Derrière une bouillie idéologique, Macron durcit sa politique :

 

 

La « Révolution » de Macron à l’envers de ses mots

 

Quand sonne l’heure du bilan de Macron, on s’aperçoit de la bouillie idéologique dans laquelle il a plongés les concepts de sa famille politique libérale. Par la force de sa duplicité pour masquer ses réels objectifs politiques, et à cause de la pandémie qui a décuplé la confusion de sa propagande, il faut y aller à la pelleteuse pour dégager les encombrants et apercevoir ses œuvres réelles.

Il y a du Berlusconi, du Trump, du Bolsonaro en Macron, il est une de ces créatures détachées, à la fois pantin et acteur, provocateur et serviteur dont la grande finance se dote. Son idéologie structurante est la théorie du ruissellement : la compétitivité est son système conçu pour fortifier les puissances d’argent qui, ultérieurement, concéderont aux « riens » d’en-bas. Il a essayé d’escamoter droite et gauche, de nier les oppositions entre les classes sociales, prétendant agir dans tous les sens « en même temps ». Ce brouillard qu’il a voulu jeter s’est vite dissipé, il a été rapidement étiqueté « président des riches » et s’est tellement révélé à droite extrême, côté CAC 40, Medef, grands banquiers, qu’une large partie de l’opinion en est à refuser de choisir entre lui et Le Pen.

 

Dans son livre « Révolution » et ses tracts de campagne électorale, il a d’abord défendu une « révolution » libérale thatchérienne, une « France start up », une « société sans statuts », « post salariale », ubérisée « supprimant les cotisations sociales », c’est-à-dire une destruction totale du modèle social, économique et institutionnel existant en France. Il l’a hurlé : son « projet » est d’imiter en tous points le système US et de l’imposer à l’Union européenne. Finies les cotisations sur salaires, ne garder que l’impôt réduit à la source, passer de Bismarck à Beveridge.

 

On l’a vu s’engager à privatiser davantage tous les services publics, les hôpitaux, l’école, l’électricité, le train, le métro, l’eau, la forêt, les administrations. Pour ce faire, il s’est posé en dictateur « Jupiter » et a créé de toutes pièces son propre parti sans implantation sociale, des commerciaux d’occasion, sans racines. Il use du contrôle de 95 % des médias dont ses amis milliardaires le font profiter.

 

Piétiner le salariat pour servir le grand capital est son but premier : il a expliqué qu’il n’était « pas là pour défendre les jobs existants », mais pour faciliter les rotations, les démissions, les licenciements, la casse du code du travail, celle des institutions représentatives du personnel, la fluidité de l’emploi. Il a truqué les chiffres du « halo » du chômage, développé les « indépendants », auto entrepreneurs s’auto exploitant à leur propre compte. Il y est en petite partie parvenu puisqu’il a abaissé la part des actifs salariés de 90 à 88 %. Il a brouillé les frontières entre les CDI à temps plein, les temps partiels, les précaires, les sous-traitants des plateformes, les contractuels du secteur public, les ubérisés, les chômeurs.

 

Dans la foulée de Sarkozy et Hollande, il a continué à faire reculer les cotisations sociales pré affectées au budget de la protection sociale : les cotisations allocations familiales les cotisations chômage ont été supprimées. Il a transformé le CICE en cadeau permanent aux grandes entreprises, faisant franchir des seuils énormes aux exonérations de cotisations sociales salariales et patronales : il a entrepris de s’attaquer aux cotisations retraites avant que la pandémie ne le force à différer son projet.

 

Mais il lui a été impossible, de 2017 à 2021 de faire disparaitre les 88 % de salariat à statut et ceux là résistent tous les jours partout. Il a eu droit aux mobilisations en défense du code du travail des 2017, à celles en défense de la SNCF en 2018, à la révolution des Gilets jaunes en 2018 et 2019, à celles sur les retraites en 2019 et 2020 : il aurait été balayé par le nombre de manifestants s’il ne les avait sauvagement réprimés et si ses médias aux ordres ne les avaient pas niés et caricaturés.

 

Et puis la pandémie balaye tous ces « projets »

 

D’abord, Macron est pris à contre pied par la pandémie.Il est en plein effort pour imposer sa casse des retraites et des allocations chômage. Il a dépensé plus pour ses forces de l’ordre que pour la santé. Il a des casques mais pas de masques. Il a des policiers mais pas d’infirmiers. Il a des lacrymogènes mais pas de respirateurs. Il a des cars de CRS mais pas d’ambulances. Il a désarmé l’hôpital, supprimé des dizaines de milliers de lits. Ça fait un an que tous les personnels des hôpitaux,  crient « SOS » et sont en grève, il ne les a pas écoutés. Il n’a pas de gel, pas de seringues, pas de pousse seringues, pas d’écouvillons, pas de blouses, pas de gants, pas de lunettes, pas de médicaments, pas de curare, pas de paracétamol, pas de tests.

 

Tout comme Trump, Johnson, Bolsonaro il ne veut d’abord pas de confinement.

Le soir du 6 mars 2020, il s’écrie « - Allez tous au théâtre ». Et pourtant il va les fermer.

