26 sept 2007 : il y a 4 ans découverte des mallettes d’argent sales de l’UIMM/MEDEF. Toujours pas de jugement.

Il n’y a pas que les mallettes africaines ou de Karachi. Il y a celles du patronat. Il y a 4 ans, le 26 sept 207, le Tracfin découvrait les 600 millions d’euros d’argent sale de l’UIMM/Medef. Laurence Parisot avait dit : « Beaucoup savaient inconsciemment »  Puis « - Je me sens salie ». Quatre ans après, elle ne s’est pas lavée. Toujours pas de jugement en ce jour anniversaire.

Quatre ans c’est long, non ?


in  “Les caisses noires du patronat”. Ed JC Gawsevitch, 2007

 

La caisse noire de l’UIMM-MEDEF racontée à un SMICard :

 

Pour vous salariés, pour vous SMICards, pour vous citoyens, ce livre veut aller droit à l’essentiel : les 600 millions d’euros d’argent sale de la caisse noire du grand patronat français. D’où ils viennent ? À quoi ils servent ! Pourquoi ?

Le scandale du siècle au cœur du patronat français :

Il a été révélé le 26 septembre 2007 que le MEDEF, (mouvement des entreprises de France) et de l’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie, pivot du MEDEF) placés sous la responsabilité de leurs deux principaux dirigeants respectifs, Mme Laurence Parisot et M. Denis M. Gautier-Sauvagnac (dit : « DGS ») disposaient d’un immense magot secret, spécialisé dans la corruption.

Le MEDEF et ses dirigeants comptent parmi les plus puissants décideurs de France.

Le MEDEF est composé de 85 fédérations professionnelles et de 155 MEDEF territoriaux. Dans les départements, les ressources financières de ces derniers proviennent des cotisations des entreprises, mais aussi des fonds de la formation professionnelle, de l’Union Européenne et surtout des branches, au premier rang desquelles la métallurgie et le bâtiment, qui cotisent et mettent à disposition des bâtiments et des permanents. Ensuite, les MEDEF territoriaux cotisent au MEDEF, à raison de 0,15 euro par salarié déclaré aux Assedic, ce qui a représenté 1,9 million en 2006.

Le MEDEF, ce sont les plus grands patrons, les plus grands financiers, les plus grands actionnaires, les plus grands faiseurs de président, de partis, de médias. Ce sont les plus forts, les plus riches, les plus grands capitaines d’industrie, les maîtres des forges, les faiseurs d’opinion, les « initiés », ceux qui se servent des stock-options, des parachutes dorés, des « retraites chapeaux », des hauts salaires à des dizaines, voire des centaines de millions d’euros…

L’UIMM est une « union » qui appartient au MEDEF et rassemble différentes fédérations et métiers de la métallurgie. Elle « pèse » 45 000 entreprises, 2 millions de salariés, et 20 % du financement officiel du MEDEF. Le MEDEF est le successeur de l’ex-CNPF, il a été constitué suite à la réunion du 10 octobre 1997, quand Lionel Jospin confirma qu’il entendait imposer les 35 h par la loi : le dirigeant des patrons d’alors, Jean Gandois, démissionna en direct devant les caméras sur le perron de Matignon et expliqua qu’ils allaient nommer des « tueurs » à la tête du futur MEDEF, chargé de « faire la guerre au gouvernement contre les 35 h ». Ces « tueurs » furent MM. Ernest – Antoine Seillière et Denis Kessler, auxquels Laurence Parisot a succédé en 2005.

Jusqu’à présent tout était connu de leur fortune, de leur arrogance, de leur morgue, de leur cécité à vos problèmes de salariés, ce qui est nouveau, c’est que nous avons les preuves en main pour dénoncer leurs corruptions, leurs trafics d’argent, leurs manœuvres, leurs délits, leurs mensonges, leurs complicités.

Il s’agit du plus grand scandale de l’histoire de ce nouveau siècle dans notre pays.

Un scandale qui ravale la République française à une république bananière ou « à la Poutine ».

Un scandale de privilégiés et de cynisme, de menteurs sans scrupule.

Un scandale qui soulève le coeur, qui a de quoi cultiver la révolte, faire légitimement naître des vocations de procureur et réclamer une justice et des sanctions impitoyables.

Car ce sont  « des gros » dont il s’agit. Des « très gros ».

Ce sont des puissants dont il est question. Des très puissants.

