Des patrons condamnés entre 10 et 16 ans de prison ferme

Au boulot n°42

Ce n’est pas en France que cela s’est produit, mais en Italie.

La dernière fois qu’en France, on a vu à la télévision, un patron avec des menottes, cela doit remonter aux années 1973, grâce au juge De Charrette, et le CNPF avait fait un tel scandale que cela ne s’est jamais reproduit. Pourtant plus d’un patron sur deux est un délinquant vis-à-vis du droit du travail. Hélas, la justice est dure aux faibles et faible avec les forts. En face de la délinquance et des crimes patronaux, il n’y a qu’indulgence, quand ce n’est pas silence et encouragements. N’est-ce pas le cas quand MM. Lombard et Richard, les Dupont-Dupond de France-Télécoms-Orange continuent de provoquer des suicides avec leurs sales méthodes managériales en dépit d’un procès-verbal de l’inspection du travail qui dénonce leurs « fautes inexcusables ». Un PV d’un inspecteur, cela fait foi jusqu’à preuve du contraire, pourquoi les dirigeants de France télécoms restent-ils en place alors ? Pourquoi ne sont-ils pas jugés rapidement ? Combien de suicides-accidents du travail faudra t il encore pour que les dirigeants de cette entreprise soient  condamnés ?

En Italie, donc, à Turin, le 19 avril dernier, une Cour d’assises à condamné à 16 ans et demi de prison le directeur général de la branche acier du groupe allemand Thyssen-Krupp pour la mort de 7 ouvriers en décembre 2007. Harald Espenhahn, 45 ans, originaire d’Essen, a été jugé pour homicide volontaire, une première dans le pays, pour un accident du travail. Quatre autres cadres supérieurs ont été condamnés entre 10 et 13 ans de réclusion ferme. Thyssen Krupp a été condamné à un million  d’euros au terme d’un procès disputé qui a connu 94 audiences en 25 mois. L’accusation a argumenté que l’entreprise avait conscience des risques d’incendie sur la ligne de production du laminoir, les ouvriers étant décédés au terme d’une longue agonie des suites de leurs brûlures. Le verdict, qui déclare coupable un patron d’homicide volontaire dans un accident du travail, constitue « le saut le plus important jamais accompli dans la jurisprudence en matière d’accidents du travail » en Italie, s’est félicité l’un des procureurs, Raffaele Guariniello. « Une lueur de justice dans les ténèbres que le gouvernement Berlusconi impose » à l’Italie. Le seul survivant de l’accident, Antonio Boccuzzi, devenu député du Parti démocrate en 2008, a éclaté en sanglots à la lecture du verdict, en affirmant :  « Celui qui s’est trompé a payé ».

Nous voulons que les responsables de France-Télécoms paient ! Et avec eux les patrons qui poussent délibérément aux suicides, aux accidents du travail, aux maladies professionnelles contre le respect des droits et la dignité des salariés.

Gérard Filoche

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*