Au boulot n°40
Ainsi Xavier Bertrand et Claude Guéant vont réduire l’immigration légale (légale !) de façon à se concentrer sur l’emploi des salariés français dans les « métiers en tension ». Essayons de bien suivre le raisonnement : il y aurait des métiers où l’on ne trouverait pas de salariés, ce serait des « emplois vacants ». Et comme par hasard, dans ces métiers, il y a des autorisations pour que des travailleurs immigrés soient accueillis. Faire de ces « métiers en tension » une priorité d’action pour « réduire l’immigration légale notamment liée au travail », cela signifie une sorte de « préférence nationale » – qui concernerait 20 000 personnes d’après les ministres. Mais ne voilà t il pas que la patronne du Medef, Laurence Parisot, estime qu’il ne faut « pas faire de l’immigration légale liée au travail un problème ». « Face à la montée du populisme, le plus grand danger, ce serait de se refermer », « 20 000 personnes, ce n’est pas un sujet » lâche-t-elle. Donc Laurence Parisot est favorable à la venue de ces 20 000 immigrés pour occuper les « métiers en tension ».
À ce stade, on s’interroge : que sont ces « métiers en tension » ? Il ne s’agit sûrement pas de nos hôpitaux où nous exploitons scandaleusement 72 h par semaine des médecins étrangers, n’est-ce pas ?
Epargnez-vous de consulter les sites du Ministère du travail, de la DARES, du Pôle Emploi, du CEREQ, organismes chargés d’étudier ces métiers, les réponses sont impénétrables tant il y a d’incertitudes sur « la mesure des difficultés de recrutement » et « le rapport embauches prévues et réalisées ». La conclusion est vague : « souvent assimilés aux offres d’emplois non pourvues ou non satisfaites ou bien encore aux emplois vacants, les postes à pourvoir ne sont pas aisés à définir. »
Mais un peu de bon sens vous aidera à comprendre ce dont Xavier Bertrand et Claude Guéant parlent : il s’agit tout simplement des métiers pénibles et mal payés. Ne cherchez pas, c’est dans le bâtiment, la restauration, le service aux personnes, les industries extractives, l’agriculture et dans les petites entreprises ! C’est à dire, là ou les patrons vont chercher la main d’œuvre la plus mal payée, si possible sans la déclarer. Prendre des salariés français et non plus des immigrés vulnérables, cela pourrait revenir à augmenter les salaires et le respect du droit du travail, ce qui se répercuterait sur les coups des marchés passés par les donneurs d’ordre qui en profitent. « Stop » dit alors Parisot.
Et quelle est la réponse ? Non pas d’opposer les salariés français et immigrés, mais de refuser que les uns ou les autres soient mis en concurrence à qui aura les plus bas salaires pour les métiers les plus pénibles.
Gérard Filoche
2 Commentaires
Malheureusement, il se trouvera des travailleurs français, et même des syndicalistes, pour donner raison à Mme Parisot sous le prétexte que les travailleurs étrangers « tirent les salaires vers le bas ». Au lieu de défendre les droit de ces travailleurs sans faire de discrimination.
le travail aux français d’abord, le reste n’est que propagande de traitres