Réforme des retraites : l’autre solution

Point de vue dans LE MONDE | 14.06.10 |

Après un mois de consultations en trompe-l’oeil, le gouvernement a remis sa copie aux syndicats et au patronat. Ce document d’orientation est précieux, car il renferme toutes les contre-vérités proférées et fausses solutions avancées depuis près de vingt ans. Choc démographique, catastrophe des régimes de retraite par répartition et travailler plus longtemps se mêlent dans un projet aussi mystificateur qu’inefficace.

Y a-t-il un choc démographique ? Oui, répond le document d’orientation. Non, a répondu à plusieurs reprises le Conseil d’orientation des retraites (COR) dont les conclusions sont sciemment travesties.

Ainsi, la France connaît un allongement de l’espérance de vie, heureuse nouvelle, et une fécondité qui la place juste au niveau du seuil de renouvellement des générations. Le COR a également établi, sans que cela soit contesté, que l’aggravation des déficits des comptes sociaux était essentiellement due à la crise financière et non pas à l’évolution démographique : en 2006, le déficit de l’ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d’euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010. La démographie n’exerce son influence qu’à moyen et long terme, et pas dans une accélération foudroyante en quelques mois.

N’y a-t-il qu’une seule solution ? Oui, répond le document d’orientation après avoir écarté sans examen les autres. Une fois ce coup de force perpétré, la réponse est assénée : « Répondre à un déséquilibre démographique par des solutions démographiques. » Elle vaut ce que vaut le diagnostic : erreur magistrale. Le gouvernement s’engage à « écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage ». Or, obliger les salariés à travailler plus longtemps (recul de l’âge légal de la retraite, augmentation de la durée de cotisation, ou combinaison des deux) entraîne obligatoirement une baisse du niveau des pensions sans qu’il soit nécessaire de l’annoncer. Nous le savions depuis les réformes de 1993 et de 2003, nous sommes prévenus pour celle de 2010.

Quand la situation économique reste et restera marquée par un chômage très élevé, l’engagement à « écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage » est un faux-semblant : le travail forcé des seniors se substituera à l’emploi des jeunes en l’absence de création d’emplois en nombre suffisant, et ce surtout en accroissant la durée individuelle du travail.

Les uns travailleront plus. Les autres, jeunes, femmes, sans qualification, quinquas, erreront du chômage à la précarité dans un aller-retour incessant. Ce ne sont pas les velléités de tenir compte de la pénibilité de ceux qui auront déjà été brisés par une longue vie de travail qui atténueront la violence du capitalisme néolibéral exigeant toujours plus de productivité et de rentabilité.

La promesse de créer « une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal » sauvera-t-elle l’ensemble ? Rien n’est moins sûr. On nous annonce une contribution pouvant aller jusqu’à quelques milliards d’euros, alors que le gouvernement n’arrête pas d’apeurer la population avec des déficits de l’ordre de 100 milliards en 2050.

Ce sont des mesures d’une autre ampleur qu’il faut prendre pour développer notre système de retraite par répartition, notamment en réorientant les politiques économiques qui privilégient la finance au détriment de l’emploi, de la formation et des salaires et qui sont au cœur du financement des retraites : un million d’emplois en plus, c’est déjà 5 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Il y a aussi des marges d’action importantes en favorisant un plus fort taux d’emploi des femmes, la France se situant au 15e rang de l’Union européenne. La répartition des revenus dans notre pays a, depuis un quart de siècle, tourné à l’avantage décisif des actionnaires et des très hauts salariés managers. Une simple application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit actuel de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse.

L’argument éculé de la perte de compétitivité est ici fallacieux, puisqu’il s’agirait de n’amputer que les dividendes nets reçus par les actionnaires et non les capacités d’investissement des entreprises, et parce que cela ne renchérirait pas les coûts de production. La retraite à 60 ans à taux plein peut être garantie à tous les salariés si de tels choix politiques sont faits aujourd’hui.

