La brutalité de l’ensemble de la politique sarkozyste de destruction de tout notre édifice social est parfois anesthésiante. Certains de ses opposants jugent Sarkozy « déboussolé » ou « incohérent » ou « ne tenant pas ses promesses ». Mais pas du tout, il n’erre pas : il détruit consciemment tout ce qu’il y a de collectif, de service public qui fonctionnait encore bien dans notre pays.
L’école ? Il casse la carte scolaire et baisse le nombre de profs, pour valoriser et donner sa place à l’école privée. L’Université ? La loi Pécresse les autonomisent pour mieux les privatiser, les américaniser. Les hôpitaux ? Mais il les met en concurrence défavorable avec le secteur privé depuis longtemps, tarification à l’activité T2A à l’appui. L’EDF, GDF, SNCF, La Poste ? c’est encore (un peu) public ? Mais c’est pareil, il les ronge, il les découpe, il les livre progressivement aux actionnaires qui les démontent. Les collectivités locales ? mais, c’est évident, toute la réforme territoriale vise à en privatiser des services entiers. Le Code du travail ? Mais c’est un « carcan ». Les 35 h ? Il ne faut plus du tout de durée légale et quand les consciences seront mûres, disent Fillon et Copé, on la supprimera. Le Smic ? On le bloque au plus bas niveau pour mieux le disloquer et le supprimer. La retraite ? On l’a vu, il la pille, pour faire travailler plus et faire mourir plus tôt. Les banques ? Il fait semblant de s’agiter pour les « réguler », mais il laisse tout faire, dévoué comme il l’est aux maîtres du Medef, du CAC 40, du Fouquet’s.
Comment peut-il être si nuisible à ce point, se demandent parfois des opposants avisés mais incrédules ? Mais parce c’est un néo-libéral intégriste, un de ces idéologues fanatiquement à droite, qui voit le monde à l‘envers, uniquement par l’œil des actionnaires, de la concurrence, de la loi du plus fort, du plus riche. Sarkozy l’a dit cent fois : il veut « rompre avec 60 ans de notre histoire » depuis la mise en oeuvre du programme du Conseil national de la Résistance.
Si Sarkozy faisait, par malheur, un deuxième mandat, ce sont six décennies de droits sociaux qui seraient effacées. Il avance en crabe, il zigzague parfois, mais agit en profondeur, sème le mal et la mort de tout ce qui est bon chez nous.
A prendre au sérieux: il privatise une part de plus en plus importante de la Sécu !
La méthode est toujours la même : diminuer les recettes, augmenter les déficits, affaiblir son fonctionnement, crier au loup, réduire le coût des soins, mettre en concurrence peu à peu. Ils le font grâce à la PLFSS : ce sigle sinistre signifie « projet de loi de finances de la sécurité sociale ». Ils ont réussi, de 1965 (ordonnances de Gaulle-Pompidou) à 1995 ( plan Juppé) à nous enlever le contrôle de la gestion de notre « salaire indirect », de nos cotisations maladie. Avant c’étaient les syndicats qui les géraient et il y avait des élections tous les 5 ans à la Sécurité sociale, maintenant ce sont les technocrates de Bercy et une vingtaine de députés, ceux qui s’y intéressent et se spécialisent, qui expédient, sans confrontation ni démocratie, l’orientation du plus gros budget du pays, le budget social (429,8 milliards).
La LFSS 2011 adopté le 28 novembre 2010 prévoit 21,4 milliards d’euros de déficit pour la Sécu (contre 23,1 en 2010). Le déficit du régime général entre 2008 et 2009 a doublé. Les recettes ont été baissées : les exonérations de cotisations patronales ont doublé de 1999 à 2007, autour de 30 milliards d’euros en 2008. Délibérément énorme : pour tuer son chien, il faut qu’il ait la rage.
Alors ils fixent 2,5 milliards d’économies par rapport à 2010 : passage de 35 à 30 % du taux de remboursement des médicaments en vignette bleue et réduction du périmètre de prise en charge des Affections de Longue Durée (ALD). Ainsi il y aura :
- Baisse de cinq points de la prise en charge des dispositifs médicaux ;
– Passage de 91 € à 120 € du seuil de déclenchement de la participation forfaitaire de 18 € pour les actes coûteux, en ville et à l’hôpital ;
– Instauration d’un forfait de remboursement pour les dispositifs d’autocontrôle du diabète pour les patientes non-insulinodépendances ;
– Fin de la prise en charge systématique des dépenses de transports pour les patients en ALD lorsque leur état de santé ne le justifie pas ;
– Suppression de la possibilité d’entrée en ALD pour les patients ayant une hypertension artérielle sans complication ;
- Extension de la procédure de mise sous entente préalable aux prescriptions de soins de kinésithérapie en service de soins et de réadaptation ;
Au lieu de socialiser le coût des soins, ce sont les malades eux-mêmes qui vont devoir payer 550 millions d’euros de plus, avec un transfert, peu à peu, aux organismes complémentaires. Les mutuelles et assurances privées, d’ailleurs taxées à hauteur de 3,5 %, sont appelées à se substituer, en plus cher, à ce que ne fait plus l’assurance maladie. La contribution des laboratoires pharmaceutiques (ceux qui se goinfrent avec le vaccin H1N1 ou le « Moderator ») sera 11 fois moindre que celle des assurés sociaux.
