Mentorat

Au boulot n° 531   chronique Humanité-dimanche,   11° année

Y’a même plus de petit boulot pour les jeunes.  Ils errent sans revenus. Des dizaines  de milliers d’étudiants ont faim.

Pourtant du boulot et des entreprises il pourrait y en avoir. Mais les patrons préfèrent spéculer dans les paradis fiscaux plutôt que d’embaucher : ça rapporte plus gros.  Openlux a découvert 140 000 sociétés bidon au Luxembourg, il s’y cache 6500 milliards, dont 100 milliards sont dissimulés par 15 000 français. Croyez vous que le gouvernement serait parti à la chasse de ces fraudeurs qui planque l’argent là-bas plutôt que de l’investir pour du travail pour nos jeunes ?

Bien sur que non, et Macron refuse de verser une allocation d’autonomie pour les études, il refuse d’élargir le RSA ne serait-ce que provisoirement pendant un an,  il paraît que la jeunesse doit en baver, qu’il ne faut pas l’assister, elle doit comprendre que la vie est dure.

La dernière fois que Macron a parlé de Stains, c’était pour dire qu’il « préférait que les jeunes travaillent chez Uber plutôt que d’aller dealer à Stains ».  Cette fois il est allé à Stains, dans les locaux de la fondation Total, pour y lancer le « mentorat » : « Je veux que chaque jeune qui en a besoin puisse avoir un mentor et qu’on offre aussi la possibilité à des cadres en entreprises ou à des jeunes qui ont déjà une expérience d’apporter leur propre exemple de vie et ce qu’ils ont appris » a dit Macron : pour ça, il va « mobiliser » 30 millions, mais plutôt que de le verser aux jeunes, ils iront alimenter une structure créée par des grandes entreprises réunies en « Collectif mentorat ».

Le mentorat serait le fait de bénévoles qui consacrerait quelques heures par mois à un jeune.  C’est le cas de Total, par exemple, qui autorise ses salariés à consacrer trois jours par an à « l’accompagnement de jeunes ». « C’est puissant en termes de motivation collective» (sic) dit Patrick Pouyanné, PDG de Total.

Le slogan c’est « Un jeune un mentor ». « Mentorat » ça veut dire : guide, conseiller, coach, égérie, pygmalion, gourou. Pour 30 millions c’est donné.

Gérard Filoche

5 Commentaires

  1. Posted 14 mars 2021 at 11:18 | Permalien

    De la poudre de perlimpinpin en vue des prochaines élections, mais des miettes ne vont pas aidé les personnes. Je voie beaucoup de jeunes faire la queue aux restaurants du coeur, malheureusement sans RSA jeune ça ne peut que empiré.

  2. Posted 16 mars 2021 at 14:36 | Permalien

    De Béatrice Tissot (bea.tissot@orange.fr)
    Bonjour,

    Je vous ai suivi pendant pas mal de temps car j’admirais beaucoup Gérard Filoche et je vote depuis toujours à gauche et plus particulièrement LFI. J’ai fait une croix définitive sur le PS depuis la trahison du référendum sur la constitution européenne.

    Malheureusement, actuellement, quand je vois que TOUS les partis d’opposition suivent le gouvernement le doigt sur la couture en matière de politique sanitaire, je suis désespérée.

    Comment des hommes aussi intelligents que Filoche et Mélenchon ne comprennent que tout ceci est une mascarade ? Pas besoin d’écouter les médias. Il suffit de prendre en compte le nombre de mort : 1 % et 99 % de bien portants. Et on maltraite tous les Français pour ça ?? On maltraite nos enfants ?? Il y a de nouveaux virus ? Et alors ? Nous vivons de tous temps avec les virus. Ils font partie de la vie. Tous les ans, la grippe fait des morts !!

    Il faut arrêter et vous intéresser un peu à ce qui compte, suivre l’exemple de la députée Martine Wonner par exemple. Vous ne pensez pas qu’il y a des questions à se poser ??

    Vous défendez le peuple ? Commencez par vous intéresser à sa santé. C’est primordial. Vérifiez que les médecins médiatiques n’ont pas de conflits d’intérêt. Ce sera rapide : ils en ont tous. Les laboratoires pharmaceutiques ont tout gangréné. Et vous, la gauche, vous allez les laisser continuer ?? Vous voulez vacciner tous les Français 99 % de bien portants avec non pas un vaccin mais une thérapie génique qui commence à faire des ravages. Vous acceptez de jouer à l’apprenti sorcier en transformant le peuple en cobbaye pour le plus grand profit des labos !

