Michelin : Licenciements Dégonfler l’emploi pour gonfler les profits !

Licenciements

 

Dégonfler l’emploi pour gonfler les profits !

 

Michelin vient d’annoncer la suppression de 2 300 postes dans ses usines en France soit une diminution de plus de 10 % de ses effectifs (1 100 emplois dans le tertiaire et 1 200 dans l’industrie). Les quatorze sites français, sont concernés par ces licenciements. La moitié de ses suppressions concernent le siège de Clermont-Ferrand.

 

Michelin est l’entreprise leader mondiale du pneu et son chiffre d’affaire, en forte hausse, s’élevait à 24 milliards d’euros en 2019. Elle est présente dans 170 pays, emploie plus de 127 000 personnes et exploite 69 usines dont sont sortis environ 200 millions de pneus en 2019. Le groupe Michelin emploie 20 000 salariés en France.

 

Des précédents

Fin mai 2020, Michelin saluait le plan de soutien de l’État à la filière automobile française, se réjouissant à l’avance des millions d’euros que le gouvernement allait lui distribuer. Le groupe annonce que ces suppressions d’emploi ont pour objectif une « amélioration de sa compétitivité de 5 % par an ».

Déjà, en 2017, le groupe avait supprimé 970 postes en France, notamment à son siège de Clermont-Ferrand, dans le cadre d’un vaste plan de réorganisation mondiale prévoyant de réduire de 1 500 ses effectifs globaux. Fin 2020, Bibendum fermait son usine de la Roche-sur-Yon, supprimant les 619 emplois du site.

ÀClermont-Ferrand, les effectifs de Michelin sont passés de 28 000 dans le début des années 1980 à moins de 10 000 en 2020 et la chute se poursuit encore.

 

Des vérités bonnes à dire

C’est là la conséquence de la politique du patronat de délocalisation de la production pour baisser les coûts salariaux.

Pourtant :

- En 2017, les actionnaires ont validé la rémunération de Jean-Dominique Senard, alors patron de Michelin, à 3,8 millions d’euros avant que Florent Menegaux ne le remplace à la tête du groupe

- Michelin a publié un résultat net 2019 en hausse de 4,2 %, et s’élevant à 1,73 milliard d’euros pour l’année 2019 (contre 1,66 milliard en 2018).

- Michelin a versé 357 millions d’euros à ses actionnaires en pleine crise sanitaire. Michelin a touché 65 millions d’euros au titre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) depuis l’instauration de ce cadeau aux entreprises qui était sensé être le pendant d’une promesse de créer des emplois et de ne pas licencier.

- Michelin a bénéficié de 12 millions d’euros au titre du chômage partiel pendant le confinement.

Selon Hervé Bancel, délégué CGT Michelin du Puy-Blavozy où la CGT fait plus de 65 % des voix aux élections professionnelles : « Ce que Michelin appelle suppressions de postes au lieu des licenciements sont des emplois en moins », en rappelant les bénéfices nets de Michelin, et l’argent perçu du contribuable via le CICE, le chômage partiel ou le plan de soutien au secteur automobile.

La crise du Covid a mis en évidence les conséquences néfastes des politiques de délocalisation de la production tant au niveau social qu’environnemental (pollution des transports).

Ces nouvelles suppressions d’emplois ne sont pas la conséquence d’une quelconque « crise économique », mais de la « guerre sociale » à coups de baisse des coûts salariaux, qui se poursuit et s’intensifie.

 

Quelles perspective ?

Àla suite de cette annonce, des débrayages spontanés ont eu lieu dans différentes usines, mais une riposte à la hauteur de l’enjeu n’est pas simple. D’une part en raison des divisions syndicales, d’autre part en raison de la stratégie mise sur pied par Michelin, qui consiste à encourager les départs en préretraite (que nombre de salariés fatigués considéreront comme une aubaine) et les départs volontaires.

C’est une exigence politique que le remboursement de ces cadeaux censés préserver l’emploi.

Cette nouvelle annonce de suppressions de poste justifie la revendication du retour à un contrôle administratif des licenciements.

 

René Defroment

 

 

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