Le « 5° risque » dit de « la dépendance » davantage privé que public ?
Le gouvernement veut prendre en 2011 le prétexte de la « dépendance » pour conforter le rôle du privé : Fillon fait mine de lancer une « vaste concertation nationale » sur ce thème avec des discussions « élargies à toute la protection sociale » dans le but de « fixer la part des régimes obligatoires et complémentaires et diversifier les modes de financement ». Bachelot en rajoute sur ce que « pourrait être la part de l’assurance (privée) par rapport à la solidarité ». Ils avancent (comme sur les retraites) contre le « monopole » de la Sécu : ce « 5° risque » serait l’occasion de remettre en cause l’obligation de cotiser à la Sécu pour permettre l’individualisation du prélèvement et le choix de l’assurance. Ce serait la concurrence libre et non faussée là aussi. Au moment où les Etats-unis essaient de mutualiser une part (limitée) de leurs énormes frais de santé, Sarkozy et Fillon, tentent le chemin inverse en France, ils veulent nous ramener au XIXe° siècle, à Cro-Magnon.
2, 7 millions pour AXA
La Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) et le Ministère des Solidarités et de la Cohésion Sociale ont annoncé le 8 décembre la signature d’une convention financière avec « Adhap Services », réseau privé de services à la personne, (ayant pour actionnaire principal AXA) spécialisé dans le maintien à domicile des personnes âgées. Cette convention d’un montant de 4,4 millions d’euros sera financée par la CNSA à hauteur de 2,7 millions. Dans le même temps, la CNSA se désengage du financement de l’Allocation personnalisée à l’Autonomie (APA), plongeant les Départements dans un gouffre budgétaire, au détriment du service public rendu aux familles. Qu’au maintien de la solidarité nationale en faveur de l’autonomie des personnes âgées, Xavier Bertrand préfère le soutien aux services privés en dit long sur ses intentions futures en matière de prise en charge de la dépendance. 885
18 Commentaires
Excellente démonstration ! et félicitations à G.FILOCHE pour ce combat , de meme que tous les articles de son blog !
Les monopoles nuisent à l’efficacité économoqie des nations ! cela va améliorer l’efficacité du système très rapideement en insufflant un sang neuf dans une institution sclérosée ! nos imôts n’en seront que plus efficacement utilisés !
@ Alonzsozoo – Vous etes un drôle de spécimen. Nul doute que vous disposez de quoi vous financer une santé de bon niveau. Tout pour votre « gueule » et de façon décomplexée!
@ M. FILOCHE – MERCI de cette piqure de rappel la SECU comme le code du travail c’est le droit acquis de ceux qui ne sont pas nés tout habillés. Défendons ces solidarités avec énergie contre les inepties ultra libérales.
@lejeune
l’argent que j’ai c’est moi qui le gagne en bossant, je ne vois pas pourquoi je devrais payer pour des gens qui se les tournent à longueur de journée aux frais de la princesse !
alors oui tout e que JE gagne c’est pour MA gueule comme tu dis … les assistés ne sont pas les bien venus
moi, je vous trouve émouvant , ALLONS, et je suis très sensible à votre SOS.
D’ailleurs, je ne lèverai pas le petit doigt.
Merci de cette franchise M. Alonzsozoo (si c’est là votre vrai nom) Elle vous déshonore parfaitement et illustre au mieux les propos de Gérard Filoche. On comprend les rapaces qui s’agitent dans l’ombre du nain sautillant. Vous n’êtes sans doute pas à craindre plus que cela vous-même… d’autres bien autrement dangereux et intelligents, ceux-là, tirent les ficelles en coulisse… Par ailleurs je doute de l’honnêteté de votre labeur si vociféré, si tant est qu’il y ait labeur ! Car, Monsieur, vous fleurez le petit profiteur.
@prioul
cela vous semble si étonnant qu’il existe des gens qui vivent grâce à LEUR travail et pas de la générosité forcée de leur concitoyens (d’adoption unilatérale) ?
vous croyez que la France est une Nation d’assistés, de fonctionnaires et de quémandeurs professionnels ?
c’est pas obligatoire que ce soit Serge Prioul qui vous réponde au moins ?
Entendons-nous bien.
Je m’inquiète beaucoup de ce que de plus en plus de personnes considèrent la sécu et les mutuelles comme des épiceries. Elles se disent: « je dois retrouver en prestation ce que je verse de cotisation ». Avec de tels raisonnements la solidarité n’existe plus et les assurances ont de beaux jours devant elles.
