Projet de texte « martyr » pour une plateforme commune de gauche aux élections européennes à gauche – G. Filoche

Les élections au Parlement européen de 2019 devraient pouvoir changer l’orientation politique libérale actuelle qui ruine l’Europe, mais  le fonctionnement antidémocratique de l’Union Européenne, telle qu’il est, est un obstacle

Pourtant, c’est un scrutin national, global, très politique : il pèsera et il importe de mobiliser et de voter massivement pour deux raisons :

1°) Pour mettre en échec la politique de Macron et proposer une alternative sociale et écologique

En France le règne anti-démocratique d’Emmanuel Macron s’attaque gravement à tout notre système social : droits du travail, service public, transports collectifs,  sécurité sociale, statut du salariat, hôpitaux, écoles, équipements collectifs, territoires, institutions démocratiques, Or Emmanuel Macron, comme il le dit lui-même, « arrivé là par effraction » entend se saisir de ce scrutin pour faire légitimer ses choix.  Soyons clairs : ce que nous n’aimons pas dans l’UE, en fait, c’est aussi Macron et sa politique anti sociale, anti  écologique : le poison est chez nous. D’ailleurs, Macron ne cède pas aux libéraux de l’UE d’Allemagne ou d’ailleurs, il va au devant d’eux.  Ce que nous n’aimons décidément pas dans l’UE ce n’est pas l’Europe…  c’est le capitalisme néolibéral. L’heure est grave et impose, tout en faisant connaître un contre projet alternatif, de constituer une opposition assez forte et unie, pour que Macron ne s’installe pas davantage au pouvoir. C’est l’occasion d’unir la gauche sur le meilleur programme commun possible, de le bloquer pour mieux préparer une réelle alternance.

2°) Pour mettre en échec la politique ordo-libérale  de l’UE et préparer une autre Europ

Au Parlement européen qui ne possède pas les pouvoirs démocratiques qu’il devrait, les députés que nous enverrons, auront néanmoins les moyens  de dire « non » aux directives les plus libérales de l’UE. Cela impose de chercher la plus forte représentation possible à gauche pour défendre des droits sociaux et les choix écologiques essentiels face aux libéraux qui mettent l’Europe en coupe réglée et menacent les intérêts de tous ses peuples.

Nous voulons un autre projet concret de société, une autre Europe, et meme si nous savons qu’il faut, pour cela, changer le pouvoir en France, toutes les directives européennes sont soumises au Parlement européen, ayons un  nombre de députés suffisant pour faire blocage, comme ce fut le cas en décembre 2008 contre la « semaine de 65 h ». Bataillons donc pour instaurer des choix sociaux, écologiques, démocratiques en France, beaucoup d’alliés potentiels nous entendront en Europe, et cela contribuera à balayer l’UE libérale ! Non pas par un retour aux nationalismes mais pour marcher vers une véritable et nouvelle Union sociale.

Nous ne confondons pas l’Union européenne actuelle dont nous combattons l’orientation et l’Europe sociale, démocratique, écologique que nous voulons.

L’UE dégrade le sort de la majorité de ses peuples, par une politique faite de compétition économique sauvage, d’austérité, d’inégalités sociales, de fraude fiscale, de chômage de masse, de blocage des salaires, de recul des droits sociaux, des retraites et du travail, pour le seul intérêt des multinationales et des grandes banques. Le capitalisme détruit notre planète, notre environnement, nos vies et la majorité des dirigeants de l’UE actuels y participent, hélas.

Cette Union Européenne là, nous n’en voulons plus.

Elle tend d’ailleurs à s’auto-menacer d’explosion, au profit des nationalistes, des xénophobes, et tous les belligérants identitaires potentiels. Un sabordage dans ce sens là, nous n’en voulons pas non plus.

