France 2 jeudi 4 mai : ce fut le seul débat des européennes à la télévision, va t on s’en plaindre ?

Tant d’idées contenues, de points de vue non débattus, étouffés depuis trois mois, alors ça a explosé ! Arlette Chabot, UMP de combat, termine, en la tuant, sa seule émission, par un regret mortifère, en osant dire que « cela ne va pas pousser au vote ». Pourtant ses partis pris et ses mépris, toute la soirée, était visibles : son « sujet » final sur les multiples spots européens d’appel à ne pas s’abstenir était nul, sa façon de limiter en voulant les opposer d’emblée NPA et FG était grossière, sa partialité obséquieuse pour l’UMP Xavier Bertrand crevait l’écran, ses commentaires indignés en défense du « service public » (sa chaîne), son soutien aux sondages truqués aussi.

Mais des débats de ce type, il en aurait fallu quatre ou cinq ou six comme cela, par thème, par groupes, avec des orateurs multiples par listes chaque semaine depuis trois mois !  La « culture de banlieue » (selon une phrase méprisante de Chabot)  ou la vivacité des polémiques ne sont pas en cause, c’est leur rareté, leur aseptisation et leur  condamnation qui sont en cause ! Oui, il faut des débats explosifs comme celui-là, plus souvent, plus à fond, plus systématiquement !

Bien sûr que Cohn-Bendit est un ami libéral-libertaire de Sarkzoy et qu’il est allé le voir à l’Elysée en lui offrant son livre « Forget mai 68 ». Bien sur que Cohn-Bendit joue à l’envie les ludions qui donnent des leçons, sans autre base théorique, politique et sociale que ses personnages médiatiques successifs à facettes multiples. Il a été particulièrement odieux et imbu de lui-même sans marquer en quoi que ce soit le fond du débat.

Bien sûr que Bayrou n’arrive pas à trouver son créneau en masquant sa face droite sans montrer une face gauche et à la fin cet équilibrisme crève les yeux, le laissant parfois à nu et à cru sans voix. Au moins dans ce débat cela s’est vu.

Bien sûr les ultra-droites, Le Pen et De Villiers s’excitaient en concours de nationalisme réciproque, et avaient toutes les raisons de s’énerver du double, triple, quadruple langage de Xavier Bertrand. Ledit chef de l’UMP est brutal, sans nuance, sans vergogne, disant, confit et cynique, tout et son contraire sur la taxe carbone, la durée du travail, la Turquie, la protection sociale, la crise ou le vin rosé…

Il n’y avait que les trois de gauche, Aubry, Besancenot, Mélenchon qui se comportaient bien, essayaient de causer sur le fond, et en se respectant, ce qui est très appréciable. Pour une fois, ils se sont aidés, écoutés, même approuvés. Dommage qu’ils n’aient pas pu mieux développer sur le Smic européen ( à quel niveau et comment ?) et sur la directive temps de travail (48 h – 65 h, opt out), ces questions si concrètes et si décisives, sur l’élargissement, sur le libre échange. Par exemple ce dernier thème aurait mérité une émission entière : on l’a senti quand tous étaient obligés de mettre des bémols à leurs anciens discours en introduisant des exemples de protectionnisme partiel, non théorisé.

Martine Aubry est allé de son couplet pour dépasser et remettre en cause Lisbonne, contre le marché, contre la directive retour, pour un « juste échange » remplaçant le « libre » échange, après avoir défendu le Smic, la hausse des salaires, et surtout le contrôle des licenciements, surprenant même Besancenot. Elle opinait quand Besancenot parlait, répondait à « Jean-Luc », et faisait bloc avec eux loin du Modem et de Cohn-Bendit assis à la table de la droite.

Il vaut mieux des débats vifs, polémiques, éveillés que le silence organisé depuis des semaines pour pousser 60% des français à s’abstenir. Alors non aux commentaires qui caricaturent la caricature :  le principe de l’émission devient un enjeu, il est dénigré avant d’être diffusé, et déjà vilipendé comme s’il fallait se fixer sur le regret d’une  pareille foire d’empoigne et comme si tout se résumait au  « minable » de Cohn-Bendit qui répond à l’ « ignominieux » de Bayrou.

On a quand même esquissé quelques questions de fond : réclamons davantage sans regretter le peu qu’on a eu.

2 Commentaires

  1. Posted 5 juin 2009 at 14:36 | Permalien

    Je crois surtout que cette prise à partie avait pour but de fausser le débat, et de couvrir le calme et sensé discours de la vraie gauche.

  2. christophe leger
    Posted 7 juin 2009 at 22:07 | Permalien

    Cher gérard,

    Dès lors que ce sont Vincent P. et Manuel V. qui se présentent devant les caméras pour exprimer l’acte de contrition du PS devant le ridicule des scores électoraux et leurs causes supposées, comment pouvoir croire encore une minute à la crédibilité de ce parti et de ses clowns?

    Quelque part, les « éléphants » étaient plus audibles. Je pense à H. Emmanuelli,aux casseroles qu »il a du traîner pour sauver les autres, et je suis triste pour lui du rididicule de cette sinistre soirée…

    Il y-a-t-il encore un espoir d’inscrire le PS dans un projet de gauche authentique?

    Il y a pourtant urgence… Au boulot!

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