Cette toute puissance individualiste ne dure qu’un temps! et l’age arrivant et les problèmes de santé avec, le réveil tardif est douloureux!
Il est également illusoire de vouloir vivre dans une bulle. Ceux qui seront privés de soins seront les vecteurs des maladies contagieuses.
Redevenons solidaires sans exclusives et que vive la sécurité sociale!
Ben voyons ! explique moi un peu pourquoi j’irais filer l’argent que je gagne et que j’économise à des gars qui regardent passer les trains ?
ou entretenir des familles importées en masse sans qu’on m’ai demandé mon avis
la solidarité je la fais avec qui je veux
Brunog fait forcément aussi allusion au classement annuel des plus grandes fortunes de France :
les familles importées.
Son point de vue n’est pas à exclure, je crois.
2 petits articles pour savoir qui sont les assistés en France
http://2ccr.unblog.fr/2010/10/19/la-liquidation-des-biens-publics-en-france/
http://2ccr.unblog.fr/2010/10/20/les-riches-nous-coutent-trop-cher/
et un conseil a tous, si vous avez l’occasion d’aller a une conférence ou G.Filoche intervient, n’hesitez-pas!
1. Un certain dégoût quant aux propos d’un certain ùallons au zoo: il est clair que pour ce Monsieur la soladarité est à supprimer pour la remplacer par la charité individuelle. Ce n’est pas ainsi que la France a choisi de fonctionner parce que ses valeurs ne sont pas compatibles avec le néolibéralisme auquel nos gouvernants souhaitent nous accrocher.
De plus, je ne comprends pas les trackbasks!!!
Allons ne pense-t-il pas finalement de la façon la plus banale, comme 80 % des gens ?
L’altruisme existe-t-il ?
Notre Nation est-elle soudée autour de belles valeurs ?
Pour le commun, le bonheur, n’est-ce pas accumuler et avoir plus d’une année sur l’autre
et plus que son voisin ?
Les patrons ne savent-ils pas mieux que nous ?
( oh sorry, ça, c’est inappropriate)
P’tite info de dernière mn : Le monopole existe déjà dans le droit européen tout du moins. Jospin a signé le 21 avril 2006 ou 7 je sais plus mais personne n’en parle depuis !! Pourquoi ? Question de pognon ? un reportage sur le sujet sur France 5 dans le magazine « questions de santés » à 13H40.
monsieur Filoche a su très bien décrire la situation que nous prépare le nabot zigzagant, profitant de la vulnérabilité de millions de gens ou qui n’ont pas d’emploi ou dont l’emploi est menacé par la rapacité des actionnaires des grandes entreprises. Tous ces gens là ne peuvent pas se permettent de faire la révolution sous peine de finir dans la misère.
Les fascistes pendant la guerre ont pillées bien des richesses, imposés un régime de la peur, un régime ultra-policier avec comme complices bien de « bons français » de ces gens là qui ont plus de langue que d’esprit…les « mauvais français » eux se sont révoltés, se sont battus…on les appellaient des « terroristes » ce n’étaient en fait que des résistants, que des hommes, des femmes et même des enfants pour lesquels il ne pouvait y avoir d’avenir sans libertés (dont la liberté d’expression de plus en plus menacée aujourd’hui).
Ces temps sont révolus certes, mais les méthodes sont bien là ; on pille les services publics (biens immobiliers compris), on casse les fonctions publiques créant plus de chômeurs, plus de misère car tous les emplois perdus ne se retrouvent pas dans les structures privées.
Je pense par exemple à des EPHAD publics perdus (car rentables pour le privé) et qui fonctionnent maintenant avec un minimum de personnel qui plus est sous-qualifié etc etc
Nous entrons de fait face à tous ces truands qui veulent nous imposer leurs lois dans une période de résistance, la société que nous voulons n’est pas la leur c’est de plus en plus clair.
Et tous ces mafieux auront face à la société des comptes à rendre, de très gros comptes à rendre, tout ce qui aura été pillé devra être rendu avec des intérêts car ce serait trop facile de détruire notre société sans en payer les coûts!
La résistance s’impose dès à présent, et, je souhaite que les élections seront là pour sanctionner ces rapaces, tout en souhaitant tout autant que ceux qui se présenteront dans l’opposition ne seront pas des manipulés, on a déjà vu ça…
Ce qui compte maintenant c’est la reprise en main de notre société par les citoyens, ce sera long mais ce sera une nécessité pour tous les exploités, esclaves de ce monde puant.
C’est tout à fait ce que nous sommes nombreux à dénoncer dans le champ du handicap ou de plus en plus de personnes en situation de handicap ou de maladie invalidante doivent renoncer à se soigner, voire même à se nourrir correctement à cause de revenus insuffisants
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