C’est mille fois, cent mille fois plus lourd de conséquences qu’une émeute de la misère et de la faim en banlieue. C’est bien plus scandaleux que des petits délits de jeunes « qui tiennent des murs » et volent, en bande organisée, des mobylettes.

C’est une corruption au cœur du patronat, au cœur de la « bande » de ceux qui prêchent « ordre » et « travail », « rigueur » et « discipline », de ceux qui donnent des leçons d’économie et de sacrifices, tous les jours, tous les matins, toutes les heures, sur toutes les télés et toutes les radios, à tout le monde, mais surtout à vous, à nous, les salariés qui produisons toutes les richesses et n’en recevons pas la part que nous méritons en retour.

C’est un scandale qui mouille des grandes têtes d’affiches, quelques-unes des 500 familles en or (Mme Parisot est la 273 ° famille parmi les plus riches de France), des figures médiatiques qu’on voit sans cesse aux côtés du président Sarkozy (ses frères Guillaume et François sont au MEDEF), ces figures qui l’accueillent, en standing ovation, chaque été, à l’université d’été de Jouy-en-Josas du MEDEF-UIMM.

C’est un scandale qui mouille tous ces grands patrons, les mêmes qui ferment les yeux sur les accidents du travail, sur les maladies professionnelles, sur les suicides au travail, sur le stress, l’exploitation féroce, sur les ravages du « travailler plus « qui use et tue, sur les heures supplémentaires à rallonge qui ruinent la santé, la vie de famille, et alimentent le chômage de masse.

Ces « gens-là » sont pris la main dans le sac, sur la poignée de la mallette en liquide, avec des sommes d’une ampleur inégalée.

600 millions euros ! 600 000 SMIC et peut être davantage !

Le patronat français dispose, depuis des décennies, on ne l’a appris publiquement que le 26 septembre 2007, d’une caisse noire d’argent sale qu’il distribue en liquide par mallettes de centaines de milliers d’euros.

 

C’est le TRACFIN qui a révélé le pot au noir. Le TRACFIN (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits FINanciers clandestins) : c’est la cellule créée en 1990 pour combattre le recyclage de l’argent sale. C’est un service relevant du ministère de l’Économie, des finances et de l’industrie, il est à la fois une centrale de renseignements financiers et une unité spécialisée de lutte contre le blanchiment. Selon le TRACFIN, « Blanchir de l’argent consiste à « légaliser », par divers procédés, le produit financier d’un crime ou d’un délit. Ce phénomène constitue un réel fléau, contre lequel la communauté internationale est censée se mobiliser activement. Le dispositif français est une déclinaison de l’arsenal juridique déployé à l’échelle planétaire par le GAFI (Groupe d’action financière internationale) contre le blanchiment des capitaux créé en 1989 au Sommet de l’Arche à l’initiative de la France.

Le TRACFIN (une trentaine de fonctionnaires) a amené le Parquet de Paris à ouvrir le 26 septembre une « enquête préliminaire »  sur des retraits de fond suspects opérés par un haut responsable de l’UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac (« DGS »). Au début, il a été question de quelques centaines de milliers d’euros, puis, très vite, des millions ont été repérés. Alors que les premiers chiffres de l’enquête indiquaient 5,6 millions d’euros retirés en liquide, sur un compte de la BNP, il est apparu 4 millions sur un autre compte, puis 7 millions d’euros à la Banque Martin-Maurel (dont le siége est à Marseille), au total quatre comptes bancaires, on est vite arrivé à hauteur de 19 millions d’euros retirés entre 200 et 2007.

TRACFIN avait été alerté sur ces retraits bancaires par un cadre de la BNP, intrigué de voir le responsable du MEDEF, une assistante ou un de ses collaborateurs, venir retirer d’importantes sommes en liquide, pouvant atteindre 150 000 à 200 000 euros, du compte de l’UIMM. En fait, ces manœuvres étaient sous surveillance depuis de nombreuses années : le TRACFIN avait déjà signalé en 2004 de tels retraits en liquide au Ministère des Finances, auprès du ministre de l’époque, Nicolas Sarkozy. Celui-ci aurait mis le dossier « en attente ». Placé sous la surveillance de TRACFIN, le compte de l’UIMM a donc continué d’être ponctionné par des retraits en liquide jusqu’au début 2007.