Pour couronner le tout, le document d’orientation se prononce en faveur d’une réforme systémique prochaine pour aller vers un système « par points » ou « par comptes notionnels ». Là aussi, le gouvernement piétine les conclusions du rapport du COR de janvier qui a montré le risque d’individualisation exacerbée d’une telle réforme et, ce qui n’est pas le moins savoureux, l’incapacité de tels systèmes à surmonter un choc démographique ou économique.

Deux conclusions s’imposent donc. Primo, la crise financière surdétermine la frénésie avec laquelle tous les gouvernements du monde s’acharnent à imposer des plans d’austérité dont les salariés et les retraités font aujourd’hui les frais, tandis que les tenants de la finance se refont une santé sur le compte des budgets publics ou grâce aux garanties accordées par les États.

Secundo, la volonté de faire travailler toujours davantage manifeste le refus de reconsidérer la place du travail dans notre société, le refus aussi d’apprécier l’immense contribution des personnes retraitées, en termes de lien social et de création de services utiles à la société. Bref, l’obstination à promouvoir une société engagée dans un cycle productiviste sans fin.

Notre détermination à faire échec au projet du gouvernement est donc intacte : à l’opposé de la valeur pour l’actionnaire et du « travailler plus pour vivre moins », organisons une juste répartition des richesses, la réduction des inégalités, le partage du travail et une redéfinition des finalités de l’activité économique.
Jean-Marie Harribey, Attac ;
Willy Pelletier, Fondation Copernic ;
Gérard Filoche, inspecteur du travail ;
Christiane Marty, féministe ;
Christophe Delecourt, CGT-Finances ;
Didier Horus, FSU ;
Pierre Khalfa, Solidaires ;
Olivier Besancenot, NPA ;
Martine Billard, PG ;
Marie-George Buffet, PCF ;
Razzy Hammadi, PS ;
Alain Lipietz, Les Verts.

Article paru dans l’édition du 15.06.10

11 Commentaires

  1. avaroa
    Posted 20 juin 2010 at 15:43 | Permalien

    une fois dénoncés les problèmes générés par cette réforme que faisons nous ?

  2. Posted 26 juin 2010 at 15:16 | Permalien

    Peu importe que la réforme des retraites touche de plein fouet les salariés les plus exploités, et principalement des femmes : le choix de repousser l’âge de départ à la retraite à 62 ans est dicté par un seul impératif, celui de montrer aux spéculateurs la détermination de la France à réduire vite son déficit public sans écorner les revenus financiers. En effet, en réduisant le montant des retraites (car il est impossible de faire travailler plus longtemps les salariés âgés au moment où le chômage s’enracine), la France va économiser 20 milliards d’euros d’ici 2020. La mise à contribution des contribuables aisés et des entreprises (3,5 milliards) est en revanche symbolique au regards des cadeaux fiscaux généreusement distribués aux mêmes depuis dix ans, et ne devrait en rien effrayer les rentiers.

  3. sylvie couhault
    Posted 5 juillet 2010 at 14:36 | Permalien

    Merci , cher Gérard Filoche , pour vos arguments percutants sur les retraites ! Dites-moi comment me procurer en DVD votre conférence de Pau , je voudrais la passer à mes étudiants…Merci de votre réponse .

  4. Jean
    Posted 5 juillet 2010 at 17:02 | Permalien

    Pour ma part, ce n’est pas un commentaire mais une question … question de détail mais qui me brûle les lèvres …
    POURQUOI PERSONNE NE RELEVE que l’affirmation « L’âge légal de départ à la retraite, actuellement fixé à 60 ans sera porté à 62 ans en 2018. » est FAUSSE ?
    A raison d’une augmentation de l’âge légal de 4 mois par an à partir de la génération 51, c’est en 2016 que les 62 ans seront atteints …
    c’est pourtant arithmétique : 4 x 6 = 24 mois !

