Au début, avant le 3 janvier 1979, il n’y avait pas de CDD. Et puis le 18 décembre 2019 Macron et Pénicaud se sont lâchés

 

 

Il y a 40 ans….

avant on vous embauchait en CDI, et le patron savait ce qu’il faisait,  il avait son plan de développement. Il avait besoin de quelqu’un, il s’arrangeait pour le garder, et si ça ne marchait pas, il licenciait avec motif. Dans un licenciement, le motif, c’est important, on ne fait pas n’importe quoi avec des humains, si on ne peut absolument pas garder le salarié, on écrit ce qui ne va pas dans la production dont il est un des éléments essentiels. C’est contrôlable et contestable (convention n°158 de l’OIT).

Et puis, il y a 40 ans, le 3 janvier 1979, une loi permit qu’au lieu de motiver la rupture de son contrat au salarié, le patron n’ait plus qu’à motiver la raison pour laquelle, il prend celui-ci « à durée déterminée ». C’était un CDD devenu inhumain, d’application mécanique. Le patron gagnait le droit à ne pas faire d’effort pour vous garder, vous insérer durablement : son plan de production était autorisé à prévoir des « temps courts » d’humains au travail. Avec licenciement mécanique sans motif à la fin. Vous n’étiez plus une « vie » au travail mais une « pièce » dans le travail.

Depuis, les employeurs paresseux  se sont laissés aller à la solution de facilité : de plus en plus de CDD à tous prix.

Quelques lois ont d’abord essayé d’empêcher les abus. Il fut interdit de prendre des CDD sur un poste durable. Il devint obligatoire d’écrire le motif du CDD, soit pour le remplacement d’un salarié absent, soit pour un surcroit temporaire d’activité.

Les patrons n’aimaient pas : car un contrat non motivé était « requalifié» en CDI.

Les employeurs ont exigé des CDD « saisonniers, » des CDD « d’usage constant » (sic), des  CDD « de mission » (à la tâche), de « chantiers ». Puis les gouvernements ont eux mêmes créé des CDD « de senior », des CDD « d’insertion », des CDD « d’avenir », des CDD « Jeunes ».

Il fallut limiter la durée des CDD : un an, dix huit mois, préciser que le CDD devait être payé comme un CDI, imposer un formalisme : le CDD devait être impérativement écrit dans les premières 48 h, avec motif et  terme. Puis il fallut limiter le renouvellement des CDD : pas plus de deux avec un délai de carence égal au tiers du temps du premier CDD séparant la fin de celui-ci du début du second.

Manuel Valls est allé plus loin : il a autorisé trois CDD de suite,  jusqu’à 18 mois de tranche de vie en travail précaire ! 84,2% des embauches, hors intérim, se sont alors faites en CDD, un record.

Il a fallu taxer les CDD (10 % d’ IPE indemnité de précarité d’emplois, puis 15 %). Rien n’y fait : les employeurs utilisent de plus en plus des CDD, de plus en plus courts !

Alors Macron-Pénicaud viennent de se lâcher : il ont signé en décret du 18 décembre 2019 un « CDD unique multi-remplacement » remplaçant plusieurs salariés sur plusieurs postes différents de la même entreprise !

Que personne ne dise que c’est « l’Union européenne qui leur impose » : Angela Merkel, elle, a fixé un quota limité à 2,5 % de précaires par entreprise de plus de 300 salariés !

 

Gérard Filoche

 

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