Sécurité ? Pas pour ceux qui se lèvent tôt

Il y a bientôt 6 ans le 2 septembre 2004, à Saussignac, en Dordogne,  deux contrôleurs du travail, Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, ont été assassinés de sang-froid par un exploitant agricole qui faisait travailler des immigrés marocains sans papiers. C’était la première fois qu’un tel crime se produisait depuis la création de l’inspection du travail en 1892. Grave, car c’était le contrôle et la sanction de l’effectivité des lois dont se dote la République qui était en jeu pour 17 millions de salariés. Etait-ce un signe des  temps de la « guerre » économique et de la criminalité galopante qu’elle provoquait ? N’était-ce pas l’occasion d’engager une vigoureuse action contre les fauteurs de travail clandestin ?

Ni Chirac, ni Raffarin, ni Sarkozy, à l’époque, n’avaient manifesté d’indignation particulière. Pas de message spécial. Pas d’intervention télévisée au journal de 20 h. Ils n’étaient pas immédiatement descendus sur les lieux, ils n’avaient pas fait de discours enflammé sur le respect des missions d’ordre public en droit du travail, ils n’avaient rien dit sur ces dizaines de milliers de travailleurs forcés importés du Maghreb ou de l’Europe de l’Est, exploités inhumainement dans nos champs. Ils n’avaient pas proposé de déchoir de leur nationalité les patrons employant des immigrés en situation irrégulière et qui assassineraient les fonctionnaires de la République. Ils n’avaient pas légiféré en urgence pour durcir les pénalités en cas de violation du Code du travail.

En fait, excepté contre les banlieues, les immigrés, maintenant les « Roms », Sarkozy n’aime pas les « contrôles » régaliens. Il n’aime pas les contrôles des douanes : il supprime un douanier sur deux, laissant les trafics internationaux les plus douteux s’installer sur notre sol au nom du « libre-échange ». Il n’aime pas les contrôles de la concurrence, de l’hygiène et de la consommation : les interventions de l’état sur les prix, la qualité des produits notamment dans l’alimentation ou la restauration, sont allégées au grand détriment des consommateurs. Il n’aime pas non plus les contrôles fiscaux pour ne pas gêner ses amis Mme Bettencourt, M. Peugeot fils ou les héritiers de César.

S’il y a un contrôle qu’il veut ignorer, c’est bien celui de la délinquance patronale. Mme Parisot ne clame t elle pas que « la liberté de pensée s’arrête là où commence le code du travail » ?  Un rouleau compresseur est actuellement en route au sein de l’administration du travail de M Woerth pour juguler l’action des frêles effectifs de l’inspection du travail : trois procès-verbaux sur quatre classés sans suite, jugements a minima même en cas d’accident mortel et de « faute inexcusable » des employeurs, réorganisation des services dans des organismes régionaux « DIRECCTE » qui visent à limiter leur indépendance, notation et promotion des agents selon des méthodes France Télécoms… La « sécurité », alors qu’en 2009, les maladies professionnelles viennent d’augmenter de 9 % , c’est pas « au boulot » qu’elle est conçue, c’est de la propagande pour TF1, c’est pas fait pour les gens qui se lèvent tôt.

Gérard Filoche

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