    Dites-moi que vous allez quand même vous pencher sur la question, que vous allez prendre le risque de passer pour des « complotistes » le nouveau mot à la mode.

    Rassurez-moi !

    Cordialement

    Béatrice Tissot

  3. Posted 19 mars 2021 at 13:04 | Permalien

    NFO :

    Mise à disposition gratuite pour tous, d’une bibliothèque numérique composé de 1 200 documents du mouvement ouvrier.

    Vous pouvez télécharger le fichier d’accès à ces documents sur le site : Cahier du mouvement ouvrier

    https://cahiers du mouvement ouvrier.org —– (Jean-Jacques MARIE)

    À la rubrique : Bibliothèque du mouvement ouvrier

    Voici, comment est composé la bibliothèque :

    1. LIVRES et DOCUMENTS – (195 doc.)

    1.1 Supplément – (42 doc)

    2. Ier – IIe – IIIe INTERNATIONALE – (249 doc.)

    3. Cahiers Léon Trotsky – (n°1 à 80)

    4. Cahiers du Mouvement Ouvrier – (n°1 à 83)

    5. IVe INTERNATIONALE – (67 doc.)

    6. Karl MARX — Friedrich ENGELS – (80 doc.)

    7. Léon TROTSKY – articles – (111 doc.)

    8. Léon TROTSKY – Livres – (57 doc.)

    9. V. I. LENINE – articles – (118 doc.)

    10. V. I. LENINE – Livres – (25 doc.)

    11. Rosa LUXEMBURG – articles – (86 doc.)

    12. Rosa LUXEMBURG — Livres – (12 doc.)

    13. Organisations Politiques – (97 doc.)

    14. CGT – (20 doc.)

    15. Divers documents – (8 doc.)

    16. Marx-Engels et Trotsky – (en anglais) – (66 volumes)

    17. Audio + Vidéos — (30 documents)

  4. Posted 19 mars 2021 at 13:06 | Permalien

    Bonjour,

    il me semble qu’il est des pays où des populations musulmanes sont exposées à des mesures de rétorsions d’une violence inouïe. C’est notamment le cas des Ouïghours et des Rohingyas. Je pense que c’est dans ce contexte tout à fait préoccupant que l’ONU intervient.
    En France notre débat, ne porte pas sur les mêmes préoccupations. Le racisme contre les musulmans, avec toute la confusion entre musulman et arabe ( je passe sur le cas des Kabyles qui sont enrôlés de force dans ce bazar) est un racisme latent qui mêle peur de » l’autre » et relégation dans les bas niveaux de la classe ouvrière.
    Les actes terroristes commis par des émissaires de DAECH ont remis de l’huile sur le feu et tout cela est exploité par la droite et l’extrême droite (d’ailleurs on voit de moins en moins les différences). Mais, l’image de « l’arabe violent qui tue avec une arme blanche » est instrumentalisée depuis très longtemps, bien avant ces phénomènes de terrorisme.
    Je crois que ce qui pose problème à certains d’entre nous c’est de nommer les gens par leur origine vraie ou supposée, y compris pour leur témoigner de notre soutien. C’est de les rattacher à une « communauté ». De les « raciser » , de les déterminer par une religion.
    Déjà, l’incorporation du délit d’antisémitisme avait, il y a longtemps, fait débat. Pourquoi un texte particulier pour les juifs ? La Shoah a justifié la création de ce délit particulier, (grande culpabilité de l’État français qui avec Vichy a appliqué toutes les lois antisémites). Mais il reste difficile de justifier la création d’un délit particulier pour une « communauté » parce qu’on y perd une notion essentielle à notre construction politique, la notion d’universalité « des droits de l’Homme et du Citoyen ».
    Je fais une expérience de lecture curieuse en ce moment: je lis le livre de Case et Deaton « Morts de désespoir » (je recommande vivement cette lecture, même si elle est franchement déprimante). Cela se passe aux États-Unis et les auteurs commentent les statistiques qui sont spécifiées pour chaque « communauté » : les afro-américains, les hispaniques et les blancs. Les auteurs y disent que la classe ouvrière blanche décimée par la désindustrialisation ( et aussi la crise des opiacées) a perdu son « privilège blanc », les noirs ayant été décimés plutôt (épidémie de Sida et de Crack). La façon dont le capitalisme se « débarrasse » des salariés dont il n’a plus besoin est terrible. D’une façon ou d’une autre, il nous fait la « guerre ».
    La société française n’est pas exempte de différenciations et de relégations en fonction de l’origine ou de la religion vraie ou supposée. Nous ne sommes pas épargnés par toutes sortes de manifestations racistes. Mais il me semble que notre langage politique a au moins une vertu: celle de construire une possibilité de ne pas être défini par des critères d’assignation à une communauté. A un moment, ne pas être regardé comme juif (quand on est issu d’une famille juive), ne pas être arabe (quand on est …), ne pas être regardé comme musulman, ne pas être regardé comme noir-e, ça fait du bien aussi. C’est libérateur.