  5. Posted 7 juillet 2010 at 18:52 | Permalien

    Erreur sur le diagnostic. L’Etat peut faire tourner autant d’argent que de besoin avec les assiettes fiscales et sociales de l’Inoppression Active. Bercy le sait bien qui a voulu et à de nombreuses reprises éliminer crapuleusement l’inventeur. Mis en garde à vue sans raison, humilié, dépossédé crapuleusement de ses biens par le fisc et une justice corrompue…, avec toutes les preuves à l’appui.

  6. Gilbert André
    Posted 10 juillet 2010 at 4:07 | Permalien

    @ Jean

    Moi aussi j’ai une question :
    Pourquoi n’a-t-on pas le droit d’écrire que le Parti socialiste, par la voix de Martine Aubry, est opposée à la retraite à 60 ans POUR TOUS ?

    Citation :
    « Nous ne demandons pas le retour à 60 ans pour tout le monde : nous ne l’avons jamais demandé. Nous savons qu’il va falloir travailler plus longtemps mais nous voulons que ceux qui ont commencé à travailler tôt puissent partir à 60 ans », a défendu Martine Aubry qui se pose en championne de la « gauche crédible ».

    Source : un article de Laure Bretton (L’Express)

    http://www.lexpress.fr/actualites/2/il-va-falloir-travailler-plus-longtemps-redit-martine-aubry_902854.html

    Les propos de Martine Aubry n’ont fait l’objet d’aucun démenti.

  7. JeanClaude
    Posted 7 septembre 2010 at 9:33 | Permalien

    Bon Gérard Filoche, quand quittez vous le Ps pour le PG?
    on vous attend.

  8. voixcassee
    Posted 8 septembre 2010 at 13:09 | Permalien

    Votre article est une blague ou quoi?
    Comment pouvez vous écrire ces pseudo-arguments:
    1) « La démographie n’exerce son influence qu’à moyen et long terme, et pas dans une accélération foudroyante en quelques mois. » ce qui veut donc dire qu’il ne faut rien faire maintenant puisque ce problème ne sera visible que dans quelques années?
    2) « obliger les salariés à travailler plus longtemps entraîne obligatoirement une baisse du niveau des pensions » alors là faut vraiment m’expliquer!
    3) « un million d’emplois en plus, c’est déjà 5 milliards d’euros de recettes supplémentaires », c’est vrai qu’il n’y a qu’à claquer des doigts pour créer des emplois!
    4) « Une simple application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit », si vous appliquez une cotisation sur certains revenus, alors cette cotisation fera augmenter la pension de ceux qui ont cotisés donc ça ne change strictement rien! Sauf, évidemment , si vous voulez imposer une cotisation sans aucune contrepartie ce qui déterminerait une classification dans le mérite des gens en fonction de leur emploi.

    Par contre je me pose une question à laquelle personne n’a jamais répondu:
    dans un premier temps, pourquoi tout le monde ne serait pas mis exactement au même niveau? Une seule et unique caisse, même pourcentage de cotisation quelque soit son emploi, même durée, même pourcentage de reversion et par contre une retraite minimale décente?

