Referendum d’entreprise ?

Au boulot n°441 chronique « au boulot » Humanité Dimanche

 

Un jeune manifestant gilet jaune a été condamné à 135 euros d’amende pour avoir porté un t’shirt où il était écrit « RIC ».

Drôle de pays où le pouvoir réprime le « RIC » au moment où le Conseil Constitutionnel, valide un « RIP ».

Ubuesque : comme si le « RIP » en voie d’utilisation pour la première fois, n’avait pas de rapport avec le combat des gilets jaunes en faveur d’un « RIC ». Comme si  un « referendum d’initiative citoyenne » n’était pas compatible avec un « referendum d’initiative partagée ».

Des barrières réputées infranchissables ont pourtant été mises à un « RIP » :  4,7 millions de signatures d’électeurs, 185 députés, l’accord préalable du conseil constitutionnel, la consultation préalable de l’’Assemblée nationale.

Autant d’obstacles pour empêcher que les citoyens votent : pourtant ces obstacles pourraient sauter et on pourrait voter pour empêcher que les Aéroports de Paris ne soient bradés à des actionnaires capitalistes comme les autoroutes l’ont été.

Une envie guillerette se répand pour mettre en échec le pouvoir et lui dire « - Tiens on va enfin pouvoir empêcher au moins un de tes méfaits ! »

Pourra t on demain appeler à un referendum pour défendre la SNCF, Air France, nos retraites, pour reconstruire un code du travail digne de ce nom, pour imposer une hausse du Smic et une baisse des dividendes, et aussi un  « salaire maxima » à 20 fois le Smic ?

Rappelons-nous, Macron voulait des referendums d’entreprise, là où il pensait qu’ils étaient à la main des patrons et que ce serait le moyen de faire taire les salariés !

Ces « référendum » sans obstacle, ont été conçus dans les Ordonnances Macron anti-travail, pour le bon vouloir du Medef, pour contourner les négociations, intimider les salariés isolés, faire du chantage à l’emploi, et passer par dessus les syndicats.

Et puis damnation : le PDG d’Air France, sûr de lui, avait organisé il y a tout juste un an,  un référendum avec de multiples pressions dans tous ses services, unités et établissements. Tous les médias le donnaient gagnant. Et hop, il avait perdu spectaculairement, balayé avec 55 % de NON : les salariés avaient validé leurs syndicats et l’exigence d’une hausse de 6 % de salaires.

Depuis il n’y a plus de referendum d’entreprise ! Le PDG SNCF  Guillaume Pépy qui prétendait que 80 % des cheminots étaient en faveur du « Plan ferroviaire » du gouvernement s’était alors bien gardé bien de les consulter.  Quand les syndicats ont organisé un « RIC » à l’époque, appelé « vot’action », la direction de la SNCF l’avait déclaré illégitime et tenté de le rendre impossible : elle avait perdu aussi avec 61,15 % de votants exprimés, 94,97 % de « NON » !

Décidément quand un pouvoir macronien ou patronal est impopulaire rien ne le sauve.

 

Gérard Filoche

 

 

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