Le capitalisme, c’est la recherche du profit maximum, pas question de s’arrêter d’exploiter et de produire. Macron est évidemment lui aussi pour le fric d’abord mais scientifiques et médecins lui démontrent qu’il va y avoir de 300 à 400 000 morts et qu’il va le payer cher s’il ne prend pas les précautions nécessaires donc il penche le 12 mars 2020 pour le confinement généralisé. Pour la 1efois dans l’histoire, dans le monde entier, pour les mêmes raisons, plus de 3 milliards d’humains sont alors confinés.

Seuls Trump, Bolsonaro et les libéraux suédois refusent quand les réactions premières de  Johnson et Macron sont démenties.

 

Macron, pour compenser son retard et absence de prévention a déclaré cinq fois « la guerre » au virus : mais ce n’était qu’un mot sans suite, il n’a fait aucune guerre.  Car en temps de guerre, il aurait recruté et formé des centaines de milliers de soignants, fabriqué des millions de munitions, de bombes, de chars et là, il n’a ni réquisitionné le privé, ni rebâti un système de santé public en urgence. Au contraire, il a continué à faire voter une loi scandaleuse contre la Recherche publique, à serrer la vis aux hôpitaux et à supprimer des lits. Macron a certes, d’abord concédé une priorité à la santé « coûte que coûte » à la vie plutôt qu’au profit. Mais très vite, il s’est opposé « à n’importe quel prix » à un second confinement. Ce qui lui a valu d’être incompris et contesté quand il s’en tenait à un couvre-feu, métro, boulot, dodo tout en interdisant les loisirs et la culture.

Sa langue de bois à tiroirs multiples le rend haïssable pour des millions de citoyens.

 

Le Monde du 26 février 2021 ironise sur le passage du « en même temps » à « l’attrape tout », la « perte de repères » d’une « pensée molle et pas très claire ».

En quelques mois, la nov’langue libérale de Macron subit de multiples transformations : – là ou il affirmait qu’il n’y avait « pas d’argent magique », le voilà obligé de sortir cent milliards pour relancer l’économie.

-      Là où il disait que l’Union européenne et la BCE étaient vigilantes sur « la dette », voilà qu’il contribue à dégager 750 milliards pour la relance.

-      Là où il prétendait que créer de la monnaie nourrissait l’inflation, voilà que la BCE prête des centaines de milliards à taux négatif.

Cela a brisé son argument principal, l’austérité budgétaire : sur tous les tons, il affirmait qu’il ne fallait pas de déficit, pas de dettes, il a grand ouvert les déficits et fait passer la dette à plus de 120 % du PIB, davantage que ce qui fut reproché par l’UE a la petite Grèce il y a douze ans.

 

A tel point que les économistes libéraux qui entourent Macron, éclatent sur la question de la dette :

-      Thierry Breton propose de ne la rembourser qu’entre 2038 et 2058,

-      Bayrou propose d’isoler la « dette Covid » pour ne pas la rembourser à la différence des autres dettes,

-      Elie Cohen et Alain Minc proposent de rendre la dette « centennale », à payer dans un siècle,

-      Bruno Lemaire appelle à payer la dette à tout prix, d’autres à piller « l’épargne des ménages »,

-      d’autres à n’en pas parler tant que les banques prêtent à taux négatif.

Cette dernière position semble curieusement l’emporter comme si les libéraux avaient peur de réveiller des vieux fantômes tapis au fonds des coffres bancaires.

 

Pour entendre Macron, il faut tourner chacun de ses mots à l’envers :

-      là où Macron faisait croire que c’est l’ouverture des échanges profitaient à tous, il lui a fallu relocaliser des productions de masques, de respirateurs, de médicaments et le désastre était trop profond pour la recherche et les vaccins.

-      Là où son ancienne théorie était que la Bourse devait financer les entreprises, il a engagé une politique de dizaines de milliards de prêts de l’État  lui-même : ces prêts publics garantis État ont été accordés par les banques privées, qui en ont profité pour sélectionner leur clientèle de grosses entreprises au détriment des moyennes et petites.

 

Quand Macron a rendu un hommage appuyé aux « métiers de première ligne »,chauffeurs, éboueurs, nettoyeurs, gardiens, caissières, femmes de ménage et parlé de récompenser les smicards qui ont continué de faire tourner le pays, ça n’a pas duré longtemps. Promesse non tenue. Le Smic est resté bloqué le 1erjanvier 2021. Les inégalités se sont aggravées en pleine pandémie : le journal « Les Échos » titrait que « le mois de novembre 2020 était le meilleur mois du CAC 40 depuis 30 ans » !

 

Le fameux « plan de relance » de Macron a aussi été une esbroufe de vocabulaire, il s’apparente plutôt à un plan d’austérité, consistant, comme les précédents, à faire passer de l’argent de bas en haut. S’il a fait semblant de rechercher l’unité nationale cela a vite échoué.