  9. vb
    Posted 21 octobre 2010 at 9:20 | Permalien

    Eric Woerth est l’ancien dirigeant associé d’ »Arthur Andersen » jusqu’à sa faillite suite au scandale d’Enron (fond de pension américain en faillite en 2002).
    Sa femme Florence travaille pour Mme Betancourt (Clymene) mais aussi pour Rothschild (Elan Symphonie)
    Les quatre frères Sarkozy sont impliqués au premier plan dans le système de retraite et de santé
    Nicolas : Président
    Guillaume : Malakoff Mederic,, Auxia, Sevriena (société crée et dirigée par Guillaume on se demande pourquoi http://www.politis.fr/Sevriena-l-entreprise-sarkozyste,11865.html)
    Francois : ParisBiotech, Viamedis
    Olivier: Carlyle (impliqué dans le scandale Enron au USA qui a mis sur la paille les fonds de retraite et les retraités)
    Le fiston a failli avoir la main-mise sur l’EPAD, on se demande pourquoi (http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/10/19/de-graves-anomalies-comptables-pour-l-epad-sous-la-presidence-de-nicolas-sarkozy_1255725_823448.html)
    En 2009, les actionnaires du CAC40 ont touchés 47 milliard € de dividendes.
    Les 50 premières fortunes françaises pour 2010 possèdent une fortune de 160 Mds €.
    Bon, on réfléchit on se dit, c’est des fortunes en actions qui ne valent quelque chose qu’en fonction de leurs cotations en bourse (grâce aux petits boursicoteurs) alors pas étonnant qu’ils veulent privatiser les retraites ce qui forcerait les gens via des fonds de pensions (genre Malakoff-Mederic géré par qui…Guillaume Sarkozy) à échanger une retraite par répartition garantie et payée en euros contre une retraite basée sur la valeur des actions des entreprises de ces gens là !!!

    En gros on échangerait du papier d’état à valeur garantie (c’est-à-dire des euros) tirés des cotisations sociales contre du papier d’entreprise à valeur non garantie (qui peut en fonction de leurs humeur du jour monter baisser ou banquerouter et au monopoly ils sont plus forts que nous n’en doutons pas !!!)

    C’est du tout bénef pour les actionnaires, pas pour les salariés, en cas de crise (provoquées par les banques comme par hasard), les actions de ces sociétés dans les fonds de retraites baisseront, les fonds de retraite auront besoin de liquidités pour payer les retraites donc vendront des actions à moindre prix, ces actions seront rachetées par les gros actionnaires, puis après la crise, les cours remonteront et ils revendront les actions au plus haut au fond de pension etc etc etc !!!
    Quand au petits boursicoteurs même schéma, les banques conseillent d’investir dans des sicav, actions etc, ce qu’ils font pour mettre un peu de coté en cas de coups durs, puis les banques (ou plutôt ceux qui en ont le contrôle) provoquent une crise, le petit boursicoteur est au chômage ou son conjoint, il a besoin d’un peu d’argent, il revend ses actions mais à un prix plus bas !!!
    Grâce à la future réforme des retraites (si elle passe) et la bourse c’est un véritable aspirateur des richesses produites qui se met en place !!! Pour le bénéfice de la famille Sarkozy et ses copains du Fouquet’s

  10. Posted 31 octobre 2010 at 9:36 | Permalien

    La France, célèbre pour ses fesses présidentielles et sa baguette, appartient au capital

