Métro: mets ton ardoise ça privatise

Au boulot n° 523

 

 

Les gens qui passent devant nos recettes, à l’entrée de chaque station de métro croient qu’on est des lego. Mais non on est des humains enfermés là 7 h 30 : pas d’écouteurs, pas de lecture. Surveillés en permanence on a du boulot tout le temps : quand on n’est pas derrière la vitre, c’est qu’on fait le tour de station, qu’on décaisse les appareils de vente, qu’on reçoit la Brinks, qu’on est en intervention dans la station (malaise, bagarre, installation défectueuse) ou alors on s’occupe des PSIE (personnes séjournant indûment dans les espaces).

Si tu va faire pipi, t’as trois minutes, tu mets ton « ardoise » à ta recette indiquant ton proche retour. Si dans ces trois minutes il y a un incident ça déclenche « l’alarme dite de synthèse » : un vacarme retentit dans toute la station pour que l’agent, où qu’il soit répondre.

Il y a 20 ans, ils étaient 7 agents dans une station comme Bonne Nouvelle, maintenant il n’y a plus qu’un… la rentabilité étant la même, nous devrions être payés 7 fois plus et travailler 7 fois moins. Non, bien sûr, ça n’a pas été fait au service des salariés. Ni des usagers.

A la RATP « l’ouverture à la concurrence » prévue en 2022 nous est agitée sous le nez comme un couperet inéluctable prétendument bénéfique. Pourtant jusqu’en 1949, le métro était privé, et il a été bâti en dépit du bon sens dans un joyeux bordel que le service public a du s’employer à réguler depuis. Et ils veulent revenir à avant 1949.

On nous donne des nouveaux noms « managers », « animateurs » et on nous équipe de tablettes savantes : des « E-pv » projet « Symphonie ». C’est un écran et une platine qui permet de tout gérer sans se déplacer, les grilles, les caméras, les escaliers mécaniques et s’il nous arrive d’être au pipi, ça se sait au « pôle » directeur de chaque ligne.

Le seul objectif est de supprimer des postes, que ça coûte moins cher en personnel, en droits des salariés et en grèves.

Mais que fera une tablette « E-pv symphonie » en cas de malaise voyageur, de dysfonctionnement, d’attentat…?

 

Gérard Filoche

 

 

 

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