Depuis 2017, les électeurs ont eu le temps de se rendre compte que le mal ne vient pas d’ailleurs mais en priorité  de la « casse sociale » de Macron. Par exemple, Macron a davantage cassé le code du travail français par ses Ordonnances que ne l’est le code du travail allemand, ou que ne lui demandaient les « recommandations » européennes du 27 mai 2017.  Autre exemple, c’est Macron qui a  voulu casser la SNCF et les services publics. Macron a multiplié en pratique les choix anti écologiques et avec le scandale des pots d’échappement Volkswagen, la pollution par particules fines n’a pas de frontières.

C’est une autre politique globale que nous défendons et que nous voulons mettre en pratique des que possible. Nous concevons l’élection de députés européens en 2019 comme un premier pas pour changer de majorité en France et en Europe

Le salariat, est LA force sociale qui peut défendre à la fois une révolution sociale et une transition écologique. Impossible de défendre la planète et notre environnement sans attaquer le capitalisme. Et impossible de combattre efficacement le capitalisme sans mobiliser et unir le salariat. Il nous faut ses voix

Aller à la bataille en ordre dispersé, c’est laisser Macron caracoler en tête pour continuer sa politique destructrice,  et c’est laisser les libéraux en Europe agir encore plus comme ils veulent.

Nous voulons, avec des millions d’électeurs, combattre tous les plans de casse sociale, ici et dans l’UE.  Il serait absurde, dans ce cas, de défendre séparément 5 ou 6 plateformes différentes mais voisines.

Clairement nous choisissons l’unité à gauche sur la meilleure plateforme possible.

Une plateforme d’actualité, un socle commun, en positif, en cinq points :

5

Cinq points, cinq messages, cinq objectifs, cinq thèmes

1°) Rendez-nous les mille milliards

Il existe mille milliards de fraude fiscale en Europe, qu’ils rendent cet argent que puissent mieux vivre les peuples.

La BCE doit être au service des peuples et pas l’inverse. Elle doit prêter directement aux Etats et la règle de plomb de zéro déficit doit être rejetée.

La sortie de la crise, du chômage de masse, de la misère et des inégalités,  c’est par la relance et la redistribution des richesses, pas par l’austérité. Par les services publics, pas par les privatisations.

Combattre la fraude fiscale et  l’optimisation fiscale, une fiscalité qui s’impose à toutes les multinationales, GAFAM et autres. Une assiette commune consolidée de l’impôt sur les sociétés (ACCIS), et un impôt européen sur la fortune, adoptés à la majorité qualifiée permettant un véritable budget européen d’investissement et de solidarités. Exigence de la séparation des activités de dépôt et des activités spéculatives des banques, politique douanière active aux frontières de l’UE.

2°) Europe sociale contre l’Europe de la finance :

Dénonciation immédiate unilatérale de la directive organisant la discrimination des « travailleurs détachés ». La fin de la mise en compétition des salariés et l’arrêt de la destruction de leurs droits du travail et sociaux : retour à l’état de droit dans les entreprises, contrôle des multinationales, avec réduction des durées légales et maxima du travail, établissement d’un Smic européen dans les 27 pays et harmonisation progressive de celui-ci, vers le haut, en parité de pouvoir d’achat.  A travail égal salaire égal, égalité des droits femmes hommes, et travailleurs immigrés, alignement sur le haut selon le principe de faveur, des droits du travail. Partage des richesses. Pour un véritable statut du salariat, et le renforcement de toutes les protections sociales, maladie, chômage, retraites, liées et payées à la source en même temps que le travail.

3°) Le capitalisme met en danger la planète : changer l’Europe pour la sauver

Pour sauver la banquise il faut nous sauver des diktats des banquiers. Défense de notre environnement par delà les frontières. Développement de tous les services publics de la santé, de l’éducation, de l’énergie, de l’eau, des transports collectifs (rail, fret ferroviaire, barrages hydrauliques) et du logement. Pour des énergies durables et renouvelables. Combat contre toutes les fraudes (Volkswagen), risques et gabegies (glyphosate, perturbateurs endocriniens) détruisant l’environnement, le climat, la santé, la planète. La politique agricole doit pouvoir répondre aux besoins des paysans pas aux impératifs de l’agro-industrie : pour une alimentation saine et accessible aux peuples d’Europe.