 

Sur cent milliards 70 % sont allés aux grosses entreprises, et moins de 30 % à ceux d’en bas qui souffrent. Certes 12,5 millions de chômeurs partiels ont reçu un salaire (payé par l’état à la place des patrons) pendant les confinements forcés, mais il a été abaissé à 84 %. Il a même bloqué la hausse promise des salaires des soignants à 181 euros au lieu des 300 réclamés. Même des « primes » généreusement annoncées dans les télévisions ont été versées au bon vouloir des employeurs et au prorata de critères particulièrement mesquins. Les millions de précaires en CDD, en intérim, en saisonniers, les intermittents du spectacle, ubérisés n’ont quasi rien reçu. Victimes de l’absence des petits boulots, jeunes et étudiants ont été livrés à la misère et à la faim, Macron leur refusant le RSA même pour une année exceptionnelle !

Macron n’a rien fait pour contrôler les licenciements abusifs, ni en faveur du million supplémentaire de chômeurs, des dix millions de pauvres et alors qu’au total près de 8 millions de nos concitoyens ont été menacés par la faim. Au contraire le gouvernement a décidé le 3 novembre 2020 une baisse de 11 % du budget de l’aide alimentaire.

 

Le monde d’après pire que le monde d’avant :

 

Macron a refusé toute taxe même exceptionnelle sur les riches et les dividendes, refusé de hausser les impôts de ceux qui profitaient de la crise. Il a refusé de rétablir l’ISF, de supprimer la flat tax, de rendre à nouveau progressif l’impôt sur le revenu et sur les sociétés, au contraire Bruno Lemaire a accordé une nouvelle « baisse de l’impôt sur la production ». Il propose même une baisse des impôts sur l’héritage favorisant les plus fortunés.

 

La réalité est que les états d’urgence successifs votés de mars 2020 à février 2021 ont servi à durcir le monde du macronisme :

-      difficultés administratives pour les nouveaux de demandeurs de RSA,

-      refus d’encadrer le télétravail (conditions de travail matérielles, psychologique et sociales, et salaires alors que la hausse de productivité est de 22 %),

-      refus de contrôler et sanctionner l’ampleur des fraudes au chômage partiel,

-      nouvelle casse des services de l’inspection du travail,

-      mesures contre les handicapés et les salariés vulnérables

Toute une série de décrets ou de petites lois qui passent inaperçues mais qu’il peut promulguer en abusant de l’état d’urgence dit « sanitaire ».

Ça passe inaperçu :

- par exemple qui a noté qu’il y avait une progression plus importante du budget des armées 2021 que du budget des hôpitaux ? Et plus de recrutement  prévu de militaires que de soignants ?

- Qui se soucie de la casse de l’Office National des Forêts et de ses effets négatifs garantis sur l’avenir des forêts de l’hexagone ?

- Qui a fait attention à la casse de l’assurance garantie salaires, l’AGS ? Elle concerne 100 000 salariés par an qui voient, lorsqu’une entreprise est en faillite, leur salaire garanti, ils sont au premier rang des créanciers, maintenant ils sont au 10° rang, administrateurs, huissiers, et autres créanciers passent devant eux.

- Qui fait attention a l’achèvement de la médecine du travail ? Derrière un ANI (accord national interprofessionnel) négocié par la CFDT, la médecine du travail recule encore, remplace par la médecine du ville dont ce n’est ni la compétence ni la spécialité, c’est la loi Lecoq qui passe à l’Assemblée, personne ne débat de ce sale coup.

- Qui a noté cette aberration qu’est l’invention du « mentorat » : un système qui permet de verser 30 millions de plus aux grandes entreprises qui ont former un « collectif mentorat » pour envoyer 2 ou 3 jours par an, leurs cadres aller recruter les jeunes qui auront le profil patronal souhaité ?

- Qui fait attention à cet allongement de 45 à 90 jours de la rétention administrative des exiles et autres migrants, par ailleurs maltraités de façon indigne puisque Macron envoie ses policiers au petit matin, par moins 5° lacérer leurs toiles de tente ?

 

Et tout le reste est plus connu :

-      la « loi sécurité globale »  dénoncée de toutes parts mais qui restreint substantiellement nos libertés,

-      la loi « séparatisme » qui sert de couverture pour mener bataille de diversion contre les musulmans en alliance avec le RN de Le Pen,

-      la loi sur les retraites toujours dans les tiroirs,

-      la loi «climat » qui a vidé de son contenu le travail de la Commission citoyenne sur le Climat…

Sans doute le « pompon »est il dans l’opiniâtreté qui est la sienne d’imposer le 1erjuillet une « tuerie » contre les chômeurs, en baissant de 20 à 25 % leurs indemnités alors que le chiffre du chômage atteint 7 millions.

 

Mais avec le refus de la proportionnelle, du referendum populaire, de la reconnaissance du vote blanc tout cela va dans le même sens.
Depuis son bunker de l’Elysée, alors qu’il est archi minoritaire dans le pays, Macron, louvoie, ment, joue sur les mots, utilise ses anciens concepts à l’envers mais, derrière toute cette bouillie idéologique, il vise obstinément, férocement, toujours la même chose : casser tous les droits sociaux à la mode Thatchérienne, alimenter sans limites les immenses marges du CAC 40.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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