    Faire travailler plus, plus longtemps, selon les normes de la démocratie préférentielle, défendue bec et ongles par la droite nationale, à savoir les classes capitalistes, d’abord, voilà l’ambition politique exclusive de l’état-voyou français et de ses agents qui se paient le luxe de jouer les sainte-nitouches! La retraite, c’est comme la Vie, c’est du sang et des larmes, (et donc) ou t’as des couilles ou t’en as pas! De vrais enfants de choeur! Un doigt d’histoire, un certain goût de la profondeur et une singulière façon de faire peuple. C’est en contrôlant leur merde que ces enfants-là de patriotes sont parvenus au premier rang. De là, leur âpreté au gain, convertie en désir pressant de réformes que l’actuelle droite d’affaires, mue par une volonté rapace et revancharde, appelle un programme. L’équivalent d’un rattrapage de temps perdu qui a pour modèle fameux l’Arbeit macht frei nazi, mis aujourd’hui au service d’une économie parasitaire. Son but: apaiser l’angoisse des actionnaires. Ces gens-là, en effet, qui prennent de grands airs vis-à-vis de tous ceux qui ne fréquentent pas leurs obscurs petits cercles, veulent préserver à tout prix leur rang économique, au plan international, et mener une vie de rentier hyperactive, même s’il faut pour cela marcher sur une montagne de cadavres.
    Cette marche macabre, vers le néant, est en réalité entièrement soumise aux besoins de l’accumulation capitaliste mondiale, à qui l’économiste moyen prête le pouvoir thaumaturgique de guérir de la faim et de la pauvreté. Tout ça pour trois fois rien. Une appropriation systématique de l’eau, de l’énergie, des matières premières, des transports, du logement, de la nourriture et même du vivant, combiné à une lente et irréversible compression du travail productif, relativement au capital employé, à savoir réduire le travail ouvrier, le seul en état d’accroître un capital investi et d’empêcher sa dévalorisation. La France qui se lève tôt se couchera un peu plus tard, voilà tout! Alors que la pensée-artiste du capital, soucieuse de la marche du monde, son terrible fardeau, doit se battre contre l’histoire, en suant sang et eau. Pour elle, ni dimanche, ni retraite, la haine uniquement! Ce combat si chèrement payé, c’est tous les jours. Mais cette dictature-là, elle l’accepte librement, au nom de tous, comme un challenge. En même temps, elle n’a pas le choix, c’est une question de vie ou de mort. Si le raisonnement est complexe, la conclusion est simple: vae victis, malheur aux vaincus! Voilà qui est neuf! Heureusement, pour se sortir de ça, ce brouillard des marchés là-bas, loin, pas besoin de sortir de l’ENA, c’est fastoche! D’ailleurs ce sont toujours les mêmes recettes depuis la grande Prévarication transformatrice de 1789, une révolution pas perdue pour tout le monde, savoir allonger et/ou intensifier la durée du travail. L’autre solution, étant la destruction pure et simple des moyens et forces productives, accumulées par des générations de prolétaires, dont on prétend, avec ce culot allemand inoubliable, qu’elle vit sur le dos des jeunes!

    Oui, les jeunes! Ah! Les pauvres! Salauds de vieux!

    Le jeune, comme juif du prolétaire, c’est exceptionnel et, cette fois, c’est 100% français! La droite lumpéniste nie catégoriquement toute division sociale, n’est-elle pas la Mère-poule des droites qui prend tout le monde sous son aile protectrice, abstraction faite des charges sociales et taxes professionnelles, de la TVA, des indemnités journalières, RMI, RSA, CMU, de l’ISF, du bouclier fiscal et autres niches de même acabit, simples dossiers ministériels, dont s’empare frauduleusement une opposition aussi stérile qu’inutile, inutile au prolétariat, c’est certain, comme si président poussé par un vent de panique enthousiaste ne tenait pas le manche. Cette droite-là, identique à la loi, déduite de tous les frais imaginables et déductibles, y compris les pots-de-vin normaux et rétro-commissions logiques, la démocratie a un prix, le reste n’est pas ses affaires, cette droite-là, coquette et bonhomme, ne boude pas son plaisir de relooker le populisme, en lui donnant un visage humain. Non, mais qu’on prenne la mesure du problème! France-rombière violée en réunion parlementaire, par une bande de doctrinaires, doit lentement réapprendre à accoucher d’un monde nouveau sans béquilles, ni ambulateur. C’est un mariage tragi-comique, à la Berlusconi. Et la petite droite-lol de french-yupies et bobos à roulettes, d’adresser des lettres de voeux au futur. Elle veut changer le monde, la chérie!
    Mais, atchoum, patatrac! Déboule un rescapé de l’usine à gaz. Avec des accents sanguinaires, shakespeariens, mais arguant de son côté positif, de comédien professionnel, il promet plus qu’une juste rigueur, du pipi de chat, du sang et des larmes, carrément. La France, quand on l’aime, on lui tourne le dos. Tournant les talons, il disparaît théâtralement, au travers de sombres couloirs, volant vers des bancs où se bécoter. Enfin, la lumière! En Belgique congolaise, près de chez nous, on en rajoute des tonnes et des louches:

    mort au terrorisme fiscal!