Apparemment beaucoup ont su, inconsciemment ou non :  en 2006, le TRACFIN, change de patron. François Werner, inspecteur des finances (comme « DGS »), est un proche de Jean-François Copé, alors ministre délégué au Budget sous la tutelle de Thierry Breton, ministre des Finances. Quand il apprend que TRACFIN surveille les retraits de l’UIMM depuis mai 2004, il en parle au directeur de cabinet de Thierry Breton. À la veille de l’élection présidentielle, François Werner attend la formation du nouveau gouvernement. En mai 2007, il alerte le directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo. « Je ne resterai peut-être pas longtemps parmi vous » aurait lancé, énigmatique, DGS devant l’UIMM-Ile-de-France (GIM) fin mai. Mais rien ne se passe avant les législatives. Puis Christine Lagarde arrive à Bercy en juin : la nouvelle ministre des Finances (re) prévient l’Elysée.

Comment garder le silence dans cette longue chaîne de bruits ? Ce n’est que mi-septembre que TRACFIN obtient le feu vert pour saisir le Parquet. « Le Figaro » révèle l’affaire le 26 septembre. « DGS » est prévenu la veille, et Laurence Parisot prétend être « tombé de l’armoire » Tous ces gens qu’elle connaît et côtoie ne lui avaient rien dit ?

 

Des informations multiples ont filtré dans la presse : il s’agissait de « mallettes de 24 à 32 kg ». d’environ 150 000 à 250 000 euros. Plusieurs fois par an.

« Je ne suis pas allé en personne à la banque, cette information est totalement fausse, et je réserve toute autre information aux autorités compétentes qui me le demanderont », commence par affirmer Denis Gautier-Sauvagnac.

Alors on a su que c’était sa secrétaire, Dominique Renaud, accompagnée du chauffeur de DGS, qui allait les retirer régulièrement depuis près de dix ans.

« Nous n’avons rien à voir, ni de près ni de loin, avec des malversations qui relèvent de TRACFIN », affirme à la presse M. Gautier-Sauvagnac en marge d’une réunion sur la pénibilité au travail.

Il mentait car c’était totalement dissimulé : DGS ne puisait pas dans un seul compte mais à tour de rôle dans trois comptes différents.

Plus de 400 000 euros ont été saisis au siége de l’UIMM. Une perquisition a été faite dans le château de DGS dans la Manche. « Tous les jours, on en découvre un peu plus et ça monte doucement », dit le 11 octobre un policier à Reuters, confirmant les informations du journal Le Monde daté de vendredi 5 octobre.
 Un prêt de 300 000 euros aurait même été fait en 2005 par l’UIMM à DGS, sur papier libre (découvert au domicile d’une employée), remboursable en 2013, pour acheter un appartement de 190 M2, à la découpe, dans un des quartiers les plus huppés de Paris, à l’Etoile. DGS bénéficiait d’un tuyau d’initié puisqu’il aurait selon Le Monde, emménagé comme locataire en 2002 dans ledit appartement alors que le propriétaire de la résidence ne signait plus en principe de contrats locatifs puisqu’il souhaitait vendre.

La découverte publique du pot au noir ;

Quand surgit ce scandale tous les dirigeants du MEDEF essaient de l’étouffer, de le circonscrire, de faire diversion. Ils vont réussir, au début, à le cantonner dans demi-pénombre sans que la conscience du grand public ne le perçoive dans toute son importance. Les grands rédacteurs en chef des grands médias comme TF1 prennent soin de ne pas faire leurs « une » sur le sujet.

Le 9 octobre, nouvelle perquisition au domicile de Denis Gautier-Sauvagnac. Trois jours plus tard, les policiers saisissent, sur les indications de l’UIMM, 2 millions d’euros dans un coffre que l’association patronale a loué.

Denis Gautier-Sauvagnac, est forcé de reconnaître qu’une caisse parallèle a été constituée au moins depuis 1972. Mais il commence par nier toute corruption politique ou syndicale. 
Il lâche quand même : « Ces fonds ont servi à indemniser les entreprises qui sollicitaient notre secours après un conflit » dans Le Monde. Puis DGS se garde de développer, d’expliquer de quoi il s’agit. Mais alors il circule l’information selon laquelle c’est une somme de 170 millions d’euros qui aurait ainsi été utilisée. Ce qui devient de plus en plus spectaculaire !

Après que le TRACFIN ait nettement établi les faits, DGS admet : « Sur cette caisse, nous avons effectué des opérations de retrait en espèces, environ deux millions d’euros par an, pour participer au financement de diverses organisations de notre vie sociale ».

