions de sa réussite passent par la réalisation de la grève unie, et une manifestation centrale affrontant directement le régime serait donc une manifestation se tenant en semaine, avec grève. Rappelons d’ailleurs que, malgré sa date tardive, la manifestation intersyndicale du mardi 14 juin 2016, qui a atteint quoi qu’on en dise le million de manifestants ou peu s’en faut, a été à ce jour ce qui s’en rapprochait le plus.
    A défaut, une manifestation de démonstration politique appelant à réaliser cette unité pour chasser Macron, se trouve être appelée depuis des mois par un courant politique dont « l’audience » est moindre que celle des appelants de l’ « assemblée générale » du 4 avril, mais qui s’est adressé aux courants politiques issus du mouvement ouvrier (dont l’ensemble des affiliés à l’ »espace politique » de la France insoumise), à savoir la manifestation appelée par le « Comité pour la rupture avec la V° République et l’Union Européenne » constitué par le POID (Parti Ouvrier Indépendant et Démocratique) … à la date du dimanche 13 mai.
    Nul doute que les travailleurs et les jeunes de la base qui soutiennent l’appel au 5 mai et espèrent qu’il soit un point d’appui pour gagner, l’entendent comme un moment de centralisation et d’unité contre Macron, pour battre Macron, pour défaire Macron, pour chasser Macron.
    Nul doute que lorsque les participants à l’ »assemblée générale » du 4 mai ont scandé « Grève générale », tel était le sens de leur combat, tel était leur souhait.
    Le 5 mai selon Ruffin et Lordon.
    Qu’en disent Ruffin et Lordon et qu’en dit l’appel-pétition qu’ils ont lancé ?
    « Il est probable que Macron ne se rende pas compte que, sous son règne, tout devient très clair, trop clair. Le moment est peut-être venu de lui faire savoir, pour notre part, où nous en sommes. Dans les ordonnances SNCF, se trouvent reliés tous les éléments d’un monde dont nous ne voulons pas. Si ce qui est clair pour nous ne l’est pas pour lui, rassemblons-nous donc pour le lui expliquer un peu plus nettement. Premier anniversaire à l’Élysée ? Qu’il sente non pas la bougie mais le vent du boulet. »
    Il faut « faire sa fête » à Macron, titre l’appel. Le fêter ou le chasser – ou réaliser les conditions de l’unité pour le chasser ? D’après ce qu’en dit le texte lui-même, il s’agit de « lui faire savoir où nous en sommes ». Sérieusement, en a-t-il vraiment besoin ? S’agit-il de rendre les choses « claires pour lui » ? De lui « expliquer » ? Et sentira-t-il vraiment le « vent du boulet » s’il n’a affaire qu’à un grand happening le conspuant, certes, tout en disant vouloir surmonter « la dispersion » qu’un tel type de manifestation serait le « seul moyen » de surmonter, comme si la grève unie (associant chômeurs et citoyens solidaires, bien entendu) n’était pas LE moyen réel par lequel cette dispersion commence à être surmontée sans attendre le 5 mai ?
    Sous l’ambiguïté de la formule « faire sa fête à Macron », vont s’organiser et monter à Paris des milliers qui veulent l’unité pour battre et chasser Macron, c’est une évidence, car autrement ce serait un bide. Ces formules peuvent passer pour des métaphores de ce contenu. Mais les initiateurs ne semblent pas vouloir d’explicitation de leurs métaphores et là, nous sommes au cœur des questions les plus politiques, de celles qu’il faut cesser d’esquiver.
    Mais alors pourquoi ne pas dire ce qui est : qu’il faut faire l’unité pour chasser Macron, ce « Bonaparte gazeux » ?
    Pourquoi ne pas faire de ceci le sens de la manifestation du 5 mai puisque c’est ce sens là qui fera venir les gens ?
    Pourquoi ne plus rien dire, d’ailleurs, de la question de la grève générale scandée par l’ « AG » du 4 avril peu avant que la manif du 5 mai ne soit lancée ?
    Le questionnement oh combien légitime de F. Ruffin.
    Le sens politique effectif de la manifestation et la question « quoi faire après » sont liés.
    Quoi faire après ? F. Ruffin s’interroge à haute voix : « La plus grosse question, c’est : qu’est-ce qu’on fait le 5 mai au soir ? Il faut une inversion du rapport de force, que la peur change de camp, que le 5 mai au soir soit le point de départ. »
    « On ne va pas refaire Nuit debout », déclare prudemment Frédéric Lordon.