    Le langage politique à cette fonction. De ce point de vue d’ailleurs, je reste convaincue que ce n’est pas la sociologie ou les sciences sociales qui doivent déterminer le langage politique. La sociologie constate, explique, comprend. Le langage politique est performatif. Il fait exister une réalité.
    Voilà pourquoi il y a des réticences à entrer dans ce débat avec ce mot « islamophobie ». Il est piégeant parce qu’il cristallise ce que nous voulons dépasser politiquement.

    Anne

  5. Posted 19 mars 2021 at 13:07 | Permalien

    Bonjour,

    Je vis de lire les multiples attaques portées contre l’Unef venant de Castaner, Bellamy, Marion Maréchal Le Pen, Ciotti, Ravier, ces derniers allant jusqu’à demander la dissolution de l’Unef.

    Il est évident que les très faibles réactions de la gauche lors de la dissolution du CCIF ont ouvert la porte à ces demandes de dissolution de l’UNEF et que sans réaction cela ne s’arrêtera pas là. Il est même possible d’imaginer combien d’organisations seraient dissoutes ou menacées de l’être si Le Pen gagnait en 2022.

    Pourquoi des « groupes non mixtes » ? De nombreuses explications ont été données, notamment le fait qu’il est plus facile de dire ce que l’on ressent lorsque l’on se considère comme racisé ou racisées et que l’on se réunit avec des personnes qui ont le même ressenti. On ne craint pas, alors, de blesser des personnes qui ne sont pas racisées, qui sont pleines de bonnes intentions mais qui ne comprennent pas que certains de leurs propos, de leurs attitudes peuvent être blessants. Cela permet une libération de la parole qui se retrouvera ensuite dans le groupe non-mixte. C’était la même chose pour les premiers groupes femmes, non-mixtes, en 1968 et c’est encore souvent, aujourd’hui, la même chose.

    Ne doutons pas que tous ceux qui demandent la dissolution de l’Unef demanderont la dissolution de l’Église catholique qui ne permet pas aux femmes de devenir prêtres…

    Comme dans le cas des caricatures projetées sur les bâtiments publics, la gauche est tétanisée par l’accusation de « racisme anti-blanc ». Pourquoi ? Parce que la gauche en reste le plus souvent à considérer le racisme comme étant le fait d’individus violents (physiquement ou en paroles) et n’aborde que très rarement le racisme structurel ou institutionnel, un racisme inconscient pour la plupart des gens, sauf pour ceux qui le subissent.

    Pour la sociologue Colette Guillaumin, le racisme établit des relations entre groupes minoritaires et groupes majoritaires. Elle ne parle pas de minorité mais bien de groupes minoritaires car le terme minorité est le plus souvent employé dans un sens exclusivement numérique. Elle écrit, à propos des groupes différenciés : « Les groupes se trouvent être tous des groupes minoritaires, c’est-à-dire des groupes qui sont sociologiquement en situation de dépendance ou d’infériorité (soit en pouvoir, soit en nombre)»

    Le groupe majoritaire, bien que groupe privilégié, devient neutre, invisible, tant est écrasante son hégémonie sociale, politique et culturelle. Ce groupe majoritaire donne une signification à des différences somatiques (la couleur de la peau) ou à des différences culturelles essentialisées qui permettent de dominer les groupes ainsi particularisés. Il constitue ainsi, un système structurant dans lequel chacun est assigné à une position sociale en fonction de ces différences. Il est possible de se réfugier dans l’universalisme abstrait et juger qu’à partir du moment où les Noirs et les Arabes ne sont pas comptabilisés comme tels dans le droit et less statistiques, l’égalité est préservée. Le modèle français est « colorblind », c’est-à-dire qu’il est aveugle à la couleur. Or, ce que les discriminations montrent, c’est que les rapports sociaux ne sont pas « colorblind », et qu’au-delà de la citoyenneté juridique, d’importantes différences de jugements et de traitements sont fondés sur l’origine. L’enquête Trajectoires et origines de l’INED est de ce point de vue riche d’enseignements.

