Dames pipi concurrentielles

Au boulot n° 451 Humanité dimanche chaque semaine

 

La SNCF  rénove donc toutes ses gares,  parce qu’elle va les vendre à la découpe ensuite.  Ainsi on ne peut déjà plus échanger gare du Nord un billet acheté gare de Lyon.

A Paris, la Gare du Nord est un chantier pharaonique sous prétexte de Jeux olympiques,  mais aussi pour en faire le plus grand centre commercial de France, avec un million de personnes par jour. La toute récente verrière va être remplacée par une verrière encore plus géante. Et les requins de l’immobilier commercial sont à l’œuvre. Tout ça, privé.

Ce genre de transformations phénoménales s’accompagne toujours de dégâts humains, des plus grands aux plus petits : pour que les magasins haut de gamme et les fast-food arrivent en masse, il faut se débarrasser des petits personnels avant qu’il ne deviennent une grande gêne.

Alors voilà que les « dames-pipis » sont visées.

 

En 2015 la société Spacio-confort qui gérait les lieux d’aisance des gares a cédé à l’entreprise 2theloo cette sous-traitance… de la Sncf. Ce transfert d’activité ne s’était pas passé sans difficulté puisqu’il avait fallu 9 jours de grève aux salarié(e)s concerné(e)s en 2016 pour obtenir ce que le droit leur garantissait pourtant.

Soucieuse de se débarrasser de ces salariées trop remuantes, 2theloo avait artificiellement scindé les activités en deux : d’un côté le « commercial » et de l’autre le « nettoyage » dont elle a négocié avec Derichebourg la reprise et à qui elle a transféré les salariés assurant le service.

Trois ans plus tard, retour à la case départ : la société 2theloo se trouve devoir reprendre l’intégralité des 2 activités artificiellement séparées. Le patronat anglo-saxon qui cherche à faire ses choux gras se montre peu intéressé par nos besoins ! A Londres, Saint-Pancras il existe 20 lieux de pipi gratuits hommes et femmes, à Paris, gare de Lyon il n’y en a  plus que 5 et 5 : et le prix augmente, 70 centimes euros par pipi. C’est concurrentiel maintenant.

2theloo n’entend pas reprendre les salarié(e)s dont elle s’est débarrassé et refuse de respecter les dispositions légales françaises, c’est-à-dire l’article l 1224-1 du code du travail et l’article 7 de la convention collective nationale des entreprises de nettoyage.2theloo semble accorder à la loi française autant d’importance qu’à une feuille de papier toilette. Non seulement les usagers sont maltraités mais les salariées encore plus. Quand tout est privé on est privé de tout, même de pipi et du travail salarié des dames-pipi.

C’est dans ces conditions que les salariées des gares parisiennes se sont misent en grève le 24 mai, soutenues par la CGT.

La SNCF, quand à elle, fait semblant de ne pas être concernée par ce conflit entre « sous-traitants ». Elle ne peut cependant pas éternellement se déclarer étrangère à cette grève : tant que c’est encore elle qui donne les ordres pour le fonctionnement de ses gares.

 

 

 

 

 

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