    Cette réussite, en un peu plus de trois exemplaires, on veut en faire l’idole des jeunes, dents longues de rossignol alpin. Mais pourquoi se tirer dans les pattes, s’il n’y a aucun enjeu social? Ces gens-là sont peut-être réellement des imbéciles. La mégère vaccinée, à coups de clystères pharmaceutiques, jure que non! Chiffres à l’appui, elle insiste, y a bon budget! Et donc, tagada soin soin! Comme avant, avant le président de Quimper-Corentin, y en aura pour tout le monde! Allez! On retrousse les manches! En cas de désobéissance incivile, remettre en place le poing gauche, dans la boîte (de Pandore). Qu’on se le tienne pour dit! L’escroquerie n’est ni de droite, ni de gauche, c’est la seule façon de préserver le modèle social disparu. Cynisme au comique involontaire, travesti en député, et tout de rose-populaire vêtu, qui ne sonne pas tout à fait faux, puisque l’escroquerie en question est 100% capitaliste. Et à poser l’histoire sous son cul, comme poule aux oeufs d’or, ce représentant eunuque des forces vives de la nation a réanimé la génération future, que la dette asphyxiait.

    Et donc que pensons-nous de ce tour de force est forcément la question qu’on doit se poser? Que tous ces discours au lance-flamme ne sont que du toc. Encore du toc! Toujours du toc! L’effronterie multi-confessionnel dont elle émane, prétendant parler de nulle part, telle est sa singularité, dont le contenu concret n’est qu’extorsion de fonds, abus de confiance, captation frauduleuse d’héritage, carambouille et coups tordus de toute nature, dépasse toutes les bornes communément admises jusque là. Ce que Yalta, le grand alibi des ennemis-amis-de-leurs-ennemis, a fait dans le feu de l’action, les héritiers de Vichy, jeunes cyclistes technocrates et vieux-rentiers romains le refaçonnent, au su de tous, sous couvert d’une crise dont ils portent l’entière responsabilité, car qui gouverne, et, qui plus est, au nom de tous les pauvres du monde, y compris Afghans et Irakiens qu’on pend, à l’anglaise! S’ils étaient argentins ou chiliens, clémence et miséricorde auraient été possible! Mais là, non! C’est une tout autre histoire qui ne veut rien entendre des oeillades adressées à la brute yankee, des mandolines, chantant les nuits rouges câlines, comme c’est beau le silence des usines, ou encore, des conseils prodigués par des des amis vieux d’un demi-siècle: que le nègre travail, s’il veut entrer dans l’histoire! Argument honteux, tout à fait! Mais à qui le dis-tu, Figaro sycophante et cireur de pompes? Conseil à suivre, en prenant garde de montrer patte démocratique. La sûreté est, ne pas l’oublier, le premier des droits de l’homme, dont découlent tous les autres, relativement accessoires, au final!

    La France des réformes brumeuses, dans le brouillard, n’est, en fait, qu’un ramassis interlope de canailles de toutes natures. Un melting-pot de vieilles familles d’exploiteurs capitalistes à la papa, d’époque révolutionnaire et impériale, et de parvenus frais émoulus de l’espace public, attenant à la production capitaliste. Ce lumpen-prolétariat tout-couleurs trône, du poulailler aux premières loges, à tous les étages de la société. Et tout ce beau monde clientéliste de clients-roi, dès qu’on s’oppose à lui et qu’on tente de le priver de son pain quotidien, à savoir le curieux droit de dire au prolétariat; tais-toi et travaille, diktat qui prouve ipso facto son appartenance au monde supérieur de la mondialisation et de l’entreprise, d’entonner le grand air de la calomnie. Car, en tournant la page, l’historien moyen, dont la nuque raide frissonne, en entendant le mot chambre, a été l’objet d’une révélation inouïe. La traite des nègres, le massacre des Parisiens de la Commune, la boucherie de 14, la destruction des juifs européens, les tortures en Algérie et Argentine, le terrorisme anti-immigrés de Marseille à Strasbourg, c’est pas eux, non, les bien nés! La preuve justement: izétépané!
    C’est la génération spontanée de 2007, apparu lors d’un printemps médiatique des peuples français et corse. C’est la génération née in vitro, place Beauvau et nourrie à la blédine de veaux. De toute façon, tout ça, c’est de l’histoire ancienne! Bienvenue chez les Grecs et les Romains! Pour entrer dans le temple de l’économie standard, prière d’ôter vos souliers crottés. Grand cours corano-talmudique de rattrapage d’histoire. Allez! On répète! C’est nous les résistants contre le boche sidérurgique. C’est nous les révolutionnaires, y compris au subjonctif, de tous les temps, depuis Lucy, libre-échangiste, numéro un. Et c’est vrai qu’il y a là échange naturel. C’est nous les seuls vrais hommes de la liberté. Avec eux, la rue est devenue commerciale et piétonne. Paroles de Jules qui se veut César du monde.