    De deux choses l’une : soit le 5 mai sera une vraie centralisation politique contre Macron et donc une étape dans la réalisation de l’unité, la vraie, et la question de la grève unie pour le battre, de la grève générale, non pas comme un mythe mais comme la centralisation-généralisation rapide et efficace, pourra être posée ouvertement, c’est-à-dire réalisée voire imposée aux directions syndicales, soit il sera un happening débouchant sur … le questionnement de François Ruffin.
    On sent qu’il n’a pas envie de réoccuper la place de la République pendant deux mois. Mais si le sens du 5 mai est d’affronter réellement Macron et pas de lui faire une « fête », fut-elle « sa » fête, la question de François Ruffin devrait et pourrait être notre question à tous. Quel débouché politique contre Macron ?
    Quelle union, fédération, coalition, de forces et de courants politiques issus de la gauche et du mouvement ouvrier (ceux qui ont fait élire F. Ruffin à Amiens) pour être candidats au pouvoir, non pour s’en servir, mais pour libérer tout barrage à la démocratie, afin donc que le peuple, le vrai, élise une constituante, élise des députés mandatés, dotés d’un vrai pouvoir, responsables, révocables, pour que ceux-ci soient à son service et pas à celui du capital ?
    Voila de vraies questions, des questions révolutionnaires, mais réalistes. Des questions qui ne doivent plus être esquivées, car leur simple débat ouvre des perspectives et contribue au développement des mobilisations, à leur extension.
    Car la généralisation des luttes sociales, suscitée par la lame de fond qui monte d’en bas, lente mais puissante et sûre, qui a démarré avec les EHPAD et les retraités, qui s’étend aux jeunes, qui défend les écoles et les services publics, qui protège les cheminots, conduit à ces questions là.
    L’horizon alors ne réside plus dans les présidentielles de 2022, les municipales de 2020, les européennes de 2019, mais il est là, accessible, et il s’appelle démocratie !
    « Syndicalo-syndicalisme, vous avez dit syndicalo-syndicalisme » ?
    Sauf que s’il faut attendre, alors en effet la bamboula et le charivari sous les fenêtres à Macron (en fait loin d’elles, les cordons de CRS y veillant) c’est bien, mais quand arrive la soirée et que tombe le crépuscule, tombe aussi le spleen de François Ruffin : « et ce soir, et maintenant, on fait quoi les amis ? »
    Frédéric Lordon, dans un article écrit quelques jours auparavant, pour le site du Monde Diplomatique, Ordonnances SNCF : l’occasion, se livre à une critique très largement justifiée de l’orientation, et de la situation matérielle, des directions syndicales confédérales, pour aboutir à la conclusion que le problème de ce côté là est inextricable, car il n’y a, peut-on ainsi interpréter son article, pas seulement la « bureaucratie » (selon lui, d’ailleurs, chose inévitable), mais plus encore du « syndicalo-syndicalisme » à savoir la pratique quotidienne de résistance faite de petits gestes fondamentaux, de « petites » mais éprouvantes mobilisations, de compromis, de répression, des délégués et représentants syndicaux de « terrain ».
    Au moment précis où la mise bout à bout des revendications surgissant de ce syndicalisme là, et sous lui, derrière lui, avec lui, des nappes profondes des personnels des EHPAD et des petites entreprises peu syndiquées mais pleines de rages, dessine son « ‘autre monde » – c’est-à-dire au moment précis où les revendications défensives se combinent à des revendications offensives : hausse des salaires, service public des déchets …-, F. Lordon lui rédige son épitaphe : il est bon pour s’occuper du beefsteak, il faut qu’il le fasse mais il n’est bon à rien d’autre, il ne produit pas « de la cause commune » !
    Il faudrait donc qu’il devienne, conclut-il, « politique, et pourquoi pas révolutionnaire » – on voit ici que pour F. Lordon, la lutte quotidienne pour le beefsteak n’est pas révolutionnaire … et si l’on traduit en termes politiciens ces développements un tantinet nébuleux l’idée est en fait qu’il faudrait que nous ayons « un appel conjoint et paritaire CGT-FI ».
    Les mobilisations sociales ne consistent pas dans des mouvements de résistance au « néolibéralisme » mais elles partent des questions concrètes et matérielles que vivent les gens. Ils ne « produisent » pas un discours « antilibéral », ils se défendent – comme personnes, comme vendeurs de leur force de travail. Et cette lutte de classe organique est générale et quotidienne. Elle ne se heurte pas à une « classe nuisible » ou une « oligarchie », mais aux rapports quotidiens de l’échange et de la production marchandes dominées par le capital et engendrant le capital, et du même coup, souvent beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine, à son État. Au cours des derniers mois, depuis l’avènement de Macron, nous avons eu deux phases :
    - à l’automne un pré-affrontement, vécu comme définitif par bien des gazeux macroniens et peut-être par Macron lui-même, avec les secteurs « traditionnels » et syndiqués, gagné par le pouvoir, qui en a déduit qu’il pourrait isoler et battre les cheminots pour avoir sa victoire à la Thatcher,
    - et, cet hiver, non prévu ni par Macron, ni par la plupart des analystes, un ébranlement lent venu des profondeurs, arrivé par les EHPAD et les retraités, qui ont commencé à retourner toute la situation, développement qui s’amplifie aujourd’hui.
