Crier victoire parce qu’on regagne nos congés payés contre Uber ?

Au boulot n°533 chronique hebdo humanité dimanche 11° année

Comme des millions d’autres salariés, j’en étais venu à me féliciter quand j’ai appris qu’en Angleterre, deux chauffeurs de Uber avaient emporté une victoire.

La Cour suprême britannique a reconnu, le 12 mars 2021, au bout de 5 ans d’une longue procédure initiée en 2016, le statut de salariés des conducteurs Uber.

Les juges ont refusé la thèse selon laquelle ils étaient des « travailleurs indépendants » choisissant leurs horaires et lieux de travail.  « En se connectant à Uber à Londres, un chauffeur, est considéré comme un travailleur entrant dans un contrat » selon la Cour.

Uber doit désormais garantir un minimum salarial et des congés payés à ses chauffeurs.

Uber qui semblait avoir gagné en novembre 2020, en Californie, contre le statut de salariat et espérait étendre cette victoire à toute l’Europe, a perdu. Cela devrait se répercuter sur tous les travailleurs des plateformes numériques basées sur le même modèle qui pourraient se saisir de cette jurisprudence et arracher leurs droits élémentaires liés à leur subordination. Déjà des livreurs à vélo de la plateforme Deliveroo sont en appel devant les juges.

Je me réjouissais donc.

Et puis je me suis aussitôt désolé en me rappelant qu’en France Uber et Deliveroo ont un appui total de la part de Macron et Bornes. Et qu’on en est donc réduits, face à eux, à redemander 85 ans après, le principe de congés payés qu’on pensait acquis depuis 1936.

Et pourquoi est-ce à la justice au cas pas cas de trancher lentement alors qu’une loi claire suffirait ?  Pourquoi d’autres chauffeurs sont obligés de revenir devant d’autres juges, depuis des années, pour faire reconnaître des droits pourtant conquis depuis un siècle ?

Parce que le décideur en chef, Macron est non seulement complice de cet esclavagisme d’Uber, mais c’est expressément son modèle, c’est ce qu’il veut, c’est « son projet » tel qu’il le promeut dans son livre « Révolution » depuis 2017, une société post-salariale ?

Gérard Filoche

 

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*