    Il y a une passion française pour le vivant qui est une passion prétendument juive de l’argent. Passion tapie sous le blink blink, qui fait diversion. Car qui a exigé un STO minimum, assorti de travail forcé, et CRS sans SS, s’il vous plaît, afin de soutenir le flux continu des marchandises? Le président de Quimper-Corentin? Qui encore a demandé qu’on verse un gros pourboire aux Ténardiers de France et de Cayenne? Le président de Quimper-Corentin? Qui toujours a réclamé, réclame plus que jamais que soit donné aux patrons, les grands, les p’tits, tous grands invalides de la guerre économique, les moyens d’exploiter davantage leur outil de travail, ouvriers compris, qu’on jette après usure! Le président de Quimper-Corentin? Qui enfin, ultime et lumineux exemple, a réclamé à corps et à cris qu’on forge à l’Achille Talon français, un solide bouclier, pour qu’il puisse se hisser à la hauteur de ces homologues et concurrents européens et étrangers et ainsi perché rugir: France à vendre! Pas chère, ma France! Elle travaille sept jours sur sept, pour trois fois rien! Le 14 juillet enfin côté en bourse. Même si tout n’est pas parfait. Car, en vérité d’apartheid, c’est beaucoup trop! Mais patience! Demain, à chacun son propre développement séparé. Le président de Quimper-Corentin n’a fait, tout au plus, que recycler l’idée qu’elle est belle, de la fin des idéologies, dont on voit, quarante plus tard, sa traduction pratique à ground zéro. Telle est, au final, la figure de la société post-industrielle: pure économie de la rente, enroulée dans le manteau poisseux du capital, lui-même collé sur le dos du travail vivant. Et que la grandeur en l’état soit l’homme qui en veut + + + + +, ne nous étonne en rien. C’est une constante de l’appropriation capitalise de la vie. Plus qu’une usurpation, le néant incarné.

    Alors, soulager l’effort productif humain, par la décroissance des secteurs-consommateurs de matières premières, répartir le travail entre tous les êtres humains, à l’échelle mondiale, décider d’une consommation qui exclut toutes les drogues, notamment celles résultant de la société dite des services, i-podes et jeux vidéos à gogo, mettre fin aux échanges capitalistes toujours inégaux, par la suppression de toute possibilité d’accumulation de capital, quelle horreur, c’est la fin de l’addition!
    Tout à fait! Quelqu’un doit payer.

    Les classes capitalistes paieront!

  11. Posted 25 mars 2011 at 11:20 | Permalien

    Le moi-rage gouvernemental et son médiocre bazar nous offre un tas de présents, grand comme vingt fois la France, voire vingt fois le Sahara!

    Voyage à dos de chameau mathématique

    Ces temps-ci, il est beaucoup question de saucisses,
    d’eau qui fuit et de problèmes d’identité.
    La Vérité obsédée par la nudité
    ou comment sauver la Vertu du bain du vice?

    (lire la suite sur instants-fugaces.net)

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  1. Par Creation site internet Brest le 18 septembre 2010 à 10:27

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