    Nous sommes quelques uns à l’avoir senti, comme on sent des cors aux pieds. Jacques Chastaing, cité par Lordon qui cite aussi, à juste titre, l’émission de Cash Investifation sur Liddle, est de ceux-là, mais Lordon ne capte pas la portée immédiatement, directement politique de ce mouvement réel profond, dont la gestion immédiate relève pour lui de son fameux « syndicalo-syndicalisme », et il veut lui imposer sa médiation idéologique sans laquelle ces pauvres gens ne peuvent arriver à rien …
    En matière théorique nous avons là une petite leçon de chose : en ignorant le contenu concret de vieilles affirmations « marxistes » (Toute lutte de classe est une lutte politique – Marx), est postulé un « syndicalisme révolutionnaire » castré, sans la grève générale !
    C’est en tant que « syndicalo-syndicaliste » et pas seulement comme militant analysant la situation d’ensemble que j’ai personnellement compris en janvier que quelque chose « d’autre » commençait à se passer, quelque chose qui vient de loin. Je suis responsable FSU. Quand quelqu’un qui ne relève pas de mon champ de syndicalisation m’appelle, pour être conseillée sur une grève, grève que les personnels de son EHPAD n’ont finalement pas faite, par peur, mais qu’à la place elles ont rédigé une remarquable liste « syndicalo-syndicaliste » de tout ce qui ne va pas dans leur travail, sans oublier les compresses et les bidets, ce qui veut dire qu’en cachette elles se sont réunies, alors je me suis dit « y ‘a un truc ». Ce que, depuis, a confirmé l’acharnement des parents d’élèves de plusieurs écoles à occuper celles-ci et à refuser ce qui est présenté comme décidé, normal, « équitable » et inévitable. Petites choses. Petits mouvements. Quotidien. « Syndicalo-syndicalisme » avec des gens réels, pas ceux du « peuple en construction », pas des « antilibéraux », des gens qui ne votent pas forcément à gauche, s’ils votent. Mouvement réel. Révolution.
    Aspects politiciens.
    F. Lordon critique à juste titre les calendriers et stratégie d’évitement des mouvements d’ensemble se centralisant, venant des directions syndicales. Il semble ne pas avoir compris pour autant que si la manifestation appelée par J.L. Mélenchon le 22 septembre dernier avait commencé à susciter réticences et résistances, ce n’est pas à cause du « syndicalo-syndicalisme » des délégués obtus qui ne « veulent pas faire de politique », ni à cause de la « charte d’Amiens » pourfendue par J.L. Mélenchon, ni à cause du PCF, mais parce que ce rassemblement couronnait un tel calendrier en appelant par avance à engager la lutte … sans grève et une fois les ordonnances ratifiées !
    Cette stratégie politique ne s’opposait pas à celle des « appareils syndicaux », elle complétait celle-ci tout en combattant le contenu politique en gestation dans la grève unitaire du 12 septembre contre les ordonnances.
    Et ceci au nom d’une idéologie tendanciellement anti-syndicale, « populiste », visant à « construire le peuple » avec petits patrons et précaires contre les « fonctionnaires syndicaux », une dérive inquiétante avec laquelle J.L. Mélenchon joue avec cynisme, et à laquelle me semble faire écho, même si elle ne lui est pas identique, la perception condescendante du « syndicalo-syndicalisme » chez F. Lordon.
    Cet automne, la « manifestation citoyenne le week-end » à la J.L. Mélenchon a pleinement participé des éléments ayant permis la victoire de la première manche par Macron. Mais, s’ajoutant aux problèmes politiques accumulés depuis la présidentielle, elle a aussi contribué à nourrir la méfiance des militants syndicalistes. De sorte que maintenant que la seconde vague, partie de bien plus importantes profondeurs, advient, il était impossible à J.L. Mélenchon de relancer la même opération. Au contraire la force du front unique, qui n’a rien de politicien mais qui est la force même du mouvement profond qui monte, l’a contraint à être respectueux et « sage » jusqu’à un certain point, contraint à apparaître comme soutenant les syndicats, se situant dans l’unité, « au service » du mouvement, voire un tantine gauchisant, mais pas trop ; ne parlons surtout pas de grève générale mais évoquons un « mai 68 perlé » !
