Humanité dimanche rubrique au boulot n°462 Courrieres, Seveso, Lubrizol

Nous avions des principes de précaution élémentaire fixés en 1906 après la catastrophe de Courrières : protéger les humains contre les entreprises. Hollande-El Khomri puis Pénicaud-Macron nous ont fait plonger un siècle en arrière et donné la priorité aux entreprises contre les humains.

Ainsi ont ils supprimé les CHSCT (Comite hygiène sécurité conditions de travail) ou les travailleurs eux-mêmes étaient les mieux placés, car c’est leurs vies qui étaient en jeu, pour poser les questions de sécurité, obtenir des protections, garantir leur environnement. Hollande-Macron ont aussi affaibli le caractère généraliste et indépendant de l’inspection du travail qui assistait aux CHSCT et y entendait les doléances des salariés en direct. Ils ont multiplié les intervenants, éclaté les contrôles de visu, en mettant les pouvoirs de décision dans les mains de ceux qui ne sont pas sur le terrain.

L’explosion de l’usine Lubrizol, les rappelle à l’ordre.

Lubrizol est un site « Seveso ». Seveso du nom d’un village italien victime en 1976 d’une explosion qui répandit une molécule de dioxine la plus toxique, celle de l’agent orange utilisé comme défoliant pendant la guerre du Vietnam. Il avait fallu quatre jours aux autorités pour se rendre compte de tous ses effets mortels.

Depuis, des « directives Seveso » (1982, 1996, 2015) imposent aux États membres de l’Union européenne d’identifier les 10 000 « sites Seveso »et d’y maintenir un haut niveau de prévention.

Elles concernent 1300 sites « Seveso » en France.

Pourquoi le gouvernement  Macron-Philippe a t il changé la réglementation en juin 2018, par un décret qui réduit le périmètre des projets soumis à évaluation environnementalesystématique pour les installations Seveso ? Pourquoi la loi Essoc d’août 2018 a t elle donné compétence au Préfet pour ces installations ?

Le préfet de Seine Maritime a donné une réponse positive à deux demandes successives d’augmentation des quantités de substances dangereuses le 15 janvier et le 19 juin 2019 à Lubrizol sans exiger de nouvelle procédure d’autorisation de la part de l’exploitant (Warren Buffet). Or « L’incendie est parti d’une zone de stockage, alors que les augmentations de capacités portaient également sur une telle zone » selon le journaliste Laurent Radisson.

En quoi un Préfet est-il compétent pour apprécier les risques de cette nature ? En quoi est il apte à connaitre le terrain en dehors des salariés, de l’inspection du travail qui pouvaient ensemble soulever les risques ? Il est temps de revenir à l’esprit d’après Courrières, d’après Seveso et de stopper les déréglementations libérales qui mettent en danger la vie des salariés et la santé des habitants : en commençant par rétablir et renforcer droits et moyens aux CHSCT.

 

Gérard Filoche

 

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