 Mais il refuse catégoriquement de fournir l’identité des bénéficiaires de ses largesses secrètes. « Il n’y a jamais eu de corruption, de financement politique, d’achat de parlementaires, ou de signatures lors d’un accord syndical, jamais », affirme-t-il pour essayer de couper court aux recherches. C’est tout juste si Denis Gautier-Sauvagnac essaie de se mettre en retrait, suggérant qu’il va démissionner de son poste… le mois suivant.

Devant l’accumulation de preuves, bien qu’il ait tenté de les dissimuler et de les détruire, DGS est obligé de reconnaître que certains salariés de l’UIMM percevaient sur cet argent, jusqu’en décembre 2006, des compléments de salaires en primes « liquide » de 10.000 euros par an en moyenne.
 Sachant que l’UNEDIC gère les cotisations collectées sur l’ensemble des salaires, avant de les réaffecter aux salariés temporairement privés d’emploi, c’est « un comble ». Pour un président de l’UNEDIC, verser des éléments de salaires en liquide sans cotisation sociale, c’est sans doute le « must » de la malhonnêteté, de la perversité, une forme de provocation. Ca suscite un haut-le-coeur.

Jour après jour fin septembre puis courant octobre 2007, d’autres informations finissent par percer : le président de l’UIMM assure que l’argent liquide sert à  « fluidifier les relations sociales », et qu’il provient d’un seul fonds informel qui serait baptisé « Entraide pour les industries métallurgiques » (EPIM). Il aurait été créé en 1972, c’est une « caisse de secours »,   mais précise t on, « sans existence juridique » !

Depuis quand une caisse de secours, de solidarité a t elle besoin de se cacher en liquide, dans des comptes différents et des mallettes retirées en secret ?

On nous dit alors que ce serait la résurgence d’une première structure ouverte après les grandes grèves de 1947 (60 ans déjà…). À l’origine, 1800 ou 2000 entreprises y auraient cotisé, sur la base du volontariat, à hauteur de 0,02 % de leur masse salariale, laquelle représentait 1,3 million de salariés, soit la moitié des effectifs de la métallurgie. Aujourd’hui, elles ne seraient plus qu’une centaine à verser une contribution de 0,004 %.

Quelles sont ces entreprises ? Pourquoi leur nombre a t il baissé ? Si elles restent si peu nombreuses à cotiser mais représentent quand même 1,3 million de salariés, c’est que ce sont de très grosses entreprises, les plus grosses, les plus grandes, les plus riches. D’ailleurs si seulement 0,004 % des entreprises réussissent à alimenter un fonds secret de 600 millions d’euros, c’est qu’elles sont capables de verser beaucoup, vraiment beaucoup ! Combien ?

Les « anciens » de l’UIMM et du MEDEF banalisent les faits : « Cet argent est constitué par des cotisations volontaires et supplémentaires, au-delà des cotisations annuelles des adhérents. » selon Dewavrin, président « d’honneur » (sic) de la fédération patronale.

C’est donc bien d’un financement exceptionnel, particulier dont il s’agit. Pas des cotisations « ordinaires ». D’une part il y a la cotisation « normale » desdites entreprises, et d’autre part une cotisation spécifique pour cette caisse d’entraide qui sert, sans existence juridique, à « éviter les conflits sociaux ».

Pourquoi une double cotisation ? Comment cela était-il justifié sur les livres de compte des entreprises ? Sur quelle ligne comptable figure-t-elles ? Quel est le motif qui figure sur les livres de compte ? Mais n’y a-t-il pas eu des commissaires aux comptes, des contrôleurs du fisc qui ont demandé à toutes ces entreprises à quoi servaient ces prélèvements ? On notera que ce sont des entreprises connues pour protester contre les « prélèvements obligatoires » et contre les impôts sur les sociétés qui, selon elles, freinent la compétitivité face à la mondialisation.…

N’est-ce pas du détournement de biens de l’entreprise ? Car alimenter à hauteur de 600 millions une caisse noire, ce n’est pas du détail,  c’est un abus de biens sociaux, non ?