    Tout cela tout en rappelant le fond de son orientation sur d’autres sujets de manière de plus en plus déliquescente : soutien de fait aux massacres en Syrie à travers « le Média », dénonciation non du CRIF mais de « la communauté », sic, suite aux provocations du CRIF et de la LDJ, etc. Avec l’appel à une manifestation le samedi 14 avril à Marseille, toutefois, commence à ressurgir la thématique visant à opposer à l’unité du salariat l’union « du peuple ».
    Là où J.L. Mélenchon parle de « mai 68 perlé », F. Lordon parle de « débordement général ». Pour l’un comme pour l’autre, grève générale, manifestation centrale pour en découdre avec Macron, sont des formules à éviter : s’en rapprocher en apparence, mais à éviter !
    En outre, le court-circuitage de la manifestation du POID, susceptible dans le contexte présent d’avoir un relatif succès, a pu être aussi un mobile au niveau du noyau dirigeant de la FI qui vient d’appeler ses adhérents à se lancer dans les « comités du 5 mai ».
    Aider par la discussion politique la montée qui est en cours.
    Si nous prenons un peu de recul, l’impression qui prévaut au moment présent est tout de même que la force de ce qui est en train de monter charrie avec elles bien des obstacles et impose l’unité. D’ici le 5 mai, il va y avoir d’autres moments de la grève des cheminots, d’autres évènements, les mouvements dans la jeunesse, etc., sans oublier, bien entendu, le 1° mai (une excellente occasion, au fait, pour les « non salariés » et « ceux qui ne peuvent pas faire grève », de manifester !).
    Dans l’absolu la montée est trop lente, et le risque que prennent les fédérations de cheminots en installant ceux-ci, comme de bons soldats, dans la durée, est lourd. Mais le problème clef pour le pouvoir exécutif, comme pour toutes les manœuvres et contre- manoeuvres, est que la montée est là, et que si je puis dire la montée monte, encore. Ce dont elle a besoin n’est pas de coups d’accélérateurs artificiels, mais de débat politique approfondi, donnant des perspectives qui l’aident à monter encore.
    C’est de ce point de vue que les questions balayées dans la présente contribution ont de l’importance, et à cet égard la discussion de pourquoi faire une manifestation centrale et comment est une excellente opportunité. Constatons d’ailleurs que l’appel au 5 mais est essentiellement réceptionné ainsi : on ne bondit pas d’allégresse, on s’interroge, on discute. C’est ce qu’il faut faire.
    Il faut que cette discussion contradictoire, démocratique, se poursuive, s’approfondisse : le présent texte doit dont être pris, ni plus ni moins, comme une contribution au débat que nous aurons notamment le samedi 28 avril prochain, de 14h à 17h au Maltais rouge, 40 rue de Malte Paris 11 ° (métro République ou Oberkampf).
    VP, le 08/04/18.

    aplutsoc | 8 avril 2018 à 15 h 55 min | Catégories : Discussion , France , Mouvement ouvrier , Syndicalisme | URL : https://wp.me/p6fFqB-sa

  5. Bourdais Marc
    Posted 10 avril 2018 at 15:25 | Permalien

    Il n’est pas aisé de définir des valeurs de gauche et de droite mais il est peut être possible de s’entendre sur des concepts moins abstrait. Il existe des facteurs communs à l’humanité favorisant la guerre ou la pais, la frustration ou le bien être, La confrontation ou la collaboration. Parmi ces facteurs, il y en a deux qui représentent la pierre angulaire de toute organisation sociale : le partage des richesses et du pouvoir. Tout le reste est secondaire et propre à parasiter la réflexion sur les moyens de parvenir à une « bonne gouvernance ».
    Cela est t’il suffisant ? Assurément non, mais c’est un point de départ essentiel dont il faut toujours tenir compte avant de définir les autres règles de vie en société. L’histoire nous a montré qu’il n’existe pas de limite à la cupidité et à l’ambition dominatrice. Le partage n’étant pas inné chez l’être humain, il ne peut se faire que par l’éducation et la contrainte. Le but n’étant pas l’uniformisation, la limitation dois être garantis par une pression sociale très forte.
    Actuellement, toutes les règles édictées pour limiter l’accumulation des pouvoirs et des biens sont définis par ceux la même qui accaparent les richesses et cumulent les pouvoirs. Il n’est donc pas surprenant de constater son extrême concentration et sa propension à résister à toute forme de remise en cause ou de changement.
    Comment si peux d’individus peuvent t’ils contraindre autant d’êtres humains à accepter leur conditions sans se révolter ? Par l’ignorance, la manipulation et la division.
    A lire ou à relire par Etienne de La Béotie : le « Discours de la servitude volontaire ».

    M Bourdais

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