4°) Remplacer la main invisible du marché par la main visible de la démocratie : non au secret des affaires, transparence et contrôle populaire, redonner le pouvoir aux peuples.

Dénonciation de toutes les restrictions mises aux peuples pour prendre en main leurs affaires. Bataille pour un fonctionnement démocratique d’une Europe au service des populations, en renforçant le plus possible les droits du Parlement (élargissement du périmètre d’application de la procédure législative ordinaire, droit d’initiative législative). Ce ne sont pas des sociétés anonymes qui doivent décider de notre sort : développer les instruments collectifs de contrôle de la part des institutions publiques, des usagers et des salariés. Combattre toutes les discriminations, garantir l’égalité de tous les droits fondamentaux entre les peuples et entre les humains, femmes et hommes, immigrés, jeunes, selon leurs qualifications, et quels que soient l’âge, les orientations sexuelles, l’origine, la langue.

5°) Une Europe ouverte et attentive à l’immigration, une Europe coopérative, pacifiste pas guerrière :

Harmonisation d’une politique européenne ouverte, partagée et digne, de l’accueil et du droit d’asile, fin du système de Dublin. Pour une Europe non agressive, la réduction des armements partout, une Europe soucieuse de la paix dans le monde et d’échanges négociés, équitables et régulés (ONU, OMC, OIT, OMS, OME). Une Europe faite d’humanité, de partage, attractive et non pas faite de compétition, de sélection, de régression et de répression.

L’essentiel en 2019 n’est pas de savoir qui est en tête de la gauche, il est de mettre la gauche en tête.

Etre premier à gauche mais loin derrière Macron, dans ce cas,  le projet alternatif défendu – aussi bon soit-il – n’aura que peu d’impact et sera oublié dés le lendemain du vote. Tout sera à refaire.

Etre ensemble à gauche, mais devant Macron, tel est le bon choix si nous voulons que le projet défendu progresse et gagne ensuite.  Ce sera un pas en avant et tout sera possible.

L’unité d’action ce n’est pas l’unité de pensée. La gauche est pluraliste et le débat d’idées la traverse et la booste, il ne s’arrête pas là.  En s’unissant sur une plateforme en 5 points, nous faisons ce qu’il faut pour être entendus dans une campagne électorale nationale d’importance.

Ces 5 points nous unissent mais ne résument pas tout. Les sensibilités sont et seront respectées, avec leurs éclairages, leurs nuances, leurs  accents, les composantes signataires seront toutes associées et respectées, mais nous choisissons ensemble de concentrer ainsi notre projet, de frapper sur le même clou.

Nous ne réduisons pas tous les combats à cela mais  nous voulons que des millions d’électeurs entendent ces 5 messages de façon dense, simple et claire.  Unis plus il y aura une plus forte mobilisation. Désunis l’abstention massive guette.

Réussissons ensemble, à mettre Macron en échec dans ces élections nationales et européennes, et à faire connaître ces 5 points,  pour préparer l’avènement d’autres projets communs pour les échéances d’après, pour une autre Europe et d’une réorientation de notre pays sur des bases sociales et écologiques.

 

One Commentaire

  1. Bourdais Marc
    Posted 31 août 2018 at 4:11 | Permalien

    Tout est acceptable et vas dans le bon sens, mais si j’ai bien compris le rôle des députés au parlement européen, il se limite aux votes de textes proposés par la commission. Si la gauche n’est pas majoritaire c’est un rôle de lanceur d’alerte et si elle est majoritaire, c’est un rôle d’acceptation ou de blocage de nouveaux textes. Tant que le parlement n’aura pas un pouvoir de proposition son influence restera très limitée. Il faut néanmoins aller voter mais sans en attendre de réels changements dans la politique mené par l’Europe.

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