Sale patron, sale entreprise

Tous les patrons ne sont pas comme ça heureusement. Mais celui-là bat les records : il ne crée rien, ne produit rien, ne fait que se glisser dans les mailles d’un système pour exploiter près de trois cents femmes qu’il utilise pour faire le ménage dans des grandes chaînes d’hôtels, il les choisit, si possible africaines, ne sachant pas lire, ni défendre leurs droits, et il les « place ». Il prétend qu’il apporte une « valeur ajoutée »  avec des « gouvernantes » qui les « dirigent » sur place et qu’elles ne sont donc pas sous les ordres directs des hôteliers. Il épargne aux dirigeants des Campanile, Novotel, et autres Sheraton, d’avoir à gérer et à intégrer dans leurs effectifs, avec leur niveau de salaire, cette partie pourtant essentielle de leur personnel.

Il manipule ces femmes avides d’avoir quelques sous pour survivre : si elles ne travaillent pas « assez », ne sont pas assez « souples »,  il a un mode de sanction facile, il les « mute » en prétextant que leur contrat prévoit la « mobilité » dans toute la grande région parisienne. Il les envoie à Roissy, à Bagnolet, ou Aubervilliers, plutôt qu’au centre de Paris. Ça les épuise en temps de transport et en rallonge de carte Navigo 5 zones. La punition, c’est Roissy… Il les embauche en temps partiel de 9 h à 12 h, mais comme tous les clients ne quittent pas leur chambre avant midi, ça rallonge d’autant la durée réelle du travail. Comme elles ont un nombre présumé de chambres à faire, « à la tâche » elle sont obligées de rester jusqu’à 14 h, 15 h, voire 16 h… Et ces heures ne sont jamais payées, ne figurent nulle part. Avec deux heures de transport aller et retour, ces femmes sont subordonnées 10 h par jour et payées 3 ou 4 h. Eparpillées, c’est dur a contrôler. On reçoit des dizaines de plaintes aux permanences de l’inspection.
Le « patron » de cette « boîte », est conseiller prud’homal côté patronal. Il se vante de connaître et de respecter « le droit ». Selon lui, il ne fait pas de la fausse sous-traitance et ce n’est pas de l’intérim, il n’a pas à verser 10 % de majoration à ces femmes. Jusqu’à la visite de l’inspection du travail, il avait réussi à ne pas s’inscrire à un centre de visite médical, à ne pas payer de visites aux salariées. Il avait réussi aussi à ne pas organiser d’élections aux institutions représentatives du personnel. Contraint de se mettre à jour, il a intrigué pour opposer deux tentatives de deux syndicats ( – « Moi, je préfère quand il y a plusieurs syndicats, ils se bouffent le nez » a t il osé me dire). Il a gagné du temps, a écarté la femme la plus consciente, a fait passer une autre qui lui mange dans la main, puis il ne remplit aucune des obligations (réunions de DP, de CE, de CHSCT…).
Ça prend un temps fou de lui faire rendre gorge. Il fait traîner, ment, se dérobe. Je l’ai pris la main dans le sac, parce qu’au lieu de mettre « heures supplémentaires » comme la loi l’exige, sur une ligne distincte du bulletin de paie, il met « LS » : « lit supplémentaire ». Il paie « au lit fait » en plus du nombre de chambres attitrées. 0,37 centime d’euros par « LS ». Soit à raison de 10 minutes par lit, 2, 22 euros de l’heure, 1/5° du Smic. Refusant de reconnaître qu’il était interdit de payer ainsi « à la tâche », il a augmenté…à 0,50 centimes par « LS » soit en pratique 3 euros de l’heure. Et il dispute encore le fait qu’il faille 10’ par lit !delinquance patronale

One Commentaire

  1. Posted 22 novembre 2010 at 21:31 | Permalien

    Il n’y a qu’un patron : le client. Et il peut licencier tout le personnel, depuis le directeur jusqu’à l’employé, tout simplement en allant dépenser son argent ailleurs.

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