    Le plus souvent, le « privilégié » est aveugle à son privilège et n’est pas raciste, même si, pour lutter contre le racisme, il serait bon qu’il devienne conscient des privilèges que le système lui octroie. Si des groupes minoritaires sont discriminés dans la recherche d’un emploi, par exemple, c’est bien parce que le groupe majoritaire est, de façon relative, privilégié. Ce qui importe, dans ce système, est la position sociale qu’occupent les membres du groupe dominant.

    Mélusine, militante féministe et antiraciste indique comment nommer l’assignation d’une personne à un groupe altérisé, distinct du groupe majoritaire : « Le mot «racisé» permet de nommer ce groupe social fondé non pas sur une couleur de peau ou une supposée appartenance ethnique, mais sur le partage de l’expérience sociale qu’est le racisme. Est racisé.e celle ou celui susceptible d’être assigné.e à une catégorie raciale, c’est-à-dire perçu.e comme appartenant à un groupe altérisé, distinct du groupe majoritaire ; comme un groupe homogène partageant des pratiques, des manières d’être, de vivre et de penser. » Elle ajoute « Ce mot remplace opportunément d’autres termes, qui pèchent par une euphémisation ridicule («diversité»), prennent au sérieux le critère génétique («minorité visible») ou naturalisent des groupes pourtant artificiels («minorité ethnique»). Le qualificatif ne désigne donc pas une qualité de l’être, mais une propriété sociale. Non pas une identité, mais une position dans la société, résultant d’un processus collectif : la racisation. »

    Le concept de racisme institutionnel ne date pas d’hier mais est né dans les années 1960, sous la plume de Stokely Carmichael et Charles Hamilton pour analyser l’une des caractéristiques de la société des États-Unis : « Le racisme est à la fois manifeste et dissimulé. Il prend deux formes étroitement liées : d’une part, celle de Blancs agissant à titre individuel contre des individus noirs, et d’autre part celle d’actions de la communauté blanche globale contre la communauté noire. Nous les appelons racisme individuel et racisme institutionnel. Le premier consiste en des actions individuelles manifestes, qui causent la mort, des blessures ou la destruction violente de biens. Il peut être enregistré par les caméras de télévision [...]. Le second type est moins manifeste, beaucoup plus subtil, moins identifiable en termes d’individus spécifiques commettant des actes. Mais il n’est pas moins destructeur de vie humaine. Il trouve sa source dans le fonctionnement des forces établies et respectées dans la société et est dès lors officiellement moins condamné que le premier type »
    Pour qu’il y ait un « racisme anti-blanc » en France, il faudrait qu’un autre groupe, les Noirs par exemple, soit un groupe structurellement dominant, ce qui, à l’évidence n’est pas le cas.
    Qu’une personne se fasse traité de « sale Blanc » est une injure et le mieux serait que de tels termes ne soient pas employés, mais ce n’est pas une injure raciste dans la mesure où le groupe des Blancs est le groupe majoritaire, le groupe dominant.
    De la même façon lorsqu’une femme dit à un homme « sale homme », c’est une injure mais ce n’est pas une injure sexiste. « Sale homme » ne paraît même pas une injure pour la plupart des hommes, la juxtaposition du mot « sale » et du mot « homme » leur paraissant incongrue, tant le mot « homme » est, à leurs yeux, transparent (comme à chaque fois pour le groupe dominant). Par contre, il n’est pas difficile de comprendre que, qualifiée de « sale femme », une femme puisse considérer cette expression comme une injure sexiste. Une femme ne fait pas partie, en effet, du groupe dominant dans notre société.
    Tout cela est assez bien expliqué dans le « Manifeste contre le racisme et l’antisémitisme » de Gérard.
    Amicalement,
    JJ

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