Jouer le matamore ou négocier ?

Le gouvernement est illégitime à poursuivre : « Revenir sur la retraite à 60 ans ? Je dis que je ne le ferai pas, je n’ai pas de mandat pour cela » affirmait Sarkozy lui-même en mai 2008.

« Ils prétendent qu’ils ne céderont pas : mais ils le jureront encore… une heure avant de céder ! »


Le pays est toujours en effervescence dans toutes ses régions

Des manifestations se déroulent chaque jour un peu partout. Malgré les difficultés et leurs coûts, des grèves courageuses tiennent.

40 % des points de distribution de pétrole, 4700 stations services, sont à sec et la majorité des dépôts pétroliers sont fermés. Sarkozy matamore les fait « évacuer » un par un mais les piquets se reforment aussitôt et de toute façon la police ne peut remettre les raffineries en route à la place des salariés…

Le condamné pour racisme, le bretteur anti Roms, le hâbleur de la sécurité dite publique, Brice Hortefeux, va à Lyon provoquer et se fait huer par des jeunes déboussolés, perdus… Les « casseurs » sont comme le dépôt dans le fond d’un tonneau de bon vin, le bon vin étant la puissance du mouvement social, le dépôt provenant des dégâts de la crise sociale avivée dans les banlieues par la misère de la politique sarkozyste.
Sarkozy comme Hortefeux essaient de faire jouer de bien piètres ficelles face à un grand mouvement social

Essai de susciter des divisions syndicales.

Essai de faire peur avec des poubelles brûlées et quelques vitrines cassées.

Essaie de faire croire que les « vacances » suffiront à éteindre le mouvement.

Essai de faire croire qu’ils jouent le pourrissement du mouvement.

Mais :

La division syndicale serait suicidaire pour le syndicat qui romprait l’actuel front uni. Elle est donc elle donc peu probable, elle serait sans doute sans effet sur la dynamique du mouvement.

Les « casseurs » sont totalement extérieurs à l’extraordinaire force du mouvement social, rien à voir avec la détermination des 6 puissantes manifestations de 3 millions de salariés en 7 semaines. Quelques images « classiques » de voitures brûlées sur TF1 ne peuvent « retourner » une opinion très forte et très consciente.

Les vacances n’y feront rien : les jeunes manifestent en masse ce jeudi 20 octobre et ils recommenceront après, ce n’est pas la première fois que cela arrive. Les syndicats envisagent à l’heure où cette lettre est bouclée, une nouvelle journée de mobilisation le jeudi 28 octobre et une grève et manifestation générale à la veille du jour où Sarkozy a l’intention d’imposer un vote de ratification définitif a l’Assemblée nationale, le 6 novembre.

Pareil mouvement ne peut « s’essouffler » : il est trop profond pour cela

«  J’ai commencé les manifs en t’shirt, je les poursuis en imperméable, je les finirais en duffle-coat s’il le faut ! » affiche clairement un manifestant.

De façon inlassable, les sondages confirment que les trois-quarts de l’opinion sont hostiles à la politique autiste du gouvernement. 79 % de la population souhaite que Sarkozy négocie avec les organisations syndicales.
Un tel refus, un tel blocage est une négation de la République et de la démocratie, quelque chose d’insupportable dans un grand pays comme le nôtre. C’est pourquoi la colère se développe au lieu de s’apaiser : il n’y a pas d’issue tant que Sarkozy ne suspend pas son projet et ne rouvre pas les négociations avec les syndicats. Depuis hier, les déclarations communes de toute la gauche unie se multiplient dans les départements, y compris au Sénat. Aveuglement et surdité persistent pourtant, de façon stérile et dangereuse à l’Elysée.

Jusqu’à quand ?

Combien de jours et d’heures encore ce pouvoir discrédité et isolé, minoritaire, persistera-t-il dans cette voie sans issue ? Tôt ou tard il devra céder. Et plus le temps passe, plus la question de céder sera liée à l’exigence de son départ, de la démission du peu estimé président, trop ami des rentiers et des banqueroutiers.

Céder ou démissionner ? Le temps du choix devient court. Bientôt il faudra céder ET démissionner.
La gauche doit renforcer son unité, se préparer à des échéances qui peuvent être anticipées. Un programme commun sur les retraites serait nécessaire et utile. Un programme commun pour gouverner entre toutes les composantes de la gauche est urgent.

4 Commentaires

  1. EUTROPE
    Posted 21 octobre 2010 at 9:50 | Permalien

    J’ai écouté ce matin France inter,il y avait Manuel Valls:c’est la même pensée que Sarko,allongement de la retraite au dela de 60 ans.
    DSK,Hollande,Valls,la fille de Delors même combat…..
    Que faites vous dans ce nid de crabes?

  2. argeles39
    Posted 21 octobre 2010 at 10:33 | Permalien

    La réforme Sarko-Woerth n’est pas isolée en europe, « les conseils du FMI » sont appliqués aussi bien par la sociale démocratie (exemple : l’espagne) que par la droite (exemple : l’angleterre où ils finissent la sale besogne de Thatcher).
    Nous sommes à un carrefour de civilisation, pas facile de prendre la bonne direction tellement la pression exercée par l’oligarchie est forte.
    A l’évidence tu as raison : – « Un programme commun pour gouverner entre toutes les composantes de la gauche est urgent ».
    Mais est-ce possible? Je ne le crois malheureusement pas, je vois mal comment le FdG ou le NPA pourraient bâtir un programme commun avec DSK, AUBRY, Hollande, ou tout autre leader PS en phase avec la doctrine libérale du FMI et de l’OMC.
    Dommage que ce ne soit pas toi le patron du PS, tu es beaucoup plus clair que Martine AUBRY (je l’ai écouté chez chabot et je n’ai pas bien compris, modulo une période de 6 mois, en quoi le projet du PS se distingue du projet Sarko-Woerth?).

  3. sereine
    Posted 21 octobre 2010 at 11:19 | Permalien

    D’accord avec Eutrope : votre discours est sensiblement différent de celui du PS, que je considère – au mieux – du centre. Que faites-vous au PS ?

  4. Posted 21 octobre 2010 at 13:18 | Permalien

    Gérard Filoche n’est pas pas un mollasson ( lui )

    il a compris qu’il faut absolument avoir le rapport de force nécessaire.
    Il faut poursuivre les blocages et autres formes d’action.

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