N’est-ce pas de l’argent pris sur des parts de salaires non versés ? Les 1,3 million de salariés de ces entreprises doivent être bien heureux de savoir que leur activité productive servait à alimenter la caisse noire du patronat. Mais l’ont-ils su ? Les comités d’entreprise en ont-ils été informés ? Sinon, comme le dira fort bien Bernard Thibault : « qu’on rende cet argent aux salariés de la métallurgie ! »

À quel moment, cette « double cotisation » a t elle été mise en place ? À travers la presse, on nous dit que le « système » aurait prospéré « à la faveur de mai 1968 » : pourquoi donc ? La droite n’avait-elle pas gagné une large majorité électorale en juin 1968 ? Peur des grèves quand même ? Décidément la force propulsive de mai 68, « histoire sans fin », a inquiété notre patronat durablement : 40 ans après, il cotise encore !

Puis on nous dit que ce fut lié à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 : pourquoi encore ? Expliquez-nous le vrai motif. Est-ce pour s’opposer au suffrage universel ?

La double cotisation est conçue comme une « assurance », corrige DGS, « pas comme un fonds anti-grève ». Où est la différence ?

Les grosses entreprises versent de grosses sommes qui sont mutualisées et redistribuées selon les besoins des employeurs qui résistent à des conflits sociaux : en quoi n’est-ce pas une caisse anti-grève ?

Si l’EPIM sert, officiellement du moins, à indemniser les entreprises touchées par un mouvement social, c’est pour aider l’employeur à amortir la grève, à « tenir bon », à ne pas négocier, à ne pas ouvrir une brèche dans laquelle les autres entreprises devraient passer à leur tour…

Ou alors ça sert à combler un manque à gagner de chiffre d’affaires lorsque la grève a été trop longue. N’est-ce pas truquer la fameuse, la sacro-sainte concurrence « libre et non faussée » ? Ce principe tant revendiqué de la « concurrence » entre entreprises privées, se trouve violé par une « entente » pour faire face aux revendications salariales ! Cela ressemble tout à fait à une entente sur les prix laquelle est officiellement répréhensible.

Il est expliqué que les entreprises qui cotisent sont « volontaires » : mais celles qui ne sont pas volontaires, ne sont donc pas « aidées » ?

« Ce système, j’en ai hérité, je suis le septième délégué général depuis 1901, ça tombe sur le septième, pas de chance, mon devoir est d’assumer. Mon erreur est de ne pas avoir arrêté le système en 1994 », se justifie Denis Gautier-Sauvagnac.

Alors là, on apprend que « le système »  dure depuis toujours : l’équivalent de 2 millions d’euros en liquide par an sur un siècle, cela fait combien en francs constants ?

Au fil du temps, entre les cotisations amassées et les indemnités effectivement versées aux entreprises, un pactole de 160 à 170 millions d’euros aurait été constitué.  Placé en SICAV et autres obligations, via une trentaine de comptes bancaires, il rapporte des intérêts et s’élève actuellement à 290 millions d’euros, avoue « DGS ». À quoi se sont ajoutées des plus-values latentes (des placements en Bourse) « d’environ 300 millions d’euros ».

Cela devient phénoménal.

Et pas forcément clair : car le gestionnaire qui parvient à faire fructifier 170 millions d’euros pour grossir une caisse de 600 millions d’euros, près du double, est un « trader » rudement efficace ! Comment arrive-t-il à un si haut rendement ? Surtout s’il y a des « sorties » régulières de 2 millions d’euros par an… Il faut qu’il gagne par la spéculation, deux à trois fois ce que contient la caisse. Ne bénéficierait-il pas de tuyaux d’initiés ? Ces gens de l’aéronautique qui eux-mêmes ont été soupçonnés de « délits d’initiés » dans l’affaire EADS en septembre-octobre 2007, ne sont-ils pas des adhérents de l’UIMM ?

Ou bien y a t il d’autres rentrées dans cette caisse que les « doubles cotisations » ?

« D’où vient l’argent » reste donc encore un mystère. Est-ce de l’argent licite, ce n’est pas prouvé. Mais une chose est sûre :  l’UIMM dispose bien d’un potentiel de 600 millions d’euros.

Le gros chiffre est lâché : c’est l’équivalent de  600 000 SMIC.

Mesurez-le, chers amis salariés et travailleurs pauvres :  il faut le salaire d’un tiers des SMICards de ce pays pour remplir une telle caisse.

7 Commentaires

  1. RV
    Posted 26 septembre 2011 at 21:39 | Permalien

    merci pour cette piqure de rappel !

  2. RV
    Posted 27 septembre 2011 at 7:52 | Permalien

    Alors, monsieur Filoche !
    on ne peut même pas citer le programme du PS sur votre site ?
    Évidemment il n’a pas grand chose à voir avec votre juste indignation . . .

