10 %

Au boulot n°558 11 ° année chronique hebdomadaire dans l’Humanite dimanche

 

Non, le sort de la majorité des 3 millions de travailleurs indépendants n’est pas enviable. Il y a eu beaucoup d’effets de mode, dans les médias, presse, cinéma, séries, radios qui baignent tous dans une ambiance improbable : bosser à la commande, à la commission, à l’événementiel, vivre sans contraintes salariales mais aisément quand même. A la façon de cette série télévisée où l’on chaperonne les acteurs, c’est payé à la commission alors ça s’appelle « 10 % ». 10 % de gros émoluments liés à des gros « coups ».

Ce genre de monde de Macron faisait sa pub par tous les pores des médias. Mais là, soudain, dans le XVI° arrondissement de Paris, le nombre de RSA vient de doubler : la raison en est que même des indépendants de luxe, ceux qui vivaient largement sur des activités prestigieuses, lucratives mais éphémères, se sont retrouvés le bec dans l’eau à l’occasion de la longue pandémie.

Pour eux, « salariés » c’était tristounet,  « ubérisé » c’était pétillant. Ils n’avaient donc pas de « statut », ils vivaient dans un monde non socialisé, ponctuel, artificiellement abondé par de juteuses prestations.

Depuis 20 mois, les voilà brutalement démunis sans accès aux aides fléchées du gouvernement.

Ils découvrent alors que la pauvreté frappe davantage les « indépendants » que les salariés : 16,6 % contre 5,3 %. Certes il y a moins d’indépendants sans statut, 12% des actifs, contre 88 % de salariés à statut, mais ça fait tout aussi mal socialement quand le Covid19 frappe. Pas de salaire brut, pas d’aide au logement, pas d’aide familiale, plus rien ne parvient aux cigales qui ont si longtemps chanté avant 2020.

Finis les « 10 % ». Les cigales sont obligées de chercher, pour elles, les difficiles chemins de la solidarité,  avec des files d’attente dans les bureaux à formulaires.

Et alors ils s’étonnent de devoir tout comprendre de façon accélérée, le RSA est un cache-misère, les minimaux sociaux ne permettent pas de vivre, les indemnités chômage sont trop basses et sont broyées à partir de ce 1er octobre.

Gérard Filoche

 

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