  3. RV
    Posted 28 septembre 2011 at 8:36 | Permalien

    Bonjour
    je viens de faire une lecture comparée du programme du Front de gauche et de celui du PS à propos des propositions de chacun sur la retraite. Je vous en livre le résultat
    ________________________________________________________
    FDG
    page 12 et pages 14/15 : Droit à la retraite à 60 ans à taux plein
    page 15 : droit à la retraite à 60 ans à taux plein (75 % du salaire de référence)
    page 16 : Aucun salarié ne touchera de retraite inférieure au Smic
    nous procéderons à une réévaluation globale… des retraites, et les indexerons sur l’évolution du coût de la vie
    ________________________________________________________
    PS
    page 15 : nous appliquerons une surtaxe de 15 % de
    l’impôt sur les sociétés acquitté par les banques et les établissements financiers. Son produit sera affecté au financement des retraites de la nation.
    page 34 : Pour les nouvelles générations, nous proposons de mettre en place un système de compte temps-formation pour mieux prendre en considération les périodes de formation, de stage, de chômage et de temps partiel dans le calcul des annuités.
    page 34 : Nous rétablirons l’âge légal de départ à 60 ans (qui permettra à ceux qui ont commencé à travailler tôt ou exercé des métiers pénibles de pouvoir partir au même âge) et l’âge de départ sans décote à 65 ans
    page 34 : la durée de cotisations peut évoluer dès lors que la question de l’emploi des seniors et la prise en compte de la pénibilité font l’objet de mesures effectives.
    page 34 : débat public avec les Français en vue de décisions qui seront prises avant l’été 2013.
    ____________________________________________________
    mes commentaires :
    les deux programmes se gardent bien de s’engager sur le nombre de trimestres ! mais le PS dit quand même « la durée de cotisation peut évoluer » !
    le FDG propose un taux plein à 60 ans et le PS à 65 ans
    Si j’ai loupé quelque chose dans l’un ou l’autre programme, merci de compléter avec le numéro de page …

  4. loulou 76
    Posted 9 octobre 2012 at 15:37 | Permalien

    bonjour,
    la fin des heures sup detaxées , c’était attendu!n’empéche que des salariés sont obligés d’en effectuer(c’est dans leur contrat) ma fille travaille dans le commerce (41h semaine) la fin des exonérations a donner sur son bulletin de paie de septembre 100 euros de cotisations en +! alors qu’elle gagne avec ses heures 1600 euros par mois!j’ai lu que pour un salarié payé au smig et faisant 39h que la mesure lui couterait 500 euros par an!là pour 2h de+ c’est 1100 minimum!!

  5. loulou 76
    Posted 9 octobre 2012 at 15:43 | Permalien

    ma femme a 40 ans d’ancienneté dans un cabinet d’anatomie comme secrétaire!
    elle est plus ancienne que ses patrons medecins, une fusion rachat a lieu au 1/1/2013
    un avenant lui a été proposé: changement de lieu de travail ,changement de convention collective, integration du 13e mois dans le salaire,33h semaine alors que les autres salariés se voient proposer 39h ..ses patrons disent ne pas vouloir la licencier mais personne ne souhaite qu’elle intégre la nouvelle stucture(car tous gagne mois qu’elle!que faire car l’inspection du travail se dit incompetente, et pourtant c’est un licenciement déguisé qui se prépare!
    ses patrons veulent qu’elle prenne un avocat(labo de 9 salariés)

  6. Posted 10 octobre 2012 at 5:34 | Permalien

    normalement cette fusion rachat confère les MEMES droits à votre femme, elle conserve le même contrat et les TOUS mêmes avantages, elle peut en refuser la modification,

  7. Posted 10 octobre 2012 at 5:37 | Permalien

    non les heures supp ne sont pas « dans » le contrat, mais en cas de force majeure, elles s’imposent,
    100 euros de cotisations, c’est du salaire brut, en plus pas en moins !
    c’était honteux que les heures supp’ soient payées par les impôts… des salariés
    s’il y en a, que le patron les paie ! majorées à 25 %, 50 % et 100 % selon les cas.
    ou qu’il embauche

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  1. [...] Lire la suite : http://www.filoche.net [...]

  2. Par Scott Tucker le 9 mai 2014 à 20:05

    Scott Tucker…

    26 sept 2007 : il y a 4 ans découverte des mallettes d’argent sales de l’UIMM/MEDEF. Toujours pas de jugement. – Le blog de Gérard Filoche…

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